Le CERFIste #11

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Title
Le CERFIste #11
Creator
Le CERFIste
Date
April 2010
Abstract
Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
issue
11
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q113813323
extracted text
selon l’islam p5

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ACTIONS HUMANITAIRES

L'absence
injustifiée des
musulmans
P.9


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2010 : année électorale,
année de tous les dangers
u Burkina Faso,
Blaise
COM­
PAORE est en
fin de mandat et
les
élections
présidentielles
novembre
prochain
devraient lui permettre
de briguer un nouveau
bail pour la luxueuse
présidence de Kosyam.

A

Au
Togo,
Faure
Eswazina EYADEMA, a
malgré les récrimina­
tions de l’opposition
togolaise et le silence
assourdissant du facili­
tateur remporté les
élections présidentielles
de Mars, celles qui
devaient faire sortir le
Togo d’une longue crise
politique. Mais hélas !
Au pays de
Félix
Houphouët Boigny, mal­
gré les récents soubre­
sauts politiques qui ont
abouti au renouvelle­
ment douloureux des
membres du gouverne­
ment
et
de
la
Commission Electorale
Indépendante (CEI), les
observateurs espèrent
tout au moins la tenue
d’élections présiden­
tielles
courant
mai
2010, sauf nème tergi­
versations du président
boulanger.

En Guinée, avec la
mise à la touche du
pauvre
Capitaine
Moussa
Dadis
CAMARA,
l’histoire
de accélérée et le
s’est
gouvernement d’union
nationale promet à la
Communauté interna­
tionale des élections
propres dans moins de
deux mois.
Au Niger, la frange
armée de la population
a dû prendre ses res­
ponsabilités face aux
multiples et flagrants
délits de violations
constitutionnelles opé­
rées par Mamadou
TANDJA, l’homme des
projets. Certes, la junte
ne s’est pas encore
impartie une date butoir
pour un retour à la vie
constitutionnelle, mais
avec la pression de la
Communauté interna­
tionale et surtout du
nouveau Premier minis­
tre qui en fait un préala­
ble, des élections ne
sauraient tarder, sauf
bien sûr revirement
spectaculaire des mili­
taires.

Comme on le voit, cette
année est pleinement
électorale dans la sousrégion et cela ne va pas
sans susciter des inter­

rogations quant à leur
issue.
En cette année 2010
qui marque aussi le cin­
quantenaire des indé­
pendances de la plupart
de ces Etats, l’idéal
aurait été que tous les
acteurs politiques dans
ces pays respectent,
non
seulement
les
règles du jeu démocra­
tique, mais aussi le
demi siècle de souf­
frances des popula­
tions, de sorte à enga­
ger résolument l’Afrique
de l’Ouest sur les auto­
routes du développe­
ment humain durable.
Or, ici comme ailleurs,
rien ne semble augurer
de lendemains meil­
leurs. Au Burkina, on
voit déjà que l’enjeu
n’est plus vraiment à qui
va remporter les prési­
dentielles de novembre,
mais à la re-révision
éventuelle de l’article 37
de la Constitution pour
assurer à la majorité
présidentielle actuelle
un règne ad vitae aeternam, et ce aux risques
et péril de la stabilité
sociale déjà éprouvée
par une paupérisation à
la limite de l’acceptable.

apparaît comme le pays
de tous les dangers.
Contrairement à ceux
qui voient dans les élec­
tions la panacée, l’on
voit mal comment dans
le contexte actuel de
suspicions mutuelles et
d’exacerbations
des
positions, l’un ou l’autre
des camps politiques
accepterait les résultats
d’élections,
transpa­
rentes ou non. En
s’étant battu bec et
ongle lors de la compo­
sition du nouveau gou­
vernement pour conser­
ver les portes-feuilles
sécuritaires (Défense,
Intérieur, etc.), Laurent
Gbagbo trahit ses inten­
tions de parer à toute
éventualité, et ceci ne
présage rien de bon.

Finalement, la Guinée
et le Niger qui se remet­
tent tant bien que mal
de coups d’Etat mili­
taires, pourraient se
refaire une santé démo­
cratique, au grand dam
des constitutionalistes
puritains. Comme quoi,
aussi paradoxal que
cela puisse paraître, les
coups d’Etat boostent
souvent la démocratie.
La Rédaction

La Côte d’ivoire, elle,

-----------------------------------------Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

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.

..

«Le Burkina est un pays où les sorciers et les
djinns sont nombreux» Al Foussein TOUNKARA
Sous le parrainage de Maître Ahmed SIMOZRAG, la représentation au Burkina Faso de l’association ivoirienne Bemba tagaçira a organisé à la fin de l’année 2009, un séminaire de formation théorique et pratique sur la roqia. Plusieurs thèmes relatifs à
la pratique et au phénomène des djinns ont été abordés. Pour comprendre davantage la roqia et ses implications, nous avons
rencontré un spécialiste de la question en la personne du président de l’association. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur
la roqia et ne cache pas sa détermination à combattre les djinns et la sorcellerie même au-delà des frontières ivoiriennes.

Le Cerfiste : Pouvez-vous
vous présenter ?
Al Fousséin TOUNKARA : Je
suis le frère AL Fousséin
TOUNKARA, président de
l’ONG Bemba tagaçira de la
Côte d’ivoire. C’est une ONG
basée sur le traitement des
maladies spirituelles,
psy­
chiques et mentales... à base
du Coran et de la médecine tra­
ditionnelle conformément à la
charia. J’exerce la roquia dis­
crètement depuis 1999 mais de
manière professionnelle depuis
2002. Je suis chimiste de for­
mation.

également à partir du moment
où le prophète même a accepté
de prendre quelque chose
lorsqu’il a désenvoûté le fils
d’une dame et qu’elle a donné
deux moutons. Il a dit à son
compagnon de prendre un et
de lui remettre l’autre. Plusieurs

mauvaises intentions s’adon­
nent à la pratique rien que
pour de l'argent ?
Bien sûr. Il y a plusieurs person­
nes qui se sont lancé dans la
roqia pour se faire de l’argent et
escroquer la population. Raison
pour laquelle j’ai personnelleZ

.

I

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

Nous ne manquerons pas de
leur dire la vérité. Il détériore
l’image de la roqia. Voilà
pourquoi nous tentons de les
récupérer et de les former et
changer leurs intentions parce
que les actes ne valent que par
les intentions. S’ils sont venus
pour chercher de l’argent, ils
n’auront pas cette richesse tant
souhaitée. Par contre, s’ils vien­
nent pour la cause d’Allah et
aider les souffrants, ils auront
fait œuvre utile.
Quand vous regarder le
monde tel qu'il avance,
qu'est ce qui vous motive à
perpétuer cette pratique ?

