An-Nasr Vendredi #220 (Comment concilier destin et libre arbitre)

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Title
An-Nasr Vendredi #220 (Comment concilier destin et libre arbitre)
Date
15 February 2008
issue
220
Spatial Coverage
Israël
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190753
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Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louangesde ton Seigneuret implore son pardon

’hom m e doit œuvrer pour sa
moindres détails. Cette connaissance
réussite ici-bas et dans l’auantérieure des évènements, ou si l’on
delà sans se préoccuper du
veut, œtte prescience ne constitue point
destin. Celui-ci étant un phé­
un obstade à l’exercice du libre arbitre ;
nomène complexe que seul Dieu
elle n ’empêdie nullement les hommes
connaît. Le Prophète (PSL) a déconseillé
d’agir selon leur volonté. Car toutes les
de polémiquer sur ce sujet qui a causé,
activités humaines, les évènements et les
leur dit-il la perte de ceux avant vous.
conséquences qui en résultent qu’on ap­
(Tirmidhi)
pelle destin ne sont que la manifestation
Les pieux p ré d é c e s s e ç m s n o u ^ o n tlé g u ii^ c l’uncMaartiede ce système de causalité
cette
fonctionnant dans la
maxime :
« Comment concilier destin
sphère de la Volonté et
et libre arbitre
Œuvre pour
de la Prescience divine.
ta vie comme
C’est bien là le sens des
si tu vivais éternellement et œuvre pour
versets d-après : « N u l m alheur n ’a t­
ta vie future comme si tu allais mourir
teint la terre n i vos p erso n n es q ui n e
demain »
so it enregistré dans un livre avant
Le destin est un ensemble de phénom è­
que N o u s ne l'a yo n s créé ; e t cela e st
nes dont la nature, le mécanism,e, les
certes facile à A llah » C57 V22
« Vous n e saurez vouloir que si Allah
conditions d’apparition ou de survenanœ ne sont connues que de Dieu seul.
veut, L u i le Seig n eu r des m o n d e s»
Le destin c’est l’existence même, c’est le
C81V29 ; C 7 6 V 3 0
futur par rapport à l’homme et c’est l’ac­
Par ailleurs, les déterministes s’appuient
tualité par rapport à Dieu !
sur œs- versets et les versets suivants
La Science et la Volonté de Dieu précé­
pour dire que l’hom m e n ’est pas libre
dant toute chose. La question de conci­
dans ses actes: « A lla h vous a créés
liation du destin avec la liberté humaine
vous e t vos a étions » C 37 V6
trouve sa réponse dans le fait que Dieu a
« Celui que Dieu veut guider, il lui ouvre
une parfaite connaissance des évène­
la poitrine à l’islam. E t quiconque II veut
ment qui affectent les individus et les
égarer, Il rend sa poitrine étroite et gê­
sodétés de toute espèce dans leurs
née, comme s’il s’efforçait de m onter au

L

3

fié un peuple avant que ce peuple change ce
qui est lui » C8 V53
« Tout homme est tenu pour responsable
de ce qu’il a accompli » C52 V21
« Celui qui se présentera avec une bonne
action recevra en récompense dix fois
autant ; et celui qui se présentera avec une
mauvaise action ne sera rétribué que par
son équivalent. Personne ne sera lésé » Ci
V160
« Q u’est-ce qui vous a précipité dans saqai
? Ils diront « Nous n’étions pas au nombrt
de ceux qui prient ; nous discutons vaine­
ment avec les amateurs des disputes ; Noir
traitions de mensonge le jour du jugemeri
jusqu’au moment où la certitude s’est impo
sée à nous » C74 v42-47
Les m ou’tzilites disent que Dieu guide cela
qui veut être guidé et abandonne ;
l’égarement celui qui s’égare. Le verbi
vouloir figurant dans les versets concernât
la guidance et l’égarement, pour le
m ou’tzilites
ce verbe se rapporte :
l’homme et non pas à Dieu.
Comme c’est le cas du verset suivant, selor
lequel Dieu guide celui qui se repent : « Di
: « En vérité, Allah égare qui II veut ; et I
guide vers Lui celui qui se repent » » Cl
V27
Ils citent l’exemple des enfants d ’Israël qi
furent la cause de leur propre déviation t
malédiction : « Puis quand ils dévièreir
Allah fit dévier leurs cœur » Cól V5
« E t puis, à cause de leur violation c
l’engagement, nous les avons maudits i
endurci leurs cœurs : ils détournent 1<
paroles de leur sens et oublient une part
de ce qui leur a été rappelé C5 V I3 »

