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'■’Maclw'

Cercle d’Etudes
(CERFI)

EDITORIAL
ETRE LOYAL EN VERS SA
RELIGION, SON PAYS
ET SES COMPATRIOTES p.i

ISLAM

LES SIGNES DE DIEÿ
LA PHILOSOPHIE DE
RAMADAN
LA PHILOSOPHIE DE
RAMADAN

na

IQRA
Islam, les questions
qui fâchent

m

de Bruno ETIENNE
'f77‘Ï7/Z\

RAMADAN MUBARAK

QUAND LE PROPHETE PARLE
LUI-MEME DE RAMADAN !

kXiVIE
a V'n v.‘* V *' -.i'-’fDU
i-

CERFI

Le CERFI lève le voile
sur un sujet tabou

CONFERENCE
D'OUVERTURE
EN INTERGRALITE

-•

■' ■ ■JfJ-'f? • -**■; Wj

ETRE LOYAL EN VERS SA RELIGION, SON PAYS
ET SES COMPATRIOTES
étant celui qui à un
moment donné incarne
l’aspiration d’un peuple.
Chaque individu, chaque

tion des musulmans aux
postes de responsabilité,

sont en petit nombre dans

il faut s’étonner du nom­
bre, voire de la qualité.

la minorité qui s’y trouve

groupe, participe aux
urnes pour choisir élections
leurs •
avec plus ou
différents représentants.
moins d’espérances et
Et à chaque période élec­
d’attentes. Les musul­
torale
(présidentielle,
mans ne sont pas en
législative ou commu­
reste. Quels peuvent être
nale), le magma social se
leurs espoirs et attentes
quand ils choisissent les
met en ébullition. Les par­
tis politiques légitimement
premiers responsables de
notre pays ?
sollicitent les voix des
Sans doute s’attendent-ils
citoyens. Les populations
au «développement» de
musulmanes font l’objet
notre pays. Un mot géné­
en ces moments de vives
rique et pansémique qui si
sollicitations. Les dons
on y-prend garde, ne vou­
abondent les mosquées
dra plus rien dire. Tout au
et les lieux de dou’a. Les
moins espèrent-ils l’amé­
musulmans comme l’en­
lioration de leurs condi­
semble des composantes
tions de vie ou simple­
de notre pays s’acquittent
ment, attendent-ils des
tant bien que mal de leur
leaders des formations
devoir ou droit de vote,
politiques le respect des
c’est selon. Même si l’on
engagements pris.
peut
rigoureusement
Naturellement, les musul­
avancer que beaucoup
mans sont en droit d’at­
doit être fait pour amélio­
tendre d’être plus impli­
rer la participation des
qués dans les sphères de
citoyens aux différentes
prise de décision et d’ac­
élections, il faut relative­
tion.
ment admettre que le
Si pour le respect des
niveau de participation est
engagements, il est un
acceptable.
lieu commun de constater
Mais quel sens peut - on
donner à l’acte de voter ?
que les politiques ont peu
Intrinsèquement, c’est un
d’égard pour la parole
acte citoyen que de choi­
donnée lors des campa­
sir son ou ses représen- ’ gnes électorales, en ce
tants. L’homme politique
qui concerne la désigna­

En effet, les quelques per­
sonnalités musulmanes
responsabilisées
com­
prennent pour la plupart
en tout cas, très peu les
besoins des musulmans
(l’exception confirmant la
règle). A tout le moins, ils
ne s’ y intéressent que
peu. Ils sont pour certains
complexés de vivre ouver­
tement
leur
religion.
Comme s’il était impossi­
ble, voire interdit, d’être
loyal en vers sa religion,
son pays et ses compa­
triotes. Comment peut-on
comprendre que les per­
sonnalités
d’autres
confessions religieuses
au plus haut niveau de
responsabilité
vivent
sereinement et ouverte­
ment leur religion alors
que les musulmans se
cachent pour le vivre ou
ne le vivent tout simple­
ment pas? Où sont les
ministres musulmans, où
sont les maires et les
députés musulmans ?
Complexés que sont la
plupart jusqu’à la moelle
des os ! Pendant que
leurs collègues chantent
et dansent dans leurs
lieux de culte ! Déjà qu’ils

ans notre pays,
les populations
sont conviées
chaque
cinq
(05) ans aux

D

©

les sphères de décision, si
est amorphe, insipide et
incolore, qu’est-il possible
d’espérer et d’attendre

d’eux ?
Il est curieux que nous

soyons fortement sollici­

tés en périodes électora­
les et jetés aux oubliettes

quand vient le moment
des désignations aux pos­

tes de responsabilité.
Cet état de fait en plus de
bien d’autres facteurs se

traduit par un dynamisme

en deçà des possibilités
sur le plan socio-économi­

que des musulmans et un
cloisonnement entre les

intellectuels et ceux qui

sont chargés de conduire
les communautés et les

associations musulma­
nes. Toute chose, à ne
pas s’y tromper, qui a des
effets néfastes sur la mar­

che de notre pays vers

davantage de prospérité.
Il faut en tout état de

cause

rappeler

aux

musulmans le besoin d’un

investissement

citoyen

plus accru et une saine

participation politique. Il y
va de l’Intérêt général.

La Rédaction

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

■ LKMO ïüA

n

Ben Halima Abderraouf qu'on ne présente plus dans le milieu de la jeunesse musulmane a séjourné pendant trois (03) semaines
au Burkina Faso. A cette occasion, il a animé des conférences et surtout pratiqué la roquia à Ouagadougou, à Bobo-Dioulasso et
à Ouahigouya. Votre journal n'a pas manqué de recueillir pour vous ses avis sur divers points. Lisez plutôt !

e Cerfiste : Pouvez-vous
vous présenter à nos lec­
teurs ? ,
Abderraouf Ben Halima (ABH) :
Je m’appelle Abderraouf Ben
Halima, j’ai 40 ans donc né en
1967. Mon père est Tunisien,
ma mère Américaine. J’habite
en France depuis 1986. Je suis
de formation ingénieur, statisti­
cien, économiste; je suis aussi
mathématicien. Je suis dans
l’Islam depuis l’âge de 15 ans.
J’ai milité beaucoup avec la
da'wa, puis après j’ai fondé une
maison d’édition. J'ai écrit plu­
sieurs livres éducatifs ; j’ai tra­
duit la vie des compagnons.
Après je suis venu dans la
Roquia c'est-à-dire le traite­
ment des gens contre la sorcel­
lerie, le mauvais œil. Je fais
des tournées en Afrique pour
vendre les livres et former les
gens à la roquia et faire des
conférences et de la da'wa.

L

que de façon professionnelle
depuis 1996.
Le Cerfiste : Cette pratique
nourrit-elle son homme ?
ABH : Je vis de ça ; mes confé­
rences sont gratuites ; la da'wa
c'est gratuit mais les livres que
j'écris sont à bas prix, c'est dire

traitements deviennent de plus
en
plus
faciles.
Quand
quelqu'un est bloqué pendant
des années, et qu'après ça se
débloque et il trouve du travail
et se marie, on ne peut qu'être
content.
Le Cerfiste : Quelles sont les
exigences de cette pratique ?

Le Cerfiste : On vous a sou­
vent entendu dire "j'ai tué le
djinn" Comment tue-t-on un
djinn ?

Le Cerfiste : Comment définis- .
sez-vous la Roquia ?

Ben Halima Abderraouf en conférence

ABH : C'est le fait de soigner la
sorcellerie, la possession des
djinn et le mauvais œil avec le
Coran et la médecine prophéti­
que.
Le Cerfiste : Pourquoi avezvous choisi de vous investir
dans cette pratique ?

