Religion : l'Islam et la mendité (suite et fin)

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Title
Religion : l'Islam et la mendité (suite et fin)
Creator
Aboubacar M. Nacro
Date
3 April 1992
Abstract
Ils s'acheminent ainsi résolument vers le monde futur, aux biens réels inconmensurables, intarissables. Certains travaillent gratuitement pour ceux qui le leur demandent, mais à la place du salaire, préfèrent les restes de repas ; d'autres s'adonnent à l'étude des textes religieux, vivent de vos restes mais n'agressent pas.
Spatial Coverage
Ouagadougou
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035665
content
Ils s'acheminent ainsi résolument vers le monde futur, aux biens réels inconmensurables, intarissables. Certains travaillent gratuitement pour ceux qui le leur demandent, mais à la place du salaire, préfèrent les restes de repas ; d'autres s'adonnent à l'étude des textes religieux, vivent de vos restes mais n'agressent pas.

Sont de ceux-là, Veis QUARNI, Hassan BASRI (641-729), le Cheik DSOU'N-NOUN MISRI, l'Imam Abou HANIFEH de Koufa (699-768), l'Imam ChAAFI'l (767-820), l'Imam Ahmed HANBAL (780-856), Djuneid BAGDAGI,... etc.

Cette vie de derviche leur a procuré d'énormes progrès dans la voie spirutuelle et les miracles opérés par leurs intercessions sont innombrables.

En exemple Rabi'a Adaviyeh, à quelques minutes de sa mort, invita les dévots personnages qui se tenaient assis auprès d'elle, à sortir, car dit-elle, "levez-vous et sortez ; laisser pour un moment la route libre aux messagers du Seigneur Très Haut". Et quand tous se levèrent et sortirent, et à peine la porte fermée, elle fit sa profession de foi et rendit aussitôt l'âme.

Quant à l'Imam Chaafi, il invita les contestateurs de l'Islam à venir discuter avec lui sur le fleuve sur lequel il y était assis sur son tapis de prière sans se noyer.

Ce qu'il faut retenir de ces pseudo-mendiants, c'est qu'ils n'agressent pas, ont une attitude réservée et noble (voir le Verset 273 de la Sourate 2 cité ci-dessus). Ils ne mangent que des restes ; si vous leur offrez une miche entière de pain, ils la refusent et préfèrent les restes, les miettes de pain de votre table, car leur objectif (possesseur de richesses incommensurables) c'est d'endurer la faim de la même manière que les nécessiteux ; et ils affirment les mérites de la faim, de la vie austère car un hadith ne précise-t-il pas que :

«Jamais, le fils d'Adam n'a rempli de récipient pire que son ventre il suffisait pourtant au fils d'Adam quelques bouchées pour subvenir à ses besoins. Et même s'il lui en fallait absolument davantage, qui réserve donc le tiers de son estomac à son manger, le second tiers à son boire et le dernier à sa respiration».

Ces propos (7e siècle) du Très Saint Prophète Mohammad (SAW) ont été confirmés il y a quelques mois par des chercheurs Japonais et mieux dans les mêmes proportions. Commentant cet hadith, le docteur KESHRID (5) affirme que "la plupart des maladies proviennent des excès de table. Quand l'estomac est trop sollicité, il ne digère plus correctement les aliments qu'on y entasse au-delà de sa capacité.

Quand l'estomac fonctionne mal, cela redouble le travail du foie et du pancréas. Cela mène donc à l'hépatisme et tout ce qui s'ensuit comme constipation, hémorroïdes, spasmes intestinaux, calculs biliaires, etc. Cela peut provoquer aussi le diabète dû à la déficience du pancréas. Cela provoque enfin l'obésité qui est la cause principale de l'artériosclérose et des maladies du coeur.

Donc, en énonçant ce principe essentiel de l'hygiène alimentaire, le Prophète (BSDL) a déjà énoncé en quelques mots, la moitié de la médecine. Ce sont les gens les plus sobres qui vivent le plus longtemps et qui sont les moins souvent malades.

De ce qui précède, on peut affirmer sans équivoque que le mendiant quémande par nécessité personnelle et non par principe coranique car, aucun texte, ni du Saint Coran, ni des vertueux hadiths, ni des docteurs de l'Islam (confère Sourate 4 Verset 59) n'a recommandé la mendicité en Islam. Mieux, tout le monde combat cette gangrène qui est comparable à un cancer, se développant plus vite que les autres organes.

Si la mendicité est un principe coranique, le Prophète Mohammad (SAW) aurait mendié pour respecter le Coran ; or, il ne l'a pas fait, alors que très souvent, pendant plusieurs jours on n'allumait pas le foyer dans sa famille selon les dires de Aïcha (RA), la mère des croyantes. Après lui, Aboubakr (RA)n'a pas mendié ; Omar (RA)) non plus, Othman (RA) aussi et Ali (RA) également. Si le Prophète (SAW) et ses Califes orthodoxes ne ont pas fait, ne s'agit-il pas d'une bida'a (une innovation) contraire à la doctrine de l'islam ?