La roqia est au cœur d'une
divergence.
Certains
ne
partagent pas cette science
et ont du mal à trouver les
raisons de sa pratique.
Quelle est votre réponse ?
Je crois que généralement ces
genres de réponses sont des
réponses d’hypocrisie et d’in­
gratitude. Parce qu’on a des
malades qui souffrent et les
médecins n’ont pas de solu­
tions à leur mal et tout le monde
est unanime que le prophète
(saw) a fait la roqia. Il a soigné
à maintes reprises et il y a des
hadiths qui l’attestent. Ceux qui
ne croient pas peuvent consul­
ter le livre Kayatoul innsane
minai djin wa chaitane de
Abdoul Salam Wide BALLI ou
celui de Tibi Nabawi de Imam
Ibn KAYM. Ils verront que la
roqia est une science qui se
pratique. Seulement certains
disent qu’on ne peut pas faire
de la roqia un métier. Si la
médecine est un métier, on
peut faire de la roqia un métier

leurs diriez ?

hadith rapportent ce fait. Mais si
nous faisons de la roqia un
métier c’est parce qu’aujourd’hui nous sommes débordés.
Quelqu’un qui traite plus de 10,
20 ou même 200 malades par
mois ne peut pas faire autre
métier que ça.

Il existe donc des con­
séquences financières de la
roqia. Ne craignez vous pas
que certaines personnes de

ment commencé, des tournées
pour donner une vision de la
roqia et former ceux qui sont
déjà engagés dans la roqia
sans avoir les vrais rudiments
du travail. Je reconnais que
beaucoup de personne font la
roqia pour de l’argent et non
pour véritablement soigner les
gens.
Si vous étiez face à ces per­
sonnes, qu'est ce que vous

D’abord il faut dire que la
majorité des personnes qui font
la roqia étaient eux même
malades. Ils souffraient des
djinns ou de la sorcellerie ou un
membre de leur famille. Moi ce
n’est pas le cas. J’étais en
bonne santé et les membres de
ma famille aussi. Je m’y suis
retrouvé suite à un séminaire
où les djinns ont fatigué nos
sœurs et aucun oustaz (NDLR :
enseignant) sur place n’a pu les
aider et c’était une humiliation
pour la communauté? Je me
suis dit si un pasteur passait par
là il allait nous humilier. C’est
cette situation qui m’a poussé à
me jeter dans la pratique de la
roqia. Mais aujourd’hui il faut
dire qu’au regard de notre situ­
ation actuelle on constate que
les djinns ont vraiment une
emprise sur les hommes et tous
les agissements ne sont que
l’œuvre des djinns et des sor­
ciers. C’est donc un devoir.

INTERVIEW
Celui qui a la connaissance
théorique de la roqia et qui
refuse de la pratiquer quand le
besoin est présent, a fui le djihad alors que c’est un grand
péché de fuir le djihad.
Qu'est ce qui vous fait dire
que les hommes sont sous
l'emprise des djinns ?

Allah dit dans le Coran que :
ceux qui mécroient en Nous,
Nous leurs donnons pour alliés
les diables. Aujourd’hui, à force
de commettre les péchés, lés
diables se sont déchaînés et ils
ont plus de force sur nous. Si
nous remontons 20 années en
arrière, il était rare de parler de
possession mais aujourd’hui la
possession des djinns et des
sorciers se vit au quotidien
aussi bien dans nos assem­
blées, séminaires ou con­
férences. La dépravation des
mœurs, les filles qui s’habillent
mal pour sortir, la pandémie de
la maladie du siècle (SIDA), ...
sont l’œuvre du diable. Même
chez les blancs le phénomène
existe mais ils ne parlent pas de
djinns. Il cite la dépression du
schizophrénie. Au Canada par
exemple, il n’y a pas un jour
sans qu’on ne parle de suicide.
Généralement tout ceci relève
des djinns et des sorciers.

pour la maîtrise de la roqia.
Nous conseillons donc aux
malades de vérifier la sincérité
et se référer à la réputation du
soignant dans le pays. Il faut
chercher à savoir s’il dispose
d’une attestation ou s’il est
recommandé par un spécialiste
de la roqia avant de s’attacher
ses services. Nous n’avons pas
de veto ni le pouvoir d'interdire
la pratique à quelqu’un puisque
ce n’est pas une étude clas­
sique où il faut forcément un
diplôme. C’est là le gros prob­
lème.
Vous avez choisi le Burkina
Faso pour une représenta­
tion de votre association.
Pouvez-vous
nous
dire
pourquoi ?
Parce que premièrement j’aime
le
Burkina
Faso.
Deuxièmement c’est un pays
où les sorciers ou les djinns
sont nombreux. Donc j’ai trouvé
bon surtout que ces dernières
années la roqia a une très mau­
vaise image. Raison pour
laquelle j’ai décidé de venir
donner notre vision de la roqia
et nos méthodes de soins sur la
base des plantes et des versets
coraniques. Nous avons trouvé
bon de venir former des gens
sur place et mettre une base ici
afin de pouvoir aider les gens.
Nous nous déplaçons aussi
pour les soutenir.

Y a-t-il des mesures prises
par votre ONG pour encadrer
la pratique et éviter que des
hommes de mauvaises inten­
tions se retrouvent dans ce
secteur ?

Vous êtes dans le pays pour
un séminaire, êtes-vous sat­
isfaits de la formation ?

Oui il y a des dispositions. Ce
n’est pas un domaine comme la
médecine classique où il faut un
diplôme avant d’exercer et nous
ne pouvons aller demander à
quelqu’un pourquoi tu fais la
roqia alors que tu n’es pas
formé. Mais nous essayons
comme dans mes écrits de sen­
sibiliser les gens sur la néces­
sité de se former dans le
domaine et l’obligation de se
faire encadrer par un spécial­
iste de la roqia et avoir une
attestation de reconnaissance

Oui je suis satisfait parce qu’il y *
a eu une trentaine de partici­
pants. Parmi ces personnes il y
avait des intellectuels, des étu­
diants et autres. Je crois
qu’avec ce genre de personnes
le travail peut vite avancer
parce qu’ils ont l’esprit ouvert,
l’esprit critique. Mais quand ce
sont seulement des arabisants,
beaucoup ont l’esprit fermé et
ne cherche pas à comprendre
les choses. Ils ont peut être pris
connaissance de la roqia dans
un livre arabe et il pense qu’i,

O

faut la pratiquer comme ça.
Chez eux c’est farida (NDLR :
obligation) de faire la roqia
comme ça. En Afrique et
partout ailleurs la sorcellerie et
les djinns sont appréhendés dif­
féremment donc ne peuvent
être traités de la même
.manière.

Quel projet vous tient à cœur
au stade actuel de vos activ­
ités ?

