L'Autre Regard #25

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Title
L'Autre Regard #25
Creator
L'Autre Regard
Date
5 April 2015
Abstract
Mensuel d'information islamique
issue
25
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114034815
extracted text
re

L’Aut gard
Si Dieu l’avait voulu il aurait fait de
vous une seule communauté. S5v48

Mensuel d’information islamique N° 025 du 05 avril au 05 mai 2015

MOUVEMENTS
DE PROTESTATION
TOUS AZIMUTS

Yacouba Isaac Zida
appelle au calme P.9

CHEIKH SOULEYMANE
KONFE, FONDATEUR
D’INSTITUT ISLAMIQUE

Prix : 300 F CFA

SOUFISME AVEC CHEICK
MOHAMMED MOUNIR
HAIDARA CHERIF

MEDIAS ET
P.8
RENFORCEMENT DE
LA COHESION SOCIALE

Le CSC continue son
prêche à l’endroit
de tous les acteurs

« Qui a dit
Les tenants et
qu’il n’y a pas les aboutissants
d’avenir dans
enseignés
les médersas ? » au Burkina Faso
P. 15-16

INDEPENDANCE DE LA
COMMUNAUTE MUSULMANE

Le CERFI et
le Mouvement
sunnite indiquent
la voie à suivre P.2

APPRENDRE
LE CORAN

Les
méthodes
avec le Pr
Ahmad Bouda

ETHIQUE MUSULMANE : L’euthanasie

P.6

P. 4

« LA LIBERTE
SELON LE CORAN
ET LA SUNNA »

« En Islam,
contrairement
aux autres,
on a une liberté
encadrée » P.10

est-elle autorisée ?

P.3

Editorial
INDEPENDANCE DE LA COMMUNAUTE MUSULMANE

Le CERFI et le Mouvement sunnite
indiquent la voie à suivre

L

e fait marquant dans l’actualité nationale
pour ce qui concerne le monde musulman,
c’est bien le lancement de la contribution volontaire par le Mouvement sunnite. L’initiative est
salutaire. Tout est parti du constat que la Communauté musulmane manque de tout, sur le plan des
ressources infrastructurelles, sanitaires. Lesquelles
rares infrastructures qui existent sont loin de satisfaire la demande. Aujourd’hui, les musulmans ne
manquent pas de critiques objectives au système
éducatif. Mais peut-elle continuer à baigner dans la
critique facile ? Absolument non. Il lui faut passer
de la critique à l’action. Pour ne pas dire, qu’il faut
à cette communauté d’apporter une alternative propre, capable de répondre a ses aspirations. Sur le plan
éducationnel, il lui faut un système qui soit en phase
avec les réalités du marché de l’emploi mais qui
n’occulte pas le volet spirituel. Toute chose nécessaire, si l’on veut former des citoyens, consciencieux
et équilibrés. Sur un tout autre plan, notamment la
santé, c’est le même constat. Il y a encore des fidèles,
qui à gorges déployés, n’hésitent pas à sabrer le
vécu de la gente féminine musulmane dans les centres de soin.
Mais que fait la Communauté pour sortir de ce bourbier ? That’s the question. Aujourd’hui, Dieu merci,
on peut féliciter ces quelques rares associations qui
ont décidé de cesser de pleurnicher pour agir. Dans
le bon sens. On citera le CERFI qui depuis un certain
temps s’est résolument tourné vers la réalisation de
ces infrastructures. Les choses avancent lentement,
certes, mais l’initiative mérite d’être saluée. Dans la
même lancée, le Mouvement sunnite a lancé en
début du mois de mars, ce qu’on peut qualifier de
souscription volontaire pour la réalisation des infrastructures socio-économiques au profit de toute la
communauté. La souscription va de la modique
somme de 150 Fcfa à 50 000 Fcfa le mois. Le but
est clair. Arriver à doter la Communauté d’infrastructures sociales, dignes de ce nom. La précision

est de taille. La Communauté, dans ce sens, s’est toujours illustrée dans la médiocrité, mettant la charrue
avant les bœufs, refusant de mettre les hommes qu’il
faut à la place qu’il faut. Elle a ce péché, un peu originel, d’allier laxisme et amateurisme, comme si les
compétences lui faisaient défaut. Et pourtant. Ce
projet, porté par le Commissariat national de la jeunesse du Mouvement sunnite avec sa tête, El Hadj
Abdoul Aziz Compaoré, est l’une des recommandations faites par les jeunes au cours d’un forum tenu
il y a de cela moins d’un trimestre. Les jeunes pendant 72 heures, s’étaient penchés sur les difficultés
que rencontrent les jeunes musulmans et la Communauté musulmane dans son ensemble. Cette rencontre a accouché d’un mémorandum dont la mise
en œuvre commande la mobilisation de ressources
financières nécessaires conséquentes. La mobilisation des fonds est donc la phase 2. Il est prévu un
bilan tous les semestres.
Espérons que les fruits porteront les promesses des
fleurs. Mais il faut l’avouer, tous ces projets, portés
par les associations, Cerfi, Aeemb, Mouvement sunnite, seraient pilotés par la Fédération des associations islamiques (FAIB) qu’ils auraient eu une
envergure beaucoup plus importante. Mais hélas. En
tout cas, cette association doit encore prouver sa raison d’être.
Par-dessus-tout, il faut se féliciter de cette volonté,
enfin, cette prise de conscience de notre communauté de la nécessité de compter sur soi-même que
d’espérer un hypothétique financement venant de
l’extérieur pour ne pas dire des pays arabes. La
Communauté musulmane a tout ce qu’il faut pour
répondre aux attentes des musulmans. Il lui manque
seulement une organisation, transparente, efficace.
Pour le moment, on peut compter sur le Mouvement sunnite, le Cerfi et l’Aeemb. En attendant les
autres 

 

  

   

 




   
      
       

 
   

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L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

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ETHIQUE MUSULMANE

L’euthanasie est-elle autorisée ?

Le mot «euthanasie» est formé à partir de deux termes : «thanatos», qui veut dire «mort», et «eu», qui signifie : «bien». «Euthanasie» veut dire : «bonne mort», «mort douce» ; il s’agit plus précisément d’une
mort provoquée par la main humaine avec l’intention d’abréger les souffrances du malade dans les cas où
il n’y a plus espoir de guérison de celui-ci et où il souffre énormément.
Il faut en fait distinguer trois choses :
A) l’»euthanasie» proprement dite, qui
consiste en l’administration d’une médication mortelle, par une personne tierce,
à un malade qui subit de grandes souffrances et qui est de toute façon
condamné ;
B) si la personne tierce ne fait que fournir la médication au malade qui se donne
lui-même la mort, on parle de «suicide
assisté»;
C) parfois on utilise le terme d’»euthanasie passive» pour désigner l’arrêt des
soins jusqu’à présent administrés à ce
genre de malade, dans la mesure où l’on
sait que cet arrêt des soins entraînera plus
rapidement sa mort.
Nous allons dire un mot, ci-après, de
chacune de ces choses...
C) L’arrêt des soins est-il autorisé
d’après l’éthique musulmane ?
A la différence du fait de se nourrir (qui
est obligatoire), le fait de se soigner d’une
maladie en utilisant les remèdes voulus
n’est pas obligatoire. Le Prophète (sur lui
la paix) a dit : «Ayez recours aux remèdes, car Dieu n’a pas créé de maladie
sans en avoir créé le remède…» (rapporté
par at-Tirmidhî, n° 2038, Abû Dâoûd, n°
3855). Le Prophète a ici employé l’impératif, lequel pouvait signifier un caractère
obligatoire. Mais d’un autre côté, le Prophète a un jour clairement signifié à une
malade qu’elle pouvait, si elle le voulait,
se faire soigner, comme elle pouvait, si
elle le voulait, ne pas se soigner et supporter courageusement (sab’r) sa maladie (rapporté par al-Bukhârî, n° 5328,
Muslim, n° 2576). Ibn Hajar voit dans ce
Hadîth une «preuve qu’il est permis de
délaisser les soins médicaux» (Fat’h ulbârî, commentaire de ce Hadîth). Ibn
Taymiyya en a déduit la même chose
(Majmû’ ul-fatâwâ, tome 21 pp. 563564). Ibn Hajar a également écrit qu’il
n’est pas obligatoire au malade d’utiliser
les remèdes voulus pour se soigner (Fat’h
ul-bârî, tome 10 p. 420). Pourquoi ?
Parce que l’obtention de la guérison suite
à l’absorption du médicament ou à l’opération chirurgicale n’est jamais certaine, à
la différence de l’obtention du profit corporel après l’absorption des aliments et
boissons.
Cependant, la présence du premier Hadîth apporte ici une nuance : d’après ce
que al-Qardhâwî relate de certains sa-

vants, se soigner est recommandé (mustahabb). Al-Qardhâwî ajoute que selon
lui c’est soit recommandé soit même
obligatoire, notamment quand la maladie
est conséquente, que le remède est connu
des hommes, est réputé efficace pour ce
genre d’affection suivant les lois de Dieu
régissant la nature et est disponible
(d’après Fatâwâ mu’âssira, tome 2 p.
528).
Le malade peut donc choisir de ne pas se
soigner, ce faisant il ne commet aucune
faute selon l’éthique musulmane. Le droit
français dit la même chose (loi de juin
1999) : le malade peut s’opposer au traitement, et on ne peut donc en principe
soigner un malade sans son consentement.
Des limites existent toutefois, notamment
celui des cas où la maladie met en danger la sécurité ou la santé publique : on
comprend qu’il est alors nécessaire de se
soigner. Certains autres cas sont tels que
le malade est mis en demeure de se soigner, faute de quoi il s’exposerait aux
conséquences de ses manquements : par
exemple en cas de plainte de l’épouse par
rapport à l’impuissance de son mari,
l’épouse aura droit au divorce si le mari
n’est pas guéri. Nonobstant ces limites, le
principe de base est que le malade a le
droit de ne pas être soigné s’il ne le désire
pas.
Au regard de ce principe, il est en soi possible d’interrompre les traitements, surtout quand il est devenu évident que la
maladie est incurable, que le malade est
condamné, et que la poursuite du traitement ne fera qu’allonger de quelque
temps sa durée de vie pour des souffrances supplémentaires (Fatâwâ mu’âssira, tome 2 pp. 528-529).
Il ne faudrait cependant pas négliger
l’idée que les soins sont un droit social du
malade, et au cas où celui-ci désire être
soigné, il devrait y avoir accès. Il faudrait
donc que des garanties soient pensées
afin de prévenir tout risque de considération de paramètres aussi peu humains que
l’appartenance du malade à une catégorie sociale défavorisée ; il faudrait que la
cessation des soins se fasse uniquement
sur la demande expresse du malade – ou,
dans l’incapacité de celui-ci de s’exprimer, de ses proches parents –, ou bien,
quand ce sont les médecins qui savent
que toute poursuite des soins ne conduira
qu’à de l’acharnement thérapeutique, que

la décision soit prise en concertation avec
le malade – ou avec ses proches.
A) Et l’administration d’une substance
mortelle au malade au cas où celui-ci
subit de terribles souffrances ?
En France, si la loi continue pour le moment à interdire l’euthanasie, le Comité
Consultatif National d’Ethique (CCNE,
dont le rôle est purement consultatif) s’est
déclaré favorable au principe de dérogation, donc à des exceptions par rapport à
l’interdiction de mettre fin à la vie du malade : selon son avis, l’interdiction doit
rester le principe général, mais il pourrait
y avoir une exception («exception euthanasique») lors de cas extrêmes et à la
condition que le malade, lorsqu’il était
conscient et lucide, ait écrit un testament
demandant expressément à être euthanasié et ait alors désigné un mandataire
pour être assuré de l’être.
D’après l’éthique musulmane, par contre,
même en pareil cas l’euthanasie est interdite. L’acte de tuer n’est pas mince affaire, car la vie humaine est par essence
sacrée. Et la proposition du CCNE peut
certes paraître séduisante : il s’agit de
mettre fin aux souffrances d’autrui
lorsqu’elles sont insupportables et qu’il
est de toute façon condamné à plus ou
moins brève échéance par la maladie.
Mais comment définir le seuil à partir duquel la souffrance sera qualifiée d’insupportable, en sorte que, au-delà de ce seuil,
l’acte de tuer soit dépénalisé alors que endeçà il constitue toujours un crime ? Etablir cette exception euthanasique, c’est
ouvrir la boîte de Pandore : les retombées
pourraient fort être incalculables. En
effet, la tentation d’euthanasie pourrait
alors s’appliquer ensuite – toujours de
façon dérogatoire, mais quand même –
aux nouveaux-nés gravement handicapés,
aux victimes de graves accidents de la
route… Le CCNE reconnaît lui-même
que le risque est «qu’interviennent des
paramètres économiques ou de gestion
hospitalière» : on pourrait hélas voir ainsi
venir le jour où, souffrant et étant incapable d’exprimer clairement sa volonté
mais armé d’un désir de vivre plus grand
que le désir de mourir, cependant ayant
de par le passé rédigé un testament autorisant un jour le recours à l’euthanasie sur
sa personne en cas de souffrances insupportables, on serait tout simplement euthanasié
contre
sa
volonté…