ABH : Je n'ai pas choisi ; c’est
venu quand ma femme était
possédée par un djinns. On a
essayé de la soigner, j'ai connu
les gens qui soignent, je les ai
accompagnés. Ca n'a pas été
volontaire mais ça a été extrê­
mement bénéfique. Je la prati­

l’année c'est comme si vous
prenez de la nivaquine toute
l'année contre le paludisme. Et
si jamais il nous arrive quelque
chose, il faut faire un maximum
de doa pour qu'Allah extermine
le sorcier qui veut nous barrer
la route. Une fois qu'on fait tout
ça, Al Hamdoulillah on n'a plus
beaucoup de problèmes.

que je ne cherche pas de béné­
fice. Je vis de la Roquia ; je vis
dans les activités islamiques.
Certaines sont gratuites et
d'autres me rapportent de l'ar­
gent et ça fonctionne bien.
Le Cerfiste : Comment vous
appréciez ce que vous faites et
quelles sont les réactions des
gens autour de vous ?
ABH : Al Hamdoulillah ! C'est
très apprécié parce qu'il y'a
beaucoup de gens qui sont soi­
gnés et qui sont guéris. Ce que
je fais est Halal et conforme à
l'Islam. Il y'a des résultats et les

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

ABH : Cette pratique a effecti­
vement des exigences. Il faut
pouvoir lire le Coran, il faut un
certain niveau de piété, être
attaché à Allah. Il faut égale­
ment un niveau de vigilance
pour contrer les représailles car
ça vient tout le temps. Donc il
faut toujours être prêt à récep­
tionner les djinns qui viennent
se venger pour les tuer. II faut
aussi se soigner toute l'année
soi-même et sa famille parce
que les sorciers ne vont pas
manquer de vous faire des sor­
celleries mais quand vous vous
lavez avec l'eau du Coran toute

ABH : Quand le djinn vient
dans le rêve, il est extrême­
ment vulnérable. Sa seule
force, c'est que nous avons
peur de lui. C'est comme un
enfant qui vole une banque
avec un pistolet en plastique. Si
nous avons peur, il fait tout ce
qu'il veut et s'en va avec l'ar­
gent. Mais si nous comprenons
qu'il ne peut rien faire, on va le
taper pour qu’il ne recommence
plus. A partir du moment où on
t'explique que le djinn ne peut
rien faire, s'il te poursuit, au lieu
de fuir, retourne-toi ; attrape-le
et récite le Coran ; il va mourir.
Si un djinn ou un djeniya vient
pour te violer ; attrape-le et
récite le Coran ; il va mourir.
Essayez et vous verrez ; c'est
facile.
Le Cerfiste : Avez-vous déjà
vu un djinn ?
ABH : Dans le rêve, j'en ai vu
plusieurs fois et Al hamdoulillah,
j'en ai tué beaucoup. Mais dans
la réalité non. Quand ils sont
chez les humains, ils bougent, ils
parlent ; nous leur parlons à tra­
vers les humains mais on ne les
voit pas.
... suite page 4

0

Le Cerfiste :
Le Cerfiste : Comment appré­

ciez-vous
Burkina ?

votre

séjour

au

ABH : La dernière fois où je

suis venu au Burkina, j'étais
sous-exploité et je m'étais dit
que je n'allais plus revenir, que
j'allais donner la préférence à
d'autres endroits mais les frè­
res ont encore formulé la
requête et ont beaucoup
insisté. Al hamdoulillah, cette
fois-ci, je ne suis pas déçu.
Mon exigence est qu’il n'y a pas
de temps libre quand je vais
quelque part. Au niveau de la
mobilisation, avec les frères du
CERFI, de l'AEEMB et ceux de
la Roquia et avec Salif qui a
tout organisé, je remarque que
ça va. La seule chose qui nous
a manqué, c'est la couverture
médiatique au niveau de
Ouagadougou, mais la pro­
chaine fois on va y songer.

Le Cerfiste : On pense géné­
ralement que les maladies liées
aux génies sont le propre des
Africains. Qu'en dites-vous ?,

ABH : Non ! ça existe dans tou­
tes les cultures sauf chez les
occidentaux du Nord. Même en
Italie, en Espagne, au Portugal,
il y'a beaucoup de sorcellerie et
quand vous allez à l’Est en
Russie, en Chine... dans tous
ces endroits, il y'a beaucoup de
sorcellerie sans parler de
l'Amérique du Sud. Dans toutes
ces contrées, les gens connais­
sent et pratiquent la sorcellerie
mais ça varie selon les pays,
mais il reste que le podium est
tenu par l'Afrique et les Antilles.
C'est ancestral chez les
Africains parce qu'à la base, la
plupart les pays sont animistes,
fétichistes.

O

Existe-t-il le

même engouement en Europe

lait la lumière ; il me regarda
méchamment
et
me
dit

comme en Afrique ?

"lumière de toi non" ; je lui ai dis
"une lumière de Dieu". Il s'est

ABH : Il n'y a pas le même

adouci et a dit calmement "la
lumière de Dieu ?" je dis Oui

engouement, essentiellement
parce qu’il n'y a pas le même
besoin. Il y a moins de sorcelle­

rie, donc moins de gens qui en
expriment le besoin. Là-bas, ce
n'est ni un problème public, ni
un fléau social. C'est une mino­
rité de gens qui sont concer­
nés. Si on initie un grand dis­
cours sur la roquia, ça n'inté­
resse pas beaucoup de monde.
Mais ici ça concerne beaucoup
de gens. Par exemple, en
Europe les Chrétiens ne prati­
quent pas l'exorcisme ; donc il
n'y a pas ce fait que les gens
vont quitter l'islam à cause de
ça. Le problème en Europe a
une acuité beaucoup moindre.
Le Cerfiste : Parlez-nous de
quelques expériences qui vous
ont le plus marqué dans votre
croisade contre les mauvais
génies.
ABH : (rire) Alors là il y en a tel­
lement. On a fait venir le chef
des djinns de Vatican ; on l'a
converti ; ça a été impression­
nant. C'était en Côte d'ivoire ;
quand il est venu, il s'est écrié
"sacrilège, sacrilège". On l’a
amené du Vatican par la puis­
sance de Dieu. C'est une supé­
riorité que Dieu a donnée aux

humains sur les djinns. Il était
chrétien et a vécu depuis Jésus
(AS). Quand on l'a fait venir, je
lui ai dit "mon frère" et il me dit
"tu oses m’appelez ton frère
après ce que tu m'as fait ? Mais
j'étais en prière". Alors on lui a
demandé de nous écouter ; il
nous dit qu'il n'avait pas envie
mais qu’il n'avait pas le choix.
Je lui ai alors demandé s'il vou­

celle d’Allah ; il dit mon Dieu

c'est Jésus. Je lui ai dit de répé­
ter "Mon Dieu, montre moi qui
tu es. Allah ou Jésus". Quand
il a répété cela, Allah lui a mon­
tré la vérité et il s’est converti.
Nous lui avons fait répéter
qu'Allah est Dieu et Jésus un
de ses Prophètes. Ensuite,
nous l'avons envoyé convertir
les autres restés au Vatican.
Après deux jours, quand on l'a
rappelé, il avait fait convertir
sept autres génies. Par la suite,
on lui a dit d'aller à la Mecque
approfondir ses connaissances
et emmener d'autres qui vont
l’aider à faire la da'wa. Quand
on l'a rappelé après, la récolte
était maigre et nous avons
ramené le nouveau chef qu'on
a encore converti. Nous avons
-par la suite amené mille autres
qu'on a envoyé prêcher. Après

cela, on a pu convertir tous les
djinns du Vatican.
Comme autre expérience, une
fois, j'ai fait une intervention dans
une mosquée à Abidjan et à la
fin, un homme s'est levé pour
me dire qu'une femme était pos­
sédée par un djinn depuis une
vingtaine d'années et qu'elle
avait frappé sans succès à pres­
que toutes les portes ; elle n'arri­
vait pas à se marier et elle avait
beaucoup de problèmes. Je lui
ai dit d'envoyer la femme et
d'amener une camera. Après la
séance de traitement, elle est
revenue nous confier que quand
on lui a dit que le djinn a été tué
elle n'y croyait pas car en une
séance on ne peut tuer un djinn
qui vous fatigue depuis vingt
ans. Elle a demandé à Allah de
lui montrer ce qui s’est passé et
après elle l'a vu en rêve qui se
noyait et perdait du sang aux
parties où elle avait des ventou­
ses.
Le Cerfiste : Etes-vous satis­
fait de ce que vous faites ?
Suite page 6...

“Le Cerfiste”
Récépissé de déclaration
N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006
01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso
Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email :cerfiben@fasonet.bf
Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF

Directeur de Publication
Président du CERFI

SAWADOGO Ousmane

Rédacteur en Chef
Hamidou YAMEOGO

Secrétariat de Rédaction

Rédaction
BAMBARA Hamadé
OUÉDRAOGO A. SAIam
OUÉDRAOGO A. Wahid
TOE Aboubacar

YAMÉOGO Hamidou

Alizèta OUEDRAOGO

PAO & Impression

Altesse Burkina : 50 39 93 10
Tirage : 1000 Exemplaires

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

fl

RAMADAN MUBARAK
la faveur du mois béni
de
Ramadan,
le
Cerfiste revient, à titre
de rappel, sur des don­
nées qui ne nous sont
pas étrangères mais
comme l’affirme le Coran, vont
profiter
certainement
aux
croyants.

