An-Nasr Vendredi #160 (Sermon Tabaski 2006 par imam Tiégo Tiemtoré)

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Title
An-Nasr Vendredi #160 (Sermon Tabaski 2006 par imam Tiégo Tiemtoré)
Date
10 February 2006
issue
160
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190695
extracted text
erviteurs d’Allah,
grand rassemblement. Dans
sens du sacrifice de son fils
la vallée d ’Arafat, on prie, on
jusqu’à l’ultime limite.
craignez Dieu et
pleure, on implore, on espè­
Il entretient et développe, au
souvenez vous de
re ... L’Etat de sacralisation
fil de ses épreuves, un rap­
Lui, Il se souvien­
port de fidelité, de réconci­
(ihmn^ retranche le pèlerin
dra de vous. Remerciez-Le
liation, de paix et de confian­
de sa condition ordinaire
pour Sa guidance et Son don
ce avec Dieu. Celui-ci l’é­
pour le remettre en harmo­
et n’oubliez pas que “si vous
prouve mais ne cesse de lui
nie avec celle de l’état pri­
voulez énum érer les bien­
parier, de l’inspirer et de fai­
mordial.
faits d ’A llah, vous n ’y p a r­
re jalonner sa route de signes
Le
Hadj
nous
enseigne
que
viendrez jam ais". C oran
qui l’apaisent et le rassurent.
le seul approvisionnement
14:34.
La deuxième leçon, c’est que
valable
est
la
piété
(Artaq-wa).
la célébration de l’Aid El
ceux qui déploient toutes
Dans les instants à venir, les
Kabir est un grand moment
leurs forces pour la cause de
croyants commémoreront le
de souvenir et de reconnais­
la vérité et de la rectitude et
sacrifice
d'Abraham.
sance à Allah pour
------------------------------ :------ :— —------------------------- placent leur confianses multiples bien­
ce en Allah et Lui
faits.
confient toutes leurs
Elle couronne la
Par imam Tægo HEMTORE affaires, obuennent
pratique du 5e pilier
-------------------—------------- ----------------------------------- de Lui, soulagement
qu’est le pèlerinage
et réconfort. Il nous laisse un
E n ce jour de souvenir, celui
lux Lieux Saints et nous
message : la foi veut aussi
qui est nommé le père des
rappelle le souvenir d ’Abra­
dire resister à soi, aux hom­
Prophètes,
nous
inspire
une
ham, le patriarche, dont la
mes, à la société. Résister, se
belle leçon d'abnégation, de
figure emblématique illumine
battre, lutter tous les jours.
sacrifice et de renoncement.
tous les itinéraires spirituels.
"Sois p atient et que ta per­
Une leçon de certitude, une
Selon la Commission Cen­
leçon d'amour entre un père
sévérance soit en D ieté’
trale Saoudienne du Hadj,
réconforte le Coran. Les
et son fils et où h foi en
2126 603 fidèles accomplis­
épreuves, les déchirures, les
Dieu dépasse tout le reste.
sent le pèlerinage cette an­
séparations, les douleurs, les
Souviens-toi
toujours
née.
d'Abraham: Il a cru avec
joies,
les sourires sont au­
Le pèlerinage, une leçon de
tant de leçons et d ’ensei­
toute l’énergie de son cœur
renoncement aux biens de la
gnements sur la route du
et n ’a eu cesse de demander
vie d’ici-bas, aux soucis du
à Dieu de parier à son cœur
rapprochement. Elles te
quotidien, à la fam ille,... On
“pour que mon cœur s'apaise"
guident, t ’emmènent vers
s'y adresse à Dieu. Il y a le
Lui, près de L u i Telle est la
murmurait - il.
jour d’Arafat. O n s'y rend,
Il a vécu des épreuves : quit­
£lus belle et la plus difficienveloppé dans des draps
sa
ter son père, son
: des leçons
blancs tels des linceuls ; por­
famille, être insulté, être reje­
trait en miniature du jour du
té par son peuple, obéir au

