L'Autre Regard #36

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Title
L'Autre Regard #36
Creator
L'Autre Regard
Date
5 March 2016
Abstract
Mensuel d'informations islamiques et générales
issue
36
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114034812
extracted text
re

L’Aut gard
Si Dieu l’avait voulu il aurait fait
de vous une seule communauté. S5v48

Mensuel d’informations islamiques et générales - N°036 du 5 mars au 5 avril 2016

MAISONS D’ARRET
ET DE CORRECTION P.2

Où sont les musulmans ?

Prix : 300 F

INCENDIES AU BURKINA FASO

CENTRE ORTHOPEDIQUE
DES HINDICAPES
MOTEURS

Assalam international
et l’ambassadeur
d’Algérie offrent P.7
des machines à coudre

COMMUNAUTE
MUSULMANE

P.2

El Hadj Abour Rahman
Sana était à Paspanga

BAYERN
Un supporteur condamné
pour avoir traité Ribéry
d’«islamiste» P.14

A qui vraiment
la faute ?

« L’ISLAM ET LA PAIX
DANS LE MONDE »

P.3

Docteur Ahmad
Savadogo
explique

ÉTAT ISLAMIQUE: Le génocide dont l’Occident est complice
P.5

P.10

Editorial

MAISONS D’ARRET ET DE CORRECTION

Où sont les musulmans ?

I

l y a encore beaucoup de terrains vierges inoccupés
par nous musulmans. Parmi ceux-ci, les maisons
d’arrêt et de correction. A en croire l’Association islamique pour l’assistance aux détenus (AIPAD), créée justement pour combler ce vide, et les témoignages de
certains frères qui ont eu un passé carcéral, les musulmans
en geôle ont la mort dans l’âme. Créée depuis le 12 avril
2012, elle peine à réaliser son programme d’activités par
manque de soutiens financiers. Les membres se battent
comme ils peuvent. Mais pour un tel défi, il faut reconnaître qu’une petite association d’étudiants ne saurait le
relever seul. Il faut l’accompagnement de tous. Un accompagnement encore hypothétique. Comme Dieu sait
bien faire les choses, à travers un entretien réalisé par
notre confrère, Abdoul Moumin Ouédraogo de la radio
Ridwane, cette triste réalité a été rendue publique. Le sujet
a été abordé au cours de l’émission fétiche « RidwaneYibéogo » par les journalistes. Il est ressorti que nos frères
détenus ne bénéficient pas de l’accompagnement de leurs
frères dans cette épreuve. Ils sont oubliés, souvent même
vilipendés. Leurs frères coreligionnaires, qui devaient
venir à leur secours, les accusent sans autre forme de procès. Les détenus musulmans sont ainsi abandonnés dès
qu’ils franchissent les portes des maisons d’arrêt et de correction. Et cela depuis des années. Cette absence n’est pas
sans conséquence sur leur foi. Beaucoup, tenaillés par des
questions sans réponses, finissent par abdiquer leur foi
sous le poids de cette épreuve. Les exemples en la matière sont légion. Et pourtant. Et pourtant, l’Islam a enseigné de toujours tenir de bons rapports avec son frère
qu’il soit oppresseur ou opprimé. S’il est oppresseur, la
religion recommande de l’aider à abandonner cette casquette en l’enjoignant la crainte de Dieu. S’il est opprimé,
la religion recommande de l’aider contre son oppresseur.
Tout détenu se retrouve dans l’un de ces deux cas. De
facto, il a droit à notre soutien. Sans autre forme de procès. Dans la tradition du prophète, on relate comment il a
traité un détenu non musulman en le nourrissant à chaque

fois qu’il se nourrissait. Chaque jour, il lui rendait visite
et recommandait à ses sahabas de le traiter avec respect et
considération. Le résultat de cette attitude, c’est que le
prisonnier en question a fini par embrasser l’Islam. Voilà
une attitude qui devrait nous inspirer, nous musulmans du
XXIe siècle. Mais comme d’habitude, il y a un abysse
entre ce que les textes disent, ce que le prophète a fait, et
ce que nous faisons aujourd’hui. Comme dirait l’autre, il
y a l’Islam et il y a les musulmans. Cela nous inspire ce
propos de Roger Garrodi qui disait : « Je remercie Dieu
d’avoir connu l’Islam avant de connaitre les musulmans ».Il a tout dit. Cette attitude ne nous fait pas honneur.
Face à cette interpellation des détenus, les animateurs de
l’émission « Ridwane Yibéogo » se sont posé la question
suivante : Que faire ? Alors, il a été décidé de commun
accord, de lancer une campagne de quête pour rendre,
dans les prochains jours, une visite de courtoisie avant
qu’une solution à long terme soit trouvée. En plus de la
radio Ridwane, la campagne a été lancée sur la radio et la
télévision Alhouda. C’est le lieu de saluer ces centaines de
fidèles qui ont été touchés par cet appel et qui ont agi en
conséquence. L’affaire a été portée à la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB), qui promet
d’inscrire cette question parmi ses priorités. Mais au-delà
de la FAIB, cette affaire, c’est l’affaire de tous les musulmans. Chaque musulman devrait se sentir interpellé. Chacun de nous devait pouvoir laisser parler son cœur.
Chacun a forcément quelque chose à donner. Ne serait-ce
qu’aller de temps à temps rendre visite à ces frères et
sœurs. D’ailleurs, la simple visite en Islam est une œuvre
qui conduit au paradis. Notre religion ne nous enseignet-elle pas que nous sommes comme un seul corps dont
lorsqu’un membre souffre, la douleur réagit sur l’ensemble des autres membres ? Nos frères musulmans dans les
prisons souffrent. Notre foi nous interpelle 1

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2

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

LES INCENDIES AU BURKINA FASO

Chez-nous

A qui vraiment la faute ?

Les incendies sont devenus un phénomène au Faso. Il ne se passe pas deux voire trois jours, sans
qu’on apprenne qu’un incendie s’est déclenché à tel ou tel endroit. Avant, le domaine de prédilection de ses pyromanes, c’était les marchés et yaars. Mais, apparemment, ils diversifient désormais
leurs cibles. C’est ce qu’on peut retenir de la conférence de presse du ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré. Il note que depuis son installation, le pays a connu 23 incendies dont 11
pour criminels, 11 autres liés à des dispositions électriques, et 1 cas non encore élucidé. Que faire ?

C

’est dans un intervalle de
deux mois que ces incendies ont pu avoir lieu.
Ils se suivent et se succèdent. Auparavant, les malfrats profitaient
du couvre-feu et du calme suscité
par cette mesure pour incendier
les marchés et yaars. Il y a eu une
certaine accalmie avec la levée
du couvre-feu. L’on ne savait pas
que c’était juste une pause pour
mieux ficeler les stratégies pour
revenir de plus belle. Ces incendies engendrent des conséquences incalculables. Ce sont
des années d’endurance et de privation qui partent en fumée. Les
uns voient leurs fortunes partie
en fumée. Pour d’autres, c’est le
début de la galère. Pour qui
connait les péripéties à surmonter pour monter un commerce,
ces incendies interpellent.

Comment se fait-il que ces situations accidentelles et humaines
se concentrent en moins de trois

mois et disséminés un partout
dans le pays, et surtout qu’elles
se produisent à l’absence des

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

propriétaires ? Qu’à cela ne
tienne, l’Etat est garant de la sécurité des biens et des personnes.
C’est à lui de redoubler d’ardeur
pour réduire le nombre des incendies criminels. Cela n’ampute
rien à la responsabilité des propriétaires de ces commerces qui
doivent, eux aussi, faire surveiller ces lieux. Pour ce qui est des
cas d’incendies dus à l’électricité, c’est le lieu d’interpeller les
uns et les autres à tout éteindre
avant de tourner le dos. Mais il
faut aussi que l’Etat œuvre à réduire significativement les délestages intempestifs. Il faut vérifier
systématiquement les matériels
susceptibles de provoquer des
courts-circuits. Il faut bien fermer les bouteilles à gaz … Enfin,
il faut demander la protection de
Dieu. C’est aussi cela l’attitude
du musulman. Après avoir réuni
les moyens matériels face à une
situation, il lui incombe de se
confier à Dieu, le Maître de tout,
le véritable Protecteur. Qu’Allah
vole à notre secours et anéantisse
les plans machiavéliques de ces
pyromanes, mus par on ne sait
quel diable.
RACHID JUNIOR

3

Chez-nous

PROMOTION DE LA PAIX

La LIPF chez ses présidents d’honneur

Depuis son lancement officiel le 27 décembre 2015 au conseil burkinabè des chargeurs (CBC), la Ligue islamique pour la paix au
Faso (LIPF) s’active dans le but de pouvoir s’implanter et mieux organiser des activités en faveur de la paix au Burkina Faso. Elle
a rendu visite à ses président d’honneur.