A

BON A SAVOIR
Définition et Institution du
jeûne musulman
Le jeûne est un culte d'absti­
nence prescrit aux musulmans,
comme il l'a été aux croyants
d'avant eux. C'est une pratique
cultuelle consistant à s'abstenir
de boire, de manger, d'avoir des
relations sexuelles de l’aube au
coucher du soleil. Jeûner en
Islam, c’est s'abstenir de tout
mal. Le jeûne est rendu obliga­
toire dans la Sourate 2 Verset
183 du Coran. C'était en l’an II
de l’hégire :«Ô! Vous qui avez

cru, on vous a prescrit le jeûne,
tout comme on l'a prescrit à
ceux d'avant vous. Ainsi attein­
drez vous la piété.»
Préparation

spirituelle

du

jeûne
Le musulman envisage cette
préparation
longtemps
à
l'avance. Il se convainc de sa
volonté de respecter au mieux
les règles du jeûne et l'espoir
d'améliorer son comportement.
Il se débarrasse alors de ces
réflexions parfois saugrenues
du genre "le jeûne de cette
année sera ceci ou cela !..."
Ainsi, le musulman se per­
suade du but poursuivi qui
n'est ni une simple mortifica­
tion» ni une privation inutile,
encore moins un régime
d’amaigrissement. Le but affi­
ché du jeûne est finalement
l'élévation spirituelle en vue

d'atteindre la piété comme le
verset ci-dessus l'indique.

Qui doit jeûner ?
Le jeûne de Ramadan est une
qui,
obligation pour tout musulman
et pour toute musulmane
pubère. Par contre, sont dispen­
sées les personnes suivantes :
les vieillards fatigués, et les
malades incurables. Les fem­
mes en état de menstrues ou qui
allaitent, les femmes en état de
lochies, les femmes enceintes
les voyageurs devront jeûner
plus tard.
Conditions du jeûne
de Ramadan
Le
début du mois de
Ramadan
Le début du jeûne est soumis à
la vision de la lune. Le mois
lunaire musulman est de 29 ou
30 jours. Le mois de Cha'aban,
celui qui précède Ramadan, doit
obligatoirement finir avant qu'on
ne commence le jeûne.
Les modalités
Dès la vision de la nouvelle lune,
le musulman formule l'intention
de jeûner. Il commence avant
l'aube par un déjeuner appelé
"souhour " (littéralement traduit
par repas de bénédiction) et
prend fin le soir, avant la prière
du crépuscule, avec "l'iftar" (la
rupture). Ainsi, la particularité du
jeûne musulman est d'obéir aux
injonctions d'Allah pendant
Ramadan.

Le comportement du jeûneur
Celui qui jeûne doit s'abstenir de
manger, de boire, tout en s'éloi­
gnant de toute turpitude du lever
au coucher du soleil. Le jeûneur
retient sa langue de mauvaises
paroles, de mensonge, de

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

calomnie, de commérage ; il
évite de regarder, d'écouter tout
ce qui est en rapport avec ce
que Dieu a interdit.
Importance du jeûne de
Ramadan
Le jeûne est important à plus
d'un titre. Il apparaît comme une
régulation de la nature humaine
sur le plan spirituel, physique et
moral. En somme, il s'agit d'un
recyclage comportemental.
Le Ramadan est un mois de fer­
veur religieuse et spirituelle.
C'est le mois dans lequel le
Coran, guide suprême des
musulmans, a été révélé pour
servir de guidance et de direc­
tion aux hommes (Coran,
Sourate 2 Verset 185)

Les cas de nullité du jeûne
1. Cas de nullité exigeant une
simple réparation par un jeûne
du ou des jours manqués, sans
punition expiatoire :
- le fait de manger et de boire
par oubli ou sous la contrainte,
- le vomissement volontaire,
- l'accouchement et l’écoule­
ment du sang,
- le fait de manger ou d'avaler
une substance quelconque,
même si elle ne nourrit pas,
entraîne la nullité du jeûne
- l'intention de rompre, entraîne
sa nullité même si elle n’est pas
réellement exécutée,
- le fait de se tromper de man­
ger, de boire ou d'accomplir
l'acte sexuel en pensant que
c’est l'heure du coucher du soleil
ou qu'il n'est pas encore l'aube.

2. Les cas où la nullité du
jeûne entraîne une punition
expiatoire :
Le fait de manger, de boire, d'ac­
complir l'acte sexuel sans
contrainte ni oubli pendant un
jour de ramadan entraîne une

punition expiatoire consistant,
soit en l'affranchissement d'un
esclave, soit au jeûne de deux
mois consécutifs, soit au fait de
nourrir soixante pauvres. Cette
expiation s'applique pour cha­
que jour de jeûne manqué.

"Allahomma laka soumtou wa
bika amantou wa ala rizkika
aftartou fataqabal minni".
«Ô! Seigneur, j'aijeûné pour Toi,

j'ai cru en Toi, je romps avec ce
dont Tu m'as pourvu. Accepte
donc de moi ce jeûne !»

La nuit d'AI Qadr
C'est la meilleure et la plus
sainte nuit de l'année. Elle est la
quintessence d'une période
bénie. Ramadan est un mois
saint, Lailatoul Qadr est un
moment dans un moment saint.
Les œuvres accomplies pen­
dant cette nuit sont meilleures
que celles de toute une vie, c'est
à dire plus de mille (1000) mois,
soit environ quatre vingt trois
(83) ans d'adoration. La tradition
prophétique nous recommande
de rechercher cette nuit merveil­
leuse dans les dix (10) dernières
nuits du mois de Ramadan. Il y
est fortement recommandé de
faire beaucoup d'invocations
durant ces moments bénis : la
mère des croyants Aîcha (Dieu
l'agrée I) dit : "j'ai dit O Envoyé
de Dieu ! si je parviens à connaî­
tre la nuit du destin,qu'est-ce
que je dirai ? Et le prophète (psi)
répondit : "Allahoumma innaka
afouwoun touhiboul afwâfa'afou
anna"
"Ô! Seigneur, Tu es indulgent,
Tu aimes le Pardon, pardonne nous donc".
Source : Assiyam 2006 (revue et

corrigée parla Rédaction du
Cerfiste)

0

I

QUAND LE PROPHETE PARLE LUI-MEME DE RAMADAN !
e texte qui suit est un

ment dernier. Respectez les

Vos dos se courbent sous le

de ce mois, Allah lui accordera

sermon que le pro­
phète (SAW) a pro­

personnes âgées, ayez de la

poids de vos péchés, proster­

sa grâce le jour du jugement

compassion pour les jeunes et

nez-vous devant Allah à inter­

dernier alors que quiconque

noncé à l'occasion de

soyez aimables envers vos

valle de temps long et régulier

Ramadan.
Discours
parents et vos familles. Gardez
pathétique, saisissant et haute
vos­ yeux de voir les choses
ment
spirituel,
il
sert,
interdites et vos oreilles d’en­
aujourd'hui comme hier, à
tendre les sons qui ne doivent
éclairer notre lanterne sur un
pas être entendus.

pour qu'il rende vos charges

maltraitera ses parents pen­
dant ce mois, Allah lui retirera

légères [...]

sa grâce. Quiconque fait ses

Ô vous les gens ! Si quelqu'un

nah) au cours de ce mois, Allah

parmi vous organise le "IFTAR"

le sauvera du feu de l'enfer[...]

(le dîner pour rompre le jeûne
au coucher du soleil) pour d’au­
tres croyants, Allah lui donnera

Ô ! vous les gens, les portes du

L

des piliers de notre religion.

“Ô vous les gens ! Le mois
(Ramadan) d'Allah est arrivé

avec sa grâce et sa bénédic­
tion. Aux yeux d'Allah, ce mois
est le meilleur de tous les mois,
ses jours sont les meilleurs

parmi les jours, ses nuits sont
les meilleures parmi les nuits et
ses heures parmi les heures.
C'est le mois où Allah vous
• invite à jeûner et à prier. Allah

vous donne l'occasion au cours
de ce mois de recevoir les hon­
neurs, Il est Miséricordieux.
Dans ce mois sacré si vous jeû­
ner vraiment comme il vous a
été recommandé, alors chaque
souffle aura la récompense du
"tasbih" (glorification divine). Et
votre sommeil aura la récom­

Soyez aimables envers les
orphelins de telle sorte que
quand vos enfants deviendront
orphelins qu'ils bénéficient de
la sympathie des autres.
Invoquez Allah pour qu’il par­
donne vos fautes. Elevez vos
mains au moment des invoca­
tions car c’est le meilleur
moment pour demander sa
grâce.
Quand
nous
L'invoquons en ce moment là II
entend nos prières, quand
nous l'appelons, Il nous répond
et quand nous demandons
quelque
chose,
I,
nous
exhausse. Ô ! vous les gens

vous avez fait de vos conscien­
ces l'esclave de vos désirs,

libérez vos consciences en
invoquant Allah pour qu'il vous

pardonne.

