An-Nasr trimestriel #30

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Title
An-Nasr trimestriel #30
Date
1 April 2007
Abstract
Bulletin d'information et de formation de l'AEEMB
issue
30
Spatial Coverage
Ouagadougou
Palestine
Médine
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114034605
extracted text
Nous sommes convain­
cue que les sœurs occupent
la place qui leur revient an
niveau de la structure. Il
est aujourd'hui incon
testable de recounaîtr
leur participation massive
et régulière à la réussite
des ambitions de l'associ­
ai ion".
Adama OUEDRAOGO

P.2

La Place
de Part
dans
l'islam
MUHAMMAD,
HOMME
D’ÉTAT

HORS PAIRE
PJ

Congrès

du CERFI,

l’alternance a
été au

rendez-vous
lAN-NASR N° 030

La crise ivoirienne semble
désormais inscrite dans le
passé depuis la signature des
accords de Ouagadougou en
mars dernier. En effet, tout porte à
le croire au regard de l’engouement
que cela a suscité en Côte d’ivoire.
En outre, la mise en œuvre de l’ac­
cord est en marche avec la forma­
tion du nouveau gouvernement de
guillaume SORO et les incessantes

EDITORIAL

rencontres entre les états majors
des Forces Armées Nationales de
Côte d’Ivoire (FANCI) et les Forces
Nouvelles (FN). Et c’est tant mieux
pour la Côte d’ivoire, les ivoiriens et
les autres qui ont durement été
touchés par cette crise qui n’a fait
que trop durer.
Mais il demeure de nombreuses
interrogations qui laissent perplex­
es. Pourquoi les accords de
Ouagadougou connaîtront-ils un
succès alors que les
précédents n’ont par­
fois même pas connu
un début de mise en
application ?
Les
acteurs de la crise

sont-ils
maintenant
prêts à aller à la paix
? Si An-nasr a décidé
de consacrer son édi­
torial à ce sujet, c’est

profondes et lointaines.
Et toutes les fois, on a eu l’impres­
sion qu’on est passé à côté du sujet,
même si les accords de Marcoussis
ont eu le mérite de passer en revue
toute la question. Mais le courage a
souvent manqué dans les décisions
à prendre. En espérant que les
accords de Ouagadougou connaî­
tront un meilleur sort, on est quand
même obligé de se demander pour­
quoi malgré l’originalité de certains,
ils n’ont pas été mis en œuvre ? En
réalité, s’il faut aller chercher les
solutions de cette crise dans un
pays lointain, il faut reconnaître que
le comportement des leaders poli­
tiques de ce pays ne favorise pas la
paix. En somme, la crise ivoirienne

le du pouvoir d’État. Qu’à

cela ne tienne, ils sont obli­
gés de vivre ensemble sur la
terre de Cote d'ivoire qui
leur appartient à tous. Vivre en har­
monie et en toute intelligence. En
outre, les leaders religieux ont une
influence certaine sur les popula­
tions, et il leur revient de trans­
mettre le message de la paix et
dans la concorde. Enfin, il leur
revient de demander le secours et
l’assistance de Dieu. Mais il faut
avant tout que les formes de margi­
nalisations et d'injustice à l'égard
d’une communauté quelconque
cessent ; c’est le prix de la paix.
Ensuite, les musulmans sont des
frères, et cette relation affective
nous impose à tous de supplier le
seigneur dans notre rapprochement
intime avec lui, d'accorder la paix à
la Côte d'ivoire et de guérir le cœur
des ivoiriens.
L’islam ' ne
connaissant
pas de fron­
tière ; la dif­
ficulté que vit
un
musul­
man dans le
pont le plus
avancé de la
planète, doit
être ressentie par tous les autres
musulmans. Mais on est encore
loin du compte.
En somme, on se réjouit que les
accords de Ouagadougou aient pu
être signés et acceptés par les pro­
tagonistes de la crise ivoirienne et
qu'ils connaissent un début d'appli­
cation. Mais à l'analyse de la situa­
tion, on s'aperçoit que la Côte
d’ivoire a mal en ses fils qui, par
leurs comportements, ont compro­
mis la stabilité dans leur pays. C'est
donc par une guérison spirituelle et
morale qu'il pourra sortir du bour­
bier dans lequel il est enfoncé. Que
Dieu accorde donc la sagesse aux
dirigeants de la Cote d’Ivoire ! Car

Accords inter ivoiriens de
Ouagadougou : La paix
est un comportement

moins pour répondre à ces ques­
tions ; c’est simplement par devoir
pour un pays qui a des liens sécu­
laires avec le Burkina Faso et par
devoir de solidarité et de fraternité
pour tous les habitants de ce pays,
musulmans ou non.
En rappel, depuis 2002, une crise
armée oppose en Côte d’ivoire les
Forces Armées Nationales de Côte
d’ivoire du président Laurent
Koudou GBAGBO, qui contrôlent le
sud du pays, aux Forces Nouvelles
qui contrôlent le Nord et le Centre.
Alors, un long processus de paix

est une crise profonde et multidi­

entamé à Lomé est engagé. Depuis
lors, on a connu Marcoussis, Accra
I, II, III, Pretoria.,.et Ouagadougou.
Tous ces accords avalent pour
ambition de mettre fin à ce conflit
armé mais aussi de résoudre défini­

mensionnelle ; elle est à la fois poli­
tique, ethnique, religieuse, xéno­
phobe...
Ainsi, toutes autant qu’elles sont,
ses causes ont pour sièges le cœur.
Alors l’ultime solution se' trouve
chez les ivoiriens, toutes catégories
confondues. Il y a dans leurs cœurs
la haine, la frustration qui ont été
exacerbées par le discours meurtri
et rancunier ; sinon on fera toujours
la paix.
C'est en cela que les religieux de
Côte d'ivoire et d'ailleurs ont une
responsabilité dans le succès de
ces accords. D'ailleurs à tort ou à
raison, on considère que le conflit a
aussi des causes religieuses qui se
situeraient dans des luttes d'in­
fluences entre musulmans, catho­

tivement une crise qui a des causes

liques, et protestants pour le contrô­

AVRIL - JUIN 2007

«la paix n'est pas un mot, c’est un

comportement»,
disait
Houphouët Boigny.

