An-Nasr Vendredi #015 (Célébration du Maouloud : quelle attitude avoir?)

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Title
An-Nasr Vendredi #015 (Célébration du Maouloud : quelle attitude avoir?)
Creator
Ben Salah
An-Nasr Vendredi
Date
30 April 2004
issue
015
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190548
extracted text
« Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre las lOUlJI!III da t011 Baigneur at ilplora 1011 pardoo •

I

1 y a environ 1478 ans, qu'un
célébration de sa naissance dénommé
grand événement se produisît
couramment Maouloud.
dans le désert arabique marLe Maouloud est dérivé du mot arabe
<< maoulid » qui renvoi à la notion de
quant ainsi le début d'un channaissance. Ainsi, pour les musulgement profond de l'humanité tout
mans, Maouloud désigne généraleentière et le déclin de la djahiliya et
de la mécréance. C'est pourquoi le
ment la célébration de l'anniversaire
de la naissance du prophète Muhamjour même de la réalisation de cet
événement a été
mad (saw), date
qui correspond
marqué par des miracles
annonc1acette année au
Célébration du
teurs : extinction du
1er ou au 2 mai
feu qu'adoraient les
Maouloud: queUe
(selon les calenMadjud (un peuple
attitude avoir?
driers). Quelle
de la Perse) ; brisure
attitude devons
du trône de Khisral ~-vvw-rvv~rvv~rvv~~~~~"""w~·"""' nous donc avoir
en tant que musulman face à la célé(empereur Romain) ; et au cours de
bration d'un tel événement ?
cette même année, l'armée d'Abraha
Historiquement
la célébration du
fut boudée de la Mecque à coup de
Maouloud remonte au 6• siècle de
pierres par une simple vague d'oil'Hégire pendant la dyn~tie des Fatiseaux 'alors qu'elle cherchait à démides. ·Mais ni le prophète, ni ses
truire la Kaaba ...
compagnons, ni leurs successeurs ne
Cet événement est bien sûr la naisl'ont célébré. En plus, aucun verset
sance du Prophète Muhammad (saw)
ou hadith ne l'autorise ni ne l'interIbn Abd' Allah. Si les musulmans
dit. Cette situation divise donc la
sont unanimes sur la valeur d'une
communauté des musulmans entre
telle personnalité, néanmoins ils ont
deux avis : les partisans et les non
des opinions différentes quant à la

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partisans de cette célébration, chacun
se basant sur des arguments divers
pour défendre son point de vue.
Pour les partisans de la célébration du
Maouloud quatre principaux arguments sont avancés :
1La naissance du prophète représente un grand événement qui tient lui
même de la grandeur du prophète et
de l'importance de sa mission pour le
genre humain. Le Prophète {saw) est
imam des envoyés dans la mesure où il
a dirigé une prière devant les 124000
prophètes dans la mosquée bénie de
Jérusalem au cours d~ son voyage nocturne " allsra »
Le Prophète {saw) Muhammad {saw)
est aussi une miséricorde pour toute
l'humanité. La date de la naissance
d'une telle personnalité ne peut passer
maperçue.
2A la question de savoir pourquoi il jeCmait les lundis le prophète
répondît qu'il était né un lundi et il a
reçu la révélation un lundi. Donc il célébrait sa naissance chaque semaine.
3Certains versets coraniques sont
relatifs à l'honneur que le musulman
doit porter au prophète {S94V4). Le
Maouloud devient donc une façon pour
les partisans de la célébrat~on d'honorer le prophète.
4Cet autre argument se fonde sur
l'un des principes de la loi islamique
qui veut que le musulman s'abstienne
de certains actes lorsqu'ils ont été explicitement interdits ou déconseillés
par le Coran ou les hadiths ou dans

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une moindre mesure lorsque leur accomplissement contredit l'esprit de la
Chari'a. Or, il n'existe aucun verset ou
hadith qui interdit le Maouloud ; sa célébration reste donc un acte licite
pourvue que celle-ci soit faite dans les
limites des normes islamiques.
Quant à ceux qui s'interdisent la célébration du Maouloud, quatre autres
principaux arguments sont avancés :
1Le Prophète {saw), les Sahabas
et les tabi'ines ne l'ont pas célébré en
tant que fête et mieux encore aucun
verset ou hadith ne mentionne l'importance de cet événement. Donc le
Maouloud pour eux est à classer dans
les innovations (bid'a) contre lesquels
le prophète {saw) a mis en garde sa
communaute.
2Le Maouloud semblerait avoir
été copié chez les chrétiens qui célèbrent la Noël {25 décembre) comme
fête anniversaire de la naissance de J ésus {AS). Pourtant le prophète a interdit à sa communauté d'imiter les gens
du livre. Si cela était vérifier, le Maou·
laud serait classé dans le lot de bid'a
déconseillés si l'on se place dans le cadre d'un raisonnement purement dogmatique.
3Pour les ~on partisans, ·on ·ne
perçoit pas l'esprit du principe islami-·
que qui voudrait que le ~usulman
agisse toujours suivant les directives du
Coran et de la Sunna. Si le Maouloud
constituait un événement important
pour l'islam, Dieu aurait donné des directives ne seraient-ce que minimes au
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prophète à son sujet, et les musulmans
n'auraient aucune peine à suivre
l'exemple du prophète conformément
au verset 21 de la sourate33
4Cet argument-ci concerne la période même pendant laquelle cet événement aurait été institué : le règne de
l'Etat Fatimide qui serait une période
marquée par l'affaiblissement de la foi
et les guerres pour le pouvoir. Pour ce
faire, un événement né dans une période « sombre >> de l'histoire des musulmans porterait en lui même un discrédit.
Chaque musulman au vu des
arguments ci-dessus développés par
chacun des deux courants, pourra
choisir une position ou rester neutre à
ses deux. L'essentiel est que chacun,
quelque soit le choix qu'il opèrera
respecte celui de l'autre et surtout ne
pas se laisser emporter par un
dogmatisme aveugle pouvant entra~ner
un sentiment d'animosité contre son
frère en islam.
Refuser catégoriquement la célébration
du Maouloud parce que le Prophète
(saw) et ses compagnons ne l'ont pas
fait ou que le Coran et les hadith n'en
font pas mention, alors que dire de certaines pratiques unanimement acceptées par tous les musulmans alors que
ni le C9ran, ni les hadiths ne les mentionnent?
Même si le prophète n'a pas célébré
l'anniversaire de sa naissance, il a célébré au moins un anniversaire qui est
celui de la victoire de Moïse et son

