Coopération Jamahiriya libyenne-Burkina Faso : une coopération multidimensionnelle

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Title
Coopération Jamahiriya libyenne-Burkina Faso : une coopération multidimensionnelle
Creator
Sita Tarbagdo
Publisher
Sidwaya
Date
9 December 1985
Abstract
Encore la Libye et le Burkina ! C'est le moins que puissent dire les détracteurs des révolutions libyenne et burkinabè en apprenant la visite qu'effectuera à partir d'aujourd'hui même dans notre pays le leader de la révolution libyenne, le colonel Moammar El Kadhafi, cet homme qui, semble-t-il, “dérange beaucoup”. Visite à la fois politique et économique, elle est très attendue par les milieux politiques burkinabè en ce sens qu'elle permettra, à n'en point douter, d'insuffler une vitalité nouvelle à la coopération qui existe entre la Libye et le Burkina. En attendant donc que les choses se précisent davantage, jetons un regard rétrospectif sur la coopération libyo-burkinabè, une coopération aux aspects multiformes.
Spatial Coverage
Gorom-Gorom
Ouagadougou
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
content
Encore la Libye et le Burkina ! C'est le moins que puissent dire les détracteurs des révolutions libyenne et burkinabè en apprenant la visite qu'effectuera à partir d'aujourd'hui même dans notre pays le leader de la révolution libyenne, le colonel Moammar El Kadhafi, cet homme qui, semble-t-il, “dérange beaucoup”. Visite à la fois politique et économique, elle est très attendue par les milieux politiques burkinabè en ce sens qu'elle permettra, à n'en point douter, d'insuffler une vitalité nouvelle à la coopération qui existe entre la Libye et le Burkina. En attendant donc que les choses se précisent davantage, jetons un regard rétrospectif sur la coopération libyo-burkinabè, une coopération aux aspects multiformes.

La coopération entre la Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste et le Burkina est très jeune. En effet les premiers accords passés entre les deux pays datent de 1979. Mais ces accords sont restés inexplorés et inexploités jusqu'à l'avènement du CNR te 4 août 1983. Inexploités donc étaient ces accords à cause d'un certain nombre de pressions extérieures qui pesaient lourdement sur la politique nationale de la Haute-Volta d'alors. Il ne pouvait en être autrement compte tenu des divergences politiques et idéologiques qui opposaient la Libye et la Haute-Volta. Il est bien vrai que le colonel Saye Zerbo et le général Sangoulé Lamizana, anciens présidents de la Haute-Volta ont, de par le passé, effectué des visites de traval en Libye mais, les divergences de points de vue étaient telles que "l'alliance” Haute Volta-Libye n'était pas des plus aisée et des plus constructive.

Il a fallu donc attendre 1983 avec l'avènement du CNR pour asseoir les bases d'une coopération réelle entre la Libye et notre pays conformément aux aspirations profondes et aux attentes des peuples libyen et burkinabè. Bien que très jeune, la coopération libyo-burkinabè est assez florissante malgré les pressions diverses exercées ça et là pour empêcher que cette coopération ne connaisse des issues favorables. Aussi les interventions de la Libye au Burkina sont-elles aujourd'hui multiples et multiformes. Ainsi, et sans entrer dans les détails, nous noterons que l'ensemble des investissements de la Jamahiriya arabe libyenne dans notre pays se chiffre à plusieurs milliards de F CFA, utilisés dans de nombreux projets et secteurs d'activités. Ces projets, de durée variable, visaient et visent des objectifs divers allant de l'appui à des activités déjà existantes au renforcement des actions de développement rural intégré.

ECHANGES COMMERCIAUX

D'une façon générale, la coopération dans les domaines économiques et techniques constitue de loin la sphère de relation bilatérale la plus fructueuse entre tes deux pays. Elle s'est maintes fois manifestée à travers des actions concrètes ou des interventions ponctuelles en faveur de l'un ou de l'autre pays, surtout dans les domaines de l'agriculture, de la santé et des activités annexes. De 1983 à nos jours, tes engagements de la Jamahiriya arabe libyenne en faveur de notre pays se sont soldée per un accord de prêt de 10 millions de dollars le 4 février 1984, à un taux d'intérêt de 0 % ; un don de 277 millions de F CFA pour des aménagements urbains, une aide alimentaire en 1985 d'une valeur de plus de 400 millions de F CFA, un envoi de médicaments au ministère de la Santé. A cela il faut ajouter les interventions ponctuelles concernant des secours d'urgence aux sinistrés de Gorom-Gôrom en aliments, tentes et vêtements ; des aides en véhicules de transport et en matériel de l'information. En outre l'Information a bénéficié d'un don de 160 millions de F CFA. La coopération libyo-burkinabè se manifeste également à travers l'octroi de bourses d'études en Libye à des étudiants burkinabè. L'Association de l'appel islamique de la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste octroie des aides financières à la communauté musulmane nationale pour la construction d'écoles franco-arabes et de mosquées.