Félix

La rédaction
RÏ1

ette année encore, la journée internationale de
la femme aurait consacré un intérêt particulier à
la gente féminine à travers ateliers de réflexion,
cadres de concertation et d’autres activités festives.
A l’occasion, notre équipe de rédaction est allée à la
le 08 mars de chaque année est certes une occasion per­
rencontre du secrétariat à la mobilisation et à la for­
mettant à chaque couche sociale de la population mondi­
mation des sœurs (SMFS) pour faire le bilan de cette
ale de se souvenir des conditions précaires dans
journée célébrée au niveau de notre structure.
lesquelles vivent certaines femmes et des injustices
La mobilisatrice Adama OUEDRAOGO, étudiante en
qu’elles subissent dans certains coins du monde. Mais de
Droit lllème année revient sur les grandes lignes de
façon pratique, nous pensons que cette commémoration,
cette journée dans les différents conseils généraux
au fil des ans, n'est pas la voie de proposition de solutions
que compte l’AEEMB.
concrètes pour éradiquer entre autre l’ignorance, l’anal­
Ainsi ne manque t-elle pas l’occasion d’évoquer la sit­
phabétisme et la pauvreté.
uation globale des sœurs aeembistes dans le combat
du militantisme
AN : Quel bilan pouvez-vous tirer de la journée des
sœurs célébrée un peu partout à travers les différents
Annasr (ANI: Quelles sont vos ambitions à la tête du
conseils généraux ?
département des sœurs pour le présent mandat ?
M : Nous tirons de la célébration de la journée de la sœur
Mobilisatrice (MV. Nos ambitions à la tête de ce départe­
un bilan satisfaisant. Et pour preuve, parmi les 38 CG
ment sont d'une part, pouvoir obtenir une plus grande
présents à l’AG, la plupart ont pu l'organiser exception faite
mobilisation des sœurs et à défaut, maintenir le niveau de
de ceux du Kourwéogo et du Séno (que nous encoura­
mobilisation actuelle des sœurs qui est fort appréciable.
geons d'ailleurs). En outre, le thème retenu qui est :
D’autre part, nous ambitionnons d’œuvrer à avoir un nom­
«Quelle éducation et quelle responsabilité pour la sœur
bre élevé de sœurs capables de participer aux débats qui
musulmane» a été traité par tous ces CG et la participation
se mènent au sein de l’association et ailleurs.
des sœurs et des frères est globalement acceptable.

G

AN : Comment assurez-vous fa coor­
dination des activités avec les autres
sœurs au niveau des provinces?
M. A notre niveau, la coordination des
activités avec les structures provinciales
de l’AEEMB se passe un peu comme
dans les autres départements. D’abord,
nous profitons des occasions de rencon­
tre du comité exécutif avec les Conseils
Généraux (l’assemblée générale, par
exemple) pour leurs communiquer notre
programme d'activité. Ensuite, pour per­
mettre une uniformisation de l’organisa­
tion de certaines activités, le départe­
ment retient un certain nombre d’axes. A
titre illustratif, pour la célébration de la
journée de la sœur, notre rôle a été d’ar­
rêter un thème national pour permettre à
tous les conseils généraux d'avoir un
même sujet de réflexion. Ces structures
provinciales mènent donc leurs activités
en se référant à ces axes.

Les sœurs font leurs bilans

AN : Le 8ème séminaire
des mobilisatrices s’est
tenu à Ouagadougou du 24
au 28 mars 2007, quel sens
donnez-vous à l'organisa­
tion d'une telle activité ?
M : Le 8è séminaire des

Chargée de la formation et de la
mobilisation des sœurs de l'AEEMB

AN : Croyez-vous que les sœurs occupent véritable­
ment la place qui leur revient au niveau de la structure ?
M : Nous sommes convaincue que les sœurs occupent la
place qui leur revient au niveau de la structure. Il est
aujourd'hui incontestable de reconnaître leur participation
massive et régulière à la réussite des ambitions de l'asso­
ciation. Cependant, il faut reconnaître que si l'on considère
le domaine de l’autoformation et bien entendu celui de la
transmission de ce qu'on a appris aux autres, la participa­
tion des sœurs est négligeable.
AN : A qui la faute ?
M: Les premières responsables sont les sœurs ellesmêmes. Tout se passe comme si elles n'ont pas con­
science du fait que rechercher le savoir, le mettre en pra­
tique et le transmettre leur incombe au même titre que les
frères.

AN : Le monde entier vient de célébrer la journée
internationale de la femme le 08 mars dernier, quelle
est votre opinion en tant que responsable musulmane
par rapport à cette commémoration ?
M: La célébration de la journée internationale de la femme

lAN-NASR N° 030

mobilisatrices qui s’est tenu
du 24 au 28 mars 2007 sous
le thème «Formation et
engagement des sœurs, un
défi pour les mobilisatrices»
est très important. C’est une
activité à travers laquelle les
mobilisatrices reçoivent une
formation leur permettant
d'accomplir convenablement
leur tâche. Cela participe
également à leur dynamisme
dans les conseils généraux.

AN : Quels sont les problèmes que les sœurs rencon­
trent globalement ?
M_î De façon globale, les problèmes rencontrés par les
sœurs aeembistes sont de divers ordres. Ils sont entre
autres relatifs dans certains CG au port du voile, (dans cer­
tains CG) au comportement inacceptable de certaines
sœurs causant le départ d'autres. Dans d’autres CG, elles
mettent fin à leurs études une fois mariées quand bien
même le mariage ne constitue pas en soi une entrave aux
études. A cela s'ajoute l’ignorance du sens de la fraternité
et de la solidarité entre les sœurs.

