An-Nasr Vendredi #364 (Dialoguer avec Dieu)

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Title
An-Nasr Vendredi #364 (Dialoguer avec Dieu)
Date
29 October 2010
issue
364
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190835
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Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon

u as peur ? Le malaise
est profond ? Il faut re­
garder la réalité en face
et avouer ses sentiments
plus délicats. Il n’est jamais fa­
cile de supporter le regard et les
jugements des autres. Dans la
rue, tu perçois
très souvent des
signes d’agressi­
vités et de rejet et
tu fais face aux
célèbres délits de
faciès, de tenues vestimentaires
ou d’origine. Tu n’es pas comme
les autres et les autres s’arran­
gent bien pour te le faire sen­
tir...et tu le sens effectivement,
profondément. Tu peux faire
comme si tu ne voyais pas, tu
peux jouer la force et l’indiffé­
rence, tu peux être « au-dessus
de cela », mais le poison t’at­
teint à l’intérieur, au fond de
ton cœur, et te blesse. Par quel
curieux bouleversement tes

T

qualités se transforment désor­
mais en défauts : ta sensibilité
qui te permet de comprendre
les êtres humains et de les
les
écouter se retourne contre toi
quand ils ne te comprennent
pas. Hier, ton cœur était ta for­
ce,
face
à
leurs regards,
il est devenu
ta faiblesse...
difficile.
Tu
veux pourtant
vivre normalement, dans la dis­
crétion, la douceur et la frater­
nité. Ta foi t’enseigne à respec­
ter et à servir l’humanité, à en­
tretenir la création, à sourire
aux êtres...on te transforme,
jour après jour, en citadelle as­
siégée, crispée, retranchée. Le
malaise est là, et la crainte.
C’est une véritable épreuve, il
faut le connaître sans détour.
Certains ne la supportent pas
et choisissent la

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Certains ne la supportent pas et
choisissent la ressemblance qui
innocente plutôt que de risquer
la différence qui culpabilise. El­
les ou ils cherchent à faire dis­
paraître toutes marques distinc­
tives : des vêtements à la pensée
tout doit paraître « intégré »,
comme les autres...mieux dispa­
raître dans la foule que de vivre
l’enfer du malaise quotidien, de
leurs jugements, de leur arro­
gance. Ne pas être vu, pour ne
pas trop pleurer. « Être comme
les autres, c’est trouver la
paix, »...une illusion.
Tu le sais. Tu as parfois observé
cette volonté de disparaître des
autres, chez ton propre frère, ta
propre sœur... qui insiste et in­
siste jusqu’à l’excès pour prou­
ver qu’ils sont d’ici, pour faire
oublier qu’ils sont différents. Tu
sais la profondeur de leur malai­
se. Au fond, ils vivent la même
peur que la tienne. Quand on a
un cœur, une sensibilité, quand
on a besoin d’affection et de re­
connaissance, le regard et le ju­
gement des autres sont une réel­
le agression, une sombre violen­
ce. Que faire ? Faire comme eux,
penser comme eux, se soumettre
aux représentations symboliques
d’une société libérale très op­
pressive.
Où donc trouver la force
d’être et de résister ? Comment
répondre à l’appel de son cœur
sans se blesser et se déchirer

au contact d’une société de ju­
ges ? Qui donc peut t’offrir les
outils permettant de relever cet
intime défi ? Ma sœur, mon frè­
re, il est une école qui seule,
au demeurant, pourra insuffler
en toi l’énergie d’assumer tes
convictions en décuplant la
force de ta résistance : c'est
l’école du cœur et de la spiri­
tualité. Ici, on commence par

reconnaître ses faiblesses* à les
regarder en face et à les assu­
mer. On cherche à se connaître
pour pouvoir se reformer et se
dépasser. Tu le sais, au fond, le
problème, ce n’est ni les
« autres » ni leurs jugements...
c’est toi et ton cœur, c’est l’in­
tensité de ta foi, la nature de ta
spiritualité. La force de l’intimité
n’est pas le résultat d’une mise
en scène, jamais : on sait com­
bien sont intégrés en société et
déchirés, désintégrés, dans leur
intimité. Une illusion encore.
L’école de la spiritualité est
exigeante et son premier princi­
pe stipule que la force est à l’in­
térieur. Elle n’apprend pas à fuir
ses malaises et ses manques,
mais au contraire à les assumer
et à les orienter. Reconnaître ses
peurs et ses doutes, identifier les
blessures effectives est une éta­
pe déterminante de l’initiation
spirituelle. Dialoguer avec Dieu,
lui dire tes déchirements, lui

