An-Nasr Vendredi #354 (Ramadan : l'école de la vie)

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Title
An-Nasr Vendredi #354 (Ramadan : l'école de la vie)
Date
13 August 2010
issue
354
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190838
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An - nasr

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Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon

u te souviens en­
core, à n’en point
douter, de cette façon que
tes parents avaient d’accueil­
lir le mois du Ramadan. C’é­
tait un peu à l’image de tout
ce qui concernait la religion
d’ailleurs... tout était mêlé,
les habitudes, la culture de
là-bas,
les
tradition s Ramadan
des anciens
de la
et de la fa­
mille.
En­
fant, tu vivais et tu recevais
tout, naturellement, sans
grand discernement : tu sen­
tais la présence de Dieu, tu y
croyais, tu pratiquais par­
fois, sans trop savoir exacte­
ment le sens de tout cela, le
fondement des principes, le
pourquoi ou le comment. Tes
parents ont transmis sans
grands discours, sans trop
d’explications ni théories. Le

Ramadan était un moment
particulier, quelque chose
changeait, on se privait de
manger et de boire, pour
Dieu sans l’ombre d’un dou­
te, mais c’était surtout un
moment formidable pour la
famille. Tout n’était pas clair
mais quelque chose de pro­
fond t’a été donné. Au delà
de tout, le
: L’école mois Rama­
dan est un
vie
mois que tu
sentais,
et
que tu ressens encore. Au­
jourd’hui, autour de toi,
quelque chose
a changé.
Hier, tu sentais pourtant,
sans explication, qu’une di­
mension intime accompa­
gnait le jeûne. Dans la sim­
plicité, on essayait de chan­
ger, de reformer son compor­
tement, d’étre plus généreux,
de se rapprocher de Dieu.

Malgré les traditions ajoutées,
malgré parfois les trop nom­
breux festins, malgré les ex­
cès, la foi se manifestait avec
quelque intensité. Tes pa­
rents savaient te faire sentir
la présence de Dieu. Voilà
que l’on cherche désormais à
faire de ce mois un simple
moment de la convivialité, où
l’on festoie, mange du cous­
cous la nuit, avec cette peti­
te « touche »d’atmosphère
exotique et orientale qui fait
son originalité. Le Ramadan
devrait devenir l’expression
positive et enjouée de la pré­
sence des orientaux en Euro­
pe. Ainsi ,ces derniers ajoute­
raient un divertissement à
tous les autres divertisse­
ments connus sous nos lati­
tudes... Le pouvoir colonisa­
teur de la culture dominante
aurait cette force d’intégrer le
mois de jeûne et ses nuits
non au creuset de l’effort spi­
rituel de la privation (qui ne
serait plus qu’un prétexte)
mais plutôt dans la liberté of­
ferte à ces nuits de veilles...
Durant Ramadan ,on se re­
trouve en famille et entre
amis pour se laisser aller...
vivre la nuit, sortir , discuter,
autour des cafés, organiser
des soirées embuées. Et tant
mieux
si
les
«
non-

musulmans » participent à la
fête : le sommet de l’intégra­
tion, c’est aussi cette contri­
bution d’orientaliscr les Euro­
péens, même si, à la vérité,
on a quelque peu européani­
sé « quelque chose » qui nous
vient d’orient. Un mois de Ra­
madan très « culturel »...une
preuve, s’il en est, que la
culture dominante ne fait pas
de quartier.Tu peux sourire,
mais il ne faut pas te trom­
per. Derrière ces manifesta­
tions amicales et bon» « bon
enfant », il reste l’idée que la
contribution de ta présence
est surtout positive dans la
fête ...tu es accepté si tu sais
m’amuser. La société de
consommation propose une
intégration « new look », une
« intégration par le divertisse­
ment » : tu vaux par ta capa­
cité à te distraire, à t’ou­
blier... à faire oublier .Est -ce
donc cela ? A l’heure où tu te
prives de manger et de boi­
re, à l’heure où ta quête est
intérieure, à l’heure où tu te
souviens de Dieu, du sens de
ta vie, de la réalité de toutes
les misères et de toutes les
pauvretés... à
cette
heure
donc, tu n’aurais rien d’autre
à donner, à partager, que
l’oubli de soi. Le mois du Ra­
madan est une école de la

