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V.\sA .

Bimestriel d’information et de Formation du
Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA
(CERFI)
N’ 009
SPIRITUALITE ET OCCULTISME

Mamadou

Alioune Diouf
-TA

■ '

Les médias
nouveaux
acteurs
di® a©
géopolitique
mondiale .,
r^A *.'• «- *1-M . X Mfcviml

EDITORIAL

Obama ou être le sujet de sa destinée

Q

ui l'aurait cru ! Barack

raison il a initié 2 guerres

plus de 500 milliards de francs

saxon protestant) ne semble

Hussein OBAMA, fils

innommables et insoutenables

Cfa broyés, ont révélé au

plus constituer le centre de

musulman

respectivement en Irak et en

monde un jeune métis, pour

l'Amérique, pas plus que les

d'un

Kenyan et d'une américaine
Afghanistan qu'il se doit de

relancer l'Histoire. Pour avoir

Etats- Unis ne constituent plus

blanche, à la tête de l'hyper-

céder à son successeur sans

été élu, Barack OBAMA a rap­

désormais le centre du monde.

puissance américaine. En effet

aucune victoire si ce ne sont

pelé à la conscience humaine "

le 04 novembre 2008, les

des défaites au regard des

qu'aucune race ne détient le

Nous entrons à n'en pas douter

moyens déployés, des forces

monopole de la beauté et de

progressivement mais certai­

leur

en présence et des dégâts

l'intelligence" (Aimé Césaire). Il

nement dans un monde multi­

44ème président, un fils d'im­

humains et matériels. Ces dif­

a rappelé au monde que

polaire plein d'espoir mais

Américains ont choisi avec une

majorité

sans

appel

migré africain. OBAMA occu­

férentes guerres ont donné de

l'Histoire est là devant nous et

potentiellement

pera le bureau ovale à partir du

l'Amérique une image pitoya­

qu'il appartenait à chacun

C'est donc dans un tel contexte

20 janvier et pour les quatre

ble, celie d'un empire ayant

d'être le sujet de sa destinée et

que Barack OBAMA dont

ans à venir.

atteint son apogée. Puis est

de ses ambitions. Mais le prix à

l'élection suscite plus d'espé­

survenu l'ouragan Katrina met­

payer est lourd. Apporter des

rance dans les 4 coins du

tant à nu, au cœur même du

réponses justes à 2 guerres

monde qu'il n'imagine, aura à

favoriser l'ascension fülgurante

plus puissant empire de l'his­

inventées pièce par pièce,

conduire les nouveaux Etats-

d'un homme, decouleur.,à la

toire récente de l'humanité, les

relancer la machine économi­

Unis d'Amérique. Les attentes

tête du pays le plus puissant du

puanteurs du sous développe­

que occidentale...

sont énormes, les déceptions

Qu'a-t-il bien pu arriver pour

dangereux.

monde ? Il a fallu d'abord l'arri­

ment. Enfin et de loin le plus

vée au sommet ••de 'l'Empire

inquiétant, la crise financière

L'actualité récente invite pour­

mais l'Amérique a un rôle

états-unien d'un, des plus piè­

éclate au crépuscule du règne

tant à la réflexion. Le réveil de

majeur à jouer pour ces nou­

tres présidents dé. son histoire. '

du président Bush. C'est une

la Chine et de l'Inde, le retour

velles étapes. A-t-elle vraiment

ne manqueront pas très vite

Parvenu en effet au pouvoir en

crise immobilière qui se trans­

de la Russie et l'émergence de

compris le nouveau contexte ?

2000 face au démocrate Al

forme en une crise économi­

bien d'autres Etats, qui concur­

Saura t-elle dégager de nou­

Gore après l'élection la plus

que mondiale. Depuis 1929,

rencent avec les Etats-Unis

veaux horizons pour les filles et

calamiteuse de l'histoire de

l'Amérique n'avait pas connu

dans tous les champs de la

fils d'Amérique et bien au delà

Georges Bush

pareille déculottée financière.

puissance (spatiale, militaire,

? Le chemin est long, la route

junior gère depuis le 11 sep­

700 familles dans la rue et

économique et technologique).

épineuse. Et le sage de dire le

tembre 2001 et de la façon la

l'économie réelle profondé­

Des signes avant-coureurs, qui

chemin se fait en marchant.

plus catastrophique qui soit, ce

ment atteinte.

annoncent un déplacement

Dieu est le savant !

18 mois de campagne avec

L'anglosphère (White anglo-

l'Amérique,

qu'il a dénommé la guerre

contre le terrorisme. Pour cette

0

progressif du centre du monde.

La rédaction

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

SPIRITUALITE ET OCCULTISME

Mamadou Alioune Diouf apporte sa " lumière "
La spiritualité et l’occultisme, deux termes au continu à la fois proche et opposé. En effet, la spiritualité, se
déploie sur l'imaginaire et les rapports de l'homme avec l'être supérieur. A ce titre, les deux termes englobent
ensemble aussi bien le licite lien entre l'homme et son Créateur que les sombres désirs de celui de trouver du
soutien auprès d'autres créatures. Ce rapport apparemment ambigu que pose la question de la spiritualité et
l'occultisme n’existe pourtant pas réellement. La spiritualité telle que analysée ici, est une expression claire
des rapports de l'homme avec Dieu Créateur. L'occultisme est tout à fait le contraire. C'est ce qui n'est pas clair
dira Diouf, de passage à Ouagadougou le 26 octobre dernier, et sollicité pour animer la conférence bimestrielle
du Cercle d'Etude de Recherche et de Formation Islamique (CERFI) du Kadiogo.
priori le sujet est problé­
matique et complexe en
permanence. Il concerne
la vie de tous les jours des hom­
mes et femmes et ne se règle
pas une fois pour toute. Il décrit
schématiquement l'évolution des
hommes et les raisons qu'ils se
donnent pour imprimer un sens
à leur vie. Cela va de la longévité
à la richesse, en passant par le
pouvoir. Il devient dès lors une
affaire de réussite ou de mort
sociale. L'occultisme particuliè­
rement est d'autant plus com­
plexe et confus qu'il trouve un
écho favorable dans la culture
même de la société africaine, a
fait remarquer le conférencier. Il
concerne toutes les étapes de la
vie : le mariage, la grossesse, la
naissance, le succès, la mort.
Nombre
d'Africains
ont
embrassé l'Islam sans laisser
ces pratiques occultes. Les cas
de pratiques qui relèvent de l'oc­
cultisme sont légion.
Alioune Diouf a insisté sur les
faits et le vécu du monde
moderne auxquels les gens
s'aliènent pour lire leur destin.
Toute chose qui est considérée
comme occulte et strictement
interdite par Dieu. Il s'agit entre
autres de l’horoscope. Les gens
s'y lient de façon incondition­
nelle. Les sujets adeptes de l’ho­
roscope en dépendent exclusi­
vement au point de ne poser
aucun acte avant de consulter
leur horoscope. Il existe des
gens qui, sans lire leur horos­
cope du jour s'interdisent de sor­
tir. Ils croient fermement à tout
ce que l’horoscope décrit sur
leur chance de succès ou

