An-Nasr Vendredi #123 (Fête de la bière : que Dieu protège le Burkina)

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Title
An-Nasr Vendredi #123 (Fête de la bière : que Dieu protège le Burkina)
Creator
Omar Ba
An-Nasr Vendredi
Date
10 February 2006
issue
123
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190617
extracted text
Lorsque vient l e secours d'Allah a in si que la v ic to ire, célèbre le s louanges de ton Seigneur e t iaplors son pardon

inisme des organisa­
5*me édition, c’e st-à-dire 52
teurs, complicité de
000 casiers ». Dites plutôt 52
la société.
000 horreurs ! Quelle honte I
t de six t Contre
Quel cynisme !
vents et marrés, la B*"10 édition
An-nasr vendredi est resté si­
de la fête de la bière aura lieu.
lencieux sur l'édition précéden­
Et certainement, de nombreux
te. Cette fois, nous avons décidé
Burkinabè vont à cette occasion
de sortir de notre réserve pour
sombrer dans les affres de l’al­
apporter une voix discordante
coolisme. Cette fois-ci la mani­
et rappeler ce que tout le mon­
de sait déjà : l’alcool est nuisi­
festation aura lieu sur le site du
ble à la san- |
SLAO, du 28
avril au 07
té de l'hom­
F E T E D E L A B IE R E
mal.
Tout
me et à la
QUE DIEU PROTEGE LE
s o c ié té .
comme
les
BURKINA !
Nous
vou­
p ré c é d e n te s
Par Omar BA
lons
aussi
éditions, cette
nous démar­
présente
va
quer d'un acte cynique et expri­
choquer plus d’un et chacun ira
de sa méthode pour exprimer sa
mer notre désarroi et notre indi­
gnation. Nous ne voulons pas
désapprobation et son indigna­
être complice de la souffrance
tion. Mais rien à faire, le SYdes populations du fait de l’al­
NATB (Syndicat National des
cool et singulièrement du fait
Travailleurs de Débits de Bois­
des conséquences de la fête de
sons) rebelottera, avec davanta­
la bière. C’est d’ailleurs une exi­
ge plus de cynisme. Lisez plutôt
gence de notre foi. Le prophète
ces propos de son secrétaire gé­
néral : « Cette année, nous en­
Muhammad (SAW) nous ensei­
gne ceci : « Si l ’un de vous
visageons battre le record de
constate un mal, qu’il le
volume de bières vendues à la

G

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Prix 50 f ci^

P. 55

combatte par la main ; s ’il ne
peut pas qu’il le fasse avec la
langue ; et s'il ne peut pas
non plus qu'il le reprouve du
fond de son cœur. C ’est le mi­
nimum qu'exige la foi.».

Notre réaction est encore plus
motivée par le silence total des
responsables politiques et admi­
nistratifs, de la société civile...
de notre pays. Un black-out in­
compréhensible qui frise la com­
plicité. Pourtant chacun connaît
les effets dévastateurs de l’alcoo­
lisme. Pourquoi donc ce silence
glacial ?
On se rappelle encore les mots
durs qui ont été proférés par
certains dans la presse contre
cette manifestation lors de la
dernière édition. On se souvient
tous de ces récits macabres sur
des comportements et faits cons­
tatés à la Maison du peuple et
sur les conséquences perverses
de cette indigne fête. Qui aurait
I cru qu’on oserait organiser une
sixième édition de cette sale fê­
te ? Au regard même des consé­
quences de l’alcoolisme, la fête
de la bière devait être interdite
dès sa première édition. Ce qui
n'a pas été le cas. Maintenant
qu’elle nous a démontré qu’elle
ne peut apporter que tristesse et
désolation, elle doit cesser
d'exister. Et c’est de la responsa­
bilité des autorités de contribuer
à moraliser la vie publique et de
protéger la santé des citoyens.