SERMON TABASKI 2006

An-nasr vendredi n*160 du 31 décembre 20 0 6

Prix 50 f c6

P. 199

de l’itinéraire d'Abraham. Tu
ne trouves Dieu qu’en retrou­
vant l’Unique. A Lui nous
appartenons, à Lui nous fe­
rons retour.
Une fête à vivre en groupe
car c’est un moment de parta­
ge. O n y partage la prière, le
repas, les sourires et les ca­
deaux. C est le moment de
chasser l'égoïsme, de rappeler
à toutes et à tous que dans
notre religion, il y a une place
à la joie.
Mais en toutes choses, le mu­
sulman reste sobre et évite le
gaspillage.
Au niveau des réjouissances,
il nous faut retenir que ce qui
est interdit avant Tabaski de­
meure interdit en Tabaski et
même après. »Pas d ’obéis­
sance à une créature dans
la désobéissance à D ieu » a
dit le Prophète Muhammad
(Saw).
Chers frères et soeurs,
Depuis l’année dernière, par
la grâce d’Allah, les musul­
mans du Burkina Faso ont
constitué la Fédération des
Associations Islamiques du
Burkina Faso (FAIB).
Une année après, le bilan sus­
cite beaucoup d’espoir même
asi beaucoup reste encore à
p aire au regard des nombreux
’ défis qui attendent les musul­
mans.
La création de onze (11)
commissions techniques na­
tionales qui embrassent tou­
tes des préoccupations natio­
nales est un signe qu’avec
l’aide d’Allah et l’apport de
chacun d ’entre nous, la fédé­
ration, qui constitue déjà un
pas de géant vers l’unité des
musulmans, tant désirée,
constitue un grand espoir

pour notre pays.
Tous, nous avons l’obliga­
tion, chacun à son niveau,
d ’œuvrer à cette unité.
Le
Coran
proclame
"O béissez à A lla h et à Son
Messager, ne vous disputez
pas, sinon vous deviendrez
faibles (m algré votre nom ­
bre), vous perdrez votre
force. Soyez d u nom bre des
patients, D ieu est avec les
p a tien ts”, Coran 8/46.
Nous en appelons aux diri­
geants de dépasser les intérêts
individuels pour l’intérêt gé­
néral de l’islam et des musul­
mans.
C’est également dans ce
contexte de grand espoir que
se situe le renouvellement des
structures
dirigeantes
de
l’AEEMB le 24 décembre
dernier et du CERFI en jan­
vier prochain. Aussi, ces asso­
ciations sollicitent toujours
votre confiance et vos prières
pour poursuivre leurs ambi­
tions de satisfaire la soif spiri­
tuelle des couches intellec­
tuelles et d ’être de véritables
cadres
d ’épanouissement
pour les musulmans burkina­
bé et partant, de la nation
toute entière.
Cette nation a été endeuillée,
dans ce mois par la dispari­
tion du Professeur Joseph KiZerbo. Il mérite notre respect
en tant que chercheur, histo­
rien et savant. Il a travaillé et
réussi la tâche de rétablir
l’histoire de l’Afrique et des
Africains à leurs justes places,
dans l’Histoire générale de
l’humanité. Son amour du
savoir et sa contribution ci­
toyenne doivent inspirer les
musulmans dont la première
révélation "L is au nom de

An-nasr ven4fe4¡ n*16O 4u 31 4écetnbre 2 0 0 6 .......

ton Seigneur” est une invite
à la recherche du savoir. Pour
l’islam, il faut apprendre pour
savoir, un savoir qui doit
conduire à un savoir être avec
Dieu, savoir-vivre parmi les
hommes, un savoir -faire
faire pour servir de modèle
où que l’on se trouve. Ap­
prends, cherches, explores
l’univers, interroges au Nom
de Dieu. Ce que tu trouveras
comme réponses à tes préoc­
cupations spirituelles, maté­
rielles et celles de ton cœur,
doit t ’amener à reconnaître la
Grandeur d ’Allah, L’adorer et
servir Ses Créatures.
Dans le même sillage de cette
contribution citoyenne à la­
quelle on appelle le musul­
man, un fait mérite d’être
souligné et qui constitue en
même temps un appel à tous.
Il s’agit du don de sang pour
sauver des vies. Alors que
d'autres communautés s’orga­
nisent pour venir en aide aux
structures sanitaires, les mu­
sulmans sont curieusement
absents, comme s’ils ne tom­
baient jamais malades ou
qu’ils n ’auront point besoin
de sang !
Cette situation nous interpelle
tous : chacun d ’entre nous
peut du jour au lendemain
être dans une situation qui
nécessite un don urgent de
sang.
"C elu i q u i sauve une vie, a
sauvé toute l ’hum anité"
proclame le Coran.
Les maladies du sang traitées
dans les services d'hématolo­
gie sont les plus consomma­
trices de produits sanguins
car elles nécessitent un apport
régulier toute l'année (en
moyenne 10 à 15 poches par