A

Mamadou Alioune Diouf

d'échec. En outre, dans la cul­
ture traditionnelle, le voyage
pour certaines personnes ne se
fait pas n'importe quel jour. La
rencontre d'un homme, d'une
femme, d'un animal donné, sur
la route du voyage peut repré­
senter un mauvais présage de
l'issue qui en découle. C'est une
pratique qui relève de l'occul­
tisme.
Selon Diouf, le simple fait de
chercher à connaître ce qui n'est
pas encore arrivé, le fait de
recourir aux créatures de Dieu
pour connaître son destin, relève
du domaine de l'occultisme. Il y a
aussi l’exemple des examens où
des candidats sont tenter de
connaître leurs résultats avant
les examens, en consultant des
devins et autres faux prédica­
teurs des temps nouveaux. Cela
est aussi valable pour le com­
merce où les enjeux suscitent
les tentations et les recours aux
courtes échelles dont les prati­

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

ques occultistes. Nos routes et
carrefours ne désemplissent
plus de toutes sortes de produits
céréaliers et autres étoffes ou
encore de la poudre noire faisant
office de sacrifices, jetés dans
ces lieux publics. Le moins que
l'on puisse dire est que les prati­
ques occultes sont très répan­
dues dans nos sociétés et affec­
tent la foi de nombre de musul­
mans. Elles ont pris des formes
multiples et multiformes.
Ce qui inquiète actuellement, ce
n'est pas tant l'occultisme dis­
tinctement affiché que les prati­
ques spirituelles islamiquement
reconnues qui peuvent prendre
la forme peu circonscrite et
devenir ainsi très équivoques.
Pour Alioune Diouf, la Rokia qui
a des sources islamiques est
souvent pratiquée avec un sym­
bolisme déroutant qui pose le
problème du manque de référen­
ces claires pour attester que
c'est de la sorte qu'elle a été
faite par le prophète lui-même.
Autrement dit, soigner par la lec­
ture du coran est une pratique
juste, mais y ajouter d'autres
choses dans la forme et le
contenu devient difficile à com­
prendre.
Dans le même ordre d'idée,
Diouf affirme que la prière de
consultation est une pratique
sunnatique recommandée par le
Prophète, Paix et Bénédiction
sur Lui. Avant d’entreprendre
toute action d'importance confir­
mée, il est recommandé au
musulman de faire 2 rakates à
cet effet. Mais dans bien de cas,
cette prière est vue comme un
test dont l'interprétation des

résultats hautement symboli­
ques, bloque ou galvanise le
processus. L'on voit ainsi des
gens recourir à d’autres person­
nes au motif que leurs prières de
consultation donnent des résul­
tats explicites. Diouf indique qu'il
faut faire la prière telle que
recommandée et prendre sa
décision. Cette décision sera
déjà une oriention de Dieu. Les
exemples de la Rokia et de la
prière de consultation sont juste
indicatifs des pratiques islami­
ques souvent faite de manière à
susciter beaucoup de questions
par rapport à leur authenticité
telle que décrite par le coran et
la sunna.

Que faire alors pour que contre
la vraie spiritualité, l'on ne verse
pas dans l'occultisme ? Diouf

trouve que cette question est
loin de relever de l'ordre du

dilemme. Pour lui, il suffit d'avoir

confiance en Dieu. Cela fait dis­
paraître le doute. Il faut avoir

confiance en soi et faire usage

de la raison dotée par Dieu. Il
faut préserver sa foi. Bref il faut

avoir la mentalité du musulman
et

connaître

les

invocations

enseignées par le Prophète pour

les

différentes

circonstances

ainsi que les pratiques qu'il a
recommandées.
Pour le conférencier qui a tenu le
public en haleine pendant plus de
trois heures, un matin de diman­
che, c'est la seule voie pour vivre
sa foi et éviter de tomber dans
une spiritualité occulte.
Par. Mikgillou KERg

ISLAM

Le coran et les femmes

L

e Coran est un rappel pour

comme des modèles et des exem­

les hommes et les femmes

ples à suivre pour l’ensemble de

la

vivant sur terre pour un

communauté

musulmane.

C’étaient des êtres libres, doués

monde meilleur. Lorsque l’on
étudie le coran, l’on se retrouve

d’intelligence, de raison et de dis­

devant un message égalitaire,

cernement.

humanitaire et porteur de foi et

coranique de la femme remet en

Cette

conception

de sens. Cependant, on oublie

cause l’image infantilisante véhi­

très souvent que le coran est un

culée par une certaine culture

message universel et on en fait

islamique.

une analyse réductrice et des
interprétations inexactes surtout

La mère de Moussa (Moïse) le

en ce qui concerne la femme. Il

prophète

faut donc dénoncer à la lumière

femme dévouée, patiente et sou­

des sources islamiques, c’est-à-

mise à Allah à une époque où

dire le coran et la sunna (tradi­

Pharaon exerçait son pouvoir

tion prophétique), la mauvaise

de

Dieu

était

une

tyrannique en tuant tous les gar­
çons nouveau-né. Dieu inspira à

interprétation et application du

manes, les croyants et les croyan­

Il est vrai que Dieu met en exer­

texte coranique.

tes, les hommes pieux et les fem­

gue une certaine « prédomi­

mes pieuses, les hommes sincè­
res et les femmes sincères, les

nance » des hommes sur les
femmes pour ce qui concerne

tral de la stabilité et du bonheur

hommes patients et les femmes

leurs responsabilités familiales et

Maryam (Marie), fille de Imran et

familial et social n’a point été

patientes, ceux et celles qui crai­

sociales dans le verset 34 de la

de Hannah et mère du prophète

oubliée par Allah du haut de ces

gnent Dieu, ceux et celles qui pra­

sourate 4, mais cette différencia­

Issa (Jésus). Cette personnalité

cieux. Educatrice de ses enfants,

tiques la charité, ceux et celles qui

tion se retrouve uniquement

féminine a été citée tout au long

conseillère de son mari, la femme

observent le jeûne, ceux et celles

dans les rôles. L’objectif visé ici

du coran comme un exemple de

musulmane joue au sein de la

qui sont chastes, ceux et celles

c’est la capacité, les aptitudes et

piété, de soumission et de chas­

cellule de base de la société

invoquent souvent le Nom du

les dons et non le sexe car la

teté. Tout un chapitre porte son

qu’est la famille, un rôle irrem­

Seigneur, à tous et à toutes Dieu a

nom (chapitre 19).

réservé Son pardon et une magni­

prise en charge matérielle et
financière de la femme incombe

fique récompense ».

entièrement à l’homme quelque

Bilqis, reine de Saba (le peuple

soit les richesses de cette der­

qui donne son nom à cette sou­

nière.

rate habitait au Yémen, la région

bique) apparaît dans le coran

La femme en tant que pilier cen­

plaçable.

