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Préparez-vous, Ramadan arrive ! P.4-8

et voilà la religion dle droiture... "

UNION POUR LA

HADJ 2008

FERMETURE DE
L'UNIVERSITE DE

MEDITERRANEE

OUAGADOUGOU

Grand rêve
pour un projet

étrange P16

On essaiera la

formule des

P.7-8

agences

Le rade

quotidien
des étudiantsP.9

ditorial
u’il est dur d’être
musulman ! Outre les
attributions perma­
nentes, insultantes et dégra­
dantes de faits de violence
aux musulmans, tout est
devenu un prétexte pour les
stigmatiser ou mettre à l’in­
dex leurs pratiques religieu­
ses en se focalisant sur les
manifestations les plus visi­
bles.

Q

Trop
musulmane
pour être
française !

On ne peut passer sous
silence cette énième affaire
juridico-islamophobe dont
la France est passée cham­
pionne. C’est le refus par le
Conseil d’Etat d’accorder la
nationalité à une jeune
femme marocaine, Faiza,
mariée à un Français sous le
motif qu’elle “ a adopté, au
nom d’une pratique radicale
de sa religion, un comporte­
ment en société incompatible
avec les valeurs essentielles
de la communauté française
et notamment le principe
d’égalité des sexes “. En fait,
elle est accusée de “ défaut
d’assimilation “, même si les
textes législatifs français
n’ont jamais défini ni l’assi­
milation ni le défaut d’assi­
milation.

Ici ce n’est pas contre le
refus d’accorder la nationa­
lité à une personne qu’on
s’insurge, mais c’est la stig­
matisation dont sont l’objet
les musulmans de France et
d’ailleurs qui mérite notre
attention. Car dans cette
affaire comme dans d’autres
on a beau déclarer la main
sur le cœur que ce n’est pas
l’islam qui est visé, personne

2

n’est dupe. L’islam est visé
de façon évidente : on
n’imagine pas de reprocher à
un catholique une pratique
religieuse excessive. La
France doit (tout comme de
nombreux autres pays), avec
tolérance et sagesse, accepter
l’expression publique de
l’identité religieuse et de la
différence culturelle à partir
du moment où elle accepte
des personnes d’origine dif­
férente ayant leurs valeurs
propres.

Dans cette affaire, comme
les juges ne peuvent jouer
sur la religion, en raison du
principe de la liberté de
conscience, ils s’appuient sur
la soumission de cette
femme qu’ils déduisent non
seulement de sa tenue vesti­
mentaire mais aussi de son
comportement social. Si on
poussait cette
logique
jusqu’au bout, les femmes
battues, par exemple, ne
seraient pas dignes d’être
françaises.

Il est évident que l’évolution
des critères pris en compte
dans l’octroi de la nationalité
française s’inscrit dans un
contexte de dénonciation
croissante du “ communauta­
risme “ et de stigmatisation
de l’islam. C’est ainsi que
dans l’affaire Faiza le rap­
port de police a poussé le
ridicule jusqu’à prendre en
compte les caractères physi­
ques du mari en précisant
que Monsieur est vêtu d’un
pantacourt resserré au dessus
des chevilles mais surtout

que sa barbe est « d’une lar­

geur approximative de deux
mains » !!!! A partir de
quelle taille la barbe serait
acceptable pour qu’une
conjointe puisse obtenir la
nationalité française ? En
plus, l’enquête ne semble pas

apprécier que Madame Faiza
ne soit pas inscrite dans un
club sportif ! !
Il est toujours aisé d’écraser,

au nom de la liberté exté­
rieure, la liberté intérieure de

l’homme ; on accepte toutes
les théories racistes et xéno­
phobes mais une femme ne

peut pas silencieusement, par
le port d’étoffe, dire qu’elle
est religieuse ?

Cette décision est prise quel­

ques semaines après l’annu­
lation d’un mariage entre
deux époux musulmans, au

motif que la femme avait
menti sur sa virginité. Pour
les détracteurs de ce juge­
ment, le souhait de convoler

avec une femme vierge
témoignerait d’une posture
rétrograde, attentatoire aux

droits des femmes. En atten­

dant, sans possibilité de
recours, Faiza pourra renou­

veler sa demande quand elle
aura prouvé qu’elle “ a fait

siennes les valeurs de la
République “. Sinon elle est

condamnée à rester musul­

mane ; comme si un musul­

man n’avait pas droit à la
citoyenneté ■
La Rédaction

La Preuve n° 010 - août 2008

a preuve évidente

Les jeunes, fer de lance de toute société
■ - —..............

.

r-

Par

---- --------

l'Imain

" Nous allons te raconter leur récit en toute vérité. Ce sont
des jeunes qui croyaient en leur seigneur et nous leur.avons
accordé les plus grands moyens de se diriger dans la bonne
voie. Nous avons fortifié leur cœurs lorsqu'ils s'étaient levés
pour dire : "notre seigneur est le seigneur des cieux et de la
terre. Jamais nous n'invoquerons de divinités en dehors de
lui, sans quoi nous transgresserions dans nos paroles" "
(18/13-14)

—

malgouvemance, le népo­

nesse d'ici et d'ailleurs a

tisme... des chefs. Et c’est

perdu les repères. Les jeu­

bien le cas des jeunes de la

nes en Afrique, sont sus­

caverne.

histoire

pendus entre ciel et terre.

regorge de beaucoup d'en­

Ils ne sont pas Africains, ils

seignements pour toutes les

ne sont pas non plus des

générations.

blancs. On assiste alors à

L'histoire s'est déroulée à

l'écroulement des valeurs :

une époque avant l'islam.

non respect des parents et

accepté

Allah dit : " nous allons te

des personnes âgées, le

nes, dans l'histoire,
d'accueillir le prophète et
qui s'étaient exilés dans
son message, ce sont bien
une grotte à la recherche de
les jeunes, puis viennent

raconter leur récit en toute

divertissement à outrance,

la quiétude et en fuyant

les femmes. On se rappelle

l'injustice de leur contré.

de Ali Thalib qui

G

es versets parlent

l'islam, la première couche

d'un groupe déjeu­

sociale, qui

La LIEEMA (la Ligue des

ait

s'est

converti à l'islam à l'âge de

élèves et étudiants musul­

6 ou 7 ans. Il fut le fer de

mans du Mali) a inscrit ce

lance de la nouvelle reli­

verset au fronton de leur

gion. Plutôt connu comme

siège ! Ce qui traduit l'im­
portance du verset ; et on

ne trouve pas mieux un

autre verset dans le coran
qui

cadre bien

avec

le

thème de la jeunesse.
Les jeunes ont beaucoup
apporté à l'Islam. En effet,

dès les premières heures de

le détenteur de l'épée, et le
farouche combattant pour
la cause d'Allah au niveau

des différentes batailles, il

fut avant tout un détenteur
du savoir islamique. " Je
suis la maison du savoir et

Ali en est la porte " a dit le

prophète (saw). On peut

aussi

citer

Mus'ab

ben

de

passage

Umair,

un

La (Preuve

jeune qui était issu d'une

Récépissé de déclaration

famille riche, mais dès qu'il

N°1862//CA-GI/OUA/PF

s'est converti à l'islam, sa

du 27 juillet 2007
ISSN 0796-8426
Tél. 50 37 94 30

Cell. 70 75 5485
Email : preuve2007@yahoo.fr

Directeur de Publication

Leur

vérité " 18/13. Ils étaient en

l'effritement de la famille

proie à un roi incroyant,

et la désacralisation de

méchant et qui réprimait

l'acte- sexuel (les filles se

toute velléité d'adoration

vendent

en un Dieu Unique, puis­

visage découvert sur les

que se prenant lui-même

carrefours), la disparition

maintenant

à

pour un dieu ! Les jeunes

du mariage.

gens se voient dans l'obli­

Dans le.domaine de la foi,

s'exiler pour

c'est encore pire ; la. ten­

mieux vivre leur foi. Ils se

dance c'est la suppression

retirent dans une grotte très

de l'idée de Dieu dans nos

spacieuse en compagnie de

affaires. Ils sont norribreux

leur chien.

des jeunes îaujourd'hui qui

gation

de

Allah

retira

leurs âmes et ils y vécurent

ne sont ni animistes, ni

309 ans. Allah les ressus­

chrétiens, ni musulmans.

cita et ils crurent y avoir

C'est souvent à travers son

vécu un jour ou un peu

nom ou sa région qu’il faut

moins. Leur histoire est

faire de la gymnastique

très détaillée dans la pre­

intellectuelle pour remon­

mière partie de la sourate

ter dans son histoire ! Rien

qui porte le même nom que

ne compte aux yeux des

là où ils se sont réfugiés.

jeunes aujourd'hui que le

La grotte ou la caverne.

gain, l'argent. Pour cela, il

Il

Leur histoire événemen­

faut

mourut dans le dénuement

tielle est certes importante,

moyens pour y parvenir.

le plus total même pas un

mais c'est beaucoup plus

C'est là où se trouvent, à

bon tissu pour couvrir son

les enseignements à y tirer.

notre avis, pour nos Etats,

corps à sa mort...

