Intelligence de la foi : Ah, que c'est difficile, le dialogue interreligieux !

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Title
Intelligence de la foi : Ah, que c'est difficile, le dialogue interreligieux !
Creator
P. Jean-Paul Sagadou
Date
8 April 2014
Abstract
Evoquons ici de nouveau les propos du moine bouddhiste du IIe siècle qui déclarait : «On ne devait pas honorer seulement sa propre religion et condamner les religions des autres. Mais on devait honorer les religions des autres .
Spatial Coverage
Soudan
Nigéria
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035427
content
Evoquons ici de nouveau les propos du moine bouddhiste du IIe siècle qui déclarait : «On ne devait pas honorer seulement sa propre religion et condamner les religions des autres. Mais on devait honorer les religions des autres .

En agissant ainsi on aide sa propre religion à grandir ; et on rend aussi service à celle des autres. En agissant autrement ; on creuse la tombe de sa propre religion et on fait aussi du mal aux religions des autres... ».

Voilà donc des propos qui indiquent une voie pour le dialogue des religions. Mais on sait que dans la réalité c'est difficile et que la considération mutuelle entre religions n'est pas chose aisée.

On a même souvent l'impression que les religions se déploient dans un climat de concurrence malsaine, s'ignorant mutuellement et se disputant un Dieu qui se veut pourtant Père de tous. On constate par exemple que certains chrétiens ne voient dans l'Islam que son visage «politique», qui leur paraît parfois intolérant et agressif.

Dans certains pays en Afrique, certaines communautés chrétiennes sont traumatisées par la poussée actuelle des pays arabes et par leur influence politique et religieuse.

Cette situation conduit trop souvent les Eglises et parfois même - ce qui est le plus grave - leurs responsables à manquer d'objectivité dans leur appréciation sur la foi de l'Islam et sur ses valeurs.

Disons-le : d'innombrables chrétiens, même cultivés, même théologiens, conservent souvent sur le message coranique et sur la tradition musulmane une ignorance aussi étrange que désolante.

On constate avec tristesse que des hommes et des femmes loyaux, sincères, soucieux de leur fidélité au Christ et attentifs aux réalités de notre temps, continuent à ne voir l'Islam que de l'extérieur, sous ses aspects sociologiques les plus négatifs, méconnaissant son message spirituel et social. Beaucoup de chrétiens entretiennent sur l'Islam, des idées et des préjugés qui ne favorisent pas le dialogue et la réflexion sur le dialogue.

Du côté des musulmans, trop de docteurs des universités islamiques ne connaissent pas suffisamment les travaux de l'exégèse biblique contemporaine. D'admirables pratiquants musulmans développent un fondamentalisme qui blesse à la fois Dieu et l'homme.

Dans la pratique, le sort des chrétiens dans certains Etats dominés par des musulmans pose problème. En Afrique, le Nigeria et le Soudan sont deux exemples où le problème se pose avec le plus de gravité.

Fondamentalement, la Sharia pose le problème des libertés religieuses, car elle condamne à mort l'apostasie. Au Soudan, un intellectuel musulman a été exécuté en 1985 pour avoir voulu proposer une relecture éclairée du Coran.

Au Nigeria, en 1987, le discours d'un musulman converti au christianisme a provoqué de sanglantes émeutes dans l'Etat de Kaduna.

Un grand défi est lancé aux chrétiens et aux musulmans : travailler ensemble à se libérer du poison de la rivalité confessionnelle. Entre les deux, il y a trop souvent un climat de suspicion, de polémique et de concurrence.

Voici ce à quoi nous invitent les Ecritures : «Il y a plusieurs demeures dans la maison du Père» (Jn 14, 12) et le Coran affirme que «Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté, mais il a voulu vous éprouver par le Don qu'Il vous a fait.

Cherchez à vous surpasser les uns et les autres dans les bonnes actions. Tous, vous retournerez vers Dieu. Alors, il vous éclairera au sujet de vos divergences» (Coran, 5, 48). Tous sont invités à se libérer du «choc des ignorances» en apprenant un peu plus à se connaître, à dialoguer.

Il faut se libérer d'un certain «analphabétisme religieux» qui voit musulmans et chrétiens trop souvent oublieux des richesses de leurs patrimoines spirituels respectifs. Il faut encourager les uns et les autres à «rivaliser dans les œuvres de bien», et à s'estimer dans le respect.