D

éjà avec les attentats terroristes du 15 janvier,
l’association a fermement
condamné ses actes à travers une
déclaration, Elle a également envoyé des lettres de soutien et de
vœux de nouvel an aux différents
ministères, y compris la présidence du Faso et les ambassades.
A présent, elle a initié des rencontres avec ses présidents d’honneur. Parmi ceux-ci, El hadj
Adama Zongo, le PDG de Hôtel
Palm Beach et de Royal Beach. La

4

LIPF est allée lui présenter son
programme d’activités. L’homme
a prodigué des conseils à la Ligue.
Il a réaffirmé son engagement à
l’accompagner dans ses activités.
El Hadj Boureima Nana, l’industriel de Kossodo, faisant partie des
présidents d’honneur, qui a également bien voulu recevoir El Hadj
Ousséini Tapsoba et ses hommes.
Il a, lui aussi, salué la vision de
cette nouvelle association et promis de l’accompagner dans la réalisation de ses activités.

El Hadj Amidou Ouédraogo,
connu sous le nom de Amidou
carreaux, dans son fief, a reçu les
membres de la LIPF en bonne entente et en toute cordialité. Il a recommandé à l’association d’avoir
une bonne conduite afin de promouvoir la paix. Après Ouagadougou, la LIPF a mis le cap sur
Nagréongo, où elle a rencontré El
Hadj Saidou Bikienga, le tradipraticien qu’on ne présente plus.
Celui-ci leur a prodigué des
conseils et a souhaité que l’asso-

ciation puisse aller de l’avant.
A en croire le président de la
Ligue, le travail a déjà commencé.
Après ces visites, place aux activités. Etait au programme, une visite
de courtoise au centre Délwendé
de Tanghin. Beaucoup d’autres activités en faveur de la paix sont
prévues dans les prochains mois.
Bon vent à El hadj Ousséni Tapsoba et aux autres membres de la
LIPF.

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

RACHID JUNIOR

Culture

« L’ISLAM ET LA PAIX DANS LE MONDE »

Docteur Ahmad Savadogo explique

« L’Islam et la paix dans le monde ». C’est le titre du dernier opuscule du docteur Ahmed Savadogo, érudit en science islamique. A travers cette œuvre, l’auteur dit vouloir apporter sa contribution pour la construction d’un monde pacifique. C’est à l’université Ouaga II que la cérémonie
de présentation a eu lieu le samedi 13 février 2016.

C

’est devant un parterre de
collègues, d’étudiants, de
fidèles musulmans, d’invités comme le conseillé de l’ambassade d’Algérie que docteur
Sawadogo a décliné le contenu de
son livre. L’auteur commence la
présentation de son opuscule par
faire le funeste constat de la situation de notre monde qui sombre de
plus en plus dans la guerre. L’auteur

s’indigne du fait que « la paix est
devenue une denrée rare entre les
humains qui étaient censés fraterniser». Il déplore également la course
aux armes dont les Etats se livrent.
Et pour lui, cette tendance doit être
renversée pour aller dans le sens du
tissage d’une relation fraternelle et
pacifique entre les descendants
d’Adan et Eve. Ainsi, l’orateur interpelle tous sans distinction que la

quête de la paix est un devoir pour
chaque humain habitant cette terre
d’agir pour la paix entre les
Hommes. Tout en dressant ce tableau sombre du monde actuel, le
docteur Sawadogo s’offusque du
faite que sa religion soit indexée
comme l’une des sources de la violence. Pour battre en brèche cette
opinion, l’auteur va définir le nom
de la religion à laquelle il appartient
en excipant sa quintessence qui
n’est autre que la paix. « Islam veut
dire la paix », dit-il. Evoquant les
agissements de violence et de ter-

reur de certaines personnes se réclamant de cette religion, docteur
Sawadogo laisse entendre qu’il faut
rechercher les causes de leur actes
ailleurs et non dans l’Islam. Pour
étayer davantage ses affirmations,
l’auteur cite un verset du Coran où
Dieu dit : « Les serviteurs du Tout
Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre. Et si
quand les ignorants leur adressent
des propos malveillants, ils répondent : Paix ». Dans le livre, bien que
chaque chapitre traite d’un aspect
particulier, l’auteur fait une démonstration constante du lien parfait qui existe entre l’Islam et la
paix. La plupart de ses affirmations
sont étayées par des versets du
Coran ou des propos du Prophète
Mohammad (pbasl). Dans le premier chapitre, l’auteur décline les
« Bases de la paix en Islam ». A ce
titre, il disséquera « la science
utile », « la foi », « la soumission à
Allah », « la bienfaisance », « la justice ». Ces différents titres sont expliqués comme conditions que le
fidèle musulman doit faire sien pour
être en conformité avec sa religion.
Pour conclure ses propos, Sawadogo appelle d’abord les musulmans à la recherche du savoir, à
l’adoration et à la vigilance. Aux
non musulmans, il leur rassure que
l’Islam, qui annonce la bonne nouvelle du paradis à ceux qui croient
et font le bien, et l’enfer aux malfaiteurs, ne peut être une religion de
terreur.
Hamidou A. TRAORE

103.4
L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

5

Sermon du mois
La femme émancipée selon Islam
Toutes les louanges sont à Allah,
le Seigneur des mondes. J’atteste
qu’il n’y a de divinité digne d’être
adorées, si ce n’est Allah, et que
Mohammed est son messager.

L

e monde entier commémore, ce mois-ci, la journée
internationale de la femme.
Nous saisissons cette occasion, à
travers ce sermon, pour rappeler la
place de la femme dans notre religion.
La place et le statut que notre religion a accordés à la femme n’ont
pas d’égaux dans les autres religions ou civilisations. En voici
quelques exemples :
Dans notre religion, le respect de la
mère vient avant celui du père.
Interrogé sur la personne qui mérite
respect et obéissance entre les deux
parents, le prophète Mohammed
(SAW) répondit trois fois : « à la
mère » avant de mentionner le père.
Notre religion exempte la femme
des soucis de la vie quotidienne. Il
ne pèse sur elle aucune dépense, ni
à l’égard de sa personne, ni à
l’égard de ses parents, ni à l’égard
de ses enfants. Tout ceci relève des
devoirs de l’homme.
L’Islam a accordé à la femme, et à
elle seule, un cadeau de mariage appelé dot. Il lui a aussi accordé un
droit à l’héritage.
Dans notre religion, celui qui accuse
une femme d’adultère est passible
de 80 coups de fouet et de toute
sorte d’humiliation. Tout ceci pour
préserver l’honneur de la femme.
L’Islam permet à la femme de de-

mander le divorce quand son mari
ne respecte pas ses devoirs et que
son foyer devient un supplice. Ceci
indique que la femme en Islam n’est
pas une esclave à la merci de son
mari.
D’ailleurs, on ne peut l’a donnée en
mariage sans son consentement.
Ces quelques exemples, par souci
de temps, montrent la place que
notre religion a donnée à la femme,
mère de l’humanité.
Cet honneur, la femme en doit à
travers le respect des règles qu’Allah lui-même, créateur des hommes
et des femmes, et celui qui connait
mieux que quiconque leurs droits et
leurs devoirs, a instaurées. Ces règles, il faut le rappeler, résistent au
temps et aux époques. Cependant,
lorsque la femme tourne le dos aux
règles établies par son créateur, automatiquement, elle perd son honneur. Ainsi dit, la femme ne sera ni
épanouie, ni honorée, ni magnifiée,
ici-bas et dans l’au-delà, qu’à travers sa soumission à Allah (SWA).
L’honneur la plus ultime qui soit
pour toute femme, c’est d’être
agréée par Allah le Jour dernier. La
femme qui aura compris cela et qui
se serait donné les moyens de bénéficier de cette place, c’est elle la
femme émancipée, la femme libérée.
A cet effet, le prophète Mohammed
(Paix et salut d’Allah sur lui) a dit :
« Parmi les occupants de l’enfer, les
plus nombreux sont les femmes »,
hadith authentique. Le combat qui
vaille la peine d’être menée pour
une femme, tout comme pour tout
homme, c’est celui-ci : comment se