pense d'une prière. Vos bonnes
actions

sont récompensées

mieux que d'habitude et vos
invocations acceptées. Alors
vous devez invoquer votre sei­
gneur de façon très dévouée
avec un cœur qui est libre de
tout péché et de toute souillure;
et vous devez prier pour
qu'Allah vous aide à faire le
jeûne et à réciter le glorieux
Coran. Oui ! Celui qui ne reçoit
pas la grâce et la bienveillance
d'Allah, en ce mois est en effet
très infortuné.
Pendant que vous êtes en train
de jeûner, rappelez-vous la
faim et la soif du jour du juge­

prières surérogatoires (soun-

une récompense égale à celle
prévue pour la libération d'un
esclave. Et Allah lui pardonnera
ses péchés mineurs [...]
Quiconque peut au cours de ce
mois aider un peu les domesti­
ques, en faisant lui-même le
travail qu'ils faisaient, Allah allé­

gera son compte le jour du
jugement.
Quiconque ne causera pas
d'ennuis aux autres au cours
de ce mois Allah le protégera
de sa colère au jour de la rétri­
bution. Quiconque respecte et
traite avec générosité un
orphelin au cours de ce mois
Allah le traitera avec générosité
au dernier jour. Quiconque trai­
tera bien ses parents au cours

paradis sont toutes ouvertes
pendant ce mois, priez pour
que ses portes ne vous soient
pas
fermées
au
nez.
Cependant les portes de l'enfer

sont fermées, priez pour que
ses portes ne soient jamais

ouvertes pour vous. Lorsque la
lune apparaîtra marquant le
début du mois de Ramadan,
priez et dites "O lune, mon sei­
gneur et ton seigneur est Allah
le seigneur des mondes. O
Allah bénit moi pendant ce

mois avec la paix, la sécurité et
la tranquillité. O Allah fasse que

ce mois soit plein de bénédic­
tions pour moi, accorde-moi la
bonté, aide-moi dans ce mois à
m'éloigner de la méchanceté et
des mauvaises actions.”

... suite de la page 4...

ABH : J'ai franchement le sentiment de rendre service par la grâce d’Allah. Au Burkina cette fois-ci,
on a fait plus de tapage que les autres fois. On a fait une émission à la télé qui va passer, ça va avoir
un impact incha’Allah. En Côte d'ivoire, les frères nous disent que vraiment ça changé l'Islam dans ce
pays. Parce que jusque là les musulmans n'avaient pas de solution à ce problème de djinn et de sor­

cellerie. Ce sont les autres confessions qui avaient de la force. Mais avec ce que nous faisons, les
choses se sont inversées et ça a augmenté la confiance des musulmans. Beaucoup de frères y ont

appris la roquia et la pratiquent.
Si j'ai un message pour les Burkinabé, c'est de mieux s'organiser, de mieux s’unir pour avoir de la
force. L'exemple de la Côte d’ivoire est le meilleur que je puisse voir. Toutes les associations fonction­
nent ensemble, ainsi que les Imams, les intellectuels, les femmes, les jeunes ; ce qui fait que les

musulmans parlent d'une seule voix. Si quelque chose est décidée, c’est décidé pour tout le monde
et donc ça va très vite.

Interview réalisé par
Abdoul Salam OUEDRAOGO

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

ir

LES SIGNES DE DIEU
festation nous aveuglent et mar­
eaucoup ont cru que la
quent les limites de notre savoir
civilisation occidentale,
"(Hani RAMADAN, La foi musul­
fortement scientiste et
mane, p. 17).
matérialiste, de par ses
prouesses technologi­
C'est pourquoi les textes islami­
ques et sa maîtrise de plus enques,
plus au lieu des représentations
spectaculaire de la matière, ferait
imagées, imaginées et imaginai­
le bonheur de l’Homme. Il nous
res de Dieu, vont attirer l’attention
est donné cependant de constater
de l'homme sur les traces, les
que les gens, en occident comme
signes de Dieu, étant entendu qu'il
dans le reste du monde culturelle­
est Lui, le Caché (al Batîn). C'est
ment colonisé par l'Occident, souf-.
ainsi que les auteurs anciens et
frent beaucoup plus par absence
contemporains, s’appuyant sur le
de fin, que par manque de
Coran et la tradition prophétique
moyens. Ce faisant, les interroga­
admettent une typologie trilogique
tions sur le sens de la vie se mul­
des signes de Dieu.
tiplient. Suffit- il de cumuler le
maximum de biens pour réussir
PREMIER SIGNE: L'UNIVERS
son séjour terrestre ? N'y a -1 - il
pas lieu de régler d'abord la ques­
Les hypothèses sur les origines
tion du sens de la vie ? Or la ques­
de la matière sont innombrables et
tion du sens de la vie et de la mort
beaucoup d'entre elles qui restent
débouche sur celle de Dieu. Dieu?
au stade expérimental, ne fran­
Comment se convaincre de son
chissent guère la porte des labo­
ratoires. Quoiqu’il en soit, la thèse
existence, surtout qu'on est de
plus en plus éduqué et habitué à
d'une naissance de l'univers en
une lecture cartésienne des cho­
dehors d' "une main extérieure"
est de moins en moins soutena­
ses ?
Dans cet exercice délicat d’expli­
ble. Au delà même de l'argument
cation de l'existence de Dieu, il y a
simple mais imbattable, qui veut
lieu, avant tout débat au fond, de
qu'il n'y ait pas de création sans
se départir de ce réflexe naturel
sujet créateur, les découvertes
qui chez l'Homme, caractérise son
dans le domaine de l'infiniment
approche du réel, son acquisition
grand et de l'infiniment petit sont
des connaissances. En effet, l’ap­
telles que les scientifiques les plus
proche humaine du savoir est
sceptiques n'écartent plus la thèse
dualiste. Nous déterminons le jour
d'une force première ayant pré­
par rapport à la nuit, le grand par
sidé à la naissance de la matière
rapport au petit, le chaud par rap­
primitive. On lira avec intérêt les
port au froid, etc. Autrement dit,
travaux de Harun Yqhya sur la
comme disent les sémanticiens,
théorie du big-bang, de l'expan­
7e sens est fondé sur la différence
sion de l'univers, de la mort future
: Il y a du sens lorsqu'il y a de la
du soleil et bien d'autres.
différence" (Analyse sémiotique
En effet, la complémentarité et les
des textes, p.13). Or Dieu, Sa
dépendances mutuelles entre les
éléments naturels, les coïnciden­
Gloire,
Sa
Puissance,
Sa
Grandeur, bref Ses Attributs sont
ces déconcertantes des phéno­
mènes sont telles qu'il ne serait
uniques et ne permettent pas une
comparaison dualiste." Il n'est pas
pas raisonnable de soutenir que le
hasard gouverne ce gigantesque
un astre parmi les astres, Il ne
système. "L'ordre des choses
peut être classé dans une catégo­
nous détermine et nous conduit à
rie, dans un genre ou une espèce.
une connaissance certaine : Dieu
L'évidence et l'éclat de sa mani­

B

Le Cerfiste N° 005 septembre

est. En considérant un ouvrage de
broderie exécuté avec la plus

exquise délicatesse et recouvrant
les plus fins motifs, pourquoi

devront-nous croire - au nom de
quelle science aveugle ?- que ces
ornements sont le fruit du hasard,
et bien plus, qu'une aiguille ait pu
seule composer cet ouvrage, sans
le recours d'une main habile ? Ou
encore, que le fil est venu se glis­
ser fortuitement dans le chas de
cette aiguille ?
Une fleur qui croit sur de la boue
infecte et fade, mais qui profite
tout autant du soleil et des pluies,
qui donne son parfum et offre sa
couleur, couleur qui est un lan­
gage pour les abeilles et les insec­
tes en quête de nourriture, grâce à
laquelle est produit le miel qui est
si doux à notre palais, constitue
une preuve évidente et éclatante
de l'existence de Dieu." (Hani
RAMADAN, op cit p.25)
Mais c'est le Livre de Dieu qui se
charge d'illustrer le mieux cet état
des choses : "En vérité, dans la
création des deux et de la terre, et
dans l'alternance de la nuit et du
jour, il y a certes des signes pour
les doués d'intelligence, qui,
debout, assis, couchés sur les
côtés, invoquent Allah et méditent
sur la création des deux et de la
terre (disant) : Notre Seigneur! Tu
n'as pas créé cela en vain. "
(Coran S3 V190) "...Certes, dans
la création des deux et de la terre,
dans l'alternance de la nuit et du.
jour, dans le navire qui vogue en
mer chargé des choses profitables
aux gens, dans l'eau qu'Allah fait
descendre du ciel, par laquelle II
rend la vie à la terre une fois morte
et y repend des bêtes de toute
espèce, dans la variation des
vents, et dans les nuages soumis
entre le ciel et la terre, en tout cela
il y a des signes, pour un peuple
qui raisonne" (Coran, S2 V163164)

DEUXIEME SIGNE:
LA FITRA OU LA CONSCIENCE
INNEE DE DIEU

En plus des signes contenus dans
l'univers qui témoignent de l'exis­
tence de Dieu, le second témoi­
gnage de la transcendance n'est
pas en dehors de l'homme mais
en lui - même. En effet, aux ter­
mes du verset 172 de la sourate 7,
tous les êtres humains sont liés à
Dieu (exalté soit-ll) par un pacte
qu'on peut qualifier de pré - exis­
tentiel : "Et quand ton Seigneur
tira une descendance des reins
des fils d'Adam et les fit témoigner
sur eux-mêmes Ne suis-Je pas
votre Seigneur ? "Ils répondirent:"
Mais si, nous en témoignons...",
afin que vous ne disiez pas au jour
de la Résurrection : "Vraiment,
nous n'y avons pas fait attention. "
Est - ce cette marque divine
congénitale qui amènent certains
non croyants - mêmes ceux qui
revendiquent un athéisme radical
et extrémiste - à aimer la vérité et
le bien, à exécrer le mensonge et
le mal, et surtout à se poser des
questions existentielles : d'où je
viens ? Pourquoi suis-je ? et après
la mort ? etc.
Mais les influences extérieures sont
énormes et multiformes (la famille
surtout, mais aussi l'école, les
médias, les traditions, les amis...) à
telle enseigne que l'instinct religieux
finit par se muer, dans le meilleur
des cas, en une indifférence vis-àvis de la religion, et dans le pire des
cas, en sa négation (athéisme) ou
sa perversion (polythéisme). Le
Prophète (psi) disait en ce sens :
"Tout enfant naît selon la Titra ; ce
sont ses parents qui en font un juif,
un chrétien ou un Zoroastrien."
(Hadice rapporté par Boukhari &
Muslim).

