L'islam au Dahomey : les musulmans de Porto-Novo

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Book Section
Title
L'islam au Dahomey : les musulmans de Porto-Novo
Book Title
Mémoire du Bénin (matériaux d'histoire). Spécial religions
Place of Publication
Cotonou
Publisher
Les Editions du Flamboyant
Date
1994
page start
43
page end
81
Language
Français
Wikidata QID
Q113528187
Spatial Coverage
Bénin
extracted text
L'ISLAM A U DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 44

2. L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

2.1
DEMANDE D'INTERVENTION DE AMINOU BALOGOUN

0®; C'est une lettre datée du 30 juin 1920 de Aminou BALOGOUN
musulman et commerçant yoruba à Porto-Novo. // dirigeait à l'époque ta
section de Porto-Novo du "Comité Franco-Musulman". C'est en cette
qualité qu'il écrivait à Amédée LAVENARDE, demandant son intervention
et son appui dans le conflit divisant les musulmans de la ville de PortoNovo.

Porto-Novo, le 30 Juin 1920

Monsieur Amédée Lavenarde
110, Rue de Demours
Paris (17è)

Monsieur Lavenarde et Cher Protecteur

J'ai l'honneur de vous rendre compte au nom de la
majorité musulmane de Porto-Novo et au mien personnel, de la
marche actuelle de notre religion.
Il y a environ un mois aujourd'hui que nos prières
habituelles se trouvent interrompues par suite des discussions que
soulèvent M. Ignace Paraïso et sa mineure partie contre nous. Par
l'appui solide de nos autorités de Porto-Novo qui sont :
Gouverneur Fourn, Chef de la colonie et M. Maria Adminstrateur
en chef, Résident de Porto-Novo qui l'encourage davantage, a
abusé de notre bonté. Ceci provient de l'amitié qui les lie.
Depuis lors et jusqu'à présent l'injustice ne cesse
de régner dans le pays. M. Paraïso étant soi-disant lettré ainsi que
sa partie ont toujours été choyés par l'administration locale.

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 45

L'ISLAM A U DAHOMEY^ Lt
* musuh™™ de Porto-Novo
Il s'agit de ceci :
Notre évêque, c'est-à-dire Limamou chef de t0Us
les musulmans de Porto-Novo, voyant par suite de sa vieillesse et
maladie qu'il ne pouvait continuer encore pour longtemps à diriger
la marche de notre religion, a convoqué avant sa mort tous les
musulmans et nous exposait son impossibilité de mener encore
pour longtemps notre religion car il est appelé à mourir avant
longtemps.
Il a choisi en conséquence un des meilleurs
musulmans de Porto-Novo, plein de confiance et d'esprit du devoir,
capable de mener à bien notre religion. Il s'appelle Affa Saloukou
que Limamou a pris après l'accord de la majorité, pour son
remplaçant après sa mort.
M. Paraïso et sa faible partie s'est levé contre
Limamou et la majorité en disant qu'il est totalement contre le
choix de notre Limamou que la majorité a pris en considération.
Ceci a amené une forte discussion entre Paraïso et nous, car il
voulait à tout prix que nous acceptons l'accord avec lui, car il
refuse qu'on ne peut accepter le choix de Limamou qui n'est pas
de son goût. Il demande donc à ce que ce choix soit rapporté et
qu'ils choisissent un autre qu'il voulait avoir pour remplaçant de
Limamou. Nous n'avons pas laissé faire car il nous est impossible
de rejeter la volonté de notre chef et avons dit que M. Paraïso n'a
pas à commander dans notre religion. Nous devons nous
soumettre au choix de notre Limamou.

L'affaire devient grave et elle fut portée à la
connaissance de l'autorité que nous croyons, rendre justice. Car
M. Paraïso n'étant pas proprement musulman, il ne peut en aucun
cas rejeté le désir de notre chef de religion. MM. le Gouverneur et
le Résident nous ont convoqués pour cette affaire en vue d'y
mettre fin à ce malentendu. Mais nous avons répondu tous à
I appel de l'autorité. Le Gouverneur et son Résident étaient
présents, ils nous demandent si nous voulions que l'affaire soit
terminée, nous avons répondu Oui...... M. Paraïso également était
présent ainsi que sa partie. Après un long entretien avec les deux
autorités, nous avons remarqué qu'elles ne rendent pas la justice,
au contraire au lieu de finir et mettre fin à cette discussion, elles
ont toujours pris la partie de M. Paraïso en nous disant qu'il faU^
que nous soyons d'accord avec lui pour accepter son choix. Nous
avons répondu aussi qu'il nous sera impossible de nous mettre
d'accord avec un étranger dans notre religion comme M. Paraïso
qui ne connaît rien dans la religion de musulman quoiqu'il se dise
musulman ceci est pour la forme. Les autorités c'est-à-dire Ie
Gouverneur et le Résident nous imposent leur volonté tout ed

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 46

^SLAM AU ^HOMEY^Le^

encourageant M. Paraïso qui est leur ami ri'ZTque si nous refusons le choix de ce dernier^6' °n nous dit
arrêtés et que nos prières seront interrompues et^™' tOUS
tout, 5 gardes ont été envoyés à Lokossa on,,ri
mal9ré
■•nouveau mosque? en construction et dans^equel nou^0^
nos prières habituelles - ce qui fait que la marché X rekqion

est toujours interrompue c’est-à-dire jusqu'à ce oue nm *
soumettrons à la volonté de M. Paraiso.
nous

Apres cela, la partie de Paraiso avait voulu faire la
guerre avec nous en nous menaçant avec de coupe coupe et
armes ce qui s'est produit le même jour où nous faisons la prière
dans le petit mosquée de Limamou à Zébou. Nous n'avions pas
fait cas à cet incident qui n'a eu aucun effet. Le Gouverneur a bien
compris cela mais il a fait le sourd oreille. Mais si c'était nous qui
avons fait de menace ça aurait coûté bien cher mais nous sommes
toujours calmes et nous resterons bien ainsi car nous voulons
qu'on nous rend justice et avoir gain de cause voilà pourquoi nous
préférons rester tranquille et attendre la fin.

Il est toujous vrai que la majorité a maintenu son
désir qui est celui de notre chef musulman Limamou que nous
venons de perdre tout récemment. Nous pouvons jamais "rejetté"
son choix car il a jugé bon avant de le faire et dont nous sommes
mis d'accord avec Limamou. Comme le Gouverneur se met
d'accord avec Paraïso pour nous obliger à accepter son choix ce
que nous ne pouvons jamais.

Nous ne refusons pas M. Paraïso dans notre
religion et nous n'admettons pas non plus qu'il met toujours le
trouble pour mettre la séparation entre les musulmans.
En conséquence, nous vous prions, notre cher
protecteur d'intervenir vivement auprès de qui de droit, pour qu'une
bonne fin soit mise dans ce malentendu qui règne dans
religion. Et nous serons heureux si notre partie qui est la majori
musulmane à Porto-Novo puisse obtenir satisfaction et que ceui
que Limamou avait choisi soit accepté par le Gouvernement du
Dahomey pour que nous continuons à mener à bien notre religion.
Nous comptons beaucoup sur votre inter\end^
pour que cette affaire soit aboutie dans des me^e^^QtrQpart.
Vous pouvez aussi compter sur nous pour tou pp
Nous prions pour vous et le bon Dieu vous gar
En attendant le plaisir de vous lire au retour du
courrier et espérant que vous ferez vos efforts pour que notre

partie ait gain de cause,

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 47

L'ISLAM AU DAHOMEY : Lm musulman de Porto-Novo
Nous vous prions d'agréer, Monsieur Lavenarde
cher protecteur, nos sentiments toujours les meilleurs.

Section de Porto-Novo

Pour nos camarades et membres de no^
Société, je signe votre dévoué

Aminou Balogoun
Commerçant à Porto-Novo (Dahomey)
Quartier Wézoumé

Pour copie conforme :

Le Chef de Cabinet

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 48

L'ISLAM A U DAHOMEY : Les M

.

-----------------------------------

2.2
LETTRE DE PROTESTATION des MUSlll iua
AU GOUVERNEUR DE LA COLONIE a PROPOS8 DE P°RTO Novn
“■UN nouvel Kos de la NoSKn

Datée du 6 juillet 1920, après le
Porto-Novo, la lettre de 13 (treize) représ^V''Pam CASSOUMoü rté
ae la communauté
musulmane de la ville a pour objet de s'ooon^
introduits par rAdministration coloniale pou°tén
nouvea^ critères
Imam : la connaissance de la tangue arabe
noir>mation d'un nouvel

J. 0. Padonou Loko
Ecrivain - Public
Porto-Novo (Dahomey)

Porto-Novo, le 6 Juillet 1920

Monsieur Le Gouverneur des Colonies
Lieutenant-Gouverneur du Dahomey
à Porto-Novo

Monsieur Le Gouverneur,

Au nom de la majorité formée d'élites de
musulmans de la ville de Porto-Novo, nous soussignés
Aboudou Ramanou Balogoun ; 2°- Ali Saroumi ; 3°- Osséni
Djédjé ; 4°- Alao Batcharoun ; 5°- Sani Madgadji ; 6°- Belo Guiwa ;
f°) Bouraima Madgadji ; 8°) Alawo Guiwa ; 9°- Akadiri Guiwa ;
10°- Lawani Guiwa ; 11 °- Belo Guiwa ; 12°- Aminou Otoun;
13°- Gbadamassi Sagbo, demeurant tous à Porto-Novo, délégués
de la dite majorité, nous avons l'honneur de vous exposer ce qui
suit.