Quand le coran parle à la
femme

Tout en tenant compte des diffé­

rences physiques et physiologi­

la mère de Moussa de le jeter
dans le fleuve.

méridionale de la péninsule ara­

La femme musulmane doit cher­

ques venant de la

création,

Quand le coran parle de la

cher à connaître et à comprendre

l’Islam légifère l’égalité entre

femme, c’est '’toute une histoire

comme une femme de pouvoir et

les droits que l’Islam lui octroie.

homme et femme. Le prophète

d’amour, de beauté, d’intelligence

politique. Elle a su gérer les affai­

Elle se rendra compte que la loi

Muhammad (PSL) ne dit-il pas

et de clémence qui se lit à travers

res de l’Etat avec habilité et

islamique lui octroie des droits
que les traditioris rétrogrades lui

que les femmes ne sont que les

des mots, des signes et des silen­

sagesse. Elle était scrupuleuse

ces” comme le note Asma LAM-

concernant les principes politi­

confisquent. Dieu dit dans le

sœurs des hommes1 ? Dans une
autre version il dit : "Ô hommes

RABET dans le coran et les fem­

ques d’équité et de justice.

livre sacré :

! Traitez bien les femmes car elles

mes, une lecture de libération.

ne sont que vos partenaires”.

C’est

« ...Je ne ferai

jamais perdre à aucun d’entre
vous, homme ou femme, le béné­
fice de ses œuvres... » S3V195

Le seul critère de distinction

manifestation

Assia, la femme de Pharaon,

d’une volonté réelle de revaloriser

tyran légendaire, est évoquée

l’identité féminine.

dans le coran comme un modèle

aussi

la

entre les humains hommes et

de foi et de détermination. « Dieu

Dieu interpelle les croyants hom­

femmes reste le critère de la piété

mes ou femmes par plusieurs

et de la droiture et non le genre,

formules évocatrices et significa­

la couleur, la race ou la richesse.

Des personnages féminins ont

tives pour les doués d’intelli­

Comme cela est évident dans le

jalonné

l’Islam

auprès de Toi une maison au

gence. On peut, entre autres,

verset 13 de la sourate 49 : « Le

depuis le début de la révélation.

paradis et sauve moi de Pharaon

citer le verset 35 de la sourate 33

meilleur d’entre uous est le plus

Elles furent de braves femmes

et de la gent injuste” ».

: « Les musulmans et les musul­

pieux ».

résolues et énergétiques. Elles

Les femmes du coran

a fait de la femme de Pharaon un

exemple pour les pieux lorsqu'elle
l’histoire

de

sont mentionnées dans le coran

O

dit : "Seigneur, construis moi

Par Salamata Sidibé

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

Al Ihsane ou la perfection
'islam
nous
recommande de
bien agir dans
tous les actes de la vie.
Comme un enfant qui
naît, grandit, apprend à
parler, à imiter ses
parents, à comprendre
son entourage, il cher­
che à se frayer un che­
min, à comprendre les
lois qui régissent la
société, à déjouer les
coups, à s’intégrer dans
la société, à se sociali­
ser diront les sociolo­
gues.

L

La vie du musulman
suit la même trajec­
toire. On ne naît pas
savant, on le devient;
on ne naît pas pieux,
on le devient. Certes,
en chaque être humain
Allah a placé la fitra,
nous enseignent les
écritures. La fitra, c’est
la lueur en chacun de
reconnaître l’existence
de Dieu. Mais au gré
des circonstances, elle
peut être pervertie. Il
appartient donc à cha­
cun, à chaque être
humain, de s’orienter,
de bien s’orienter, de se
guider, bien sûr par la
grâce de Dieu. A propos
de la fitra, Allah nous
dit dans le Coran : « Et
quand ton seigneur tira
une descendance des
reins des fils d'Adam et
les fit témoigner sur

eux-mêmes « Ne suis-je
pas votre seigneur ? »
ils répondirent : « Mais
si, nous en témoignons
... » afin que vous ne
disiez point, au jour de
la résurrection : « vrai­
ment, nous n'y avons
pas fait attention »
S
7 /172 Ce verset nous
met face à nos respon­
sabilités. Avant de naî­
tre chacun a témoigné,
du fond des entrailles
de sa mère, qu’il adore­
rait Dieu. Ainsi, nous
pûmes naître. Toutes
les voies ne conduisant
pas à Rome, parce qu’il
y a des voies qui éga­
rent, Allah nous dit :«
Appliquez-vous à bien
agir, Dieu aime ceux
s'appliquent à bien faire
» II / 195
Dans tout acte ou toute
œuvre dans lequel e
musulman s’engage, il
lui est demandé de bien
faire.Dans un hadith
authentique rapporté
par Bokhari et Muslim,
l’ange Djibril est venu
demandé au Messager
de Dieu, l’explication de
trois termes : Islam,
Imam et Ihsane, le der­
nier stade étant la per­
fection. Après le départ
de l’ange, le Prophète
dit à ses compagnons :
« c'est Djibril qui est
venu vous apprendre
votre religion ».