Suite page...8

LA PHILOSOPHIE DE RAMADAN
e jeûne du Ramadan se
présente en islam comme
une obligation qui s'insère
dans
l'histoire
des
Révélations qu'elle pour­
suit et complète :
"Ô vous qui croyez, le jeûne vous

L

est prescrit comme il l'a été à ceux
qui vous ont précédés (aux reli­
gions antérieures). Peut-être
atteindrez-vous la piété." [1]
Ce verset a été révélé durant la
deuxième année de l'hégire, à
Médine, alors que la communauté
musulmane se constituait en
société organisée. Et s'il était tout
à fait clair, pour toutes les musul­
manes et tous les musulmans,
que cette obligation engageait
leur personne à respecter, de
façon personnelle, l'injonction
divine, il leur paraissait tout aussi
explicitement que les privations
durant ce mois sacré devaient
s'accompagner d’un surcroît d’en­
gagement pour le bien et la soli­
darité sociale.
Aujourd'hui comme hier, sans
boire, ni manger, loin des habitu­
des de la vie quotidienne et de
ses plaisirs, les musulmans cher­
chent à se rapprocher de Dieu.
Cette rupture d'un mois par rap­
port à la normalité est propre, plus
que tout autre à développer en
eux les aspirations spirituelles et
la vie du coeur. Ensemble, ils se
doivent de pratiquer et de rompre
le jeûne et ensemble ils se retrou­
vent pour les prières de la nuit
(tarawîh) qui sont un supplément
dans la pratique quotidienne. Car
le Prophète Muhammad avait
encouragé les musulmans à
redoubler d'efforts dans l'accom­
plissement de la prière de la nuit,
à lire le Coran, à effectuer une
retraite spirituelle et à multiplier
les dons :
"La meilleure des aumônes est
celle effectuée pendant le mois de
Ramadan." [2] C'est dire combien
ce mois devrait être un mois de
recueillement, de recul par rap­

0

port aux préoccupations du
monde. En ce sens on ne saurait
trop dire combien est trahie cette
spiritualité quand on observe le
comportement de certains musul­
mans qui, confondant la nuit et le
jour, dorment pour jeûner et pré-

Tariq RAMADAN

parent des festins journaliers pour
se nourrir. L'esprit du jeûne exige
très exactement l'attitude inverse
et le Prophète de l’islam avait
exprimé, dans le sens bien com­
pris de la plénitude de cet acte de
foi, que le meilleur des jeûnes
était celui du cœur.

... suite de la page 7
Pour peu donc que l'on se débar­
rasse des tares ingurgitées
depuis l'enfance,
pour peu que l'on observe attenti­
vement les signes ; l'on se tour­
nera vers Dieu "tout comme la
plante s'oriente vers le soleil, ou
comme le nouveau-né se tourne
d'instinct vers le sein de sa mère"
(Hani RAMADAN, op cit, p25).

TROISIEME SIGNE :
LA REVELATION
'La révélation est le signe ultime et

évident de la transcendance. En
effet, l'on peut passer facilement
à coté des signes contenus dans
l'univers ; quant à la fitra, comme
évoqué plus haut, elle n’est pas à
l'abri des influences externes. Par
conséquent, abandonné à lui-

Durant ce mois, plus que durant
tout autre, les musulmans doivent
s'unir pour défendre la justice
sociale. Car jeûner c'est aussi,
pour chaque fidèle, faire l'expé­
rience de la privation, de la faim et
de la soif. Pour tous, c'est le rap­
pel qu'il existe des droits élémen­
taires et qu'il convient de se mobi­
liser ensemble contre les fléaux
de la misère et de la sous-alimen­
tation. Cette dimension de solida­
rité participe du même acte de
culte, de la même sacralité ; elle
en épouse tous les contours et
inscrit en l'homme, au moment
même de sa reconnaissance du
Créateur, la réalité de son destin
avec les hommes. Son humanité.
Le Prophète Muhammad s'est
toujours efforcé de rendre clair à
la conscience des croyants cet
horizon de la solidarité essentielle
et impérative. Et ce jusqu'à l'impo­
sition de la zakat al-fitr (aumône
très recommandée) que les
musulmans doivent verser juste
avant la fête de la fin du Ramadan
et qui est destinée prioritairement
même, sans la lumière de la révé­
lation, l'homme risque fort de se
perdre dans sa quête de Dieu
malgré sa bonne foi et sa bonne
volonté, malgré la quantité des
signes qui l'entourent. Combien
sont-ils ceux qui malgré une soif
aigue de spiritualité ont fini dans
l’escarcelle des gourous, des
sectes ou de quelques mar­
chands de ."C/ef ou de "Vie éter­
nelle" ?!?! Et les philosophes
dans tout ça ? eux aussi ont pro­
posé des réponses sur l'origine

et le sens de la vie, de la mort, du
temps, de l'espace... Mais leurs
thèses, si elles ne se contredisent
pas entre elles, finissent par s'ef­
fondrer sous l'effet du temps ou
de l'Histoire. C'est pourquoi les
penseurs les plus sages et
modestes ont dû se résoudre à
reconnaître les limites de la pen­
sée humaine sur les questions

aux pauvres : "Épargnez-leur la
mendicité en ce jour (jour de
fête)", parce que c'est leur droit, à
tout le moins, de pouvoir rester
dignes en ce jour. C'est par ce
même élan qui doit offrir un jour,
au moins, de "plus de justice" que
les musulmans devraient être
mus, le reste de l'année, pour
relever le défi d'aujourd'hui où
quarante mille personnes par jour
meurent d'inanition. Parce que ce
ne peut être acceptable, parce
que c'est un non-sens... Les
croyants, comme tous les hom­
mes, sont responsables devant
Dieu de cette folie. Pratiquer le
jeûne, dans l’intime proximité de
Dieu, c’est ne jamais l’oublier :
"Il n'est pas croyant celui qui
parmi vous dort repu, alors que
son voisin a faim."[3]
[1] Coran 2/183
[2] Tradition prophétique
(hadith) rapporté par Tirmidi
[3] Rapporté par Boukhari

Tariq RAMADAN
existentielles et métaphysiques.
Et bien, où s’arrêtent, les
réflexions et les pensées les plus
élaborées, commence la révéla:
tion, c’est-à-dire, discours de
Dieu aux hommes par le biais
d'hommes pris parmi eux, afin de
leur rappeler Dieu et de les guider
sur le chemin qui mène à'Lui.
Mais si la révélation est le signe
des signes, la dernière révélation
est la révélation des révélations :
- parce que sur le plan de la
forme, elle constitue un chefd'œuvre littéraire,
- parce que dans le fond, elle fait
l’économie de ses devancières,
énonce des vérités scientifiques
et édicte des règles juridiques et
sociologiques que ni le temps, ni
l'espace ne rendent obsolètes.
H. YAMEOGO

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

Islam, les questions qui fâchent de Bruno ETIENNE
L'auteur
Voilà ce que dit de lui un site indépendant
(le petit palace) pris au hasard sur Internet
: " Bruno Etienne est un universitaire de
renommée internationale. Ses travaux sur
les religions, la politique sont unanime­
ment appréciés. Et pourtant, il n'a pas
’ peur de quitter les sentiers battus pour
inviter son public à une gymnastique intel­
lectuelle des plus ébouriffantes. Il appar­
tient à cette catégorie de personnes qui
sait nous faire comprendre qu'il n'y a rien
de plus stérile qu'un regard figé sur des
événements. C'est ce que j'ai l'habitude
d'appeler la "conversion du regard" :
apprendre à regarder autrement, modifier
son propre point de vue (au sens quasi
géographique du terme), se détacher de
la pensée dominante, tourner et retourner
les faits dans tous les sens, penser tous
les protagonistes, cultiver une réflexion
mobile. "