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peuple sur pharaon et les siens ( l'Achoura). Si l'on concède que le Maouloud est permis, il faut cependant
condamner et dénoncer les pratiques
qui se rependent aujourd'hui autour de
cette célébration. Si on doit le célébrer
qu'on le fasse le plus islamiquement
possible (prière, je(me, prêche, ...)En
sommes, trois leçons sont à tirer de ces
divergences de points de vue :
1Il faut distinguer le principe de
la manière ; certains ont été amenés à
condamner la célébration du Maouloud
en se basant sur les dérives dans les manières. Ainsi, le principe peut être licite (ou toléré) mais la manière est
mauvaise. Pour cela, il faut condamner
la manière et non le principe.
2Il faut éviter une mauvaise utilisation·des hadiths au point de dire que
les musulmans qui célèbrent le Maouloud sont voués à l'enfer. Les savants
bien éclairés se méfient d'employer par
exemple le terme mécréant ou pervers
à l'endroit d'un musulman malgré l'authenticité du hadith sur l'innovation

(toute innovation conduit à la perdition
et toute perdition conduit à l'enfer) surtout quand on n'a pas de preuves évidentes du caractère bid'a d'un acte. Ils
préfèrent le déconseiller tout simplement.
3Quelque soit la teneur ou la véracité de son point de vue sur un sujet
à polémique, le musulman doit avoir à
l'esprit que si le sujet peut faire l'objet
d'une discussion c'est parce qu'il peut
faire l'objet de à polémique, le musul-

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man doit avoir à l'esprit que si le sujet
peut faire l'objet d'une discussion c'est
parce qu'il peut faire l'objet de plusieurs solutions aboutissant toutes à
Dieu. Or dans aucun verset, ni hadith,
ni même chez aucun savant musulman, la fraternité des musulmans ou
leur unité n'a fait l'objet de quelque
discussion. C'est pourquoi autant que
les 5 piliers prescrits, la fraternité et
l'union des musulmans est plus capital
que les détails ou les sujets sur lesquels
Allah et son messager se sont tus
comme miséricorde pour nous, alors
qu'ils nous ont averti sur toutes les autres choses même qui n'existaient pas
mais qui pouvaient faire l'objet de notre dérive : c'est justement le cas de la
division des musulmans. Tout compte
fait, le principe de base en matière de
législation est que pour les « ibadat ,.
(culte, prière, jeûne ...) tout est interdit
sauf ce qui est permis tandis que pour
les « mouamalate » (relations sociales)
tout est permis sauf ce qui est interdit
(cf. le licite et l'illicite).
Nous terminons par l'exemple de
Hassan Al Banna qui à l'entrée de sa
mosquée trol.!va les fidèles divisés en
deux. groupes sur· tout simpleme'nt le
nombre de raka'ate de la prière de
T arawi. Celui-ci leur posa la question
sur le caractère juridique du Tarawi.
Ils répondirent unanimement que c'est
un acte sunna. Il (Hassan) répondit
« T arawi est une sunna alors que votre
unité et votre fraternité sont une

obligation divine, donc rentrer chez
vous et que chacun fasse son T arawi et
préserve notre fraternité et notre
uniOn>>.
« Quand un musulman dit à un autre musulman qu'il est mécréant, soit
celui à qui il dit est vraiment mécréant ou c'est lui même qui est mé·
créant ,. Boukhari.
« Accrochez-vous tous au câble d'Al·
Zab et ne vous divisez point. »

Source : L'Appel

BenSalah
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0 humains! Voici que le (dernier)

prophète est venu à vous. Il vous
apporte la vérité émanant de votre
Seigneur! Croyez-y, vous y trouverez votre bien... » S4 V 170
«Nous ne t'avons envoyé
(Muhammad) que comme miséricorde pour le monde >>

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AN -NASR Vendredi
Bulletin de formation et
d'information de l'AEEMB
01 BP 1817 Ouaga 01
Tél /Fax: 36-27-89
E-mail: aeemb_ce@hotmail.com

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An-n<~sr vendredi n'015 du 30 <~vril 2004

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