J’ai en perspective d’introduire
la roqia dans les hôpitaux. C’est
mon ambition. Dans les hôpi­
taux il y a des homéopathes,
des magnétiseurs. Donc nous
aussi nous pouvons imprégner
notre science afin de contribuer
à la santé de l’humanité. C’est
mon plus grand souhait. Après
cela je compte poursuivre mes
campagnes de sensibilisation
et de formation théorique et
pratique de la roqia. Lors du
séminaire j’ai rencontré deux
frères béninois venus
à
Ouagadougou pour leur mas­
ter. Ils m’ont invité au Benin
parce qu’ils sont satisfaits de
notre prestation. C’est dire que
notre travail est en train de gag­
ner du terrain, d’avoir une base.

Bemba Tagaçira est également
au Mali. J’envisage aller dans '
d’autres pays de la sous région
mais
pour
l’heure
nous
sommes au Mali et au Burkina
où nous enseignons nos méth­
odes de travail de la roqia. A
coté de cela nous avons été
. sollicité plusieurs fois en
France, au Canada et aux
Etats-Unis. Les malades nous
appellent et nous faisons des
emballages de produits qu’on
envoie par le biais de la poste.
Le Ghana et la Guinée nous
demandent également mais
nous n’avons pas encore effec­
tué le déplacement. C’est leur
souhait et nous allons le faire
inch’Allah.
Votre dernier mot

Al Fousséin TOUNKARA : Je
remercie tous ceux qui ont
donné de la valeur à cette session de formation. Je remercie
également maître SIMOZRAG
Ahmed, le parrain de l’activité.
Nous lui devons une fière chan. delle. Merci au peuple burkin­
abé pour l’accueil chaleureux.

Interview réalisée par
Mahamadi OUEDRAOGO

Bimestriel d’information et de Formation du
Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques
(CERFI)

“Le Cerfiste”
Récépissé de déclaration
N° 012697/CAO-TG1/OUA/P.F. du 10 novembre 2006

01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso
Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email :cerfiben@fasonet.bf
Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF

Directeur de Publication
' Président du CERFI

SAWADOGO Ousmane
YAMÉOGO Hamidou

Rédacteur en Chef
Hamidou YAMEOGO .

Secrétariat de Rédaction
Alizèta OUEDRAOGO

Rédaction
BAMBARA Hamadé
OUÉDRAOGO A. SAIam
OUÉDRAOGO A. Wahid

Altesse Burkina : 50 39 93 10

TOE Aboubacar

Tirage : 1000 Exemplaires

PAO & Impression

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

Les successions selon l’islam : première partie
’il y a bien sur terre
dants et descendants) ou
une chose qui fait
collatérale
(neveux,
courir, l’homme et
cousins).
crée des désac­
Cette définition ne déroge
cords entre les
pas à la règle islamique,
hommes, il ya bien la pro­
sauf
que
quelques
priété. Elle est davantage
nuances
doivent
être
problématique quand elle
établies. D’abord les lois
prend son origine dans
édictées par les Hommes
l’héritage. En effet ces
mettent à la chargé des
biens dont héritent certains
réservataires autant les
individus sont à l’origine de
créances que les obliga­
nombreux conflits et dislo­
tions, alors que seules les
cations des familles. Et
premières sont transmissi­
celles musulmanes, sou­
bles en islam. Ensuite, il y a
vent, n’en font pas excep­
lieu dans la cadre de cet
tion. En ces cas les con­
article,
et
de
façon
voitises attisées et étalées
générale ce qui est de mise
en plein jour alors même
en islam, de préciser tout
que les propriétaires vivent
de suite que la loi positive
encore. Ce n’est pourtant
n’est rien d’autre que le
pas une législation qui
Coran.
manque. Cette situation, le
En définitive retenons que
maître de la création l’avait
les lois successorales s’in­
dépeinte et prise en
téressent aux biens, à leurs
compte dans sa loi fonda­
partages et aux personnes
mentale.
bénéficiaires.
Qu’entend-on
Les successions :
par succession ?
une préoccupation
Dans le cadre de cette thé­
de la législation
matique, héritage et suc­
musulmane
cessions contiennent une
«
Aux
hommes
revient une
même réalité. Ils sont tous
part
de
ce
qu'ont
laissé les
définis de la même façon
père et mère ainsi que les
par le dictionnaire uni­
proches ; et aux femmes
versel.
Ils
désignent
une part de ce qu'ont laissé
d’abord l’action d’hériter ou
les père et mère ainsi que
de transmettre. Ensuite ils
les proches, que ce soit
désignent les biens trans­
peu ou beaucoup : une part
mis par succession. De
fixée.
façon légale, la succession
est une transmission par
Et lorsque les proches par­
voie légale des biens et
ents, les orphelins, les
des droits d’une personne
nécessiteux assistent au
décédée à une personne
partage,
offrez-leur
qui lui survit. La succession
quelque
chose
de
peut être directe (ascen­
l'héritage, et parlez-leur

S

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

convenablement...»
S4V7&8
Ces
versets
posent le principe de la
succession en précisant
déjà les réservataires, les
ayant-causes.
Comme
plusieurs versets du Coran,
ceux-ci ont valeur obliga­
toire pour le musulman. De
ce fait, il n’est pas permis
d’y déroger. D’ailleurs, un
hadith du prophète (saw)
est on ne peut plus clair à
ce sujet : « Attribuez à cha­
cun la part qui lui est
assignée. Le reste de la
succession sera remis au
mâle ayant le plus de droit
» (B&M). Cette injonction
de se conformer aux dispo­
sitions coraniques quant à
ce qui concerne les suc­
cessions est martelée par
le Loué (saw) en ces ter­
mes : «Dieu a désigné à
chaque héritier sa part.
Aucun legs n’est permis à
un héritier» Abou Daoud.
Autrement dit même le tes­
tateur ne peut déroger à
cette
prescription.
Concrètement disons que
sur la richesse de chaque
musulman, Allah a déjà
grevé un certain nombre de
droits pour des bénéfici­
aires définis en cas de
décès du propriétaire. «A
tous Nous avons désigné
des héritiers pour ce que
leur laissent leurs père et
mère, leurs proches par­
ents, et ceux envers qui, de
vos propres mains, vous
vous êtes engagés, don­
nez leur donc leur part, car
Dieu, en vérité, est témoin
de tout.» S4V33.

Ils sont nombreux, ces ver­
sets qui traitent de ce sujet
ainsi qu’une floraison de
hadiths. C’est un domaine
moins vaste que complexe
qui constitue l’une des
préoccupations du fiqh.
A travers le monde, seuls
quelques pays appliquent
la charia dans son chapitre
héritage non sans l’édul­
corer. Le droit positif de
certains pays tels que la
Jordanie, la Syrie, l’Irak, le
Soudan et le Koweït s’en
est beaucoup inspiré.

Qui est réservataires
selon le Coran ?