AN : Le mariage serait-il une préoccupation majeure
chez les sœurs ?
M_[ La réponse à une telle question ne peut être que rela­
tive. Pour certaines, le mariage serait une préoccupation et
pour d'autres tout le contraire. Et cela se justifiera entre
autre par les conditions sociales et économiques des unes
et des autres ou les objectifs que se fixent ces dernières.
Il serait par exemple une préoccupation pour des sœurs à
un âge assez avancé qui ne recevraient pas de proposition
de mariage. Il serait aussi une préoccupation si elles n'ar­
rivent pas à supporter la pression sociale qui l'oblige à se

AVRIL-JUIN 2007

Z

marier en raison des préjugés qui assortissent l'état de
célibataire. Mais il faut retenir qu’à un moment donné dans
la vie d'une sœur et même si on ne peut pas parler en
termes de préoccupation, le mariage demeure nécessaire
pour préserver sa foi si l'on s'en tient aux réalités de notre
monde en matière de sexualité et de moralité...
AN_: Qu’est-ce qui est fait par votre département pour
aider les sœurs à résoudre ces difficultés ?
M : le secrétariat à la mobilisation et à la formation des
sœurs ne dispose pas de prérogatives en matière sociale
pour aider les sœurs à résoudre leurs difficultés. Certes, il
participe à certaines activités sociales des sœurs, mais la
grande tâche revient au délégué aux affaires sociales qui
œuvre à soutenir l'ensemble des militants financièrement
et moralement.

AN : Que pouvez vous dire de l'habillement des
sœurs ?
M : Il est important de rappeler que l'habillement de la
femme musulmane est régi par des lois coraniques. Par
conséquent, en parler n'est pas une mince affaire. Ce
qu'on peut dire, c’est que de façon générale, beaucoup
d'efforts sont faits par les sœurs pour conformer leurs
habillements aux exigences coraniques. Toutefois, le
phénomène de la mode immerge leur univers et ce faisant,
la pratique vestimentaire y prend souvent un coup.
Nous invitons alors les sœurs à garder à l’égard de la
mode une attitude de méfiance et à n’intégrer dans leur
habitude vestimentaire que les habits qui respectent leur
religion.

AN : Quelle lecture faites vous des relations frères
sœurs ?
Mj. C'est toujours une question difficile à répondre car cela
ne demande pas seulement d'être dans le milieu mais
aussi d'être une attentive observatrice.
Le contexte d’association et de jeunesse dans lequel s’in­
scrit notre travail nous oblige à adopter certaines attitudes
de rapprochement qui sont une nécessité pour l'exécution
• de nos tâches. Ce qui est important, c'est de rappeler aux
frères et sœurs d’observer les recommandations pre­
scrites dans leurs relations quotidiennes à savoir entre
autre rester en public, parler de choses vraies et justes.
Nous gagnerons un peu plus dans nos relations si nous
sommes sincères dans nos propos et essayons davantage
de montrer à notre interlocuteur qu’il a de l’importance et
que tout ce qu’il peut avoir comme sentiment nous
intéresse.
AN : Votre mot de fin.
M : Nous remercions la rédaction qui a porté son choix sur
notre département. Puisse Dieu la soutenir davantage et
l’aider dans ses multiples tâches. Nous voudrions aborder
d’autres préoccupations de notre département qui sont
d'une part la démobilisation des sœurs et d'autre part l'ab­
sence d'une élite féminine au sein de l'association .
Pour ce qui concerne la démobilisation, elle s’explique par
le fait que les soeurs participent massivement aux activités
récréatives telles que cantiques, sorties touristiques et
sont moins nombreuses lors des séances de formation
notamment aux cours d’instruction religieuse qui suivent
les niveaux I, II, III, par conséquent, nous les invitons à
s'engager davantage pour leur formation individuelle car
cela leur permettra de servir efficacement l'islam à travers
l'A.E.E.M.B.
Propos recueillis par Ibrahim SANA

R2|

e monde musulman a commémoré
récemment, le 1437^me anniversaire de

L

la venue au monde de l'homme le plus
illustre jamais créé par Allah (swt).
Muhammad (saw), puisque c’est de lui qu'il
s'agit, a été envoyé comme une miséricorde
pour toute l’humanité et un parfait modèle à
suivre pour quiconque espère le salut ici bas
et dans l'au-delà.
Dans l’exercice de sa mission, Muhammad a
confirmé tout le bien que le Coran a dit de lui.
En tant qu’époux, père, ami, guide spirituel,
autorité politique, Muhammad a été et
demeure irréprochable. Ce dernier aspect de
sa vie (en tant qu'autorité politique) est l'objet
de cet article, en raison de l'actualité de la __
vie politique nationale dominée par la pré­
paration de la 4ème législature organisée

par la 4ème république.