Depuis près de 14 ans, une discussion de religion
existe entre tous les musulmans de la ville de Porto-Novo. Cette
discussion actuellement pendante, n'a pu être réglée et ne saurai
être réglée tant que la majorité ne reçoive pas entière satisfaction.
Sans entrer dans tes détails de cette ^us^t
dont vous n'ignorez pas les motifs, une question Prin^P imarn
encore se soulever au sujet du remplacement e
décédé récemment.

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 49

L'ISLAM AV DAHOMEY Les musulmans de Porto-Novo
Cette question purement religieuse devrait éf
tranchée, Monsieur Le Gouverneur, suivant nos rites que n?
observons depuis de temps immémorial.

On exige aujourd'hui, la capacité de la /ang
arabe, pour être l'imam de la ville de Porto-Novo. L'histoire ne
nous a jamais appris et notre loi rituelle n'exige de pareil
capacité.
La capacité aujourd'hui réclamée par l'Administr^
tion locale, est une innovation que notre religion ne peut tolérer,
car n'ayant jamais été exigée depuis le commencement, ce serai
de nous contraindre, de nous tyranniser, à prendre quelqu'un à la
tête d'une association culturelle, alors que la majorité de cette association éprouve un grand mécontentement, tant sur le mode du
choix que sur la désignation de la personne.
Lorsque, naguère, nous avions créé des écoles
arabes à Porto-Novo, /'Administration locale, s'est empressée d'en
ordonner la fermeture immédiate, et nos enfants ont continué,
comme par le passé, à apprendre les prières tirées du Coran.

Ces prières ou plutôt le Coran lui-même, traduit
dans le sens de la langue yoruba, forment la doctrine de la religion
musulmane de Porto-Novo ; elle est suivie par tous nos
coreligionnaires, aucune capacité de la langue arabe, n'est exigée
de personne, les prières que nous apprenons et qui forment la
base de notre religion, ainsi que nous venons de le dire, ne nous
permettent pas de parler la langue arabe.
De tous les Imams de Porto-Novo (il y en 4 depuis
la prise de la possession par les Français de Porto-Novo), nous
n'avons jamais entendu parler qu'aucun d'eux parle l'arabe ; if
suffit, Monsieur Le Gouverneur, suivant nos rites, que celui choisi,
soit parfaitement au courant des prières traduites du Coran et avoii
des antécédents irréprochables. Quant à la langue arabe, c'esi
une question digressive, de pure convenance, son ignorance Æ
peut faire obstacle à la nomination de notre chef de religion
n étant pas prescrite par nos lois rituelles, nous la rejetontotalement.
...
a.
Notre lmam’ a tout fait avant de mourir, il ‘
abdiqué en faveur d'une personne, qui a été agréée par y
majorité ; les livres de prières d'usage ont été remis en mainpropres. Cette personne, le nommé Saroukou, devrait
nommé, la majorité élimine toute autre candidature.

araha

i
Pourquoi réclame-t-on, la capacité de la lanQ1^
’ sors que IAdministration locale, elle-même, interdisant

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 50

AV_ DAHOMEY Les musulmg^ de Por,,,^.....
langage sur son territoire, avait ordonné te feZZL----------arabes que nous avions créées à Porto-Novo ?ture des écoles

Notre courte explication j'ose /'
Le Gouverneur, fera lumière sur notre genre
rites, ainsi qu'il a été défini par notre regretté Gouv™
Monsieur Ponty, dans ses instructions en date du
1913 sur la justice Indigène - Représentation a2
justiciables - page 44.
du

Monsie^
* SUr nos
Gfnéral’
saptembre
s,alut des

Nous sommes en présence d'une question „„
d'une discussion relig/euse dont l'intervention de l'Adminstrat.bn
locale vu importance, est absolument indispensable
v
mettre le nota.
H u' y

Vous êtes dans notre pays, Monsieur Le
Gouverneur, le représentant le plus autoritaire d'un Gouvernement
de conciliation et qui entend respecter la liberté de conscience
nous vous demandons donc, à l'appui de notre opposition de
vouloir bien, afin de prévenir tout conflit ultérieur, faire avérer nos
dires dans un meeting qui sera tenu au jour et à l'heure qu'il vous
plaira d'indiquer, ainsi les dissidents et nous, n'avons rien à
critiquer.
Nous avons à parler, nous vous supplions de nous

entendre !
Dans l'espérance d'obtenir cette faveur de votre
justice et de votre bienveillance, nous sommes avec le plus
profond respect, Monsieur Le Gouverneur, vos très humbles et
très obéissants serviteurs.

Pour Les Pétitionnaires, illettrés,
L'Ecrivain Public

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 51

L'ISLAM A U DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 52

-------- ~~----

2.3
••HISTOIRE DE L'ISLAM A PORTO-NOVO

(Pétition pour réclamer à l’Administration coloniale le resnert f,
Jrations de la majorité de fa communauté musulmane de PortoXo)

Pourjustifier leurs «i#wes, /es s/noa( .
nombre de 18) exposent leur version de
ataires de Ig pétition fs,
Cetteun
version
datéede
du Ignace
2 avril 1921
lre de à Celle Pontée
per
partisan
PARAISO souten?^
Me et adversaire résolu des présents s^natad^l !'aclmin^Z

£?° f '',s,am ’ PoXXCT

Ce dernier texte est éclatement
a Pétition,
documentait^^
^ponibfe dans notre fonds

Porto-Novo, le 4 Avril 1921

Monsieur Le Lieutenant-Gouverneur du Dahomey

But de la Pétition :
Nous, musulmans de Porto-Novo, fidèles aux
dernières volontés de notre vénérable et regretté Imam
Cassoumou, avons l'honneur de vous adresser la présente
pétition qui établit d'une façon indiscutable notre droit sur la

grande mosquée de Porto-Novo.

Pétition de l'islamisme à Porto-Novo :
Le royaume d'Ajachè (P^oMé^

grande prospérité qu'il a connue dans la s
Gbéyon, un grand
siècle, c'est-à-dire à partir du règne
/g cunOsité et
centre d'attraction poqr les Yorubas e
uveneSi poussèrent
surtout le désir de se procurer les choses nu
vers les comptoirs de Porto-Novo.
favOrables aux
Les rois de cette éP°^sa^i venaient commercer
étrangers, un grand nombre des y

MEMOIRE DU BENIN N° 3

53

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo
dans le royaume s'y installèrent avec leurs femmes & <
enfants.
* /e^

De ces Yorubas dont la plupart étaient des prjn
d'Oyo, nous pouvons citer par ordre alphabétique :
Ces

Aboudoulaï, Acadiri, Achamou, Adamou 1, Adamou 2, Afou
Agba, Aléjo, Ajimba, Alawoki, Amadou, Aïbouki, ’ Bacar
Chaïbou, Dirissou, Eléwonlécé, Gbindèkè, Gintori, Now
Océni 1, Océni 2, Oniboudo, Owounjogoun, Salou, ’ Sédoù
Akiwandé, Siaca, Soulé, Soumaïnou Assouma, etc. Ils étaient
tous musulmans et la prédication de l'islamisme à Porto-Novo date
de leur installation dans le royaume fétichiste.

Constructions des Mosquées :
Gintori fut le premier qui a bâti une mosquée sur la
concession qu'il a obtenue des sieurs Attigui et Zinsou Acotokiri au
quartier Ita Togo.

La deuxième mosquée fut celle de Pota construite
sous la direction d'Akadiri, Alawoki et de Soulé. Notre grande
mosquée de Vendredi fut bâtie au quartier Apasa sur la
concession que nos grands-pères obtinrent du roi Tognon dans la
seconde moitié du 19è siècle, et grâce à l'appui du prince Achoua.

Nomination d'un Chef Politique :
Nos aïeuls avaient élu chef politique leur
compatriote Soumaïnou Assouma qui fut successivement
remplacé par Ajimba, Eléwonlécé, Gbindèkè, Adéremou. Bacary,
Alobamaja, Ayibouki de Ita Togonou et actuellement Bélo d'ita
Polu.

Ce chef était chargé de régler les petits différends
entre les musulmans. Il intervenait aussi pour eux dans les affaires
avec le reste de la population, et était le porte-parole de ses
coreligionnaires auprès des autorités du pays.