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

Frères et sœurs en Allah nous dit égale­
Islam !
ment dans le Coran : «
Adorez Allah et ne lui
La
perfection
(Al donnez aucun associé.
Ihsane), telle que le Agissez avec bonté
Prophète
(SAW)
l’a envers vos père et mère,
explique à l’ange est : « les proches, les orphe­
la perfection, c'est ado­ lins, les pauvres, vos
rer Dieu, comme si tu le voisins immédiats ou
voyais, et même si tu ne lointains, le collègue, le
le vois pas, saches que voyageur, et les escla­
lui, Dieu, te vois ». Al ves en votre possession
Ihsane, c’est donc le .... » 4 / 36 Le Prophète
summum de la foi. Il (SAW) a dit : « Dieu
faut pouvoir, en tout recommande la perfec­
temps et en tout lieu, tion dans tout ce que
s’évertuer à adorer nous faisons. Quand
Allah, comme si on le vous tuez, faites le
voyait tache difficile, humainement, quand
mais pas impossible, vous égorgez une bête,
puis que le Prophète faites le de la manière
(SAW) et ses compa­ la plus douce, aiguisez
gnons y sont parvenus. bien votre lame et accor­
« Dieu prescrit l'équité dez à l’animal le temps
et la perfection » nous suffisant pour mourir
dit le Coran 16/90
Suite à la page 6

“Le Cerfiste”
Récépissé de déclaration
N° 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006
01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso
Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email :cerfiben@fasonet.bf
Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF

Directeur de Publication
Président du CERFI

SAWADOGO Ousmane
YAMÉOGO Hamidou

Rédacteur en Chef
Hamidou YAMEOGO

Secrétariat de Rédaction

Rédaction
BAMBARA Hamadé
OUÉDRAOGO A. Salam
OUÉDRAOGO A. Wahid
TOE Aboubacar

Alizèta OUEDRAOGO

PAO & Impression
Altesse Burkina : 50 39 93 10
Tirage : 1000 Exemplaires

O

- , ;......

avant de le dépouiller
» Muslim
La
perfection
dont
parle
le
Prophète
(SAW) embrasse aussi
bien les pratiques reli­
gieuses et les rapports
sociaux. La prière, le
jeûne, la zakat, le pèle7
rinage doivent être
accompli avec perfec­
tion. Chaque musul­
man doit bien appren­
dre les rites, les com­
prendre correctement
et bien les appliquer.
Dans
les
rapports
sociaux, le champ où
se manifeste la perfec­
tion est large. Les
parents sont prioritai­
res dans le traitement.
Se conduire convena­
blement envers eux,
leur obéir, leur procu­
rer toutes sortes de
biens matériels tel que
leur trouver un logis,
les vêtements, l’ali­
mentation. On doit
aussi implorer Dieu
pour eux selon les
dires du Coran. Au cas
où les parents ne sont
plus de ce monde, il
faudrait bien garder
les relations avec leurs
amis. La parenté c’est
à entendre dans le
sens le plus large.
Après le bon traite­
ment qu’on doit aux
père et mère, il faut
l’étendre aux proches
parents maternels et
paternels : sœurs et
frères du père et/ou

©

SERMON

de la mère.

des mêmes- aliments
dont on se nourri, les

Les orphelins et la
nécessiteux, sont des
personnes vulnérables
;
par
conséquent,
notre miséricorde doit
les toucher. Pour l’or­
phelin, il faut bien agir
envers eux, leur réser­
ver un bon traitement,
ne pas faire trop de
différence avec ses
propres enfants. Au
cas où les parents
défunts ont laissé des
fortunes pour eux, ne
pas les dilapider, ni la
détourner à d’autres
fins. Le Coran s’in­
surge contre tout ceux
qui dévorent avide­
ment le
bien
des
orphelins. Allah dit : «
Ceux
qui
mangent
injustement des biens
des orphelins ne font
que manger du feu
dans leur ventres. Ils
brûleront bientôt dans
les flammes de V.Enfer
»4/10

vêtir. Veillez à ce que
tous les membres de la
famille, surtout les
enfants ne les maltrai­
tent pas. Ils sont à
votre charge. Vous
devez vous soucier de
leur
pratique
reli­
gieuse, les instruire en
les envoyant suivre les
cours laïcs ou reli­
gieux ? Ne serait-ce
que les cours du soir.
Il faut les prendre en
charge sur tous les
plans.

Pour les employés, le
prophète (SAW) dit «
Donnes à l’ouvrier son
salaire avant que sa
sueur
ne
sèche ».
Parce qu’ils sont des
ouvriers, il ne faut pas
leur manquer du res­
pect, porter atteinte à
leur dignité. Encore
moins les soumettre à
des travaux qui ne
relèvent pas de leur
compétence. Il y va de
même pour les domes­
tiques : les nourrir

Un homme pieux est
un homme humble.
L’exemple d’humilité
nous a été donné par

Quant aux animaux,
rappelons
nous
qu’une
femme
est
entrée au Paradis pour
avoir donner à boire à
un animal (chien) ;
une autre est entrée
en enfer pour avoir
enfermer un chat sans
lui donner à boire.

Frères et sœurs en
Islam!

le

5ème

calife

bien

guidé,
Omar
Ben
Abdel Aziz. Il a dit un
jour à son esclave «
rafraîchis-moi
avec
l’éventail pour que je
dorme ». Ce qu’elle fit.
Mais le sommeil ayant
gagné l’esclave, elle
s’en dormit à son tour.
Le prince se réveilla,
prit l’éventail et se mis

à la rafraîchir à son
tour.
L’esclave se
réveilla et, troublée,
pousse un cri de
frayeur, un se voyant
ainsi. « Tu es aussi un
être humain lui dit le
calife, tu as chaud et
j’ai voulu te rafraîchir.
Comme tu l’as fait pour
moi ».
Qu’Allah nous donne
l’humilité. Un esclave,
un jour mit en colère
son maître. Celui-ci
voulant le punir, l’es­
clave lui rappela ces
paroles de Dieu : «
Ceux qui savent domi­
ner leur colère ! » Et
bien je les domine dit
le maître. « Ceux qui
pardonnent à leur pro­
chain, ajouta l’esclave.
Je t’ai pardonné, dit
encore le maître. «
Dieu aimes les âmes
généreuses » dit encore
l’esclave. Tu es libre
pour l’amour de Dieu,
finit par dire son maî­
tre. Les versets utilisés
par l’esclave sont tirés
de la S III/ 134
Puisse Allah (SWT)
pardonné nos péchés

Puisse Allah,
nous
faire parvenir au sum­
mums de la foi,
Puisse-t-il nous faire
comprendre sa religion
et nous aider à mieux
l’adorer!

Imam Guitty
Abdoulaye

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

Barack Obama : Espoir sans Naïveté
es huit années
qui viennent de

L

passer

présidence

W.

