Moumine et - 2010 - An-Nasr Vendredi #344 (L'Islam la religion de l'.pdf

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Part of An-Nasr Vendredi #344 (L'Islam : la religion de l'équilibre / La route, une institutrice)

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Moumine et - 2010 - An-Nasr Vendredi #344 (L'Islam la religion de l'.pdf
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Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon

monde comme si tu devais y
a haute spiritualité de
l’Islam telle qu’il ressort
vivre éternellement, et pour
dans le coran et de la
Vautre monde comme si tu
tradition prophétique,
devais mourir demain «hadith
ouvre la conscience humaine à
une double exaltation : méta­
Telle est la règle fondamentale
physique et terrestre. L’une
de la vie du croyant. Abdullah
nourrit l’autre. Le salut ne s’ob­
bin Amr qui se
tient que par un
livrait à des
juste
équilibre
L’Isldm: la religion pratiques as­
entre le culte et
l’action,
une
cétiques épui­
Véquilibre
symbiose harmo­
santes et le
nieuse entre les
prophète
qui
impératifs de l’adoration et ceux
en était informé lui dit un
de la vie individuelle et sociale.
jour
: «j’ai été informé que tu
La présence permanente
passes la nuit en prière et que
d’Allah dans le cœur du croyant
tu jeûnes le jour, si tu conti­
ne doit pas le détourner des
soucis de ce bas-monde, mais
nues à agir de la sorte, tes yeux
inspirer son comportement et
s’enfonceront dans leurs orbi­
l’orienter.
tes. Tu as des devoirs vis-à-vis
Equilibre entre le matériel et
des tiens ; jeûnes mais romps le
le spirituel
jeûne,
pries la nuit mais prends
Cet équilibre entre l’esprit et la
ta
part
de sommeil.»
matière, entre l’adoration et

L

de

l’acte a été exprimé par le prophète
Muhammad
(saw) : « œuvre pour ce bas-

Dans le comportement social, le
même équilibre caractérise la
morale islamique.

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« Allah vous ordonne d’être
justes et charitables ». Cet en­
seignement du coran tient le jus­
te milieu entre la charité surhu­
maine de certaines religions et la
justice inhumaine d’autres et
donne à la cité un visage harmo­
nieux où la justice est tempérée
de charité. Répondant aux be­
soins métaphysiques et terres­
tres de l’homme, l’Islam s’est ré­

vélé un puissant facteur d’édifi­
cation spirituelle et de progrès
matériel.
Equilibre entre la foi et la rai­
son

Le dogme musulman et la
morale de l’Islam non seulement
laissent à l’homme le champ li­
bre pour ses activités mondai­
nes, mais lui font obligation d’y
exercer son intelligence et son
cœur. « Vous connaissez mieux
que moi vos affaires d’ici-bas »
disait le prophète aux croyants
venus le consulter sur des pro­
blèmes qui les embarrassaient.
Le sacré n’étouffe pas le profane,
et la responsabilité d’ici-bas de­
meure entière pour l’homme.
Dans d’innombrables ver­
sets, le coran insiste sur le rôle
fondamental de la raison.
L’Islam n’est pas abdica­
tion de l’esprit ni renonciation
aux lumières de l’intelligence; il
est plutôt un soutien spirituel
pour l’action de l’homme respon­
sable de son destin sur terre.
Entre la foi et la raison, il n’y a

pas antagonisme, mais équilibre
et harmonie.
Equilibre entre le corps
et l’âme
L’entretien du corps ne signifie
en aucun cas qu’on doit l’aban­
donner à une vie d’anarchie et
de libertinage. Les droits du
corps sont définis pat la législa­
tion islamique qui lui a tracé la
voie de la modération.
Allah (exalté soit-il) dit : » <5 vous
qui avez cru, ne déclarez pas
illicites les bonnes choses que
Dieu vous a rendu licites. Et
ne transgressez pas. «S5, V87
A travers les âges, l’homme a
succombé à deux positions ex­
trêmes ; beaucoup ont incliné
vers une vie de luxe et le culte
du corps creusant ainsi le gouf­
fre dans lequel ils ont terminé
leur parcourt. D’autres ont opté
pour une vie de mortification,
privant même leur corps de ses
nécessités de base. Ils estiment
que ce type d’agissement permet
de s’élever au dessus de la
condition matérielle et ainsi
d’obtenir l’agrément de Dieu. Or
le corps au même titre que l’âme
doit être entretenu. Le négliger
corrompt la raison et affaiblit no­
tablement les potentialités que
Dieu a assigné à l’homme afin
qu’il soit d’autant plus obéis­
sant.
L’Islam concilie ainsi parfaite­
ment la foi avec la raison, et l’é-

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----- --- ------------ J:
thique musulmane puise sa for­
ce et sa beauté dans son harmo­
nie avec la condition humaine.
Le vrai musulman c’est celui que
décrit le prophète(saw) en ces
termes : « Le fidèle est affable,
éveillé, prudent, vigilant et ré­
fléchi.»