Quelques.aspects marquants de la.vje
politique du prophète de l’Islam
Utmîté dans /g diversité
La recherche de l'unité malgré l’insistante
diversité de sa communauté a été la première
bataille que Muhammad a menée dans le
cadre de l'exercice de sa fonction politique.
Cette unité, il l’a battie autour de la foi, de la
crainte d’un Dieu unique à qui seul revient
tous les honneurs, toutes les louanges et à qui
seul se soumettait toute la création. De cette
manière, le prophète venait d’assurer à moitié
le succès de sa mission, car non seulement il
avait réussi à ébranler le polythéisme mais
aussi à construire pour sa société un repère.
Une société au sein de laquelle Dieu est mis
au centre de toute autorité et Muhammad le
modèle parfait. Désormais dans l’esprit de
cette jeune communauté, ne résonnait que
l'idée de se rendre au service de ce Dieu juste
et qui commande la justice.
Dans cet élan, le clanisme, l’esprit tribal ne
pouvait pas survivre. L’honneur des tributs se
mesurait, dans ce contexte à leur crainte
d’Allah et à leur loyauté au prophète, en
d’autre terme à leur engagement pour la
cause commune. «Allah vous a créé en trib­
uts et nations pour que vous vous entre
connaissiez. Le plus noble d’entre vous est
celui qui craint Allah le plus» dit le Coran.
Muhammad, toute sa vie durant, a entretenu
cet élan de cohésion de sa communauté.
«Les croyants sont des frères. Le plus
digne de vous auprès de Dieu est celui qui
Le craint le plus. Et aucun Arabe n’a
supériorité sur un non Arabe, sauf par la
piété. Craignez de commettre l’injustice»
avait-il dit au soir de sa vie lors du sermon qu'il
a prononcé lors de son pèlerinage d’adieu.
Grâce à cet préalable, Muhammad a réussi ce
que nul ne pouvait imaginer : construire le
plus grand empire que le monde ait jamais
connu. En voici le témoignage de Michaël H.
Hart : «Peu nombreux, minés par des guer­
res intestines, ils (les Arabes) n'étaient pas de
taille à lutter contre tes armées imposantes
des empires situés sur les terres agricoles du
Nord. Cependant, unifiées par Muhammad
(saw) pour la première fois dans leur histoire
et inspirées par leur foi sans faille, ces petites
armées arabes furent entraînées dans les plus
étonnantes séries de conquêtes de l'histoire

|AN-NASR N° 030

de l’humanitô.f...) Bien que numériquement
largement inférieurs à leur ennemis, les
Arabes poussés par leur nouvelle foi, con­
quirent rapidement la Mésopotamie, la Syrie,
et la Palestine. En 642, ils avaient ravi l'Égypte
à l'empire byzantin et écrasèrent les armées
persanes à Qadisiya et à Nihaverd (643), deux
batailles cruciales...». Extrait (de) "Les cents
personnes tes plus influentes de l'histoire de
l'humanité. MOHAMMED, p.6-7. «Quoiqu'il en
soit, en à peine un siècle, les tribus bédouines
inspirées par la prophétie de Muhammad se
taillèrent un empire s’étendant de l'océan
atlantique aux frontières de l’Inde...»
Aujourd’hui, il est admis de tous, une société

MUHAMMAD, HOMME
D’ÉTAT HORS PAIRE
ne peut espérer un quelconque progrès sans
une cohésion forte, solide et durable entre les
composantes, le tout soutenu par une con­
science citoyenne. Malheureusement, sur ce
plan nous sommes encore loin du compte.
La recherche permanente de la justice, du
respect des droits humains et de l'équité
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que
Muhammad a entretenu la cohésion et la sta­
bilité de sa communauté grâce à sa constante
recherche de la justice et du respect des droits
des membres de sa communauté.
Muhammad ne s'est pas contenté de rendre
lui-même la justice, il a lutté contre la racine
de l'injustice et a travaillé â créer un cadre
propice au plein épanouissement de cette
valeur après lui. Ses propos à ce sujet sont
aussi éloquents que profonds. «Je ne suis
qu'un homme parmi vous. Vous venez à
moi avec vos différends. Il se peut que
dans vos plaidoyers certains soient plus
éloquents que d’autres et que je tranche en
faveur des plus éloquents. S’il arrive que je
donne une faveur à l'un d'entre vous alors
qu’il est conscient de ne pas le mériter, ce
dernier ne devra pas en agir en con­
séquence car je lui aurai remis une partie
de l’enfer». Ainsi donc, la justice à double
vitesse lui était inconnue. Pas une justice pour
les pauvres et une autre pour les riches. Il ne
manquait pas d'instruire ses gouverneurs à
aimer et à appliquer la justice dans les
provinces de l’empire. La justice pour tout le
monde, musulman ou non. «Oh vous qui
croyez, soyez juste. Que la haine contre un
peuple ne vous conduise à être injuste à
son égard. Soyez justes, car la justice est
plus proche de la conscience intime de
Dieu». Les hadiths où le prophète incite à la
justice peuvent être multipliés à souhait. Sa
détermination pour le respect des droits
humains était sans faille. Toute sa vie durant,
il n'a cessé de se battre pour cela. Le respect
des droits d'autrui était un pilier de la foi qu'il
prêchait. «Le musulman, le vrai, est celui
dont les autres musulmans sont à l'abri de
sa langue et de ses mains». Avant de quitter

AVRIL-JUIN 2007

ce monde pour rejoindre son Seigneur, l'une
des dernières recommandations qu'il a lais­
sées stipule : «Ô peuple, en vérité, vos
sangs, vos biens et vos honneurs sont
Jusqu'à la rencontre de votre Seigneur
aussi inviolables que ce jour même, en ce
mois dans cette région sacrée». «Ne
blessez personne, afin que personne ne
puisse vous blesser».
Aujourd’hui encore, sur ce plan, beaucoup
reste à faire. Pourtant, sans justice, la paix
sociale est constamment menacée. Sous
Muhammad, malgré la grandeur de son terri­
toire, la diversité de ses gouvernés, la
Ummah, en dépit de quelques anicroches
interpersonnelles et très superficielles
inhérentes à tout regroupement humain,
avait l’aire d'un havre de paix. Georges
Bernard Shaw ne pensait pas mieux
exprimer cette réalité lorsqu'il dit : «Si un
homme comme Mohammed gouvernait le
monde, il parviendrait à résoudre ses
problèmes et à lui assurer la paix et le
bonheur dont il a besoin».