Bush

sous

de
et

la

George

de

son

administration
nous
ont habitués a telle­
ment

d’erreurs,

de

mensonges, d’instrumentajisations et de
manipulations politi­
ciennes que l’on pe
peut que se réjouir
qujiine page se tourné
enfin dans l’histoire
des Etats-Unis. A par­
tir de septembre 2001,
l’essentiel du propos
politique de l’adminis­
tration
Bush
s’est
concentré sur la guerre
« contre le terrorisme
», « contre les Talibans
», « contre Saddam
Hussein » et plus lar­
gement « contre l’axe
du Mal ». Les citoyens
américains ont peu à
peu pris conscience du
vide de cette rhétori­
que guerrière, et arro­
gante, dont le candidat
John McCain ne s’est
finalement pas vrai­
ment
distancer.
Barack Obama est dés­
ormais le président des
Etats-Unis et on peut
saluer cet événement

pour de

nombreuses

nir.

Les racines, le passé et
les multiples identités
culturelles de Barack
Obama
contrastent
furieusement avec le
profil de George Bush
ou de John McCain. Il
a forcément une com­
préhension et un rap­
port différents avec les
autres pays du monde,
et notamment ceux du
Sud, et avec la société
américaine elle-même.
C’est à partir de ce
capital d’être et d’expé­
rience que l’on est en
droit d’espérer de nou­
velles politiques inté­
rieures et internationa­
les. Sur le plan fonda­
mental, Colin Powell

tomber

avait justement posé

dans l’évaluation naïve
des perspectives d’ave­

les termes de la ques­
tion : Barack Obama

raisons

sans

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

de tous en refusant
paradoxalement
les
faux clivages, l’ethnicisation, la culturalisa­
tion ou la « religionisation » de la question
sociale aux Etats-Unis.
Barack
Obama
ne
deviendra le symbole
d’une
nouvelle
Amérique que s’il uti­
lise son statut de pré­
sident afin de promou­
voir
des
politiques
intérieures qui défen­
dent
l’égalité
des
citoyens,
la
justice,
la
n’est pas musulman, il
est Noir et chrétien lutte contre les discri­
mais, au fond, qu’y minations à l’emploi ou
aurait-il de mal à ce à l’habitat, de nouvel­
qu’il soit musulman ? les politiques urbaines.
Y a-t-il un problème à Une politique inté­
être
« African- rieure qui répartisse
American »
et/ou mieux les opportunités
musulman
dans et les pouvoirs entre
l’Amérique
d’au­ les citoyennes et les
jourd’hui ? Alors que citoyens de quelque
qu’elles/ils
l’Amérique
semble origine
s’accommoder majori­ soient. La force du pre­
tairement de l’élection mier président noir
d’un Noir, tout semble sera de faire oublier sa
montrer qu’un nou­ couleur pour se préoc­
veau racisme antimu­ cuper exclusivement
promouvoir
des
sulman s’est installé de
après septembre 2001. politiques sociales éga­
Face à ces peurs et à litaires et sans cou­
ces
positionnements leurs. Le pari n’est pas
ethniques et religieux, gagné.
l’origine et le passé de
Sur le plan internatio­
Barack
Obama
nal, Barack Obama
devraient lui permettre
devrait enfin mettre un
de devenir le président
Suite à la page 8

terme à, la surdité de
l’administration pré­
cédente qui s’efforçait
de

persuader

les

Américains que ceuxci étaient « victimes »
d’agresseurs
qui
«

détestaient »
leur
civilisation et leurs
valeurs. Au-delà de la
condamnation
des
attentats terroristes qui est quasi unanime
et qui ne doit souffrir
d’aucune condition -,
il faut entendre les
critiques et les griefs
qui proviennent des
populations
du
monde entier. La poli­
tique
de
Bush
a
engendré
un
rejet
internationalement

partagé des EtatsUnis. Il faudra com­
mencer par des actes
symboliques mais qui
montrent clairement
que pour le nouveau
président la vie d’un
Afghan, d’un Irakien
ou d’un musulman a
autant de valeur que
la vie d’un Américain.
Que l’on cesse ce lan­
gage arrogant et guer­
rier et que l’on ferme
les prisons de la honte
à Guantanamo mais
également en Afrique
et à travers le monde.
Barack , Obama ne
peut plus justifier, au
nom de la sécurité des
Etats-Unis, la mort

des innocents, la tor­
ture légalisée et les
traitements indignes
dans les extraditions
et jusqu’à la gestion
discriminatoire

des

visas américains. Si
les origines multiples
de Obama sont por­
teuses d’espoir c’est
dans l’exacte mesure
où elles devraient lui
permettre de rester
ouverts et non pas
justement pour qu’il
s’y enferme aveuglé­
ment en les utilisant
comme un prétexte ou
un alibi.
La campagne nous a
montré qu’il ne fallait
pourtant pas se faire
trop d’illusions. Les
changements
pour­
ront être conséquents
dans certains domai­
nes mais ils resteront
très
relatifs
dans
d’autres. Le conflit
israélo-palestinien est

central pour la paix
du monde et on a pu
voir Barack Obama
tenir des propos telle­
ment
en
faveur
d’Israël
(devant
le
lobby
pro-israélien
américain AIPAC) qu’il
y a fort à parier que
rien
ne
changera
substantiellement sur
cette
question.
Comme d’ailleurs sur
la politique destinée à

faire face à la crise
économique globale.
On semble, dans ces
deux domaines (sou­
tien à Israël et défense
l’économie libérale),
toucher à des espaces
sacrés, à des dogmes,
que personne ne sem­
ble avoir le courage de
questionner
aux
Etats-Unis. L’avenir
du monde dépend
pourtant de ce conflit
local-global et de l’or­
dre économique inter­
national.
Il faut donc entretenir
un espoir mesuré. Il
est certain que des
choses
changeront,
positivement,
avec
l’avènement
de
Barack Obama. Il faut
les saluer sans perdre
sa capacité critique
quant
aux
sacrosaints dogmes de l’es­
tablishment qui peine
à
reconnaître
la
dignité
du
peuple
palestinien
et
les
dégâts d’un ordre éco­
nomique qui, au bout
de sa logique et des

endettements, tuent
des millions d’inno­
cents à travers le
monde
et
jettent
aujourd’hui des famil­
les
entières
d’Américains à la rue.
Au sortir d’une cam­
pagne électorale qui

n’a jamais été aussi
coûteuse, il est bon de
se souvenir que les
victimes de la crise
économique
globale

seront
désormais
autant
américaines
qu’africaines ou asia­
tiques. C’est à l’aune
de
ces
défis
que
Barack Obama prou­
vera ou non qu’il est le
président de tous et
du vrai renouveau.