Nomination d'un Imam :
Le premier Imam de nos grands-pères fut
Haoussa, communément nommé "Gambari" qui logeait chez le '
Dè Gbèyon au quartier Socomey.
Depuis cette époque jusqu'au règne de Dè ^esS_^
inclusivement les musulmans de Porto-Novo ont toujous pourvu a
remplacement de leurs chefs religieux sans avoir été inquiétés P
l'ingérence politique des autorités du pays. Mais au moment de
nomination du quatrième Imam, sous le règne de Toffa °
—------------------------- MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 54______________ ___

ç'ISlAM

DAHOMEYjJ^smusul

j

----

----------

difficultés devaient surgir par suite des lr~~~
dit Nounassou dont nous a//ons é(aT“

—--------- _
Para/S0

/■ascendant quit a pris sur ses coreligionnaires etA"^ ex^uer
funestes conséquences pour l'islamisme.
démontrer les

Destruction du village d'Iyé et la vente d'Odio
aux Négriers :
UJO
Le village d'Iyé (dans la Niaéria
.
dépendait des Ibadans. ennemis jurés du royaume tfOyo É/éno

originaire dlyé. ava, ambitionné pour lui et pour Odjo son uniaue
fils, les insignes de la noblesse. Les Ibadans mis au courant de sa
prétention en conclurent qu'il voulait rendre lyé vassal du royaume
d'Oyo.Elépo ayant entraîné un grand nombre de ses compatriotes
dans son ambition de s'anoblir, les Ibadans ont résolu de détruire
le village, et ils ont vendu les rebelles aux Négriers. Elépo dont la
sotte vanité a causé la destruction du village a été, sans doute,
mis à mort, car on n'a jamais su ce qui était advenu de lui. Son fils
Odjo a été vendu au Brésil, dans la ville de Bahia. La partie de la
population que n'a pas gagnée la folie de s'anoblir a été épargnée
mais conduite dans la ville d'Ibadan et installée dans le quartier
Imanlédé qui existe de nos jours.

Retour d'Odjo en Afrique :
Domingo, le commerçant brésilien qui faisait la
traite des esclaves dans le royaume de Porto-Novo, sous le règne
de Sodji retrouva ici une esclave revenue de Brésil.

Elle était originaire d'Isséyin et portait le nom de
Oyagbami. Ses compatriotes qui l'ont reconnue à Porto-Novo
l'appelaient de son nom du pays qui a été de ce fait plus r pan u
que son nom chrétien, car elle avait reçu le baptême au Br si.
Très gêné d'être obligé de se faire râc‘er'^te
avec des rasoirs, faute d'un perruquier dans le Pays’
appris de son amie Oyagbami l'existence à Bah'a
nommé Odjo qui servait de perruquier a son

esclave
le sjeur

Paraïso.

Su? le conseil d'Oya9bam^^ngo m Acquisition
pour le prier de lui céder son perruquier, u
nOuveau
d'Odjo qui, outre sa fonction de Perra^ . dans /e comptoir de
maître, exerçait aussi celle de veilleur
"Barbiéro" mot qui a
'a plage (Ocoun Sémè) où on 1 app^ nom qui resta désormais
dégénéré en "Bambero" et était le seul nom

pour le désigner dans la ville.

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 55

L'ISLAM AU DAHOMEY ; Les musubn^s de Porto-Now

L'amitié qui existait entre Oyagbami et Domingo
profité beaucoup à Odjo dit Bambero à qui son nouveau maîtr^
marié une esclave du comptoir. Le fils qui est né de cette union
été tenu sur les fonts par Oyagbami qui la nommé lgna*

Paraïzo Le dernier nom lui était donné certainement en souvent
du sieur Paraïzo de Bahia, le premier maître d'Odjo.

Présents faits au roi par les commerçants qui
quittaient le pays après avoir fait fortune.
Coutume de succession des commerçants morts
dans le pays sans avoir de suite :
Les commerçants européens ou brésiliens qui
quittaient le pays après avoir fait fortune, laissaient au roi une
grande partie de leurs serviteurs. C'était de cette façon qu'ils
prouvaient leur reconnaissance au roi à qui ils attribuaient leur
fortune.
Il était de coutume aussi que tous les biens des
commerçants morts dans le pays sans avoir une suite, revinsent
au roi. Parmi les.commerçants morts dans le pays et dont le roi a
hérité, conformément à la coutume, nous pouvons citer
"Toumbaci" qui commerçait dans ce pays sous le règne du roi Dè
Gbéyon.

De tous les esclaves du défunt qui ont constitué
l'héritage du roi, la tradition n'a conservé que le nom d'un certain
Dossou et le souvenir d'un autre esclave qui était le père du sieur
Hounsou - Dada - Houhè.
Le chef de la famille Padonou Loco qui représente
aujourd'hui la dynastie de Dè Gbéyon a toujours conservé sur les
descendants des anciens esclaves de "Toumbaci" le droit de
souveraineté qu'il détient de son ascendant.
Le commerçant Domingo qui attribuait sa fortune à
la bienveillance et à la protection dont l'a honorées le roi Sodji, lui 3
aissé, comme gage de sa gratitude, un grand nombre de ses
eBambero'd°nt
P>US connus étaient "Acangba" et "Odjo dit

&ambero et origine du surnom
Nounassou donné à Ignancio-Paraïzo
Quartier Htumn °^i° dit Bambero a obtenu une concession
s'informa etXy
nM' le rOi.
entendit battre du "Zinn J

dette qu'il nePnn,
SOn serv'teur Bambero ayant contracté “
dette quil ne pouvatt pas payer, le créancier était venu récM
*

— MEMOIRE DU BENIN N° 3 - ______________________

son dû à coups de "Zinri" qui est
-----------laquelle on battait avec un éventail en cuird^h à l'ouverture de
était accompagné de trompettes et de ferraiii^Uf\ Ce tambour
pour faire un charivari inouï qu'entrecounai^nt
de toutes s°des
huissiers.
^recoupaient les vociférations des
serviteur du palais ayant Reconnu da^îaæuWe de Vambero''^

écné Nounassou ! ce qui signifiait "Les biens s'accroîtraient '"Le
roi voulait d,re . le pere m'a été donné ; le fils m'appartenait de ce
fait. Je vais les racheter en payant pour eux une dette criarde Le
fils avait outragé mes messagers. Je le retrouve il s'ajouterait
donc à mes biens (serviteurs) pour en augmenter le nombre
"Bambero" ou tout au moins son fils Ignancio-Paraïzo dit
"Nounassou" aurait dû à partir de ce jour-là demeurer au palais de
Sodji pour augmenter le nombre des "Larys" (cabécères) du roi si
n'était la religion catholique qu'ils étaient sensés professer et qui
réprouvait les pratiques fétichites auxquelles donnait lieu la
nomination d'un homme à la fonction de cabécères.

Conversion d'Odjo dit Bambero à l'islamisme :
>4 cette époque vivait dans le pays, un autre
esclave revenu du Brésil et qu'on désignait sous le nom de
"Bambero" parce qu'il avait exercé, lui-aussi, la fonction de
perruquier auprès de son maître. Cet autre "Bambero" demeurait
chez Aplogan au quartier Abocomey. Affranchi probablement bien
avant la mort de son maître, il jouissait d'une grande popularité
grâce à sa fortune et à ces qualités de coeur. Au moment des fêtes
musulmanes auxquelles participaient même les fétichistes, les
deux "Bambero" montaient sur les chevaux pompeusement parés
et suivaient les musulmans à l'endroit où ils faisaient des prières.

Nos deux chrétiens s'y rendaient uniquement pour
se faire admirer, aussi rivalisaient-ils d'ornements. A la fin des
prières, les musulmans reconduisaient les deux Bambero
jusqu'au Grand-marché d'Oja Omo avant de se séparer.

Mais toute la sympathie des musulmans de P°tt°Novo allait à Bambero d'Abocomey qui était riche, ^^x ett
affable. Odjo dit Bambero ne l'ignorait pas . auss "a«

l'occasion et le moyen de supplanter son
aoDrjrent que
musulmans qu'il mit au courant de son ar^bl!?’h
ne /uj serait
la prééminence qu'il désirait avoir sur I autre
possible qu'en embrassant l'islamisme ; cétait a cette

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 57

ÇISLAM^ AU_ DAHOME^ Les musulmans de Porto-I^

___

condition que les musulmans pourraient décemment le reconch^
jusqu'à chez lui après les prières les jours de fête.
Le catholicisme lui avait servi à épargner à foWe
sa famille les rigueurs de la servitude dans le palais de Sodji et n
est demeuré sous la bannière de cette religion tant qu'elle lui étaif

utile.
Mais le danger est passé, et un nouvel intérêt
venait de paraître. Odjo dit Bambero rêvait de la domination sur/es
musulmans de la ville ; à partir de ce moment, la religion
catholique a vécu pour lui : son instinct lui faisait pressentir que
l'ascendant qu'il prendrait sur les musulmans l'aiderait vite ê
satisfaire sa sale vanité de s'anoblir, vanité qui était de l'héritage
ancestral et avait causé, comme nous l'avons vu, le malheur de
tout un village qui vivait jusque-là dans la paix et n'avait que le
souci de faire prospérer ses terres. Aussi "Bambero" a-t-il abjuré le
catholicisme sans se le faire dire deux fois. Tous ses enfants ont
suivi son exemple. Le chrétien Ignancio-Paraïzo surnommé
"Nounassou" par le roi "Sodji" a pris le nom de Soulé. C'était
désormais Odjo dit Bambero converti à l'islamisme que les
musulmans de Porto-Novo, fidèles à leur parole, reconduisaient
chez lui à la fin des prières les jours de fête.

Anoblissement d'Odjo dit Bambero :
Les nobles de cette époque, Pêbi, Lalémi, Borou,
Abanci, Eniobabi, etc. à qui Bambero s'est adressé pour obtenir sa
reconnaissance comme noble et les insignes de la noblesse, l'ont
autorisé à faire à ses enfants les tatouages distinctifs des nobles.