1°)

famille

l'abandonna.

ce

sont des jeunes

employer

tous

les

les raisons de l'épineuse

Mikaïlou Kéré
Secrétaire de rédaction

L'actualité de ces versets,

croyants ;

question de l'émigration

tient au fait que tout chan­

2°) ils ont voulu le change­

clandestine. Il faut redon­

SiakaGNESSI

gement opéré dans l'his­

ner à notre jeunesse la

toire et dans la majeure

ment de leur société ;
3°) le devoir de l'exîl au cas

partie des pays a toujours

où on ne peut vivre sa foi

Altesse Burkina 50 39 93 10

été l'œuvre des jeunes. Ils

dans sa propre contrée.

valeurs et de ses richesses.

Nombre de tirage

sont les premiers à tirer la

Ces enseignements nous

Tout passe par la foi, la

1000 exemplaires

sonnette d'alarme sur l'in­

inspirent et nous instrui­

croyance ou la référence à

justice, la corruption, la

sent. Aujourd'hui, la jeu­

Dieu ■

Responsable commercial

Moussa BOUGMA

Mise en page et impression

La Preuve n° 010 - août 2008

confiance en elle-même,
l'amour de son pays, de ses

3

a religion de vérité

Préparez-vous, Ramadan arrive !
.■ i

Par Cheick Albayan_____________________________

'est en début sep­ En effet, les musulmans ne
tembre que les perçoivent pas tout le sens
fidèles musulmans du jeûne du mois de rama­
vont observer le jeûne
dan.duCeux-ci se limitent à
mois de ramadan. Déjà, l'aspect privatif du jeûne :
cela constitue leur principal manger, boire et avoir des
sujet de conversation. Le relations sexuelles. Com­
ramadan est déjà arrivé ? pris dans ce sens, le rama­
S'étonnent certains. Cette dan ne peut inspirer que la
année le ramadan com­ crainte car il vient priver
mence tôt ! S'exclament l'homme des plaisirs de son
d'autres. Le ramadan de corps que sont le sexe, la
cette année va être dur ! Il nourriture et la boisson. Or,
va être plutôt facile ! Telles de nos jours, l'homme ne
sont les supputations qu'on vie que pour ces trois cho­
entend fréquemment à l'ap­ ses dont il ne veut se priver.
proche du ramadan. Cela Alors le jeûne apparaît
traduit clairement leur état donc comme une contrainte
d’esprit à quelques jours de l'empêchant de jouir durant
cet important rendez-vous trente jours.
spirituel. Ces propos tra­ Pourtant, le jeûne islami­
duisent dans leur ensemble que ne saurait constituer
une certaine crainte chez une gêne quelconque pour
les fidèles musulmans qui les croyants. Le Seigneur
se font surprendre à chaque Allah qui a prescrit le jeûne
ramadan. Mais cette façon l'a dit dans le coran en ces
d'accueillir le ramadan ne termes : " ...quiconque
d'entre vous est présent en
devrait pas se justifier.
D'abord le ramadan est un ce mois, qu'il jeûne !et qui­
rituel qui se déroule chaque conque est malade ou en
année. Et comme tous les voyage, alors qu'il jeûne un
autres importants événe­ nombre égal d'autres jours.
ments de la vie tels que les Allah veut pour vous la
examens, les concours, le facilité, il ne veut pas la
premier jour de l'an....sa difficulté pour vous, afin
période est connue à que vous proclamiez la
l'avance. Ensuite, le jeûne grandeur d'Allah, pour
du ramadan est l'un des vous avoir guidé, et afin
cinq piliers de l'islam ; que vous soyez reconnais­
donc une obligation pour sant ! " C2V185. Le jeûne
tous les croyants. Donc les n'est donc pas une charge
appréhensions quant à son imposée aux croyants mais
arrivée ne se justifient pas. il présente en revanche

C

4

beaucoup de vertus pour
eux. Ses avantages sont
incalculables sur le plan
spirituel, social, sanitaire et
même économique. Ecou­
tons le prophète Moham­
med, nous compter luimême l'importance du mois
de ramadan dans l'extrait
de son message prononcé
justement à l'avènement de
ramadan : " o vous les gens
! Le mois d'Allah est arrivé
avec sa grâce et sa bénédic­
tion. Aux yeux d'Allah, ce
mois est le meilleur de tous
les mois, ses jours sont les
meilleurs parmi les jours,

ses nuits sont les meilleurs
parmi les nuits et ses heures
sont les meilleurs des heu­
res. C'est le mois où Allah
vous invite à jeûner et à
prier. Allah vous donne
l'occasion au cours de ce
mois de recevoir les hon­
neurs, il est le miséricor­
dieux. Dans ce mois sacré
si vous jeûnez vraiment
comme il vous a été
demandé, alors, chaque
souffle que vous faites pen­
dant ce mois vous sera
récompensé comme un tasbih (le fait d'invoquer Dieu
en disant soubhanallah =

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La Preuve n° 010 - août 2008

a religion de vérité
gloire Dieu), et votre som­
meil sera récompensé
comme une prière. Vos
bonnes actions sont mieux
récompensées que d'habi­
tude et vos invocations sont
exaucées. "
" O vous les gens, les por­
tes du paradis sont ouvertes
pendant ce mois, priez pour
qu'elles ne se referment pas
sous vos nez. De même les
portes de l'enfer sont fer­
mées, priez pour qu'elles ne
soient jamais réouvertes à
vous. Pendant ce mois,
satan est attaché. Ce mois
est pardon, miséricorde et
affranchissement des escla­
ves de l'enfer. Bref si les
serviteurs savaient quelle
est la valeur du ramadan,
ils souhaiteraient que l'an­
née entière soient ramadan.

pas se faire surprendre. préparer
physiquement informations au niveau
Sinon cela pourrait traduire pour les longues prières. national. Cela exige une
de l'irresponsabilité de C'est en cela que les vieux sensibilisation de la masse
notre part et un méprit de imams très âgés qui sont musulmane et surtout des
Dieu. Ces préparatifs sont fatigués doivent céder leur leaders locaux pour les
d'ordre spirituel, matériel, place pendant ce mois par convaincre à adhérer à
psychologique. Ce qui humilité aux jeunes physi­ cette démarche unitaire et
importe est surtout l'aspect quement aptes et maîtrisant populaire. Si cela n'est pas
spirituel car le mois de la lecture du coran.
fait, il ne faut pas s'étonner
ramadan est par excellence Ils doivent donc éviter
que des imams dans cer­
le printemps de l'adoration d'entraîner tout le monde
tains villages ordonnent à
de Dieu et donc on doit dans leur rythme et en
leurs fidèles de ne pas sui­
prendre un bon élan pour accomplissant des prières
vre les directives nationales
ne pas rater le départ. Le comme les tarawi réduites
des associations islamiques
prophète dit qu'il est grand au strict minimum (un
perdant celui qui passe le demi verset par rakat). Au qu'ils considèrent comme
ramadan sans que ses lieu de faire ces prières des informations émanant
péchés ne soient pardon- avec perfection, on trouve des non musulmans car la
nés. Ainsi, on doit dès comme une charge supplé­ radio et la télévision qui
maintenant soigner son mentaire à s'en débarrasser. donnent les informations
intention, multiplier ses A cette allure, ils cultivent sont considérées comme
jeûnes surérogatoires, ses la paresse et la négligence détenues par " des blancs
nawafils, la lecture du chez les fidèles et les expo­ mécréants ". Alors ils déci­
coran etc. Avant d'aborder sent au risque de compro­ dent délibérément de jeû­
le mois, on doit s'établir un mettre ainsi leurs bonnes ner et de rompre en différé
Cela a été bien compris par programme avec des objec­ œuvres. Non lie ramadan pour ne pas subir la " loi du
nos devanciers de la géné­ tifs précis à atteindre. Il ne mérite pas ce sort. C'est blanc ". Il s'avère donc
ration d'après le prophète faut éviter à tout prix qu'en pour cette raison d'ailleurs obligatoire de restaurer un
qui passaient la moitié de fin de compte notre gain de que Dieu a dispensé les minimum de confiance
l'année à prier pour que jeûne ne se limite à la faim personnes âgées du jeûne.
entre les croyantes et les
Dieu fasse qu'ils parvien­ et à la soif.
Enfin nos responsables responsables nationaux. De
nent au ramadan suivant et Le ramadan est une occa­ religieux doivent tout met­ jours, commencer le jeûne
l'autre moitié à prier pour sion de renaissance spiri­ tre en œuvre pour détermi­
de façon divergente, par­
que Dieu agrée leur rama­ tuelle, une école de forma­ ner avec exactitude le
fois avec un écart de deux à
dan passé. Cela veut dire tion du musulman. Tout début de ramadan. Pour ce
trois jours n'honore pas les
qu'ils mettaient six mois à croyant devrait en sortir faire, il ne s'agira pas d'at­
musulmans au regard de
préparer le ramadan. Et ça grandi avec la flamme de sa
tendre la veille pour com­ toute l'armada de moyens
vaut le coût car de même foi vivifiée plus que jamais.
mencer à chercher la lune d'information qui existe. Le
que nous nous préparons Nos imams doivent égale­
mais ce travail devrait se prophète a dit : " celui qui
pour les grands événements ment s'y préparer consé­
faire à travers la commis­ jeûne le jour douteux, dés­
de notre vie tels le mariage, quemment car durant tout
sion lune durant toute l'an­ obéit à Abu El-Qasim
les examens, le ramadan le mois ils seront très solli­
née en suivant le mouve­ (autre nom du prophète) ".
mérite aussi une prépara­ cités pour entre autres, les
ment lunaire. De même Votre journal sera à vos
tion. Si nous ne pouvons tarawi, quyamou lail, le tafchaque communauté doit cotés durant tout le mois»
pas passer six mois pour sir. Il conviendra de réviser
cela, il convient de le gar­ la lecture et la mémorisa­ s'en préoccuper localement
Bon ramadan à tous!
der à l'esprit et surtout ne tion du coran mais aussi se pour donner d'éventuelles

