An-Nasr Vendredi #178 (Élections législatives du 6 mai 2007 : voter pourquoi faire?)

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Title
An-Nasr Vendredi #178 (Élections législatives du 6 mai 2007 : voter pourquoi faire?)
Creator
O. D.
An-Nasr Vendredi
Date
4 May 2007
issue
178
Spatial Coverage
Bobo-Dioulasso
Ouagadougou
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190677
extracted text
I

*

e

Y "& CÁ V

n178 du 0 4 mai 2007

Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et isplore son pardon
.

.~

1

consentir l’impôt et contrôler
l’action gouvernementale. Le
député est le représentant
des populations. Ce sont cel­
les-ci qui l’ont mandaté pour
défendre leurs intérêts à l’hé­
micycle . Pour ce faire, il peut et
doit initier des lois sus­
e 06 mai prochain,
ceptibles d’apporter des
les Burkinabè sont
réponses aux préoccupa­
appelés aux urnes
tions des populations.
pour élire les 111
Après trois législatures,
députés qui devront siéger
les Burkinabè retiennent
à l’hémicycle pour la qua­
du député une image pas
trième législature. Au total ^mocraf/e
du tout bonne. C’est ce
3691 candidats dont 556
qui explique leur manque
femmes issus de 47 partis
d’intérêt pour les élec­
politiques sont en liste
tions. En effet, à la veille
pour ces législatives.
de chaque scrutin, les candidats à
De l’avis des journalistes qui sont
l’élection ont pour point commun
sur le terrain pour la couverture
de promettre tout aux populations :
médiatique de la campagne qui
Un Burkina débarrassé de la cor­
s’est ouverte le 14 avril dernier,
ruption, de l’injustice, de l’impuni­
celle-ci se déroule dans une amté, et de l’insécurité. Un Burkina
biance plutôt morose. Nonobstant,
où règne la paix, où les jeunes
les enjeux que ces élections revê­
trouveront du travail, où chaque
tent pour les populations, les pré­
Burkinabè pourra manger à sa
occupations de celles-ci semblent
faim, aller à l’école, se soigner et se
être ailleurs.
vêtir correctement. Bref, un Burki­
na prospère et paisible. Mais une
Ces députés qui déçoivent !
fois élu, fini le dialogue entre le dé­
puté et les populations. Désormais
Selon l’article 84 de la constitution
on ne voit le député qui nous pour­
du Burkina Faso, le député a pour
suivait jusque dans nos familles,
rôle essentiel de voter les lois,
qu’à la télévision, et là aussi pour
Élections législatives d u 0 6 Mai 2 0 0 7

Voter pourquoi fa ire

L

S!

An-nasr vendredi n‘178 du 0 4 mai 2007

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ceux qui prennent la peine de parti­
ciper aux séances parlementaires.
Ils sont beaucoup, les députés à
s’absenter à l'hémicycle. Il arrive
également de voir des députés en
train de dormir pendant les travaux
à l’Assemblée nationale. Pendant
que les pauvres populations bai­
gnent dans l’ignorance, meurent de
méningite, de paludisme, de choléra
et attendent des députés qu’ils vo­
tent des lois permettant au gouver­
nement de prendre des mesures pré­
ventives contre ces situations ma­
lencontreuses, les députés ne font
que voter des lois pour augmenter
leurs émoluments, se construire des
villas et préparer leur retraite. Un
journaliste Burkinabè avait affirmer
à ce propos que: « La pratique et l’ex­
périence et surtout le rythme de vie
des élus nationaux laissent plutôt
miroiter un lieu où on n’est plus dans
le besoin matériel. Alors, personne ne
veut être en marge de ce ” eldorado"
qui permet de joindre facilement les
deux bouts et même de préparer sa
retraite.»
C’est à l’approche des élections que
les députés se rappellent qu’ils ont
été mandatés par les populations. Et
comme ils sont élus par les popula­
tions, ils sont obligés de revenir faire
la ” courbette " à celles-ci avec les
mêmes promesses dans l’espoir d’ê­
tre réélus. Que c’est malhonnête et
honteux ! Il faut du respect à nos
populations. Elles méritent bien
plus que ça. Pour les élections légi­
slatives du dimanche prochain, les
deux semaines de campagne aux­
quelles les candidats ont eu droit,
nous inspirent quelques analyses.
En effet, l’article 162 du code électo­
ral Burkinabè stipule que « tout ci­

