An-Nasr Vendredi #120 (La question tchéchène!)

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Title
An-Nasr Vendredi #120 (La question tchéchène!)
Creator
Diallo
An-Nasr Vendredi
Date
10 February 2006
issue
120
Spatial Coverage
Palestine
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190628
extracted text
Longue vient le secours d'Allah a in si que la v ic to ir e , célébré le s louanges de ton Seigneur e t inplore son pardon

a république de Tchétché­
su r une superfìcie de 15.500km 2 .
nie, comme celle du DaElle a résisté à plusieurs tentatives
guestan, d’Ingouchle et
d’invasion avant de succomber à
d’Ossétie du nord, fait p ar­
l’impérialisme de la Russie du xvin è
tie de la fédération de la Russie. siècle
El­ sous le règne de Catherine IL
le se situe su r le versant nord La
des république de Tchétchénie a
connu plusieurs statu ts tout le
montagnes du Caucase. Cette ré­
long de son histoire.
gion (le Caucase) regroupe une mo­
D’abord, région autonom e de
saïque d’ethnies parlant une bonne
Tchétchénie le 30 Novembre 1922,
centaine de langues et dialectes dif­
elle est devenue en Janvier 1934 la
férents, appartenant surtout à la
région autonome de Tchétchénletrès ancienne famille linguistique
In gou ch ie
des
langues
puis Républi­
c a u c a s ie n n e s ,
que autono­
mais aussi aux
me en décem­
familles indobre
1936.
e u ro p é e n n e ,
Staline l'a dé­
turco-m ongole
mantelée en
et
sémitique.
1944 mais elle fut restaurée par
Schématiquement, on peut diviser
Khrouchtchev en 1957. En Novem­
ces peuples en deux grands ensem ­
bre 1991, juste un (01) mois avant
bles (Tcherkesses, Abkhaze et Kala dislocation de l’Union Soviétique,
bardes au nord-ouest, Ingouches,
naît la république de Tchétchénie,
Tchétchènes et D aguestanais au
séparée de l'Ingouchie avec comme
nord-est) séparés par le territoire
capitale Groznyï. Peu de temps
des Ossètes en majorité chrétien.
après, les Tchétchènes déclarent
Hormis ces populations de l’Ossétie
l'indépendance de leur pays. Mais
du Nord, principales alliées de la
cette indépendance, principal ob­
Russie dans la région, les autres
jectif de la lutte tchétchène ne sera
populations sont en majorité m u­
reconnue que par l’Afghanistan. La
sulmane.
Russie, n’entend point laisser se
La population tchétchène
réaliser ce rêve.
estimée à 1.103.686 en 2002 vit

L

La question

TCHECHENE!

An-n^sr vendredi 0*120 du 07 Avril 2006

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Les causes du conflit tchétchène
La petite république tchét­
chène d'ichkérïe est relativement ri­
che en pétrole et en gaz naturel mê­
me si l'importance de ces gisements
est souvent surestimée. Durant la
période soviétique, la Tchétchénie
importait massivement du pétrole
pour approvisionner son industrie
pétrochimique.
A cette époque, elle n’avait pas rete­
nu l'attention de la Russie alors mé­
tropole. Elle fut essentiellement ru­
rale et sous-développée, ce qui a sû ­
rement nourrit le mécontentement
populaire, une animosité à l’en­
contre de Moscou.
Russes et Américains cher­
chent à contrôler l’acheminement de
l’or noir depuis la mer Caspienne
dont les pipelines passent par la
Géorgie, l'Arménie, la Transcaucasie
russe dont la Tchétchénie jusqu’aux
ports de là méditerranée, particuliè­
rement le port de Ceylan en Turquie.
, De ce fait, les États-Unis, profitant
de l’instabilité en Tchétchénie, ont
' fait pression pour qu'un pipeline
alternatif soit construit à travers l’A­
zerbaïdjan et la Géorgie vers la Tur­
quie sans passer par la Tchétchénie.
La construction de ce pipeline, ache­
vée en 2005 fut financée par des
compagnies américaines. Les riches­
ses en hydrocarbure de la région,
motif de convoitise de la part des
puissances, ne constituent pas le
seul enjeu.
La Russie, tout comme à l’é­
poque des !*«• conquêtes (xviè-xixè
siècle), mène encore la guerre en
Tchétchénie pour conserver son in­
fluence dans l’ensemble du Cauca­
se. Si sa stratégie consiste à com-