Le social au service de la politique.
Par définition, gouverner un pays, une nation,
c’est rechercher des solutions aux problèmes
que connait cette société. Muhammad n’était
pas ce dirigeant loin de ses dirigés et de leurs
réalités sociales. Il était proche d’eux et s’in­
téressait beaucoup à leur vécu quotidien. Sa
porte était ouverte à tous les citoyens et aucun
protocole pour avoir accès à lui. Son humilité
et sa modestie étaient telles qu'il se confondait
à ses compagnons. Plusieurs récits confir­
ment cela. Les biens de l’État étaient mis au
service de l'État, rien pour lui-même. Le peu
qu’il avait, il le mettait à la disposition des cas
sociaux. On rapporte qu'«un jour le prophète
(saw) a égorgé un mouton pour sa con­
sommation. Mais par générosité, il dis­
tribua toute la viande à l’exception de la
tête et des quatre (4) membres. Aicha dit :
oh prophète, il ne reste plus que la tête et
les membres. Il répondit : toute la viande
de ce mouton est là sauf sa tête et ses 4
membres ; car quand nous les aurons
consommé nous ne les retrouverons plus.
Or ce qui a été distribué, nous les retrou­
verons entièrement au Paradis. Ces genres
de situation il y en a eu des centaines. C'est
pourquoi Diwan Chand Sharma a écrit dans
son livre "le prophète de l’Orient'' :
«Mohammed était la bonté même. Son influ­
ence sur son entourage fut considérable et
inoubliable».
Il n'était pas de ceux dont les paroles sont très
belles et les actions d’une laideur extrême.
Dès son arrivée à Médine il s’évertua à rendre
la ville propre, saine et vivable en engageant
des travaux de salubrité. Dans la même
optique, il fit construire des puits en vue de
permettre à tout le peuple l'accès à l’eau. On
l’aura constaté, aucune préoccupation du peu­
ple n'a fait l’objet d'une quelconque négli­
gence. C’est I à un véritable homme politique,
«indifférent aux apparats du pouvoir. La sim­
plicité de sa vie privée était en accord total
avec sa vie publique». Dixit du Reverand

Bosworth Smith.
Adama SAKO

■B

e paysage mondial en général et celui
africain en particulier est inondé de sons et

films vampires, de guerre, des films où le sang

Virginia Tech, à Blacksburg, dans l'Etat de

coule à flots.
Étant donné que la télévision imprime consciem­

Virginie. Il dit s'inspirer des images de 1999 où

écran où tout se raconte et se voit. De tous les
ment ou non des images dans la tête des
mass médias, la télévision est sans doute le
téléspectateurs, il va s'en dire que les effets ne
partenaire quotidien des familles burkinabé. Le
vont pas tarder à s'exprimer.

enseignant avant de se donner la mort au lycée

L

d'images. Le monde devient donc un grand

deux élèves avaient tué 12 camarades et un
Columbine, dans le Colorado

Plus près de nous, des événements

petit écran diffuse des images, et sages ou pas, il

embarque tout le monde dans sa logique. C'est

Les conséquences de

pourquoi, il nous parait assez intéressant d’ouvrir

la télévision

l'influence du

La télévision : un terrorisme

une fenêtre sur ce maître des cœurs qu'est la

sur les enfants

télévision c'est-à-dire examiner sa répercussion
positive sur la population et aussi sa face néfaste.

Une étude réalisée en

1983

par

Eran

nous
font
réfléchir sur
petit écran sur

les mentalités
des specta­

et

Avantages liés à la télévision

l’âge de 06 à 10 ans est considéré comme la péri­

teurs : l’as­
sassinat des trois filles en 2004 ,le massacre des

La télévision est un moyen de communication

ode où l’écran a la plus grande influence sur l'en­

peuls dans la même année où les victimes ont été

sociale à grande échelle. Et en tant que tel, elle

fant. Les images qu'il regarde constituent le mod­

découpés en morceaux, la récente boucherie

comporte beaucoup d’atouts. Dans un pays
majoritairement analphabète comme le nôtre, la
télévision constitue un moyen de liaison entre l'É­

èle idéal. De nos jours, la télévision devient le

commise sur les 2 victimes en début mars , l’in­

moyen pour les parents de se débarrasser des

sécurité croissante sur les routes où les voleurs

enfants. Pourtant, le musicien burkinabé Zêdess,

se livrent couramment à la tuerie des victimes et

tat et la masse. Elle contribue conséquemment à

depuis quelques années déjà avait tiré sur la son­

au viol des femmes, le lynchage des voleurs par

l’information, à la formation et à la sensibilisation

nette d’alarme : «la télévision remplace les par­

la population nous oblige à penser que les

de la masse la rendant ainsi participative au

ents». D'après Huesmann : «la fréquence d'ex­

mobiles cachés de tous ces actes pourraient se

développement.

positions des enfants aux émissions violentes

retrouver dans les images que nous consommons

Toutefois, ces avantages cachent de gros incon­

qu'ils préfèrent prédisait la fréquence et la gravité

. La publicité qui zèbre nos écrans, excite les

vénients.

des délits criminels qu'ils commettraient à l'âge

gens à tout désirer, bien, mal, n’importe quoi. Car

de 30 ans, même après que l'influence de l'a­

c'est la force lumineuse, flatteuse des produits

Collection rapporte que

La télévision entre sexe et sang

gressivité initiale du quotient intellectuel de ces

qu'on présente. Après l'avènement des tassaba

A bien y voir, les images de la télévision ont deux

enfants ait été annulée. Les enfants exposés à la

des gens ont vendu leur P50 pour s'en procurer,

aspects dominants : le sexe et le sang.

télévision peuvent être désensibilisés à la vio­

mais où est la différence si non l’habillage. Les

Pour le premier élément, il accompagne et rythme

lence comme quelque chose de normal dans leur

feuilletons ne sont que l’autre publicité car ils

les émissions télévisuelles. La musique est très

environnement et dans la société en général. Par

appellent à l’achat de tous les meubles, des

présente dans les chaînes les plus regardées au

conséquent, ils peuvent développer aussi un

habits des acteurs et surtout actrices. On se rap­

Burkina Faso : Canal3,

SMTV où la musique

comportement agressif et implorer leur force

pelle mari mar, avec des sacs, chaussure, rouge

bénéfice de plus de 80% de diffusion. La télévi­

à lèvres mari mar juste après la fin du feuilleton.

sion nationale n'est pas en reste. En plus des

physique pour résoudre des conflits».
Également, des chercheurs néo-zélandais ont

émissions consacrées à la musique comme

observé le devenir de plus de 1 000 enfants de

feuilleton car nous n’avons pas encore fini avec

reemdoogo, cocktail, All flowz, Star en direct, etc.,

1972 et 1973, en s'intéressant à leur parcours

rubi et sublime mensonge qu'est arrivé MARIA el

la musique annonce et accompagne toutes les

scolaire. Ils ont fait deux (02) constats sur les con­

barra où mari mar est l'actrice principale.