L’A UTRE R EGARD

battre pour ne pas aller en enfer ?
La femme émancipée, la femme libérée, c’est d’abord la femme qui
sait qu’elle n’est qu’une créature.
Qui sait qu’Allah, son créateur, est
unique et qu’Il mérite une adoration
exclusive. Cette femme s’éloigne
des marabouts qui lui proposent
leurs services pour ceci ou cela. Elle
évite de tomber dans le chirk et
n’associe rien à Allah dans son adoration.
La femme honorée, c’est celle-là
qui atteste que le Prophète Mohammed (SAW) est son messager et qui
essaie d’imiter son exemple. Elle
sait également que les femmes du
prophète Mohammed (SAW) sont
les mères de tous les croyants et essaient de suivre leurs exemples.
La femme émancipée, c’est elle qui
veille au respect des actes obligatoires de la religion, qui accomplit
la prière à ses heures. C’est celle-là
aussi qui respecte ses devoirs vis-àvis de son mari, de ses enfants, de
sa famille. A ce propos, le Prophète
Mohammad (SAW) a dit : « La
femme veille sur la demeure de son
mari. Et il lui sera demandé comment elle a accompli ce devoir ».
La femme libérée, c’est celle-là qui
protège la société en préservant son
honneur, sa dignité. C’est celle-là
qui évite de tomber dans la débauche, qui s’éloigne de toute attitude nuisible à la société toute
entière. Elle évite d’être l’arme de
Satan contre les créatures d’Allah
(SAW). Elle ne s’exhibe pas. Elle
préserve jalousement ce qu’elle a de
plus sacré, qui est son corps.
La femme émancipée, c’est celle

SUR VOS

qui rend un grand service à la Nation en veillant à l’éducation de ses
enfants, qui transmet des nobles valeurs à ses enfants afin qu’ils soient
des dignes fils et filles de la Nation.
La femme honorée, c’est celle qui
s’éloigne de toutes les causes qui
peuvent lui valoir le courroux d’Allah. Elle est satisfaite de comment
elle a été créée. Ainsi, elle évite de
changer son teint, de porter des perruques et des mèches et tout ce qui
s’y apparente, elle n’épile pas ses
cils et ses sourcils. Bref, elle ne
change pas la création d’Allah.
La femme émancipée, c’est celle
qui est endurante par rapport à l’application des préceptes de sa religion, qui ne prêtent pas attention à
ce qui se dit sur elle quant à la manière dont elle applique sa foi. Elle
résiste face
aux détracteurs qui
dénigrent son accoutrement, sa
façon d’être.
Pour terminer, la femme libérée,
c’est celle-là qui trie ses amis, qui
ne prend pas n’importe qui comme
amie. Mais choisie plutôt celles qui
vont lui rappeler la voie d’Allah et
de son prophète. Elle choisit celles
qui vont l’aider à mettre en application ces quelques critères sus cités.
Voilà donc les critères d’une femme
émancipée. Celle qui remplit ces
critères n’est plus soucieuse des festivités du 8 Mars. Mais celle qui se
rebelle par rapport aux lois de son
Seigneur, aussi longtemps qu’elle
célèbrera cette fête, elle ne saura
trouver son bonheur ici-bas encore
moins dans l’au-delà.
Imam Mahmoud Ouédraogo

P ORTABLES

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6

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

Société

CENTRE ORTHOPEDIQUE DES HINDICAPES MOTEURS

Assalam international et l’ambassadeur d’Algérie
offrent des machines à coudre

C’est une initiative de la Fédération « Assalam International » pour la paix universelle. Son président, Excellence Mohammed Doumi,
a approché l’ambassade d’Algérie dans le but d’obtenir des machines à coudre au profit des pensionnaires du Centre orthopédique des handicapés moteurs. La cérémonie de remise a eu lieu le vendredi 17 février 2016, au Centre orthopédique des handicapés moteurs du Burkina Faso.

U

ne dizaine de machines à
coudre. Voilà le contenu de
ce don qui a mobilisé l’ambassadeur de l’Algérie au Burkina,
Mohammed Ainseur, la secrétaire
d’Etat chargée des affaires sociales,
le président de l’association Assalam
international, Mohammed Doumi et
de nombreux invités. Ce don, selon
l’initiateur, Assalam international,
vise à permettre aux pensionnaires
du centre d’avoir de quoi mettre en
application les connaissances acquises en matière de couture. « Et
que ce don soit une source de revenus pour les bénéficiaires », a noté
Excellence Doumi. Les bénéficiaires
étaient représentés par Oumarou Kaboré, qui, dans son allocution, s’est
naturellement réjoui de ce geste.
Pour lui, après la création de ce centre en 1991, il contribue à la formation des personnes en situation de
handicap. Mais le hic, c’est qu’après
la formation, c’est la croix et la bannière pour les formés de pouvoir
voler de leurs propres ailes, d’où

l’importance de ce don. Il a remercié les donateurs et les diplomates
mais non sans les inviter à multiplier
davantage ce genre d’initiative. Il a
souhaité également que d’autres
bonnes volontés emboîtent le pas de
« Assalam international ».
L’association a promis de réitérer ce
genre de soutien. Il a rappelé que sa
fédération va demeurer dans la lutte
pour la réinsertion socioprofession-

nelle des jeunes sans emplois, des
enfants de rue et des mendiants. Il a
saisi l’occasion pour lancer un cri de
cœur, qui est voir se réaliser un jour
au Burkina Faso, un grand centre
pour accueillir les malades mentaux.
Quand au premier diplomate algérien, ce don s’inscrit dans la politique des autorités de son pays
d’apporter du soutien aux couches
les plus défavorisées du Burkina

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

Faso. Selon lui, d’autres initiatives
suivront afin de contribuer à une résorption du problème crucial du
manque d’emplois. « Je reste disponible et engagé pour accompagner
les Burkinabè », a confié Mohamed
Ainseur.
Madame la secrétaire d’Etat chargée
des affaires sociales dit être particulièrement touchée par l’initiative de
l’association. Elle a souligné également que son ministère de tutelle est
disponible pour accompagner les
événements de ce genre, avant
d’adresser son mot de reconnaissance et de remerciement à l’ambassadeur et son équipe, à la Fédération
« Assalam Internationale ». En guise
de gratitude, une attestation de reconnaissance et un pagne tissé à la
main ont été remis à l’ambassadeur
par les pensionnaires du centre. La
cérémonie a pris fin par une collation offerte par la Fédération « Assalam international ».
Junior

7

Rencontre

COMMUNAUTE MUSULMANE

El Hadj Abour Rahman Sana était à Paspanga

Le nouveau bureau de la communauté musulmane du Burkina Faso, avec à sa tête son président, Abdour Rahman Sana et son
équipe, a effectué une visite de courtoisie au bureau local de la Communauté musulmane de Paspanga.

L

a cérémonie a débuté par
une lecture coranique, suivie du mot de bienvenue du
président de la mosquée Aly
Sanna. Ce dernier a tenu à remercier la délégation de la CMBF dont
le nouveau président. Pour lui,
cette visite est un honneur pour les
musulmans du quartier Paspanga
et pour le bureau local. A sa suite,
le représentant des Imams de vendredi, Issa Kindo n’a pas tari
d’éloges envers la nouvelle équipe
qui doit conduire les affaires de la
CMBF, les cinq prochaines années
à venir.
Le tout nouveau président de la

8

CMBF, El hadj Abdour Rahman
Sana, dans ses propos, a indiqué
qu’il est à la tête de la communauté
depuis huit mois. Et cela fait deux
mois qu’il sillonne les provinces
avec son équipe pour une prise de
contact. S’il est présent à Paspanga, c’est pour qu’il y ait un
échange franc entre la CMBF mère
et ses bureaux locaux. Le président
a invité les fidèles à l’interpeller
dans l’exercice de ses fonctions
pour qu’il puisse conduire son
mandat.
Le président de la jeunesse de la
CMBF, El hadj Salif Tassambédo
a embouché la même trompette

que son chef. Il a encouragé les
femmes et les jeunes à occuper
leurs places au sein de cette mosquée. « Il faut placer l’amour et la
sagesse au cœur de vos activités »,
a-t-il lancé. Il est aussi revenu sur
les attaques terroristes du 15 janvier. Il a profité de l’occasion pour
saluer la bravoure des forces de
l’ordre et demander aux musulmans de soutenir les autorités pour
mieux lutter contre le terrorisme.
Les jeunes, de par leur représentant, ont salué la pertinence de cette
ronde du nouveau bureau. Ils leur
ont soumis leurs doléances qui se
résument à la formation continue

des jeunes au sein de la mosquée et
l’établissement d’un contact permanent avec le bureau de jeunesse
de la CMBF. Les femmes également ont fait des propositions et
ont soumis des doléances pour voir
les choses évoluer au sein de leur
mosquée.
A la fin de la rencontre, les visiteurs ont remis des nattes et de
bouillards à la mosquée de Paspanga. Les visités ont, eux aussi,
remis quelques présents au président de la CMBF et à sa délégation.