battre la décolonisation en Tchét­
chénie, elle consiste ailleurs à s'in­
gérer dans les conflits séparatistes
de certaines républiques aujourd­
’hui indépendantes dont la Georgie
(Abkhazie, Adjarie, Ossétie du Sud]
et Azerbaïdjan (Haut Karabakh)). La
déclaration de Poutine est très illus­
trative à cet effet:“Si les islamistes
(séparatistes tchétchènes) arri-

vent à détacher ce p etit pays dt
la Russie, les autres républiques
du Caucase vont suivre cet exem­
ple et la Russie entrera alors
dans le même processus d'effbn
drement que l'URSS de Gorbat
chev". En se rapportant toujours à
ses propos, F URSS de Staline avait
été un puissant É tat que la Russie
devrait apprendre à imiter. C’est
pourquoi, Vladimir Poutine considè­
re les séparatistes tchétchènes, non
pas comme des résistants à sa poli­
tique impérialiste, m ais plutôt, com­
me des terroristes islam istes dont il
dit vouloir aller “ buter jusque dans

les chiottes ".
Le conflit tchétchène com­
porte aussi un autre facteur géopoli­
tique. D’après plusieurs analystes, y
compris occidentaux, l'effondrement
de l’URSS ne fut pas un objectif ulti­
me de “la guerre froide". Ses idéolo­
gues voulaient continuer un affai­
blissement de la Russie, y compris
par son démantèlement. La crise
tchétchène fut alors une excellente
occasion pour ces stratèges.

L'évolution dn conflit tchétchène
Le confit tchétchène est aussi vieux
que le monde. Comme tous les peu­
ples de la région, les Tchétchènes
ont fait face à plusieurs envahis-

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seurs puissants dont les légions ro­
maines et mongoles. Les Russes ar­
rivent dans le Caucase du Nord
qu’ils conquièrent très difficilement
entre le xvnie et xixême siècle. Le peu­
ple tchétchène qui n ’a jadis. Jamais
accepté une occupation, ni colonisa­
tion n’a eu le cesse de manifester sa
résistance au Joug russe, tsariste,
communiste ou post-soviétique com­
me le montrent les évènements sui­
vants :
In su rrection
de C heikh
Mansou de 1783 à 1791
insurrection de l'Imam Chamyl de 1824 à 1859
révolte de 1877 à 1878 etc.
Au xixè siècle, la Russie tsa­
riste s’engage dans une guerre
contre les Tchétchènes, les Ingouches, une guerre qui a duré 35 ans.
Appliquant , "la politique de la terre
brûlée", les Russes rasèrent des vil­
lages entiers. La région se vida alors.
En effet, lorsqu'ils ne sont pas mas­
sacrés ou déportés vers la Sibérie ou
vers l’Asie centrale, les Tchétchènes
ont émigré vers l’empire Ottoman.
La victoire acquise, les Russes colo­
nisent toute la région.
En 1944, Staline accuse les
Tchétchènes de collaboration avec
les Allemands nazis et décide de dé­
porter 400.000 Tchétchènes en Si­
bérie. Auparavant, il décapita l’élite
du pays. Cent soixante dix mille
(170.000) d'entre eux auraient péri
durant ce transfert. En 1957, avec le
début de la déstalinisation entamée
par Khrouchtchev, les Tchétchènes
furent enfin autorisés à rentrer dans
leur pays. Ils purent accéder à quel­
ques postes de responsabilités dans
l'administration et dans l’armée so­

