Yako : le dernier voyage d'OK

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Title
Yako : le dernier voyage d'OK
Date
20 October 2011
Abstract
Décédé le mercredi 19 octobre 2011 dans la matinée par suite d'une longue maladie, El Hadj Oumarou Kanazoé a été inhumé le même jour peu avant l'heure de la prière d'asr (16 heures) dans son patelin de Yako. Comme il fallait s'y attendre, le tout-Etat ainsi que le gotha des affaires et des milieux religieux ont accompagné l'illustre disparu pour son dernier voyage.
Spatial Coverage
Ouagadougou
Ouahigouya
Yako
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035383
content
Décédé le mercredi 19 octobre 2011 dans la matinée par suite d'une longue maladie, El Hadj Oumarou Kanazoé a été inhumé le même jour peu avant l'heure de la prière d'asr (16 heures) dans son patelin de Yako. Comme il fallait s'y attendre, le tout-Etat ainsi que le gotha des affaires et des milieux religieux ont accompagné l'illustre disparu pour son dernier voyage.

Rarement on aura vu autant de véhicules et surtout de grosses cylindrées sur l'axe Ouaga-Ouahigouya. On l'imaginait déjà au regard de la stature du richissime homme d'affaires que le Burkina Faso pleure. Plus d'une dizaine de véhicules ne pourront atteindre Yako, victimes de pannes techniques. Certains propriétaires ont même préféré abandonner leur voiture au bord de la voie et faire de l'auto-stop pour être à l'heure à l'enterrement.

Alors que les rayons du soleil dardent dur à l'entrée du chef-lieu de la province du Passoré, la principale voie bitumée grouille de monde. A pieds, à vélos, à motos ou en voitures, un beau monde, guidé par des policiers postés au bord de la route, converge vers le domicile de l'illustre disparu. Plus on s'approche de la maison, plus on a du mal à se frayer un chemin au milieu des milliers de personnes et des centaines de bolides stationnés pêle-mêle. Difficile, dans ces conditions, de canaliser la foule et de faire respecter les consignes de sécurité. En effet, les forces de l'ordre ont éprouvé d'énormes difficultés à l'intérieur comme à l'extérieur de la cour, pour mettre de l'ordre, chacun tenant vaille que vaille à atteindre le lieu du cérémonial.

14 heures. Heure officielle de l'inhumation. Sous une grande tente de couleur blanche, étaient installés membres du gouvernement, anciens ministres parmi lesquels Tertius Zongo et Paramanga Ernest Yonli, ambassadeurs et bien entendu tout le gotha du monde des affaires et de la religion.

En face d'eux, le cercueil du patriarche, drapé de blanc. En attendant l'arrivée du chef du gouvernement, celui qui faisait office de maître de cérémonie, notre confrère Yacouba Jacob Barry, essayait d'arracher le sourire à l'assistance. Il le réussit si bien en jouant à fond la parenté à plaisanterie entre les Yarcé (ethnie du vieux Kanazoé) et les Peulhs. Il a notamment indiqué que puisque le défunt aimait être entouré, il fallait que deux vieux Yarcé, en l'occurrence Mahamadi Koanda et Assimi Koanda, l'accompagnent dans son dernier voyage. Offre que ces derniers déclinèrent poliment incitant l'animateur à lui-même préparer ses effets pour suivre la dépouille.

L'atmosphère est quelque peu détendue sous le hangar des personnalités. On se chuchote à l'oreille et on rigole ; après tout en Afrique, le décès d'une personne âgée est synonyme de fête.

Pendant ce temps, les bousculades se poursuivaient par endroits sous un soleil de plomb qui faisait suer à grosses gouttes. Les hommes en treillis et des responsables de la communauté musulmane tentent de contenir le monde et donnent parfois de la voix à se rompre les cordes vocales.

15 heures 10. Arrivée du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, et début des rites funéraires.

Gustave Taro, un autre confrère, est chargé de dérouler le programme.

Premier à prendre la parole, le représentant de l'organisation des transporteurs routiers dont El Hadj Oumarou Kanazoé fut membre. Suivront ensuite le message du Syndicat des travailleurs du bâtiment et des Travaux publics, secteur d'activité où le richissime a tiré sa fortune, et le discours-témoignage de Gaspard Ouédraogo au nom de la Chambre de commerce. Tous ont dit manquer de mots pour exprimer leur «grande émotion» face à la «triste disparition d'un homme de dialogue et de paix». «Nous sommes orphelins d'un bon père de famille, d'un homme de noblesse, de foi et de coeur qui, malgré la perte de ses parents à l'âge de 12 ans, a su braver les obstacles pour ouvrir sa première boutique en 1955 et créer plus tard, en 1973, une entreprise de B.T.P. très prospère et dont la notoriété a dépassé les frontières nationales», a déclaré le porte-parole de la Chambre de commerce. Les succès et réalisations du célèbre défunt lui ont valu plusieurs distinctions à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Homme aux multiples responsabilités et distinctions, Oumarou Kanazoé aura, entre autres, été élevé au rang de Commandeur de l'Ordre national et Grand officier de l'Ordre du mérite du commerce. Et Gaspard Ouédraogo d'indiquer qu'OK a fait de l'humilité le fondement de son existence et de la générosité, son caractère premier.

Ses soutiens sur le plan religieux ne sont pas limités à la religion musulmane, et sa contribution au bitumage de la cour de la paroisse Jean XXIII en est la preuve. C'est pourquoi le Président du Faso, par la voix du ministre du Commerce, Arthur Kafando, a, dans son message, salué la mémoire du disparu, qui a incarné les valeurs auxquelles le peuple burkinabè est attaché. «Une personnalité islamique exceptionnelle, un entrepreneur talentueux». «Qu'Allah l'accueille parmi les saints pour ses innombrables actions pour le pays», a conclu Blaise Compaoré.

Après les honneurs militaires, le corps a été transporté pour la prière et l'inhumation dans le caveau familial. Une fois le rituel funèbre achevé à 16h30, place aux bousculades et aux coups de Klaxon pour se frayer un chemin afin de rejoindre Ouagadougou.