Le noble se distinguait par trois tatouages
parallèles faits au bras gauche et allant du coude au poignet.

Trois autres tatouages partent de la cheville du
pied droit pour s'arrêter au genou. Sur chaque joue étaient faites
lune à la suite de l'autre, deux rangées, chacune de quatre
tatouages horizontaux parallèles ; c'était "abaja mêjo". Un rôturier
était tatoué sur chaque joue, de huit traits verticaux parallèles
partant presque du haut de la tête et aboutissant au bas du
menton.
. ®uatre autres tatouages horizontaux et parallèles
It uhaTe œil’ traversent les huit traits verticaux et
s arrêtent à l'oreille.

ci'ivt

dit Bambero avait, comme tous les habitants
l'^nth
tatouages
qu'on
nomme
"Kêrê
hounchêà l'isia^^t que!a°°™ersi°n de la famille d'Odjo dit Bambero
a I islamisme a produit chez les musulmans de Porto-Novo les a

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 58

L'ISLAM. AU DAHOMEY. rLesmusulmans de Porto-Novo

aveuglés à tel point qu'ils ont fait inconsciemment à cette famille
de prosélytes beaucoup de concessions sur leurs droits.
L'autorisation de se tatouer à la façon des nobles
et la reconnaissance de cette qualité qu'Odjo dit Bambero avait
réussi à obtenir des nobles de son temps, pour toute une famille
dont l'ancêtre était un rôturier d'Iyé, les repas de cinq cents plats
que ce parvenu aurait offert à cette occasion à tous les nobles
d'après la tradition, ont achevé de la consolider dans l'estime des
musulmans.

Coutume régissant la nomination d'un Imam :
Bambero a su exploiter l'engouement produit par
sa conversion et sa qualité de noble pour prendre sur les
musulmans un ascendant que son fils Ignancio Paraïzo - Soulé dit
"Nounasou" juge insuffisant pour un noble de son rang et désire
accroître au mépris des intérêts de notre communauté religieuse,
et du respect de l'ordre de chose établi par une coutume séculaire
qui à force de loi et veut qu'à la nomination d'un Imam, le conseil
des notables désigne son adjoint qui doit, naturellement recueillir la
succession du chef religieux quand celui-ci aura disparu. Ce chef
prend au surplus la précaution de déclarer qu'il entend être
remplacé par son coadjuteur à la tête des musulmans quand il
aura terminé sa mission ici-bas. A la mort de l'imam, le conseil des
notables, fidèle aux dernières volontés de leur ministre, n'a plus
qu'à donner une consécration rituelle à l'adjoint, si toutefois H n'a
point démérité. On le présenta ensuite à la communauté
musulmane et aux autorités du pays.
Cette bonne tradition fut respectée jusqu'à la
nomination de notre troisième Imam : Soumaïnou de chez Afougé
qui a succédé à Sédou Akiwandé.

Intrigues de Nounassou au moment de la
nomination des /V6 & V6 Imams :
Mais sur l'insistance du sieur Ignancio Paraïzo
Soulé dit "Nounassou", le roi Toffa a détruit l'ordre de succession
établi, en mettant son veto à la consécration de Bawaa en
remplacement de l'imam Soumaïnou. Cependant ce su(^e
choisi par le conseil des notables et recommandé,.an ?
. .
de sainteté que par son prédécesseur était irrépr e
djanes
les points de vue. Nounassou ne jugeait pas tous ces tit
g
de son respect et il a élevé Mamadou de ^assaaà'a^^tajt
l'imam, nous en savons en récompense de que
bien à contre-cœur que nous avons raMé
irrégulière qui nous était imposée. En mou
,

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 59

nomination

L'ISLAM AU DAHOMEY: Les musulmans de Porto-Novo

- MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 60

L’ISLAM. AU.

Porto-Nmo

de Hassou a désigné El-Hadj MouleiroTdTsZZ

Socomey pour /e

remplacer.

Nous aurions pu cette fois-lé exiger
de Bawala à la place qui lui était destinée depuis auelôu^Sem.enl
mais. respectueux des dernières volontés de noire

nous n'avons pas cru devoir désapprouver le choix fait dSX’
Indications de "Nounassou" et qui cependant était ton de n0X
convenir.
c "uus

Bissiriou qui a été adjoint à l'imam El-Hadj
Mouteirou de Socomey, ainsi qu'en a décidé le caprice de
••Nounassou" a pris la direction des affaires de notre religion à la
mort d'El-Hadj Mouteirou de Socomey.
Nounassou s'étant opposé à la désignation de
Saroucou comme adjoint de Bissiriou, nous avons nommé à sa
place Cassoumou de Zèbou-aga, qui est devenu Imam après
Bissiriou et a eu pour adjoint, c'est-à-dire successeur présumé,
comme le veut la tradition, l'honorable Saroucou.

Construction de la nouvelle Mosquée :
Le percement de la grande route de l'ancien
marché à la lagune de Porto:Novo, dans le quartier Apassa a
obligé l'administration française à démolir notre première mosquée
de Vendredi : une concession nous fut donnée en compensation
au quartier Zincomey. Le Gouvernement nous alloua au surplus
une indemnité de 5 000 francs. Cette somme ne devait pas suffire
pour la construction de la mosquée, aussi les musulmans ont-ils
cotisé 22 000 francs. Les cotisations étaient recueillies dans une
caisse déposée chez Nourou dit Gonsalo Lopez ; la clé de la
caisse se trouvait entre les mains de l'imam Bissiriou. Les
musulmans nommèrent un comité qui était chargé d'acheter les
matériaux et de payer les ouvriers.
Nounassou se trouvait dans ce comité où il a su
exploiter sa réputation de "Malé-crio" : musulman desce^nt d“n
soi-disant brésilien, pour imposer à ses collègues Mem
hautes notabilités, comme notre lecteur des Pnèresf. hnnnet à
politique eurent la coupable faiblesse de n'opiner W
f
toutes les décisions ou propositions de ''Nounassou qut a laji ™
voulut plus souffrir de contrôle au moment des achats

matériaux.

^terruption des travaux de construction.
La mort de Nmam^ssinou^vin^

travaux. Nounassou en profita pour
------ MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 61

que

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

la mosquée devait être portée au débet envers lui pour ü
somme de 2 775 francs. Mais il n'a pu fournir à l'appui de ?
déclaration ni des pièces ni des explications claires. Cassou^
nommé lecteur des prières en remplacement de Bissiriou
conseilla de rembourser cette somme afin de prévenir dans ?

communauté la dissension qui pourrait retarder l'achèvement de$
travaux en cours. Nous avons suivi son conseil et, après avoir
cotisé de nouveau, nous avons repris la construction de /a
mosquée sous la direction de notre Imam. Nounassou qüj
s'attendait certainement à ce que les musulmans le nommassent
de nouveau dans le comité de direction des travaux, ne pouvait
souffrir son exclusion qu'il considérait comme un affront à son
sacré-saint personnage.
Mais les musulmans se souciant fort peu des
foudres de Nounassou, continuèrent activement la construction de
leur mosquée.

Saroucou prit la direction des travaux:
Notre regretté Imam que la maladie devait rendre
impotent avant l'achèvement des travaux en cours, en confia la
direction à son adjoint Saroucou qui s'acquittait de cette tâche à la
satisfaction des honnêtes musulmans, nous voulons dire ceux que
ne possédait pas le vilain démon de la jalousie.
Saroucou prit ensuite, à la demande du vénérable
Cassoumou complètement estropié, l'entière direction de toutes
les affaires de la communauté musulmane : prières de vendredi,
consécration des mariages, enterrements des coreligionnaires etc.

Saroucou fut habilité officiellement à succéder
à Cassoumou
Ayant prévu le malheureux dissentiment dont notre
communauté pâtit actuellement, Cassoumou fit même une
déclaration écrite dont il demanda l'enregistrement au Résident de
Porto-Novo. Il espérait ainsi faire régner parmi les musulmans la
paix et la concorde dont ils avaient besoin pour mener à b/W
l'œuvre commencée. Nounassou qui travaillait très secrètement &
remplacement de l'imam Cassoumou par un homme à s
dévotion, alla dire au Résident que l'acte dont on lui demandait
*
confirmation était apocryphe, car l'imam Cassoumou à qui cet ad
était attribué, "se trouvait dans un coma depuis deux jours'Résident et le Gouverneur ayant voulu vérifier les dires
Nounassou se rendirent chez le vénérable Cassoumou du ■
trouvèrent jouissant de toute la plénitude de ses facultés et Q

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 62

redicta aux deux ReprésentantsdT^TT~~~~~~~~ - ------- volontés quant aux affaires de la religion.

aiKe ses Ornières

Ce ne fut que quelques in
déclaration que l'imam rendit le dernier soupir (Juiïwo)"
*

Cette

Nounassou veut s'ériger en dictateur pour
musulmans de Porto-Novo :
,, .
la mor! de Cassoumou, Nounassou voulut
s'énger en pontife pour tous les musulmans de Porto-No™ et

déclara orgueilleusement que se serait El-Hadj Lawani que nous
devrions reconnaître pour Imam. Ce dictateur a cru pouvoir
renouveler impunément le coup qui lui avait si bien réussi à
plusieurs reprises. Mais nous devons, pour l'honneur de notre
religion, dénoncer tout pertubateur de l'ordre et nous élever contre
les agissements de Nounassou. Devant notre refus catégorique
d'enfreindre, uniquement pour le bon plaisir d'un individu, la
coutume séculaire qui a régi jusqu'à présent la nomination d'un
Imam, laquelle coutume n'a souffert des atteintes que de
Nounassou, celui-ci se disant blessé dans ce qu'il a nommé sa
diginté, mobilisant contre nous toutes les forces de nos
gouvernants (Européens & Indigènes), il croyait réussir ainsi à
nous intimider et à nous imposer sa volonté. Pour lui sa parole ne
devait plus être sujette à discussion ; elle était même plus que
celle du Coran et devait l'emporter sur une coutume séculaire.
Tous les musulmans qui ne pensaient pas comme lui devaient être
des objets d'horreur et de mépris et en butte à toutes sortes de
vexations.

