Islamistes de Folembray : des prisonniers au Burkina

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Title
Islamistes de Folembray : des prisonniers au Burkina
Publisher
Le Pays
Date
29 March 1995
Abstract
L'affaire des Islamistes algériens expulsés de France et que le Burkina abrite depuis l'année dernière, déroute. On se demande aujourd'hui, si les dés n'étaient pas pipés depuis le premier jour où la vingtaine de présumés islamistes ont débarqué à Ouagadougou à la grande joie de Charles Pasqua. Les autorités burkinabè et françaises, d'une même voix, avaient affirmé que les expulsés avaient choisi le Burkina Faso, comme terre d'accueil. Faux, rétorquèrent ces derniers, lors d'une conférence de presse donnée quelques jours plus tard, en qualifiant notre pays de “prison française". Les récentes péripéties de nos hôtes laissent croire qu'ils ne désirent pas vivre indéfiniment au Faso. Deux tentatives “d'évasion" ont été déjouées en deux mois.
Spatial Coverage
Ouagadougou
Algérie
France
Abidjan
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Source
Archives Le Pays
Contributor
Frédérick Madore
content
L'affaire des Islamistes algériens expulsés de France et que le Burkina abrite depuis l'année dernière, déroute. On se demande aujourd'hui, si les dés n'étaient pas pipés depuis le premier jour où la vingtaine de présumés islamistes ont débarqué à Ouagadougou à la grande joie de Charles Pasqua. Les autorités burkinabè et françaises, d'une même voix, avaient affirmé que les expulsés avaient choisi le Burkina Faso, comme terre d'accueil. Faux, rétorquèrent ces derniers, lors d'une conférence de presse donnée quelques jours plus tard, en qualifiant notre pays de “prison française". Les récentes péripéties de nos hôtes laissent croire qu'ils ne désirent pas vivre indéfiniment au Faso. Deux tentatives “d'évasion" ont été déjouées en deux mois.

D'abord, l'un des Algériens a été arrêté au Bénin, réexpédié au Burkina Faso. Peu après, ce fut au tour d'un autre locataire de l'hôtel Provence de Ouagadougou, d'être déclaré persona non grata en France où il avait pu débarquer avec un passeport nigérian. Il déclarera plus tard, à la presse, qu'il avait été bâillonné, et attaché, pieds et poings liés, au siège de l'avion qui devait le ramener à Ouagadougou via Abidjan. Il justifiera sa “fugue" par les “conditions inhumaines" dans lesquelles il vivait au Burkina.

Les autorités burkinabè, qui ont longtemps juré que les Algériens sont libres de leurs mouvements et qu'ils peuvent aller où bon leur semble, ont-elles caché la vérité ? Car, comment comprendre ces tentatives forcenées, presque désespérées, pour quitter notre pays, sans succès ?

L'affaire des Algériens de Folembray montre un autre visage des relations souvent ambiguës entre la France et ses anciennes colonies. Et aujourd'hui encore, on s'interroge sur les véritables termes du “contrat" qui a valu à notre pays d'accueillir des gens dont personne ne voulait. Il est peut-être temps pour les différentes parties prenantes - l'Etat burkinabè en tête - de jouer cartes sur table et de faire toute la lumière sur cet épisode politico-policier. Il y va de la crédibilité de notre processus de démocratisation qui, pour aboutir heureusement, doit impérativement sortir des chemins obscurs.

Etre à la tête du mouvement pour la paix en Afrique, comme semble y prétendre notre pays, ne signifie pas qu'il faut toujours se jeter, tête baissée, dans toute affaire qui se présente. L'épisode des expulsés algériens apparaît aujourd'hui, presque comme un revers pour notre diplomatie. La France, bien sûr, n'a jamais cessé d'applaudir cette initiative du Burkina. Mais les autres Etats d'Afrique et d'ailleurs, disent-ils toujours du bien de l'attitude des autorités burkinabè ?

Notre pays devait plutôt se consacrer à réconcilier les Africains, comme cela semble lui réussir pour certaines situations. Et les pourparlers inter-nigériens qui se déroulent actuellement à Ouagadougou viennent, heureusement, le rappeler.
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