La morale agonise au Faso avait
dit quelqu'un. Elle doit être
m aintenant morte. Si elle ne l'est
pas, pourquoi tous les coins de
rue de la capitale se sont trans­
formés en beuverie ? Ce ne doit
plus être une simple agonie.
C’est à croire que les Burkinabè
ont fait le choix de se saouler la
gueule. Il faut que ceux qui nous
gouvernent aient u n œil plus vi­
gilant su r ces activités démorali­
santes qui font trop de dégâts et
qui ne font pas honneur au Bur­
kina Faso. D'ailleurs, le dévelop­
pement passe au ssi p ar un as­
sainissem ent moral de la vie pu­
blique. Rien qu’hier, en France,
le président Jacq u es CHIRAC a
instruit son gouvernement pour
qu'il étudie la possibilité d'inter­
diction du tabac, de la cigarette
et de l'alcool dans les lieux pu­
bliques. Quel paradoxe avec la
situation au Burkina Faso où on
fait la promotion de boire sous le
regard passif de nos gouver­
nants?. Quel silence complice?
Cette responsabilité incombe
aussi à la société civile dont le
rôle ne doit pas se limiter à don­
ner de la voix lorsqu’il s'agit de
questions politiques ou de Justi­
ce sociale. La santé des citoyens
mérite aussi qu'on s’y Intéresse.
C’est un droit élém entaire du ci­
toyen ; et toute personne ou or­
ganisation qui le violerait doit
être dénoncée. Les ravages de
l’alcoolisme sont terribles tant

T—
An-nasr vendredi n125 du 28 Avril 2006

-------Prix 50 f cfâ

au niveau de la santé physique
(cirrhoses, cancers) que de la
santé mentale (addiction). Ses
effets ne se limitent pas à l'indi­
vidu mais touchent la famille
(violences conjugales, p aren ta­
les) et la société (coups et bles­
sures, meurtres, accidents de la
route). On attendait donc que les
organisations des consom m a­
teurs dénoncent cette situation ;
mais aussi et su rto u t les organi­
sations islamiques qui sont res­
tées muettes.
Mais avant tout, la responsabili­
té des parents est la plus enga­
gée dans cette affaire. Comment
imaginer ce laisser-aller dont
jouissent les enfants qui s’adon­
nent à l'alcool. Sachez que vous
rendrez compte à Dieu de la m a­
nière dont vous aurez éduqué
vos enfants. Cela pose du même
coup la responsabilité de l’hom ­
me et singulièrement des pa­
rents sur leurs enfants.
L'islam interdit l ’alcool.

Les textes de la révélation isla­
mique ont strictem ent interdit
l’alcool « O les croyants ! Le
win, le jeu de hasard, les pier­
res dressées, les flèch es de di­
vination ne sont q u ’une abo­
mination, œuvre du Diable.
Écartez-vous en qfin que vous
réussissez.» (Coran 5/90). Le
Prophète a dit : « Tout ce qui
enivre est vin. E t tout vin est

ir)-n«r

vendredi n’123 du 28 A vril 2 0 0 6

interdit » (rapporté par Muslim,
n° 2003). Finies donc les idées
reçues et les fausses déclara­
tions selon lesquelles l’islam
n ’interdit la consommation de
l’alcool que lorsque celle-là est
faite de façon abusive. Le pro­
phète Muhammad a prévenu :
« Ce qui provoque l’ivresse en
grande quantité est interdit
même
en
petite
quanti­
té » (rapporté par Abû Dâoûd, n®
3 6 8 1 ).
« Ce
dont
la
(consommation d'un farq (=
quelques
litres] provoque
l'ivresse, même la consomma­
tion de ce qui tient dans le
creux de la main en est inter­
dite » (rapporté par Abû Dâoûd,

n® 3687, At-Tirmidhî, n° 1866).
A l'aube de la venue de l'islam,
les habitants de la péninsule
arabique étaient depuis long­
temps de grands amateurs d'al­
cool. Voulant détacher les mu­
sulm ans de l'alcool, l'islam ne
s’y prit pas de façon brutale. Aïcha, l’épouse du Prophète (sur
lui la paix), raconte : « Parmi les
premiers passages du Coran à
avoir été révélés, il y a une
sourate parmi les sourates
mqfassal, dans laquelle il est
question du Paradis et de
l'Enfer ; et puis, lorsque les
hommes
retournèrent
vers
l ’islam, le licite et l ’illicite Ju­
rent révélés. Si dès le début
Dieu avait révélé: “Ne buvez