Le réservataire est celui à
qui est destinée une suc­
cession. Alors qui peut
prétendre à ce titre ? Au
contraire, qui en est exclu ?
Le coran a déjà la réponse
: «Et à vous la moitié de ce
que laissent vos épouses,
si elles n'ont pas d'enfants.
Si elles ont un enfant, alors
à vous le quart de ce
qu'elles laissent, après
exécution du testament
qu'elles auraient fait ou
paiement d'une dette. Et à
elles un quart de ce que
vous laissez, si vous n'avez
pas d'enfant. Mais si vous
avez un enfant, à elles
alors le huitième de ce que
vous laissez après exécu­
tion du testament que vous
auriez fait ou paiement
d'une dette. Et si un
homme, ou une femme,
meurt sans héritier direct,
cependant qu'il laisse un

frère ou une soeur, à cha­
cun de ceux-ci alors, un
sixième. S'ils sont plus de
deux, tous alors participer­
ont au tiers, après exécu­
tion du testament ou
paiement d'une dette, sans
préjudice à quiconque.
(Telle est I') Injonction de
Dieu ! Et Dieu est
Omniscient et Indulgent. »
S4V12

De ce verset, il ressort que
pour prétendre à un
héritage, l’héritier doit se
prévaloir d’une des qualités
suivantes :
- être parent direct ou col­
latéral ;
- avoir un lien conjugal
légal même sans consom­
mation du mariage ni ren­
contre des conjoints. Il faut
noter que la femme
répudiée hérite de son mari
si elle est toujours en péri­
ode de viduité et même si
son mari a prononcé le
divorce sur son lit de mort ;
- avoir droit de patronage :
quand l’esclave affranchi
(homme ou femme) meurt
sans laisser de suc­
cesseur, le droit de patron­
age revient au maître. Le
prophète (SAW) l’a disposé
ainsi : «le droit de patron­
age échoit à J’affranchisseur».

Par contre sont exclues les
personnes qui se retrou­
veraient dans l'une des sit­
uations suivantes :

- le cas d’incroyance,
comme
l’a
stipulé
Mohammad
(SAW)
:
«L’infidèle n’a pas droit à la
succession d’un musul­

©

man, ni ce dernier à la suc­
cession d’un infidèle.»
(B&M)
- le cas d'homicide : «l’as­
sassin n’a nullement pas
droit à la succession de sa
victime.» Ibn Abdilbirr ;
- le cas d’adultère. Un
enfant adultérin n’hérite
pas de son père, de même
son père n’hérite pas de lui.
Il ne peut qu’hériter de sa
mère et cette dernière de
lui conformément aux pro­
pos suivants : «L’enfant
appartient à la couche. Le
libertin n’a que de la prière
!» (B&M) Il en est de même
pour l’enfant désavoué par
son père à la suite d’une
imprécation conjugale
- le mort-né qui n'a pas
manifesté de signes de vie
au moment de l’accouche­
ment n’a pas également
droit à la succession et per­
sonne n’hérite de lui.
Quelles sont les conditions
de la succession ?

En plus de celles précitées
; il faut aussi retenir que :
- la succession doit être
exempte d’empêchements
ci-dessus cités ;
- la succession ne peut être
ouverte qu’à partir de la
mort effective de la person­
ne héritée ;

- l ’héritier doit être vivant le
jour de la mort de la per­
sonne héritée ;
- les biens de la succession
doivent être licites. Ainsi
sont exclus les biens volés,
grevés d’une hypothèque
et tous les biens acquis
selon des principes con­

traires
aux
islamiques.

règles

Le traitement des héri­
tiers orphelins
Toutes les personnes qui
ont sous leur coupe des
orphelins
pu
veuves
doivent non seulement
veiller sur leurs biens mais
surtout sur leurs person­
nes. Dieu y accorde une
grande importance. A ce
propos II nous met en
garde dans le verset 10 de
la sourate 4 : «Ceux qui
mangent
[disposent]
injustement des biens des
orphelins ne font que
manger du feu dans leurs
ventres. Ils brûleront bien­
tôt dans les flammes de
l’Enfer».

Le verset 152 de la sourate
6 est plus impératif : «Et ne
vous approchez des biens
de l'orphelin que de la plus
belle manière, jusqu'à ce
qu'il ait atteint sa majorité.
Et donnez la juste mesure
et le bon poids, en toute
justice. Nous n'imposons à
une âme que selon sa
capacité. Et quand vous
parlez, soyez équitables
mêmq s'il s’agit d’un proche
parent. Et remplissez votre
engagement envers Dieu.
Voilà ce qu'il vous enjoint.
Peut-être vous rappellerezvous.»

Cependant cette autre
référence coranique intro­
duit une nuance : « Et
éprouvez (la capacité) des
orphelins jusqu'à ce qu'ils
atteignent (l'aptitude) au
mariage ; et si vous ressen­
tez en eux une bonne con­
duite, remettez-Ieur leurs

biens. Ne les utilisez pas
(dans votre intérêt) avec
gaspillage et dissipation,
avant qu'ils ne grandissent.
Quiconque est aisé devrait
s'abstenir de se payer luimême de cet héritage qui
lui est confié. S'il est pau­
vre, alors qu'il y puise une
quantité convenable, à titre
de rémunération de tuteur.)
est aisé, qu'il s'abstienne
d'en prendre lui-même. S'il
est pauvre, alors qu'il en
utilise raisonnablement : et
lorsque vous leur remettez
leurs biens, prenez des
témoins à leur encontre.
Mais Dieu suffit pour
observer et compter.»
S4V6
A ce sujet et en rapport
avec ce verset, les oulé­
mas ont dégagé quatre
comportements par rapport
aux relations que le ges­
tionnaire doit avoir avec les
biens des orphelins. Ainsi,
ce dernier peut :

- prélever une somme à
condition qu’il soit consid­
éré comme un prêt ;
- dépenser pour le néces­
saire et sans prodigalité ;

- prendre l’équivalent d’un
service quelconque rendu
à l'orphelin ;
- disposer d’une somme
déterminée en cas de
nécessité de sorte que s’il
devient riche, il devra s’en
acquitter, mais s’il reste
pauvre il en sera absout.

Dans le prochain numéro :
la deuxième partie (le
partage de l’héritage)
Idrissa OUOBA

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

El Hadj Oumarou KANAZOE reconduit
pour un mandat de 5 ans
Après celui du CERFI tenu en décembre 2009, c’est au tour de la Communauté musulmane du Burkina Faso de réflé­
chir sur ses futures orientations à travers son 11 è congrès ordinaire qui a eu lieu du 13 au 14 février 2010 sous le
parrainage de Yéro BOLY. Nous vous proposons de revivre un des temps forts de ces assises, notamment la céré­
monie de clôture du 14 février.
a
Communauté
mùsulmane
du
Burkina
Faso