Sur le plan des échanges commerciaux, pour le moment il n'est pas fait grand chose et nous osons espérer que la très prochaine mise en place de la grande commission mixte de coopération économique sera un stimulant dans ce secteur. Car des possibilités d'échanges commerciaux, il en existe, eu égard aux potentialités de chaque pays. Il en est de même de la coopération dans le domaine du sport qui, jusque-là n'est pas exploitée de façon parfaite.

En projets, un accord du 1er mai 1984 entre la Libye et le Burkina prévoit la création d'une société burkinabè arabe libyenne agro-pastorale. C'est une société de droit public, au capital de 750 millions de F CFA, répartis à raison de 51 % pour le Burkina et 49 % pour la Libye. Cette société aura pour objectif principal, la promotion de la production et de l'exploitation des produits de l'agriculture, de l'élevage et de leurs dérivées. Une convention partielle du 8 février 1984 entre les deux pays prévoit la création d'une banque arabe libyenne-burkinabè. Société anonyme à caractère social d'un capital de 600 millions de F CFA, cette banque aura son siège social à Ouagadougou. Elle aura pour ambition d'entreprendre des opérations bancaires relatives aux projets de développement économique et commercial entre les deux pays. Sur les plans scientifique et culturel sont établis entre la Libye et le Burkina, des échanges d'informations, de troupes artistiques, de professeurs et d'étudiants.

STRATEGIE DE LUTTE

Au regard de tout ce qui précède, l'on est tenté de dire que la coopération entre la Libye et le Burkina est une forme de coopération à sens unique. En fait il n'en est rien ! En témoignent toutes les actions burkinabè menées en faveur de la Libye ou les nombreuses missions de délégations burkinabè en Libye. L'on se rappelle entre autres encore la visite en Libye du camarade président du Faso le capitaine Thomas Sankara alors premier ministre et, tout récemment, de sa participation aux manifestations du 15ème anniversaire de la révolution libyenne. Des visites qui ont permis de jeter les premières bases d'une coopération qui présente un avenir fructueux et plein d'espoir. Les messagers du Burkina que sont les Petits chanteurs au poing levé ont, de par les concerts qu'ils ont donné en Libye, affirmé et confirmé les bonnes relations qui existent entre les peuples libyen et burkinabè.

Sur le plan politique, la Libye et le Burkina nourrissent des convergences de points de vue sur les problèmes de portée internationale. Il s'agit entre autres de la condamnation du système d'apartheid en Afrique du Sud, de la stratégie de lutte contre toutes les formes d'exploitation et d'oppression, du problème de l'endettement. Un des grands atouts de la coopération libyo-burkinabè est la croisade politique et idéologique pour la consolidation du mouvement révolutionnaire mondial.

Que dire de plus de la coopération entre la Libye et notre pays sinon que ces deux dernières années, les liens entre les deux pays sont devenus plus constructifs. Et les échanges de délégations progressent en vue d'asseoir les bases d'une coopération fructueuse. Du reste, cette visite qui est très attendue permettra certainement de prendre de grandes décisions en faveur de la promotion de la coopération entre les deux pays frères dans la dynamique du développement économique et politique.

Une certaine presse dira beaucoup de choses de cette visite du leader de la révolution libyenne dans notre pays certes, mais ces "blabla" ne doivent en rien entraver les relations entre la Libye et le Burkina, relations qui ont besoin de se fortifier pour le bonheur de leurs peuples respectifs. Car ceux, qui aujourd'hui osent nous reprocher de collaborer avec la Libye sont ceux-là mêmes qui, nuitamment vont traiter avec ce pays.