émissions. Malheureusement, depuis l’avène­

séquences des abus de la télévision. La télévision

Comment pouvoir gérer le temps que Dieu nous a

ment du mapouka, reconnue bestiale, la musique

dans l’enfance (entre 05 et 11 ans) est reliée au

donné et dont II nous demandera compte ?

diffusée sur les chaînes ne s'est jamais éloignée

fait de ne pas achever un cycle universitaire. La

de cet aspect même si elle a pour nom takiboron-

vie durant l'enfance (entre 13 et 15ans) augmente

sé, wollosso et que sais-je encore ? C’est le lieu

le risque de quitter l’école sans aucun diplôme. Et

Une étude américaine a démontré que les enfants

de l'indécence, de la nudité et des gestes très

c'est normal. Les séries et les télénovelas, les

passent le même temps devant la télévision qu’en

osés. A côté de la musique, il y a les défilés de

Nous ne reviendrons pas sur les ravages de ce

Télévision et le temps de notre foi

films obscènes, les musiques vides de message

classe. Et il a été aussi prouvé que nous passons

mode, les concours miss, les films obscènes sans

allument la passion sexuelle des jeunes. Ce qui

le 1/3 de notre vie à dormir. Faisons un petit cal­

parler des séries et télénovelas où le sexe, les

colonise leurs pensées et les dévie des préoccu­

cul : nous utilisons en moyenne 30 min pour les

ruses, la séduction font loi.

pations sérieuses. La publicité unilatérale sur la

cinq prières quotidiennes. Soit pour une année

La deuxième constante est celle du sang, de la

capote aide les jeunes qui tentent sans censure

365730= 182,5 heures = 8 jours. Pour 60 ans : 8

violence. Dans nos chaînes nationales, il n'est

leur première expérience sexuelle précocement

jours? 60 = 480 jrs= 1 année et 1 mois.

pas possible qu’il se passe une seule journée

et librement. Les samedis soirs, les bals de fin

sans une scène de violence, de sang. Ainsi, une

d'année, tous les moments sont bons pour

Télévision soit en moyenne 1 h/jr. 365?1h =
365h=16jr. Pour 60 ans : 16 jrs?60= 960jrs=2ans

enquête réalisée sur les programmes des chaînes

accomplir l'acte sévèrement interdit de Dieu, celui

et 2 mois.

de télévisions françaises donne les résultats suiv­

sexuel.

temps devant l'écran que dans l'adoration pour­

Nous passons le double de notre

tant le but de notre création est clairement l’ado­

ants publiés par le journal «le point»'. 670

En février 1993 en Angleterre, deux

meurtres, 419 fusillards ou explosions, 27 scènes

garçons de 10 et 11 ans enlèvent et tuent un de

de tortures, 848 bagarres, 32 prises d’otage, 14

deux ans, En décembre de la même année trois

et les hommes que pour qu'ils m'adorent». Sans

enlèvements, 15 viols, 13 tentatives d’étrangle­

petits allemands prennent en otage leur cama­

commentaire.

ment, 08 suicides et 09 défenestrations en l'e­

rade de classe. En France, les délits commis par

space d’une semaine. Une enquête de la même

des mineurs de moins de 13 ans sont passés de

nature réalisée aux USA révèle qu’un jeune
américain assiste à 18 000 meurtres en moyenne

36000 en 1980 à 48000 en 1987. Plus récem­
ment, un étudiant sud-coréen, Cho Seung Hui

Télévision un nouveau polythéisme
Le polythéisme n’est pas seulement l'association
d'autres créatures à Dieu, c’est aussi, ce qui

avant la fin de son premier cycle. Les téléspecta­

rafale à bout portant 33 personnes le lundi 16
avril 2007, sur le campus de l'université de

Suite page 5|

teurs burkinabés sont de plus en plus friands de

lAN-NASR N° Ô3Ô

AVRIL-JUIN 2007

ration comme Dieu le dit : «je n'ai crée les djinns

Congrès du CERFI,
l’alternance a été au rendez vousj
Le Cercle d’Études, de Recherches pour là.
Formation Islamique.(CERFI) a tenu, son con-J

grès du 28 mars au 1er avril 2007 au siège du

centre

socio

l'Agence

éducatif ’ de

des

Musulmans d’Afrique,sous le'thème « quelles

stratégies pour une meilleure efficacité du
CERFI ». Le bureau a été renouveléà près dé

60%. Le. nouveau responsable chargé de con­

duire les rennes de la structure est le frère
KONE Cheick Sidi Mohamed, président du
bureau exécutif national. Les autres respons­
ables sont TIENDREBEOGO .'Hamidou (président du Comité Directeur.National), Mme OUAT­
TARA née OUEDRAOGO Habibou.(présidente

de

la ' cellule

féminine

nationale)

Commissaire Aux Comptes

et

le

(SAWADOGO

Lassané). Bon vent à cette structure.

Arouna YAMEOGO

Suite de la page 4
occupe, préoccupe notre cœur et qui nous
détourne de l’adoration. En effet, la concentra­
tion dans la prière, seule occasion pour soigner
nos cœurs malades et les purifier devient impos­
sible. Notre conscience est colonisée par des
scènes de télévision et la prière est une aubaine
pour se replonger dans celles-ci. «Dis moi, ce que
fu regardes à la télé etje dirai la spiritualité que tu
as».