Les musulmans aux
Etats-Unis et à tra­

vers le monde sont
majoritairement satis­
faits : ils espèrent
voir la fin de ces poli­
tiques de la peur, de
la méfiance et de la
polarisation
répan­
dues par l’administra­
tion Bush. Les musul­
mans ont néanmoins
leur part de responsa­
bilité : se libérer de la

mentalité de victime,

être plus cohérents
avec leurs propres
valeurs, se libérer de
leur ghetto

intellec­

tuel et enfin être posi­
tivement, et de façon
critique, proactifs afin
de se sentir apparte­
nir à ce « Nous » (ce «

We »), engagés dans
les
réformes
au
moment où ils répè­
tent « Yes, WE can ».

Par Tarîq Ramadan

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

«L’islam progresse au Burkina Faso»
Nous vous avons proposé dans le numéro précédent, une interview du Cheick
Aboubacar Fofana de la Côte d’ivoire. Cette fois-ci encore nous avons rencontré pour
vous un autre acteur important de l’Islam en Cote d’ivoire, Cissé Djiguiba. Il livre, à
travers ces lignes, son avis sur l’islam au Burkina Faso et en Côte d’ivoire et fait une
analyse de la crise politico-militaire que vit son pays depuis Septembre 2002.
Le Cerfïste : présen­
tez-vous à nos lec­
teurs

a permis son installa­

tion,

mais

départ

au

c’est un musulman qui

dégagé près de 120 000

Cissé
suis

Djiguiba :
Cissé

Je

000FCFA pour acheter

Guiguiba

le matériel.

imam de la

Abdallah,

mosquée

du

Quelle lecture faitesvous des divergences
au sein de nos com­
munautés musulma­
nes ?

plateau,

Directeur général de la
radio Al Bayan, conseil­
ler

en

communication

du Président du COSIM

et

porte

parole

du
Je crois que ces diver­

une
fondation qui est ani­
COSIM.

J’ai

créé

gences

mée par des cadres,
anciens membres de

l’AEEMCI
structures

et

d’autres

islamiques

“Le secret du dynamisme des musulmans de la Côte d’ivoire,
c’est la sincérité dans le travail”

gramme

de

destinés

cadres

La radio est un ancien

qui est très ouverte.
Nous avons des émis­

l’apprentissage

projet que nous avons

sions

islamiques,

santé,

destinée

réussi

à

mettre

en

de

aux

2001.

femmes, à la jeunesse.

L’objectif est de former,
d’informer, de distraire

l’histoire

comme tout organe de
presse. Mais notre par­
ticularité réside dans la

avec

formation sur l’islam et

également

les valeurs islamiques.

sions

oeuvre

en

ne

qui

l’Islam. C’est une radio

de Côte d’ivoire.

trouvent

fondements

chez

sont

leurs
ceux

pas

des

théologiens, qui ont des
bribes

de

connaissan­

formation

ces et qui après avoir vu

dans

l’étoile prétendent qu’ils

de

la

ont vu la lune. Donc, ils

lecture du Coran et des

se permettent de dire,

préceptes

de

l’Islam.

comme la

de condamner, de légi­

mos­

férer, de juger alors que

Il y a des émissions sur

quée est en chantier on

nous avons à faire plus

l’Afrique

ne dispose pas encore

que ça. De ce point de

Baba

de toutes les infrastruc­

vue, je crois que la solu­

d’autres

tures pour faire de ce

tion est en train d’être

historiens. Nous avons

cadre un centre de for­

trouvé en Côte d’ivoire.

intellectuelle

Nous sommes d’accord
sur le fait d’être tous

Kaké

de

Ibrahim
et bien

des

émis­

littéraires.

Le

Mais

mation

morale

et

spirituelle

Al Bayan veut dire clari­

concept intéresse tout

voire même un centre

sunnite donc, il n’y a

fication. Notre souci est

le monde.

de santé qui permette

pas

aux

puisse se dire plus sun­

de faire en sorte que les

musulmans améliorent
leur

connaissance

Coran

et

de

tous

enseignements

du

les

de

musulmans

En dehors de la radio, il

vivre

y a un programme pour
la mosquée, nous som­

aisément leur

mes

Donc

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

au

centre

il y

a un

ville.
pro­

pleinement

de
et

nite

de

tendance

que

les

qui

autres,

Je

mieux que les autres.

crois que concernant la

Ce complexe doit être

radio,

foi.

c’est l’effort de

tous les musulmans qui

Suite à la page 10

0

dépassé. Il faut qu’on

aille à l’essentiel parce
qu’il y en a qui atten­

taines régions, animé
des émissions à la télé

et à la radio. Je sais

dent d’être informés
sur l’islam pour devenir

qu’il y a eu une bonne

de bon musulmans. Il y

Burkina.

en a également qui ne

aujourd’hui une struc­

savent pas où aller ; il
faut les orienter. Nous

ture fédérative qui est

devons

trouver

des

solutions intra et inter­

religieuses

pour

une

évolution de l’islam au

Il

y

a

née et qui arrive à trou­

ver des solutions aux
qui

problèmes

posent ;

le

se

CERFI

cohabitation pacifique.

continue son travail ;

S'asseoir pour mener
des débats entre théo­

personne ne peut rem­

être

terrain ; le mouvement

logiens

ne

peut

placer l’AEEMB sur son

utile que si on laisse le

Tidjania a ses adeptes

cœur, la passion écou­

partout. Je crois qu’il

ter ceux qui savent. Je

ne faut pas bousculer

ne dis pas que ces pro­

les
traditions
mais
trouver des points de

blèmes vont cesser du

jour

au

lendemain.

Lorsqu’on
parle
de
Qadria, de Tijiani et

synergie, de développe­
ment qui apportent un

mieux-être.

bien d’autres choses il

y en a qui commencent
à froncer les sourcils à

se

mettre

en

colère.

Mais la religion appar­
tient à Allah. Si vous

avez des remarques à
faire allez à l’intérieur
du

système.

Mais

ne

condamnez pas systé­
matiquement.

Quel regard vous por­
tez sur l’islam au
Burkina ?
1992,

Depuis

je

m’adresse aux musul­
mans du Burkina ; j’ai

parcouru pratiquement

toutes

les

provinces,

j’ai animé des causeries
avec le CERFI dans cer­

Quel est le secret du
dynamisme
relatif
des musulmans de la
Côte d’ivoire ?

passe au Burkina, on le
ressent en Côte d’ivoire
et vice versa parce que
ce
sont
les
deux
mamelles d’une même
vache.
En 1992 ce n’était pas

ça ;

il

conflits

y
au

activités, la synergie
entre les différentes
associations. Ne vivons
pas comme si on était
aux 13è ou au 14è siè­

cle. Cela se ressent
même dans les commu­
nications, dans les ser­
mons. Vous savez nous

sommes des vases com­
muniquant. Ce qui se

des

sein

des

communautés

sans

compter qu’on ne vou­
lait pas se sentir les
uns

les

autres.