El-Hadj Lawani fut nommé Imam par le Chef
Supérieur Houdji qui est un Idolâtre III
Nounassou obtint du gouvernement qu'on fît
passer un examen à son candidat El-Hadj Lawani et à a
^u^f
un autre notable. Après cet examen, le Çouver"e^
Supérieur Houdji le soin de désigner un Imam p

médiateur,

Réoulièrement le chef devait se poser en
inviter à une Pa'^ gg^de^e^côté^ait la

musulmans sans distinction afin de s
majorité.

Cette majorité qui, dans I

honnêtes
notables

gens fait la loi, devrait procjte aux autorités du pays,
consacreraient et présenteraien
un cbef idolâtre n'avait le
Aucun chef chrétien, à plus forte

mépris de cette raison
droit de nous imposer un Imam. Mais

- MEMOIRE DU BENIN N 3

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

supérieure de notre doctrine et des intérêts de toute
communauté religieuse, les musulmans dissidents commirent /
double sacrilège : 1° de faire proclamer un Imam par un ChL
idolâtre ; 2° d'offrir un présent de 750 francs à ce chef af
d'obtenir la nomination illicite d'El-Hadj Lawani comme Imam.

Saroucou fut nommé Imam par la majorité
des musulmans :
Les musulmans fidèles aux dernières volontés
feu Cassoumou et formant la majorité, en voyant leur droit $/
impunément nié, n'ont trouvé d'autre forme de protestation contre
le scarilège et la corruption d'un chef indigène que la consécration
pure et simple de Saroucou comme Imam conformément aux
coutumes et à l'acte remis au Résident de Porto-Novo en fin de
consécration.

Cela devait, comme nous le croyions, faire
réfléchir Nounassou et ses séides. Ce fut tout le contraire. Car sur
un nouveau froncement de sourcils de "Nounassou" dont la vanité
ne saurait souffrir aucun acte d'insubordination, nos gouvernants
nous interdirent, sous le fallacieux prétexte de souci du bon ordre
et de la paix dans la ville, et la construction de notre mosquée et
l'accès dans le lieu des prières.
C'est pourquoi nous, musulmans fidèles aux
dernières volontés du feu Cassoumou et formant la majorité dans
la communauté musulmane de Porto-Novo, avons l'honneur de
vous adresser la présente pétition qui fait l'historique de la
prédication de l'islamisme à Porto-Novo, dévoile l'origine d'Ignancio
Paraïzo dit Nounassou, explique l'ascendant que son père Odjo dit
Bambero et lui ont pris sur les musulmans de Porto-Novo, établit
enfin d'une façon indiscutable le légitime droit des partisans de
Saroucou sur la grande mosquée de vendredi sise au quartier
Zincomey.

Conclusion :
Qu'il nous soit permis, pour conclure d'ajoute
que : El-Hadj Lawani n'ayant jamais été adjoint à un Imam, h'a^al
conformément à la coutume qui a régi jusqu'à présent
nomination des lecteurs de prières, aucun droit à être investi
l'Imanat. Pour l'honneur de notre religion, El-Hadj Lawani ne PaUl
décemment être nommé Imam. N'a-t-il pas été, eh e"e'
condamné à être flagellé publiquement pour outrage aux ihoeu'
par le roi Toffa ? Et depuis son retour de la Mecque n'a-t-il P
séduit plusieurs femmes de ses coreligionnaires ? Les notab
musulmans peuvent en témoigner.
MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 64

L1SLAM_ AU_ DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

Si les hommes d'une même religion, qui naguère s'aimaient
étroitement, se toléraient les uns les autres et donnaient au reste
de là population (chrétiens et fétichistes) l'exemple d'une bonne
solidarité, sont partagés aujourd'hui en deux camps qui s'abhorent
et ne respirent l'un contre l'autre q'une haine destructive et
implacable, leur dissentiment est attribuable à la vanité d'un
individu qui croit que la raison et le droit ne sauraient prévaloir
contre ses caprices ;
Nous n entendons pas associer l'adoration de cet individu à celle
de notre Créateur et de Mahomet son prophète.
Nous sommes au contraire fermement résolus à faire respecter les
dernières volontés de nos Imams, c'est-à-dire à défendre au prix
de notre liberté, voire de notre vie, la bonne tradition de la
nomination de l'imam ;
En ce faisant, nous sommes persuadés ne défendre que
l'islamisme contre les sacrilèges d'Ignancio - Paraïzo - Soulé dit
"Nounassou" pour qui la religion n'est, comme elle le fut à son père
Odjo dit Bambero, qu'un bon moyen pour satisfaire sa vanité sur
cette terre : 1° Le Catholicisme servit à Odjo dit Bambero à se
soustraire ainsi que toute sa famille à la servitude dans le palais de
Sodji ; 2° Il se convertit ensuite à l'islamisme uniquement pour la
vanité de se voir reconduit jusqu'à chez lui par les musulmans à la
Pin des prières les jours de fêtes. Qu'est-ce qui nous prouve qu'il
n'eut pas abjuré l'islamisme pour embrasser une autre religion si la
satisfaction d'une autre vanité l'avait exigé ?
Si c'est à sa qualité de noble que Nounassou croit avoir le droit de
régenter la communauté musulmane de Porto-Novo, nous avons
démontré la vanité de cette qualité qui, même si elle était fondée,
ne saurait prévaloir contre le droit et la raison ;
Nous rendons hommage à l'esprit d'équité des Européens chargés
d'examiner les candidats à la fonction de lecteur des prières. Mais
nous aurions bien voulu voir ces examinateurs juger le talent de
prédication des candidats plutôt que leurs connaissances en
littérature arabe, car les musulmans de Porto-Novo veulent des
ministres qui sachent s'adresser au cœur au lieu de l'intelligence,
et en un langage compris de toute la communauté : cest I idiome
nagot en ce qui nous concerne ;
L'honneur d'avoir été en pélérinage à la Mecque ne saurait non
plus l'emporter sur l'intérêt de toute une communauté.
Si les examinateurs se sont acquittés de leur mieux de la mission
dont ils étaient chargés, nos gouvernants ont manqué a leurs
devoirs, car nous ne saurions excuser l'empressement des
autorités à montrer tant de docilité aux ordres du mégalomane de
Nounassou sur la mentalité duquel nos gouvernants étaient
cependant suffisamment renseignés.
Aussi protestons-nous contre la coupable indulgence
de nos gouvernants qui, au lieu de punir le délit de corruption du
MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 65

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo
Chef Supérieur Houdji par Nounassou qui lui a arraché /
nomination d'EI Hadj Lawani comme Imam moyennant un présJf
de 750 francs, s'étaient contentés d'exiger simplement de Houdji/a
restitution de ce cadeau à ses donateurs.
a
Nous estimons essentiellement impolitique ef
vexatoire, l'agissement du Résident de Porto-Novo, le 2 Novembre
1920. Après nous avoir autorisés à dire les prières dans la grande
mosquée en mémoire des morts de la guerre, le Résident apposa
même sa signature au bas de la circulaire par laquelle nous
invitâmes la population (européenne et indigène) à se rendre dans
cette mosquée à onze heures.
Mais très docilement aux ordres de Nounassou à qui
déplut notre réunion dans la grande mosquée, le Résident est
venu nous en chasser au moment où recueillis, les musulmans
priaient pour les morts et pour la France. Si les hommes peuvent
tout excuser par complaisance, le Créateur lui, ne manquerait pas
de demander compte des monstrueux sacrilèges commis dans sa
religion : 1° la nomination d'un Imam par un chef idolâtre ;
2° l'entrave mise, sans aucune raison d'Etat, dans l'exercice de
son adoration, par ses créatures. C'est en effet, uniquement pour
faire plaisir à Nounassou que nos gouvernants nous ont interdit la
construction de notre mosquée, voire l'accès dans ce lieu de
prières ;
Nous demandons instamment au Gouvernement local de nous
autoriser à reprendre la construction de notre mosquée car le
restant des matériaux que nous avons achétés - 400 barriques de
ciment et de centaines de mètres cubes de pierres, est en
souffrance depuis plus de sept mois. Nous n'entendons pas
interdire à nos coreligionnaires de la partie adverse l'accès de
cette mosquée quand la construction en sera achevée. Tous les
musulmans pourraient y venir prier mais sous la direction de
l'imam Saroucou ou de ses successeurs à venir, nommés
conformément à la coutume qui a force de loi. Mais si cette
condition ne satisfait pas nos adversaires, nous offrons de leur
rembourser la somme qu'ils ont cotisée et la moitié des 5 000
francs que le Gouvernement nous avait donnés pour >a
construction de la mosquée.
Dans l'espoir que vous daignerez prendre, Monsieur
le Lieutenant-Gouverneur du Dahomey, la décision conforme
l'équité qui doit assurer à la majorité des musulmans de Port°'
Novo, le libre exercice de leur religion et cela conformément eu
principes immortels de 89 qui instaurent en France la liberté o
conscience et doivent être appliqués dans les Colonies. Nous vou
prions de négliger dans cette pétition tout ce qui vous semble#
polémique et les épithètes qui seraient un peu trop vives. Veuille

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 66

AU_ DAHOMEY^
n'entendre que le cri des
uniquement leur salut après la mort.