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

L’Oeil du juriste
officiellement pour mettre fin à de trop
grandes souffrances, en réalité à cause du
coût de la prise en charge hospitalière ou
familiale dans une société qui devient de
plus en plus individualiste et consumériste.
La différence avec l’arrêt des soins est
que là-bas on n’administre pas une médication mortelle mais on laisse la nature
faire son œuvre, tout en se contentant
d’accompagner le malade. Tandis qu’ici
il y a un acte humain : on administre une
substance mortelle au malade.
B) Et la prescription ou la fourniture
d’une substance mortelle au malade
pour qu’il mette fin lui-même à sa vie
et, par là-même, à ses souffrances ?
Ceci ne peut être autorisé en islam, parce
que, d’une part, en islam l’être humain ne
doit pas se suicider (les Hadîths sont bien
connus à ce sujet : voir notamment ce
qu’a rapporté Muslim, n° 109 et suivants), et parce que, d’autre part, l’islam
ne peut autoriser quelqu’un à aider autrui
à faire ce qui lui est interdit («Wa lâ
ta’âwanû ‘ala-l-ithmi wa-l-’udwân»).
A ceux qui voudraient qu’en islam le
principe général demeure l’interdiction
du suicide mais que ce dernier soit, exceptionnellement, déclaré permis pour
pareil cas, la même question se pose :
quel serait le seuil de souffrance à partir
duquel le suicide deviendrait autorisé ?
Déclaré permis dans chaque cas de
grande souffrance, le suicide deviendrait
un échappatoire par rapport à la peur.
Par contre on peut administrer des substances qui permettent d’atténuer la douleur, puisqu’il n’y pas en islam l’idée que
la douleur serait souhaitable, tout au
contraire. Et en fait, souvent le désir de
mort découle de la douleur. Si celle-ci est
atténuée, le désir de vie (qui découle de
l’instinct vital de chaque personne) reste
le plus fort. Dans cette optique, les soins
palliatifs, qui permettent d’accompagner
humainement une fin de vie, proposent
une autre solution que de faire l’acte qui
mettra fin à la vie du malade, que celui-ci
soit autrui ou soi-même.
Quelle alternative à l’euthanasie (A) et
au suicide assisté (B) ?
Nous nous reconnaissons dans la réponse
du Dr Desfosses, président de la Société
Française d’Accompagnement et de soins
Palliatifs (SFAP) (cité dans Ca m’intéresse n° 238, p. 108) : ce que le CCNE
qualifie de «situations exceptionnelles»
pouvant justifier l’»exception euthanasique» «pourrait souvent être évité par le
refus de l’acharnement thérapeutique, la
limitation des traitements, le respect du
refus de traitement par les malades et la
mise en place de soins et d’un accompagnement adaptés».
Wallâhu A’lam (Dieu sait mieux).

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Culture

SOUFISME AVEC CHEICK MOHAMMED MOUNIR HAIDARA CHERIF

Les tenants et les aboutissants enseignés au Burkina Faso

Le dimanche 14 mars 2015, les Soufis relevant de la tendance de Cheickh Ibrahim Inyass ont répondu à l’appel du grand Cheick venu
du Mali, en la personne de Cheick Mohammed Mounir Haidara Cherif pour maintenir les fidèles dans la ferveur de la Tarika Tidjania. Cette rencontre avait pour thème « Qu’est-ce que c’est que le Soufisme ? ». Le prédicateur est revenu sur la genèse de cette tendance et n’a pas manqué de prodiguer des conseils au public venu en grand nombre.Le dimanche 14 mars 2015, les Soufis relevant
de la tendance de Cheickh Ibrahim Inyass ont répondu à l’appel du grand Cheick venu du Mali, en la personne de Cheick Mohammed Mounir Haidara Cherif pour maintenir les fidèles dans la ferveur de la Tarika Tidjania. Cette rencontre avait pour thème
« Qu’est-ce que c’est que le Soufisme ? ». Le prédicateur est revenu sur la genèse de cette tendance et n’a pas manqué de prodiguer
des conseils au public venu en grand nombre.

D

ans la présentation de Cheick
Tall sur le conférencier, on peut
retenir que le Cheik Mounir est
un promoteur et défenseur de l’Islam au
Mali. Né à Ségou en 1950, il a débuté
ses études à l’école de l’illustre savant
Sad Oumar Touré Al Fouti avant de
poursuivre ses formations auprès de
l’honorable érudit Mohammad Zaki
Coulibaly. Il étudia avec excellence de
nombreux documents inscrits dans la
formation.
Cheick Mounir se lança à la recherche
du divin en apprenant le Zikr au près du
Ckeick Ibrahim Inyass et son éducation
spirituelle (Tarbiya) auprès de son père,
le cheikh Mohammad Mahi. Très attendu par les fidèles de la Tarika, le
conférencier, en la personne du Cheick
Mohammed Mounir Haidara, a introduit
son intervention par des louanges adressées à Allah et à son prophète (psl), et
une reconnaissance appuyée au Cheick
Inyass. « O vous les admirateurs du
prophète de l’Islam, de cheick Ahmad
Tidjani et de Cheick Ibrahim Inyass »,
c’est par cette phrase que le conférencier est entré dans le vif du sujet. A la
suite, il donna la signification du soufisme qui renvoie à s’isoler des choses
mondaines sans importance et se mettre
sur la voie conduisant à Dieu seul.
Selon ses dires, certains savants caricaturent le soufisme comme un habitat
construit par Dieu dont les assises sont
faites de peine, de tristesse, de problèmes et de tout ce qui déplaît à l’âme.
Ses murs sont faits en or. Un bon soufi
n’est pas celui qui mange à se remplir le
ventre, ni celui qui se met à dormir
beaucoup. Le soufisme, a-t-il dit, est un
remède pour la réussite du musulman
dans la vie ici-bas et dans l’au-delà.
L’Islam est édifié sur la miséricorde et la
facilité dans les choses. Le Soufisme
aussi. Le prophète (psl) dit « la religion
est facile dans sa pratique… ». Celui
qui voudra la rendre dure, il en payera
les frais.
Etre un bon soufi, c’est s’éloigner des
Page 4

Cheick Mohammed Mounir
Haidara Cherif

interdits de l’Islam et mettre en pratique
les enseignements de Dieu et de son
prophète en amour et non par complaisance ou par contrainte. « Mes prières,
ma subsistance, ma vie et ma mort sont
à Allah, seigneur des mondes », ceci est
le crédo de tout soufi, a-t-il enseigné.
Contrairement aux apparences, le
Cheikh enseigne que le soufisme ne
consiste pas à se laisser aller, en portant
des habits sales et déchiquetés, chose
qui constitue pour d’autres une preuve
de dévotion. Encore moins, se mettre à
danser quand on fait les litanies et
éloges du prophète (psl). Le véritable
soufisme, c’est l’attachement au Coran
et à la Sunna du prophète (psl).
« Pour revenir à ceux qui aiment et veulent faire chemin avec le Cheick Hai-

dara (conférencier lui-même), il vous
incombe de faire votre provision car la
route sera longue. Puisque toute voie
qui mène à Dieu, concède des embûches
et obstacles divers. Pour cela, il vous
faut un vrai maître, pour vous faciliter
la voie afin que vous puissiez arriver à
bon port », c’est ainsi qu’il aborda la seconde partie de sa conférence.
La tarika, ou la voie du soufisme, selon
le Cheikh, est faite de station que doit
gravir tout candidat au soufisme. Voici
les principales stations dans le soufisme :
Le repentir : « O vous qui portez la foi,
repentez-vous vers Dieu, d’un repentir
sincère », a dit Allah dans le Saint
Coran.
La fermeté : Dieu dit : « Ceux qui di-

sent certes, Dieu est notre seigneur et se
tiennent fermes dans son adoration, le
jour de leur mort, Dieu fera descendre
auprès d’eux des anges, qui leur diront
de ne pas s’affliger et de n’avoir aucune
crainte et tristesse. Et surtout de se réjouir d’un paradis qu’Allah leur promet ».
La piété : Dieu dit : « Les alliés d’Allah
sont dépourvus de crainte ici-bas et
dans l’au-delà. Mais les alliés d’Allah
sont ceux qui le craignent et demeurent
dans la piété ».
L’honnêteté (purification du cœur) : La
rétribution des efforts relève d’Allah qui
rejette toute forme d’associationnisme.
La vérité : Dieu dit : « O vous qui portez la foi, craignez Allah et joignez le
rang des véridiques ».
La certitude : Dieu dit dans le Coran
que les alliés de Dieu sont ses rapprochés qui ont enduré dans la souffrance
et la patience parce qu’ils ont la certitude de Dieu.
La prudence : Dieu nous dit, qu’il
connaît ce qui est en nous-mêmes et ce
que nous faisons de jour comme de nuit,
pour cela, soyons attentifs.
Le témoignage : Le Coran nous informe que Dieu nous révélera sa présence (insignes) à travers sa créature et
en nous-mêmes.
La connaissance de Dieu : Cela suppose que le soufi doit se résoudre à se
mettre au service de Dieu parce qu’il
reste et demeure son serviteur.
Voici ainsi résumé les dix stations du
soufisme dans la tarika Tijania du grand
Cheik Ibrahim Inyass. En tout cas, pour
les adeptes de la tidjania du Burkina
Faso, la venue du Cheick Mounir Haidara au Burkina Faso marque un moment décisif dans la dynamique de la
Tarika. Le soufisme étant très peu
connu, ils promettent que ce genre de
conférence sera organisé régulièrement
pour lever le voile sur bien de choses
prêtées à ce mouvement et à ses adeptes.
AROUNAN GUIGMA

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

L’AUTRE REGARD

Culture

Un club des lecteurs constitués pour soutenir le journal

Un groupe de lecteurs du mensuel d’information islamique, qui ont en partage, l’amour de la religion et de tout ce qui touche de près ou de loin
à la cause de l’Islam ont jugé bon de créer un club des amis de l’Autre Regard (CAAR). Présidé par, l’Imam Marboulaye Nombré, l’un des pères
fondateurs de l’AEEMB, le club s’est assigné pour mission de soutenir le seul journal islamique pour lui permettre de poursuivre son œuvre d’information, de formation et d’éducation de toute la communauté.

«

Il va de soi que les musulmans
suivent au quotidien leur journal,
qu’ils soient à l’écoute de leur
journal, qu’ils lui apportent leur soutien pour lui permettre de faire une promotion juste de l’Islam au Burkina »,
c’est ainsi que le premier responsable
du Club des amis de l’Autre Regard,
Imam Nombré Marboulaye décrit le
bien-fondé de la naissance de cette
structure. Cette idée, inutile de mentionner, qu’elle a été accueillie avec
ferveur par les responsables du journal.