Si la mendicité est un principe coranique, le Prophète aurait mendié et tous les musulmans sans exception auraient mendié en respect du Verset 21 de la Sourate 33 qui précise :

21 Vous avez dans le Prophète de Dieu un bel exemple

Pour celui qui espère en Dieu et au Jour Dernier

Et qui invoque souvent le nom de Dieu.

(Allah dit vrai).

S'agissant des garibous, précisons que tous les petits enfants porteurs de boîtes vides de conserves ne sont pas des élèves de l'école coranique. A preuve, demandez à ces enfants de vous réciter la première sourage du Coran (le prologue) ; faites les statistiques et déterminez où se trouve la vérité.

Ces élèves de l'école coranique constituent un cas social et ils mendient pour vivre et non par principe coranique.

Il n'est pas exagéré de dire qu'un maître coranique peut recevoir plusieurs dizaines d'enfants sans pour autant que le père donne ni les frais de scolarité, ni les frais d'internat de son enfant. Ce pauvre maître peut-il décemment les nourrir ?, les éduquer ?, quand on sait que lui-même n'est pas un salarié. La réponse saute aux yeux. Ces enfants donc, vont se prendre en charge en mendiant pour leur subsistance (il y a là une nécessité personnelle qui est l'instinct de survie) et celle de leur maître. Selon l'éthique musulmane, cela ne sied pas, car l'enfant peut mendier dans une famille où le festin est constitué de la viande porcine ou toute autre viande sacrifiée à des idoles (Coran 2, 173 - 5, 3 - 6, 145 - 16, 115) ; dans ces cas où est l'Islam ?

Ceux qui mendiaient du temps du Prophète (SAW) et les derviches, vivaient dans une société à 100 % musulmane ; or, aujourd'hui, dans toute cité, le corollaire n'est pas vérifié. Si le maître coranique s'installe en brousse, il a ainsi de la main d'oeuvre à bon compte pour ses travaux champêtres. Et El Hadj Toumani Triandé (6) de conclure que "'dans une société en pleine mutation, il est honnête de reconnaître ses limites (école coranique) en matière d'éducation ; la méthode semble dépassée. Cette vision particulière de l'école coranique, même caricaturée, traduit que l'école prépare à la mendicité et l'encourage". Ici, El Hadj Triandé précise bien que c'est l'école coranique (un système archaïque) qui prépare à la mendicité et non le Coran, l'Islam.

C'est encore la recherche de la facilité des parents, une fuite en avant au détriment de l'Islam. On s'ancre ainsi dans un concept, celui qui identifie l'Islam à la mendicité, l'Islam à l'indolence, et mieux, l'Islam à la cupidité. Cupidité pourquoi ? parce que dès le bas âge, l'enfant apprend à se battre pour avoir le plus de galettes, le plus de poignées de riz, etc., dans le plat commun qui leur est offert en guise d'aumône (çadaquat). Cet environnement conduit indubitablement l'enfant à vouloir s'accaparer du maximum pour lui et rien que pour lui seul, et dans les cérémonies religieuses (mariage, baptême, funérailles...) bien qu'adultes, c'est la désolation - car on observe une résurgence de ce comportement enfantin autour des plats de riz, des galettes, etc. - C'est cette désolation qui crée en vous (musulman ou non) le sentiment de dépit, voire de dégoût et voilà l'Islam handicapé par ses chefs religieux , facilement corruptibles, un islam non attractif, mais répulsif.

Un grand savant de l'Islam, Gazali de son vrai nom Abou Hamed AL GHAZALI (1058-1111) l'auteur de l'Ihya oloum eddin (Revivification des sciences de la religion) dans une lettre (7) qu'il adressait à un de ses disciples en quête de conseils religieux, critique cette situation et donne son avis.

"Tu dois, en troisième lieu, éviter de fréquenter les princes et les sultants ; tu dois éviter de les rencontrer, car leur rencontre et leur société, autant que leur fréquentation, constitue un danger. Si cependant, tu es obligé de les fréquenter, évite de les complimenter, car Dieu est courroucé quand on loue les oppresseurs et les scélérats. Et celui qui implorerait pour eux une longue vie exprimerait ainsi le désir que Dieu soit désobéi sur la terre".

"Tu dois quatrièmement et enfin, éviter d'accepter quoi que ce soit des dons et des cadeaux des princes quand bien même tu serais sûr qu'ils ont été bien acquis. Car, accepter leurs dons, c'est corrompre la religion puisque c'est en venir à les flatter, les respecter, à approuver leur injustice. Tout cela corrompt la religion. Le moindre mal qui puisse en résulter, c'est qu'en acceptant leurs dons et en profitant de leur richesses, tu n'en arrrives à aimer ces princes. Or, celui qui aime quelqu'un aime par le fait, même à le voir vivre le plus longtemps possible et demeurer en ses fonctions. Prendre plaisir à voir persister l'injustice, c'est vouloir que l'injustice opprime les créatures de Dieu, c'est vouloir la ruine du monde.