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

A.JUNIOR

MONDE DE L’INVISIBLE

Culture

L’apparence physique des djinns

Le fait que les Djinns existent bel et bien ne doit faire l’ombre d’aucun doute dans l’esprit du musulman. En effet, bien qu’ils appartiennent au monde de l’invisible, ils font partie de la création
d’Allah, que nous devons reconnaître et à laquelle nous devons fermement croire, au même titre
que nous croyons aux anges.

L

’existence des Djinns a été
rapportée dans la parole
d’Allah mais également par
Son Messager (‘alayhi salat wa
salam). L’appellation Djinn provient des mots arabes « janna,
ajanna, jane » qui signifient tous les
trois recouvrir, cacher, voiler. C’est
ainsi que le terme Djinn leur a été
attribué dans le sens où ce sont des
êtres que nous ne voyons pas.
Au sujet de l’existence des Djiinns
et de la croyance en eux, Cheikh ibn
Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit : « Personne parmi les
musulmans ne nie l’existence des
djinns. De même, la majorité des
mécréants reconnaissent leur existence car cela a été rapporté de
source sûre à travers les Prophètes
qui se sont succédés de façon récurrente. Cela est donc connu par la
force des choses autant par le commun des gens que par les élites.
Ainsi, tout le monde reconnaît cette
réalité excepté une infime partie de
philosophes ignorants et autres ».
L’existence des Djinns est donc une
certitude et la croyance en eux une
obligation pour tout musulman.
La création des Djinns
Les Djinns font partie de la création
d’Allah comme nous l’avons expliqué. Mais il convient de savoir,
chers frères et soeurs, que ces créatures invisibles ont été créées avant
l’Homme lui-même. Saviez-vous
que les Djinns avaient été créés au
moins 2000 ans avant l’être humain
? Cela a été rapporté par les ahadiths et explicité par l’éminent savant Ibn Kathir (qu’Allah lui fasse
miséricorde) dans son tafsir.
En effet, les Djinns ont été créés
avant l’Homme et ont occupé la
terre avant lui. Sur cette terre, ils y

ont semé troubles et guerres. Ibn
Kathir explique ainsi d’après le hadith rapporté par Al Hakim : « Les
Djinns vivaient sur la terre deux
mille ans avant la création d’Adam.
Ils semèrent le désordre sur terre et
firent couler le sang (injustement).
Allah leur envoya alors une armée
d’anges qui les frappèrent et les repoussèrent jusqu’aux bords des
mers. C’est pour cela que
lorsqu’Allah dit : {Lorsque ton Seigneur confia aux anges : « Je vais
établir sur la terre un successeur
« Khalifa ». Ils dirent : « Vas-Tu y
installer quelqu’un qui y mettra le
désordre
et
répandra
le
sang »}(Sourate 2 : Verset 30).Les
anges eurent peur que les crimes des
djinns se réitèrent à nouveau avec la
venue des humains« .
La création des Djinns est donc bien
antérieure à celle de l’être humain
puisqu’ils vivaient sur terre avant
même l’existence d’Adam (‘alayhi
salam). Les Djinns ont été créés par
Allah à partir d’un feu comme Il le
révèle : {Et quant au djinn, Nous
l’avions auparavant créé d’un feu

d’une chaleur ardente} (Sourate 15
: Verset 27). Ce feu particulier dont
ont été créés les Djinns a également
été décrit par le Prophète (‘alayhi
salat wa salam) comme suit : « Les
anges ont été créés de lumière, les
djinns d’un feu sans fumée, et
Adam à partir de ce qui vous a été
décrit » (Muslim).
L’apparence physique des Djinns
Etant donné que les Djinns sont des
créatures invisibles, il nous est impossible de savoir à quoi ils ressemblent exactement. Nous ne
disposons que des descriptions
faites par Allah et Son Messager
(‘alayhi salat wa salam).
Les Djinns bien qu’étant invisibles,
peuvent parfois prendre une autre
forme, selon la volonté d’Allah.
C’est ainsi qu’al Qady Abou Bakr a
expliqué : « Il ne fait aucun doute
(après avoir reconnu que les djinns
sont créés de feu) qu’Allah est capable de leur donner une apparence
visible et les doter de corps solide
dont la taille dépasse largement
celle qui était la leur lorsqu’ils
étaient encore fait de feu. Il peut

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

également leur donner différentes
formes et aspects pour lesquelles ils
quittent leur état primitif combustible ». La forme des Djinns peut
donc être variée d’un Djinn à l’autre
et ce, en fonction de l’apparence
que certains vont prendre, toujours
d’après ce qu’Allah a décrété.
Cheikh Ibn Taymiyya (qu’Allah lui
fasse miséricorde) a également affirmé que les djinns changeaient
d’apparence et ce, d’après les paroles du Prophète (‘alayhi salat wa
salam) qui a vu les djinns sous différentes formes. Les djinns prennent notamment l’apparence d’êtres
humains ou d’animaux dont les serpents comme cela a été rapporté par
Abu Said al Khoudry d’après qui le
Prophète (‘alayhi salat wa salam) a
dit : « Il y a à Médine des Djinns qui
se sont soumis (à l’Islam). Si l’un
d’entre eux s’introduit dans vos
maisons sous forme de serpents, demandez-lui de quitter les lieux. S’il
n’est pas parti au bout de trois jours,
tuez-le » (At Tirmidhy).
Le fait que les Djinns prennent différentes apparences n’est possible
qu’avec la volonté d’Allah. C’est
Lui qui crée et modifie toute chose.
Cette métamorphose des corps est
toutefois pratiquée par les Djinns
pratiquant la sorcellerie comme cela
a été expliqué par ‘Umar Ibn Al
Khattab (qu’Allah l’agrée) lorsqu’il
a dit : « Personne ne peut prendre
une apparence autre que celle sous
laquelle Allah l’a créé. Mais comme
vous, ils ont des sorciers identiques
aux vôtres. Lorsque vous voyez ce
genre de choses, faites l’adhan »
(Asir ibn ‘Amr).
Ainsi, les Djinns peuvent pratiquer
la sorcellerie et sombrer dans le
chirk ou peuvent suivre les commandements d’Allah en n’adorant
que Lui. Il existe en ce sens différentes catégories de Djinns, que
nous étudierons dans notre prochain
rappel inchaAllah.
Qu’Allah raffermisse notre foi dans
ce qui est apparent et caché. Qu’Il
fasse de nous des serviteurs pieux et
soumis à Sa volonté.

9

Le saviez-vous ?

C

Le génocide dont l’Occident est complice

omment a-t-il été possible de
déposer Saddam Hussein en
quelques
semaines
et
Mouammar Kadhafi en quelques
mois alors que l’État islamique ne
subit que des défaites épisodiques,
voire quand il ne remporte pas de
franches victoires ?
En moins d’une semaine sont tombées Ramadi, une des capitales de
province d’Irak, et Palmyre, cette
oasis au nord-est de Damas qui abrite
les ruines monumentales d’une
grande ville qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde
antique.
Combiner ces deux fronts et l’emporter à chaque fois aura été un véritable coup gagnant pour le calife
autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi. Arrêté presque par erreur en
2004, ce dernier passera dix mois
dans les geôles étasuniennes en Irak
avant d’être relâché. Il est aujourd’hui au faîte de sa gloire. Et
même si ses djihadistes ont connu récemment des pertes après avoir engagé une majeure partie de leurs
forces, ils ont aussi dispersé des adversaires plutôt coriaces : des milices
chiites et le Hezbollah, qui soutiennent Bagdad et Damas, ont été soumis à une si rude épreuve que le
premier ministre irakien Haïder alAbadi est allé solliciter la Russie en
vue de se faire livrer des armes au
plus tôt.
La situation urge en effet. Malgré les
raids de la coalition dirigée par les
États-Unis, l’État islamique a repris
plus de la moitié du territoire syrien,
soit près de 90.000 km2. L’Oncle
Sam, après l’invasion de 2003, n’a en
fait jamais contrôlé l’Irak. Il s’est
contenté d’assurer la surveillance du
territoire, sans jamais véritablement
sortir des casernes ou de la
fameuse Green Zone. Concrètement,
les Occidentaux ont disparu du paysage de l’ancienne Mésopotamie,
laissant prospérer le chaos qu’ils ont
contribué à instaurer. Les djihadistes