Et des initiatives pareilles, l’Autre Regard en avait tant besoin. Le CAAR a
adopté ce qu’on peut considérer
comme un règlement intérieur déclinant ce qu’il est et ce qu’il n’est pas.
On retiendra grossomodo que le CAAR
rassemble tous ceux qui adhèrent à la
ligne éditoriale du journal qui fait la
promotion de l’Islam toutes tendances
confondues et donne son point de vue
sur les grands sujets d’actualité dans
notre pays et dans le monde musulman.
Le CAAR apporte son soutien, sous

toutes les formes, pour permettre au
journal de se faire une place au soleil.
Le CAAR, selon les membres du club,
peut proposer des thèmes à la rédaction
du journal qu’il pense d’intérêt pour la
nation.
Mais le CAAR ne fait aucunement
partie de l’équipe de la rédaction. Le
CAAR fait la promotion du journal
partout où besoin est. Les rencontres du
CAAR se tiennent après chaque parution du journal. Par cette initiative,
l’équipe conduite par l’Imam Marbou-

ADHESION DE LA PALESTINE A LA COUR PENALE INTERNATIONALE

Encore une victoire pour sortir du joug israélien

Ce 1er Avril 2015, la Palestine est devenue officiellement un nouveau membre de la Cour pénale internationale qui siège à la Haye aux Pays-Bas. L’objectif est d’obtenir de la juridiction internationale le jugement des dirigeants israéliens pour crimes de guerre et occupation illégale des territoires palestiniens; c’est
une nouvelle bataille qui s’annonce sur le plan politique et juridique.

L

a Cour pénale internationale
(CPI) a ouvert une enquête préliminaire sur les crimes d’Israël
et les activités de colonisation dans les
territoires palestiniens, comme le
confirme un haut responsable palestinien.
L’adhésion à la CPI fut un long chemin
juché d’embûches. Malgré les pressions politiques, les représailles économiques et les agressions continues de
la part de l’occupant israélien, ce jour
marque l’entrée de la Palestine au sein
de cette institution en charge de promouvoir le droit international: « son
mandat est de juger les individus (et
non les États, ce qui est du ressort de
la Cour internationale de justice),

ayant commis un génocide, des crimes
de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes d’agressions (depuis
juin 2010) ».
Le négociateur en chef pour les intérêts
palestiniens, Saeb Erekat, a déclaré

lundi que la juridiction
basée aux Pays-Bas a
également commencé à
enquêter sur les «crimes
de guerre» commis par
Israël lors de la dernière
offensive sur la bande de
Gaza, une agression effroyable d’une ampleur
inédite puisque 2014
restera comme l’année la
plus meurtrière pour le
peuple de Palestine de-

puis 1967.
C’est un combat de longue haleine. Les
examens préliminaires doivent permettre de décider de l’approfondissement
des enquêtes pour tous les crimes cités

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

laye Nombré entend faire de l’Autre
Regard, un mensuel dont la voie porte,
capable de représenter valablement les
musulmans dans notre pays.
Pour une éventuelle participation aux
activités du CAAR, voici les coordonnées utiles :
Le président du Club, Imam Marboulaye Nombré: 72 47 43 52.
Le chargé des rélations avec le Journal,
Ahmed Zakaria Traoré : 70 05 05 06.

Actu

La rédaction

précédemment. Le 16 janvier 2015, le
Procureur de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a ouvert un examen préliminaire sur la situation en
Palestine.
Cette analyse peut prendre des années
comme ce fut le cas pour une demande
en 2009. Cette dernière a abouti en
2012 sur le fait que le tribunal n’avait
pas de compétences pour cette requête,
en cause : la non adhésion de la Palestine à la CPI à l’époque. Bien que cet
obstacle juridique majeur soit désormais levé, le procureur dispose d’un
temps illimité pour décider s’il y a lieu
ou pas d’enquêter, et le cas échéant de
donner lieu à un procès. Cela étant dit,
les Palestiniens estiment que leur démarche est légitime et que le temps est
venu d’agir. « Nous voulons que les
principaux responsables israéliens des
crimes les plus graves soient poursuivis », un responsable palestinien a déclaré cette semaine: « Les dernières
réactions israéliennes suggèrent que
nous ne sommes pas les seuls à prendre au sérieux la cour. «
Page 5

Entretien

APPRENDRE LE CORAN

Les méthodes avec le Pr Ahmad Bouda

Le Pr Ahmad Bouda a fait de l’enseignement du Coran sa principale occupation. On le sait tous, un musulman sans le Coran, est semblable à une coquille vide. La lecture correcte du livre sacré permet au
croyant d’être en bon terme avec son créateur. Lire le Coran et bien lire le Coran, ça fait deux choses. Le
Pr Ahmad Bouda, lui il s’emploie à bien faire lire le Livre sacré aux apprenants. Découvrons un peu sa
méthologie.
L’AUTRE REGARD : Comment
doit-on s’y prendre pour apprendre le
Coran ?
AB : Louange à Allah qui nous permet
de nous maintenir en bonne santé pour
apprendre à mieux Le connaître. J’implore Sa bénédiction et Son salut sur le
noble prophète (psl). C’est ma deuxième
intervention dans votre Journal et cela
me touche énormément pour la considération que vous placez en mon humble
personne. Ce Journal fait un travail remarquable pour la cohésion des musulmans. Dieu nous dit dans le Coran : nous
avons fait de vous une communauté du
juste milieu. C’est le constat que nous
avons de ce journal. Pour répondre à
votre question ; je vous assure déjà que
pour apprendre le Coran, il faut être sain
d’esprit. Etre musulman. Nonobstant ces
deux aspects, le Coran est écrit en
langue arabe et avec un alphabet syllabaire. Donc, pour toute personne désireuse d’apprendre le Coran, il faut
impérativement commencer par enseigner l’alphabet arabe à la personne.
Après la lecture brute d’un texte arabe,
nous allons maintenant appliquer les règles de la lecture du Coran qui diffèrent de la lecture de la langue arabe à
proprement parler. C’est de cette manière qu’on peut apprendre convenablement et correctement le Coran.
Comment un fonctionnaire peut-il s’y
prendre pour apprendre le Coran ?
D’emblée, on peut dire que cette question a été posée au temps du prophète
(psl), parce qu’Allah dit qu’il fait de la
journée le moment de notre gagne-pain
et il dit au prophète de se consacrer
beaucoup pendant les nuits à réciter le
Coran vu ses nombreuses occupations
pendant la journée. C’est dire qu’un
fonctionnaire se doit d’accomplir son
travail pendant la journée et les soirées,
les week-ends et les congés peuvent être
dédiés à la lecture du Coran. Cela est valable pour ceux aussi qui travaillent dans
le privé. Souvent des travailleurs aménagent leur temps quand ils descendent
pour la pause de midi pour y faire
quelque chose. En dehors de cela, nos
Page 6

Quel est le temps imparti pour arriver
à une lecture intégrale du Coran ?
Tout dépend de l’apprenant. Les raisons
sont diverses parce que les motivations
ne sont pas les mêmes au niveau des apprenants. Il y a des gens qui apprennent
vite et d’autres moins. On ne peut pas
déterminer un temps exact. Sinon pour
toute personne ayant la volonté ferme,
autour d’une année on peut boucler la
lecture brute d’une manière intégrale.
Avez-vous une idée du nombre d’apprenants ayant terminé la lecture du
Coran à votre niveau ?
On ne peut pas donner un nombre exact.
Beaucoup en ont terminé et continuent
de parfaire leur lecture.

cours sont dispensés dans les soirées,
entre 18H30 et 22H30.
Dans vos cours, est-ce qu’il y a des
élèves et des étudiants ?
Oui, il y a des élèves et des étudiants. A
ce niveau, c’est encore plus relaxe. Pour
ma propre expérience, nous utilisions
les soirées ainsi que les jours où nous
n’avons pas cours pour nous consacrer à
la lecture du Coran. De toute manière,
quand quelqu’un veut apprendre le
Coran, ensemble nous arrivons toujours
à trouver un consensus par rapport à la
période d’apprentissage.
Y a-t-il des méthodes spécifiques d’assimilation du Saint Coran ?

Il faut déjà dire qu’il existe plusieurs
méthodes pour l’assimilation; mais je
vous assure que la première méthode est
liée à la soif d’apprendre de l’apprenant
lui-même. Même si vous avez un très
bon maître et qu’il vous manque le désir
ardent, le résultat ne sera pas satisfaisant. Les savants en Islam ont dit que
pour avoir une maîtrise de la connaissance du Coran il faut forcément le
« Hirss », l’avidité à apprendre le coran.
Cela est valable dans tous les domaines
d’apprentissage. Ensuite, il y a le respect
du programme d’apprentissage. En un
(1) mois, un lecteur assidu peut parvenir
à une lecture littérale d’un texte arabe.
Du reste pour un lettré, techniquement
la lecture du Coran devient chose facile.

On remarque aussi qu’après les cérémonies de fin de lecture que vous organisez pendant lesquelles vous
délivrez des attestations, beaucoup
n’arrivent plus à lire ?
Le prophète (psl) a comparé le Coran à
une jeune chamelle attachée avec une
corde et il exhorte le propriétaire de la
chamelle à aller vérifier le nœud de la
corde afin de s’assurer qu’elle est toujours bien attachée pour que la jeune
chamelle ne s’échappe pas. C’est pour
dire à tous ceux qui viennent de finir la
lecture intégrale de persévérer et de faire
de la lecture quelque chose de primordial. Tout lecteur doit pouvoir réviser la
lecture chaque mois ou chaque deux
mois. Il y a aussi des gens qui négligent
la lecture et se précipitent pour obtenir
leur attestation alors que la lecture n’est
pas de qualité. Cela va jouer sur l’apprenant plus tard. Le Coran a été révélé
pendant vingt-trois ans, chose qui suppose qu’il n y a pas lieu de se précipiter
pour finir.
Comment vous contacter ?
Je réponds au 70 75 36 25 ;
Boud_hamado@yahoo.fr 



Entretien réalisé par
Arounan GUIGMA


 
 

  

   

 




Votre Mensuel d’information
islamique à ne pas manquer !