En

1992, ceux qui étaient
des étudiants sont des

hauts
cadres
aujourd’hui qui réflé­
chissent encore mieux
pour résoudre les pro­

blèmes.

C’est tout ça

qui me conforte à l’idée

que l’islam évolue très

Les
nature

bien au Burkina.

gens

sont de

disciplinée. Il faut ajou­

ter à la discipline le res­
pect de la différence.

On ne cherche pas à
s’attarder

C’est la sincérité dans
le travail. Il y a égale­
ment le fait que c’est un
environnement compé­
titif. Il faut bouger, il
faut se fixer des objec­
tifs, il faut faire des

avait

sur

les

détails. On va à l’essen­

tiel. Je crois que tout
cela se

déroule

avec

une note d’espoir. Au

Quel impact la crise
sociopolitique a eu
sur les musulmans de
Côte d’ivoire ?
La crise a eu un impact
sur tout le monde. La
paix on ne dira jamais
assez, n’a pas de prix.
C’est une parenthèse
de l’histoire et prions
Dieu que soyons arri­
vée à la fin et que les
accords
signés
à
Ouagadougou
nous
permettent définitive­
ment d’avoir des élec­
tions transparentes le
30 novembre. Tout le
monde a subi l’impact
de cette crise, de sorte
que tout le monde est
pressé d’en sortir. On
est une espèce de mai­
son où tout le monde
veut voir l’ouverture
pour s’oxygéner. On
veut voir ce jour là
venir. Avec la guerre on
n’arrive pas à connaître
le bonheur auquel Dieu
nous a destiné. Et ce
n’est pas la faute de
Dieu, c’est nous qui
devons changer ce qu’il
y a en nous.

Burkina Faso il y a déjà

des universités islami­

Votre mot de la fin

ques. C’est maintenant

que nous allons avoir
des écoles supérieures

islamiques

en

Côte

d’ivoire. Je pense que
nous sommes sur une

Merci à vous, merci à
tous mes frères ; merci
au Président de la
République, à toutes
nos associations isla­
miques.

bonne voie, prions Dieu
que nous réussissions
pour le bonheur de nos
peuples, de nos nations

Interview réalisé par
Abdous Salam
Ouédraogo et Kadré

et de nos fidèles.

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

INTERNATIONAL

Les médias : nouveaux acteurs
de la géopolitique mondiale
L'influence des médias sur les opinions publiques nationale et internationale est considéra­
ble, ce d'autant plus qu'ils ont été et sont au cœur des grands bouleversements que le monde
a connus. Le jeu international se fait désormais par médias interposés et se trouve au cen­
tre des programmes médiatiques.
es Etats ne pensent
plus et ne peuvent
plus
vivre
aujourd’hui à l’abri des de
frontières
hermétiques.
Certains évènements ont
eu lieu à cause de leur
médiatisation : la chute
du Mur de Berlin le 9
novembre
1989 ;
la
guerre du Viêt-nam (19621972) ; la chute de la dic­
tature de Ceausescu le 25
décembre 1989 qui a pro­
duit l’effet dominos dans
le reste de l’Europe cen­
trale et orientale ; Les
guerres du Golfe (Irak en
1991 et 2003)... Ainsi, de
la « guerre contre le terro­
risme » aux « armes de
destruction massive », en
passant par la « grande
alliance » réunie autour
des Etats-Unis, les faits
majeurs du monde sont
d'abord une vaste entre­
prise de communication
visant l'espace médiatique
international.
Plus
qu’avant, les crises inter­
nationales montrent un
lien marqué entre sources
politico-militaires
et
médias dans le cadre de
stratégies de communica­
tion visant une efficacité
accrue auprès des opi­
nions publiques.

L

La médiatisation est deve­
nue donc un enjeu dans
les crises internationales.
La couverture des événe­
ments du monde tend à

s’uniformiser autour de
grandes lignes de clivage
qui épousent le position­
nement des acteurs politi­
ques. On parlera ici de «
terroristes » et là de « mar­
tyrs », tantôt de « soldats
libérateurs » et tantôt de «
forces d’occupation ».

Médias, enjeux et outils
de politiques étrangères
Michael O’Neill, ancien
rédacteur en chef du New
York Daily News, écrit : «
Grâce à la révolution, des
communications et aux
progrès technologiques, le
vieux monde de la diplo­
matie s’effondre. Le jeu
était réservé à des profes­
sionnels qui considéraient
l’opinion publique comme
vulgaire et qui n’avaient
que dédain pour la classe
politique, pour les journa­
listes et, très souvent, pour
les hommes d’État qui les
employaient. Les diploma­
tes ne sont plus les princi­
paux gardiens de la politi­
que. Leur art est celui
d’une époque révolue [. . .]
et
les
ambassadeurs
appartiennent maintenant
à une espèce menacée.»
Faut-il en déduire que la
presse dicte la politique
étrangère des Etats ?
Même si ce n’est pas dans
l’absolu, elle donne plus
que jamais la parole à
l’opinion publique quand
vient le moment de décider

Le Cerfiste N° 009 novembre 2008

quel est l’intérêt national
et quelle politique adopter
pour le défendre. Ce qui
peut
se
révéler
fort
ennuyeux pour les déci­
deurs. Les diplomates par­
lent d’effet CNN, expres­
sion peu flatteuse qui
signifie que lorsque la
chaîne CNN diffuse à satu­
ration des nouvelles sur
une crise à l’étranger, les
décideurs n’ont d’autre
choix que de s’intéresser à
une région d’une telle
actualité.

Les enjeux autour de la
guerre des mots - et aussi
des images - sont suffi­
samment importants pour
que les politiques accor­
dent aux médias une part
très significative de leur
temps et de leurs moyens.
De témoin, le journaliste
tend de plus en plus à
devenir acteur des rela­
tions
internationales.
Dans ce sens, les médias
sont un enjeu pour faire
parler de soi, pour en dési­
gner des coupables et
pour en appeler aux opi­
nions publiques afin qu’el­
les se mobilisent pour
conduire les dirigeants des
États à réagir. Quitte à
construire
des
événe­
ments de toutes pièces
pour
convaincre
les
médias, à produire du
faux et, si besoin est, à
envoyer des
messages
spectaculaires, sur le plan

des symboles ou de l’hor­
reur, voire les deux à la
fois comme ce fut le cas
pour les Tours jumelles de
New York.