--------- -----urTnes que préoccupe

L'Imam Saroucou et ses partisans
L'Imam Saroucou
Affa Bouraïma
Aladji Badamassi

Béllo Sériqui
Alli Saroumi

Aminou Achafa
Alaho Bacharoun
Sanni Magadji
Badamassi Lawani
Aladji Adjibadé

Alaho Guiwa
Akadi Guiwa
Lawani Guiwa

Béllo Guiwa

Guiwa Djinadou
Badarou Bakari
Aladji Moutairou Soulé

Aminou Balogoun

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 67

L'ISLAM M DAHOMEY^ - Les~ musulmans de Porto-Novo

2.4
RAPPORT POLITIQUE
DU DE
GOUVERNEUR
ha.
AU GOUVERNEUR
GENERAL
l'AO F SUITFnuân??°
MEY
DE PORTO-NOVO EN 1923
X INCIDENTS

C’est un rapport politique du Gouverneur FOURN, Lieutenant
Gouverneur du Dahomey, en date de 21 avril 1S23, au Gouverneur
Général de f'AOF et destiné à être analysé par la Direction des Affaires
Politiques et Administratives. Le rapport procède à une analyse politique
pour, d'une part, désigner ies promoteurs des faits dits "Incidents de
Porto-Novo de Février - Mars 1923" et d'autre part, proposer contre ces
promoteurs des sanctions administratives en plus des décisions
Judiciaires déjà prises.

21 Avril 1923

A. P.
Nwgs
SECRET

(Direction des Affaires Politiques et Administratives)

Comme suite à ma lettre N° en date du
j’ai
l'honneur de vous faire part ci-après des faits d'ordre politique
reprochés à certains promoteurs des incidents qui se sont
déroulés dans le Cercle de Porto-Novo et qui auraient sans
aucun doute pris une extension grave sans les mesures rapides
et énergiques que vous avez bien voulu me permettre
d'appliquer.
Ainsi que je l'ai déjà exposé dans ma lettre
précitée je me serais fait un scrupule de ne pas laisser se
dérouler l'action judiciaire, dont les règles strictes donnent aux
accusés toutes les garanties, mais dont les décisions ont en
retour un poids correspondant.

-----MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 69

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo
Cependant je ne puis renoncer à envi$a
parallèlement les sanctions administratives que me semb^

avoir encourues, en tout état de cause les prévenus, pOur
intentions et des actes dont le Tribunal n'avait pas à connaît^
je veux parler de la propagande menée par plusieurs d'entr'
eux contre /'Administration sous la direction de communist^

notoires.

Le dossier précédemment envoyé joint à la lettre
N°144s du 24 Mars sur le nommé Hunkanrin indique comment
ce dangereux ami et représentant au Dahomey des membres
du Comité d'Etudes Intercoloniales du parti communsite a
réussi à accaparer à son profit les groupements qui se sont
constitués à Porto-Novo sous les étiquettes d'Associations
métropolitaines, le Comité d'action Franco-Musulman et la
Ligue des Droits de l'Homme, plus quelques mécontents isolés
comme Sohingbé et Dossou Toffa.
Pour cela, il devait gagner la confiance de leurs
dirigeant et s'en faire des alliés à toute épreuve. Il y réussit
pleinement. Bien qu'ayant conservé le premier rôle, il ne
pouvait cependant le remplir entièrement de la prison de
Cotonou où il est incarcéré et il dut mettre ses amis d'Europe
en relations directes avec ses acolytes de Porto-Novo.

Le plus compromis de ceux-ci est Aminou
Balogoun. C'est à lui que la correspondance est adressée.
(Lettre du 10 Février 1923 des Stephany - pièce N°1) c'est lui
qui reçoit les exemplaires du Journal communiste "Le Paria" et
les tracts de /'Union Intercoloniale et est chargé de les
distribuer. Les indications de la lettre précitée sont confirmées
par la saisie à la poste de plusieurs paquets à son adresse
contenant l'un, cinquante exemplaires du "Paria", l'autre cinq
exemplaires d'un tract à reproduire dans les langues indigènes
et à répandre partout dont un exemplaire est joint au dossier
(pièce N°2) et enfin par la saisie d'un troisième pli contenant
cinq "Précis du Communisme par Charles Rappoport édités
la librairie de l'Humanité dont je vous adresse également an
exemplaire (pièce N°3).
Ces faits précis et indéniables suffisent à établit la
nécessité d'éloigner de Porto-Novo Aminou Balogôun.

Rien ne semblait pourtant avoir préparé
homme à un tel rôle. Commerçant à Porto-Novo issu du
famille sans influence, il doit à /'Administration Française so
aisance actuelle. D'un caractère frondeur et ambitieux
semble que la vanité seule et le désir de se pousser au pt^1
rang puisse expliquer sa conduite.
MEMOIRE DU BENIN N° 3 _ 70

L’ISLAM^ AU. DAHOMEY. ; Les^ musulman^ de Porto-Novo
II
dn peu de même
*
ria r\
faut ajouter pour celui-ci un vif désir d'utdiserson^' MaiS "
développement de ses ressources assez modestes et »?Ce.au
pas sans causer à ses amis eux-mêmes une certaine dén^ eSf
(Lettre d'Hunkanrin à Dossou Toffa du 3 Mars 1921
'
N^4) déjà il affecte vis à vis de l'autorité une attitude fr^^^
et indépendante dont il se fait gloire.
frondeuse
nnn f
/n 1927 H eSt condamné à 15 jours de prison et
2S°JraSC^ damende P°ur "Propos tenus en public dans le but
d affaiblir le respect dû à l'autorité française".
En
1914,
il se fait de nouveau punir
disciplinairement pour "immixtion dans le règlement d'affaires
publiques" et "attitude non seulement offensante mais
menaçante pour le Résident".

Loin de lui nuire, ces condamnations trop
indulgentes, servent son prestige. Il s'en fait une auréole et
persuade ses amis qu'il fait peur à l'autorité par sa propre
puissance et celle de ses amis d'Europe. Aussi son arrestation
a-t-elle produit à Porto-Novo et ailleurs une véritable stupeur.
Intimement lié avec Aminou Balogoun il est le
principal des "Chers amis" de Stephany et consorts. Il met au
service de la propagande communiste l'influence du
groupement qu'il préside sous le nom de Section PortoNovienne de la Ligue des Droits de l'Homme. Il est abonné au
Paria qu'il aide à diffuser. Au cours d'une instruction ouverte
contre les promoteurs d'une souscription en faveur du
condamné Hunkanrin, une perquisition est ordonnée chez lui
par le Magistrat du Tribunal de l'instance de Cotonou chargé de

l'affaire.

Plusieurs mois après, poussé sans doute par le
grand chef de fête Hunkanrin, il déP°sa une p'al^
calomnieuse contre le Commissaire de Poice
francs
condamné pour ce fait à un an d'emprisonnement,1000 francs
d'amende et 3 000 francs de dommages-intérêts
P
civile.
demandé à ^P^^^^ZSX^'s^r
Dakar. Il est dirigé par
23 Avril
Dakar par Vapeur "Asie" quittant Cotonou le 23 Avril.

MEMOIRE DU BENIN N° 3

71

L’ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

des intermédiaires leurs sont nécessaires pour correso'
avec les personnalités d'Europe, personnalités quy^

connaissent pas d'ailleurs et n'auraient sans doute /
connues sans ces intermédiaires. On peut donc penser^
ceux-ci sont aussi coupables sinon davantage. //
malheureusement plus difficile de les prendre en flagrant d?
Ils sont étroitement surveillés et il est à croire qu'ils subiront
ou tard le sort qu'ils méritent. Un seul a été arrêté. C'est
jeune homme nommé Etienne Tété, né à Ouidah et dont^
famille est originaire d'Agoué.
a
Dès son enfance il se révèle d'un caractère
indépendant et indiscipliné, d'une nature paresseuse et
aventureuse. Il quitte sa famille, voyage et vit de métiers divers.
Ayant réussi en 1914 à aller en France comme domestique à
bord d'un bateau des Chargeurs, il s'engage en 1915. Il n'est
pas possible d'établir exactement ses états de service, car il ne
peut ou ne veut produire son livret qu'il dit avoir égaré. En 1917
il revint quelques mois en congé au Dahomey. Libéré à
Vincenne en 1919, il vient en 1920 à Grand-Bassam chez un de
ses frères, puis regagna la France où il resta jusqu'en 1921. Il
n’est pas possible de savoir quelles y furent ses occupations. Il
vivait, dit-il des subsides d'une Dame. Dès son arrivée à PortoNovo, il se fit remarquer par son attitude insolente et ses
interventions injustifiées dans certaines affaires. Il vit ainsi
d'expédients, utilisant ses connaissances rudimentaires et
l'expérience dont il se targue en faveur de ceux qui peuvent le
payer.