ciel. Ainsi Allah inflige Sa punition à ceux
qui ne croient pas » C6 V I25
« Mais Allah égare qui II veut et guide qui II
veut » C35 V8 ; C14 V4 ; C16 V93
Il est bien connu que l’école ash’arite,
réputée pour ses thèses déterministes, a
exagéré l’emprise du destin sur l’homme
ôtant à celui-ci tout pouvoir et toute liberté
d ’actions, affirmant que l’homme n’a ni
capacité ni choix, il est dirigé comme un
robot, n’ayant nullement le choix de ces
actes. Elle s’appuie sur le sens littéral de
certains versets du coran, considérant toute
action comme l’effet direct et immédiat de
la volonté divine.
A cette école, s’oppose l’école mou’tazilite
qui semble avoir exagéré, quant à elle, le
pouvoir et le choix de l’homme à telle
enseigne qu’elle a dénié à Dieu toute
intervention ou choix dans les actions
humaines, prétendant que l’homme est
totalement libre et qu’il est le créateur de ses
actes, lesquels ne sont connus de Dieu
qu’après leur réalisation.
Les mou’tazilites invoquent de leurs thèses
la justice divine. Ils soutiennent que la
responsabilité des hommes implique qu’ils
soient les créateurs de leurs actes sinon
Dieu serait injuste car il a créé en eux la
désobéissance, le pêché et il les a châtiés
pour cela. Ils tirent leur argument des
versets coraniques suivants : « Malheur à
ceux qui écrivent le livre de leurs mains, et
qui disent ensuite, pour en retirer un vil
profit : « Ceci vient de Dieu ! » Malheur à
eux ! A cause de ce que leurs mains ont écrit.
Malheur a eux ! A cause de ce qu’ils ont fait
» C2 V79
« Il en est ainsi, parce que Dieu ne change
pas un bienfait dont il a grati
4

Tout cela prouve, affirment les mou’tzilites,
que l’homme seul forge et crée ses actions.
L’école de Ahl Assunna wal Jamaa a
emprunté une voie médiane basée à la foi
sut la révélation et la raison. Elle suggère
que tout ce que les hommes font se situe
dans le cadre de la volonté et de la
। prescience divine. Notre libre arbitre,
disent-ils, s’exerce dans les limites de
i l’Ordre établi par Dieu et en parfaite
: harmonie avec la Volonté de Dieu qui prime
celle de l’homme.
! Cheick al-Islam Ibn Taimiyya définit ainsi
Î
qu’il suit la doctrine de Ahl Assunna wal
► Jamaa sur le destin, à savoir que Dieu est le
Créateur, le Seigneur et le Souverain de
i toute chose et cela englobe toutes espèces
existant par elles-mêmes ou par leurs
x
attributs y compris les actions humaines et
“ autres. Ce qu’il veut, Gloire à Lui, est, et ce
e
qu’il ne veut pas n’est pas. Rien ne se trouve
dans l’existence sans Sa Volonté et Son
Pouvoir, rien ne Lui est impossible, Il est
Omnipotent et est Capable de faire tout ce
)ï qu’il veut. Il connaît, Gloire à Lui, ce qui
I
était, ce qui sera, ce qui ne sera pas et
11
comment ce serait si c’était et cela englobe
toutes les actions humaines et autres. Allah a
V prédéterminé le destin de Ses créatures
t
avant qu’Il les crée : Il a déterminé leurs
termes, leurs richesses et leurs actions et a
■ écrit tout cela et a écrit leur devenir heureux
«
( et malheureux, ils (Ahl Assunna wal Jamaa)
croient qu’Il a créé toute chose et qu’Il est
Capable de tout faire et que tout existe selon
Sa volonté, que Sa science précède toute
chose, qu’Il a prédéterminé et écrit toute
chose avant sa création. »
P
__________________