   
      
       

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

 
   

F

L’Islam et la destinée humaine (suite)

ascinée par les performances de
son intelligence à la manière
d’une personne grisée par la vitesse de sa moto ou de sa voiture, l’être
humain oublie ses propres faiblesses et
tout danger.il se croit le centre de tout et
la mesure de tout. Il se met à agir
comme s’il n’avait pas de contrat d’alliance avec son créateur. Il se met à penser que son intelligence lui permettra de
se passer des conseils et de l’aide de
Dieu .Pourtant, il suffit que son système
de santé soit brouillé par la maladie ou
qu’une cellule du cerveau soit modifiée
pour que l’homme sente sa fragilité ou
même son néant.
L’homme est mortel et sa vie est très
éphémère. Cependant, Dieu l’a déclaré
digne de confiance et lui a confié la gérance de la terre (kalifa).
Suivant le message de l’Alliance Finale,
l’homme n’est pas ici -bas pour boire,
manger, dormir, jouir de la vie et ensuite
disparaître. Il est là pour appliquer au
mieux les consignes de son créateur ;
C’est cela le sens de l’adoration de
Dieu. L’ensemble des commandements
de Dieu constitue le chemin de Dieu ou
la Charia. L’ensemble constitue la voie
droite qui mène à Dieu.
La charia n’est pas seulement le code
pénal de l’islam comme certains le voudraient faire croire, mieux que cela, elle
est tout l’islam. En effet, la prière, la
zakat, le jeûne de ramadan, le pèlerinage
à la Mecque font partie intégrante de la
charia.
Le prophète Muhammad (paix et salut
sur lui), au cours d’un dialogue pédagogique avec l’ange Gabriel, en présence de ses compagnons, a énoncé trois
étapes de l’Islam : les cinq (05) piliers
de l’Islam, les six (06) articles de la foi
(imaan), et l’unique article de la vertu
(Ihsaan). Ce sont là les jalons de l’Islam qui est la voie qui conduit au rapprochement infini ou à l’élévation
spirituelle.
Les trois (03) niveaux de spiritualisation en Islam sont : l’islam (soumission), l’iman (foi) et la vertu (ihsaan).
Les cinq(05) piliers de l’islam sont :
L’attestation de foi (chahada) ;
L’aumône purificatrice (zakat) ;
La prière (salaate) à exécuter cinq(05)
fois par jour ;
Le jeûne (Sawme) de Ramadan à observer pendant trente jours par an;
Le pèlerinage à la Mecque une fois dans
la vie, pour celui qui en a les moyens.
Les cinq(05) piliers de l’Islam sont ex-

térieurement pratiques et exécutables
par notre partie matérielle qui est le
corps humain et soutenu intérieurement
par une intention de dévotion à l’égard
du Seigneur Allah, le Maître des univers. Ils exigent une communion du
corps et de l’âme pour être validés.
Le six(06) piliers de foi (imaan) relèvent
du spirituel (intention, pensée, conviction, sentiments, confiance, attachement, motivation). Ils sont destinés à
forger un mental pur débarrassé des
doutes et des peurs. L’Imaan met de
l’ordre dans le mental de l’individu.
Ainsi sa pensée et son cœur sont apaisés et l’individu devient une personne
tranquille. En paix avec lui-même, en
paix avec ses semblables, en paix avec
Dieu.
Les six(06) articles de la foi (Iman) musulmane sont :
- la foi en Dieu : Le Seigneur Allah tel
qu’il s’est fait connaître dans le Coran ;
- la foi en l’existence des anges : qui
sont chargés de missions divines dans
l’univers, sur la terre et auprès de
l’homme durant son séjour terrestre.
La foi en l’existence des Livres saints
de Dieu (extraits de la Table gardée ou
mémoire universelle) ;
La foi dans les messagers de Dieu (depuis Adam jusqu’à Muhammad le message de l’Alliance Finale) ;
La Foi dans le Jour du Jugement dernier où chacun sera jugé et récompensé
selon ses œuvres où gracié selon la miséricorde de Dieu ;
La foi au destin : la responsabilité partagée entre l’homme et son créateur
Allah : responsabilité personnelle de
l’homme pour les actes qui sont à sa
portée et marqués par le sceau de son
choix personnel ; Responsabilité générale de Dieu qui se réserve le droit d’ingérence dans la vie de l’homme pour le
secourir, pour le guider, pour l’encourager, pour le dissuader des errements, etc.
La 3ème étape de l’islamisation de l’individu est le réveil spirituel ou l’Ihsan (la
vertu ou la perfection).
L’Ihsan a un pilier unique : « Adorer
Dieu comme si on le voyait » avec nos
propres yeux en restant conscient de la
présence du Seigneur Allah, quand on
veut accomplir un acte et que cet acte
soit à sa gloire».
Islam, Imaan et Ihsan sont des étapes
ou des aspects de spiritualisation de
l’homme considéré comme un tout inséparable : corps et âme. A partir de

notre Islam, nous devons travailler à atteindre l’imaan et nous élever vers l’ihsan. Les qualifications attachées à ces
trois étapes de l’islam son : Muslim
(Homme soumis à Dieu), Moumine
(Homme au cœur apaisé par Dieu) et
Mouhsine (Homme au cœur éclairé par
Dieu).
Selon le Coran, celui qui quitte le
monde en moumine est sauvé. Ici -bas,
les « mouminines » font l’objet d’attention par Dieu. Quant aux « Mouhsinines », le Coran dit que Dieu les aime.
Et des prophètes de Dieu sont qualifiés
de Mouhsinines. Ce qui manifestement
constitue un degré élevé de sainteté.
L’homme est à la fois corps, âme et esprit. Le processus de spiritualisation ou
d’islamisation doit atteindre tous les niveaux, si l’homme veut goûter à la douceur de la foi musulmane. Il ne s’agit
pas de types de foi séparés mais de l’élévation du moins spirituel vers le plus
spirituel. Si votre islam n’atteint pas
votre corps, votre âme et votre esprit,
vous ne serez pas transformé spirituellement pour atteindre la vertu. La distorsion entre les trois niveaux, ne peut
jamais faire d’une personne une bonne
personnalité musulmane sincère en
dépit de l’accumulation des sciences religieuses.
Quand l’esprit ne se soumet pas, on n’a
pas la foi ; quand l’âme et le corps se rebellent, on est pécheur ou hypocrite et
c’est l’esprit qui est faible ou malade.
Car l’esprit doit illuminer le corps.
Quand il y a harmonie entre corps et
âme, on est croyant sincère.
Quand l’esprit est éveillé à la foi, on devient vertueux. La foi est donc une dynamique qui pousse vers la vertu
(sainteté). Cette dynamique doit être
maintenue, sinon elle est réversible.
C’est pourquoi ceux qui abandonnent
une étape rechuteront.
Par exemple quel que soit votre degré
d’évolution spirituelle vous ne pouvez
être dispensé de la prière qui pourtant se
trouve au point de départ. C’est un lien
spirituel et si vous coupez ce lien vous
rechuterez quel que soit votre niveau de
spiritualité. L’ascension est infinie et la
chute reste également une possibilité.
Le relèvement est une autre faveur pour
les vivants. C’est manquer de respect à
Dieu que de penser que le pardon de
Dieu n’est plus possible pour un être vivant. Cependant, il ne faut pas jouer
avec Dieu, mais être sincère dans sa demande.

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

Entretien
L’homme est un tout, il doit se donner
tout entier à Dieu, tel que Dieu l’a créé
et ne doit jamais se présenter divisé, se
réserver à lui-même une partie et l’autre à Dieu. « Dis ma prière, mon sacrifice, ma mort et ma vie appartiennent à
Dieu le Seigneur de l’Univers» Coran
(6/162-163). Il n’y a pas nécessairement
d’étape temporelle et il s’agit de conditionnalités qui peuvent être remplies en
même temps ou par étape. Il s’agit de la
grâce de Dieu, pour ceux qui y parviennent instantanément, c’est le cas des
prophètes et messagers de Dieu à cause
de leur mission spéciale. Ils ont l’absolution d’avance pour leur manquement.
C’est pour cela qu’ils sont toujours purifiés et purs.
Les cinq(05) piliers de l’islam constituent la base minimale pour l’islamisation de l’homme. Ensuite viennent les
six(06) piliers de la foi qui sont destinés
à soutenir un mental fort, sans peur et
résistant au doute, et lui imprimant un
idéal mobilisateur des énergies pour
soutenir l’élévation spirituelle tout au
long de la vie, contre vents et marées.
Un mental vide des piliers de l’iman, ne
peut pas soutenir l’ascension vers Dieu
à long terme. La chute arrive faute de
carburant. La dynamique de l’ascension
entraine l’éveil spirituel source de vertu
et de l’amour divin et de la miséricorde.
Le travail à ce niveau est facilité à cause
de l’aide de Dieu qui a promis de soutenir le croyant sincère et ceux qui s’efforcent d’avancer vers Lui.
Il y a donc un premier mouvement qui
teste la volonté du croyant et un
deuxième mouvement plus accéléré par
la main de miséricorde divine. Là encore, il n’y a pas de raison pour dormir,
car il faut exprimer toujours sa gratitude
à l’égard de Dieu.
L’Islam, le message de l’Alliance Finale
entre Dieu et les hommes, se propose de
nous conduire par la main de miséricorde divine à travers l’islam, l’imaan
et l’ihsan dans la vie d’ici -bas jusqu’à
la vie éternelle, dans le paradis d’AllAh.
Que la paix et la bénédiction du Seigneur Allah soient sur vous.
Source d’inspiration du texte :
1-Coran (S5/V6 et 15) prière/livre;
2-Coran S112/V1-4)/Allah;
3-Coran (S3/V18-21 et 110, 132-135
et 285)/Islam/imaan ;
4-Coran (S2/V177-255)/Vertu/Allah;
5- Coran (S16/V2 et 36-61);
Anges/Messagers/destin;
6- Coran (S33/V40-48)/Alliance
Finale.
Ahmad ZIGRINI
Page 7

Société

MEDIAS ET RENFORCEMENT DE LA COHESION SOCIALE

Le CSC continue son prêche à l’endroit de tous les acteurs

U

Par Léopold KABORE

Le présidium de la cérémonie d’ouverture avec le conférencier Louis Modeste Ouédraogo (extrême droite).
teractives, vous constaterai que le ton
monte ».
Selon le CSC, il existe actuellement au
bas mot 150 radios qui émettent sur
l’ensemble du territoire, 28 télévisions
qui sont fonctionnelles, 77 titres de
journaux et 16 médias en ligne officiellement déclarés. « Il s’agissait
pour nous de voir les capacités opérationnelles de ces médias de pouvoir
nous accompagner efficacement pour
la couverture médiatique de la campagne. Par capacité opérationnelle,
nous devons entendre que ce n’est pas
parce qu’une radio émet dans une localité qu’elle est forcément habilité à
couvrir la campagne. La capacité
s’apprécie en termes de qualité des
équipements, du débiteur, le nombre de
langues utilisées et la qualité des ressources humaines aussi », a expliqué
Nathalie Somé. Selon elle, son équipe

gion, c’est le secrétaire général qui a
salué la présence de Nathalie Somé et
sa suite dans la région. Il a au nom du
premier responsable, salué l’organisation de la conférence publique qui participe de son point de vue au dialogue
social voulu par les plus hautes autorités. Pour la présidente du CSC, la
conférence publique que son institution organise ne doit pas être perçue
comme de trop et elle s’explique :
« L’importance d’organiser des conférences dans les régions est dû au fait
que pour nous, il n’y a jamais de trop
car les médias sont des instruments de
développement et à ce titre, ils doivent
participer à la cohésion sociale. Ces
conférences ne sont pas organisées
pour interpeller uniquement les journalistes mais c’est à tous les utilisateurs des médias. Lorsque vous
écoutez aujourd’hui les émissions in-

DR

ne équipe du Conseil supérieur de la communication
(CSC), avec à sa tête, la présidente, Nathalie Somé était à Tenkodogo, chef lieu de la province du
Boulgou le mardi 31 mars 2015 dans
le cadre de ses tournées qu’il a initié
depuis le 23 mars dernier. Selon la présidente, l’objectif de ses tournées, est
de faire l’état des lieux des médias privés existants pour voir comment ils
pourront participer efficacement à la
couverture médiatique des élections.
Après la ville de Kaya, c’était donc au
tour de Tenkodogo de recevoir
l’équipe du CSC. A chaque étape, le
CSC organise également une conférence publique en vue de communier
avec les hommes de médias, les autorités régionales et les acteurs de la société civile dans le but de mieux faire
connaitre l’institution et ses missions
et aussi de dire à chaque acteur, le rôle
qu’il doit jouer pour qu’il y ait la paix.
En l’absence du gouverneur de la ré-

DR

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) dans le cadre des
préparatifs de la campagne électorale à venir a entamé une tournée
dans toutes les régions du Burkina
Faso. En marge de ces tournées, il
organise également une conférence
publique en vue de communier avec
les journalistes et les autorités régionales. Après Kaya, c’est la ville de
Tenkodogo qui a accueilli Nathalie
Somé et son équipe. C’était le mardi
31 mars 2015.

Une vue de quelques journalistes pendant la conférence
publique à Tenkodogo.
Page 8

La présidente du CSC, Nathalie
Somé a invité les journalistes à être
plus professionnesl dans le cadre du
traitement de l’information.