A n - n w vendredi n*178 du 0 4 mai

toyen qui a la qualité d ’électeur peut
être élu à l’Assemblée nationale,
dans les conditions et sous réserve
des dispositions des articles 163 à
166». Ces articles disent en résumé
que le candidat, à la date des élec­
tions doit avoir 21 ans révolus , n’a­
voir pas refusé de satisfaire à ses
obligations militaires. Les étrangers
naturalisés, eux, ne sont éligibles
qu’à l’expiration d’un délai de 10
ans au moins, à compter de la date
du décret de naturalisation. En
d’autres termes, tout citoyen qui a
22 ans peut être élu à l’Assemblée
nationale s’il n’est pas poursuivi par
la loi. En matière de démocratie, ce­
la est avantageux du fait que toute
personne, quelque soit son statut,
peut être députée. Ainsi parmi les
3961 candidats on trouve de hauts
rangs ( des avocats,
des profes­
seurs, des entrepreneurs, des chefs
de services, etc.) mais aussi des
gens d’une autre catégorie ( des élè­
ves et étudiants, des garçons et filles
de salles, des vigils, des gar­
diens,des ménagères, des coiffeurs
ou coiffeuses, des cultivateurs, etc.).
L’inconvénient est qu’il peut advenir
et c’est le cas pour ces élections, un
manque de sérieux dans ce "jeu”
électoral combien déterminant pour
l’avenir de notre pays. Ainsi, beau­
coup de partis ne sont que regrou­
pement d’hommes qui veulent tout
juste bénéficier des subventions (3
millions par parti) et disparaître
dans la nature. Généralement, ce
sont des hommes immatures et in­
cultes, ne sachant même, ne seraitce que de façon sommaire le rôle
d’un député. C’est ainsi que durant
la campagne beaucoup de candidats
ont passé leur temps à chanter à qui

P. 56

veut les entendre qu’ils vont cons­
truire des routes, des écoles, des
dispensaires etc. Non, le député n'a
pas ce mandat. D’autre part, cer­
tains présidents de parti sont restés
injoignables sinon introuvables du­
rant la campagne. Les journalistes
qui avaient la charge de couvrir
leurs meetings et autres activités,
ont eu tous les problèmes pour le
faire : pas de siège, pas de pro­
gramme bien ficelé, bref un manque
d’organisation qui dénote d’une res­
ponsabilité peu probable et d’un
manque notoire d’une volonté de
travail pour sortir nos populations
de la précarité. Toutes ces raisons
ont amené les populations à ne plus
croire aux députés et au change­
ment et par conséquent à ne pas
participer aux élections : « le taux de
retrait des cartes d’électeurs laisse à
désirer (...J.Les chiffres sont alar­
mants à Ouagadougou et Bobo Diou­
lasso » avait relevé un responsable
de la Commission électorale Natio­
nale Indépendante (CENI), M. Ada­
ma COMPAORE ; traduisant ainsi le
désintéressement de la population
au scrutin du dimanche prochain.
En effet à la date du 27 avril, à un
jour du délai (28 avril) initialement
prévu pour le retrait des cartes d’é­
lecteurs, seulement 29,6% des ins­
crits avaient retiré leurs cartes.
Cette situation a conduit les respon­
sables de la CENI à repousser jus­
qu’au 03 mai, cette date. Environ 4
milliards de franc CFA ont été mobi­
lisés pour l’organisation de ces élec­
tions. Beaucoup de Burkinabè vont
jusqu’à penser qu’il est mieux d’uti­
liser ce fond pour résoudre les pro­
blèmes plutôt que d’organiser des
élections qui ne vont pas servir au
pays. Cela n’augure pas d’une forte
An-nasr vendredi n*178 du 0 4 mai