La Preuve n° 010 - août 2008

5

La

plume du mois

INFRASTRUCTURES ROUTIERES AU BURKINA

Il faut revoir nos ponts
Par Aris

'est connu, la route souvent connus et découlent
du développement des facteurs mesurables
passe par le déve­ pouvant être stoppés. C'est
loppement de la route.dire
Le que nous sommes bien
réseau routier demeure l'es­ loin de la fatalité. Mais à
sentiel des soupapes de voir la récurrence des ruptu­
notre économie et nos entre­ res des ponts dans notre
prises, en ce qu'il ouvre le pays, l'on se demande s’il y a
pays à la mer. La position un réel suivi de la part de
continentale du Burkina fait ceux qui en ont la charge.
de lui un pays dépendant de Une route se construit, a une
ses voisins pour des services durée de vie, et par consé­
portuaires. De ce fait l'Etat a quent doit être " soignée ",
eu l'option de réaliser plu­ sinon elle meurt. Un pont a
sieurs infrastructures routiè­ une durée de vie au-delà de
res afin de désenclaver le laquelle, il nécessite un ren­
pays et lui offrir les chances forcement ou totalement une
de vitalité des secteurs reconstruction. Pourquoi
névralgiques de la vie alors toujours laisser surve­
socioéconomique. Seule­ nir les ruptures avant d'ini­
ment, depuis un certain tier des réparations ou des
temps, nos routes ont mal à reconstructions qui, non seu­
leurs ponts. Rares sont les lement prennent beaucoup
routes nationales qui ne de temps avant le rétablisse­
connaissent pas de problè­ ment du trafic, mais aussi
mes en cette saison de coûtent énormément cher du
pluies, avec souvent une fait de l'urgence des opéra­
suspension du trafic. Les tions. Nous pensons comme
populations, les gros por­ certains, qu'il faut procéder à
teurs notamment, vivent des
un audit complet des routes
calvaires pendant plusieurs et leurs ponts, pour prévenir
semaines. Ces aléas ont les désagréments vécus à
même contribué parfois à chaque saison de pluies. Il
renchérir le coût des denrées est évident que même aux
du fait de leur manque, ce Etats-Unis, les ponts cèdent.
qui est rare étant cher.
Mais nous pouvons tout de
Une des caractéristiques des même anticiper sur le cal­
; pays pauvres, c'est leur inca­ vaire que les ruptures des
pacité à apporter des solu­ ponts infligent aux popula­
tions appropriées aux pro­ tions et à notre économie, en
blèmes réguliers auxquels veillant d'abord au respect
ils sont confrontés. Ces pro­ du cahier de charges par les
blèmes réguliers sont plus

C

6

Le pont cassé à liguidimalguem dans le centre Est

entreprises pendant
la
construction de ces routes et
en réparant ou reconstrui­
sant les ponts avant qu'ils ne
cèdent complément. Chacun
a le mauvais souvenir du
pont de la route de Dori qui
avait cédé avant même que
la route ne soit réceptionnée.
Les autorités doivent alors
être plus regardantes sur les
réalisations des infrastructu­
res routières et situer les res­
ponsabilités dans le cas des
mauvaises exécutions. Un
pays comme le nôtre, qui
trime véritablement pour
pouvoir tracer des voies
indispensables à la survie de
son économie ne peut pas se
payer le luxe de voir ses rou­
tes impraticables du fait des
fautes techniques, des négli­
gences coupables, ou de la
corruption au profit d'indivi­
dus sans scrupule. Au nom­
ment où l'on tente difficile­
ment de cultiver l'esprit de
bonne gouvernance, où les

intentions sont orientées
vers la politique du résultat,
il urge de se pencher sérieu­
sement sur les nœuds de nos
routes que sont ses ponts.
Nous disons que le mauvais
état des ponts et les corollai­
res des problèmes qu'il crée
aux usagers semblent être
prioritaires à la réalisation
des grosses infrastructures
de la capitale. Nos grandes
routes nationales ont mal à
leurs ponts et il convient jus­
tement de jeter un pont
direct entre ce dysfonction­
nement et l'état de santé
socioéconomique du Bur­
kina Faso. Encore une fois,
l'enclavement du Burkina
Faso fait du réseau de com­
munication dont les routes,
la priorité des priorités dans
les stratégies de développe­
ment à tous les niveaux.
Qu'on fasse alors tout pour
limiter la rupture des ponts
afin de rompre avec des rou­
tes à problèmes M

La Preuve n° 010 - août 2008

oom
HADJ 2008

On essaiera la formule des agences
, ParEA.C----------------------------------------------------

....

n mi-novembre pro­

E

bablement les futurs

Ladji et hadja pren­
dront les airs pour répondre

à l'invitation de leur Sei­
gneur aux lieux saints de

l'islam. Cette année encore,

ils seront des milliers à

effectuer le voyage de la

cris

aux

Mecque

de

Allouhouma

"Labaïka

labaïk, labaïka la charika

labaïk". L’édition 2008 sera

sous un nouveau look : le
made in privé. En effet

depuis mai dernier, l'organi­
sation du hadj n'est plus une

affaire du gouvernement, ni

des associations islamiques.
Elle voit venir en tête de pel­
letons le privé avec les agen­

Le voyage à la mècque est organisé maintenant par le privée

ces de voyage et de tou­

risme. Du reste, c'est l'option

mises à des conditions pour

obtenir les passeports et les

faite par les nouvelles dispo­

l'organisation du hadj.

visas pour les pèlerins, etc.

2005 lors du désengagement

sitions pour l'organisation

conditions, ont été fixées par

Il faudra en outre disposer

de l'Etat. Si on se limitait à

du pèlerinage à la Mecque.

arrêté ministériel du 13 juin

d'un

Ces

associations islamiques en

suivi sanitaire pour

ces conditions, on pourrait

portant cahier des

lequel il est fait obligation à

se demander finalement si

charges de l'organisation du

toute agence de disposer

les choses vont changer.

pèlerinage à La Mecque,

d'un médecin et d'un infir­

Pourtant le MATD pense

édition 2008. Ainsi, pour

mier lorsqu'elle arrive à

que la concurrence aidant et

Pour la présente édition,

avoir l'agrément, il faut être

recruter 300 candidats et

que les agences agréées
étant des professionnels du

2008

Des conditions soumises
aux agences

lere du genre, ce sont sept

une agence régulièrement

d’un médecin et de deux

agences qui ont décroché le

inscrite au registre du com­

infirmiers pour un effectif

voyage,

sésame pour l'organisation

merce, attester de sa capa­

double. Une fois le pèleri­

mieux organiser le hadj.

du voyage : STMB Tours,

cité à organiser le hadj,

nage terminé et les candidats

Tours

SARL,

prouver que l'on peut mobi­

rentrés

Labaïka Voyage, Faso Ser­

liser au moins 300 pèlerins.

agence accréditée dispose

Lanko

chez

eux,

elles

pourront

Qu'est-ce oui va
changer ?

toute

vices SARL, Agence géné­

Il faut également être en

d'un délai maximum de 60

rale de commerce et de l'in­

mesure d'assurer le transport

jours pour déposer un rap­

dustrie /Armelle Voyages,

aller-retour des pèlerins et

port d'activités auprès du

elle uniquement du fait de

Zindi Voyages & Services,

leur mobilité en

ministère chargé des cultes.

pouvoir avoir des avions.

Agence de voyage et de tou­

Arabie

La réussite du hadj dépend t-

Saoudite, assurer l'encadre­

Ces conditions ne sont diffé­

Certainement pas. Certes le

Ces

ment des pèlerins tant au

rentes de celles à auxquelles

fait d'avoir un bon transpor­

agences retenues sont sou­

Burkina qu'aux lieux saints,

avaient été soumises les

teur

risme

Song

Taaba.