10

ÉTAT ISLAMIQUE

terrorisent aujourd’hui non seulement les populations mais administrent des villes entières comme
Raqqa, extrayant même du pétrole
tout en en faisant commerce. Falloujah est à ce titre devenue un symbole
pour l’État islamique. C’est là en
effet que tout a commencé pour ce
dernier. Il y gère tous les aspects de la
vie quotidienne. Les djihadistes ont
mis en place une administration, une
justice. Les rues sont nettoyées tous
les jours… L’organisation dirigée par
Abu Bakr el-Baghdadi a le sens de
l’organisation. Elle fournit ainsi des
denrées de première nécessité aux
commerçants comme la farine ou le
riz pour les vendre à des prix cassés.
Elle aurait également mis en place un
système pour payer les propriétaires
de générateurs électriques, assurant
de facto le courant dans les quartiers
de la ville qui en étaient jusque-là privés. Ce modèle serait appliqué dans
toutes les zones syriennes et irakiennes tombées sous le contrôle de
l’EI, signe d’une volonté de rassurer
et de gagner la sympathie des populations locales et des plus démunis.
Les djihadistes peuvent en effet se
permettre ces largesses… car ils sont
riches. Selon les estimations des services
de
renseignement
américains rendues publiques en septembre 2014, l’État islamique engrangerait jusqu’à trois millions de
dollars quotidiennement, ce qui en
fait l’une des organisations terroristes
les plus riches de l’histoire.
Magnanimes d’un côté, les djihadistes sont impitoyables de l’autre.
L’État islamique pourrait ainsi avoir
commis des crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de génocide
en Irak, selon un rapport de l’ONU
publié fin mars. Ce rapport dit avoir
les preuves qui « suggèrent fortement » que l’EI a perpétré un génocide contre la communauté yézidie
avec l’intention de la détruire en tant
que groupe. Ce n’est pas tout : les
disciplines du calife al-Baghdadi ont

également infligé un traitement brutal à d’autres groupes ethniques, indique le rapport, notamment les
chrétiens, les Kurdes et les Mandéens.
S’il existait vraiment un choc des civilisations entre l’Occident et le
monde islamique, on pourrait dire
que les Étasuniens et les Occidentaux
seraient tombés à pieds joints dans le
piège tendu par l’État islamique et
ses alliés sunnites (lesquels comprennent les monarchies du Golfe et
la Turquie).
Loin de faire plier le djihadisme, les
guerres menées par l’Occident depuis
l’ère Bush l’ont au contraire renforcé
en multipliant ses foyers. Le mode
d’action militaire n’est pas remis en
cause alors que ses fréquents dégâts
collatéraux attisent la haine à l’égard
de ceux qui bombardent. Ces guerres
contre le terrorisme s’attaquent aux
effets et non aux causes. Personne ne
songe à fonder cette lutte sur les origines du djihadisme, ni sur les raisons qui le perpétuent, pas plus que
ne sont vraiment remis en cause ces
alliés qui instrumentalisent le djihadisme ou qui en font le lit. Les pressions sur l’Arabie saoudite, le Qatar
ou la Turquie, lorsqu’il y en a, sont

insuffisantes ou trop timorées. Les
États-Unis et l’Europe ont quasiment
laissé agir leurs alliés régionaux,
comme en Syrie où le principal soutien concret à la rébellion a été celui
de ces acteurs régionaux, concourant
ainsi à la prédominance des groupes
islamistes et djihadistes. Et les Occidentaux reprochent aux rebelles encore « modérés », très affaiblis, leur
coordination sur le terrain avec le
Front al-Nosra.
Loin d’avoir un regard objectif sur la
situation, Washington continue de se
méfier de l’Iran tout en vouant une
confiance pour le moins totale dans
la monarchie saoudienne. C’est entre
les colonnes de Palmyre, qui
n’avaient jamais connu de destruction importante en trois mille ans,
que se déroule aujourd’hui une véritable tragédie : une sorte de génocide
culturel, historique et humain dont
l’Occident est beaucoup plus complice que victime.

1 L’Imam dit : Celui qui s’érige en

l’espoir en toi est infime. Je souffre de
la pénurie de la provision, de la longueur du chemin, de l’étendue du
voyage et de l’ampleur du but à atteindre.

Capitaine Martin
La source originale de cet article
est Résistance politique
Copyright © Capitaine
Martin, Résistance politique, 2015

Pensées du Calife Ali

maître pour éduquer les autres, doit
commencer par son auto-éducation. Il
doit édifier les autres par sa conduite
avant de les édifier par ses paroles ; un
maître qui veille à être son propre éducateur, mérite plus de vénération que
celui qui éduque les gens et les instruit.

2 O monde ! Va-t’en ! Est-ce à moi

que tu t’attaques ? Cherches-tu à me
séduire ? Tu es loin d’y réussir.
Trompe un autre que moi. Je n’ai nul
besoin de toi. Je t’ai répudié trois fois,
d’une manière définitive. Ton séjour
est court, ton importance minime et

3 Je vous recommande cinq choses

qui justifieraient toute peine pour y
parvenir : Que chacun de vous n’espère qu’en Dieu, ne redoute que le
péché, n’ait point honte s’il est interrogé sur une chose qu’il ignore, de répondre : je ne sais pas ; qu’il n’ait
point honte d’apprendre ce qu’il
ignore ; pratiquez la patience car elle
est pour la foi ce qu’est la tête pour le
corps ; un corps sans tête est inutile,
de même qu’une foi sans patience.

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

Au-delà des belles paroles

Société

La religion est révélée aux hommes afin de parfaire leur conduite sur la surface de la terre. L’Islam surtout, ensemble de règles purement religieuses et règles sociales, insiste sur la nécessité de
concilier ces deux aspects. L’Islam, tel qu’on l’enseigne, fait de la vie d’ici-bas le dernier des soucis de l’homme. Comme un voyageur en escale, cette vie terrestre n’est qu’une simple transition
pour le croyant. C’est pourquoi les biens de ce monde ne l’intéressent pas tant. Il en profite pour
se préparer pour l’au-delà. L’accaparement des richesses, la thésaurisation, la course effrénée
aux biens de ce monde sont présentés dans la religion comme un défaut de la foi. Est plutôt exalté,
le partage. Encore et toujours.

L

es premières générations de
l’islam se reconnaissance en
ces valeurs. Le Prophète
Mohammed (Paix et salut de Dieu
sur lui) a donné la voie à suivre ; et
elle fut suivie effectivement à la lettre. On ne reviendra pas sur les
nombreux hadiths et quisas qui relatent le dédain de ces pieux prédécesseurs par les biens de ce monde.
Et aujourd’hui, ce qui nous incombe, c’est vraiment de calquer
leur exemple. A l’examen, l’on se
rend compte que pour nombre d’entre nous, que c’est plutôt le

contraire. Les nôtres se plaisent à
vivre le paradis aux côtés de leurs
voisins qui, eux, vivent l’enfer.
S’il y a une ressemblance entre les
premiers musulmans et nous, c’est
généralement dans l’apparence et
dans les belles paroles. Mais quand
vient le moment de mettre en application, ces belles paroles, nous tournons dos.
Les jeunes sont en chômage et sans
emplois. Ils sont en quête de quoi
subsister. Pour beaucoup, il suffit
d’un simple coup de pouce pour
leur donner la joie de vivre. Ce petit

INVOCATION POUR S’ACQUITTER D’UNE DETTE
Allâhummakfinî bi-halâlikacanharâmikawaghninî bi-fadlikacammansiwâk.
« Ô Seigneur ! Accorde-moi de Tes biens licites pour m’éviter de rechercher Tes interdits et puisse Ta générosité m’atteindre pour
m’éviter de recourir à tout autre que Toi. »

Allâhummainnîacûdhubika mina-l-hammiwa-l-hazani, wa-l-cajziwa-l-kasali, wal-bukhliwa-l-jubni,
waddalaci
d-dayniwaghalabati r-rijâl.
« Ô Seigneur ! Je me mets sous Ta protection
contre les soucis et la tristesse, contre l’incapacité et la paresse, contre l’avarice et la lâcheté, contre le poids de la dette et la
domination des hommes. »

coup de pouce faisant défaut, ces
jeunes tombent très souvent dans la
dépression et dans le désespoir.
Ce qui est choquant, c’est qu’ils vivent auprès de leurs frères musulmans, vachement riches, qui sont à
chaque fois entre deux avions, qui
changent les grosses cylindrées
comme on change de chemises.
Mais jamais ou rarement le sort de
ces jeunes sans emplois ne les
préoccupe.
Souvent, le mauvais exemple vient
même de ceux qui nous donnent les
leçons, nos imams et nos cheikhs.

