An-Nasr Vendredi #135 (La mendicité : une injustice sociale?)

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Title
An-Nasr Vendredi #135 (La mendicité : une injustice sociale?)
Creator
O. D.
An-Nasr Vendredi
Date
10 February 2006
issue
135
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190602
extracted text
tonqui viut 11 ««cours d'Allah ainsi qui la victoir«, célèbre les louanges de ton Seigneur et Inplore «on pardon .

e phénomène est assez
parents.
inquiétant : si vous sortez
A propos des handicaps physi­
de chez vous, vous ne
ques et mentaux qui poussent
pouvez pas échapper aux
beaucoup de personnes à men­
mendiants et estropiés qui enva­
dier, il faut rappeler que cela arri­
ve généralement par suite de ca­
hissent les rues, les gares, les
tastrophes naturelles ou de mala­
restaurants, si tout simplement
dies qui laissent des séquelles
on ne vient pas taper à votre por­
physiques ou mentales sur leurs
te. Certains ont même accaparé
victimes
les
rues
les ren­
entières,
dant ainsi
les han­
invalides.
gars des
Mais
marchés et
l'ampleur
en ont fait
actuelle
leurs de­
du phénomène est à mettre sur­
meures. Pour la plupart, il s’agit
tout au compte de la paupérisa­
de jeunes enfants fréquentant les
tion de la grande majorité des po­
écoles coraniques, pour d’autres,
pulations due à la perte des va­
des vieilles personnes aveugles
leurs humanitaires. Cette situa­
ou estropiées, mais aussi des
tion est à son tour provoquée par
hommes et des femmes bien por­
le système libéral en cours dans
tants donc capables de produire.
nos sociétés; système qui se fon­
On comprend alors aisément que
de sur le principe de la compéti­
la mendicité a des causes multi­
ples.
tion libre et de la liberté dans les
affaires (la liberté d’entreprendre),
et motivés par la recherche de
Les causes de la mendicité
l'intérêt par l’individu pour son
Les causes de la mendicité ont
compte.
pour nom : handicaps physiques
Cela crée une distribution inéqui­
et mentaux, pauvreté mais aussi
table de la richesse et divise la
le dysfonctionnement de l’école
société en des « possesseurs » et
coranique et l'irresponsabilité des

L

La mendicité : une
injustice sociale ?

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en des « non possesseurs ». La
course à l'enrichissement est ain­
si ouverte et tous les moyens sont
bons pour se faire de l’argent. La
fraude, les détournements, le fa­
voritisme et la corruption sont
devenus la « voie de la réussite ».
11 s'agit d’être dans le « systèm e »
et tant pis pour ceux qui n ’y sont
pas. Ainsi, une minorité d’indivi­
dus sont arrivés à concentrer les
richesses entre leurs m ains et
mènent un train de vie princier à
côté de la grande majorité qui ne
peut pas assurer quotidienne­
ment sa ration alimentaire, donc
encline à la mendicité. Cela
conduit à une déliquescence h u ­
maine et sociale sans précédent
avec son cortège de dram es indi­
viduels et familiaux alimentés par
un quotidien angoissant et un
avenir sans nom. Toujours à pro­
pos des causes de la mendicité,
on peut également évoquer le cas
( de l’école coranique dont le mode
de fonctionnement fait dire à
beaucoup qu’elle est le nid de ce
fléau en ce qui concerne les je u ­
nes enfants. En effet, il arrive
qu’un maître coranique ait à sa
charge une centaine d’enfants
qu’il doit instruire et éduquer.
Mais n’oublions pas qu'il faut d’a ­
bord nourrir, loger, vêtir et soi­
gner ces enfants. M alheureuse­
m ent, le plus souvent, leurs p a­
rents, après les avoir confiés au
maître, ne se soucient guère
d’eux. Ainsi laissé à lui-même, le
m aître se trouve tout naturelle­
m ent dans 1incapacité de gérer

