An-Nasr Vendredi #370 (Al-sharî'a : comment la comprendre?)

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Title
An-Nasr Vendredi #370 (Al-sharî'a : comment la comprendre?)
Creator
Ibrahim
An-Nasr Vendredi
Date
3 December 2010
issue
370
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190819
extracted text
lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon

arler de la sharia et
permet de purifier la « sharia »
vous évoquerez dans
des acceptions erronées, des
la conscience collective
approches intellectuellement
ces images de flagella­
injustes et des applications
tions, d’amputés et lapidésquià trahissent la lettre et l’es­
mort. Ces images et propos
prit de la loi.
autour de ce
« Al-sharia » est
qu’on appelle
un
terme arabe
Al-sharî’a : comment la
communément
qui veut dire
comprendre ?
littéralement
et de façon gé­
« le chemin »,
nérique la « loi
plus précisément, c’est le che­
d’Allah » fait l’objet de crainte
min qui mène à la source.
de la part de beaucoup de
Dans le domaine de la ré­
musulmans. La peur s’ampli­
flexion juridique,
on com­
fie quand certains prédica­
prend par cette notion les
teurs clament haut et fort qu’il
prescriptions cultuelles et so­
faut « appliquer la sharia » voi­
ciales
(au sens large) tirées du
re « l’instituer contre vent et
coran et de la sunna.
marée ». Revenons à la réalité
La sharia comprend quatre
des notions et de leurs conte­
nus tels exprimée et vécue par
domaines ; la foi (aqidah), les
la première communauté des
pratiques cultuelles (ibadates),
musulmans avec a leur tête la
l’éthique (....) et les rapports
meilleure des créateurs, notre
sociaux. Les trois premiers do­
bien aimé Mohammad (sur lui
maines sont fixes. En effet les
la paix et le salut d’Allah). Fai­
prescriptions
comme les cinq
re ce recul historique n’a pas
prières, la zakat, la piété
pour but de fuir la réalité. Il

P

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filiale,
la notion de tawhid
(l’unicité d’Allah) et de chirk
(négation de l’unicité d’Allah)
resteront tels jusqu’à la fin des
temps. Par contre, le domaine
des affaires sociales (al mouamalate) est plus vaste et l’on
trouve dans les deux sources
(Coran et sunnah) un certain
nombre de principes et d’orien­
tations
que
les
légistes
(fouqahas) doivent respecter
quand ils formulent les lois qui
sont en prise avec leur époque
et leur région. Une remarque
de taille s’impose dès lors. La
sharia n’est pas a confondre
avec le fiqh (la jurisprudence).
Si la sharia est comme nous
l’avons démontrer une masse
( 3% des versets du coran) de
règles fixes et invariables et
des règles souples pouvant s’a­
dapter a tous les milieux, le
fiqh quant à lui est l’instru­
ment d’adaptation des ces rè­
gles aux différents problèmes
et faits sociaux.
La sharia est pourvue de ca­
ractéristiques propres qui font
d’elle un modèle de perfection
qui ne peut être atteint par le
droit positif.
Le premier et le plus détermi­
nant est sans doute son origi­
ne. L’Auteur de la sharia est
Allah, et ses dispositions visent
à mettre en relation les gens

avec leur Créateur. Par consé­
quent, le musulman doit se
conformer à son contenu. La
parole de la perfection (le Co­
ran) nous rappelle ceci :
« Il n’appartient pas à un
croyant ou à une croyante,
une fois qu'Allah et Son Mes­
sager ont décidé d'une chose
d'avoir encore le choix dans
leur façon d'agir. Et qui­
conque désobéit à Allah et à
Son Messager, s’est égaré
certes, d’un égarement évi­
dent. » Sourate Les coalisés,
verset 36.
Il résulte de son origine divine
trois conséquences. Il s’agit du
caractère complet de la sharia.
La Loi d’Allah ne manque d’au­
cun des éléments qui doivent
la constituer. C’est une œuvre
achevée et dénuée de carences.
Il n’a point besoin ni révision
ni de relecture.
La sharia est ensuite infaillible,
ce qui la préserve de l’injustice
et de l’impartialité. Sa puissan­
ce réside dans le fait qu’elle
s’appuie sur la justice absolue
d’Allah, loin de la corruption.
Elle a enfin, pour le musul­
man, un caractère sacré, invio­
lable et fait l’objet d’un senti­
ment de révérence.
Une autre caractéristique de la
sharia est sa globalité. Elle est
globale dans le temps et dans