Le matérialisme béat, l’individualisme, l’égoïsme sont rentrés dans
nos rangs. L’esprit de partage et de
solidarité que le messager a voulu
faire passer comme message aux
musulmans ne passe pas.
Comment être de bons musulmans
si nous sommes incapables de faire
ce don de soi ? Comment être de
bons musulmans si l’amour de ce
bas monde domine celui de l’audelà ? Sommes-nous de bons musulmans si notre prière et notre
jeûne ne nous obligent pas à partager ce qu’on a de plus cher? En tous
cas, le Coran nous rappelle que la
bonté pieuse ne consiste pas seulement à accomplir la prière. La prière
doit nous inculquer le partage, le
don de soi, l’amour du prochain,
l’amour de l’autre monde. Elle doit
nous inciter à nous soucier du sort
des autres, de l’état de la communauté.
Si tel n’est pas le cas, il y a lieu de
se poser des questions.
AG.

LES DIFFERENTS POINTS DE VENTES

- LA SURFACE
- SONACOF
- NAWFAL
- NATIFA MARKET/ZOGONA
- KIOSQUE FACE
AMBSSADE DU GHANA
- KIOSQUE CHEZ ALOIS
FACE ZAKA
- KIOSQUE SITARAIL
- LIBRAIRIE MUJA
- KIOSQUE /
FACE CITE AN III
LES POINTS DE VENTE / VILLES
ORODARA :
ZEBA SOULEYMANE
78573157

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

OUAHIGOUYA :
SAWADOGO SAYOUBA
76 25 99 14
BOBO DIOULASSO :
EL HADJ MONE OUMAROU
78 13 39 65
KOUDOUGOU :
DABONE SADA
70 15 58 47
HOUNDE :
ZOUNDY SEYDOU
74 77 97 13

11

Economie

AR RIBAA ( SUITE)

L’intérêt perçu dans certains échanges
(«ar-riba fil-bu)

Le Prophète a, ensuite, décrété comme relevant de l’intérêt certaines différences existant lors de transactions qui ne sont plus des
prêts mais des ventes. C’est «l’intérêt perçu dans certains échanges» («ar-riba fil-buyû’»).

1) Qu’est-ce que l’intérêt perçu
dans des échanges ?

Le Prophète (sur lui la paix) a dit :
«De l’or contre de l’or, de l’argent
contre de l’argent, du blé contre du
blé, de l’orge contre de l’orge, des
dattes sèches contre des dattes
sèches, du sel contre du sel : quantité
égale contre quantité égale, main à
main. Celui qui donne un surplus ou
prend un surplus tombe dans l’intérêt…» (rapporté par Muslim, n°
1584). Dans un autre Hadîth, après
avoir cité ces six biens et avoir dit
qu’ils devaient être vendus «quantité
égale contre quantité égale», le Prophète a également dit : «Lorsqu’il y a
différence dans ces choses, vendezles (en sorte que les quantités échangées soient) comme vous voulez, à
condition que ce soit main à main»
(rapporté par Muslim, n° 1587).
«Vendez de l’or contre de l’argent
(les quantités échangées étant)
comme vous voulez, à condition que
ce soit main à main. Vendez du blé
contre des dattes sèches (les quantités échangées étant) comme vous
voulez, à condition que ce soit main à
main. Vendez de l’orge contre des
dattes sèches (les quantités échangées
étant) comme vous voulez, à condition que ce soit main à main» (rapporté par at-Tirmidhî, n° 1240).
Les savants ont des avis différents à
propos des causes juridiques et
conditions (illawashart) qui entrent
en jeu dans cette interdiction. Pour
tous ces avis, voir par exemple Bidâyatul-mujtahid, tome 3. Par souci
de concision, je me contenterai de
citer ici deux interprétations :
Selon l’école shâfi’ite, sont concernés par la règle de l’intérêt sur les

12

C) Et s’il y a troc de deux biens qui
appartiennent à la même catégorie (la
catégorie 1 ou la catégorie 2) mais
qui ne sont pas de même nature – par
exemple qu’il y ait achat d’or contre
de l’argent, ou de blé contre de l’orge
–, alors l’égalité des deux quantités
échangées n’est pas obligatoire ; par
contre le crédit est interdit et il faut
qu’il y ait simultanéité dans la prise
de possession des deux biens échangés (même note que plus haut à propos de l’école hanafite).
échanges deux catégories de biens
uniquement :
- catégorie 1 : tout ce qui sert de monnaie (ath-thamaniyya), à l’instar de
l’or et de l’argent, mentionnés dans
les Hadîthssus-cités,
- catégorie 2 : tout ce qui sert de nourriture (at-ta’m), à l’instar du blé, de
l’orge, des dattes sèches et du sel,
mentionnés dans les Hadîthssuscités.
Et selon l’école hanafite, sont concernés par la règle de l’intérêt sur les
échanges ces deux catégories de bien
:
- catégorie 1 : tout bien qui est vendu
au poids (yubâ’uwaznan), à l’instar
de l’or et de l’argent, mentionnés
dans les Hadîthssus-cités,
- catégorie 2 : tout bien qui est vendu
à la mesure (yubâ’ukaylan), à l’instar
du blé, de l’orge, des dattes sèches et
du sel, mentionnés dans les Hadîthssus-cités.
Les règles, extraites des Hadîthssus-cités, sont les suivantes :
A) S’il y a échange de deux biens qui
sont tels que l’un d’eux appartient à

la catégorie 1 et l’autre à la catégorie
2 – par exemple qu’il y ait achat de
blé contre de l’argent –, alors, d’après
l’école hanafite comme d’après
l’école shafi’ite, ni l’égalité ni la simultanéité ne sont obligatoires.
B) S’il y a troc de deux biens qui appartiennent à la même catégorie (la
catégorie 1 ou la catégorie 2) et qui
sont de même nature – par exemple
qu’il y ait achat d’or contre de l’or,
ou de blé contre du blé –, alors il faut
qu’il y ait égalité des deux quantités
échangées (le surplus d’un côté étant
interdit) et il faut qu’il y ait simultanéité dans la prise de possession des
deux biens échangés (le crédit étant
interdit). Le surplus est du «riba-lfadhl», le crédit est du «riba-nnassa’». (Il est à noter que, d’après
l’école hanafite, dans certains cas la
simultanéité n’est pas nécessaire, les
deux marchandises doivent être
«payables comptant», même si la
prise de possession effective peut être
différée, à condition que les deux
biens soient déterminés (mu’ayyan)
et
non
pas
indéterminés
(ghayrmu’ayyan).)

D) Et s’il y a troc de deux biens qui
sont de même nature mais qui n’appartiennent ni à la catégorie 1 ni à la
catégorie 2 – par exemple qu’il y ait
achat d’un cheval contre un autre
cheval –, alors il y a divergences
d’avis :
– selon l’école shâfi’ite, ni l’égalité
ni même la simultanéité ne sont obligatoires : il peut y avoir surplus (on
peut vendre un cheval contre deux) et
il peut y avoir crédit.
– et selon l’école hanafite, il peut y
avoir surplus d’un côté ; par contre
les deux doivent être «payables
comptant» (hâllan»).
2) Pourquoi cela est-il interdit ?
Dans un Hadîth, le Prophète a expliqué pourquoi il a étendu le concept
d’intérêt – qui concernait au premier
chef le surplus perçu sur les prêts –
aux cas des échanges également. Il a
dit : «Je crains que [cela ne vous
conduise à] l’intérêt» (rapporté par
Ahmad, n° 5851). Omar, Compagnon du Prophète, a donné la même
explication (rapporté par Mâlik, n°
1328 et 1329). En effet, comme nous

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

Economie
allons le voir, l’intérêt des échanges
(«ar-riba fi-l-buyû’») ressemble, en
son principe, à l’intérêt perçu sur les
prêts («ar-riba fi-l-qurûdh») et peut
y conduire indirectement en autorisant le contournement de l’interdiction de l’intérêt sur les prêts. Le
Prophète l’a donc interdit.
Pourquoi le surplus assorti d’un crédit est-il interdit (or contre or, ou blé
contre blé) («Lima hurrima-nnassî’awa-l-fadhlfîmubâdalatimâlayniribawiyyanimuttahiday-in-naw’
») ?
Parce que cela revient à vendre de
l’or à celui qui en a un besoin immédiat, en échange d’une plus grande
quantité d’or, qu’il remettra plus tard.
Or, si cela était autorisé, quelqu’un
pourrait dissimuler un prêt à intérêt
sous l’apparence de ce troc à crédit
avec surplus : il pourrait prétendre
vendre 1 kg d’or au comptant en
contrepartie de 1,5 kg d’or à crédit, et
réaliser en fait unprêt d’1 kg d’or en
échange de 500 g d’or en guise d’intérêt ! Le Prophète a donc fermé la
porte à ce risque de contourner l’interdiction de l’intérêt sur les prêts.
Pourquoi le surplus est-il interdit
même sans crédit (or contre or, ou blé
contre blé)?
Autoriser l’une des deux personnes
qui ont recours à ce troc à recevoir –
pour deux marchandises échangées
au comptant – une quantité supérieure à celle qu’il livre, cela risque
de l’entraîner à légitimer à plus forte
raison le fait de recevoir – s’il est
payé à crédit – une quantité supérieure à celle qu’il avait livrée
(puisque le bien qui est livré comptant a un plus par rapport au même
bien livré à crédit ; cette personne
pourrait se dire : si le surplus est permis au comptant, il devrait l’être à
plus forte raison à crédit, puisque ce
qui est livré au comptant possède un
plus par rapport à ce qui est livré à
crédit : «li-n-naqdmaziyya ‘alalmuajjal’»). Cela reviendrait alors au
cas du surplus assorti d’un crédit
(voir ci-dessus) !
Deux Compagnons ayant ainsi raconté qu’ils donnaient deux mesures