La Preuve n? 010 - août 2008

contribue

beaucoup

7

/oom
pour la réussite du Hadj.

au Burkina qu'en Arabie

donc sans conteste que la

pour les contrats de loge­

Mais il y a les autres domai­

Saoudite. Les agences feront

position de OK influencera

ment. C’est sans doute pour

nes de l'organisation à pren­

toujours appel aux associa­

les

dre en compte, il s'agit du

tions pour avoir du person­

agence.

ministre insiste pour que les

recrutement, des logements,

nel d'encadrement. Certaines

A l'image de O.K., il y a

opérations soient bouclées

de l'encadrement des pèle­

qui ne sont pas musulmanes

d'autres personnes qui ont

un mois à l'avance. En atten­

rins, et du transport intérieur

n'ont d'ailleurs pas le choix

toujours pesé sur l'organisa­

dant sur le terrain chacun

en Arabie Saoudite. Les

et pour les autres leurs acti­

tion du Hadj au Burkina. La

affirme être entrain de met­

agences ne peuvent pas elles

vités ne leur permettent pas

réussite de l'organisation du

tre sa stratégie.

seules

de le faire. Elles auront donc

hadj dépend aussi des hom­

aspects de l'organisation.

tous recourent à du person­

mes qui l'animent et non de

Elles auront donc besoin de

nel qualifié des associations

la seule forme d'organisa­

personnel qui viendrait pour

islamiques.

la plupart des associations

conférence de presse du 7

islamiques. D'autant plus

juillet dernier le ministre a

appel aux personnes ressour­

Dans la sous-région le prix

que la plupart des agences

dit que le Burkina Faso avait

ces des associations devront

du voyage a augmenté cette

STMB

reçu 60 places d'encadreurs

savoir qui choisir. Et nous

année.

tours et Zindi voyage) n'ont

sans dire d'où est ce que l'on

nous joignons à cet auteur

exemple il va falloir débour­

aucune expérience dans l'or­

prendrait ces encadreurs. On

pour leur dire que "si vous

ser 2 650 OOOFcfa cette

ganisation du hadj.

voit bien que le retrait des

avez l'homme qu'il faut à la

année contre 2 000 000 l'an­

Ainsi, au niveau du recrute­

associations islamiques est

place qu'il faut il ne vous

née dernière. Une hausse

ment, les agences vont faire

une farce ; ce sont des indi­

reste pratiquement plus rien

justifiée par le cours du

avec les démarcheurs pour

vidus (les démarcheurs) pro­

à faire. Mais si avez la mau­

pétrole avec ses conséquen­

avoir le maximum de pèle­

bablement les mêmes qui

vaise personne, aucun sys­

rins. On sait que le MATD

iront monnayer leurs servi­

tème de gestion connu ne

Au Faso, aucune agence n'a

demande de pouvoir recruter

ces auprès des agences.

peut vous sauver"

jusqu'à ce jour fixé un prix.

assurer

retenues

tous

(excepté

ces

Lors

de

sa

au moins 300 pèlerins. En

faisant un calcul mental et
équitable

chaque

Et la position du vieux ?

agence

tion.

stratégies

de

éviter ces soubresauts que le

chaque

C'est pourquoi,

les

Combien faudra t-il
débourser pour le hadj
cette année ?

agences en décidant de faire

Au

Sénégal

par

ces sur le transport aérien.

L'autre goulot d'étrangle­

Tous disent être en prospec­

ment du hadj pour les orga­

tion, même STMB tours qui

nisations antérieures fut sans

à lancé officiellement ces

devrait avoir son compte.

Personnage central dans les

conteste la question des

inscriptions depuis le 17

Mais rien n'est sûr car,

affaires de la communauté,

logements en terre sainte. En

juillet, demande à ces clients

comme l'a dit le ministre, la

l'énigme El hadj Oumarou

prenant la tête du hadj les

de verser un montant de 1

être

KANAZOE, président du

agences pourront t-elle faire

500 000 Fcfa en attendant le

jouée à fond. Enfin, reste à

praesidium de la fédération

mieux de ce côté là ? Le

prix définitif. C'est aussi

les pèlerins

des associations islamiques

Burkina sur ce point à tou­

l'une des agences qui affirme

pourront en retirer le meil­

du Burkina reste posé. En

jours négocier ses logements

avoir déjà fait les réserva­

tions pour les logements en

concurrence
espérer que

devrait

leur profit et non des consé­

effet, on connaît le rôle que

à la dernière minute ce qui

quences fâcheuses. C'est la

joue OK dans la question du

demeure fortement préjudi­

Arabie Saoudite. En outre

aussi que les associations

hadj et les agences pour

ciable aux pèlerins. Le sou­

elle promet beaucoup d'in­

islamiques pourront essayez

cette année

sont entrain

hait serait que les agences

novation à ses clients. Espé­

de reprendre la main par

d'observer de quelle coté le

puissent le faire assez tôt.

rons qu'il en sera de même

l'orientation des fidèles vers

vieux va se pencher avant de

Mais quand on sait que pour

pour les autres. Le ministre a

telle ou telle agence. On voit

pouvoir conclure les straté­

les réservations il faut verser

prévenu la concurrence se

déjà des agences faire la

gies. Beaucoup se deman­

au moins 50% du montant et

jouera à fond. Gageons que

cours aux associations afin

dent quelle sera l'agence de

qu'actuellement

aucune

ce sera au profit des pèlerins.

d'avoir des protocoles de

OK cette année. Nombre

agence ne connaît le nombre

Rendez vous dans quelques

coopération.

d'entres elles ont déjà com­

de ses pèlerins, il y a fort à

semaines pour le bilan de la

Il y a par ailleurs l'encadre­

mencé leur lobbying pour se

parier que beaucoup iront

nouvelle formule d'organisa­

ment des pèlerins aussi bien

rallier le patriarche. C'est

encore à la dernière minute

tion du hadj. Wait and see ■

8

La Preuve n° 010 - août 2008

ociété et développement
FERMETURE DE L'UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

Le rude quotidien des étudiants
est étudiant à l'Univer­

C'est dommage que

X

sité de Ouagadougou et

cette entreprise pié­

s'impose par sa taille. Il a

tine. Les problèmes de

l'air d'un homme qui a perdu des

l'université

proches. Comme s'il allait mau­

étaient

prévisibles, donc pou­

dire ceux qui ont fermé l'univer­

vaient être évités sur­

sité, il a du mal à s'exprimer. En

tout en

un mot, il inspire la pitié et aucun

tirant des

leçons des crises pré­

coeur, quelle que soit sa dureté ne

cédentes. Certes il y a

saurait rester indifférent face à la

des efforts, mais au

situation de cet intellectuel en

devenir. En effet, il a quitté les

regard de la place

confins de Tampouy à pieds, pour

qu'occupe l'enseigne­

venir à Zogona (environ 20km)

ment dans le dévelop­

pour chercher à manger chez un

pement du pays, il

grand frère qui, malheureusement

reste beaucoup à faire.

est absent. La seule option qui lui

L'investissement fait

restait était de jouer au mendiant

dans l'homme est le

La cité universitaire de Gounghin

pour sauver sa vie. Ainsi, tels des

sinistrés d'une catastrophe natu­

relle, nombre d'étudiants de l'uni­

versité de Ouagadougou endurent
avec beaucoup de peine les effets

sociaux de la fermeture de leur
"maison". La fermeture des cités
et la suspension des allocations et

des prestations du Centre Natio­
nal des Œuvres universitaires
(CENOU) ont achevé de rendre la
vie

difficile

aux

étudiants.

N'ayant pas de parents à Ouaga­
dougou et étant dans le dénue­

ment total, plusieurs d'entre eux
ont trouvé refuge dans des mos­

quées, églises ou dans les écoles

ou mieux partagent avec des

camarades des pièces d'une exi­

guïté remarquable à l'image des

prisonniers de la MACO. L'autre
facette de la difficulté demeure la

nourriture. Pouvoir s'assurer ne

serait-ce qu'un seul repas par jour
est devenu un combat de titan
pour beaucoup d'étudiants. Et
comme la dignité s'éclipse devant

meilleur qui soit et le

mendiants de circonstance dans

misère ce qui leur permettrait de

plus durable. Et pour

une société où la solidarité ne fait

continuer les recherches en atten­

un pays à la recherche du chemin

plus recettes surtout au plus fort

dant la réouverture. Actuellement

vers l'élimination de la pauvreté

de la vie chère. Pour palier la

préoccupés par leur survie, plus

et le développement, la formation

situation, l'Association nationale

d'un étudiant ne sait plus où se

de ses hommes est une recette

de étudiants du Burkina (ANEB)

trouvent ses cours. Dans cette

qui a mis en place des équipes de

situation on aura à l'arrivée, des

incontournable.
Gageons que la reprise annoncée

collecte de fonds, organise des

étudiants qui ont mal à leur for­

pour le 1er septembre se passera

repas communautaires au profit

mation et qui doivent travailler

dans de bonnes conditions et que

de ces étudiants en détresse mais

pour le pays. Pour quels résultats
?

des sacrifices seront faits de part

bre.
Ces conséquences sociales de la

L'Université souffre d'une insuf­

ver ce qui peut encore l'être.

fisance notoire d'équipements

Mais déjà, les étudiants se posent

crise de l'Université qui s'appa­

pour assurer une meilleure forma­

des questions qui sont entre autre

rentent beaucoup plus à une sanc­

tion des étudiants. Ça c'est connu.

de savoir si le temps qui reste est

c'est sans compter avec leur nom­

tion qu'à un climat devenu impro­

pice aux études vont sans doute
se ressentir sur la qualité de la
formation de ces futurs cadres et

c'est encore un coup dur que
prend le processus de développe­

Faut-il néanmoins le signaler, les

amphithéâtres sont insuffisants au
regard du nombre sans cesse

croissant des étudiants. Les labo­
ratoires et bibliothèques sont éga­

et d'autre afin que l'on puisse sau­

suffisant pour terminer les cours

quand on sait qu'il y a des profes­
seurs qui n'avaient pas effective­

ment commencé leur cours, ou

encore comment faire pour ne pas
trop empiéter sur l'année acadé­

ment de notre chère patrie. En

lement

effet, il était plus judicieux et plus

construction des universités de

profitable à notre pays au-delà de

Ouaga II, de Fada, de Ouahi­

coup de réflexion pour une

la souffrance des étudiants, de

gouya qui avait été annoncée a

reprise sur des bases saines et

leur épargner cette situation de

donné de l'espoir aux Burkinabè.

durables g

la misère, ils sont devenus des

La Preuve n° O1O - août 2008

sous

équipées.