T—

viétique. Quelques uns comme le
Général Doudaev et le colonel Aslan
Maskhadov ou Charnil Bassaev se
sont illustrés lorsque le conflit a ou­
vertement éclaté en 1991.
Après la proclamation de l’in­
dépendance en 1991, deux guerres
sanglantes ont eu lieu entre 1994 et
1996 et entre 1999 et 2000. L’atta­
que surprise de l’armée russe contre
les Tchétchènes en 1994 sous le
commandement de Boris Eltsine,
premier président de la Russie post­
soviétique avec plus de 20.000 sol­
dats, a été la plus grande opération
militaire organisée par Moscou de­
puis leur intervention en Afghanis­
tan en 1979. Cette guerre occasion­
na un véritable bourbier avec d’é­
normes pertes humaines et maté­
rielles des deux côtés. Malgré la pri­
se Groznyï, la guerre s’est avérée un
échec militaire et humanitaire pour
la Russie. En effet, elle accepta de
signer en Août 1996 à Khassa-Yourt
un accord de paix qui conduisit à
un statu quo laissant à la Tchétché­
nie rebaptisée "république islamique
d'Itckkerte" une autogouvemance de
facto en échange d’une promesse de
départ des pourparlers sur l'indé­
pendance et l’arrêt des kidnapping.
En 1997, Aslan Maskhadov
un leader tchétchène modéré ayant
établie des négociations constructi­
ves avec Moscou est élu président
devant Charnil Bassaev, chef de
guerre.
L’arrivée de Poutine coïncida
avec une série d'attentats contre les
forces russes dispersées autour de
la Tchétchénie, mais aussi à Moscou
donnant l’occasion au Kremlin d’en-

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vahir de nouveau la Tchétchénie.
Cette nouvelle guerre meurtrière dé­
clenchée en Septembre 1999 sous le
commandement de Poutine se solda
par une prise rapide de Groznyï en
Février 2000. Avec cette victoire
Poutine instaura la gouvernance di­
recte de Moscou dans la République.
Grand administrateur de l’URSS
d'antan, Vladimir Poutine avoue re­
douter un effet de domino sur la
Tchétchénie.
A ccepter l’in d é p e n d a n c e
Tchétchène, c’est aux yeux de Mos­
cou. accepter de créer un précédent
dans une région sensible. Si les isla­
mistes arrivaient à détacher ce petit
pays de la Russie continue-t-il, les
autres républiques de la Caucase
vont suivre cet exemple et la Russie
entrera dans le même processus
d'effondrement que l'URSS de Gor­
batchev. Selon certaines sources,
ces conflits auraient, à eux deux,
causé la mort de cent mille (100
000) personnes et le déplacement de
trois cents cinquante mille (350 000)
autres déplacées (la majorité étant
revenue après la fin du conflit.)
Poutine entend aujourd'hui
mener une guerre sans merci contre
les Tchétchènes, les attaquer par­
tout dans le monde, s’appuyer sur
les leaders locaux pro-russes comme
le nouveau président Tchétchène
Alou Alkhanov pour butter (les

Tchétchènes) jusque
chiottes.

dans

les

De son côté, le mouvement
indépendantiste, conscient des am ­
bitions impérialistes de Moscou, mè­
nent souvent des attaques contre les
soldats russes stationnés dans la
République. C’est dans ce cadre

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qu’eut lieu la prise d’otage en Ossé
tie du nord. Ce faisant. Poutine s’en­
tête à les considérer comme étant
des terroristes islamistes arabes
contre qui il mène une guerre sans
négociation. C’est ce qui explique
d’ailleurs la position ambiguë de
conseil de sécurité de 1’0 .N.U où la
Russie détient u n droit de veto et It
reste des pays soutenant Poutine.
Mais aujourd’hui, l’opinion ‘
publique m usulm ane dénonce timi­
dement cette politique « deux poids
deux mesures » de la communauté
internationale. En effet, lorsqu'il s'a­
git de pays m usulm ans (Irak, Afgha­
nistan, Palestine, Tchétchénie), elle
estime que Américains, Israéliens et
Russes ont des droits. Mais, lorsque
des résistances se manifestent
contre ces puissances (Hamas, Indé­
pendantistes tchétchènes) alors elles
sont qualifiées de terrorisme, d'ex
trémisme, d'intégrisme musulman.
A l’instar du peuple palesti­
nien, les Tchétchènes sont un peu­
ple qui est injustem ent traité. En
tant que m usulm ans, une attitude
d’indifférence vis-à-vis de cette si­
tuation ne peut se justifier. Le
moins que l’on puisse demander à
tout m usulm an, c’est de cherchera
s’informer su r lesdites questions et
par conséquent prier pour que ces
frères et sœ urs connaissent un jour
la justice, la paix et la joie de vivre.
Puisse Allah venir en aide aux oppri­
més dans leurs luttes contre les
oppresseurs!

Source: h ttp :// fr.wikipedia.org/wiki/tch% aqt*
ch% c3% aqnie

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