Le rôle géopolitique des
médias
Les médias peuvent soute­
nir un discours politique.
De ce fait, ils ont la capa­
cité de former l’opinion et
apparaissent comme des
moyens
formidables.
Ainsi, la diffusion d'une
idéologie doit beaucoup à
l’existence
de
médias
structurés. Ils sont sou­
vent les instruments d’ac­
teurs déjà constitués :
États, partis politiques,
religions,
organisations
internationales,
entre­
prises, etc. Leur rôle poli­
tique et géopolitique est
donc certain,
d’autant
plus qu’ils agissent audelà des frontières et pour
le compte d’acteurs inter­
nationaux.

Le rôle géopolitique des
médias a été souligné lors
des révolutions observées
ces dernières années. En
mettant en évidence les
carences
des
régimes
socialistes et en faisant
miroiter les
avantages
matériels (mais aussi poli­
tiques) des démocraties
occidentales, les télévi­
sions
ont
grandement

Suite à la page 12

INTERNATIONAL
contribué à la déstabilisa­
tion des régimes commu­
nistes. Le pouvoir de nui­
sance des chaînes de télé­
vision est tel que certains
États ont interdit les
antennes
paraboliques
(Roumanie
socialiste,
Iran, Afghanistan des tali­
bans). Bien sûr, les consé­
quences de l’influence des
médias sont souvent plus
immédiatement politiques
que
géopolitiques.
Néanmoins, comme ce fut
le cas dans l’ex-RDA, les
médias peuvent large­
ment contribuer à l’évolu­
tion d’une situation géo­
politique en formant la
population à des idées, en
développant des représen­
tations territoriales. On
peut aussi rappeler que le
génocide rwandais a été
facilité par des médias
racistes liés au pouvoir
h u tu.
À l’inverse du rôle désta­

bilisant que l’on peut prê­
ter dans certains cas aux
médias, les analystes poli­
tiques soulignent le rôle
stabilisateur qu’ils peu­
vent avoir : accélérer le
processus de décomposi­
tion ou de déstabilisation
(Exemple
ex-URSS) ;
conforter un pouvoir qui a
pour lui la légitimité mais
qui traverse une grave
crise
(mai
1968 en
France) ; rendre perméa­
bles des frontières imper­
méables (Etats de l’Est
avant 1989) ; internatio­
naliser une crise ou un
conflit régional ou local
(conflit
israélo-palesti­
nien) ; renforcer la solida­
rité internationale (en cas
de guerre, de catastrophe
naturelle, de révolution et
d’assistance humanitaire)

; Isoler tel ou tel régime
politique (Afrique du Sud
à cause de l’apartheid ou
la Chine populaire après
1989)...

L’importance
grandis­
sante de cette influence
des médias laisse apparaî­
tre néanmoins le danger de
leur exploitation éventuelle
à des fins d’invasion cultu­
relle, d’altération des véri­
tés
et
d’atteinte
aux
valeurs morales.

Empereurs des médias
De ce qui précède, la
détention et le contrôle
des médias sont devenus
un enjeu essentiel pour
les autres acteurs : Etats,
organisations internatio­
nales, individus, entrepri­
ses... Cette dynamique
s’observe
d’abord
au
niveau interne où les
enjeux sont les plus
importants d’autant plus
que c’est à ce niveau que
la dimension internatio­
nale est intégrée. Parmi
les 500 familles les plus
riches du monde, on dis­
tingue, pour la
France,
une dizaine de milliardai­
res en euros, dont la moi­

tié
(Bernard
Arnault,
Serge Dassault, JeanClaude Decaux, Martin
Bouygues
et
Vincent
Bolloré) sont actifs dans le
secteur de l’information,
de la communication et de
la publicité. Un tel cas de
figure rappelle celui de la
presse
de
Rupert
Murdoch (très active aux
Etats-Unis, en Australie
et au Royaume- Uni) et
l’appui qu’elle apporta à
George
Bush,
John
Howard et Tony Blair au
moment du déclenche­
ment de la guerre d’Irak.

Ensuite au niveau inter­
national, on a assisté au
cours de la guerre froide à
la création de médias en
vue d’influencer les com­
portements et la vision
des populations de l’en­
nemi potentiel : CNN,
BBC, Voix de l’Amérique,
RFI... Par la suite, ces
médias
auxquels
sont
venus s’ajouter de nom­
breux autres accompa­
gnent l’idéologie de leur
promoteur. Ainsi, dans la
crise civilisationnelle entre
l’Orient et l’Occident, les
médias sont au premier
plan. En réponse aux
informations diffusées par

la BBC, CNN ou France
24, les pays arabes ont
créé des chaînes de télévi­
sion à portée internatio­
nale. D’ailleurs, le phéno­
mène n’est pas nouveau
car Nasser avait déjà
conçu un vecteur d’in­
fluence transnational avec
la
Voix
des
Arabes.
L’Arabie Saoudite s’est
ensuite taillé un véritable
empire médiatique, à tra­
vers surtout la presse
écrite
(Al-Charkq alAwsat,
Al-Hayat).
On
assiste à une étonnante
floraison de chaînes, de
radios et de titres de
presse (Al-Jazira en 96
pour le Qatar, contrée par
la saoudienne Al-Arabiyya
créée en 2003 et installée
à Dubaï, Al-Manar, la
chaîne
du
Hezbollah,
Sawa, la radio américaine
en arabe, bientôt BBC
Arabie TV et France 24...),

A l’échelle de la planète, la
question
des
médias
devient chaque jour plus
politique, géopolitique et
géostratégique. Point de
salut pour un Etat ou un
groupe qui néglige ce fac­
teur médiatique. En défi­
nitive, la naissance d’une
opinion publique interna­
tionale a été conçue et
entretenue par les médias
qui marquent ainsi l’ou­
verture d’une ère de colo­
nisation des esprits. En
effet, il existe une réelle
menace d’homogénéisation
et de hiérarchisation de la
pensée. La vertu suprême
des nouveaux médias est
sans doute qu’ils ont réduit
les dimensions de la Terre
dans nos esprits. Ils nous
ont fait prendre davantage
conscience de ce que nous
appartenons à une même
espèce.

Par Hamadé BAMBARA

Le Cerfiste N° 009 novembre 2009

i