Affaire Charlie Hebdo : belle preuve d'œcuménisme à Bobo

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Title
Affaire Charlie Hebdo : belle preuve d'œcuménisme à Bobo
Creator
Issa K. Barry
Date
26 January 2015
Abstract
Le tollé mondial n'est décidément pas de tomber quelque trois semaines après l'innommable massacre des animateurs de « Charlie Hebdo » ni les Les manifestions de s'estomper, surtout hors de la France, même si cette agitation aurait fait marrer Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, figures historiques du journal qui aimaient à se moquer de tout.
Spatial Coverage
Bobo-Dioulasso
Ouagadougou
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035243
content
Le tollé mondial n'est décidément pas de tomber quelque trois semaines après l'innommable massacre des animateurs de « Charlie Hebdo » ni les Les manifestions de s'estomper, surtout hors de la France, même si cette agitation aurait fait marrer Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, figures historiques du journal qui aimaient à se moquer de tout.

D'un côté le tollé général de désapprobation de l'assassinat aveugle d'un canard dont le crime est d'être insolent et irrévérencieux, puis de l'autre une indignation tout aussi proportionnelle après que les survivants du journal, dans leur toute première parution après le drame, ont remué le crayon dans la plaie en caricaturant une fois de plus le prophète de l'islam. Aïe ! ça, c'est « la caricature de trop », se sont effet indignés bien de mohametans

Si de nombreux pays eurent leur lot de manifestions, souvent violentes à l'image du Niger avec une quinzaine de morts et des édifices religieux chrétiens saccagés, jusque-là, au Burkina, il n'y avait eu de la place que pour les débats, souvent passionnés, sur l'affaire.

Les coups d'éclat ayant été peut-être l'action concertée de la presse qui a mis le bandeau noir à sa une, signe d'indignation et de compassion pour les collègues morts, et cette lettre de désapprobation émanant de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB).

C'est véritablement le week-end écoulé qu'il y a eu un évènement d'envergure dans notre pays. Et c'est à Bobo. Est-ce parce que la ville de Sya a une population fortement islamisée ? Peut-être qu'il y a un peu de ça.

Toujours est-il que ce jour-là, à la place Wara-wara de la ville, l'on a vu côte à côte un évêque, un pasteur et un imam. Quel bel exemple d'œcuménisme dont il faut se réjouir de nos jours tant le « choc des civilisations », disons des religions, n'a jamais été aussi frontal.

Aucun pays n'est en effet à l'abri d'un accès de fièvre confessionnel qui pousse sur des terreaux. Ne serait-ce que pour cela, le rassemblement de samedi dernier à Bobo était véritablement un appel à la tolérance et à la retenue.

« Lorsque j'ai reçu l'appel du président de la communauté musulmane (Ndlr : Mahama Sanon) par rapport à cette manifestation, je peux vous dire franchement que j'étais touché », a témoigné, visiblement ému, le pasteur Thomas Traoré, président de la Fédération des églises évangéliques de l'Ouest.

Le spectacle était beau à voir, même si le tout n'est pas de marcher côte à côte, la main dans la main, surtout que les sermons et autres échanges de bons procédés ne sont pas toujours des valeurs unanimement reconnues et partagées par tous les croyants, notamment les fanatiques de tous bords.

La preuve, lors de la manifestation, il y eut cet autodafé fait du drapeau français par une minorité d'illuminés qui auraient tout aussi bien pu s'en prendre à d'autres symboles si l'occasion leur avait été offerte. Heureusement que les organisateurs de la manifestation, qui avaient aussi prévu une marche, l'ont annulée au dernier moment, appréhendant d'éventuels débordements.

S'il n'y avait pas eu cette fausse note, le concerto aurait été parfait. C'est dire que le dialogue interreligieux n'est pas le verset le mieux partagé.

Au début de l'année 2013, des agités ne sont-ils pas allés remonter les bretelles à des représentants de la communauté musulmane pour avoir rendu une visite de courtoisie à l'archevêque de Ouagadougou de l'époque, Philippe Ouédraogo ?

Alors que c'était un bon échange de procédés confessionnels. Il est donc évident qu'il ne faut pas baisser la garde, surtout que Boko Haram est à nos portes. Et Allah seul sait combien nos Etats sont fragiles, et nos frontières poreuses.