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vie où tu apprends exacte­
ment le contraire : ici, tu re­
trouves le sens de l’effort, re­
noues avec le questionnement
des profondeurs de la cons­
cience, tu es, enfin, au-delà
de ce que tu as et tu cherches
à illuminer ton cœur, prés de
Dieu, au service de l’humani­
té.
Quelle responsabilité est la
tienne ! Si tu savais ! Au
cœur de cet occident, tu es
un témoin et un rap­
pel .Pendant le mois du Ra­
madan, pendant la fête et
tout au long de l’annce, tu
portes une lumière. Quand,
autour de toi.,. tant et tant
d’étres cherchent à oublier
pour supporter la vie , se
noient dans le bruit, les lu­
mière et la nuit , quand être
se confond avec consommer,
quand le mal-être se cache
derrière 1’ agitation, quand la
pauvreté
s’ est banalisée
avec son lot « normal »de sa­
crifiés... alors ta présence doit
exprimer le sens, la spirituali­
té, la solidarité. Offrir le silen­
ce, vivre la prière et la médi­
tation, chercher la paix illu-.
minée de la nuit et, profon­
dément, la transparence du
jour .Aux jour des servitudes,
devenir le témoin de l’effort,
ami de la vrai liberté. Le mois

de Ramadan est la quête d’un
mois, à vivre toute l’année.
Sur la route, tu rencontreras
sûrement une femme ou un
homme désireux de compren­
dre et de te questionner :
heureux, si tu sais lui mon­
trer que tu es son miroir, rap­
pel de la foi, ami de la dignité.
La paix du cœur

Quel être humain pourrait au
cœur de son intimité, ne pas
connaître la violence : parfois
l’agressivité, parfois la haine,
parfois l’excitation d’un ins­
tinct destructeur, parfois la
colère. La maitrise de soi, la
sérénité, le respect de l’autre,
la douceur ne sont pas natu­
rels, mais s’acquièrent au
prix d’un effort personnel per­
manent. Tel est le lot des
hommes : ils abordent les ri­
vages de leur humanité par
un long travail sur soi, pense
et mesuré. Chacun le sait,
chaque cœur le sent.sur soi,
pensé et mesuré. Chacun le
sait, chaque cœur le sent.
Toutes les littératures sont
pleines, depuis l’aube des
temps, de la traduction de
cette tension qui tantôt s’a­
paise, tantôt s’agite, tantôt
déchire l’intimité des hom­
mes.

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De la Bhagavad Gita à la Thora et aux Evangiles, de Dos­
toïevski à Baudelaire, à l’hori­
zon humain reste le même. Le
coran confirme la plus quoti­
dienne des expériences : « Par
l’àme et ce qui l’a équilibrée et
lui a inspiré son libertinage ou
sa piété .11 sera certes heu­
reux celui qui la purifie, il cer­
tainement perdu celui qui la
corrompt. »
Les deux voies sont explicites
et s’appréhendent de façon à
la fois plus vive et plus morale
avec le souvenir de la vie de
l’au-delà. La vie est cette
épreuve de l’équilibre pour les
hommes capables du meilleur
comme du pire. La force spiri­
tuelle est signifiée par le choix
du bien, de la bonne action
pour
soi
et pour au­
trui : « C’est Lui (Dieu) qui a
। crée la mort et la vie pour
' vous éprouver et connaître ce­
lui d’entre vous qui agit le
mieux »
Reformer l’espace de son inté­
riorité, apaiser son cœur au
chevet de la reconnaissance
du Créateur et dans la densité
d’une action humaine et géné­
reuse, aimer dans la transpa­
rence et vivre dans la lumiè­
re, tel est le-sens de la spiri­
tualité islamique. Elle rejoint
l’horizon de toutes les spiri­
tualités qui exigent de l’hom­

me de se doter d’une force d’ê­
tre plutôt que de subir l’acharricment despotique d’une
vie réduite aux seuls instincts.
Cette tension vers la maitrise
de soi se traduit en arabe par
le mot jihad. Dieu a voulu la
tension et fait de sa gestion
l’une des conditions d’accès à
la foi et à l’humanité.
Le prophète (saw) demanda
un jour : « qui est donc le plus
fort parmi vous ? »Les compa­
gnons répondirent « Celui qui
terrasse son ennemi. »Et le
prophète (saw) de répon­
dre : « Non ; le plus fort est ce­
lui qui maîtrise sa colère »
Tariq

Ramadan

in

Entre

l’Homme et son Cœur

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vous souhaite un bon Ra­
madan

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vendredi
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