L

(CMBF) s’est réunie
du 12 au 14 février
2010 pour la 11e fois, en
congrès ordinaire sous le
thème : les valeurs isla­
miques au service du déve­
loppement pour un monde
meilleur. Placé sous le par­
rainage de Yéro BOLY,
ministre de la défense natio­
nale, ce congrès visait sans
doute à mener la réflexion
sur les préoccupations de la
structure, de dégager de
nouvelles perspectives mais
aussi et surtout de renouve­
ler le bureau qui était en fin
de mandat. Après la cérémo­
nie officielle tenue à la
Maison du peuple le 13
février, les travaux pouvaient
sérieusement commencer
car les résultats étaient
attendus pour le lendemain
Pour terminer en beauté ce
14 février dans l’après midi.
congrès et porter à la
connaissance de tous, une
cérémonie de clôture a fait
l’objet d’un rassemblement
des fidèles venus des 45
provinces de notre pays, à la
mosquée en chantier de El
Hadj Oumarou KANAZOE à
Ouaga 2000. Dès 15h, le
site était pris d’assaut par le
public. Malheureusement, il
faudra endurer les rayons du
soleil et la forte chaleur de

Ouagadougou avant la céré­
monie qui débute à 17h40
au lieu de 16h. Après les dif­
férentes interventions d'ou­
verture, El Hadj Adama
SAKANDE, au nom du col­
lège électoral, annonce la

désormais d’un programme
d’activités lui permettant de
. cerner les grands domaines
d’intervention en vue de
répondre aux besoins du
moment. L’occasion était
aussi offerte au Ministre de

le congrès de la Fédération
des associations islamiques
du Burkina (FAIB). Là
encore les attentes sont
nombreuses et espérons
que l’issue soit plus meil­
leure.

&'"■ /"?■>

Y*-' '..j
?

Y---

1

La mosquée de El Hadj Oumarou Kanazoé en construction à Ouaga 2000, a servi de cadre à la
cérémonie de clôture du congrès

reconduction de El Hadj
Oumarou KANAZOE à la
tête de la Communauté
musulmane du Burkina Faso
pour un mandat de cinq ans.
Le congrès a été cette
année une aubaine pour la
CMBF de redéfinir sa straté­
gie de travail pour l’épa­
nouissement de l’islam dans
notre pays. Elle s’est dotée

l’administration territoriale et
de la décentralisation, M.
Clément SAWADOGO, pré­
sent à l'ouverture, de pren­
dre des engagements sur
l'organisation du Hadj. A ce
propos justement, il dit atten­
dre des propositions en la
matière. Notons enfin que
très
prochainement,
incha’Allah, il sera organisé

Le président ou si vous vou­
lez le nouveau président de
la Communauté musulmane
du Burkina Faso, El Hadj
OK, dans son allocution a
remercié l’assistance pour le
déplacement avant de for­
muler des vœux de tolé­
rance, de cohésion et de
paix dans la oumah et au
pays des hommes intègres.

O

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010
iïiMmmmiMii

Les regards sont tournés
désormais vers le futur et
chacun devra jouer pleine­
ment sa partition pour l’épa­
nouissement de l’Islam au
Burkina Faso. Les défis sont
multiples, les attentes sont
connues et la bataille s’an­
nonce rude pour l’édification
d’un monde meilleur à la
lumière des valeurs isla­
miques. Seules une bonne
gestion des ressources
humaines et une vraie pro­
motion des valeurs isla­
miques peuvent nous ame­
ner à surmonter l'impasse.
La communauté musulmane
traîne sur elle depuis des
années, un lourd fardeau
qu’elle ne peut plus suppor-

et agir conséquemment pour
un développement véritable
et durable de nos sociétés.
Cela commence maintenant
par l’engagement des intel­
lectuels et des jeunes
musulmans surtout, porteurs
d’espoir et de rêve d’une
population qui a encore du
mal à se définir. C’est un
acte de foi. Du reste gardons
en mémoire qu’un jour nous
répondrons devant le Juge
suprême pour les actes
posés et ce jour est redouta­
ble pour ceux qui sont doués
d’intelligence.

Envoyé spécial Mahamadi
OUEDRAOGO
ter. Elle a besoin du
concours de tous. Il faut

donc briser les barrières de
la désunion des musulmans

LU POUR VOUS

L’imam Al Houssayn et le jour d’Achoura
Pour cette parution du CERFIste, l’ouvrage choisi pour vous s’intitule L’imam Al Houssayn et le jour d’Achoura. C’est un ouvrage
consacré à la biographie de l’imam Al Houssayn fils d’Ali, fils d’Abou Talib. Publié par la fondation Al Balagh et traduit de l’arabe au
français par Abass Ahmed Al Bostani, l’ouvrage met l’accent sur l’opposition des fils d’Ali notamment Al Houssayn au pouvoir
omeyyade.
Ce sont ces hommes notam­
ment Al Housayn que la grande
de ce livre retrace l’his­
discorde va jeter dans la tour­
toire de la mort du kha­
mente.
life Uthman ibn Affan et
les problèmes de suc­
Le 2e chapitre, intitulé les
cession qui en ont résulté
racines du mal, explique l’origine
jusqu’à l’assassinat de l’imam Al
de la discorde. Le tout est parti
Houssayn à Karbala par les
de la contestation du khalifat
armées omeyyades. L’auteur
d’Ali (RA) par les Omeyyades
consacre le 1er chapitre à la
qui va conduire à la bataille de
figure d’AI Houssayn. On retient
Siffin. Certains partisans d’Ali
qu’il s’agit du petit fils du pro­
n’ayant pas été satisfaits de l’ar­
phète (saw). Il est fils d’Ali ibn
bitrage entre Ali et Muawiya se
d’Abi Talib, cousin et gendre du
rebellent contre lui : ce sont les
prophète et de Fatima fille chérie
kharidjites. Ali dans sa retraite à
du prophète. Housayn est né à
Kufa en Irak parce que faisant
Médine le 25 chaban de l’an 4 de
l’objet de contestation, fut assas­
l’hégire (626). Il a grandi avec
siné par ces derniers.
son frère ainé Hassan sous les
A la mort d’Ali en 661, Mu’awiya
soins de ses géniteurs et du pro­
son rival se proclame khalife de
phète (saw). Le prophète a aimé
l’ensemble de l'empire araboses petits fils d’un amour excep­
tionnel au point de déclarer à
musulman.
Cette
situation
propos d’eux « Al Hassan et Al
déclenche la révolte des fils d’Ali
Houssayn sont les deux maîtres
(RA). Mais un accord fut conclu
de la jeunesse du paradis » (pro­
entre Al Hassan et Mu’awiya qui
pos rapportés par Abou Bakr).
s'engageait à remettre le pouvoir

n 14 chapitres, l’auteur

E

à sa mort. En violation flagrante
de cet accord, Mu’awiya à sa
mort lègue le pouvoir à son fils
Yazid. Entre temps Hassan
décède, et conformément à l’ac­
cord, le pouvoir devrait être
transféré à son frère Al Hussayn.
Le nouveau khalife voulait obte­
nir l’allégeance d’AI Housssayn
dont il sait que le soulèvement
représenterait une sérieuse
menace à son pouvoir. Il
demanda au gouverneur de
Médine d’obliger Al Hussayn à
lui prêter serment. Ce dernier
opposa un refus et quitte Médine
avec sa famille pour la Mecque.
Son objectif était de mobiliser le
maximum de personnes autour
de sa cause et rejoindre Kufa
pour y installer sa base et com­
battre les Omeyyades. Il passa
quelques mois à la Mecque pour
s’assurer le soutien des gens de
Kufa avant de s’y rendre. Il
envoya des messagers et