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confier tes faiblesses, lui offrir
tes fragilités est l’incontournable
étape de ta libération. Chercher
en ton cœur, tourner vers le
Très-Haut, le sens de la force, la
force de la patience, du courage,
de la conviction. Trouver la paix
à l’intérieur pour se libérer des
craintes de surface et des appa­
rences, tel est le chemin de l’exi­
gence spirituelle. Il y a la prière,
l’invocation, la méditation...il y a
le silence. Face à la dictature des
apparences, la libération est in­
térieure : si le monde entier ve­
nait à te juger, qu’importe ...dès
lors que Dieu te protège. Son
amour est ton bouclier qui, s’il
naît et touche les sources pro­
fondes de ton .être, rayonnera de
douceur quand on voudrait te
noyer sous l’agressivité. Ta force,
ta libération : offrir l’amour et le
respect lorsque l’on veut t’impo­
ser la haine et le rejet.

Pèlerinage: la sincérité de l’in­
tention

En ce moment où nos pèlerins
s'apprêtent à rejoindre la maison
sacrée de l’islam, lieu de ren­
contre avec l'Unique, nous avons

vu la nécessité, au regard de no­
tre contexte de revenir sur un
élément qui doit en tout temps
et en lieu, guidé les pas de tout
musulman surtout lorsqu'on a
décidé d'entreprendre ce voyage
plein d'enseignements et de bé­
nédictions.
Cet élément n'est
autre que la sincérité : « La sin­
cérité conduit au bien et le
bien conduit au Paradis », a
dit le Prophète Mohammad (psi).

Ailleurs, il nous apprend que
« Quiconque décida de faire
une bonne action, mais par la
suite ne la fait pas, Dieu lui
inscrit quand même une bon­
ne action ». Ces deux enseigne­

ments du saint Prophète révè­
lent ici toute l'importance de la
sincérité et de la bonne intention
pour le croyant dans sa quête de
la vie présente et de l'au-delà. La
sincérité (al-ikhlâs), est lune des
Boeuvres du cœur ; elle est mê­
me en tête des Boeuvres du cœur
car la sincérité est une condition
sine qua non de l'acceptation
des Boeuvres. Nous entendons
par sincérité (al-ikhlâs) la recher­
che de la Face d'Allah par
l'Boeuvre (c'est-à-dire la recher­
che de Son Agrément, Lui Seul)
et l'épuration de l'acte de toute

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L'ffloeuvre n'est alors accomplie
que pour l'agrément d'Allah Exalté Soit-il - pour la recherche
de la demeure de l'au-delà, sans
la mêler à ce qui peut l'entacher
comme les désirs immédiats de
l'ego, qu'ils soient apparents ou
cachés, l'obtention d'un gain,
l'assouvissement d’une passion,
l'accès à un poste, le gain d'une
somme d'argent, l'occupation
d'un rang dans le cœur des gens,
recevoir leurs éloges, ou fuir leur
dénigrement, satisfaire les gens
en général, ou complimenter cer­
tains en particulier, obéir à une
rancœur enfouie, une envie voi­
lée, ou pour un orgueil latent, ou
encore d'autres maladies, pas­
sions ou impuretés qui ont pour
base commune : rechercher par
l'Eoeuvre quelque bien de l'ici-bas
ou l'agrément de quelques per­
sonnes, en dehors de Dieu. La
base de la sincérité dans
l'Hoeuvre est la purification de
l'intention pour chercher Allah
Seul. Ainsi, la sincérité est l'op­
posée du mensonge qui, lui, mè­
ne au péché et celui-ci conduit
en Enfer. La sincérité est donc
l'une des qualités humaines les
plus fortement recommandées
par Dieu. Le musulman la consi­
dère comme un complément de
sa foi et travail de sorte qu elle
reflète sa vie quotidienne. Par
conséquent chers pèlerins
le
voyage que nous allons entre­
prendre est une quête de la satis­

faction divine, une réponse à
l'appel de Dieu, un accomplisse­
ment de l'injonction divine claire­
ment énoncée dans la Sourate 3,
Verset 97 « Et c'est un devoir en­
vers Allah pour les gens qui ont
les moyens, d'aller en pèlerinage
à la Maison sacrée . » En d’autres
termes, c'est être toujours dans
la dynamique de l'adoration et la
soumission ainsi que la perpé­
tuation de la tradition du prophè­
te (saw),une tradition héritée du
père du monothéisme, Ibrahim
(as). Alors armons nous de bon­
nes intention afin de bénéficier
des avantages liés à ce voyage
comme le prophète (saw) l'a dit
en ces propos : « Celui qui ac­
complit le pèlerinage sans
commettre d'actes impudiques,
ni de péchés, reviendra tel
qu'il était le jour où sa mère l'a
enfanté »
Rapporté par Al-

Bukhâri et Muslim.

La rédaction

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