Sita TARBAGDO

ENTRETIEN AVEC LE FRERE AHMED OWN DU BUREAU POPULAIRE : UNE VITALITE NOUVELLE A LA COOPERATION LIBYE-BURKINA

Afin de cerner quelques aspects de la coopération entre le Burkina et la Libye, nous avons rencontré un des membres du Bureau populaire dans notre pays, le frère Ahmed Own, responsable aux Affaires culturelles.

Sidwaya : A quels objectifs répond la visite dans notre pays du leader de la révolution libyenne, le colonel Moammar Kadhafi ?

Ahmed Own : La visite du leader de la révolution libyenne au Burkina est à la fois politique et économique. Politique en ce sens qu'elle vise à renforcer les bons rapports qui existent déjà entre la Lybie et le Burkina. Elle sera pour les deux parties, l'occasion d'échanger des points de vue sur certains problèmes d'importance. Economique parce qu'elle permettra, à n'en point douter, d'asseoir les bases d'une coopération économique solide, conformément aux aspirations des peuples libyens et burkinabè, deux peuples révolutionnaires. C'est donc une importante visite qui apportera certainement une vitalité nouvelle à la coopération bilatérale Libye-Burkina.

S. : Dans quel sens vont les aides octroyées par la Libye à notre pays ?

A.O. : Nous aidons ce pays à se développer conformément aux aspirations de son peuple. Notre souhait et notre souci sont d'aider le Burkina à se libérer du joug de la dépendance servile.

S. : Quelle place occupe le Burkina dans la diplomatie libyenne ?

A.O. : Dans la diplomatie libyenne le Burkina occupe la place qu'il mérite. C'est un pays révolutionnaire qui acquiert de la Libye, admiration et sympathie. Donc la Libye ne peut que lui réserver une place de choix dans la solidarité révolutionnaire.

S. : Pourquoi la présence d'un Bureau populaire de la Libye dans notre pays ?

A.O. : La présence d'un Bureau populaire de la Jamahiriya arabe libyenne populaire socialiste a des buts politiques, économiques et socio-culturels. En effet, dans tous ces domaines, la Libye entend développer de bonnes relations avec le Burkina. Et ces relations ne peuvent se créer et se renforcer qu'à travers les activités d'un Bureau populaire. C'est ce qui justifie la présence du Bureau populaire au Burkina Faso.

S. : Pourquoi Bureau populaire au lieu d'ambassade ?

A.O. : L'Ambassade de la Libye au Burkina a été créée en 1977. La dénomination ambassade est demeurée jusqu'en 1984. Ce n'est qu'en septembre 1984 que l'appelation Bureau populaire a été retenue. Il se compose de trois personnes dont le secrétaire du Bureau populaire. Il faut dire que de l'étape de l'ambassade à celle de Bureau populaire il y a un grand pas : pas qui témoigne de l'évolution qualitative de la politique libyenne. Et les Bureaux populaires se veulent plus en rapport avec les masses que les ambassades

Comme son nom l'indique ce sont des Bureaux populaires ouverts à tous les militants.

S. : Comment se manifeste la complémentarité idéologique entre le Burkina et la Libye ?

A. O. : Le Livre vert de la Libye a été conçu pour le bonheur non seulement du peuple libyen mais aussi pour celui du monde A cet égard il est un instrument, de libération des peuples opprimés et exploités II montre la vote à suivre quant à l'organisation du pouvoir populaire. Le Discours a orientation politique du Burkina constitue une force, une source d'inspiration pour la construction d'une société nouvelle. En ce sens elle est un appui indispensable aux masses. Dans l'un ou l'autre cas c'est le bonheur du peuple qui est visé. Et la mission des deux révolutions est de persévérer, en dépit des quelques divergences d'approches et de points de vue

S. : Quelle est votre appréciation par rapport à l'évolution politique du Burkina ?

A.O. : la révolution burkinabè est sur la bonne voie, une vote dont l'issue est le bonheur du peuple burkinabè. Progressivement le peuple est associé à la gestion du pouvoir politique et économique. C'est là une grande entreprise qui aboutira sur une victoire politique et économique certaine Et avec une telle volonté affirmée la révolution burkinabè ne peut Qu'avancer à la satisfaction des autres révolutions du monde

S. : Comment se sentent les ressortissants Libyens au Burkina ?

A.O. : Les libyens résidant au Burkina ne se sentent pas étrangers au pays. Ils se sentent à l'aise et entretiennent de bons rapports avec leurs frères burkinabè Des frères qui sont si gentils et si hospitaliers.

Entretien réalisé par Sita TARBAGDO
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