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

va parcourir toutes les 45 provinces.
Pour le conférencier du jour, Louis
Modeste Ouédraogo, enseignant à
l’UFR/SJP et directeur général des affaires juridique au CSC, les médias
jouent un rôle important qui peut parfois être positif ou négatif. Pour lui, la
liberté de presse et d’expression a des
limites légales. La loi sur la liberté de
la presse définie les limites dans le
traitement de l’information.
Lorsqu’une information est une injure,
une diffamation ou peut porter atteinte
à l’ordre public, il est du devoir du régulateur qu’est le CSC d’interpeller ou
sanctionner. « Cette conférence vise à
appeler les médias et les journalistes
à plus de vigilance dans le traitement
de l’information. L’information a une
valeur cardinale dans le développement du Burkina Faso et les médias
peuvent constituer les canaux pour
cette information. Le journaliste dans
le cadre du traitement de l’information
doit être prudent afin de participer
pleinement à la construction et non
constituer un canal de division », a-t-il
conseillé.
Pour lui, il n’y a pas un comportement
type à recommander aux journalistes
car ayant aussi une responsabilité sociale. « En tout temps, le journaliste
doit savoir qu’il a des devoirs et des
responsabilités. De la même manière
qu’il a le droit d’exercer sa profession
à travers la liberté de presse et d’expression, il doit savoir qu’il existe des
limites légales qui sont prévues par le
régulateur et auxquelles il ne doit jamais déroger », a-t-il prévenu.

Politique

MOUVEMENTS DE PROTESTATION TOUS AZIMUTS

Yacouba Isaac Zida appelle au calme

Mes chers compatriotes
TWEETLa transition politique que
vous avez mise en place, après l’insurrection populaire, s’est donnée pour
mission de conduire le pays vers de
nouvelles institutions démocratiques et
crédibles, dans la paix et la concorde
nationale.Pour ce faire, elle n’a ménagé
aucun effort pour respecter les libertés,
les droits de l’homme, se fiant ainsi au
civisme de tous. Dans ce contexte, nous
notons avec satisfaction qu’après des
décennies d’autocensure, les langues se
sont déliées, les yeux se sont ouverts
sur les abus et les dérives d’un système
de gouvernance, qui s’est enraciné dans
notre pays et dont nous n’avons pas encore fini de solder les comptes.
En effet, les turpitudes du régime précédent n’ont pas seulement conduit à
l’insurrection héroïque de notre Peuple
et causé des martyrs pour lesquels une
journée d’hommage est prévue. Elles
ont aussi laissé notre pays exsangue,
non seulement du point de vue social et
économique mais aussi du point de vue
des valeurs citoyennes.
Mais alors que la Transition s’efforce
d’assainir ce passif qui lui a été imposé,
d’autres travaillent à annihiler ces efforts.
Mes chers compatriotes
La tournure prise par les évènements
ces derniers temps, à travers des mouvements de grèves désordonnés, des revendications intempestives, qui n’ont
de corporatiste que de nom, des occupations des lieux de travail, des entraves à la liberté de circuler, indique
clairement que l’on veut empêcher le
Gouvernement de travailler et, à terme,
les élections de se dérouler.
Certes, dans une société démocratique,
les revendications sont légitimes. Mais
elles doivent s’exprimer dans le respect

de la loi, afin de ne pas nuire à la liberté
des autres. Confondre le droit de grève
avec un droit à l’anarchie, le droit de
critiquer avec un droit d’injurier ou de
diffamer, c’est se méprendre sur le sens
profond de la liberté. Pendant que le
Gouvernement de Transition s’emploie
à rassurer et convaincre les investisseurs de rester ou de venir s’installer
dans notre pays, pour le bénéfice de
notre jeunesse en quête d’emplois, certains de nos concitoyens ont entrepris
de saper ces efforts en installant un climat d’anarchie, comme pour défier ouvertement l’autorité de l’Etat.
La dernière illustration de ces dérives
inacceptables est sans conteste celle qui
a conduit à la quasi paralysie de l’activité de transport à l’intérieur et aux
frontières de notre pays et de l’approvisionnement des centrales thermiques
de la SONABEL, avec des dommages
incalculables ; ou encore celle qui a
conduit à des occupations illégales
d’usines de brasserie, à la prise en
otage d’un secteur stratégique de notre
économie dans le but de satisfaire des
revendications égoïstes, dont certaines
sont manifestement surréalistes.

Convaincu que le dialogue social est
loin d’être l’arme des faibles, le Gouvernement s’est cependant investi à régler honorablement ces récents
conflits, notamment en faisant venir
Monsieur Pierre Castel, PDG du
groupe Castel, avec qui un accord a été
trouvé pour le dénouement de la crise à
la BRAKINA.
Mes chers compatriotes
Le Gouvernement de Transition, fidèle
à la Charte de Transition, continuera de
cultiver et d’incarner les valeurs consacrées par ladite Charte, à savoir l’esprit
de réconciliation, d’inclusion, de responsabilité, de tolérance et de dialogue,
de discipline et de civisme, de solidarité, de fraternité, de consensus et de
discernement.
L’obligation de respecter ces valeurs
n’incombe pas qu’au seul Gouvernement de la Transition mais également à
tous les citoyens soucieux du devenir
du Burkina Faso. Ne pas comprendre
cela et faire passer les intérêts individuels et corporatistes avant le bien
commun, c’est faire le jeu des revanchards qui n’ont pas encore digéré la

perte du pouvoir et de ceux qui s’activent à dévoyer l’insurrection populaire.
C’est pourquoi, le Gouvernement appelle au discernement et à la vigilance
de tous, afin de contrer ceux qui tentent
de greffer à la légitime insurrection de
notre Peuple, leurs agendas égoïstes, en
instrumentalisant certaines revendications, et en poussant certains de nos
compatriotes à la surenchère.
En tout état de cause, c’est avec fermeté et responsabilité qu’il s’opposera
désormais à toute tentative de déstabilisation d’où qu’elle vienne.
A tous les travailleurs du secteur privé
comme du secteur public embarqués
dans de telles aventures, nous lançons
un appel patriotique au ressaisissement,
à ne pas se laisser abuser par des individus qui les abandonneront dans leur
misère s’ils venaient à perdre leur emploi.
Aux organisations de la société civile
et aux partis politiques, principaux signataires de la Charte de Transition,
aux acteurs politiques appelés à prendre le relais du Gouvernement de Transition, nous lançons également un
appel à s’investir dans l’éducation citoyenne.
Refuser de s’impliquer ici et maintenant aux côtés du Gouvernement de
Transition dans le travail d’information, d’éducation et de sensibilisation
de leurs militants et sympathisants sur
le sens de la transition actuelle, sur ce
qu’elle peut offrir et sur ce qu’elle ne
peut pas offrir dans le délai imparti par
la Charte de transition, c’est paver la
route vers un Burkina post-transition
ingouvernable.
Quoi qu’il advienne, le Gouvernement
de la Transition poursuivra sa mission
essentielle qui est l’organisation des
prochaines élections, avec pour principale boussole la Constitution et la
Charte de la Transition, ainsi que les
droits et devoirs qu’elles nous imposent
à tous.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso. Je
vous remercie.

103.4
L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

Page 9

Echange du mois

« LA LIBERTE SELON LE CORAN ET LA SUNNA »

« En Islam, contrairement aux autres, on a une liberté encadrée »
Le Site Bissmillahi-BF.org a organisé une grande conférence publique le dimanche 8 mars à la Mosquée de Moussa Roger à Karpala. C’est le
Dr. Ahmad Abdous Salam Sawadogo qui était chargé de décortiquer dans son domaine. Ce Savant connu pour son franc-parler avait la responsabilité de se pencher sur le thème « La liberté selon le Coran et la Sunna ».

L

e Docteur Sawadogo dans son introduction lout l’éternité d’Allah
dont ses faveurs à notre profit et
implorer son pardon pour le prophète
(psl). « De nos jours, beaucoup de musulmans sont victimes de ce slogan de liberté », fit remarquer le prédicateur.
Dans son exposé, il aborda essentiellement deux points : Existe-t-il une liberté ? Quelle est la liberté selon le Coran
et la Sunna ? Bien entendu, après avoir
tenté de donner un contenu au mot « liberté ».
Selon le conférencier, ce mot dans le
Coran, dans la Sunna et dans la culture
arabo-musulmane est peu utilisé. Dans
les dictionnaires arabes, dans la Sunna et
le Coran il y a le mot « Hurr », qui signifie, être libre contrairement à la servitude
et à l’esclavage. La liberté proprement
dite, n’a vu le jour que tardivement.
D’une manière ou d’une autre, le mot liberté est presque absent dans les textes
arabes. Il est venu en force récemment
parce que le vent de la liberté a soufflé
sur l’Occident et s’est transposé chez les
Arabes.
Mais cette entrée tardive a une explication. Les Arabes étaient libres et jouissaient d’une liberté dans leurs actions. Au

même moment, les Occidentaux vivaient
sous l’autorité oppressive de l’Eglise,
chose qui légitimait l’aspiration de liberté
en Occident.
Par contre, il a plusieurs significations
dans le vocabulaire occidental. Selon le
Larousse, « La liberté c’est l’état d’une
personne qui n’est pas soumise à la servitude ». Et on a plusieurs types de liberté : la liberté de penser, la liberté
d’expression, la liberté de culte, la liberté
d’opinion, la liberté politique, le libreéchange et la liberté des personnes. Après
ces précisions, le conférencier fait remarquer que la liberté est dénaturée de sa
conception pour servir le mal. Au départ,
les Occidentaux, asservis par l’Eglise, se
sont battus pour être libres. Cette liberté
acquise, aujourd’hui, la lutte a changé de
forme.
Pire, Satan a enjolivé les mauvaises actions en bonnes, sous la bannière de la liberté à laquelle les hommes aspirent. La
liberté a été introduite dans les pays
Arabes depuis longtemps par les Occidentaux. Napoléon Bonaparte, arrivé en
Egypte s’est fait musulman et écrivait ses
lettres en arabe. Il a dit aux Arabes qu’il
est venu les libérer. Le nouveau conquérant, au nom de la liberté, fit comprendre

que les Turcs ne pouvaient pas venir en
Egypte les commander, eux et le reste du
Moyen-orient. Ce qui convainquit les
Egyptiens qui n’hésitèrent pas à aider
Napoléon à combattre les frères Turcs.
Ce n’est qu’après la défaite des Turcs que
les Egyptiens comprirent qu’ils ont soutenu un nouveau conquérant. Les Britanniques aussi procédèrent de la même
manière avec le Chérif Hussein de Hijaz
en prétextant libérer le pays entre les
mains des Turcs. Il en est de même chez
nous au Burkina, quand le représentant
de la France est venu chez le Mogho
Naaba arguant qu’il apportait la civilisation. En tout cas pour le Dr, la liberté a
été un prétexte brandi par les Occidentaux pour dompter l’Afrique. Il se pose la
question de savoir si après tout ce qu’on
a connu comme mouvements de libération et autre, l’Afrique est réellement
libre ? Pour lui, la réponse est non, car
nous Africains, vivons une liberté sous
caution. La monnaie, la politique et bien
de domaines sont liés par le contrôle Occidental.
Sous un aspect purement religieux, le Dr
note que les Occidentaux se battent pour
la liberté, mais il s’agit de cette liberté
source de désordre sur la terre. C’est

De la bonne nouvelle !

pourquoi, la frontière entre liberté et libertinage est petite. En sus, le Dr note
que la liberté absolue n’existe pas. Nul ne
peut être aussi libre comme il l’entend.
Un autre aspect, c’est que le concept de
liberté est relatif. Il varie d’un pays à un
autre. Il y a beaucoup de contradictions
concernant le terme liberté.
« Tout musulman doit être attentif sur la
question parce qu’il n’ y a pas une liberté
absolue. On est toujours tenu par
quelques impératifs », selon le DR.
Et selon l’Islam, la responsabilité de
l’homme est engagée dans tous les domaines. C’est pourquoi, l’Islam n’accepte
guère la liberté telle que vue par l’Occident. Le Coran et la Sunna du prophète
(psl), nous enseignent un certain nombre
de normes pour nos sociétés et pour
nous-mêmes afin que nous puissions
vivre dignes et libres dans la foi. C’est
une liberté encadrée par la volonté de
Dieu. La religion n’accorde pas une liberté absolue qui permet à l’homme de
s’affranchir. C’est dire que les musulmans sont libres, mais il s’agit d’une liberté encadrée par Dieu pour le bonheur
même de l’homme.
AROUNAN GUIGMA

Par la grâce d’Allah, désormais, vous pouvez consulter votre mensuel d’information
Islamique¨ le vrai visage de l’Islam¨ sur votre site favori :
WWW.BISSMILLAHI-BF.ORG/
Ensemble pour un Islam décomplexé au Burkina Faso

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L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

5E CONFERENCE ISLAMIQUE DE TANGHIN

Echange du mois

La vie du prophète Mohammed enseignée aux fidèles

Pour la cinquième fois consécutive, la Fédération des associations islamiques de Tanghin que sont l’Association des jeunes musulmans de Tanghin (AJMT), l’Association des jeunes musulmans arabophones et francophones (AJEMAF) et le Cercle des jeunes pour vulgarisation de l’Islam ont tenu le pari de leur grande conférence islamique. Dans un contexte mondial où tous les projecteurs sont braqués sur l’Islam, ces
associations ont trouvé opportun de revivifier l’essence de la religion musulmane à travers la vie de son prophète. « Le Prophète Mohammed, le
meilleur des hommes », tel est le thème d’un grand panel animé par les grands savants musulmans du moment.