Il n'est pas possible de trouver la preuve de ses
relations directes avec le parti communiste mais il n'est pas
douteux qu'il n'en soit un des plus ardents partisans. Il a toute
la confiance d'Hunkanrin et devient le principal secrétaire d'Ony
Bello et de Aminou Balogoun. Il est donc au courant, si même il
ne les dirige pas, des relations épistolaires de ces derniers
avec l'Union Intercoloniale.
"Libre,
indépendant,
courageux" selon leS
expressions mêmes d'Hunkanrin (pièce N°5) n'ayant rien à
perdre, trouvant dans le métier d'agitateur la satisfaction de ses
goûts de désordre et de paresse en même temps que sob
profit, Etienne Tété s'il restait au Dahomey, y prendrait vite la
place de son digne chef Hunkanrin.

Ffionnû TA^ln0u Bal°9oun, Ony Bello et leur secrétai#
oui rnn^té font ^chec à Autorité française, mais sauf en
qui concerne ieurs relations avec lés personnalité
MEMOIRE DU BENIN N° 3 _ ________________________

CISLAM AU

communistes de France, ils le font
d'une façon assez agissante pour altirer

------du moins

Mouteirou Soulé rest
*
dans l'ombre ^11 est^ h Had'
notoriété publique que son action <• eS(f cePendant de
^opposition est prépondérante et gu'// en e^ ie'XS

sans le consulter et s^prendm se7drecbves - ce^ont ses

agents d exécution.
i
^>t=i
dans ,es documents saisis, on ne trouve
le nom d El Hadj Mouteirou. Il ne semble pas être en relations
directes avec Hunkanrin ; il le trouve sans doute trop
compromettant. Il n écrit pas en France, il n'en reçoit pas de
correspondance. Il se méfie des indiscrétions de la Poste et des
perquisitions : aussi, il envoie ses lettres par Lagos (Nigeria) et
s'y fait adresser les réponses. D'après ses coreligionnaires qui
tous amis et ennemis le considèrent comme chef des
dissidents, il est en relation avec les partis avancés d'Egypte.
Son action influente sur le parti dissident
musulman de Porto-Novo date de longtemps. Déjà en 1923 M.
Le Hérissé, Résident de Porto-Novo, le signale à la tête du parti
des El Hadjs, qui veut obtenir de /'Administration la désignation
d'un Imam autre que celui nommé par le Chef Supérieur.
A la même époque, El Hadj Mouteirou Soulé
adresse au nom de ses coreligionnaires une pétition au
Résident de Porto-Novo pour demander l'autorisation de régler
eux-mêmes leurs différends, au lieu de les soumettre aux
tribunaux réguliers ; il exprime même le désir que les prévenus
musulmans ne soient pas incarcérés à la prison commune, leur
soient confiés et surtout ne traversent pas les rues de PortoNovo avec les menottes et encadrés d'agents de police.

Accéder à ses désirs aurait eu pour conséquence
de reconnaître une situation politique spéciale à un groupement
religieux, accepter la formation dun état da™ IE
/'Administration locale ne pouvait entrer dans cette voie.

Ces deux échecs ont ravivé l'hostilité du parti
jeune musulman.
Fn 1920 la mort de l'imam Khassoumou et la
dds'9nat'on das°a^c9as^a^j^O
on
jfj^ourSouléUest encor^éeia
Z\Tpa^^ ddi refuse de reconnaître notable ta

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 73

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo
nomination de l'imam El Hadj Lawani, faite selon la tradit^'
le Chef Supérieur Houdji. Il ne veut reconnaître '°npsr
puissance religieuse de Saroucou - fils de l'ancien
*?
Ia

Bawala, nommé autrefois par le roi Méckpon
Sohingbé.


nA9rtl
re

Dans sa colère de voir encore une fois le Par{j
jeune musulman écarté de la direction des affaires musulmanes
de Porto-Novo, il se laisse aller en public à insulter gravement
le Chef Supérieur Houdji et à déclarer que les musulmans ne
doivent pas reconnaître l'autorité des chefs fétichistes locaux.

Les renseignements recueillis par le Capitaine
André sur Mouteirou Soulé auprès de ses coreligionnaires
complètent heureusement cette étude. "C'est lui qui pousse"
Saroucou à désobéir; "dit l'imam officiel, El Hadj Lawani et un
autre musulman influent, le nommé Youssoufou Ankoli déclare
que Mouteirou Soulé, qui a pris le costume égyptien à son
retour de la Mecque et d'Egypte a, de concert avec Ony Bello,
créé une Association secrète pour élever le prétendant évincé
Sohingbé au trône.
De tout ce qui précède, il est aisé de conclure que
Mouteirou Soulé est un homme dangereux.
Bien qu"il soit impossible de fournir des preuves
matérielles de sa participation aux derniers événements, sa
conduite antérieure, son état d'esprit et ses relations suivies
avec les principaux agitateurs le désignent comme un de leurs
meilleurs comparses.

Agent de liaison entre les propagandistes d'Egypte
et ceux de Paris, tous inspirés par Moscou et Berlin, il est un
des hommes qu'il serait imprudent de laisser encore su
Dahomey les mains libres.

Un non moins indésirable est la présencei
Dahomey de Gandonou Kry qui est un des pnncip
agitateurs de la Subdivision Banlieue.
Son action néfaste a retenu juscju',c^^uf
l'attention de l'Administration locale, car elle peut s'exerc
une population très dense d'environ 100 000 habitants.

L'enquête qui se poursuit sur les événements
banlieue intimement liés à ceux de la ville de ^orto'rûLlpe
démontre Gandonou Kry comme l'un des dirigeants dui Q1 $
important formé par tous les princes dissidents des di
familles royales non régnantes.
MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 74

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

Il est considéré par tous les chefs de la banlieue,
et particulièrement par le Chef Supérieur des Toris, Adjohon,
comme un véritable bandit, tenant ses adversaires en respect
par la crainte.
Au cours des débats de la dernière affaire devant
le Tribunal de cercle de Porto-Novo son action politique hostile
à l'autorité française a été nettement établie : il est le conseillé
intime des cinq notables, appartenant comme lui aux anciennes
familles royales, qui ont déclenché le mouvement de rébellion à
Porto-Novo.

Sa participation aux faits de rébellion et
d'excitation aux troubles n'a pas été retenue par le Tribunal de
cercle mais il n'en est pas moins vrai que les relations
fréquentes qu'il a eues pendant la période de trouble avec tous
les agitateurs le désignent comme un individu dangereux que la
Colonie aurait tout intérêt à voir momentanément éloigné.

De même que Mouteirou Soulé, Gandonou Kry a
joué dans tous ces événements un rôle de comparse assez
difficile à établir mais qui n'en subsiste pas moins et s'est révélé
comme très important - Tous deux rentrent dans la catégorie
des
individus
dangereux
sur
lesquels
vous
avez
particulièrement attiré mon attention dans votre câblogramme
N° 141.
J'estime nécessaire pour la tranquillité du pays de
les éloigner tout au moins, momentanément de la Colonie.

Comme conclusion au présent rapport, j'ai
l'honneur de vous demander à nouveau, d'abord le transfert
dans une prison d'une autre Colonie, puis l'internement, des
quatre individus condamnés par le Tribunal de cercle dont les
noms suivent :
Ony Bello pour une durée de 10 ans
Aminou Balogoun

-

10 ans

Etienne Tété

-

5ans

Gandonou Kry

-

5ans

Je propose en outre l'internement immédiat de
Mouteirou Soulé pour une période de 5 ans.
En ce qui concerne les quatre premiers,
l'internement au titre politique suivrait immédiatement leur

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 75

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo
libération mais pour Ony Bello et Gandonou Kry,
accessoire de l'interdiction de séjour ne se cumulerait pa
**
la peine de l'internement.
av®c

1'*

L'éloignement de ces individus qui auraient ré
à s'imposer comme "meneurs" d'une population suffisant1
indisciplinée, sera d'un salutaire exemple.
ment

Il engagera les Porto-Noviens qui sont aussi naïfs
que frondeurs à plus de méfiance vis à vis des aventuriers qui
cherchent à les tromper pour la satisfaction de leurs ambitions
et à plus de confiance dans une administration qui s'efforce de
les conduire honnêtement dans les voies droites et saines du
progrès.

Conformément à l'article 102 des instructions sur
l'indigénat (10 Juillet 1918) suivies du décret du 7 Décembre
1917, M. /'Administrateur en Chef, Commandant le cercle de
Porto-Novo, m'a fait parvenir le rapport circonstancié et motivé
qui m'a permis de formuler les propositions ci-dessus.