participation des populations aux
élections du dimanche. Celles-ci
sont lasses des mensonges des élus
égoïstes. Elles en ont marres. Et à
juste raison !
Le prix de la persévérance
La lutte contre le mal est un combat
de longue haleine. En politique, elle
est beaucoup plus rude et en perpé­
tuel recommencement. Il est évident
que le peuple a toujours eu raison
des individus peu intègres et égoïs­
tes. Il est vrai également que l’indif­
férence ou le boycott est une expres­
sion en politique, mais malheureu­
sement cette voie reste infructueuse
en Afrique. La meilleure façon de
changer les choses, c’est de partici­
per aux élections dans la persévé­
rance ; tant il est vrai que l’impunité
et l’injustice se nourrissent de l’i­
naction. Autrement dit, le silence et
l’indifférence préparent le lit de la
tyrannie et du pouvoir absolu. Tout
citoyen est détenteur d’une parcelle
de la souveraineté nationale. L’an­
cien ministre de l’intérieur du Séné­
gal, le général Lamine CISSE dans
son œuvre intitulée carnet secret
d ’une alternative démontre qu'il est
plus avantageux de participer aux
élections : « H faut que chaque ci­
toyen, chaque électeur puisse se
dire,”ma carte d ’électeur, c ’est mon
arme”. Hfaut qu’il ait conscience que
cette carte d’électeur lui donne le
pouvoir de faire et de défaire les gou­
vernements, que s’il le souhaite,
grâce à ce bout de carton, il peut
changer les dirigeants de son pays »,
a-t-il souligné. Il n’a pas manqué
toutefois de préciser que cela «ne
peut se faire du jour au lendemain. ».
C’est donc dire que mieux vaut par­
ticiper aux élections plutôt que d’op­
ter pour l’indifférence et l’inaction.
P. 57

Voter, un acte citoyen
et hautement spirituel

Le discours mensonger, les promes­
ses non tenues et l’égoïsme auxquels
les politiciens s’adonnent, font que
les musulmans dédaign.ent la politi­
que et par conséquent s’en éloignent.
Cependant, le prophète (psi) nous a
enseigné que « le meilleur d’entre vous
est celui qui est le plus utile à sa com­
munauté ». Cela implique que nous
avons la responsabilité d’être actifs et
productifs dans la société. Nous de­
vons donc participer à l’animation de
la vie économique, culturelle et politi­
que de notre pays. Dans le domaine
de la politique, la participation au
vote est l’expression la plus patente.
Cela y va de notre intérêt en tant que
musulman. Si nous ne votons pas
ceux qui sont "socialement mieux”,
nous
donnons
l’occasion
aux
"mauvais” d’arriver au pouvoir ; et ils
peuvent prendre des mesures qui
rendront la vie difficile aux popula­
tions et notre adoration en pâtira.
। Mais ce qu’il faut retenir, est qu’en
' islam, le vote a valeur de témoignage.
Voter est donc un acte hautement
spirituel et comme tel, engage notre
responsabilité devant Dieu. Le Coran
condamne trois types de personne qui
sont :
Le gouverneur se posant en dieu
sur terre, dominant la terre
de Dieu et sévissant contre
les serviteurs de Dieu,
L’homme politique arriviste qui
met son intelligence et son
expérience au service d’un
tyran afin d’asseoir son pou­
voir et assujettir les masses,
Le capitaliste qui profite du pou­
voir du tyran, il soutient ce
dernier par sa fortune pour
récolter une fortune en plus

grande qu’il suce dans la
sueur et le sang du peuple,
Le musulman se démarque de ces
comportements qui plongent la société dans le chaos et provoquent la co­
lère de Dieu. Quiconque se porte té­
moin (vote) d’un incompétent se rend
coupable d’un péché majeur, le faux
témoignage, chose que Dieu (Exalté
soit-Il) a citée conjointement avec l’associationnisme : « Abstenez-vous de la
souillure des idoles et abstenez-vous
des paroles mensongères » C22 V30. 11
est ressorti également que quiconque
témoigne de la compétence d’un can­
didat seulement parce qu’il appar­
tient à la même famille ou à la même
origine, ou en vue d’obtenir une fa­
veur future, aura désobéi au com­
mandement de Dieu : « Et acquittezvous du témoignage envers Dieu ».
C65 V2. Les savants musulmans ont
aussi rappelé que celui qui manque à
l’accomplissement de son devoir élec­
toral, au point de faire échouer le
plus apte et le plus loyal, et de don­
ner la victoire à celui qui n’en est pas
digne aura tué le témoignage dont la
oumma a grandement besoin. Le Co­
ran est on ne peut plus clair à ce pro­
pos : « Et que les témoins ne refusent
pas si on les requière » C2 V282. Au
demeurant, les musulmans ne doi­
vent pas être en marge de l’arène po­
litique. Ils doivent être des acteurs
dynamiques de la vie politique du
pays avec pour objectif de travailler
pour l’épanouissement de nos popu­
lations et en ayant à l’esprit qu’ils se­
ront récompensés ou châtiés par Dieu
pour ce qu’ils auront fait.
O.D.

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A A /J V A S R

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An-Nasr Vendredi