La

mique 2008-2009 ? Autant de
questions qui demandent beau­

9

ociété et développement
I.UTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

Il ne suffit pas de planter les arbres...
Par l'Epervier
a saison des pluies

L

tou­

constituent

jours une occasion

rêvée des écologistes pour

s'adonner à des actions de
préservation de l'environ­

nement dont le reboise­

ment constitue l'activité

phare dans notre pays.
Quoi

plus

de

quand

on

sait

normal
que

"la

brousse est finie" comme
Bernard TALLET intitu­
lait

son

ouvrage

pour

interpeller les Burkinabè

face à l'ampleur de la

désertification, cet autre
phénomène qui hypothè­

que sérieusement le déve­
loppement du pays. Mais
le hic dans tout ça est que

les plantes après avoir été

nement et du cadre de Vie

mises en terre, ne bénéfi­

d'arbres sont plantées et au

pour 1 occasion n hésitent

cient pas d'un entretien

finish, presque rien. D’au­

pas

des

doit donc prendre des dis­

conséquent. Les jeunes

tre part, le reboisement est

médias pour montrer aux

positions pour filtrer ces

s'entourer

à

activités d'une part et d'au­

plantes n'ayant pas suffi­

en passe de devenir, pour

samment été arrosées, et

beaucoup

d'associations

soucieux de leurs problè­

tre

n'étant pas très bien proté­

en manque d'initiatives et

mes. Si les plantes pou­

mécanismes de protection

en quête de

vaient

populations

qu'ils

sont

part

renforcer

les

certaine­

des jeunes plantes sinon,

faire

ment qu'elles refuseront

cette entreprise combien

sécheresse et aux animaux

connaître. C'est également

d'être plantées par certains

noble restera des occa­

en divagation. Ainsi, cha­

le jeu favori de certains

hommes.

sions de gaspillage de nos

que année, des millions

hommes politiques qui,

Le Ministère de l'Environ­

maigres ressources ■

gées, ne peuvent résister à

longue

la

période

de

l'occasion

La

de

légitimité,

se

parler,

sagesse du mois

e prophète (saw) a dit : " Le salut s’obtient de dix façons différentes dont cinq dans ce monde et cinq

L

dans l'au-delà. Ici bas, il s'obtient par la science, les dévotions, une subsistance licite, l'endurance dans

______ d'adversité, et la gratitude dans la félicité. Concernant l'autre monde, l'ange de la mort viendra vers le

croyant avec miséricorde et douceur, Mounkar et Nakir (anges interrogateurs de la tombe) ne l’effrayeront pas
dans sa tombe, il restera serein lors de la grande terreur, ses péchés seront effacés et ses mérites récompensés,

il franchira le pont sirat (un pont jeté sur l'enfer) à la vitesse d'un éclaire flamboyant et il entrera en paix au

, paradis. "

10

La Preuve n° 010 - août 2008

Flash back
Hassan al Banna, une figure emblématique du réformisme
islamique du 20e siècle
Par Bachar SOW
Sa jeunesse

Sheikh Hassan Al-Bannâ naquit
en 1906 en Egypte à Al-Mahmûdiyyah, dans la province de
Buhayrah. Il fut élevé dans une

qui ne tenaient pas compte des
heures de la prière. Déjà ses atti­
tudes présagent d'un avenir fait
de combat pour le changement
de la société au nom des princi­

famille pieuse. Son père, Sheikh
Ahmad 'Abd Ar-Rahmân Al-

pes islamiques. En 1923, à 17
ans, il est admis à l'école normale

Bannâ horloger de métier, était
diplômé de l'Université al-

du Caire (Dâr al-'ulûm)

Azhar, où il étudie entre autre la

sunna. Il édite le Musnad d'Ahmad Ibn Hanbal et compose des
ouvrages sur les hadith et assu­
rait la fonction d’imam à la mos­

où il

entre en contact avec les intellec­
tuels musulmans du mouvement
"salafiyya," ou salafïste. Il reçut
une bourse du Ministère de
l'Éducation égyptien pour pour­
suivre ses études en Europe, ce
qu'il refusa. En juin 1927, à 20

quée du village.
Hassan Al-Banna était l'aîné de
cinq garçons. Il reçut sa première

ans, il fut nommé professeur
dans une école de la ville

formation dans son village natal
de 1914 à 1918, puis au chef lieu

d'Ismâ'îliyyah. Là-bas, il pour­
suivit son travail de prédication

Damâhur, tout en s'initiant au
métier d'horloger et au travail de
reliure. À 8 ans, il fut élu prési­

avec une approche originale.
Cette fonction sera pour lui un

dent d'une "association pour les
bonnes mœurs", créée à l'instiga­
tion de l'un de ses instituteurs.
Un peu plus tard, il participa à
une "association contre les viola­
tions de la Loi" dont les mem­
bres faisaient parvenir de façon
anonyme des remontrances écri­
tes aux personnes suspectées
d'avoir enfreint quelque principe
religieux ou moral. Hassan ElBanna fut par ailleurs membre de
la confrérie Husâfiyya d'obé­
dience soufie.
En 1920, à 14 ans, le jeune Has­
san décide de s'orienter vers le
métier d'instituteur plutôt que
vers le cycle d'études préparatoi­
res de l'Université al-Azhar. Il
assure la fonction de muezzin à
la mosquée de l'école de Damâ­
hur entre 1920 à 1923, une fonc­
tion qu'il a beaucoup aimée. Il est
amené dans ces conditions à pro­
tester contre l'horaire des cours

véritable tremplin pour entre­
prendre son action d'appel au
retour aux valeurs essentielles de

l’islam, la diffusion de son mes­
sage de révolution de la société
égyptienne. Cet esprit de lutte fut
matérialisé par la fondation de
l'association des frères musul­

mans, cadre associatif idéal pour
la réalisation de son idéal de
société.

Hassan Al-Bannâ (1906-1949)
wân al-muslimîn) le 11 avril
1929 (Dhû 1-Qa'da 1347). Il est

hadith, du fiqh, de l'histoire de
l'islam, de la vie du Prophète

convaincu que le seul moyen de
libérer son pays de la colonisa­
tion culturelle britannique passe
par l'émergence de ce qu'il

Mahommad (saw). Ces ensei­

appelle un islam social. Il s'en­
gage à lutter contre l'emprise laï­
que occidentale, contre l'imita­
tion aveugle du modèle européen

De la fondation de l'Associa­
tion des Frères Musulmans

et contre l'effondrement du pou­
voir politique musulman.

Al-Bannâ parvint à établir des
bases solides pour une activité

Et son 1er plan d'action fut de
prêcher dans les lieux publics,
comme les Cafés, le retour à la

islamique réfléchie et réforma­
trice. Avec six autres membres,
il prit l'initiative de fonder le pre­
mier noyau de l'Association des
Frères Musulmans (Djamâ'ah
Al-Ikhwân Al-Muslimîn) en
mars 1928. Hassan Al-Bannâ
fonde l'Association des Frères
Musulmans (djam'iyyat al-ikh-

La Preuve n° O1O - août 2008

pratique religieuse et à l'obser­

vance de la loi islamique. Ce
souci de rencontrer les gens
directement resta comme un trait
caractéristique de l'action des
Frères musulmans. La formation
des militants est un véritable
cours de théologie : lecture et
commentaire du Coran, étude du

gnements sont accompagnés
d'une formation pratique de com­
munication.
En 1932, il fut appelé à travailler
au Caire. C'est là un point tour­
nant dans l'activité de l'Associa­
tion des Frères Musulmans. Une
nouvelle page plus rayonnante
s'ouvre ainsi pour le mouvement.
Un an plus tard il fut créé en son
sein la branche féminine. Hassan
Al-Banna devient quelqu'un de
très populaire, il fonde des éco­

les, des associations de charité,
des dispensaires, des bibliothè­
ques, et des entreprises. En 1948,
l'association compte 2 millions
de membres avec des sections en
Palestine, en Syrie, au Liban. La
monarchie égyptienne s'en

11

F lash back
l'Etat islamique. Les impérialis­

mans sont dissous le 8 décembre
1948 pour menées subversives
contre la sécurité.de l'État. Le 28

tes étaient alors venus usurper

d'une richesse sans pareil. Son
révolutionnaire lui fait

décembre, 1948 le chef du gou­

et en Occident. L'homme s'op­

écrire "Qui aurait pu imaginer

vernement Fahmi El-Noukrachi

posa à leur force destructive en

que le roi Abdelaziz al Saoud...

est assassiné par un jeune frère

formant des groupes islamiques

El-Banna s’oppose vigoureuse­
ment à la conception spiritualiste

deviendrait l'un des espoirs de la

musulman. Al-Banna tente de

qui furent fiers de leur foi et fer­

renaissance et de la réunification

s'entendre avec le nouveau gou­

mement attachés à la vérité, mal­

de l'islam. Selon lui, l'islam doit

du monde musulman?"

vernement et réprouve ouverte­

gré les obstacles et quelles que

englober toutes les affaires pri­

Les frères Musulmans s'engagent

ment tous les actes de violence.

soient les conséquences. "

vées et publiques. Plus qu'une

très vite dans le combat politi­

Le 12 février 1949, Hassan Al-

Tariq Ramadan dans Ouvrage

religion, c'est une nation, une "

que. Appelant à une réforme

Bannâ meurt assassiné dans un

Aux

citoyenneté " musulmane, la
Oumma. Par conséquent il est

pacifique au sein des sociétés

complot ourdi selon toute vrai­

musulman. D'Al-Afghani à Has­

musulmanes à tous les niveaux -

semblance par le pouvoir égyp­

san al-Banna, un siècle de réfor­

du

inquiéta et les colons anglais s'en
inquiétèrent outre mesure.