D ’après ladite école, les actions créées par
Diéu dans l’univers se divisent en deux
parties :
La première partie concerne les faits relevant
des lois de la nature où l’homme n’a pas le
choix comme la pluie, le vent, la germination,
ces choses,relèvent de la Volonté et des Seuls
Attributs de Dieu.
La deuxième partie est composée des actions
dépendant de la seule volonté humaine car
Dieu a laissé aux hommes le choix en cela.
L’homme a la capacité de repousser des
destins liés à son libre choix et qui entraîne
châtiment et récompense : ainsi la prière, le
jeûne, on peut les accomplir comme on peut
ne pas les accomplir, l’obéissance aux
parents ; l’homme peut s’abstenir de forni­
quer et de voler, il peut faire le bien. Ainsi, il
peut repousser un destin avec un autre,
exemple la faim, il mange pour l’assouvir, la
maladie il se soigne, l’incroyance, il la
repousse par la foi ; l’ignorance par
l’instruction et la recherche du savoir, sur ce
point l’homme a le pouvoir d’agir ou de
s’abstenir.
Dieu a montré que l’homme est la cause de
son propre égarement. L’homme ne connaît
pas son destin, il ne sait pas ce que Dieu avait
écrit à son sujet en bien ou en mal jusqu’à ce
que son destin se concrétise. Comment se
fait-il qu’il emprunte le chemin de
l’égarement puis il proteste que Dieu lui ait
voulu cela ?
Dieu a déterminé à l’avance la richesse de
chacun, il n’empêche que l’homme doit faire
des efforts pour acquérir cette richesse, ce
riest pas en croisant les bras qu’il obtienne
cette richesse. Pas plus qu’il ne l’obtienne en
perpétrant des forfaits. On ne peut se préva­
loir du destin

5

grand nombre de vos péchés » C42 V30
Il n’y a pas de contradiction entre le destin et
l’action, le destin est une question de
prescience, de connaissance préexistante, et
les actions comme la fornication, le vol, le
meurtre, les injustices à l’égard de la création
et des créatures, sont les nôtres et nous en
sommes comptables car nous en avons le
libre choix et le plein pouvoir. Dieu en a la
preuve décisive. Le fait que nos actions et les
conséquences qui en découlent soient
connues d’avance par Dieu ne saurait
justifier nos fautes ni nous servir d’excuses
ou de prétexte à notre désobéissance.
Nous sommes responsables de nos actions,
de nos fautes et de nos défaillances, à moins
que Dieu veuille nous les pardonner.
Nous devons certes croire à la prédestina­
tion, mais cette croyance ne doit pas
conduire à la paresse, à la résignation et à
l’incurie. Il nous appartient d’agir en confor­
mité avec les prescriptions d’Allah et son
Messager et donc ignorer ce qui nous a été
prédestiné. N ’ayant aucune connaissance du
futur, nous devons agir selon nos possibilités
et nos moyens et oublier la notion de destin
qui devient de plus en plus nuisible et qui a
acquis une connotation totalement opposée
à l’Islam.

pour commettre des pêchés, comme les
associateurs qui disent : « Si Dieu avait voulu
nous ne lui aurions pas donné des associés ».
Il en est ainsi parce que l’homme n’a pas
connaissance de la science de Dieu et il n’a
jamais appris que tel ou tel acte lui a été
destiné ? Le destin relève du mystère que
Seul Dieu connaît. On ne peut dire que
Dieu a écrit que je vole, alors je vais exécuter
mon destin. La personne qui parle ainsi,
a-t-elle pris connaissance des Tables gardées
et lu ce qu’elles contiennent ? La réponse est
naturellement NON.
D ’aucuns estiment que les versets du Coran
relatifs au destin et au libre arbitre se contre­
disent. Ils citent comme exemple les versets
suivants :
« Tout malheur qui vous atteint est dû à ce
que vos mains ont acquis » C42 V30 et « rien
ne vous atteindras en dehors de ce qu’Allah
a prescrit-pour nous » C9 V51
En effet, il n’y a pas de contradictions entre
ces versets : Allah nous a montré que ce qui
nous atteint est de notre faute, à cause de
nos actes et II nous a montré que ce qui
arrive est conforme à Son Décret et a Sa
Prédestination. Sa prescience et Sa prédéter­
mination des faits ont précédé toute chose,
K mais Allah, Gloire à Lui, a lié et conditionné
F tout ce qui nous arrive comme malheur à
des causes propres à nous, même si ces
évènements sont déjà écrits et prédétermi­
nés. A partir du moment où nous avons la
volonté, le choix de nos actes, la liberté
d’agir, tout ce qui nous arrive c’est la consé­
quence de nos actions, bonnes ou
mauvaises. Dieu a dit : « Quel que soit le
malheur qui vous atteint, il est la consé­
quence de ce que vous avez fait. Mais Dieu
efface un

Source: www.bismillah-débats.fr

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