Adapté par Abdoul Moumine

La route, une institutrice
Un jeune mendiant, un garibou
comme on les appelle souvent,
s'est approché d'un jeune hom­
me à l'arrêt des feux tricolores
pour lui demander de quoi met­
tre sous la dent. Contre toute at­
tente, le jeune mendiant s'est vu
répondre : « Eh toi-là il ne faut
pas me déranger. Tu es un es­
croc. Votre bonne n'a-t-elle pas
préparé aujourd'hui ? Ou a-telle voyagé ? » Et tenez-vous
bien, les gens en ont ri. Moi j'en
étais surpris. Cette attitude et
ces rires ? Un si petit misérable
mendiant qui demande de quoi

survivre et cette surprenante ré­
ponse ! Ça devait choquer,
m’étais-je convaincu. Oui c'étais
devant moi, à Ouagadougou,
avenue Charles De Gaule, le 31
août 2009, à la veille des inon­

dations du 1er septembre.
Le jeune homme avait l'air d'être
dans les meilleures conditions
qui soient. Ici on les appelle les
fils à Papa pour signifier leur ai­
sance. Grosse moto, chaussures,
chemises, pantalon, lunettes au
top, dernier cri.
Je me suis alors rendu compte
que dans ce pays, l'un des plus
pauvres du monde, il y avait en­
core des jeunes gens, des conci­
toyens qui ignoraient tout de la
souffrance des autres. Ces men­
diants sont pourtant bien
connus, décrits, critiqués, vili­
pendés, mais jamais inconnus
de la plupart des burkinabè. La
jeunesse est, avais-je cru, l'âge
du ressentiment. Les jeunes
n'acceptent pas que leurs cama­
rades souffrent, ils refusent la
moindre injustice. Mais à cet
âge, un jeune homme au cœur
de la misère ignorait tout de la
misère. Parce qu'il a le superflu,
parce que l'on ne lui a jamais
enseigné l'autre visage de la vie.
On ne lui a pas dit que le souci
de beaucoup d'autres enfants
n'était pas de cascader tous les
jours avec de grosses motos
mais d'avoir à manger, simple­
ment mais difficilement. Cette
situation est inacceptable.
L'éducation islamique refuse ce­
la. Elle crée d'abord un enfant
bien avisé de son époque :

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la réalité, l'espoir, la vocation de
son peuple mais aussi la cons­
cience claire des difficultés qu'il
traverse. Comment cet enfant
peut-il un jour diriger le pays
sans ignorer son peuple? Faisons
de nos enfants les citoyens de
leur époque mais pas des abrutis
que la consommation des images
d'ailleurs, la société de consom­
mation enlève tout le ressentir
humain et citoyen. Côtoyer une
injustice ne doit pas entrainer
une attitude d'oubli, d'accepta­
tion ou de négligence, non.
Ce fait, je le compare à ce que j'ai
vécu en 2006, précisément le sa­
medi 05 août 2006 lors du collo­
que international des musul­
mans de l'espace francophone
(CIMEF') qui s'est tenu à Ouaga­
dougou du 04 au 06 août 2006.
Un français, constatant beau­
coup d'enfants dans la rue nous
demanda ce qu'ils faisaient. Nous
lui avons dit que c'étaient de pe­
tits mendiants qui quémandaient
leur pitance. Il n'en cru pas ses
oreilles. 11 n'avait jamais côtoyé
cette triste réalité. Et voilà ce
qu’il fit. Il organisa une sortie en
ville avec sa femme et sa petite
fille de 06 ans et alla déjeuner
dans un restaurant "parterre".
Les mendiants vinrent les encer­
cler pour leur demander de quoi
manger. Sa petite fille qui n'y
comprenait rien demanda à son
père de lui expliquer. Celui-ci lui
répondit que ce sont des enfants

qui demandent à manger. La pe­
tite fille demanda s'ils étaient des
orphelins. Le papa lui dit non, ce
sont des enfants qui ont leur pè­
re et mère à la maison. Ils sont
pauvres c'est tout. La fillette se
mit à pleurer, abandonna son re­
pas, obligea ses parents à faire
de même et non seulement à
donner aux mendiants leur part
mais à leur donner tout l'argent
qu'ils possédaient. La petite fut
malheureuse tout au long de son
séjour à Ouaga.
Voilà ce que doit faire un bon pè­
re. Il n'est pas normal qu'une pe­
tite française pleure pour les en­
fants burkinabè alors que de jeu­
nes enfants burkinabè narguent
leurs camarades parce que le bon
Dieu leur a pourvu de moyens
financiers et ne savent même pas
que le monde dépasse le seuil de
leur porte.
Ces histoires doivent nous ame­
ner à réfléchir sur la problémati­
que de l'éducation de nos en­
fants. A chacun d'y tirer des le­
çons. Moi je fais une simple des­
cription.
yaaroun in www.aeemb.bf