Signé

* Il s'agit de GANDONOU KLI

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 76

Fourn

ÇISLAM. AU^ DAHOMEY^ Les^ musulman de Porto-Novo

2.5
LA QUESTION ISLAMIQUE AU DAHOMEY

(Rapport politique du Gouverneur du Dahomey
au Gouverneur Général de l'AOF)
^Daté également du 21 avril 1923, le présent rapport loin d'étre une
étude sur la question islamique du Dahomey ne porte que sur la uuestion
musulmane à Porto-Novo. Signé de FOURN, Gouverneur du Dahomev U
est adressé au Gouverneur Général de l'AOF pour être exploité parte
Section des Affaires Musulmanes de la Direction des Affaires Politiuues

Le 21 Avril 1923

fi. P.

N'210
SECRET
Question islamique
au Dahomey

(Direction des Affaires Politiques et Administratives)
Section des Affaires musulmanes

Dakar

Par câblogramme N°129 en date du 5 Avril, vous
m'avez prié de vous faire parvenir un rapport spécial, demandé
parle Département, sur la question de l'islamisme au Dahomey
et le rôle joué par le Comité local Franco-Musulman avant et
après les événements de Porto-Novo.

Je
confirme
à
ce
sujet les
diverses
communications antérieures sur ce point el.nota^e,n‘,_
lettres N"312 du 12 Juin 1914 et 29s du 1er
ces derniers documents vous ont
/923
bordereau annexé à ta lettre N'142° du 24 Mars 1923
concernant Sohingbé.

MEMOIRE DU BENIN N°3 - 77

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo

D'autre part, vous avez mis à ma disposition n
la nouvelle étude demandée, M. le Capitaine André, chargé
Gouvernement Général du Service des Renseignements et qU
Affaires Musulmanes.
es

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint u
exemplaire du rapport qui m'a été remis par cet Officier.
Un
Ce rapport rédigé avec conscience et précision
présente un grand intérêt. Etabli par un homme non averti de la
situation locale, il met en lumière certains points litigieux qui
confirment les études antérieures et met au point une question
qui trouble depuis de nombreuses années la vie intérieure de
Porto-Novo.
Les relations du parti dissident musulman de ce
cercle, avec certains partis communistes d'Europe sont
nettement établis ; d'autre part, certains renseignements
recueillis laisse soupçonner les contacts de ce même milieu,
par la Nigeria et le Soudan Egyptien avec les éléments
orientaux.

J'attire tout particulièrement votre attention sur ce
document fort intéressant traitant de la question islamique à
Porto-Novo.
Je ne l'analyserai pas en détail mais j'en retiendrai
une des conclusions, savoir, que la question musulmane de
Porto-Novo n'est pas une question religieuse mais bien une
question de politique intérieure.

Le groupement musulman de Porto-Novo d'origine
récente s'est formé avec l'assentiment des rois fétichistes : ces
rois s'étant réservés le droit de désigner les chefs de /a
collectivité musulmane, tant politique que religieux.
Depuis l'arrivée des musulmans dans la région de
Porto-Novo, les représentants des deux branches royales de
Hapon et de Messè
*
se sont succédé sur le trône de Porto'
Novo. La première à tendance francophile a eu successivemen
comme représentants, Sodji, Toffa, Gbédissin et enfin le Chef
Supérieur actuel Houdji. La seconde, opposée aux França^
n'a eu qu'un seul représentant, le roi Méckpon : soni ''
Sohingbé fut évincé à la mort de Toffa en raison de son attituc
nettement hostile à notre cause.
Ces rois désignèrent successivement les
dans les familles musulmanes qui leur étaient attachées
soutenaient leur cause. Suivant la branche au pouvoir,

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 78

IJSLAM AU_ DAHOMEY ■■ Les musulman^ de Porb,-N„v„
imams appartenaient donc, au partif^Z^

hostile à notre intervention au Dahomey.
P 6 °u â celui
Jusqu'en 1919 tous les musulman
accepté la tradition locale et l'autorité des rois jusqu'à fe S
de l'imam Khassoumou, le parti jeune musulman rompant avec
la tradition ne voulut pas reconnaître la nomination par le Chef
Supérieur Houdji de l'imam Lawani, sous prétexte que le nouvel
Imam devait être choisi dans la famille de Bawala. Il n'acceote
pas cette désignation et déclare comme son Imam le nommé
Saroukou dont le père Bawala avait été l'imam protégé du roi
Méckpon.
y

La question de I Imanat à Porto-Novo se rattache
étroitement à une querelle dynastique des familles royales
fétichistes et le parti jeune musulman, soutien de la branche
royale évincée n'a plus vu depuis Bawala le roi ou Chef
Suprême, appartenant à la branche de Hapon, choisir l'imam
dans son clan. C'est du fait d'avoir été ainsi écarté de la
direction des affaires musulmanes que ce parti jeune musulman
cherche à créer sans cesse des difficultés à l'Administration.

Il est donc permis d'affirmer que la question
musulmane de Porto-Novo est une question politique dont
l'autorité locale doit tenir compte et non une question
religieuse dont le règlement ne lui appartiendrait pas.
En ce qui concerne le rôle du Comité FrancoMusulman, j'ai déjà signalé son intervention dans les
correspondances antérieures et notamment dans une lettre du
28 Avril 1922 où j'enumérais les différentes questions qui
troublaient la situation politique du Bas-Dahomey. J'ai repris à
nouveau cette question dans mes premiers rapports sur les
événements actuels de Porto-Novo - (lettre N°92s en date du 7
Mars 1923 et mémoire introductif d'existence expédié par lettre
N°159s en date du 25 Mars).
Les dirigeants de la section de ce Comité de
Porto-Novo se sont trouvés intimement mêlés aux derniers
événements. Cette section, non reconnue par le Gou^^^e ■
local, ne forme qu'un maillon dans la chaîne des ia'^
t
se nouent dans les milieux indigènes, intrigues
d;rjaeants
ne parviennent pas en France à la connaissance
du Comité Central Franco-Musulman.
$
J'ai déjà exposé cette situationdans^a lettre^

Où je faisais remarquer que l'Ad^nistr^ n IrHomme et ,e
aucune façon mêler la Ligue des Droi °
t
Mais ia
Comité Franco-Musulman aux incidents actuel

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - 79

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulman^ de Porto-Novo
constatation maintes fois faite que les différents élément
*
affiliés à un groupement métropolitain étaient aussi rattaché
*
aux groupements voisins y compris les groupements subversif
*
tel celui du "Comité d'Etudes Intercoloniales", était de nature è
retenir l'attention du gouvernement local. Il est inadmissible qUe
sur place les éléments autochtones rattachés aux trois
groupements, Ligue des Droits de /'Homme, Comité FrancoMusulman et Parti Communiste, aient entre eux des liens très
étroits ; j'étais donc préoccupé de l'affinité que pouvaient avoir
entre eux les groupements centraux de Partis.

En ce qui concerne particulièrement le Comité
Franco-Musulman, je demeure encore persuadé que non
seulement il n'a jamais cité les ressortissants à la rebellion mais
qu'au contraire il a donné à maintes reprises de sages conseils
à ceux qui lui avaient exprimé le désir de faire partie de son
groupement.
J'estime cependant que ce même Comité fait
preuve d'imprudence en acceptant parmi ses membres des
indigènes dont il ignore la religion véritable et la mentalité. Dans
le cas particuier de Porto-Novo, il est reconnu que bon nombre
des indigènes qui se disent faire partie ici de cette association
ne sont musulmans qu'en surface et ne cherchent à créer des
relations en Europe que pour les mettre au service de l'action
politique qu'ils poursuivent à l'intérieur de la Colonie.

C'est ainsi que le Comité a accepté ces dernières
années de suivre des déclarations émanant d'éléments locaux
fétichistes ou catholiques. De ce fait, son action a dévié du but
véritable qu'il s'était assigné.
Les membres
Novo se servent pour leurs
à lettres à entête portant le
110 Rue Demours - Paris -

supposés de ce Comité à Portocommunications locales de papiers
cachet officiel du Siège du Comité,
: ce papier, dont je vous envoie un

L'ISLAM AU DAHOMEY : Les musulmans de Porto-Novo
limitant son action au but prévu par l'article 1er de ses statuts,
qui spécifie que cette association a pour but d'améliorer là
situation morale, intellectuelle, économique, administrative et

politique des populations musulmanes de l'Afrique du Nord
Française.
Par suite des difficultés de communication avec
Lagos, le Capitaine André a dû prolonger son séjour à PortoNovo. je l'ai donc chargé d'une étude complémentaire sur
quelques écoles coraniques du chef-lieu et sur la personnalité
des musulmans ayant accompli le pélérinage de la Mecque.

Signé FOURN

* Cinq lignées royales descendant des fils du fondateur du Royaume de Xogbonou se sont de

droit succédé au trône.
Ce sont, dans l'ordre de succession des fils :
Dè HYAKPON (et non HAPON comme écrit dans le rapport), Dè LOKPON, Dè HUDÉ, Dè MESSE
et DÈHWIN. Mais ce droit, progressivement se limite à trois puis à deux lignées, celle de Dè
MESSE dont descend le roi MEKPON (1864 - 1872) et celle de Dè LOKPON et non celle de
HAKPON (Dè HYAKPON) comme le prétend le rapport et dont descendent Dè SODJI (1848 -

1864) et Dè TOFFA (1874 - 1908).

MEMOIRE DU BENIN N° 3 - «