échangea des lettres afin de pré­
parer le terrain à sa venue en
Irak. C’est en ce moment que
Yazid enjoint le gouverneur de
Kufa Oubeidullah d’étouffer le
mouvement par une impitoyable
répression
pour
dissuader
d’éventuelles
velléités
de
révolte, d’empêcher par tous les
moyens Al Hussayn d’atteindre
Kufa. Muslim ibn Aqil cousin et
messager de Al Hussayn à kufa
pour la mobilisation, fut assas­
siné.
Finalement c’est en l’an 60 de
l’hégire (682) qu’AI Hussayn
quitta la Mecque pour se rendre
à Kufa accompagné de tous
ceux qu’i, a pu mobiliser autour
de sa cause depuis son départ
de Médine. Mais une fois en
Irak, il se rendit compte que tous
ceux qui l’avaient réclamé et
s’étaient engagés à le soutenir
s’étaient démobilisés après la
mort de Muslim Ibn Aqil et sous

Suite page 10.

©

Le Cerfiste N' 011 Avril 2010

____

ACTIONS HUMANITAIRES

L'absence injustifiée des musulmans
être complété par le fait que
'humanité
fait
face
aujourd’hui à des catas­
néanmoins il existe ça et là des
trophes naturelles de
initiatives louables de musul­
tous
genres,
des
mans ou d'organisations isla­
guerres et leurs lots de
miques qui agissent discrète­
désolations, la famine, la pau
­
ment
pour lutter contre les souf­
vreté... Et pour s'en convaincre,
frances et la misère des popu­
il suffit de regarder autour de
lations. Aussi, l'humanitaire
soi ou de se mettre au diapason
commence avant tout devant
de l'actualité internationale. Pas
sa porte et en direction de ceux ■
un jour ne passe sans que des
qui sont dans notre environne­
centaines et des milliers de per­
ment immédiat. En effet, l’islam
sonnes dans le monde ne
a rendu l’action humanitaire
subissent les affres de la nature
populaire, générale et exerçaou celles de leurs semblables.
ble au quotidien.
Ainsi, autour de ces situations
En plus, depuis les années
difficiles, des hommes et des
1980, les associations isla­
femmes s’organisent à travers
miques se sont développées et
des ONG, associations et fon­
ont démontré une envergure et
dations pour apporter leur sou­
une capacité d’action impor­
tien aux victimes. Dès qu’un
tantes. Mais, dans un climat
point chaud est signalé dans un
international qui inscrit le terro­
coin.de la planète, la commu­
risme islamiste au premier rang
nauté internationale se mobilise
de ses inquiétudes, les activités
comme un seul homme pour
de ces associations sont sou­
l'éteindre, même s'il y a beau­
vent mal perçues. D'ailleurs, les
coup à dire sur la sincérité des
accusations que l'on a vu appa­
acteurs, le deux poids deux
raître après le 11 septembre ont
mesures que l'on observe, la
indiscutablement fait du tort à
célérité et le volume de l'aide.
de nombreuses ONG isla­
Bref, l’essentiel est l'élan
miques. Mais que dit l'islam de
observé et c’est déjà bien.
l'action humanitaire ?
Dans cette assistance prompte
L’humanitaire est un des prin­
et généreuse, les musulmans
cipes fondamentaux de l'islam.
se font discrets. Est-ce parce
Faire un • don ou secourir un
qu'ils y sont vraiment absents ?
sinistré sont des actes qui ne
Ou est-ce parce les médias
sont pas laissés à la libre
n'en parlent pas, sachant aussi
appréciation du croyant mais
que cette action humanitaire
sont obligatoires au même titre
est devenue une importante
que la prière, le jeûne du
arme de positionnement dans
Ramadan ou le pèlerinage à La
les relations internationales. En
Mecque. L’exercice de l’acte
attendant,
deux
éléments,
humanitaire chez le musulman
majeurs les obligent a se mon­
est donc une composante
trer plus entreprenant dans ce
essentielle de la pratique reli­
domaine : les enseignements
gieuse, qu’il se limite à un don
de leur religion et le fait que
en argent ou en nature ou qu’il
plus de la moitié des opérations
revête une forme plus pratique
actuelles de la Croix Rouge
telle que, par exemple, don de
sont réalisées pour secourir les
soi, secours ou distribution
victimes des conflits armés
d’aide. Cette dimension reli­
dans le monde musulman.
gieuse motive, canalise et
intensifie les autres dimensions
Toutefois, ce tableau de l’enga­
gement des musulmans doit
que sont l’affectif et le sens du

L

Le Cerfiste N’ 011 Avril 2010

devoir. Se basant sur le hadith
du Prophète (saw) rapporté par
Al Hakim : «Si, dans une cité,
un homme décède de. famine,
alors tous les résidants de cette
cité se mettent hors de la pro­
tection de Dieu et de son pro­
phète...», les oulémas ont
décrété que, dans ce cas de
figure, tous les résidants d’une
telle cité seraient condamna­
bles et devraient être jugés
pénalement car ils auraient failli
au devoir d’assistance.
Il faut noter aussi que cette obli­
gation d'assistance ne s’ap­
plique pas qu’aux seuls musul­
mans en situation de détresse.
Les textes coraniques ou pro­
phétiques n’excluent pas les
non musulmans de l’aide
humanitaire.
Ce
principe,
énoncé dans les textes, s’est
souvent concrétisé dans les
faits. Durant les premières
années de l’hégire une famine
régnait à Modar (Arabie Saou­
dite). Le Prophète (saw) orga­
nisa un convoi humanitaire des­
tiné aux habitants de Modar,
lesquels, à cette époque, ne
s’étaient pas encore convertis à
l’islam.

L'action humanitaire a des fina­
lités, pour le croyant, parmi les­
quelles on peut citer :
- L’action humanitaire valide la
foi du croyant car l’islam
impose de traduire les inten­
tions et les convictions en
actions réelles dans tous les
domaines, y compris l’humani­
taire. On constate dans le
Coran, et de manière systéma­
tique, que jamais la foi n’est
évoquée sans qu’immédiatement ne soit rappelée l’obliga­
tion d’agir, et plus particulière­
ment l’incitation aux actions de
bienfaisance.
L’expression
«Ceux qui ont cru et ont fait de
bonnes oeuvres» est citée dans
le Coran un nombre considéra­

ble de fois. D’ailleurs, le mot
«sadaqa»,
qui
signifie
aumône,dérive du mot arabe
«tasdiq», qui veut dire valida­
tion ou confirmation. À ce pro­
pos, le Prophète a déclaré :
«l’aumône est une preuve...» ;
une preuve qui démontre que la
piété du musulman se trans­
forme en une réalisation
concrète et en pitié envers les
pauvres.