de dattes de moins bonne qualité pour
obtenir une mesure de dattes d’excellente qualité, le Prophète leur dit :
«Héla, c’est l’intérêt même !» Il leur
conseilla ensuite – étant donné que la
considération, dans les transactions,
va à la forme également – de vendre,
dans un premier temps, deux mesures
de dattes de moins bonne qualité et
d’obtenir ainsi leur valeur en monnaie, puis, dans un deuxième temps,
d’acheter avec cette monnaie la mesure de dattes d’excellente qualité
(rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
Pourquoi le crédit sans surplus estil interdit (dans le cas du troc
d’orge contre de l’orge même, ou
de change d’argent contre de l’argent même)
Monnaie et nourriture constituent,
parmi tout ce dont les humains ont
besoin pour vivre sur terre, des
choses essentielles. Ceci d’une part.
D’autre part, leur valeur varie fortement en très peu de temps. Dès lors,
vendre 100 kg de blé livrables à
comptant contre 100 kg de blé livrables à crédit, c’est permettre la spéculation sur un bien qui est d’une part
essentiel et dont, d’autre part, le cours
varie rapidement. Le Prophète a donc
voulu qu’on évite cette possibilité de
spéculer. Vendre 1 kg d’or comptant
contre 1 kg d’or payable dans un an
pose le même problème.
Pourquoi le crédit sans surplus estil interdit (dans le cas du change
d’or contre de l’argent ou du troc
d’orge
contre
du
blé)
Imaginez qu’à telle date donnée, 1 kg
d’or ait la même valeur que 80 kg
d’argent. Vendre 1 kg d’or contre 80
kg d’argent au comptant, c’est permis. Vendre 1 kg d’or contre 90 kg
d’argent au comptant, c’est aussi permis. En revanche, vendre 1 kg d’or
contre 90 kg d’argent à crédit n’est
pas autorisé. Car si cela était autorisé,
quelqu’un pourrait dissimuler un prêt
à intérêt sous l’apparence de ce troc à
crédit : il pourrait prétendre vendre 1
kg d’or au comptant contre 90 kg
d’argent à crédit, mais réaliser en fait

un prêt sur lequel il touche de l’intérêt : ayant calculé que 1,125 kg d’or
a la même valeur que 90 kg d’argent,
il prête 1 kg d’or et touche, en pure
contrepartie du délai accordé, l’équivalent de 1,125 kg d’or ! Ce serait
alors de l’intérêt sur un prêt. Le Prophète, en interdisant le crédit dans ce
cas de figure, a donc fermé la porte à
ce risque de contourner l’interdiction
de l’intérêt sur les prêts en faisant de
la différence des valeurs une pure
contrepartie du délai accordé.
Par contre, si on vend 1 kg d’or
contre 90 kg d’argent au comptant, il
n’y a pas ce risque de percevoir cette
différence sur un délai, puisque les
deux biens sont échangés au comptant, cela est donc permis (c’est la
règle que nous avons vue plus haut,
dans le point C : quand les deux marchandises vendues l’une contre l’autre ne sont pas les mêmes, il est
permis qu’il y ait un surplus d’un
côté, mais il faut que les deux marchandises soient payables «comptant»).
De même, l’interdiction que nous venons de voir ne concerne que des
biens échangés à l’intérieur même de
leur catégorie : or contre argent, ou
blé contre orge, etc. (c’est le cas C
cité plus haut). Par contre, au cas où
on échange du blé contre de l’argent
(c’est le cas A), le crédit est bien entendu possible.
3) Pourquoi le crédit est-il interdit
dans ces échanges alors qu’il est
autorisé dans un prêt ?
Lorsqu’on emprunte 1000 € et qu’on
rembourse ces 1000 € deux mois plus
tard, on pratique aussi une sorte
d’»échange» d’un bien (il s’agit de
monnaie) contre le même bien (il
s’agit de la même monnaie). La question qui se pose est donc : comment
se fait-il que, comme nous venons de
le voir, le crédit soit interdit dans le
troc de blé contre du blé ou contre de
l’orge, et dans le change d’argent
contre de l’argent ou contre de l’or,
mais soit autorisé dans l’emprunt
d’argent ou de nourriture (c’est

L’Autre Regard - N°036 du 05 mars au 05 avril 2016

même ce qui caractérise d’ailleurs un
prêt) ? La réponse est qu’en fait le
troc relève de l’échange commercial
(mu’âwadha), alors que le prêt ne relève pas du domaine du commerce
(«mu’âwadhât») mais du domaine
des contributions gracieuses («tabarru’ât»). Or ces deux domaines ne
sont pas régis par exactement les
mêmes règles (A’lâmul-muwaqqi’în,
tome 1 p. 295). C’est pourquoi Wahbaaz-Zuhaylî a, en ce qui le concerne,
donné préférence ici à l’avis disant
que si le prêteur a fixé la date à laquelle l’emprunteur devra le rembourser, il ne pourra pas lui réclamer
le règlement avant cette date (il y a
divergences d’avis entre les savants
sur le sujet, cf. Al-Fiqhul-islâmîwaadillatuh, tome 5 p. 3789). La non-simultanéité est donc interdite lors d’un
échange commercial du type des
trocs évoqués plus haut ; mais elle
n’est pas interdite dans un prêt. Par
contre, la condition du surplus est,
elle, interdite aussi bien dans les trocs
évoqués plus haut (où le surplus est
appelé «riba-l-fadhl») que dans les
prêts (où le surplus est appelé riba-lqardh).
4) Des formes de vente où il y
a risque de présence de l’intérêt
perçu lors des échanges
(«ar-riba fil-buyû’») et qui
dont été interdits par le Prophète
(sur lui la paix) :
«Bay’ ul-muzâbana» (rapporté par
al-Bukhârî, n° 2074, Muslim, n°
1540) : Vendre des dattes déjà cueillies contre des dattes non encore
cueillies ne permet pas de vérifier si
les deux quantités sont égales. Le
Prophète l’a donc interdit.
«Bay’ ul-muhâqala» (rapporté par
al-Bukhârî, n° 2074, Muslim, n°
1540) (selon une des deux interprétations du terme «muhâqala») : Vendre
du blé en vrac contre du blé encore
dans l’épi ne permet pas de vérifier si
les deux quantités sont égales. Le
Prophète l’a donc interdit.
Source : La Maison de l’Islam

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Monde Musulman
EGYPTE
Ahmed Mansour Korani, 4 ans,
condamné à tort à la prison
à vie pour meurtre

Incroyable mais vrai ! Dans une Egypte dirigée d’une main de fer par le despote Al-Sisi,
où la justice aux ordres n’en finit pas de dresser l’échafaud à l’issue de mascarades de procès contre les partisans des Frères
musulmans, un bambin de quatre ans, un bien
jeune coupable idéal, a été condamné en février à la prison à vie par contumace, et ce
sans sourciller…
Haut comme trois pommes mais accusé
d’avoir à son actif un palmarès criminel long
comme le bras, l’adorable petit Ahmed Mansour Korani, victime d’une terrible erreur judicaire, a dû certainement ressentir le profond
désarroi de son père sans en saisir les raisons,
alors que ce dernier se démenait auprès des
juges d’un tribunal militaire et des autorités
pour dénoncer une cruelle aberration.
Ce père de famille, aimant et fort démuni, a
trouvé en lui des ressources insoupçonnées
pour se dresser face à l’infernale machine judiciaire qui s’était mise en branle contre son
petit garçon au visage poupon, au risque
d’être lui-même broyé par le rouleau compresseur du système.
En effet, il a appris ce qu’il en coûtait de vouloir faire reconnaître sa grosse bévue à l’institution judiciaire de son pays, se retrouvant
placé en détention après que les forces de
l’ordre aient débarqué chez lui pour interpeller son « bébé ». Incrédule et sceptique, l’officier de police a cru que ce papa effondré
« se moquait de lui » et plutôt que de vérifier
ses dires, l’a purement et simplement jeté en
prison. Libéré au bout de quatre longs mois,
alors que la clameur de protestation populaire
montait, le père du petit Ahmed, totalement
blanchi par l’enquête policière, a révélé son
calvaire devant les caméras. « Je suis un
homme pauvre, je suis un fils de cette terre, je
n’ai jamais fait de mal à personne, je ne voulais pas que l’on me prenne ainsi mon petit
garçon », a-t-il déclaré en larmes, tandis que
son avocat Mahmoud Abou Kaf déplorait que
les juges à qui le certificat de naissance du
jeune Ahmed a été présenté - cette preuve irréfutable de son innocence - aient refusé de
l’examiner.
Fort heureusement, il y a eu un avant et après
passage télévisuel pour ce papa courage si
bouleversant, puisque l’onde de choc émotionnel provoquée par son témoignage sur les
réseaux sociaux a contraint, dès le lendemain,