C

’est une foule des grands jours
qui a effectué le déplacement
ce dimanche 15 mars pour assister à la Grande conférence islamique
organisée par un regroupement d’association de jeunes musulmans. Si le
thème en lui-même suffisait à créer tant
d’engouement, nul doute que la palette
d’intervenants y était pour quelque
chose. Le thème : « Le Prophète Mohammed, le meilleur des hommes » a
été décortique par les grands savants
musulmans de l’époque. Il s’agit du Dr
Mohammed Kindo, du Dr Ahmad Sawadogo, de Cheikh Ismaël Derra, de
Cheikh Assan Soré et de Cheikh Abdourahmane Guélbéogo. Quatre sousthèmes ont été abordés : « Le Prophète
Mohammed dans les autres religions »,
« Le comportement du Prophète Mohammed » ; « Le Prophète Mohammed
et les non-musulmans » ; « Les obligations du musulman envers le Prophète
Mohammed ». De ces sous-thèmes, les
deux derniers ont le plus retenu l’attention des fidèles. Cet intérêt se justifie
par le fait que des illuminés surgissent
de partout le monde entier et prétendent
agir au nom de l’Islam soit pour défendre le prophète soit pour défendre la religion par des actes attentatoires aux
principes élémentaires de la religion
musulmane. Il se justifie aussi par le
tolet soulevé par les récentes caricatures du Prophète Mohammed avec son
corollaire de manifestations et de
haines des autres religions autre que
l’Islam. Toutes ces problématiques ont
été abordées par les panélistes. Pour ce
qui est du comportement du prophète

envers les non-musulmans, les prédicateurs ont invité les fidèles à se référer
aux sources de l’Islam, que sont le
Coran et surtout la tradition du Prophète qui regroupe l’ensemble de ces
paroles, de ses actes et de son comportement. Ceci aura le mérite de leur permettre de se démarquer de toute idée
tendant à semer la haine des non-musulmans dans la communauté musulmane. « Le Coran a dit clairement à la
Sourate 2 au verset 256 qu’il n’y a pas
de contrainte en Islam », a rappelé le
Cheikh Ismaël Derra. Vouloir contraindre des individus par la force par
l’usage de moyens coercitifs est
contraire à l’esprit et à la lettre de la religion musulmane. Mieux, a-t-il dit, le
Coran stipule de discuter de la bonne
manière et dans le respect mutuel avec
les gens des autres religions. Dans son
exposé, il est revenu sur la terminologie de Djihad traduit à tord par guerre
sainte par certains qui ont tout faux de
vouloir assimiler l’Islam à la violence.

Il a cité des exemples de collaboration
qui ont existé à l’époque du Prophète
entre lui et les non-musulmans. Se prononçant sur les caricatures du Prophète,
l’homme a tout naturellement regretté
cette attitude de ce journal « qui sème
fait la propagande de la haine entre les
religions » mais non sans déplorer la
réaction des tueurs de Charlie Hebdo et
de tous les auteurs des manifestations
et de destructions d’édifices religieux
qui s’en est suivi. Le Cheikh n’a pas
manqué de condamner et à appeler les
musulmans à se démarquer également
des agissements de Boko Haram et de
Daesh, ces groupes dit islamistes strictement célèbres dans les tueries et les
assassinats les plus odieux. Pour lui
tout musulman qui s’identifie au Prophète Mohammed devra se de poser
tout acte de violence et devra s’obstiner à prendre pour modèle ce dernier
qui a incarné toutes les bonnes valeurs
morales. C’est le Dr Mohammed
Kindo qui a planché sur le thème rela-

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

tif aux obligations du musulman envers
le Prophète Mohammed. Nous vous
proposons en encadré sous-dessous les
points essentiels de son exposé.
Pour le président du Comité d’organisation, Soumaïla Badini, cette conférence se justifie pleinement pour lever
les équivoques sur tous ce qui se passe
actuellement dans le monde et qu’on
attribue à l’Islam. Notons que cette
conférence a noté la participation des
non-musulmans. Toute chose qui participe, selon les organisateurs du dialogue interreligieux et de la promotion
du vivre ensemble malgré nos divergences.
Les dix obligations du musulman
envers le Prophète Mohammed
- La croyance au Prophète Mohammed
- L’amour du Prophète Mohammed
- La vénération du Prophète dans les
limites du permis
- Le suivisme au Prophète
- La perpétuation du comportement
du Prophète
- La considération de sa parole sur
toute autre, concernant les affaires
religieuses
- Prendre la défense de ce dernier
dans les limites du permis
- Reconnaître le mérite de la famille
de ce dernier
- Reconnaître le mérite des compagnons du prophète
- Défendre la religion dans les limites du permis 
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Sermont du mois

LA TRICHERIE EN ISLAM

Un acte abominable

Toutes nos louanges sont à Allah, le Seigneur des mondes. Nous le louons, nous implorons son secours,
nous cherchons refuge auprès de Lui contre le mal de nos âmes et les conséquences de nos mauvaises actions. Celui qu’Allah guide, nul ne peut l’égarer. Quant à celui qu’il laisse dans l’égarement, nul ne peut
le guider. J’atteste qu’il n’y a de divinité digne d’être adorée, si ce n’est Allah, l’Unique, sans associé. Et
j’atteste que Mohammad (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) est son envoyé et son messager. Qu’Allah
déverse sa paix sur lui, sa sainte famille, ses fidèles compagnons et sur tous ceux qui emboîteront leurs pas
jusqu’au jour du jugement dernier.

C

hers frères et sœurs dans la foi, par
la Grâce et la permission d’Allah
(soubhâna wa ta’ala), nous allons
évoquer aujourd’hui les formes de tricherie
répandues dans les transactions et leurs
conséquences pour le musulman. A cela
nous ajouterons la position de l’islam sur les
serments faits par le vendeur pour convaincre le client.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, rappelons quelques principes essentiels qui encadrent la vie de tout musulman. Allah dit dans
le Coran :« Je n’ai créé les djinns et les
hommes que pour qu’ils m’adorent ».Ce
verset est assez interpellateur sur la responsabilité du musulman dans tout ce qu’il pose
comme acte sur cette terre. Il constitue une
preuve suffisante pour amener le musulman
à savoir que dans tout ce qu’il dit, dans tout
ce qu’il fait, Allah le guette et il devra en
rendre compte. Ce serait une erreur grave
pour le fidèle de ne pas intégrer cette réalité
dans son vécu quotidien. L’adoration dans le
sens islamique du terme n’est pas exclusive
aux pratiques purement cultuelles, telle la
prière, le jeûne… Le musulman où qu’il soit
doit avoir en esprit qu’il est en adoration permanente. Il doit s’atteler à être en parfaite
harmonie avec les principes de la religion
dans ce qu’il est, dans tous ce qu’il fait.
Après cette parenthèse, revenons à notre
sujet.
D’entrée de jeu, sachons qu’en islam, la tricherie est un délit grave, une injustice
condamnée par Allah et son Prophète.Le
prophète Mohammed (sallaAllahu ‘alayhi
wasallam) dans un hadith authentique rapporté par Jâbir, a dit : « Eloignez-vous de
l’injustice, car l’injustice est un ensemble de
ténèbres le jour dernier ».
Ensuite, dans les transactions, cette règle
doit être le crédo de chacun de nous : « Ne
fait pas aux autres, ce que tu ne veux pas
qu’on te fasse ».
Troisièmement, Allah enlève sa barakat dans
tout ce que le tricheur engrange comme
gain. Le prophète Mohammed (sallaAllahu
‘alayhi wasallam), dans un hadith unanimement reconnu authentique a dit : « Si le vendeur et l’acheteur se disent mutuellement la
vérité et dévoilent les défauts de leur objet

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de transaction, Allah mettra sa bénédiction
dans leur transaction. Par contre, s’ils tiennent des propos mensongers et cachent les
défauts de l’objet de leur transaction, Allah
privera cette transaction de sa bénédiction ». Ça ne sert à rien de vouloir jouer les
intelligents et de vouloir contourner la législation en utilisant les fruits de la tricherie
pour poser des actes louables comme
construire des mosquées ou amener des gens
à la Mecque … Que celui qui voit les choses
de cette manière sache qu’Allah est pur,
qu’il n’accepte de ses serviteurs que ce qui
est pur et dénué de tout soupçon de tricherie.
A présent, nous allons évoquer quelques
formes les plus répandues de tricherie :
En premier lieu, il y a la publicité mensongère comme le fait de vanterles qualités
d’une marchandise alors qu’en réalité, elle
ne possède pas ses attributs.
Ensuite, il y a le fait de dissimuler les défauts d’une marchandise à l’acheteur.
Troisièmement, il y a le fait de diminuer la
quantité, ou la longueur des produits en
jouant sur les instruments de mesure. Allah
(soubhâna wa ta’ala) a dit à cet effet : « Malheur aux fraudeurs. Qui quand ils mesurent
pour eux-mêmes exigent la pleine mesure,
mais qui lorsqu’ils mesurent ou pèsent pour
les autres, leur causent des pertes. Ceux-là
ne pensent-ils pas qu’ils seront ressuscités,
en un jour terrible ? Le jour où les gens se
tiendront debout devant le Seigneur de
l’Univers ».Sourate 36, verset 1 à 6.
A l’attention du tricheur, nous tenons à dire
ceci :
D’abord, qu’il sache que la tricherie n’augmente en rien sa richesse ; au contraire, elle
la réduit en miettes.