Le concept de l'action pour Has­
san Al Banna est d'un contenu

esprit

Philosophie et combat
politique

les richesses de l'Islam en Orient

sources

du

renouveau

individuel et collectif - Al-Bannâ
voyait toutefois la nécessité

tien. Un complot sous le nom de

misme islamique dresse un por­

" la Réconciliation " de l'Asso­

trait robot de son grand père à

travaillé à supprimer par le
démantèlement de l'empire otto­

d'une lutte armée pour libérer la

ciation des Frères Musulmans

Palestine et toute terre injuste­

avec le gouvernement.

travers l'analyse de tous les
aspects de la pensée de l'homme.

man et la proclamation de la Tur­

ment occupée par la botte de la
colonisation. Ils soutinrent ainsi

Plusieurs sessions de négocia­
tions étaient prévues. Al-Bannâ

Cet ouvrage même s'il est jugé

quie moderne. En homme d'ac­

tion avec une conviction iné­
branlable en son idéal, il dit dans

la cause de la Palestine arabe dès

en sa qualité de leader de l'Asso­

Banna et son ouvrage reste sans

1936. De nombreux membres

ciation et son porte-parole parti­

conteste un ouvre de référence

son épître aux jeunes " Oh, jeu­

des Frères Musulmans participè­

cipa aux négociations tenues au

parce qu'étant le regard de celui

nes gens ! Une idée ne peut
aboutir que si ses promoteurs y
croient fortement, s'ils sont sin­

rent aux combats de 1948 en

Caire, dans les locaux de l'Asso­

qui a une certaine connaissance

Palestine. Pendant la Seconde

ciation Des Jeunes Musulmans.

de lui.

Guerre

Al-Bannâ

Après les négociations, il salua

Du fait des causes qu'il a défendu

cères tout au long de sa réalisa­
tion, si leur enthousiasme s'in­

mène une campagne nationaliste
contre la Grande-Bretagne. À la

l'assemblée du gouvernement et

Al Banna est considéré comme

se dirigea vers le portail. Dans la

un extrémiste chez les occiden­

tensifie au fur et à mesure qu'ils
l'accomplissent, et s'ils se don­
nent les capacités à supporter sa

suite d'activités jugées subversi­
ves, il est muté en Haute-Égypte

rue, devant le bâtiment de l'Asso­

taux. Certains auteurs vont
jusqu'à établir le parallèle ente le

et brièvement emprisonné. C'est

blessé, il fut transporté à l'hôpi­

mise en œuvre, en travaillant

de cette époque que datent ses

tal de Al-Qasr -, il succomba à

durement et en se sacrifiant pour
la réaliser. Peu ne s'en faut que
ces quatre principes de bases : la
croyance, la sincérité, l’enthou­

premiers rapports avec des offi­
ciers égyptiens, tout particulière­

ses blessures le 12/02/1949. Pen­

dant ses funérailles, le gouverne­

peut lire "Née à l'époque de l'es­
sor du fascisme et du stalinisme,

ment Anouar el-Sadate. De 1942
à 1944, les Frères Musulmans

ment interdit la constitution d'un

l'idéologie des Frères s'inscrit

siasme et le travail ne soient des

collaborent non sans heurts avec
le parti Wafd, alors au pouvoir.
Après la guerre, les Frères
Musulmans demandent la révi­
sion des accords anglo-égyptiens

cortège et fait encadrer le cer­
cueil par un détachement de blin­
dés afin d’éviter des émeutes

dans la même logique totalitaire.
La religion en plus. De là à la
fascination pour la force, il n'y a
pas loin ". Ce regard porté sur
l'homme et son œuvre découle

partisan de la restitution

Califat que les occidentaux ont

qualités spécifiques aux jeunes.
Cela parce que l'essence de la foi
réside dans un cœur éveillé, les
fondements de l'enthousiasme

résident dans un esprit fort, et les
fondements de l'action résident
dans une détermination sans
cesse renouvelée. Et toutes ces
qualités se trouvent chez les jeu­
nes. On peut d'ailleurs constater
que les jeunes ont toujours

constitué, dans chaque société, le

pilier de la renaissance, et même
le secret de toute renaissance, et
ceux qui ont porté le drapeau des
idées nouvelles "

12

mondiale,

et la réalisation de l'unité de la
vallée du Nil (Soudan et Égypte)

trop apologique pour Hassan al

ciation, il fut abattu. Gravement

mouvement des frères musul­
mans et le fascisme. Ainsi on

Sheikh Muhammad Al-Ghazâlî
témoigne : " Celui qui me mar­
qua le plus, c'est le martyr,
l'Imâm Hasan Al-Bannâ. 11 fut un

popularité des Frères Musulmans
prirent des proportions importan­

savant en religion - au plus haut
niveau qui puisse exister en
matière de 'Aqîdah (credo) et
Sharî'ah. 11 fut de plus un orateur
éloquent. Ses discours étaient
toujours axés sur les fondements

tes, voire gênantes selon des
hommes au pouvoir qui jugèrent
bon la liquidation de l'Associa­
tion des Frères Musulmans avec
son leader. Les Frères Musul­

et non les sujets insignifiants, sur
les réalités et non les illusions.
Hasan Al-Bannâ avait compris la
situation critique de l'Islam après
l'effondrement du Califat et de

et l'islamisation du droit.
Les relations avec les pouvoirs
se détériorent. L'influence et la

du contexte où il développa sa
pensée. Un contexte marqué par
la domination coloniale anglaise
sur le moyen orient, où on cher­
che à anéantir toute velléité anti
impérialiste. La manifestation de

l'islam politique de quelque
façon que ce soit était perçue
comme une menace à l'entreprise
coloniale. Aujourd'hui la réalité
demeure telle. Ceci n'a entamé
en rien le caractère noble du