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un porte-parole militaire à briser la chape de
plomb du silence. Ce dernier a daigné concéder qu’une « erreur » pour le moins malheureuse s’était produite, et que le nom du petit
garçon avait été injustement inclus dans une
liste de 116 noms de personnes accusées
d’avoir commis des crimes en janvier 2014,
dans la province de Fayoum, à 70 km au sud
du Caire.
Le Colonel Mohamed Samir, droit dans ses
bottes, a même indiqué sur Facebook que la
condamnation du tribunal militaire était en
fait destinée à un garçon de 16 ans portant un
nom similaire, Ahmed Mansour KoraniSharara, lequel aurait pris part à des émeutes organisées par des membres des Frères
musulmans.
Reste à savoir si cette erreur judiciaire, dont
l’énormité ne contribue pas à redorer le blason de la justice égyptienne, sera officiellement actée et le petit Ahmed Mansour Korani
pleinement réhabilité et enfin laissé à ses jeux
d’enfants.

BAYERN
Un supporteur condamné pour avoir
traité Ribéry d’«islamiste»

«Un supporteur du Bayern Munich âgé de 39
ans vient d’être condamné par la justice allemande à verser 1.600 euros d’amende pour
avoir tenu des propos diffamatoires à l’égard
de Franck Ribéry, traité d’«islamiste» après
avoir appris le prénom accordé au troisième
enfant de la star bavaroise, Seïf-al-Islam»,
écrit Le Figaro. «Celui qui prénomme son fils
de la sorte est un islamiste», avait fustigé le
supporteur sur sa page Facebook. Le prénom
Seïf-al-Islam signifie le glaive de l’Islam.
Coïncidence malheureuse, le fils de Mouammar Kadhafi avait hérité du même prénom,
ce qui avait valu à la famille Ribéry des remarques déplacées sur les réseaux sociaux.
«Je ne comprends pas les interrogations sur
le prénom de mon fils, Seif al-Islam. Je ne
vois pas le rapport avec le fils de Kadhafi.
C’est là que je ne comprends pas. Ça
m’agace, c’est chiant, pesant. Mais bon, il
faut avancer, c’est la vie», s’était emporté
l’ancien international dans un entretien accordé à Canal+, au cours duquel il était revenu sur sa conversion à l’Islam en 2006,
conclut l’article du Figaro.

NEW YORK TIMES
Les articles sur l’Islam dépassent ceux
consacrés au cancer
et à la cocaïne

Passés en revue et au crible par un groupe de
chercheurs américains, les titres du New York
Times, qui ont joué sur le poids des mots de
1990 à 2014, ont été lus avec attention et analysés minutieusement afin de déterminer si
l’islam, après avoir remporté la palme des sujets passionnels, a également le triste privilège de s’être démarqué par des Unes
sensationnalistes et anxiogènes s’avérant extrêmement préjudiciables en termes de compréhension et d’image. Ce que l’on
pressentait a été confirmé par un décryptage
rigoureux qui ne laisse pas de place aux
doutes : au cours de cette longue période de
temps, l’islam a été dépeint de manière négative dans 57% des manchettes conçues et publiées par la véritable institution qu’est le
New York Times, distançant nettement les articles consacrés au cancer et la cocaïne qui
n’ont totalisé respectivement que 34% et 47%
des accroches les plus sombres et choc.
Toujours noirci à dessein, avec un bond notable entre 2009 et 2014 où les titres à l’impact
dévastateur sont passés de 35% à 68%, le traitement de faveur peu enviable réservé à l’islam, renforcé par des articles au vitriol et une
propagande islamophobe inflammable, ne
s’est pas appliqué au christianisme et au judaïsme avec la même malhonnêteté intellectuelle, ampleur, constance et inconséquence.
L’islam faisant les gros titres percutants et tétanisants dans plus de 20% des cas par rapport aux deux autres religions monothéistes.
Tout en déplorant grandement que l’islam
vole ainsi la vedette à toutes les thématiques,
religieuses ou pas, les co-auteurs de cette investigation, Usai Sddiqui et Owais Arshad, se
félicitent d’avoir mené à bien cette nécessaire
étude comparée qui, statistiques irréfutables
à l’appui, met en évidence ce que d’aucuns
subodoraient ou dénonçaient depuis longtemps : l’image systématiquement négative,
menaçante et explosive accolée à l’islam par
les médias mainstream en général, et le New
York Times en particulier. Leurs conclusions
édifiantes ont corroboré les dires des associations musulmanes américaines les plus influentes, dont le Conseil des relations
américano-islamiques (Cair), qui n’ont cessé
d’alerter et de désapprouver ce traitement
biaisé et irresponsable.

GAZA
Israël refuse à une délégation
parlementaire belge l’entrée

Une délégation de parlementaires belges en
mission en Palestine s’est vu refuser le droit
par Israël d’entrer à Gaza, a indiqué mardi sa
présidente, la députée PS Gwenaëlle Grovonius.
Les députés belges devaient se rendre à Gaza
mardi, à l’invitation de l’UNRWA (Office de
secours et de travaux des Nations unies pour
les réfugiés de Palestine dans le ProcheOrient), pour y rencontrer différentes ONG.
Tous les contacts officiels à cette fin avaient
été pris par les autorités belges en Belgique

et sur place, a-t-elle indiqué.
«Pourtant, aujourd’hui et à la dernière minute, la délégation s’est vu refuser l’accès à
Gaza, les autorités israéliennes ayant refusé
de leur procurer un laisser-passer», a témoigné la parlementaire.
Pour Gwenaëlle Grovonius, il s’agit là d’un
«abus de pouvoir inacceptable». Gaza ne fait
«pas partie d’Israël conformément aux frontières reconnues par la communauté internationale, il est donc inacceptable que les
autorités israéliennes s’arrogent le droit d’en
refuser l’accès à une délégation officielle de
parlementaires étrangers», a-t-elle précisé.
La députée socialiste s’interroge sur les motivations sous-jacentes de ce refus. «Que
tente-t-on encore une fois de nous cacher si
ce n’est, sans doute, l’état humanitaire déplorable dans lequel Gaza se trouve depuis l’opération militaire destructrice qui y a été menée
par Israël en 2014?», se demande-t-elle.

PHILIPINNES
Un célèbre prédicateur saoudien
victime d’une tentative d’assassinat

Le prédicateur saoudien Ayed Ben Abdallah
Al-Qarni a été la cible d’une tentative d’assassinat aux Philippines mardi 1er mars. Il a
reçu des balles dans l’épaule droite, le bras
gauche et la poitrine. Hospitalisé, le dignitaire
religieux serait hors de danger selon l’ambassade d’Arabie saoudite. Celle-ci a affrété
un avion à Zamboanga pour amener le cheikh
et ceux qui l’accompagnaient dans la voiture
à Manille, la capitale, « afin de lui offrir le
meilleur traitement ».
Ayed Al-Qarni venait de délivrer un prêche
dans une université à Zamboanga, une des
principales villes du sud des Philippines,
quand il a été attaqué par un homme armé
d’un calibre 45. Les policiers qui l’escortait
ont ouvert le feu et tué le tireur.
Les soupçons ont très tôt été dirigés vers
l’Etat islamique. Dans un article intitulé «
Tuez les imams de kufr (de l’impiété, ndlr) »
paru dans le dernier numéro de sa publication
Dabiq, plusieurs prédicateurs sont accusées
d’apostasie. Ayed Al-Qarni figure parmi les
noms évoqués. L’article appelle des « loups
solitaires » à agir contre elles.
Ayed Al-Qarni, qui avait été interdit d’entrée
en France en 2012 avec plusieurs personnalités religieuses étrangères, avait été alors présenté par l’Union des organisations
islamiques de France (UOIF) comme un «
leader de la pensée qui condamne l’usage de
la violence et est connu comme tel par tous
les spécialistes du monde musulman ».

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