Ensuite, sachons qu’il n’y a pas de perte
pour celui qui respecte les principes d’Allah
dans ce qu’il fait. Tout comme il n’y a pas
de gain pour celui qui triche avec les principes établis par Allah. Celui qui respecte
Allah dans ce qu’il fait, aura non seulement
les bénédictions d’Allah ici-bas mais son
agrément le jour dernier.
Troisièmement, qu’il sache que le plus grand
bénéfice est l’obtention du salut le jour dernier. Et que quel que soit ce qu’il engrangera
par la voie de la fraude, cela reste éphémère,
sans oublier le fait qu’il encourt le courroux
d’Allah le Jour dernier.
Pour ce qui est du serment mensonger, le
Prophète (sallaAllahu ‘alayhi wasallam) a
dit dans un hadith de Muslim : « Il y a trois
catégories de personnes le jour dernier, à
qui Allah n’adressera pas la parole ; il ne
leur prêtera pas attention ; il ne les purifiera
pas et un grand châtiment leur sera réservé :
Le premier concerne l’homme dont le pantalon dépasse la cheville ; le second, c’est
celui qui fait un don à quelqu’un et passe
son temps à le raconter à autrui. Le troisième, c’est celui qui vend ses marchandises
en usant de serments mensongers ».
Qu’Allah nous éloigne de la tricherie, qu’il
nous guide sur le droit chemin.
_________________
Message de bissmillahi-bf.org
La tricherie et la tromperie sont des traits
méprisables chez une personne.Plusieurs
passages du Coran et un certain nombre de
hadiths laissent entendre clairement que tricher et mentir, que ce soit à l’encontre de
musulmans ou de non-musulmans, est strictement interdit.
Du moment où une personne choisit l’islam

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

comme religion, elle doit se montrer honnête
et véridique en tout temps et éviter à tout
prix la tricherie et l’hypocrisie. Le Prophète
(que la paix et les bénédictions de Dieu
soient sur lui) a dit :« Quiconque prend les
armes contre nous n’est pas des nôtres; et
quiconque nous trompe n’est pas des nôtres. » (Sahih Mouslim)
Selon une autre narration, le Prophète (sallaAllahu ‘alayhi wasallam) passa un jour
près d’une pile de sacs de grains, au marché.
Il mit la main à l’intérieur de l’un d’eux et
sentit de l’humidité, bien que la surface du
sac fût sèche. Il dit à celui qui les vendait :
« Qu’est-ce que c’est que cela? »
L’homme répondit : « Il a été endommagé
par la pluie, ô Messager de Dieu. »
Le Prophète dit : « Pourquoi n’as-tu pas
mis la nourriture endommagée par la
pluie sur le dessus de la pile de sorte que
les gens puissent se rendre compte? Quiconque trompe les autres n’est pas des nôtres. » (Sahih Mouslim)
L’islam voit la tricherie et la tromperie
comme des péchés abominables, une source
de honte pour ceux qui s’en rendent coupables, autant en ce monde que dans l’au-delà.
Le Prophète (que la paix et les bénédictions
de Dieu soient sur lui) n’a pas seulement dénoncé ces gens en les excluant de la communauté musulmane en ce monde; il a aussi
laissé entendre qu’au Jour du Jugement,
chaque traître sera ressuscité en tenant un
drapeau identifiant sa trahison. Un crieur
élèvera la voix dans la vaste arène du jugement et le pointera du doigt afin d’attirer sur
lui l’attention des autres :« Au Jour de la
Résurrection, chaque traître portera une
bannière sur laquelle sera inscrit : « Je
suis le traître de untel ou unetelle. »
(Sahih al-Boukhari)
Un bon musulman devrait avoir de luimême une estime trop haute pour se retrouver parmi ceux qui trompent, car il ne veut
certes pas tomber dans la catégorie des hypocrites, desquels le Prophète (que la paix et
les bénédictions de Dieu soient sur lui) a
dit :« Quiconque possède les quatre caractéristiques suivantes est un pur hypocrite, et quiconque en possède au moins
une, possède une caractéristique de l’hypocrite jusqu’à ce qu’il s’en défasse :
lorsqu’on lui fait confiance, il trahit cette
confiance; lorsqu’il parle, il ment;
lorsqu’il fait une promesse, il ne la tient
pas; et lorsqu’il se dispute avec
quelqu’un, il devient injurieux. » (Sahih
al-Boukhari, Sahih Mouslim)
Le véritable musulman, donc, évite la tricherie, la tromperie, la trahison et le mensonge peu importe les avantages qu’il
pourrait en tirer, car il sait que l’islam considère ceux qui s’en rendent coupables comme
de purs hypocrites.
Imam Mahmoud Ouédraogo

Enjeu

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

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Nos pieux prédecesseurs

IMAM MALIK

ne sais pas ». Ceci pour enseigner aux
gens de rechercher l’agrément de Allah
dans la science parce que s’il avait réfléchi sur ces questions il aurait trouvé les réponses. Mais c’était pour enseigner aux
gens la modestie et la recherche de l’agrément de Allah.

les voies de bienfaisance.
Ce qui indique le fait qu’il était ascète et
qu’il n’avait pas son cœur attaché au bas
monde, c’était sa grande générosité et son
peu d’amour pour le bas monde.
En effet, le fait d’être d’ascète ne veut pas
dire ne pas avoir d’argent. Mais le fait
d’être ascète signifie que le cœur n’est pas
attaché à l’argent.
Ce qui indique aussi qu’il ne courrait pas
derrière le bas monde c’est ce qui a été rapporté de lui qu’il a dit : J’étais partis voir
Haroun Ar-Rachid et il m’a dit : « Ô Abou
‘Abdi l-Lah, il convient que tu viennes plus
souvent chez moi pour que les enfants entendent le Mouwatta ». C’est alors que
Malik lui a dit : « Que Allah honore l’Emir
des croyants mais la science on vient à
elle, elle ne vient pas chez vous ». C’est
alors que Haroun a dit : « Tu as dit vrai,
allez à la mosquée pour entendre avec les
gens ».

Son ascèse
Pour ce qui est de son ascèse du bas
monde, elle est grande. Il a été rapporté
que Ar-Rachid l’avait interrogé un jour :
« Est ce que tu as une maison ?» Alors
Malik lui a répondu : « Non je n’en ai
pas ». Il lui a alors donné alors trois mille
dinars et lui a dit : « Achète une maison
avec cela ». Malik a dit à Ar-Rachid: « Et
voici tes dinars tout comme ils sont. Si tu
veux, tu les gardes et si tu veux, tu les
laisses ». C’est-à-dire que si tu m’a donné
cet argent pour m’amener à quitter Médine
en raison de ce que tu m’as fait, je ne prendrais pas le bas monde en contrepartie de
la ville du Messager de Allah (salla lLahou ‘alayhi wa sallam).
L’Imam Malik était ascète, c’est-à-dire
qu’il n’avait pas le cœur attaché au bas
monde et ceux qui sont ascètes ont réussi.
Lorsque l’argent et les biens lui ont été
amenés des différentes contrées puisque sa
science et ses élèves s’étaient propagés, les
biens qu’il recevait, il les distribuait dans

Son décès
Son décès était à Médine l’Illuminée, après
dix nuits passées de rabi’ou l-awwal de
l’an 179 de l’Hégire. Il a été enterré à AlBaqi’ auprès de Ibrahim le fils du Prophète
(salla l-Lahou ‘alayhi wa sallam).
Beaucoup de poètes ont dit de la poésie
pour le pleurer parmi lesquels il y avait
Ja’far Ibnou Ahmad As-Saraj qui avait
dit que Malik avait conservé la Loi du Prophète Mouhammad (salla l-Lahou ‘alayhi
wa sallam) par amour et par crainte pour
la Loi et qu’il avait des chaînes de transmission fortes et qu’il inspirait le respect.
Il a des élèves qui sont tous des élèves véridiques, qui ont beaucoup de science et
n’importe lequel d’entre eux à qui tu poses
la question est honnête. S’il n’y avait
parmi ses élèves que le fils de Idris –
l’Imam Ach-Chafi’i– à lui tout seul cela
aurait suffit pour l’honneur de l’Imam
Malik.
Que Allah fasse miséricorde à l’Imam
Malik Ibnou Anas.

Sa vie, son œuvre, son ascétisme

Il est surnommé Abou ‘Abdi l-Lah le père de ‘Abdou l-Lah. Il s’appelle Malik fils de Anas fils de Abou ‘Amir Anas fils
de Al-Harith fils de Ghayman Al-Asbahi Al-Madani. Son ascendance remonte jusqu’à Ya’rab fils de Yachjab fils de Qahtan. Son ancêtre s’appelle Malik fils de Anas. Il fait parti des grands successeurs des compagnons et d’un de ceux qui
ont porté le corps de ‘Outhman Ibnou ‘Affan que Allah l’agrée, de nuit jusqu’à sa tombe tout comme cela a été mentionné par Al-Qouchayri. Le père de son grand-père c’est le compagnon ‘Abou Malik qui a été au côté du Prophète (salla
l-Lahou ‘alayhi wa sallam) dans les différentes batailles mis à part celle de Badr. Quand à la mère de l’Imam Malik,
elle s’appelle Al-‘Aliyah fille de Charik fils de ‘Abdou r-Rahman Al-Asdiyah. Les fils de l’Imam Malik sont Yahya,
Mouhammad et Hammad. L’Imam Malik est le fondateur de l’une des quatre écoles de jurisprudence qui a été conservée, réputée et diffusée dans les pays des musulmans.

L

’Imam Malik est né à Médine l’Illuminée en l’an 95 de l’hégire. Il a
grandi avec beaucoup d’application pour l’apprentissage de la science et
le fait de rapporter le hadith. Il a pris la
science et il l’a rapportée d’un grand nombre de successeurs des compagnons et des
successeurs des successeurs des compagnons qui sont comptés par centaines
parmi lesquels on mentionne Nafi’ l’esclave affranchi du fils de ‘Oumar. Il y a
aussi Ibnou Chihab Az-Zouhri. Il y a Aba
z-Zinad et il y a ‘A-ichah la fille de Sa’d
Ibnou Abi Waqas, ou encore Yahya Ibnou
Sa’id Al-Ansari.
Il était, qu’Allah lui fasse miséricorde,
l’Imam de Médine. Sa science s’est propagée dans les différentes contrées. Il était
réputé dans plusieurs pays et on effectuait
des voyages pour venir à lui des différentes
régions.
Il enseignait alors qu’il avait dix-sept ans.
Il était resté à donner des avis de jurisprudence, à enseigner aux gens, tant que plusieurs de ses Chaykh ont rapporté de lui
–c’est-à-dire qu’ils lui ont donné la science
et il avait appris de chez d’autres et il leur
avait transmis à leur tour–.
Parmi ce qui est rapporté de lui
Il y a beaucoup de savants, successeurs des
compagnons qui ont dit que l’Imam Malik
que Allah l’agrée est celui au sujet duquel
le Prophète (salla l-lahou ‘alayhi wa sallam) a dit son hadith dans lequel il avait
annoncé la bonne nouvelle : « Bientôt il
arrivera un temps où les gens vont effectuer des voyages et ils ne trouveront pas
qui a plus de science que le savant de Médine ».
Ainsi, plusieurs savants ont dit que le savant de Médine cité dans ce hadith, c’est
l’Imam Malik.
L’Imam Malik Ibnou Anas était de ceux
qui honoraient la science tant que lorsqu’il
voulait transmettre le hadith du Prophète,
il faisait auparavant le woudou. Il accomplissait ensuite deux rak’ah surérogatoires
et il s’asseyait bien en place sur l’endroit
où il se tenait. Il coiffait sa barbe, il se parfumait et il prenait une position assise
droite qui inspire le respect puis il se mettait à rapporter le hadith du Prophète.
On lui a posé la question pourquoi faisaitil cela. Il avait répondu : « J’aime à glorifier le hadith du Messager de Allah (salla

Page 14

l-Lahou ‘alayhi wa sallam) et le rapporter
qu’en étant bien assis et qu’en ayant le
woudou ».