tous ces en fants qui, forcement
vont m endier leur pitance quoti­
dienne.
Beaucoup de m aîtres et de pa­
rents p en sen t d ’ailleurs que cela
participe de l’éducation même des
enfants, p u isq u ’ils doivent affron­
ter les d u res réalités de la vie, ce
qui leur p erm ettra de cultiver
l’hum ilité et le respect à l'égard
donc d u Seigneur et des hommes.
Toujours est-il que ces enfants
qui se prom ènent d an s la ville y
p rennent goût et finissent par ne
plus reto u rn er chez le maître.
Mais il convient de préciser clai­
rem ent que cette pratique n’a
rien à avoir avec l'Islam qui milite
d’ailleurs activem ent pour l’épa­
nouissem ent de ch aque individu
quelque soit son âge, son sexe,
son ethnie, son s ta tu t, même sa
religion.

L'Islam et la mendicité
La m endicité n ’e st p as un fait
Islamique, m ieux, le Coran et la
S u n n a l’interdisent à toute per­
sonne saine de corps et d'esprit
c'est-à-dire capable de travailler.
Seulem ent, ils tolèrent la mendi­
cité d an s les trois cas suivants :
extrême.
- une
pauvreté
Dans ce prem ier cas, on peut In­
clure les p ersonnes victimes d’u­
ne catastrophe n aturelle ;
- quand on est accablé de
dettes ;
- et enfin, q u an d on est rede­
vable d'une lourde indemnisation
de victime d ’hom icide. C’est le cas
de celui qui, p ar inadvertance tue

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son semblable et est obligé de
payer des dommages et intérêt à la
famille de la victime. Si le coupa­
ble n'est pas à mesure de le faire,
il lui est permis de mendier pour
pouvoir s’acquitter de ses obliga­
tions. En dehors de ces trois cas,
11 n'est pas permis de mendier.
C'est dire que toute personne bien
portante doit se battre pour assu­
rer sa subsistance. Le prophète
(psi) nous encourage fortement à
cela en ces termes : « La main qui
donne vaut mieux que la main qui
reçoit». Plus loin, il nous met en
garde contre cette
pratique
(mendicité) faite en dehors des
conditions
ci-dessus
citées :
«Chaque fois qu’un serviteur ouvre
une porte de mendicité, Dieu lui ou­
vre une porte de misère ». Le pro­
phète (psi) nous dira également
que ceux qui mendient sans né­
cessité se lèveront au jour du ju ­
gement avec un visage sans chair.
Comment combattre la
mendicité ?
Le Calife Ali (RAA) a dit que « La
pauvreté, c'est dans la tête » ; donc
un état d'esprit qui peut être com­
battu par les Individus euxmêmes, du moins pour ceux qui
sont sains de corps et d’esprit et
qui ont volontairement fait de la
mendicité leur gagne-pain.
LIslam a quasiment sacralisé le
travail et a honoré les travailleurs
et les producteurs. Ainsi leurs ef­
forts considérés comme un djibad, une adoration. Cette idée est
exprimée avec une grande élo­