Prix 50 fcfâ

P. 200

malade). Les interventions sur
les organes vitaux réalisées
dans les services de chirurgie
digestive, cardiaque ou ortho­
pédique peuvent durer jus­
qu'à 12 heures d'affilée et
nécessiter selon le déroule­
ment plusieurs
poches. Il
n'existe pas de produits capa­
bles de se substituer complè­
tement au sang humain. Le
don de sang est donc irrem­
plaçable et indispensable
pour sauver des vies. Cet en­
gagement qui sauve des vies
est un véritable engagement
qui vient du cœur. Face à la
demande de plus en plus
croissante, il est capital pour
les musulmans d’être parmi
les donneurs.
Atitre d'exemple, un acciden­
té de la route peut avoir be­
soin du sang de 10, 20, 30
personnes pour s'en sortir.
Chaque année en Europe, en
moyenne 400 000 à 500 000
patients
sont
traités
grâce à la solidarité de plus de
1,6 millions de donneurs.
Au-delà du don de sang, tout
ce qui préoccupe au plus haut
degré nos concitoyens, doit
nous interpeller. Notre foi,
notre éducation, nos adora­
tions nous préparent à nous
rendre utiles à tous. C est la
raison pour laquelle le messa­
ge de l’Islam est appelé AnNour (la lumière) Al houda
(la direction), Ar-Rahmat (la
miséricorde) Al fadl (la grâ­
ce), As-salam (la paix).
Le musulman doit s’efforcer
dans sa vie quotidienne de
refléter ces attributs et d’être
pour tout ce que Dieu a placé
autour de nous, une lumière
et une miséricorde.
Le musulman est donc un

amoureux
du bien et un
combattant du mal. Un hadith du Messager d ’Allah af­
firme : "T oute la créature
est la fa m ille de Dieu.
L 'h o m m e le p lus estim é de
L u i est celui q u i est utile à
cette fa m ille ”.
O ù se trouve notre foi, quand
on est indifférent devant les
pleurs de l’orphelin, la misère
de la veuve, la destruction de
l’environnement, les déboires
des enfants de la rue, etc. ?
Notre identité musulmane
nous exhorte à un engage­
ment citoyen au nom de Dieu
et au service de Ses créatures:
Là réside notre identité mu­
sulmane.
Notre rôle de communauté
exemplaire (Coran 3 :110)
nous invite à rendre visible
notre engagement citoyen.
Accompagner les hommes et
non les juger, c'est-à-dire
avoir le geste qui apaise, le
sourire qui rassure, la main
qui secoure, le cœur qui ai­
me. E n un mot comme en
mille, vivre l’Islam, c ’est vivre
avec les autres, parmi les au­
tres et leur être utile
(G rant?
Si la foi est véritablement
une lumière qui guide, éclai­
re, illumine, montre le che­
min, protège des ’ déviations
dans l’obscurité, cene foi
doit donc faire de nous
des combattants de tous les
défis et de tous les instants.
C est en cela qu’il faut saluer,
chers frères et sœurs, la dis­
tinction de notre frère Mohamad Yunus comme Prix N o­
bel de la Paix 2006.
Il témoigne là d ’une présence
citoyenne : Être là où les
créatures de Dieu ont besoin

de toi, pour protéger, pro­
mouvoir, réformer, accompa­
gner... sur le chemin qui mè­
ne à la Source.
Surnommé "le banquier des
paums", il a été récompensé
pour sa Grameen Bank spé­
cialisée dans le prêt aux plus
démunis. Choqué par les ef­
fets d'une famine dans son
pays et par le refus des insti­
tutions bancaires traditionnel­
les d'octroyer des prêts aux
déshérités, privant ainsi les
deux tiers de l'humanité d ’un
accès au crédit, Muhammad
Yunus a fondé la Grameen
Bank en 1983. Depuis, plu­
sieurs millions de personnes à
travers le monde ont échappé
à l'extrême pauvreté grâce à
des prêts d'une centaine de
dollars en moyenne, accor­
dés sans garantie, qui leur
permettent d'acheter des ou­
tils, du bétail pour lancer leur
propre petite entreprise. C est
donc une invite aux musul­
mans à la lutte contre la pau­
vreté sous toutes ses formes
et à investir au profit du plus
grand nombre. Cette foi in­
duit une responsabilité vis-àvis de Dieu, mais aussi des
hommes. Le sens profond de
l’attestation de foi, symboli­
sée par le doigt tendu invite à
la droiture, à la dignité et à ce
qui est juste et bon pour les
hommes. Parce que le musul­
man est porteur d'un projet
de société, la société dans
laquelle il vit doit tirer profit
de sa foi. Le message de l’I­
slam est un message de misé­
ricorde, de réconfort, de sou­
lagement et de guidance.
"Sois bon comme D ieu l ’a
été à ton égard” proclame le
livre sacré. Pour l’Islam, por