combat de Hassan Al banna ■

La Preuve n° 010 - août 2008

Extrait
Muhammad Yunus : ”Le système est aveugle à toute autre
considération que le profit”
epuis plus de trente femme était étranglée par son
gent. Nous n'étranglons pas les
attentif à la pauvreté et aux
ans,
Muhammad prêteur. Il la condamnait à une besoins réels, qui va peut-être gens en pratiquant des taux
Yunus propose, avec sorte d'esclavage. Elle lui don­ changer nos fondamentaux exorbitants.
Nous
avons
un réel succès, l'accès au cré
inversé le principe même du
nait­ toute sa collection de économiques. "
dit pour les plus démunis. A
tabourets pour 25 cents, juste Nous avons rencontré Muham­ crédit. Chez nous, moins vous
l'heure de la crise du système parce qu'elle ne pouvait ache­ mad Yunus à Paris, alors que avez, plus vous nous intéres­
bancaire et des émeutes de la ter le bambou. Il lui manquait le système mondial du crédit sez. Si vous n'avez rien, alors
faim, l'économiste bangla- un crédit. J'ai mené une traverse une crise historique et vous êtes prioritaires. Et ça
dais, Prix Nobel de la paix en enquête. Quarante-deux villa­ que plusieurs grandes banques marche ! Notre taux de rem­
2006, pointe les limites et les
geois dépendaient des prê­ se sont effondrées. La peur de boursement est supérieur à 95
failles du capitalisme, et pré­ teurs. Tous auraient pu vivre la récession gagne les Etats- %, comparez !(...)
conise un modèle d'entre­ de leur activité, avec un petit Unis et des dizaines de milliers
prise sociale, qui n'exclurait investissement. Il leur fallait, d'Américains se retrouvent Vous remettez en cause le
plus de la vie économique la en tout, 27 dollars. Je les avais poussés à la rue par les orga­ principe même de l'octroi du
majeure partie de l'huma­ en poche... " Les idées fonda­ nismes prêteurs. Qu'en pense crédit sous garantie, fonde­
nité.
trices de la Grameen Bank et le fondateur de la Grameen ment de la théorie économi­
du microcrédit sont nées de Bank, où les taux de rembour­ que classique et du fonction­
Elle s'appelait Sufiya Begum. ces rencontres.
nement financier...
sement dépassent les 95 % ?
Au début des années 1980, elle Aujourd'hui, après vingt-cinq
vivait dans une maison de ans d'existence, la Grameen Comment
expliquez-vous En effet, je critique le dogme
terre, à la campagne, au Ban­ Bank et les institutions de cette gigantesque crise du selon lequel des prêts ne peu­
gladesh. Elle fabriquait de microcrédit à travers le monde crédit populaire qui ébranle vent être accordés sans garan­
jolis tabourets en bambou. Son
ont aidé à sortir de la pauvreté l'ensemble du système finan­ tie, surtout aux plus pauvres.
mari, journalier,
gagnait 150 millions de personnes. Le cier ? L'avez-vous vu venir ? Tous les banquiers défendent
l'équivalent de quelques centi­ professeur Yunus a obtenu,
ce principe sans même l'analy­
mes d'euros par jour. Ne pos­ avec la Grameen Bank, le prix Dans l'affaire des subprimes, ser. Quand nous avons com­
sédant pas d'argent, Sufiya Nobel de la paix en 2006. la crise est inhérente au fonc­ mencé, en 1983, ils nous
Begum vendait tous ses tabou­ Depuis plusieurs années, il tionnement du monde finan­ disaient : " Vous gaspillez
rets à un commerçant, qui les développe une nouvelle initia­ cier et bancaire. Les principes votre argent. Vous ne serez
lui échangeait contre 25 cents tive : 1'" entreprise sociale ", Il mêmes de crédit, les garanties jamais remboursé. Votre sys­
et un peu de bambou - c'était s'agit de lancer des activités exigées, les primes de risque tème va s'écrouler. " Mais c'est
son prix. Un jour, Muhammad économiques rentables mais réalisées sur le dos des moins leur système qui s'écroule
Yunus vient la trouver, étonné dont l'objectif est d'apporter un solvables ont révélé combien aujourd'hui. Depuis vingt-cinq
qu'elle gagne si peu. A cette bénéfice social aux exclus du ce système ne sait pas prêter ans, la Grameen Bank et les
époque, après des études éco­ monde économique. Ainsi a-t- aux pauvres. La faute revient institutions du microcrédit ont
nomiques aux Etats-Unis, le il créé au Bangladesh, avec donc d'abord aux banques. distribué 6 milliards de dollars
professeur Yunus doute. En Franck Riboud, le PDG de Elles ont prêté beaucoup d'ar­ à 150 millions de familles,
1974-1975, le Bangladesh a Danone, la société Grameen gent en multipliant les fausses sans demander de garantie.
été ravagé par une terrible Danone Foods qui vend aux promesses. Elles se sont mon­ Notre banque réalise des pro­
famine, et, raconte-t-il, il trou­ habitants de Bogra des yaourts trées très agressives dans leur fits, comme toute banque bien
vait alors " de plus en plus dif­ frais à bas prix, qu'ils vou­ publicité. Elles proposaient gérée. Elle n'a pas eu recours à
ficile d'enseigner d'élégantes draient servir dans des coques aux gens des offres fantasti­ des dons depuis 1995. Elle
théories économiques sur le comestibles - et vitaminées. ques, assuraient que les plus fonctionne en collaboration
fonctionnement supposé par­ L'initiative permet de lutter modestes pourraient rembour­ avec 10 000 institutions de
fait des marchés libres, tandis contre la malnutrition et les ser sur la durée. En fait, les crédit dans le monde. Selon
que la mort ravageait [son] carences alimentaires et d'of­ crédits devenaient de plus en une enquête récente, 64 % de
pays ". Il décide d'agir, bien frir des emplois locaux. Si elle plus lourds. C'est la logique du ceux qui nous ont emprunté
déterminé à endiguer la pau­ fonctionne, elle sera étendue à système financier. Les pauvres pendant cinq ans sont sortis de
vreté dans la région de Jobra. tout le pays. " Ce genre de doivent être mis sous pression la pauvreté chronique. Notre
Il ne comprend pas pourquoi petite entreprise sociale pour­ pour rembourser. A la Gra­ initiative constitue une oppor­
elle est endémique. En discu­ rait se généraliser, explique le meen Bank, nous faisons l'in­ tunité pour ajuster l'ensemble
tant avec Sufiya Begum, il réa­ professeur Yunus. Elle ouvre verse. Nous ne demandons pas du système financier. Il devrait
lise ce qu'il se passe. "Cette un nouveau type de marché, de garantie pour prêter de l'ar­ permettre de penser un nou-

D

La Preuve n° 010 - août 2008

13

Extrait
veau genre de crédit qui ne
laisse personne de côté. Les
principes actuels du système
bancaire interdisent à la moitié
de la population mondiale de
participer à la vie économique.
Pas seulement dans les pays du
Sud, mais aux Etats-Unis et en
Europe aussi. Les banques tra­
ditionnelles demandent aux
gens d'être solvables avant
même de leur prêter de l'ar­
gent. Mais alors à quoi ser­
vent-elles, si elles ne les aident
pas à sortir d'une situation dif­
ficile, à créer de la valeur, du
travail ? Les banques deman­
dent tous les jours à leurs avo­
cats de coincer leurs clients.
Nous n'avons pas de juristes
dans notre système. Nous n'en
avons pas besoin. On mesure
combien la théorie économi­
que dominante présente plu­
sieurs angles morts.(...)

Le " secteur informel " n'a
pas bonne réputation dans la
littérature économique des
pays riches...
C'est un terme dégradant. Ce
secteur n’est jamais encouragé

; au contraire, on l'entrave
avec des règlements, des

demande. En inventant mon
activité, je prends soin de moi-

patentes, des impôts. Je sug­
gère de lui donner un nom plus

même et de ma famille. Des

les emprunteurs, les pauvres.
Ce sont eux les propriétaires,
d'ailleurs ils font partie du

dizaines de millions de person­
nes vivent ainsi dans les pays

je suis chef d'entreprise, je

adapté, plus valorisant, car

c'est justement là que les hom­

mes se montrent le plus créa­

tifs. Faute de mieux, je pro­
pose le " secteur des gens ",
c'est-à-dire lorsqu'ils inventent

eux-mêmes leur emploi, créent

leur activité et la pratiquent
dans la rue, les quartiers, à la

campagne. Dans ce champ

d'activité,
la
population
invente son emploi, le pratique
un peu partout, dans la rue,
dans les quartiers, à la campa­
gne. Le gouvernement n'a rien

à y faire, seulement à veiller de
ne pas l'étouffer. Je fabrique
des bijoux, je grille des noix et
des bonbons, je fais la cuisine
pour les gens du quartier, je
retouche les habits usés, je

chante aux terrasses... C'est
l'auto-emploi, le self-employement. Je n'ai pas à remplir un
formulaire de candidature. Je
n'attends pas d'être embauché.
Je réponds directement à la

conseil de direction. Bien sûr,

en voie de développement.
Dans les pays riches, la théorie

reçois un salaire, mais celui-ci

dominante ne considère pas

sède des parts. Travailler dans

ces activités comme " écono­
miques ". Les acteurs sociaux,

sociale ne vous rapporte aucun

n'est pas lié au fait que je pos­
une

les banques, se refusent à les
financer et les aider. Ils croient

entreprise

à

vocation

dividende. D'autres interlocu­
teurs me disent, au Bangladesh

seulement à l'entreprise for­

: " Vous devez être riche, vous

melle, au salariat. Comme si
recevoir un salaire vous don­

avez créé la plus grosse entre­
prise de téléphones mobiles du
pays. " Je leur réponds : " Il

nait le certificat de développe­
ment !

s'agit en effet de la plus grosse
entreprise
de
téléphonie

Vous appelez de vos vœux un
" capitalisme social ", un
nouveau capitalisme. C'està-dire ?

mobile du pays, mais cela ne

me rend pas riche pour autant.
J'ai créé l'entreprise sans
même jamais penser y prendre

Souvent on me demande : "

des parts. " Alors ils s'interro­
gent : " Pourquoi avoir bâti

Vous avez créé la Grameen
Bank. Est-ce que vous n'en

tout cela si vous n'y gagnez
rien ? " Je gagne ce que me

tirez aucun profit ? " Je
réponds : " Je ne possède pas

rapporte mon travail■

la Grameen, je ne possède

aucune part de la société. " J'ai
toujours peqsé que la Grameen

SOURCE : Le Monde, Pro
pos recueillis par Frédéric

Bank devait être possédée par

Joignot

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A retourner à la Preuve 01 BP 5733 Ouagadougou 01

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................
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..............................................

.......................................................

Signature

14

La Preuve n° 010 - août 2008

rêves
^îbâm^resënte ses excuses à des
musulmanes empêchées dè figurer à ses
.
côtés
Barack Obama, candidat

Laurent Koudou Gbagbo reçoit la
f plus haute distinction honorifique
burkinabè
e

volontaires

F

président

Laurent

ivoirien
Koudou

che, a présenté personnelle­

ont dit aux deux femmes
qu'elles ne pouvaient pas

ment ses excuses en juin

figurer sur la photo à cause

dernier à deux femmes
musulmanes portant le fou­

du "hijab" (foulard islami­

Faso, la plus haute distinction

que couvrant les cheveux)

honorifique du- pays

lard islamique empêchées

Grand croix de l'Ordre natio­

par les militants démocrates

qu'elles portaient.
"L'action de ces militants est

de figurer sur une photo à

inacceptable et ne reflète en

ses côtés.
Barack Obama a téléphoné à

aucune façon les orienta­

démocrate à la Maison Blan­

Gbagbo a reçu, diman­

che 27 juillet 2008, à Ouaga­

dougou, capitale du Burkina

:

la

nal. Il a été élevé à cette

dignité par son homologue
burkinabè, Blaise Compaoré

pris la parole pour exprimer

qui lui a porté l'attribut dis­

sa gratitude aux autorités du

tions de ma politique pen­

tinctif. Cela à l'occasion d'un

pays des hommes intègres

Shimaa Abdelfaadel et a

dant ma campagne électo­

dîner officiel organisé à son

ainsi qu'à l'ensemble de ses

laissé un message à Hebba
Aref à la suite d'une protes­

rale" a souligné dans un

honneur pendant sa visite

fils et filles. "Pour la première

d'Etat de 72 heures. Plusieurs

fois que je viens en visite

tation qui lui a été adressée

Obama.