Prix 50 F

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plus d'alcool", les hommes au­
raient dit : “Nous ne le délais­
serons Jamais !". Si dès le dé­
but Dieu avait révélé : “Ne
commettez plus l’adultère
les hommes auraient dit :
“Nous ne le délaisserons ja ­
mais !"... » (rapporté par Al-

Bukhâri, n° 4707).
Donc, si l'islam a, au Vllème siè­
cle, réussi à amener globalement
les hommes de toute une terre l'Arabie - à se défaire de leur al­
coolisme, c'est à cause de deux
particularités : un profond tra­
vail sur les cœurs et les esprits
sans interdiction dans un pre­
mier temps, puis, dans un se­
cond temps, une interdiction
progressive liée à la responsabili­
té devant Dieu.
A toute fin utile, il faut rappeler
que l’on ne doit pas se contenter
[ uniquement de se préserver de
la consommation d'alcool. Il
nous est aussi interdit de faire
son commerce et de favoriser sa
consommation. Le Prophète a
dit : « Dieu a interdit de vendre
l'alcool, la bête non abattue
rituellement (mayta), le porc
et les idoles » (rapporté par Al-

Bukhârî, n° 2121, Muslim, n°
1581, etc.). Le Prophète a égale­
ment interdit que le musulman
fabrique du vin, qu'il en trans­
porte, qu'il le serve à boire à
quelqu'un, etc. (extrait du Ha­
dith n° 1295 rapporté par Atr

-

'



Tirmidhî). Le m usulm an n'ofc
pas non plus d'alcool à quel­
qu'un. Persuadé qu'il s'agit de
quelque chose de nocif, il ne
peut offrir pareille chose à quel­
qu'un d'autre. « Ne pourrais-je
pas en offrir à des ju ifs ?" de­
m anda quelqu'un au Prophète.
"Celui qui a interdit le vin a
aussi interdit qu'on en offre
aux juifs » (rapporté par al-

Humaydî, cité d an s Al-halâl malharâm, p. 68). Enfin, il ne s'as­
seoit pas dans les endroits où
l'on consomme l’alcool. Abste­
nons-nous donc de partir sur le
site de la fête de la bière !
Nous ne le dirons pas assez. La
fête de la bière n ’est pas confor­
me à nos habitudes et à nos va­
leurs. Nous ne comprenons donc
pas pourquoi on persiste dans
son organisation. Elle a assez
trop duré. Chacun doit prendre
ses responsabilités. Que Dieu
protège le Burkina !
INFORMATION
Le comité exécutif de l'AEEMB Invite ses
militants, sym pathisants et l'ensemble du
public à une Journée de solidarité qu'il orga­
nise le dim anche 30 avril 2006 à partir de
8 heures 30 m n à son siège sous le haut
parrainage de Mme Marlam LAMIZANA ex.
Ministre de l'action sociale.
A cet effet, 11 est prévu un grand débat sur le
thème : • La problém atique de la solidarité
dans le monde contem porain » ; un repas
communautaire et des conseils médicaux
(tests prénuptiaux, bienfaits du don de sang,
les dangers des médicaments de la rue ).
Également, il est organisé une collecte de
et
biens matériels (habits, chaussures,
financiers pour redistribuer aux nécessiteux ■
Vos contributions sont recevables au siège de
l'AEEMB ou au 76-57-65-71

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