Fréquentation des écoles coraniques et classiques : un syncrétisme éducatif

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Title
Fréquentation des écoles coraniques et classiques : un syncrétisme éducatif
Creator
S. E. B.
Date
14 July 2003
Abstract
Au cours de notre séjour dans l'Oubritenga, nous nous sommes entretenu avec le haut-commissaire de la province, M. Jacob Ouédraogo avec qui nous avons évoqué les questions de l'éducation coranique. Il nous a également parlé de sa province, fief du président Blaise Compaoré et qui malgré tout ne bénéficie pas d'attention particulière en dépit des rumeurs.
Spatial Coverage
Ziniaré
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035313
content
Au cours de notre séjour dans l'Oubritenga, nous nous sommes entretenu avec le haut-commissaire de la province, M. Jacob Ouédraogo avec qui nous avons évoqué les questions de l'éducation coranique. Il nous a également parlé de sa province, fief du président Blaise Compaoré et qui malgré tout ne bénéficie pas d'attention particulière en dépit des rumeurs.

Savez-vous qu'il y a des villages entièrement musulmans dans votre province ?Il m'est revenu en effet qu'il y a de ces villages dans la province. Mais cela est peut-être lié à l'histoire de leur peuplement. Si on fait un retour dans le temps, on verra que ces villages ont été créés certainement autour de grands érudits de l'islam. Le peuplement et les conditions d'habitation ont fait que l'islam y a eu le monopole de la religion. Mais avec le développement et le courant des migrations, il va sans dire que ce monopole est appelé à s'effriter. On ne peut pas concevoir à long terme un village où il n'y aura que les fidèles d'une seule confession religieuse.Avez-vous plus de difficultés à travailler dans ces types de villages que dans les autres ?Nous ne considérons pas les villages sous cet aspect-là. Peut-être que c'est une caractéristique qui vous a sauté à l'oeil, mais ce n'est pas un critère important pour nous dans l'administration et la gestion de ces localités.

Probablement une telle situation peut présenter des avantages. En effet, du fait que les populations partagent la même foi, on peut plus facilement les sensibiliser et les mobiliser par le biais de l'imam ou du chef de village.Par contre, l'inconvénient est que ça peut créer des potentats. Or en matière religieuse, il faut éviter le fanatisme parce qu'à ce stade on a des gens qui pensent qu'ils n'ont de compte à rendre qu'à la divinité. Dans les villages à forte concentration musulmane il semble que les taux de scolarisation sont très bas Certainement que vous voulez faire allusion à la prolifération des écoles coraniques ou medersa. Mais ces écoles sont en fait l'expression de la foi musulmane. Et là où il y a cette foi qui prédomine, les gens sont plus disposés à envoyer leurs enfants dans ces écoles à la défaveur des écoles classiques. Ces écoles sont du reste reconnues par les textes. Nous ne disons donc pas aux gens de ne pas y envoyer leurs enfants. Il faudrait seulement qu'on y dispense des enseignements utiles, qu'on donne à l'enfant tous les instruments afin qu'il soit lettré et qu'il puisse faire face à sa vie de demain.

Certains enfants fréquentent les deux écoles C'est un phénomène inévitable. Beaucoup de personnes ont vécu la même situation. Ils ont fréquenté soit l'école coranique puis l'école classique soit les deux à la fois. Il y a comme un syncrétisme éducatif dont il faut tirer le meilleur parti.Autre chose monsieur le haut-commissaire. Pour l'homme de la rue l'Oubritenga, fief du président Compaoré, est une province choyée qui ne connaît pas la même galère que les autres provinces Je ne sais pas pourquoi les gens tiennent toujours à singulariser l'Oubritenga. C'est une province comme les 44 autres de notre pays. Vous ne voulez quand même pas imaginer une situation où l'Oubritenga sera un eldorado où nous serons à l'abri de tout tandis que les autres provinces sont dans le dénuement total.Ce n'est pas la première fois que j'entends cela.

Mais je pense que le chef de l'Etat, le gouvernement d'une manière générale est très visionnaire et se démarque de ces attitudes régionalistes et népotistes qui consistent à privilégier une localité du pays au détriment des autres.Je ne suis pas d'accord que les gens singularisent ma province de cette façon.Vous êtes tout de même le premier responsable du patelin présidentiel, est-ce la même chose que quand vous étiez haut- commissaire au Sanmantenga et au Yatenga ?Sur le plan administratif, j'exerce mes fonctions comme je le faisais dans les autres provinces. Je ne vois vraiment pas de particularité.Cependant, Ziniaré est une ville résidentielle du chef de l'Etat. Et qui dit ville résidentielle, cela s'accompagne d'un certain nombre de rencontres, de manifestations, etc. De ce point de vue, nous devons être particulièrement sollicités. Indépendamment de cela, en tant que haut-commissaire, je suis le représentant du gouvernement, je rends compte, comme mes collègues, au ministre de l'Administration territoriale.

Je n'ai pas un statut particulier et j'exerce mes fonctions exactement comme les textes les prescrivent.N'avez-vous pas, par rapport à vos collègues, plus de facilité de rencontrer le président du Faso ?C'est possible. Mais voyez-vous, moi je réponds d'abord du ministre de l'Administration territoriale. L'administration est bien hiérarchisée. Le chef de l'Etat est le président de tout le Burkina et il a un gouvernement de qui je réponds. Si je dois rencontrer le président c'est à des occasions particulières qui s'offrent à moi. Je pense que je reste dans l'exercice correct et normal de mes attributions.Y a-t-il des sites touristiques dans votre province ?Il y a des sites très intéressants. On a les sculptures sur granit à Loango, le parc animalier, le musée de Manega et le mausolée de Naaba Oubri. C'est dommage de parcourir l'Oubritenga sans s'intéresser à l'un ou l'autre de ces sites.