Le livre Al-Mouwatta
C’est le premier livre qui a été composé
pour rassembler des hadiths classés par
chapitres. La signification de Al-Mouwatta
est « ce qui est rendu facile ». Ce livre de
l’Imam Malik nommé Al-Mouwatta était
aussi le premier livre composé dans le hadith et la jurisprudence en même temps.
C’est-à-dire qu’il y avait dans le même
livre les hadiths du Prophète (salla l-Lahou
‘alayhi wa sallam) et la jurisprudence. Il
est resté à le composer pendant quarante
années. Il comporte beaucoup de chaînes
de transmission que les spécialistes de hadith, les mouhaddith ont jugées comme
étant les plus authentiques des hadith.
Ach-Chafi’i a dit au sujet du livre Al-Mouwatta : « Il n’est pas paru sur terre un livre
après le livre de Allah –le Qour-an– qui
soit plus authentique que le livre de Malik
». Dans son époque, il a été dit : « Est-ce
que les gens émettent des avis de jurisprudence alors qu’il y a Malik à Médine ! »
Sa science
L’Imam Malik que Allah lui fasse miséricorde a été interrogé une fois au sujet de
l’apprentissage de la science de la religion,
il a dit : « C’est quelque chose de très bien,
mais considère d’abord ce dont tu as besoin depuis que tu te lèves jusqu’à ce que
tu arrives au soir et c’est à cela que tu as
à t’attacher ». C’est-à-dire cherche au
début, les sujets de bases, les sujets de la
science de la religion qui te servent dans
ta vie de tous les jours.
Que Allah lui fasse miséricorde, il était de
ceux qui glorifiaient la science de la religion beaucoup, tant que lorsqu’il voulait
transmettre le hadith il faisait le woudou, il
s’asseyait et il coiffait sa barbe, il utilisait
le parfum, il prenait une position droite qui
inspirait le respect et il donnait le hadith.
Lorsqu’il avait été interrogé à ce sujet, il a
dit : « J’aime à glorifier et à honorer le hadith du Messager de Allah (salla l-Lahou
‘alayhi wa sallam) », et ce qu’il recherchait par la science, c’était l’agrément de
Allah ta’ala. Il a été rapporté que l’Imam
Malik, que Allah l’agrée, a été interrogé
une fois sur quarante-huit questions. Il a
répondu à six et il a dit pour le reste : « je




  
 

  

   

 




   
      
       

LES DIFFERENTS POINTS DE VENTES :

LA SURFACE
SONACOF
NAWFAL
NATIFA MARKET/ZOGONA
KIOSQUE FACE AMBSSADE DU
GHANA
KIOSQUE CHEZ ALOIS FACE
ZACA
KIOSQUE SITARAIL
LIBRAIRIE MUJA
KIOSQUE /FACE CITE AN III

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

 
   

LES POINTS DE VENTE /
VILLES
ORODARA : ZEBA SOULEYMANE 78573157
OUAHIGOUYA : SAWADOGO
SAYOUBA 76 25 99 14
BOBO DIOULASSO : EL HADJ
MONE OUMAROU 78 13 39 65
KOUDOUGOU : DABONE
SADA 70 15 58 47
HOUNDE : ZOUNDY SEYDOU:
74 77 97 13

Interview

CHEIKH SOULEYMANE KONFE, FONDATEUR D’INSTITUT ISLAMIQUE

« Qui a dit qu’il n’y a pas d’avenir dans les médersas ? »

C’est un monsieur qu’on ne présente plus. Il est un pionnier dans le monde de l’enseignement islamique. Fondateur de l’Institut El
Nour, le Cheikh Souleymane Adam Konfé, Imam et prédicateur de la ligue Islamique basée à la Mecque nous parle ici des péripéties que rencontrent les promoteurs de l’enseignement de la religion.
AR : Quel est votre parcours dans la
recherche du savoir musulman ?
CSAK : Mon père fut un grand Cheikh
et un grand enseignant et j’ai commencé
avec lui avant d’aller terminer le Coran
à Bobo avec l’Imam Bamoin. J’ai été à
Abidjan chez le Cheikh Issa Sarba. J’ai
enseigné des élèves là-bas pendant
7ans.C’est dans les années 1966 que j’ai
obtenu une bourse pour poursuivre mes
études en Arabie Saoudite plus précisément à Médine.
Vous êtes l’un des premières personnes à réaliser un institut ?
L’idée de créer cet institut m’est venue
quand j’étais en terminale. C’est en
1973, que je l’ai lancé à Djibo et la représentation à Ouagadougou vit le jour
en 2000. Nous avons fait un constat
selon lequel un enseignement sans une
éducation islamique est incomplet. Les
enfants doivent comprendre la vie, Dieu
et surtout savoir le craindre. C’est pour
cette raison que l’institut porte le nom
« Institut el Nour de l’enseignement et
de l’éducation islamique ». El nour fait
allusion à la lumière parce que le savoir
c’est le discernement, et qui parle de discernement fait cas de la lumière.
De 1973 à nos jours quel bilan tirezvous ?
L’institut a été le point de départ de
grandes personnalités pour la vie de l’Is-

lam aujourd’hui. En l’occurrence, on
peut citer le Dr. Oumar Ganamé,
Cheickh Ahmad Bélèm, Ahmad Ouédraogo, Khalid, ils sont nombreux les
anciens élèves de l’institut qui font la
pluie et le beau temps aujourd’hui. A
travers tout le pays, le constat est appréciable tout comme en Côte d’Ivoire, au
Mali. Nos anciens élèves dispensent leur
savoir partout même chez les Arabes, ils
sont Imams et professeurs en langue
arabe. Il y a des Journalistes et autres entrepreneurs qui sont passés par l’institut
El Nour et je vous confesse que le grand
Imam de la mosquée d’Australie est un
ancien de notre école, en la personne

d’Adam Sawadogo. On ne peut pas
compter les bienfaits que l’institut a produits à l’endroit des populations.
Pourquoi avez-vous choisi d’inclure
un programme français avec l’Arabe
dans votre institut ?
C’est une question pertinente, ce programme franco-arabe vient d’un constat
regrettable, puisque nous n’avons pas
été formés en langue française et encore
moins dans une autre langue importante
en dehors de l’arabe. Quand je lançais
l’institut, j’ai décidé que l’on enseigne
aux élèves le français pour qu’ils puissent mieux faire face aux exigences de

ce monde capitaliste. On enseignait
même l’anglais. Ce sont les moyens qui
nous ont fait défaut et cette matière est
momentanément arrêtée. On va reprendre par la grâce d’Allah. Si on arrive à
s’entendre avec les parents d’élèves.
Vous savez quand l’on quitte Ouagadougou le Français et l’arabe cèdent la
place à l’anglais. On peut être bardé de
connaissance islamique, mais on est bloqué dans les endroits où la priorité est
donnée à l’anglais ou le français.
C’est un constat vraiment gênant ?
Ce n’est pas fini, j’ai encore vu dans des
gens tourner en rond dans les aéroports
à Paris pendant des jours parce qu’ils ne
comprennent rien. Quand ils demandent
de l’assistance, on les réfère aux tableaux d’affichage. « Voir au tableau »
disent les uns et les autres. Cela montre
qu’il faut équilibrer les connaissances en
matière de langues étrangères importantes y compris l’enseignement islamique, mais si on se cantonne
uniquement à l’arabe, ce sera un regret.
Soyons des musulmans qui se projettent
dans le futur, il y va de la réussite de la
foi. Pour faire une opération bancaire
par exemple, il faut une connaissance
appropriée parce que les gens commencent à perdre la patience, qui va se mettre à traduire ou à écrire pour nous.
Une autre remarque, que nous avons
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L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

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Interview
En tant que responsable de l’Institut
El Nour, quel mot à l’endroit des parents d’élèves qui vous font toujours
confiance ?
C’est de les rassurer de notre abnégation
au travail pour un lendemain meilleur de
leurs enfants. C’est une conviction pour
nous, la bonne éducation. Il ne faut pas
qu’ils prêtent oreille aux ragots selon
lesquels, il n’ y a pas d’avenir dans les
Medersa. Une bonne éducation ouvre
les portes du bonheur.

Suite page 16
pu faire, c’est le civisme que vous enseignez et la montée du drapeau burkinabé le matin. C’est extraordinaire
pour un institut islamique !
Depuis Djibo, jusque dans les différentes représentations de notre institut,
dans la cour de l’école, un élève ne parle
pas en langue locale, c’est soit le français ou l’arabe en fonction de la matière.
C’est pour cette raison que chaque
matin, après la montée du drapeau national, les élèves s’alignent pendant 30
mn où ils révisent un certain nombre de
matière. Les élèves font des prises de
paroles en publique devant les enseignants et leurs camarades, une manière
pour nous de leur enseigner l’art de parler. Vous voyez que nous avons une
mosquée de vendredi, des élèves font
des sermons devant les fidèles pour se
former à devenir Imam. Beaucoup de
choses se passent en matière de formation et d’éducation. Pour la question du
drapeau, vous savez que le civisme est
très important pour le musulman.
Y-a-t-il des enfants d’autres confessions dans votre institut ?
Notre institut est ouvert à tout le monde,
seulement que nous avons nos principes ; vous avez vu que chaque matin
les enfants vont réciter le Coran, les hadiths et autres avant d’accéder dans les
classes, cela est valable pour tous les enfants sans distinction aucune. Des parents d’autres confessions ont reconnu
la valeur de l’éducation que nous donnons aux enfants, chose qui les motiva à
nous confier leurs enfants. Nous ne faisons pas la cour à des enfants non musulmans. Notre but est clair ; c’est de
former des musulmans de demain capables de rehausser l’image de la nation et
de l’Islam.

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Pouvons-nous avoir un aperçu sur le
taux de succès en fin d’année ?
Nous rendons grâce à Dieu, dans les
classes ordinaires les résultats sont prometteurs. Ceux qui sont en classe d’examen font souvent du 100% et du 80 %.
Entre temps, vous avez fait comprendre
que le manque de moyens a fait défaut à
l’inclusion de l’anglais.
Est-ce que votre institut rencontre des
difficultés pour le traitement des enseignants ?
A vrai dire, les écoles franco-arabes ont
de sérieux problèmes pour ne pas dire
de gros problèmes. Le Japon est devenu
une puissance technologique et économique parce qu’il a rehaussé le salaire
des enseignants à tel enseigne qu’ils touchent mieux que les ministres juste à la
sortie de la deuxième guerre mondiale.
Ils ont investi sur l’éducation tandis que
l’Afrique traîne le pas. Quand les enseignants sont bien payés, ils sont efficaces. Pour revenir à l’Etat, il faut savoir
qu’il y a une nouvelle convention car
l’Etat burkinabé a décaissé 400 millions
de Francs cfa pour prendre en charge

plus de 555 enseignants des Medersa en
cette année. Chaque enseignant aura 60
000Fcfa le mois en dehors de son salaire habituel. Pour ce fait, nous remercions de passage les ministères des
enseignements parce qu’ils sont à pied
d’œuvre pour un équilibre au niveau des
Medersa au Burkina Faso.
Il semblerait que la question des Medersa est difficile à gérer parce
qu’elles sont un peu dans le désordre
avec des diplômes différents.
C’est un souci partagé entre l’Etat et
nous en tant que musulmans et promoteurs des Medersa. Mais je peux vous
dire que les choses ont commencé à
prendre forme dans l’uniformatisation
des Medersa. Déjà avec le Certificat,
une fois qu’on aura réussi à sortir un
seul diplôme, c’est au tour du Brevet et
du BAC. C’est une tâche pénible, mais
nous allons y arriver. Le programme
unique et l’organisation des Medersa
vont du devenir de notre pays, parce que
c’est de la matière qu’il faut pour
construire et développer la nation.

L’Autre Regard - N°025 du 05 avril au 05 mai 2015

Les perspectives de l’Institut El
Nour ?
Notre combat, c’est d’amener nos autorités à reconsidérer les choses dans leur
logique. Faire en sorte que les ambassades du Burkina dans les pays arabes
soient représentées par des personnes issues des Medersa. Mettons chaque
chose à sa place. Tous les pays comme
le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, le
Cameroun sont dans cette démarche,
sauf nous.
Nous sommes tous les fils et filles de ce
pays et nous devons le servir. Vous
savez que le pays a apporté beaucoup
aux arabes en matière de coopération
politique. On peut élargir le champ d’action de notre diplomatie si nous utilisons
nos propres fils comme interprètes, traducteurs et diplomates. Voilà notre vision, équilibrer les forces de production.
Le mot de la fin ?
C’est la prière pour une transition apaisée afin qu’on aboutisse à des élections,
libres, transparentes et équitables. Des
bâtons sont mis dans les roues des autorités ; qu’Allah les soutienne. Le Burkina Faso demeure un pays de paix ; ne
permettons pas la désunion. Nos prières
accompagnent la transition 
Interview réalisée par Rachid

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