Chercheur et enseignant, Bruno
ETIENNE dirige l'observatoire du religieux
à l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-en
provence. Il est l'auteur, de nombreux
ouvrages dont Les amants de l'apoca­
lypse (édition de l'Aube), La France et l'is­
lam, L'islamisme radical, Être bouddhiste

en France aujourd'hui, La France face
aux sectes (hachette).
Comme Mohamed* Arkoun, Régis
Blachère, Louis Massignon, Denise
Masson, Maxime Rodinson, etc., Bruno
ETIENNE fait parti de ces orientalistes
qui s'intéressent à la question islamique.
Mais à l'inverse de la plupart des orientalis­
tes de France, Bruno ETIENNE est de ce
. cercle restreint de chercheurs qui se distin­
guent par leurs efforts d'objectivité dans
l'approche de la question islamique, par
leur refus de verser dans la haine viscérale
et le subjectivisme contre l'Islam ; toute
chose qui leur valent un lot de qualificatifs
désagréables tendant à les discréditer aux
yeux d'un grand public occidental pas tou­
jours au fait de l'histoire et des valeurs cul­
turelles islamiques, et par conséquent mal­
léable à souhait par les médias télégui­
dées et les intellectuels suffisants.
as==^===B

■ -

En effet, B. ETIENNE paie souvent cher
son refus de s'aligner dans la pensée uni­
que et dominante en Occident L'on se
souvient des attaques multiformes qu'il
avait essuyées de la part de certains de
ses collègues (universitaires et cher­
cheurs) et de certains auteurs français,
lorsqu'il avait accepté de présider la sou­
tenance de la thèse que Tariq RAMADAN
a soutenue à la faculté des Lettres de
Genève sur l'œuvre de Hassan al Banna.
A cette occasion, une pourfendeuse
acharnée de T. RAMADAN, Caroline
Fourest, dans son livre Frère Tariq :
Discours, stratégie et méthode (vérita­
ble compilation d'attaques contre T
Ramadan) n'a pas eu honte d’écrire que
le grand professeur émérite B. ETIENNE
est un " Orientaliste peu exigeant au
niveau scientifique et surtout complaisant
vis-à-vis de certains mouvements se
revendiquant de l'islam politique" et ayant
"mis sa caution universitaire au service de
Tariq Ramadan." Elle poursuit :
"En 1998, il (Bruno Etienne) lui (T. RAMA­
DAN) a permis de valider une thèse à la
gloire de Hassan al-Banna (le fondateur
des Frères musulmans) qu'un premier
jury - composé de fins connaisseurs du
réformisme musulman comme Ali Merad avait jugé trop partisane pour être consi­
dérée comme "académique"."

Vous comprenez donc que des intellec­
tuels comme B. ETIENNE n'ont pas de
chance d'être connus du grand public d'ici
et d'ailleurs, car les grands lobbys média­
tiques, ou bien rechignent à les médiati­
ser, ou bien le font en noircissant leur por­
trait.

Même si le point de vue d'un Bruno
ETIENNE, tout comme celui d'un
François BURGAT ou d'un Roger
GARAUDY, au regard de leur éduca­
tion ou appartenance religieuse, de
leur parcours académique, leur envi­
ronnement socio - culturel et de leur
profil de chercheur indépendant, peut
souvent se discuter du point de vue
de l'orthodoxie musulmane, il reste
que c'est un devoir de mémoire et de

—••■■■■-J-

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

justice, de faire connaître leurs tra­
vaux. Votre journal s'y est engagé !
L'ouvrage
Islam, les questions qui fâchent com­
porte 171 pages réparties en quatre (04)

sections:
Section 1 : Islam et Religion (s), p15 à 55
Section 2 : Islam et Histoire, p55 à 67
Section 3 : Islam et Politique, p67 à 109
Section 4 : Islam et Modernité, p109 à
141.

Le titre de l'ouvrage de Bruno Etienne
peut tromper. Pourtant, il n'en est rien. Il le
dit lui-même tout de suite au préambule :
"A propos de l'islam, un certain nombre
d'interrogations caractéristiques revien­
nent chez les français non musulmans.
Loin d'être toutes pertinentes, ces ques­
tions retiennent notre attention dans une
perspective pédagogique : y répondre
contribue à lutter contre les fantasmes,
les brouillages, les amalgames rapides et
les approximations devenus dramatique­
ment répétitifs ces dernières années, que
ce soit à propos de l'Algérie ou plus
récemment les évènements du Proche et
du Moyen-orient. Un certain nombre
d'évènements, concernant apparemment
l'islam, s'est produit durant les trente der­
nières années, qui nous obligent à regar­
der au-delà de notre petit espace français.
Ils s'inscrivent dans une perspective poli­
tique, géostratégique et économique
(hydrocarbures, risque de prolifération
nucléaire,...). Ils ne sauraient donc se
réduire à leur seul dimension religieuse".
Islam et religion (s)
Bruno Etienne, se demande qui sont les
musulmans ? Dans cette section de loin la
plus longue, l'auteur s'évertue à décrire
les musulmans, en introduisant la notion
de l'unité dans la diversité. Il donne
d'abord un chiffre : les musulmans sont
environ un milliard d'individus répartis sur
tous les continents. Statistique que l'au­
teur s'empresse de nuancer étant donné
que cette donnée quantitative cache sou­
vent une réalité plus élevée. Il s'en suit
une précision sur la nécessité de ne pas

confondre musulmans et arabes, les
enlèvements d'otages en Indonésie en
2001 et la guerre en Afghanistan (20012002) ont fait réalisé aux Européens qu'il
y avait plus de musulmans " asiatiques"
que d'Arabes ! Il explique bien qu'il existe
des arabes non musulmans en Egypte,
au Liban, en Syrie, des Chrétiens palesti­
niens et des Juifs arabophones venus du
Yémen ou du Maroc, sans oublier les
musulmans
Berbérophones,
Turcophones, Slaves Bosniaques,
Albanais, Mogols, etc. Il faut donc se gar­
der de présenter, positivement ou négati­
vement, l'islam comme un, uni, unique,
univoque, identique.
Islam et histoire
Une question importante soulevée dans
cette partie, c'est cette question que se
posent beaucoup d'occidentaux qui
méconnaissent le rôle et la place de la rai­
son chez les musulmans : pourquoi l'islam
ne peut-il aujourd'hui, faire usage de la
raison critique à l’égard de la production
du Coran et à l'égard de sa tradition.
Question impertinente à la réalité car l'au­
teur démontre que la raison, le libre arbi­
tre, la liberté ne sont pas étrangères à la
pensée musulmane, bien au contraire.
Mais il précise que l'obstacle à l'utilisation
de la raison critique tient donc à une tout
autre cause : les musulmans croient en
l'inimitabilité et au miracle du texte révélé,
incréé, à sa perfection liée à. "une langue
claire et évidente"

A la fin de cette rubrique, dans un chapi­
tre intitulé "vers un retour de linte/ligence libre" l'auteur estime que la fer-,
meture des portes de l'ijtihad est due à
la dictature politique dans la plupart des
pays arabes et non à une impossibilité
générale ou essentielle de raisonner. Il
nous semble aussi qu'une des raisons
profondes de la fermeture des portes de
l'ijtihad se trouve dans la peur de falsifi­
cation du texte orignal (Coran), donc au
souci de protection du texte sacré contre
la démultiplication des pensées et des
visions plus ou moins déviantes.
... suite page 12
B

COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LA LAÏCITE

Le CERFI lève le voile sur un sujet tabou
e Cercle d'Etudes, de
tions et des panels. Ainsi, la pre­
mière communication a porté sur
Recherche et de forma­
tion Islamiques a orga­
l'approche conceptuelle et juridi­
nisé du 24 au 26 août
que de la laïcité. Cette communi­
2007 à Ouagadougou un
cation présentée par le Pr. Luc
colloque international sur la laï
­
Ibriga
de
l'Université
de
cité sous le parrainage de M.
Ouagadougou, a consacré
Sékou
BA,
Ministre
des
l’éclairage sur l'approche de la
Ressources animales et placé
laïcité comme un concept uni­
sous la thématique générale :
que dans son principe, mais plu­
’’Quelle laïcité pour une société
riel dans son vécu. La démocra­
plurielle et prospère ?”.
tie étant son cadre d'éclosion,
Cette importante manifestation
c’est l'universalité des principes,
qui a réuni des sommités du
mais la relativité dans la prati­
monde musulman, des repré­
que.
sentants de la société civile et de
La deuxième communication a
l'administration publique, des
été prononcée par le Pr, Moma’r
universitaires... a permis de
Kane sur le thème : "Le fait reli­
donner aux participants des
gieux et l’école laïque". Il s'est
bagages et des arguments
agi pour lui d’élucider dans un
nécessaires pour mieux faire
premier temps les termes impli­
face aux réalités nouvelles d'un
qués dans la formulation du
monde en proie aux interpréta­
thème et dans un second temps
tions de tous bords du concept
d'élaborer des axes qui plaident
de la laïcité.
pour un enseignement spirituel
dans l'Ecole de la République.
La cérémonie d'ouverture qui a
Ainsi, plusieurs définitions seront
eu lieu le vendredi 24 août dans
proposées pour le mot laïcité
la salle de conférence du
dont l'essentiel se résume dans
Conseil
Burkinabè
des
le partage des aires d'influence
Chargeurs (CBC) a enregistré la
de la religion et de la politique.
présence de nombreuses autori­
Le Professeur s'est appesanti
tés religieuses et administratives
sur le processus qui en France,
et d'un public composite venu
a mené à la laïcalisation de
suivre la conférence prononcée
par le frère Yacoub Mahi de
l'éducation nationale. C'est en
réaction à un certain nombre
Belgique sur le thème "Quelle
d'exactions de l'Eglise à l'égard
laïcité pour une société plurielle
de la science et des savants, de
et prospère ?". Il a appelé, auson intolérance interne et de son
delà du concept de la laïcité, à
implication avec le pouvoir féo­
une compréhension du proces­
dal que le mouvement intellec­
sus historique et à une concep­
tion philosophique qui est née de
tuel a prôné l'école laïque. Pour
la tradition de la Renaissance et
le Professeur, la justification d'un
plus tard des Lumières.
enseignement spirituel à l'école
de la République tel qu'il le
Les travaux du colloque se sont
prône tire sa source entre autres
déroulés sur trois jours et ont été
des raisons qui suivent :
marqués par des communica­
la nécessité de repenser

L

une école qui répond aux
besoins de nos pays en voie de
développement ;
la relance de la scolari­
sation chez les populations isla­
misées ;
la restauration de la
vocation de l'école qui forme
dans sa totalité y compris sur le
plan de la spiritualité ;
le caractère de moins en
moins convaincant et opératoire
dans nos sociétés où l'école laï­
que héritière de celle coloniale
n'a pas résolu les problèmes.

La dernière communication a été
animée par Maître Ahmed
Simozrag sur "Religion et appar­
tenance à une nationalité". Pour
le conférencier, le musulman
peut habiter partout sur la terre
où bon lui semble. Il doit seule­
ment faire le bien et éviter le mal.
L'humanité confère à l'homme
une appartenance universelle.
Dieu a envoyé le prophète (psi)
pour toute l'humanité. Le carac­
tère universel de l'Islam fait donc
du musulman un citoyen du
monde. La communauté est
basée sur l'appartenance à une
même foi, à un même témoi­
gnage. L'affiliation communau­
taire constitue l'affiliation réelle.

S'agissant des panels, le pre­
mier qui a porté sur "Ecoles
confessionnelles et laïcité" a été
animé par Yacoub Mahi, le Pr.
Cissé Amidou de l’Université de
Ouagadougou et Yacoub Traoré
du CERFI. Le deuxième panel
qui a porté sur "Pratique reli­
gieuse et problématique de la
laïcité" a été animé par Maître
Ahmed Simozrag, Dr. Traoré
Bakary
du
Département
d'Histoire et Archéologie de l'UO

et Ismaël Tiendrebéogo du
CERFI. Le dernier panel quant,
lui portait sur "Quel engagement
politique des religieux dans un
Etat laïc ?" et a connu la contri­
bution de trois communicateurs :
le Pr Momar Kane du Sénégal,
Mamadou Drabo et Ismaël
Tiendrébeogo tous deux du
Burkina (CERFI).
Aux termes des travaux, les par­
ticipants ont adopté une (01)
motion de remerciement à l'en­
droit des communicateurs et
trois (03) motions de recomman­
dation portant sur : "Les écoles
confessionnelles musulmanes" ;
"L'institutionnalisation du collo' que" ; "La création d'un observa­
toire sur la laïcité".

En marge des travaux du collo­
que, des conférences publiques
ont été organisées. Ainsi, on a
eu : "Citoyenneté et spiritualité"
avec Yacoub MAHI ; "La longue
marche des musulmans : défis
et enjeux" avec Momar KANE et
"Zakat, Waqf et Développement"
prononcée par Me Ahmed
Simozrag.
En plus, ces trois conférenciers
ci-dessus cités ont assuré du 27
au 29 août une session spéciale
de formation islamique sur le
thème "Comprendre les sources
de l'islam". Ainsi, les participants
ont pu suivre avec intérêt de
riches prestations sur les sujets
suivants : "L'immuable dans le
coran à la lumière de l'histoire" ;
"Repenser la place de la sunnah
en islam" et "Fonction et finalité
des piliers de l'islam".

Synthèse de Hamadé
Bambara (Source : Rappport

Général du Coloque)

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

CONFERENCE D'OUVERTURE EN INTERGRALITE
Quelle laïcité pour une société

et des champs de réflexions. Il

acquis permettra le droit à s'orga­

la foi afin d'être libre socialement.

plurielle et prospère ?

faut savoir également que ceci

niser çt à se structurer ainsi qu'à

La sécularisation, dimension juri­

est lié à la tradition catholique.

revendiquer sa citoyenneté pour

dique de la laïcité, n'est pas l'ef­

à

Ainsi, la laïcité vise l'autonomie

facement de Dieu ou du religieux

Ouagadougou du 24 au 26 août

de l’être face à l'autorité du

tous.
- Promotion de l'individu et de

Le

a

CERFI

organisé

mais une distanciation face à sa

2007, un colloque international

structuration. Ceci étant, il est

sur la laïcité. A l’occasion de la
cérémonie d'ouverture de cette

tout à fait possible d'inscrire la
religion dans l'espace public
sans verser dans le laïcisme qui

importante rencontre, Yacoub

serait l'effacement, la "mort de
Dieu", sa non-évidence. Bien

MAHI, Professeur de religion

islamique

à

Bruxelles

en

Belgique a prononcé une confé­

qu'il ne faille pas confondre la foi

rence sur le thème du colloque :
"quelle laïcité pour une société

et une réalisation temporelle de

plurielle et prospère ?". Nous

rité entre public et privé tout en
sachant que le spirituel n'est nul­

celle-ci, faut-il créer une bipola­

vous proposons en intégralité
cette riche communication.

lement

Il est important de préciser le par­
cours du concept et définir les
contours de cette notion tout en
définissant les paramètres de la
laïcité. La réflexion est impor­
tante quand on sait combien la
mise en situation des représenta­

tions négatives de l'islam est
d'actualité. Nous allons éviter de
tomber dans un simplisme cari­
caturale considérant la laïcité
comme anti-islamique ou anti­
religieuse. Ainsi, il est important
de comprendre l'ensemble des
articulations, car au-delà du
concept, il faut comprendre le
processus historique et la
conception philosophique qui
sont nées de la tradition de la
Renaissance et même des
Lumières.
Ainsi, la laïcité est une forme
d'organisation juridique qui

émane du processus de séculari­
sation, qui va fonder en société
toute une nouvelle structuration
socio - politique. Il faut avoir à
l'esprit que le processus de sécu­
larisation avait pour soucis d’ac­
quérir l'autonomie de l'homme et

la séparation des sphères entre
Religion et Etat. L'acquis est
alors, la distinction des domaines

antinomique

avec

la

société civile ?
La religion est une médiation
entre le privé et le public ; elle
motive individuellement l'action
du champ social. Ecarter le reli­

gieux du champ public, revien­
Yacoub MAHI lors de sa conférence
dogme. L'Eglise imposait de ne
penser qu'à l'intérieur de son
champ de référence.
La Renaissance sera donc, le
début de l'autonomie du champ
rationnel face au champ reli­
gieux; c'est la révolte de la raison
face à l'oppression de l'institu­
tion. Etant un processus de libé­
ration, la laïcité donne donc nais­

sance à:
- Séparation de la Religion/Etat,
le champ politique est fondé par

tions identitaires, qui s'érigeraient
en une volonté de régulation ins­

ou pas ;
- Progrès défini par la notion de
séparation des sphères ;
- Pluralisme, diverses concep­
tions peuvent vivre ensemble.

titutionnelle idéologique et com­
munautariste. Le religieux et le
politique sont deux sphères inter
- communicantes. L'espace du
religieux est celui d'une entre­
prise et d'une exploration du pos­
sible pour y affirmer et confirmer

Au moment où des peuples
entiers sont amenés à vivre
ensembles dans une société en
quête d’horizon, les religions

lectif, droit à l'organisation d'un

interpellent nos sociétés en vue
d'élaborer un projet humaniste.
Celles - ci ne peuvent être can­
tonnées à l'espace privé car des
questions d'ordre philosophique,
touchant à la vie publique persis­
tent, tant à propos de la mort que
de la vie. La laïcité, résultat d'un
long processus de sécularisa­

culte ;
- Neutralité de l'Etat face aux reli­

tion, est le fruit d’un combat de la
société civile contre l'emprise du

gions dans un traitement égali­
taire avec tous.

dogme sur la vie publique et,
contre l'institutionnalisation du

Ainsi, le champ de l'adoration, de

religieux comme seule autorité
suprême sur la vie des hommes.
Elle engendra la privatisation de

le bas sur la Raison et le champ
du dogme est fondé par le haut,
sur base de la Révélation.
- Liberté de conscience sur le
plan individuel, l'homme est libre

de croire ou pas ;
- Liberté du culte sur le plan col­

la foi et celui des transactions

sociales

Le Cerfiste N° 005 septembre 2007

sont

distincts.