- Elle efface les péchés (kaffara). En effet, Dieu a mis à la
disposition de l'être humain des
moyens pour se repentir des
fautes qu’il ne peut pas ne pas
commettre. Au titre de ces
moyens, il y a la bonne action
qui est la traduction de la sou­
mission, de la justice et de la
réparation. Dans ce sens, le
Prophète (saw)
a
dit :
«L’aumône efface le péché
exactement comme l’eau éteint
le feu...».

- Les œuvres humanitaires
visent surtout la satisfaction de
. Dieu. En effet, étant considéré
comme un rite et une adoration,
l’acte humanitaire vise entre
autres à obtenir la satisfaction
de Dieu. Le hadith du Prophète
(saw) précise : «Dieu aime
parmi les humains ceux qui
sont au service de leurs sem­
blables... » (Al-Souyouti, AlJami’ Al-Kabir.) Il ajoute dans
une autre citation : «Dieu a créé
des hommes et les a prédispo­
sés à être au service des gens
; ils aiment faire le bien, Dieu
leur évitera les châtiments du
jour dernier...» (Al-Tabarani,
recueil de hadiths) ou encore : I
- Le don transcende le temps.
C’est en cela que tout musul­
man doit œuvrer dans le sens
du soutien d'autrui. Les textes
religieux indiquent que l’acte
humanitaire occupe tout l’es­
pace temporel. En effet, un don
est utile pour un donateur dans

V.ÏÂ'.UÙ*».

le passé, le présent et le futur.
En ce qui concerne le passé, un
musulman peut faire une
aumône qui effacera ses
péchés antérieurs ou assurera
une récompense à un parent
déjà décédé. Un homme, après
la mort subite de sa mère, vint
demander au Prophète (saw) si
elle serait récompensée s’il fai­
sait un don en son nom. Le
Prophète (saw) répondit par
l’affirmative. (Al-Hafid, Al-Fath
Al-Bari, hadith N° 1388).

A la lumière de ces principes,
on devrait voir les musulmans
et les ONGs islamiques agir
davantage dans des domaines
comme
La lutte contre la
famine et l'aide alimentaire. Un
hadith indique que «la meilleure
des aumônes est de nourrir un
affamé...». Lors de la fête du
Sacrifice,
durant
laquelle
chaque famille musulmane
sacrifie un mouton, la tradition
prophétique recommande d’en
manger un tiers, d’offrir un tiers
à ses amis et de donner un tiers
aux pauvres. L'islam ne s’arrête
pas à l’aspect incitatif mais
déclare hors de l’Islam celui qui
s’abstient de partager la nourri­
ture : «N’est pas croyant celui
qui dort le ventre plein tout en
sachant que son voisin a
faim...».

- Le parrainage des orphelins.
L’islam a accordé une attention
toute particulière à la situation
des orphelins. En témoigne le
nombre de versets coraniques
ordonnant la bienveillance à
leur égard, promettant le pire
des châtiments à ceux qui les
maltraitent et promettant égale­
ment les plus belles récom­
penses à ceux qui les prennent
en charge. Le Coran va jusqu’à
considérer
comme
noncroyant, outre celui qui renie
l’existence de Dieu, celui qui
opprime l’orphelin : «Vois-tu
celui qui renie la religion, c’est
bien lui qui repousse l’orphelin
et qui n’encourage point à nour­
rir le pauvre...»

biens des orphelins ne font que
manger du feu dans leur ventre.
Ils brûleront bientôt dans les
flammes de l’enfer...», S4, V10.
S’il est bien une chose dont
regorge l'humanité de nos
jours, ce sont les orphelins de
tous ordres. Et au lieu qu’on
leur vienne en aide conformé­
ment aux enseignements de
l’islam, ils croupissent sous le
poids des maltraitances et des
humiliations (souvent de la part
de musulmans). Pourtant Je
prophète (saw) a vivement
encouragé le parrainage en
déclarant que «la demeure que
Dieu préfère est celle où un
orphelin est bien traité...»

- Assistance aux réfugiés. Du
temps du Prophète (saw), le
mot «réfugié» n’était pas utilisé
dans le sens qu’on lui connaît
aujourd’hui. Cependant, dès sa
naissance, l’Islam a eu à traiter
les situations de réfugiés. Ses
premiers réfugiés furent les
musulmans persécutés par les
mécréants à La Mecque. Le
Prophète (saw) leur ordonna de
se réfugier en Abyssinie
(actuellement
l’Éthiopie).
Lorsque la persécution atteignit
un niveau insupportable, le
Prophète (saw) et ses compa­
gnons décidèrent d’aller s’ins­
taller à Médine où ils furent
accueillis par de nombreux
musulmans et sympathisants.
Le Prophète (saw) instaura une
règle d’or pour la prise en
charge des réfugiés. Il décréta
le principe de fraternisation
entre les Ansar (habitants de

Médine acquis à la cause du
Prophète
(saw))
et
les
Mouhajirin (réfugiés de La
Mecque). Selon ce pacte, cha­
cun des Ansar devait prendre à
sa charge un Mouhajir. Cette
prise en charge comprenait le
vivre, le couvert et l’habillement
ainsi que toute autre assistance
nécessaire jusqu'à ce que le
Mouhajir puisse se prendre en
main. Dans un hadith rapporté
par Al Hakim, le Prophète nous
dit que Dieu déploiera sa clé­
mence et fera entrer au paradis
celui qui donne asile au miséra­
ble. La religion considère que
l’assistance au réfugié est un
droit de ce dernier : «Et donne
au proche parent ce qui lui est
dû ainsi qu’au pauvre et au
voyageur (en détresse)...». S
17, V26

- Les projets de développement
durable. Au-delà de l’aide d’ur­
gence et de l’assistance, la reli­
gion musulmane a encouragé
également des actions humani­
taires susceptibles de provo­
quer un changement durable
dans la vie des gens. Les
hadiths du Prophète (saw) en
ce sens sont nombreux. Dans
un hadith, le Prophète (saw)
affirme la continuité de la
récompense même après la
mort : «Quand l’homme meurt,
ses oeuvres cessent de lui rap­
porter des rétributions sauf trois
actions : une aumône continue,
une science utile et un fils pieux
qui invoque Dieu...» ou encore
: «Celui qui fait une aumône
s’attire du bien en retour tant

que le bienfait dure...». Ainsi, la
durabilité de la récompense est
liée à la durabilité de l’action
bienfaisante. Parmi les actions
durables que la religion a
encouragées, on peut citer : le
forage de puits, la remise en
état de canaux d’irrigation, la
plantation d’arbres ou le don
d’outils. Dans une autre cita­
tion, il précise : «Si un musul­
man cultive des plantations, il
sera récompensé jusqu’au jour
du Jugement chaque fois qu’un
être humain, un animal ou un
oiseau mangera les fruits de sa
plantation...».