ZZ^
An-n^sr ven4re4i n'16O 4u 31 décembre 20 0 6

Prix 50 fcfâ

P. 201

ter la foi, c’est assumer une
responsabilité devant Dieu et
devant les hommes. Si l’on
veut se rapprocher de Dieu,
l’on a l’obligation de se rap­
procher de Ses créatures et
de leur faire du bien. Notre
vie est une vie du sacré. Tout
est de la dimension du sacré
en Islam : le temps, le re­
gard, la prière, l’homme, le
salut, l’arbre etc.
Tout acte que nous posons
passe sous le sceau de regard
divin même nos silences,
pour ne pas mal faire.
En ce jour de mémoire et de
remerciement, il nous faut
marquer notre compassion et
notre solidarité à l’égard de
tous ces hommes et femmes
qui, ici, là, là-bas et ailleurs
souffrent sur la terre de
Dieu :
-Parce qu’ils ont perdu leurs
emplois, traînent des mala­
dies, parce qu’ils sont orphe­
lins, endettés, pleins d’an­
goisses et du mal de vivre.
•Toutes ces épreuves, en plus
de la mort d ’êtres chers, la
misère et la pauvreté, la peur
et le désespoir bafouent la
dignité des fils d ’Adam.
En ce jour glorieux, mon
frère, ma sœur, sache que
Dieu, parce qu’Il est plus
proche de nous que notre
veine jugulaire {Coran 2/187}
a interdit de se décourager,
d’aller au désespoir. Résister,
se battre, lutter et tous les
jours, persévérer. Du haut
des sept cieux, Dieu procla­
me : “Ceux qui s’efforcent
de lutter pour protéger leur
fo i, Nous les guiderons sur
notre voie. D ieu est avec
les bienfaisants ” Coran
29:70

A n -n a sr vendredi

Il faut donc donner vie et
sens à son cœur. Là où brille
l’étincelle que Dieu a origi­
nellement insufflée dans no­
tre cœur. Laisse ton cœur
parier à Dieu. E t Dieu de
nous enseigner cette vérité :
"Souviens-toi de moi, je me
souviendrai de toi " Coran 2 :
156. ” Si tu IBCC parlera Dieu,
prie S itu zB a que Dieu teparle,
lis Son Hué', nous exhorte
Imam Malick. Réponds à
Dieu quand II t ’appelle :
"Vous les croyants, répon­
dez à l ’a ppel de D ieu et de
son prophète q u a n d il vous
appelle à ce qui fa it vivre.
Sachez que D ieu se place
entre vous et votre cœ ur et
c ’est à lui que vous retour­
n ere z” Coran 8: 25. Seul,
dans le dernier tiers de la
reut se
nuit, Il t'appelle
repentir ? Q a a une derrmde à
famuler ? Q a œut se faire par­
donner ? ".
Cet appel trouve-t-il écho
dans ton cœur, réponds-tu à
cet appel avec la chaleur de
tes larmes sur tes joues, avec
le frisson de ta chair, dans le
calme et le silence de la nuit
... ? Il est évident aujourd­
’hui, tandis que s'accélère
l'impact de la mondialisation
avec ses crispations et ses
défis dramatiques, malgré la
science et ses dérives, que les
hommes, partout dans le
monde, se posent beaucoup
de questions, que tu tournes
ton visage à l’Est ou à
l'Ouest, au Nord ou au Sud,
que tu questionnes le pauvre,
le riche, la femme autant que
l’homme, le jeune que le
vieillard, la vraie question au
fond de chaque cœ ur: la

n'16O du 31 décembre 2 0 0 6

question de l’être. Comment
être, comment vivre, que
faire ?
Chacun veut être un homme,
une femme, un fils de bien.
Le cheminement vers Dieu,
la lumière, est la voie. ”O ù
que vous vous tourniez, là
se trouve la Face de
D ieu.’fCoran 2, 116). Là où
brille l’étincelle que Dieu a
originellement insufflée dans
notre cœur là ou notre cons­
cience éprouve notre être et
accède à la foi, à la paix (assalam), la paix de la recon­
naissance, la paix de la sou­
mission.
C hers, Frères e t Sœurs,
Les derniers jours de décem­
bre pressent le pas pour
échouer la barque de l’année
2006 sur les rives étemelles
de l’Histoire. A des degrés et
des horizons divers, les hom­
mes, bien que pris chacun
dans le piège du quotidien,
s’affirment comme les vail­
lants témoins de la roue de
l’Histoire qui tourne. Celle-ci
nous offrira en Janvier une
nouvelle page où l’aurore de
l’année 2007 illuminera dans
les esprits et les consciences,
des rayons d ’espoir et de
défis. C’est toute cene mélo­
die du temps qui inspire nos
vœux ardents et à l’endroit
de chacun de vous. Que les
jours à venir nous apportent
à tous la joie et le bonheur.
La joie d'être en compagnie
des gens qui nous font aimer
Dieu, qui partagent avec
nous leur amour de Dieu et
qui veulent nous faire
connaître le vrai bonheur,
celui d'être parmi les bienaimés de Dieu.

Prix 5 0 f c h

P. 2 0 2

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