L’avenir de notre société,
notre responsabilité
Le monde n’est qu’une grande pièce de théâtre
et les hommes des acteurs. Regarder le com­
portement quotidien des gens qui nous
entourent. C'est le reflet évident de la télévision
: l’habillement, l’alimentation, la manière de par­
ler, de raisonner, de prier, et ce sous le silence
complice de tous. Plus de 80% des programmes
de TNB sont inspirés de l’occident. Tous les
efforts d’éducation, d’enseignement des valeurs
morales, s’ils ne sont pas aidés par une télévi­
sion responsable, échoueront sur le socle de
celle-ci. Nous rappelons que chaque berger
comme le dit le hadith répondra de la gestion de
sa bergerie. Aucun parent ne peut par con­
séquent se prévaloir de la télévision pour justifi­
er la déroute de ses enfants le jour des comptes.
On est musulman dans la mosquée, on le reste
devant la télévision. Dans tous les cas, le verset
11 de la sourate 13 (le tonnerre) est on ne peut
plus claire : « Dieu ne change pas l’état d’un
peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est
en lui-même ». On a le droit de disposer de
plusieurs chaînes de télévision, on a le droit de
tout suivre comme on a l’impératif devoir de
répondre devant Dieu. A chacun de jouer.

I

Arouna YAMEOGO

lAN-NASR N°Ô3Ô

SEPROFI 2007, thermomètre des conseils généraux
«L’excellence dans la formation :
une exigence du militantisme» tel
est le thème autour duquel les
SEPROFI (Séminaires Provinciaux de
Formation Islamique) édition 2007 se
sont déroulés sur tout le territoire
national.
En effet, du 17 au 29 mars 2007, 38
Conseils Généraux ont organisé ou
co-organisé avec succès dans 26
provinces ces grandes messes de for­
mation au profit de 2980 élèves et étu­
diants musulmans qui y ont participé.
En plus de la conférence d’ouverture,
divers thèmes ont été abordés au
cours des différentes communications
qui ont été données par les
encadreurs durant ces séminaires.
Entre autres, on peut citer le tawhid, la
prière, la vie du prophète (saw), les 04
écoles juridiques, la purification, les
devoirs fondamentaux du musulman,
le pluralisme en islam, la discipline du

groupe, le positionnement idéologique
de l’AEEMB, comment réussir à l’é­
cole. Aussi, des exposés, des projec­
tions et des activités culturelles ont fait
partie intégrante du programme de
ces séminaires.
Pour le Comité Exécutif, ces activités
constituent une occasion pour s’im­
prégner des réalités du travail
islamique mené au niveau décentral­
isé. C’est dans ce sens alors que s’ex­
plique le déploiement d'une trentaine
de missionnaires dans les conseils
généraux.
Deux conseils généraux ont signé en
lettre d'or leur entrée en organisant
avec succès pour la première fois un
SEPROFI. Il s’agit du conseil général
des Balés avec 80 participants et celui
de Séno avec 72 participants.
Arouna YAMEOGO

Assemblée Générale de mars 2007
Seulement deux conseils généraux étaient absents
u 24 au28 mars 2007 s’est
tenue à Ouagadougou au
Lycée Ridwane la.première AG
du mandat 2006-2008. Cette
contre statutaire a regroupé les repré­
sentants de trente neuf (39) conseils
généraux sur les quarante un (41)
que comprend l'association. Un record
jamais battu, ce qui témoigne de l’en­
gagement plus que jamais des
conseils généraux pour la réussite des
objectifs de la structure. Quatre 04
jours durant, les participants ont assis­
té à la présentation du plan d’action du
Comité Exécutif et à la présentation
du bilan semestriel de chaque conseil
général. Le bilan, présenté par les CG
permis au Comité Exécutif d’appor­
ter des solutions aux diverses difficul­
tés que les frères et sœurs rencontrent
à la base. Les participants ont aussi
discuté en atelier sur trois (03) thèmes
touchant directement à la vie de la
structure. Il s'agit essentiellement de
la problématique de l’encadrement
dans l'AEEMB, des problèmes liés au
fonctionnement des familles spiri­
tuelles et enfin des problèmes liés au
fonctionnement des cours de remise à
niveau. Ces ateliers ont été suivis de
plénières où ont été adopté des docu­

D

AVRIL-JUIN 2007

ments qui serviront de base pour le
fonctionnement des conseils géné­
raux. Du reste, l’Assemblée Générale
a ­pris des résolutions finales qui
ren
devront guider les actions des CG afin
de pallier les difficultés qui ont été sou­
levées à l’Assemblée Générale.

En marge de l’Assemblée Générale, il
y avait le séminaire des sœurs mobili­
satrices de l'association des élèves et
étudiants musulmans au Burkina
autour du thème : «Formation et
engagement des sœurs, un défi
pour les mobilisatrices». Ce sémi­
naire a regroupé (38) mobilisatrices
venant des différents conseils géréraux. Elles ont assisté a (07) cours de
formation, une causerie-débat. Elles
ont également participé à deux tra­
vaux en atelier suivis de plénières à
l’issue desquelles ont été adoptés
deux
documents servant de base
pour alléger leur tâche
dans les
conseils généraux. Notons en général
que les deux activités se sont dérou­
lées sans difficultés majeures
La louange est à Allah qui a facilité ces
assises. Puisse-t-ll nous faire béné­
ficier des bienfaits de celles-ci.

Boukary TOURE

e nos jours, le domaine des arts
connaît une explosion et un
dynamisme sans précédent à tra­
vers les multiples manifestations.
constat nous amène à aborder le sujet en
relation avec l’islam. Il s'agit de montrer
l’existence d’art musulman avec toutes
ses richesses, encourager la production
artistique mais aussi et surtout rappeler
aux artistes la nécessité de respecter
l’éthique dans les différentes productions.