r
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i-------------------------------------------l'espace. C’est la lumière Divi­
ne qui doit rayonner sur toute
la planète. La sharia s’adresse
au genre humain dans son en­
semble. Parlant de son messa­
ger, celui qui a eu la haute
charge de nous enseigné l’i­
slam, Allah dit:
« Et Nous ne t'avons envoyé
qu'en tant qu'annonciateur
et avertisseur pour toute
l'humanité. Mais la plupart
des gens ne savent pas. »
Sourate Sabâ, verset 28. Il
ajoute par ailleurs : « Et Nous
ne t’avons envoyé qu'en mi­
séricorde pour l'univers. »
sourate Les Prophètes, verset
107.
La sharia traite de toutes les
affaires de la vie, elle indique à
l’homme le bon chemin de la
foi, elle lui montre clairement
les conditions et les effets de sa
lieutenance [sur terre]. La ré­
alité du monde ne nous dit pas
le contraire. Les pistes pour
sortir de la crise financière est
un peu passée par là.
La sharia a enfin un caractère
réaliste. Elle tient compte de
l'évolution de la société et de
la nature humaine. La réalité
des musulmans est prise en
considération lorsque l’autorité
légifère, cet intérêt apparaît
dans le fait que la sharia
consacre le principe d’allége­

ment (et de suppression de la
gène). Il existe l’allégement par
exemption où la rigueur du
respect de la qibla durant la
salât cesse pour celui qui a
une excuse légale, de ce fait le
fidèle accomplit sa prière en
s’orientant vers une direction
qui n’est pas nécessairement
celle de la Mecque. A cela s’a­
joute l’allégement par l’alterna­
tive, telles que les ablutions
avec une matière autre que
l’eau (ablution sèche ou tayammum), en cas de maladie ou de
pénurie d’eau, ou encore la
consommation d’un aliment il­
licite en cas de contrainte. Le
Coran dit :
« Certes, Il vous interdit la
chair d’une bête morte, le
sang, la viande de porc et ce
sur quoi on a invoqué un au­
tre qu’Allah. Il n’y a pas de
péché sur celui
qui est
contraint sans toutefois abu­
ser ni transgresser, car Allah
est Pardonneur et Miséricor­
dieux. » sourate Baqara,verset
173.
Contrairement à ce que pense
le commun des mortels, la sha­
ria réunit donc deux qualités
importantes : La constance
(haute expression de sa puis­
sance) et la souplesse (grande
faculté d’adaptation).

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185

Sa constance apparaît dans ses
fondements, son essence et ses
textes établis, quand à sa sou­
plesse, elle apparaît dans le
traitement des choses secondai­
res, partielles ou conjecturelles.
En d’autres termes sa constan­
ce lui permet de se différencier,
de s’illustrer et de se démar­
quer des autres lois résistant
ainsi à toute dénaturation ou
corruption.
Sa souplesse lui confère le pou­
voir de s’adapter aux exigences
du moment, de se mettre en
harmonie avec les circonstan­
ces du milieu et d’opérer toute
actualisation nécessaire.
Ce tour d’horizon fait sur la no­
tion de sharia nous renvoie à
une question fondamentale :
faut-il nécessairement un Etat
pour « appliquer la sharia »
d’Allah ? La réponse est non.
Pour le musulman d’ici et d’ail­
leurs, prononcer l’attestation de
foi, prier cinq fois par jour ,
donner la zakat, jeûner pen­
dant ramadan et faire le pèleri­
nage, c’est déjà appliquer la
sharia. Au demeurant, il serait
plus exact de dire que vivre,
manger, dormir et répondre a
toutes ces besoins dans le rap­
pel et la présence du Créateur,

c’est appliquer la sharia. Dit
autrement c’est être sur le che­
min de la source .

Ibrahim

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