A ”-nasr vendredi

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quence par Cheikh Amidou KANE
dans son roman l’aventure ambi­
guë. Il dit: « si un homme se justifie
en Dieu, le temps qu'il prend à sa
prière pour travailler est encore
prière ». Dans un hadith le pro­
phète dit: « lorsque le croyant re­
vient fatiguer de son travail (licite)
ses péchés tombent comme les
feuilles mortes d ’un arbre ». Il ajou­
te par ailleurs qu’au Jour de la ré­
surrection. ceux qui auront gagné
dignement leur subsistance, brille­
ront d’un éclat magnifique. Dieu
nous dit clairement dans le Coran
que « Quand la prière est achevée
alors dispersez-vous sur terre et
recherchez (quelque effet) de la grâ­
ce de Dieu ...» C62 VIO. Au regard
de ces textes, il est tout à fait
Inadmissible d'entretenir une
quelconque paresse et parasitisme
qui pourraient caractériser l’indi­
vidu au nom de l’Islam.
Le prophète (psi) et ses compa­
gnons ont grandement estimé le
travail et ont mésestimé l’inac­
tion ; Ils ont condamné la paresse
et se sont toujours Indignés de la
ternissure et la médiocrité. Ali
Jaafar rapporte du prophète que
« La pratique du culte a 70 parties
dont la meilleure est la recherche
du licite (la provision licite). »
A l’échelle de la société, la lutte
contre la mendicité qui procède de
la pauvreté relève de la responsa­
bilité de l'État. A celui-ci incombe
le devoir impérieux d’assurer à
chaque citoyen la satisfaction inté­
grale de ses besoins. L’État s’ac­
quitte de cette responsabilité en

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usant d'une double stratégie :
- il s’évertue à mettre en place les
conditions nécessaires et suffisan­
tes à la réalisation du plein emploi
de sorte à assurer du travail à
tous ceux qui en sont aptes.
- il met en place un système de
protection sociale pour prendre en
charge ceux qui ne peuvent pas
travailler pour cause d’infirmité.
La protection sociale en Islam
comporte deux dimensions : une
dimension dite de solidarité socia­
le qui met en Interface les ci­
toyens. et une dimension sécurité
sociale qui met en interface l’État
et les citoyens. En ce qui concerne
la solidarité, l’État du point de vue
islamique assure entre autres
fonctions, celle de sensibiliser les
croyants pour promouvoir l’entrai­
de mutuelle. Le prophète (psi) ex­
plique clairement que « Allah a décidé-que les pauvres ont droit dans
les biens des riches autant qu'ils
ont besoin. Ceux qui sont pauvres
ont faim et ne manquent de quoi se
I vêtir que par la négligence des ri­
ches. Sachez qu’Allah les Jugera
sévèrement et les punira tous au­
tant ». En fait, chaque musulman
est responsable du bien-être d’au­
trui selon ses capacités. Cela si­
gnifie donc qu’en islam, il n’est
pas permis que les uns soit extrê­
mement riches alors que les au­
tres croupissent dans la misère.
Ahmad nous rapporte cet avertis­
sement du prophète : « Celui qui
conserve des provisions alimentai­
res pendant 40 nuits, alors que
tout ce temps il y a d’autres musul­
mans qui en avaient besoin, n'a
plus rien à voir avec Allah, et Allah
------

n ’a plus rien à voir avec lui Dans
tout quartier où de telles pratiques
ont cours, Allah cesse de considé­
rer ceux de ses habitants qui sont
au courant sans intervenir ». La fi­
nalité ici. est d’éliminer les
• poches de pauvreté » dans la
communauté et permettre à tout
un chacun d’atteindre un mieux .
être, nécessaire à l'adoration de
Dieu. Quant à la sécurité sociale
qui met en interface l’État et les
citoyens, rappelons que l'État doit
veiller à ce que personne ne soit
abandonné à lui-même en se fon
dant sur un certain nombre de
principes dont l’observance rend
impossible l’élargissement et la
persistance de la pauvreté, donc
de la mendicité.
Ces principes sont :
- les ressources et les poten­
tialités mises à la disposition de
l’humanité par Allah sont incom­
mensurables ;
- le travail est un devoir hu­
!
main sacré ;
- la rémunération du travail
doit être juste et non différée ;
- le droit à la propriété est re­
connu mais n'a pas de caractère
absolu ;
- tout individu a le droit de
vivre. Les moyens de vivre lui in­
combent s'il a les aptitudes requi
ses, au cas contraire, il incombe à
la communauté.
C’est cela le combat de l'Islam, un
combat pour l'égalité des hommes
et pour l’épanouissement de cha­
que individu, gage d'une société
paisible.

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