Quoi de plus nuisible à la foi et à la fin de l'homme! Garde toi bien d'être fasciné par le démon ou trompé par des paroles comme celles-ci. «Qu'il vaut mieux soutirer de l'argent de ces princes pour le donner aux pauvres. Ils dépensent, eux, cet argent dans la débauche et la désobéissance ; tu le dépenseras, toi, pour les faibles : tu agis donc mieux qu'eux». Le maudit a coupé le cou à beaucoup de gens par des tentations semblables et les dégats qu'il a causés sont profonds et immenses. J'en ai parlé dans la Régénération des sciences ; consulte cet ouvrage".

Cette philosophie qui respecte la tradition peut-elle être appliquée de nos jours ? (N'oublions pas que l'Imam Ghazali a été derviche quand il s'était remis en cause dans la voie spirituelle). Ce concept tranchant respecte les profondes convictions de l'Imam : éviter de fréquenter le président, les minisrtres, les députés, les richards. De nos jours, cette philosophie est-elle applicable dans un environnement économiquement défavorable surtout au Burkina ? OUI, sur le plan spirituel pour les vrais Moumins. Mais NON en ce sens que tout chef (président d'un Etat, savant, chef religieux, etc.), devrait être à l'échelle 10 de la pyramide de MASLOW et n'éprouver que le seul besoin de créer, les autres besoins : besoins de survie (manger, boire, santé, vêtement), besoins de sécurité (travail, logement), besoins sociaux (éducation, mariage, appartenance à une communauté, besoin d'identité (affirmation de la personnalité), sont satisfaits soit par lui-même, soit par la collectivité. Le chef n'éprouve alors que le seul besoin de créer. Si c'est le cas pour les chefs religieux chrétiens (catholiques et protestants), les chefs religieux musulmans ont rarement dépassé le besoin de survie. On comprend alors pourquoi ce comportement humiliant, répulsif et répugnant qui discrédite et l'Islam et les musulmans.

Je voudrais conclure, non de gaîté de coeur, mais simplement parce qu'il faut conclure, car il y a beaucoup à dire sur ce sujet tabou.

Je n'affirme pas avoir le monopole de la vérité, loin de moi cette prétention. Je ne suis qu'un Croyant à la recherche du savoir religieux. Mes propos peuvent être mensongers ; en ce cas, le Verset 59 de la Sourate 4 recommande que tout différent se règle sur la base du Glorieux Coran, des Vertueux hadiths, et des Juriconsultes, héritiers du Prophète (SAW). Si j'ai eu le courage d'écrire, c'est parce que le Verset 140 de la Sourate 2 m'y contraignait.

140..

Qui est plus injuste que celui cache un Témoignage qu'il a reçu de Dieu

- Dieu n'est pas inattentif à ce que vous faites -

(Allah dit vrai)

et aussi cet autre Verset (159 de la Sourate 2) conséquence directe du Verset 140 ci-dessus :

159..

Ceux qui cachent les Signes manifestes

Et la direction que nous avons révélée Depuis que nous les avons fait connaître Aux hommes au moyen du livre : Voilà ceux que Dieu maudit, Et ceux qui mendissent les maudissent. (Allah dit vrai).

En ce moi béni de carême où tout croyant en Dieu l'Unique, recherche Sa Grâce, Sa Miséricorde, Sa Clémence, Son Pardon, est-il recommandable d'en courir la colère du Juge Suprême et de se faire maudire par Lui et par les Anges chargés de cette mission qui est de maudire celui ou ceux que Dieu le Juste maudit ? NON, assurément NON !

Qu'Allah nous bénisse et nous guide dans le Chemin droit et nous facilite cette mission qui est de l'adorer Lui et Lui Seul sans associé.

Que le Salut et la Bénédiction Divine soient sur notre Prophète et Guide Mohammad (SAW) sa Famille (RA) tous ses Compagnons (RA) toute la Umma musulmane.

Louange à Dieu, Seigneur des mondes.

FIN

Aboubacar M. Nacro 01 BP 1163 Ouagadougou 01 Tél. 30.32.07

NOTE : (5) keshrid, SALAHEDDINE (Docteur). In "les Jardins des Vertueux de l'Imam Mohieddine ANNAWANI".

(6) TRIANDE Toumani (El Hadj). Quel avenir pour nos écoles medersa. Séminaire international de Ouagadougou (1er - 7 avril 1985). Conseil supérieur de la Jeunesse islamique et de la culture du Burkina Faso.

(7) AL GAZALI (Imam) Lettre au Disciple (Ayyuha L Walad) Commission libanaise pour la traduction des chefs d'oeuvres. Beyrouth (1969).