En somme, - l’examen des
textes coraniques et prophé­
tiques donne une idée claire de
la force avec laquelle l’islam a
stimulé l’action humanitaire.
Elle en a fait un rite et une obli­
gation. Le musulman, lorsqu’il
accomplit un acte humanitaire,
accomplit tout d’abord un acte
d’adoration pour se rapprocher
de son Seigneur. Il en attend
aussi une récompense dans sa
vie ou dans l’au-delà. Il ne peut
se déclarer croyant s’il ne vient
pas au secours de ses sembla­
bles. La piété est indissociable
de la pitié.
Source : L'influence de la reli­
gion musulmane dans l'aide
humanitaire ; Jamal Krafess
(directeur général de Islamic
Relief - Suisse)

Hamadé BAMBARA

S 107; V3 ou encore «Ceux qui
disposent injustement des

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

UNITE DES MUSULMANS AU BURKINA

Des musulmans se prononcent
Seule l’union fait la
force, a-t-on coutume
de dire. Or l’unité des
musulmans est diffici­
lement perceptible, ici
comme
ailleurs.
Pourtant de
nom­
breuses dispositions
existent en la matière.
Qu”en est-il exacte­
ment de l’avis du
citoyen ? Nous avons
tendu notre micro aux
frères et sœurs qui se
sont prêtés à la ques­
tion.
El
Hadj
TRAORE
Mamadou, responsa­
ble militaire

coup de défaillances
dans l’organisation de
nos activités, le hadj
par
exemple.
Par
contre, si on est bien
organisé, on peut se
mettre à la même table
et discuter pour trouver
un consensus minimum
pour aboutir à cette
union.

OUATTARA Djénèba,
étudiante en gestion
commerciale.

L’unité est possible à
condition que chacun
accepte de rompre
avec l’inaction et le
silence.
Plusieurs
détails semblent nous
échapper de l’universa­

pour faire face à l’anal­
phabétisme
et
au
manque d’esprit d’ou­
verture qui gangrènent
notre communauté. Il
ne s’agit plus ici de dire
que l’unité est possible
et rester les bras croi­
sés. L’unité est avant
tout un comportement.
Si chaque musulman
que
nous
sommes
accepte de faire son
propre mea culpa, il n’y
aura pas de raison pour
que cette unité là ne
soit pas matérialisée.
De toute façon c’est
une chose qui va s’im­
poser un jour et nous
gagnerons à être du
bon côté pour espérer
la récompense auprès
de Dieu.

llboudo Souleymane,
étudiant en médecine.

L’unité des musulmans
est possible mais il faut
remplir beaucoup de
conditions. Une des
conditions fondamen­
tales est l’organisation.
Vous pouvez le consta­
tez, on enregistre beau­

lité du message isla­
mique. Pour parvenir à
cette unité, il y a tout un
travail de sensibilisa­
tion à faire. Le gros défi
est celui de la formation

Pour l’unité des musul­

mans il y a un espoir.
Seulement il faut qu’un
certain
nombre
de
paramètres soient réu­
nis. D’abord il faut que
cette
prise
de
conscience
de
la
nécessite de s’unir
naisse au sein des
musulmans. Certes elle
ne peut pas l’être chez
tout le monde en même
temps mais des gens,
des associations ou
des structures isla­
miques peuvent mener
ia réflexion sur le sujet
et accepter de jouer
leur rôle de leader afin
que le grand ensemble
emboîte le pas et incha
Allah on parlera d’unité.

KABORE Adama, étu­
diant économiste en
fin de cycle.

Cette unité est proba­
blement possible. En

©

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

" -................... ...



"■

~"

kw.tr».

tout cas, ça dépend des
musulmans
euxmêmes. Si on décide
de s’unir je pense qu’il
n’y a pas de problème.
Ce sont les petites dif­
férences qu’on note à
gauche et à droite qui
posent problème. Aussi
certains se considè­
rent-ils de nos jours
plus musulmans que
d’autres. La modestie
exagérée et bien d’au­
tres choses constituent
une étape à franchir
avant de parlerd’union.
Sinon en principe il ne
doit pas y avoir de pro­
blème. Il faut mettre
l’accent sur la solidarité
et mettre de coté ce qui
nous divise.

I g. p
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où chacun veut s’affi­
cher comme la réfé­
rence au détriment de
l’autre. Au regard de
certains
comporte­
ments, on peut dire
sans se tromper que
l’unité à l’heure actuelle
est
un
leurre.
Cependant, c’est à cha­
cun de mesurer l’ur­
gence de cette unité et
d’adapter son agir et sa
pensée conformément
aux principes de la reli­
gion en la matière.
KOUANDA
Akima,
élève en Tie A au
Lycée Zinda KABORE

TOURE Aboubacar,
étudiant en droit

L’unité des musulmans
est difficile à réaliser en
raison de la floraison de
certaines tendances qui
ne facilitent pas les
choses. Aussi, nous
sommes dans un milieu

L’unité des musulmans
n’est
pas
possible
parce qu’au sein d’un
même groupe il y a trop
de divergences par rap­
port à la compréhen­
sion de l’islam. Il faut un
retour aux sources de
cette religion en faisant
preuve de tolérance et
d’union même appa­
rente pour aider les
jeunes comme nous à

aimer davantage notre
religion.
BAROU Ben Sékou,
membre du bureau du
mouvement Sunnite.

L’unité des musulmans
au Burkina Faso est
possible quand bien
même un hadith nous
situe sur la division de
la
communauté en
sous
groupes.
Aujourd'hui la FAIB
devrait susciter un
espoir pour aboutir à
cette union, cette unité
d’action vis-à-vis des
frères
musulmans.
Pour moi, le problème
de cette unité se situe
au niveau de la lecture
que les uns et les
autres se font de la reli­
gion et de ses ensei­
gnements. Il faut un
changement de com­
portement pour briser
la glace qui nous
empêche d’aller de
l’avant.

ACHIROU
Djamila,
étudiante en pharma­
cie.

Je crois que cette unité
est possible mais il faut
la rendre concrète.
Pour cela il faut mettre
l’accent sur la connais­
sance de l’islam. On
doit revenir sur les fon­
dements et les prin­
cipes premiers de la
religion en insistant sur
l’approche
humaine,
c’est à dire la solidarité,
l’entraide, le partage
avec l’autre. Il faut
revoir notre manière de
vivre communautaire.
C’est à ce prix qu’on
pourra parler d’unité au
sein de la commu­
nauté. Nos structures
organisent des ser­
mons sur le sujet et
c’est bien. Mais chacun
de nous doit faire de
cette unité, sa priorité.
Propos recueillis par

Mahamadi OUEDRAOGO

Le Cerfiste N° 011 Avril 2010

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