Cet

drait à éveiller des revendica­

l'autorité de la raison ;
- Liberté de l'homme de choisir

une "citoyenneté spirituelle", une
présence et un engagement res­
ponsable, façonnée par le chemi­

nement de la foi. Cet espace
serait inspiré par cette dernière,
sans en dogmatiser l'approche
citoyenne.
La religion crée un repérage spa­
tial, une incorporation à un ordre
du monde, du fait de sa
connexion à des pratiques publi­
ques.
En Europe, la validation du croire
est ancrée en la législation et,
nos sociétés portent une forte
charge culturelle des formula­
tions de la foi judéo-chrétienne.

...suite page 12

ïuiîfcV Z-?:*

r

vie
VIE nu
Uw CERFI
:

Suite de la page page

En effet, s’est une culture domi­
nante qui s’approprie de façon
naturelle les critères de référen­
ces de son univers et, chaque
société y fait face selon son type
de régulation du religieux par
des mécanismes qui participent
de son histoire. Aujourd'hui, il est
impossible de nier le multicultu­
ralisme qui interpelle tant les
structures et la philosophie qui
sous-tendent notre société
sécularisée. Cette pluralité des
systèmes normatifs en leurs
. sources juridiques, engendrant
un dynamisme philosophico théologico - éthique, favorise le
"vivre ensemble" dans un équili­
bre des sphères, en fonction de
la vertu de la distance, au sein
de l'espace public, lieu de
construction d'une raison collec­
tive. Ce "vivre ensemble"
consiste en une exigence, celle
de savoir avancer, se repenser,
se déplacer, mais toujours en
fidélité avec ses sources.
Notre société est celle des dieux
de la laïcité, du sectarisme, de
l'athéisme, du relativisme, de la
post-modernité, du nihilisme. La
nécessité d'une nouvelle culture,
celle d'un "polythéisme" socié­
tale, est la condition sine qua
non de la sauvegarde de notre
humanité. Il ne s'agit pas d'un
polythéisme juxtaposant plu­
sieurs monothéismes parallèle­
ment en une coexistence institu­
tionnelle et structurelle, mais
bien d'une espérance de voir
naître une "théologie" vivante et,
intégrative de l'autre, une "théo­
logie de témoignage co-inclusif.
C'est donc, au système juridique
de veiller, à établir une échelle
des valeurs au sein de l'enca­
drement hiérarchique qu'est
l'Etat, en vue de la sauvegarde
de l'intérêt général et particulier.
La référence devra y être triple :
juridique, éthique et philosophi­

«

©

que. Le consensus moral public
en serait le modus operandi.

Notre société se définit comme
neutre. Un espace "neutre" n'est
pas un espace libre de toute
conviction religieuse. Cela
reviendrait à faire de l'éradica­
tion de toute expression reli­
gieuse une règle de droit positif ;
ce qui constitue une logique
totalitaire. A une neutralité
"négative" consistant à effacer
toute visibilité du religieux, s'op­
pose une neutralité dite "posi­
tive" qui tolère l'expression des
spiritualités en publique. La neu­
tralité n’entrave pas et n'étouffe
pas les convictions religieuses
mais ne les laisse pas influer sur
l'Etat, ni même sur le multicultu­
ralisme sociétale. La neutralité
veille à ce que l'expression et la
visibilité du religieux soient un
droit, elle consiste en un horizon
à entretenir en vue de permettre
au droit d'y être exprimé.
L'exemple de l'islam est signifi­
catif, car il n’est pas une religion
au sens religion du terme,

... suite de la page 9

Quoiqu'il en soit, l'auteur estime que l'ou­
verture se fait du coté de l'occident avec
des penseurs musulmans comme
Souheib Ben Cheikh, Tariq Ramadan, etc.

Islam et politique
Les questions fondamentales soulevées
dans cette section sont : l'Islam peut-il
séparer le spirituel du temporel, le politi­
que du religieux ? que comprendre par
laïcité ? Quel est le rapport de l'islam à la
République ?
Cette dernière interrogation et de loin la
plus importante dans l'ouvrage mérite
d'être lue à plus d'un titre. L'auteur y situe
historiquement la présence musulmane
en France (XI, Xlle S), le rapport du
Maghreb avec la France, pour en venir à
cette vérité que la république française
doit aux musulmans, plus que les musul­
mans ne lui doivent

'

' AL."

comme on l'entend pour la tradi­
tion chrétienne. Adhésion au
projet divin, il se veut être le lien
avec le Transcendant, mais
aussi
avec
la
société.
Etablissant une distinction entre
sphère publique et privée, il les
approche avec une méthodolo­
gie différente tout en les investis­
sant du rappel de Dieu, car,
"Dire Dieu, c'est dire que la vie a
un sens", comme dit Roger
Garaudy. L'islam enseigne
d'avoir une fidélité aux principes
révélés tout en ayant une appro­
che rationnelle des textes. La
source en est la même, le Coran
; mais l'articulation du rapport
est différente.
Le débat proposé est présenté
tel un combat entre cléricaux et
anti - cléricaux, entre laïcs et reli­
gieux, entre démocrates et fas­
cistes, entre conservateurs et
réformistes ou encore, entre tra­
ditionalistes et modernistes.
Donc, la relation entre les sphè­
res
État/Religion
devient,

aujourd'hui, en proie à une

Islam et modernité
Comment expliquer le rapport de l'islam à
cet ensemble de concept qui font l'actua­
lité : la violence, le genre, le djihad, le plu­
ralisme politique et culturel ? Pourquoi
l'islam accepte t-il la polygamie et la répu­
diation et pourquoi tant d'interdits ?
Pourquoi le port du voile ? Au tant d'inter­
rogations légitimes auxquelles B.
ETIENNE, loin de donner des réponses
partisanes comme le font beaucoup
d'orientalistes et d'islamologues tendan­
cieux, s'appuie sur des sources de
l'Islam et de l'actualité, pour fournir des
réponses objectives. Certes, on peut
trouver à redire sur certaines de ses pri­
ses de positions par rapport au djihad, au
terrorisme, à l'islamisme, mais son dis­
cours est en somme une invite à une
véritable ouverture du dialogue aussi
bien du coté des musulmans que du coté
de l'occident.

Dans sa conclusion, B. ETIENNE aborde

mutation profonde ; c'est pour­
quoi, il est indispensable de
considérer de nouveaux modes
alternatifs de résolution de
conflit entre ces deux espaces.
Trois scénarios sont possibles :
soit l'isolation, qui crée le com­
munautarisme ; soit l'adaptation
qui crée la perte de son identité ;
ou alors la contribution par
laquelle il sera donné, à notre
société, de vivre la diversité de
ses mémoires et, à l'éthique
humaniste de pouvoir contribuer
au futur.
J'inscrirai ma démarche de
citoyen musulman en m'alignant
sur la parole du Maître Sadek
Charaf, (1936-1993) - sainteté
sur son âme - qui commentant le
verset coranique ''{Et ce sont là
des jours d'expériences que
nous faisons trépasser entre les
humains}, explique que "le trépassement des expériences est
le laboratoire de la foi."
Yacoub MAHI (Belgique)

le rapport Islam Occident, fait des préci­
sions terminologiques sur les concepts
délicats d'"occident" et décrient ” avant
de faire quelques constats qui donneront
à réfléchir à plus d'un :
- Toutes les guerres de religion confon­
dues ont fait, en deux mille ans, bien
moins de morts que les guerres laïques
de 1914-1918 et 1940-1945. Si l’on y
ajoute les morts du stalinisme et du tota­
litarisme athée sans oublier les khmers
rouges et la Chine, ne serait-ce qu’au
Tibet, la comparaison devient encore
plus insupportable.
- Les musulmans ont été, depuis le par­
tage de l'empire Ottoman, bien plus victi­
mes qu'assassins. Il a fallu des victimes
civiles américaines en Amérique pour
que le monde "libre" prenne en compte le
terrorisme alors que les victimes principa­
les en sont massivement les musulmans
eux- mêmes depuis plusieurs décennies.
Abdou/aye GUITTY (bibliographie)

Le Cerfiste N° 004 juin 2007