Communauté musulmane : où sont passés les dollars de Kadhafi?

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Title
Communauté musulmane : où sont passés les dollars de Kadhafi?
Publisher
Le Pays
Date
14 July 2000
Abstract
Le passage du Guide la révolution libyenne a laissé des traces au Burkina. Sous la forme d'espèces sonnantes et trébuchantes. Mouammar Al Kadhafi a en effet fait preuve d'une grande générosité en faisant des dons à tours de bras. La communauté musulmane, comme d'autres couches de la société, ont reçu «quelque chose» du leader libyen. A combien s'élève ce pactole ? Quel usage en a-t-on fait ? C'est ce que nous avons voulu savoir en rencontrant le président de la communauté musulmane, Cheick Aboubacar Sana.
Spatial Coverage
Ouagadougou
Ziniaré
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
content
Le passage du Guide la révolution libyenne a laissé des traces au Burkina. Sous la forme d'espèces sonnantes et trébuchantes. Mouammar Al Kadhafi a en effet fait preuve d'une grande générosité en faisant des dons à tours de bras. La communauté musulmane, comme d'autres couches de la société, ont reçu «quelque chose» du leader libyen. A combien s'élève ce pactole ? Quel usage en a-t-on fait ? C'est ce que nous avons voulu savoir en rencontrant le président de la communauté musulmane, Cheick Aboubacar Sana.

«Le Pays» : La communauté musulmane s'est mobilisée pour réserver un grand accueil au libyen. Quel bilan faites-vous de cette visite ?

Cheick Aboubacar Sana : Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Je voudrais tout d'abord vous remercier pour l'initiative que vous avez prise de m'approcher. En ce qui concerne la visite du Colonel Mouammar Kadhafi, vous savez que c'est une haute personnalité, sur le plan africain. Par ailleurs, c'est un grand ami du Burkina Faso. A l'occasion de sa visite donc, nous avons été contacté par le maire de Ouagadougou et le ministre d'Etat Salif Diallo. Ils nous ont demandé de réserver un accueil digne de ce nom à l'illustre hôte.

Au niveau du Kadiogo, nous avons pu réunir 83 imams de vendredi pour leur donner l'information. Le message est effectivement passé et la mobilisation fut grande, comme vous l'avez vu.

On a parlé de mosquées et d'une université islamique que le leader libyen aurait promises aux musulmans. Qu'en est-il exactement ?

Nous ne pouvons pas confirmer cette information. Nous avons juste émis des doléances. Le président libyen n'a pas encore apporté de réponse à cette requête.

Quel message avez-vous transmis à Mouammar Al Kadhafi lorsqu'il vous a reçu ?

Nous lui avons souhaité la bienvenue au nom de tous les musulmans. Nous l'avons encouragé dans son combat pour une Afrique plus unie. C'est d'ailleurs grâce à cette unité que les dirigeants africains ont décidé, à Ouagadougou, de briser l'embargo qui pesait sur la Libye.

Au cours de cette môme audience. Kadhafi a remis 50 000 dollars US à la délégation. Qu'avez-vous fait de cette somme ?

La délégation des musulmans, à l'instar des autres groupes sociaux, a effectivement reçu un don. Il s'élève à 50 000 dollars, ce qui correspond à environ 32,5 millions de FCFA. LA répartition s'est faite entre les différentes associations islamiques. En ce qui concerne la communauté musulmane, nous tiendrons prochainement une réunion pour voir quel usage sera fait de notre enveloppe. Une chose est sûre, il n'y a pas eu de problème dans cette affaire.

Depuis votre arrivée à la tête de la Oumma, vous avez entrepris des tournées à l'intérieur du Burkina. A quoi répond cette campagne ?

Au congrès de Ziniaré en 1997, où j'ai été porté à la tête de la communauté musulmane, j'ai pris l'engagement de visiter toutes les 45 provinces afin de m'enquérir de la situation des musulmans et de demander leurs conseils. Depuis lors donc, nous avons sillonné la plupart des régions du Burkina.

Et quelles sont les préoccupations des musulmans dans les provinces ?

Chaque province a ses réalités spécifiques. Mais dans l'ensemble, on peut dire que c'est surtout le besoin de médersas et de mosquées qui se fait sentir.

Quelle est la contribution de la communauté musulmane pour une sortie de crise au Burkina Faso ?

Depuis toujours, les musulmans oeuvrent pour que la paix règne au Burkina Faso. Dans leurs prières et leur comportement quotidiens, ils souhaitent que le Burkina soit une terre de tolérance et de progrès. Nous les musulmans, nous croyons au paradis. Mais ce paradis, on ne l'obtient pas si on ne le mérite pas ; c'est sur terre ici qu'il faut préparer l'au-delà. Sans la paix, on ne peut pas prier Dieu. Voilà pourquoi l'islam prêche pour la paix dans le monde.

Quelles relations l'islam entretient-il avec la chefferie traditionnelle ?

Au Burkina Faso, la chefferie traditionnelle et l'islam sont en bons termes.

Bien sûr, la chefferie est plus ancienne que l'islam, ici. Vous savez que l'islam s'est installé au Burkina grâce à des voyageurs comme les Yarcé, les Peuls, etc. Cela signifie que si les chefferies ne l'avaient pas voulu, l'islam ne se serait pas introduit dans notre pays. C'est parce que les musulmans ont été bien accueillis qu'ils ont pu pratiquer leur foi. L'islam ne s'est pas répandue de force au Burkina. Partout, les musulmans entretiennent de bonnes relations avec les chefs traditionnels. Vous avez constaté qu'après chaque fête, les musulmans vont rendre une visite de courtoisie à leurs chefs.

Que pensez-vous de l'affaire Naaba Tigré ?

Je n'ai pas de commentaire particulier à faire sur la question. Quand l'affaire a éclaté, j'ai contacté l'ensemble des musulmans pour leur demander de prier Dieu pour que les choses s'apaisent . Les musulmans souhaitent qu'une issue heureuse soit trouvée à cette affaire.

En tant qu'exégète. pouvez-vous nous dire un mot sur la charria ?

La charria en langue arabe, signifie loi. Il n'y a pas de raison de la craindre car elle ne s'applique qu'aux musulmans.

Votre dernier mot ?

Je vous remercie de nous avoir permis d'apporter des éclairages sur certaines actions de la communauté musulmane. Vous nous avez ainsi donné l'occasion de revenir sur le séjour du Colonel Kadhafi et de rétablir certaines vérités. En effet, on entendait déjà dire que le président libyen a promis ceci ou cela. Nous espérons que les choses se concrétiseront. En tous les cas, les fidèles musulmans seront informés en son temps, de l'aboutissement ou non de nos requêtes.
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