D

L’Éthique de la création artistique
Certains spécialistes affirment qu’il n’y a
pas de doctrines de l’art dans le coran, ni
dans la sunna. La production artistique
n’ayant pas été une préoccupation pour
le prophète et ses compagnons.
Néanmoins, ils se fondent sur la S34 V12
: «//s exécutaient pour lui ce qu’il
voulait : sanctuaires, statues,
plateaux comme des bassins et
marmite bien encrées» pour dire
que le principe de la création artis­
tique est admis.
Quand bien même l'approche du
sujet reste difficile, on peut retenir
que l'artiste musulman ou la pro­
duction artistique en islam est soumise à
des principes généraux. D'abord, l'islam
refuse le culte des idoles donc la
représentation de Dieu. Ensuite, le
respect de la pudeur et de la dignité
humaine est un principe cardinal qui
guide l’artiste. Enfin, Dieu est le Seul
créateur, d’où la problématique de la
représentation animée.
Les fondements de ces principes s'énon­
cent dans le Coran et les hadiths.
A ce propos, Dieu classe les statuts (ou
pierres dressées selon les traducteurs)
avecle vin, le jeu de hasard et les quali­
fie d’œuvres de Satan (S5 au v 90).
A la Sourate 6 verset 74 Dieu dit : «(rap­
pelle le moment) où Abraham, dit à
son père Azar : prends-tu des idoles
pour Dieu ? Et toi et ton peuple vous
êtes dans un égarement évident». Si le
Coran ne fait pas clairement référence à
la production de l'image, de nombreux
hadiths évoquent clairement le sujet,
même si leur interprétation reste difficile.
On retient que ce regard de l’islam sur
l’image est lié au rejet de l'idolâtrie et tout
ce qui peut inspirer un sentiment de
vénération en dehors de la face d’Allah.
Ainsi, l’art musulman est un art qui se lim­

lAN-NASR N° 030

ite à la calligraphie qu'on rencontre sou­
vent dans le Coran sous forme de frise et
dans de nombreuses œuvres d'art dans
un
Ce but non seulement décoratif mais
aussi pour magnifier les versets du Coran
et des nobles propos du prophète (saw).
En plus, on a les figures géométriques
dans l’architecture. On a un aniconisme
total des mosquées et édifices religieux
comme la Kaa’ba, la grande mosquée
des Omeyyades à Damas, le dôme de
rocheux à Jérusalem. Aucune représen­
tation figurative, rarement on rencontre
des représentations d’hommes ou d'ani­
maux. L’architecture à proprement parler
se limite aux mosquées, palais, mau­
solées. Il faut signaler cependant
quelques exceptions avec les mosquées
anatoliennes qui comportent des sculp­

période que l'influence iranienne a été
prédominante. Enfin, la période Turcomongole qui dure jusqu'au 18è siècle,
dernière phase de l'islam classique. L'art
musulman a pris corps avec l’extension
du territoire par les conquêtes des peu­
ples et, bien entendu par le contact des
cultures qui en est conséquent. Quant
aux Arabes du berceau de l’islam, ils ont
juste laissé un héritage littéraire oral.
Leur culture matérielle, aujourd’hui dis­
parue, n’a rien de comparable à celle des
empires conquis.
Ainsi les traditions locales ont-elles servi
de base à l’art de l’islam ; absorbées,
adaptées, elles sont devenues com­
munes au monde musulman.
L'art musulman s’est développé ainsi à
travers les styles romains, chrétiens,
byzantins. De même l’architec■■
ture et l’art décoratif sassanide
(dynastie Iranienne) ont joué un
rôle
primordial
dans
le
développement de l’art musul­
man. Les styles d'Asie centrale
ont été transmis lors des incur­
sions Turques et Mongoles. Le
contact avec l'art chinois a influ­
encé pour sa part la peinture, la poterie et
le textile. Des styles distincts sont asso­
ciés à la période turco-mongole en fonc­
tion de la dynastie et des régions qui la
caractérisent.
Le style des Turcs Seldjoukides a dom­
iné l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’Anatolie
jusqu’au 13è siècle. Celui des llkhans,
des Timirides, et des Saffârides ont, tour
à tour, contrôlé l’Iran de 7256 à 1736.
L’art connaît une période particulière­
ment riche sous les Ottomans, maîtres
de la Turquie du 13è siècle au premier

La Place de l’art
dans l’islam
tures. Chez les Ottomans, les Mongoles
et les Saffârides on rencontre la calligra­
phie figurative. Les miniatures sont
apparues avec les Turcs Seldjoukides.
Mais, il faut noter que le rôle de l'image
chez les peuples conquis par l'islam
(Perses, Byzantins) a fait apparaître l’im­
age de plus en plus dans l’art musulman.
Mais les principes cités plus haut limi­
taient cette tendance. C’est d'ailleurs
cette dynamique qui donne à l’art musul­
man son originalité.

De la formation d’un art musulman
L’art musulman se définit simplement
comme l’ensemble des productions artis­
tiques des populations des contrées
musulmanes. C'est donc une conjugai­
son des goûts traditionnels chez ces peu­
ples avec les exigences de la foi
islamique.
L'histoire de l'art de l'islam classique
compte trois grandes phases.
Le califat omeyyade (661-750), période
pendant laquelle le territoire musulman
s'étend de la Syrie à l’Espagne ; le califat
Abbasside (750-1258) avec pour capitale
Bagdad, illustre pour son goût des sci­
ences et des arts. C’est au cours de cette

AVRIL-JUIN 2007

quart du 20eme siècle, qui déjà au 12è
siècle avait étendu leur empire au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
On retiendra que l'art musulman est
d’une très grande richesse car il com­
porte autant de diversités culturelles que
l’islam a englobé avec le temps pour son
expansion. Sans avoir la prétention de
trancher la question de l'image qui est au
centre des débats entre les savants, il
nous a paru important d’insister sur le fait
que l'art musulman obéit à une éthique
dont l'observation doit être un souci per­
manent des artistes de notre époque.

Kadré Sawadogo

P.6