Les atouts de Newton Ahmed Barry

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Title
Les atouts de Newton Ahmed Barry
Publisher
Sidwaya
Date
26 July 2016
Abstract
C'est en principe aujourd'hui 27 juillet que le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry (NAB) et son staff prêtent serment devant le Conseil constitutionnel pour un bail de cinq ans. Porté à l'unanimité à la tête de l'institution, le 25 juillet 2016, le journaliste d'investigation et jusqu'alors rédacteur en chef du bimensuel L'Evènement a deux défis majeurs à relever. La première bataille de l'équipe de Newton Ahmed Barry est de travailler à ce que la CENI maintienne le cap, au regard du bilan de Me Barthélémy Kéré.
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Source
Archives Sidwaya
Contributor
Frédérick Madore
content
C'est en principe aujourd'hui 27 juillet que le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry (NAB) et son staff prêtent serment devant le Conseil constitutionnel pour un bail de cinq ans. Porté à l'unanimité à la tête de l'institution, le 25 juillet 2016, le journaliste  d'investigation et  jusqu'alors rédacteur en chef du bimensuel  L'Evènement  a deux défis majeurs à relever. La première bataille de l'équipe de Newton Ahmed Barry est de travailler à ce que la CENI maintienne le cap, au regard du bilan de Me Barthélémy Kéré. En effet, après avoir hérité d'une institution décriée pour l'organisation de la présidentielle de 2010, Me Kéré a réussi à donner à la CENI ses lettres de noblesses avec l'établissement d'un fichier électoral biométrique, la réussite de cinq scrutins (une élection présidentielle, deux législatives et deux municipales) en cinq ans. Avec ce palmarès, la CENI est arrivée à bout des contestations des résultats après-élections au Burkina Faso. L'équipe de Me Barthélémy Kéré a donc placé la barre haut  de sorte que son successeur n'a plus droit à l'erreur. Le deuxième défi du tout-nouveau président de la CENI est le vote des Burkinabè de l'extérieur. Différé en 2010 puis en 2015 pour des raisons diverses, ce vote de la diaspora est attendu pour les élections de 2020. Newton Ahmed Barry et son staff doivent donc s'y prendre à temps, avec l'accompagnement du gouvernement, pour enfin honorer les engagements de l'Etat burkinabè envers ses fils de l'étranger. Mais NAB a-t-il les cartes en mains pour réussir sa mission ? Sans trop d'optimisme, Newton Ahmed Barry semble partir avec la faveur des pronostics. En effet, même si la réalité du terrain trahit parfois les pronostics, il faut reconnaître que plusieurs données militent en faveur  de l'homme dont certains estiment  que son heure a enfin sonné après le rendez-vous raté de la Transition. En dépit de la réaction du mouvement sunnite qui ne se reconnait pas en la désignation de Barry comme représentant de toute la communauté musulmane, la façon dont le nouveau président a été plébiscité à la tête de la CENI témoigne qu'il peut compter sur la majorité des acteurs politiques et de la société civile pour mener à bien son mandat pourvu qu'il sache ouvrir une large concertation. Il lui appartient  donc d'approcher ses frères sunnites et d'ouvrir un dialogue franc par l'intermédiaire de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) pour se faire accepter par tous. Cette démarche se révèle nécessaire pour lui permettre d'avoir l'onction de toute la communauté musulmane, son premier soutien en tant que structure d'origine.

En outre, le CV de Newton Ahmed Barry, loin d'être aussi extraordinaire, constitue un atout qui plaide en sa faveur même s'il n'y a pas de portrait-robot pour occuper un tel poste.  Titulaire d'un master en journalisme  et doctorant depuis 2010, ce journaliste et chroniqueur politique de 52 ans est connu pour son activisme dans la société civile. Le candidat malheureux au poste de président de la Transition  et de directeur général de la RTB en 2015 n'est pas en terrain inconnu.  Il a été le chargé de communication de la Commission nationale d'organisation des élections (CNOE) créée en octobre 1991 et remplacée en mai 2001 par l'actuelle CENI. Bien que l'institution ait connu une mutation avec des réformes à la clé, il n'en demeure pas moins que Newton Ahmed Barry garde une idée globale de ses missions. Le nouvel élu à la tête de la CENI n'est pas un étranger du landernau politique en tant qu'observateur et analyste politique. De la télévision nationale au journal  L'Evènement en passant par L'Indépendant, le chroniqueur politique a côtoyé plusieurs  partis et acteurs politiques de différentes obédiences.

Une chose est d'avoir les atouts mais une autre est de les exploiter en sa faveur car diriger une institution n'est  pas une affaire de manier  avec faciliter  la plume de la critique. Si le rédacteur en chef de L'Evènement est connu pour ses diatribes contre les autorités, l'heure est venue pour « le jury » de descendre sur l'aire de jeu et de déposer son stylo de « critique ». Il est donc condamné à réussir pour défier ceux qui pensent que l'ancien présentateur de la télévision  nationale critiquait juste pour avoir sa part de gâteau. Dans cette aventure, Newton Ahmed Barry doit reconnaître à ses confrères le devoir d'ingratitude et s'apprêter à être évalué avec la même mesure qu'il avait l'habitude d'utiliser pour jauger les autres.

Lassané Osée OUEDRAOGO
oseelass2009@yahoo.fr
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