communiqué

Barack

personnalités

du

Burkina

toutes les attentions", a-t-il

rienne ont pris part à l'événe­

relevé. Le président a dit sa
reconnaissance à son homolo­

par des représentants de la

Les responsables de la cam­

musulmane

pagne ont déjà présenté des

ment, notamment des prési­

excuses à la suite de l'inci­

dents

communauté

américaine lui demandant de

présenter ses excuses aux

dent, mais le Conseil des

d'Etat, je suis choyé, sujet de

Faso et de la délégation ivoi­

anciens

d'institutions,
chefs

d'Etat,

des

gue qui, selon ses propos, l'a

des

toujours soutenu. "Quand je

deux femmes.
Les responsables de la cam­

ministres, des chefs de mis­

n'étais rien et que je lui ai dit

relations islamo-américaines

sions diplomatiques et des

que j'allais être président, il

pagne du candidat démo­

(CAIR) avait exigé des

représentants d'organisations

m'a cru et aidé financière­

excuses personnelles de la

africaines et internationales.

ment", a-t-il confié. Et mon

crate ont fait porter la res­
ponsabilité de l'incident à

Les convives ont également

éducation, a-t-il poursuivi, ne

levé les verres pour le raffer­

me permet pas d'oublier le

des militants volontaires qui
assuraient le service d'ordre

l'offensé et lutter contre la

missement des liens de frater­

montée des sentiments anti­

nité entre les peuples ivoirien

a prononcé à l'occasion de

et burkinabè. C'est très ému

cette visite un discours à l'As­

que le président Gbagbo a

semblée nationale, b

lors d'un rassemblement à
Detroit (Michigan). Les

part d'Obama pour réparer

musulmans aux Etats-Unis.»

AMMOHCES
1 Le Groupe d'Actions Sociales (GAS) est une association
regroupant des personnes ayant pour souci commun d'œu­
vrer à donner un sens à la vie des couches marginalisées
de la société. Il a pour objectifs de contribuer à la prise en
i charge des enfants en difficulté ; d'œuvrer à la réinsertion
socioéconomique des enfants de la rue ; d'œuvrer à l'éradi­
cation de la mendicité des enfants ; de sensibiliser les jeu­
nes sur les comportements à risque ; de sensibiliser sur la

La Preuve rï^’OIO - aoûf2008

bienfait. Le président Gbagbo

santé mère-enfant.
Pour atteindre ses objectifs, le GAS entend réaliser des pro­
jets au profit de l'enfance en difficulté à travers des parrai­
nages et l'édification de centres socio-éducatifs. Les res­
sources financières du GAS proviennent essentiellement
des droits d'adhésion, des cotisations des membres, des
activités lucratives, des subventions, dons et legs.
L'adhésion au GAS est ouverte à toute personne qui par­
tage l'idéal " Agir pour l'autre" Pour vos soutiens et votre
adhésion, appelez au 70309544 ou au 76418919

15

eu international
UNION POUR LA MEDITERRANEE

Grand rêve pour un projet étrange
*

Par II.B

es dirigeants de plus de 40 Syrie, la Tunisie et la Turquie.
pays ont lancé le 13 juillet Le projet de rapprochement des
2008 à Paris l'Union pour la deux rives de la Méditerranée a été
formellement
lancé en 1995 sous
Méditerranée voulue par le prési
­
le nom d'Euromed avec le proces­
dent français Nicolas Sarl^zy.
En effet depuis son élection en mai sus de Barcelone. A l'époque, il
s'agissait de rechercher à la fois
2007, il a fait de cette Union son
une stratégie économique et une
projet phare de politique étrangère.
Et depuis lors Nicolas Sarkozy ne stratégie de sécurité d'autant plus
s'est plus arrêté jusqu'à la nais­ que les Français et les Espagnols, à
la pointe de la Conférence Eurosance de son "bébé". Il faut lui
reconnaître cette étonnante énergie med, étaient très inquiets de la
à parcourir la Méditerranée, ou à poussée islamiste et des pressions
recevoir à domicile sans relâche migratoires notamment en Algérie
depuis un an : Maroc, Algérie, et au Maroc.
Assez rapidement, avec l'assassi­
Egypte, Libye, Israël.
Mais depuis lors ce projet n'a cessé nat du Premier ministre israélien
aussi de connaître des critiques de Itzhak Rabin en novembre 1995 et
- part et d'autres. Certains estimant le retour du Likoud au pouvoir, la
. qu'il est virtuel : pas de Finances, ' machine s'est grippée, et quasi­
i de périmètre géographique défini, ment tout le volet politique du pro­
cessus de Barcelone est tombé à
dé-feuille de route détaillée, ...
.Qu'à cela ne tienne, chaque obsta­ l'eau, les accords bilatéraux repre­
cle a. été contourné au prix d'un
nant le dessus sur le cadre multila­
virage à 180 degrés : l'Allemagne téral. Nicolas Sarkozy, alors candi­
^oppose à une Union pour la dat, lance pendant la campagne
Méditerranée (UPM) réservée aux présidentielle française de 2007
Èurôpéens du sud dont elle serait l'idée d'une Union méditerra­
• exclue... l’UPM intègre désormais néenne (UM) sous l'inspiration de
les vingt-sept pays européens ; Henri Guaino, conseiller influant
- l'Egypte, grande puissance afri­ et porte-'pîume de Sarkozy. Toute­
caine et acteur.crucial du Machrek fois. de Barcelone à l'UPM version
n'était pas invité il y. a quelques définitive, les desseins de ce projet
mois... après st}n passage à Paris, semblent flous ; les luttes civilisa­
voici .Hosni Moubarak bombardé tionnelles autour de cette entité
coprésident de l'UPM.
géographique ne sont guère étran­
gères à ces gesticulations. Et l'is­
Ou'est-ce que l'UPM ?
lam est au centre de la question
même si les musulmans semblent
L'Union pour la Méditerranée est absents (dans le fond).
une orgànisationlk'înternationale Pour lors on ne parle pas des ques­
intergouvemementale à vocation tions de fond. Donc l'UPM se fera
régionale.qui rassemble des États officiellement autour de projets
riverains de la mër Méditerranée et communs : pollution, intercon­
l'ensemble des États membres de nexion électrique, accès à l'eau
l'Union européenne. Elle compte potable, éducation, recherche,
43 membres : les 27 ,de l'UE, l'Al­ régulation des flux migratoires,
banie, l'Algérie, la Bosnie-Herzé­ lutte contre le terrorisme. Elle
govine, la Croatie, l'Égypte, Israël, repose sur un principe creux : com­
la Jordanie, le Liban, le Maroc, la bler le fossé entre un Nord plutôt
Mauritanie, Monaco, le Monténé­ riche et un bassin méditerranéen
gro, l'Autorité palestinienne, la beaucoup plus pauvre. Elle recher­

L

16

che un but tout aussi vague : réta­
blir l'équilibre en assurant un
espace de paix et de sécurité. Mais
on sait qu'à travers cette Union,
l'Europe cherche principalement à
enrayer l'immigration sous le
modèle d'immigration choisie
défendu par Brice Hortefeux. A
terme, tous les pays associés
devraient engager des plans de
contrôle des flux migratoires.

projet de Sarkozy : l'extrême froi­
deur de la Turquie qui demeure
déterminée à adhérer à l'Union
européenne, la volte-face fracas­
sante du colonel Kadhafi, une cer­
taine prudence du Maroc, les réser­
ves algériennes, la non-résolution
du conflit israélo-palestinien, et les
inquiétudes libanaises suite à l'ou­
verture à la Syrie. Par ailleurs, le
projet d'Union méditerranéenne
portait des faiblesses, notamment
dans sa concertation avec tous les
partenaires européens de la France.

Les chances de succès de l'UPM
L'UPM peut-elle réussir ? La
volonté réaffirmée de traiter des
questions migratoires en agitant
l'épouvantail de la peur - il y a 400
millions d'Africains de moins de
17 ans, tous ne peuvent venir... va conduire à la volonté de décen­
traliser la politique de gestion 'des
migrations subsaharienne aux
Etats du Maghreb. Le refus d'inté-»
grer toute dimension politique à
l'UPM la résume en un sousensemble à géographie et à projets
variables. Le déséquilibre évident
de sa position dans le conflit
israélo-palestinien ne peut que sus­
citer les mêmes réticences des pays
arabes.
Il est évident que certains détails
qui n'ont pas été bien réglés peu­
vent compromettre le succès du

Mouammar Khadafi a considéré
que le projet de l'Union pour la

Méditerranée était un "appât" et
"une sorte d'humiliation." Lors du
sommet arabe convoqué à Tripoli

il a affirmé " Nous ne sommes ni
des affamés, ni des chiens pour
qu'ils nous jettent des os. " Il a
exprimé les réticences plus globa­

les des pays arabes face à l'UPM
dont l'Israël doit faire partie. Face
à la demande de " clarifications "

faites par les pays arabes à propos
de la présence d'Israël, Nicolas

Sarkozy a rappelé que cette pré­
sence ne posait "pas de problème"
à des pays arabes comme l'Egypte,

la Tunisie et le Maroc ■

La Preuve n° O1O - août 2008