Élection du 13 novembre : ce que les bobolais attendent du futur président

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Title
Élection du 13 novembre : ce que les bobolais attendent du futur président
Creator
Paul-Miki Roamba
Publisher
Le Pays
Date
9 November 2005
Abstract
Plus que 4 jours et les Burkinabè se rendront aux urnes pour désigner celui qui va être aux affaires pour les cinq prochaines années. Comme à l'accoutumée, la campagne électorale est l'occasion pour les différents prétendants à la fonction suprême d'évoquer tous les dysfonctionnements du tissu social, économique et politique, et de promettre leurs remèdes, une fois qu'ils seraient aux commandes. Bobo Dioulasso, deuxième ville du Burkina traverse depuis ces dernières années une léthargie économique. La crise ivoirienne y est pour beaucoup. Nombre d'habitants de cette ville se refusent même à lui reconnaître aujourd'hui sa réputation de "capitale économique du Burkina". Qu'attendent les Bobolais de celui-là qui, à l'issue de l'échéance présidentielle va être le nouvel homme fort du Burkina ? Micro-trottoir.
Spatial Coverage
Bobo-Dioulasso
Ouagadougou
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Source
Archives Le Pays
Contributor
Frédérick Madore
content
Plus que 4 jours et les Burkinabè se rendront aux urnes pour désigner celui qui va être aux affaires pour les cinq prochaines années. Comme à l'accoutumée, la campagne électorale est l'occasion pour les différents prétendants à la fonction suprême d'évoquer tous les dysfonctionnements du tissu social, économique et politique, et de promettre leurs remèdes, une fois qu'ils seraient aux commandes. Bobo Dioulasso, deuxième ville du Burkina traverse depuis ces dernières années une léthargie économique. La crise ivoirienne y est pour beaucoup. Nombre d'habitants de cette ville se refusent même à lui reconnaître aujourd'hui sa réputation de "capitale économique du Burkina". Qu'attendent les Bobolais de celui-là qui, à l'issue de l'échéance présidentielle va être le nouvel homme fort du Burkina ? Micro-trottoir.

Drissa Ganou, fonctionnaire licencié et délégué syndical de la CGT-B

"Il doit éviter un second "3 janvier 1966"

Le président qui va être élu à l'issue du scrutin du 13 novembre, d'où qu'il vienne, devrait commencer par donner une suite favorable aux revendications de l'ensemble des formations syndicales du Burkina. Car ce sont des revendications qui prennent en compte le bien-être de toutes les couches sociales. S'il refuse de satisfaire à cela, il court le risque de subir un mouvement populaire à l'image de ce qui s'est passé le 3 janvier 1966. En ce qui concerne le cas spécifique de Bobo Dioulasso, le nouveau président devrait trouver les voies et moyens pour restituer à cette ville le mérite d'être la capitale économique du Burkina. Actuellement, la zone industrielle ressemble plutôt à un cimetière de firmes. Toutes les usines y ont fermé. Il faut redynamiser cette ville !

Antoine Zongo, commerçant de chaussures au marché de Bobo

"Les tarifs douaniers sont inaccessibles"

La principale hypothèque à l'activité commerciale ici à Bobo, c'est la taxe douanière. J'estime que nous payons trop cher pour cela et j'attends du nouveau président du Faso un changement dans ce sens. Ensuite, nous les petits commerçants subissons les caprices des grands commerçants. Il serait donc souhaitable qu'une nouvelle réglementation soit adoptée pour plus d'équité en matière de commerce. Par ailleurs, sur le plan sanitaire, tout n'est pas rose à Bobo. L'accès aux soins de qualité demeure encore une affaire de gros sous. Les moins nantis se rabattent, en désespoir de cause, sur les médicaments de la rue et cela n'est pas sans conséquences sur leur santé. A cela s'ajoutent le coût de scolarisation élevé des enfants, la cherté des denrées de première nécessité, etc. C'est donc autant de problèmes que le nouveau président du Faso devrait penser à résoudre prioritairement.

Mme Coulibaly Tibiraba Awa, secrétaire à la Bourse du travail de Bobo

"Il faut décentraliser les offres d'emploi"

Le nouveau président du Faso devrait accorder une attention particulière à toute la région de l'Ouest du Burkina qui n'a pas fini de se sentir déconnectée du reste du Burkina. Bobo, il faut oser le reconnaître, ne mérite plus l'appellation de "capitale économique du Burkina". Les voies sont à faire ou à refaire, les usines sont à réouvrir, l'emploi est à promouvoir, bref Bobo Dioulasso doit avoir une place de choix sur la liste des priorités du futur gouvernement burkinabè. Pour l'instant, tout est centralisé à Ouagadougou, même les offres d'emplois. La décentralisation dont on a longtemps chanté les vertus devrait aussi prendre en compte tous ces aspects. C'est en cela que nous pourrons atteindre une égalité des chances pour l'accès aux emplois de la Fonction publique. S'il est vrai que le train de développement du Burkina est en marche, c'est que Bobo Dioulasso est restée sur le quai. "Il appartient à celui qui sera aux affaires pour les cinq prochaines années, de veiller à son embarquement effectif.

Zakaria Sanou, agent de voirie municipale à la retraite

"Il faut éradiquer l'analphabétisme"

"La première priorité, à mon avis, c'est l'éducation. Je souhaite vivement que l'homme qui va bientôt être élu à la tête de l'Etat burkinabè, travaille avec l'ensemble de son gouvernement à faire de l'éducation une affaire de tous, non seulement pour la ville de Bobo mais pour tout le Burkina. Dans les présentations qu'ils ont faites de leurs projets de société, j'ai entendu certains candidats à la présidentielle promettre que l'école serait gratuite et obligatoire pour tous les enfants jusqu'à 16 ans, s'ils étaient élus. Je ne sais pas comment ils s'y prendraient, mais je crois que si cela venait à être effectif, le Burkina serait désormais en bonne voie de développement. L'analphabé-tisme retarde le développement.

La seconde priorité pour moi, c'est la réouverture des industries de Bobo, histoire de parer à la question cruciale du chômage des jeunes à Bobo. Moi, par exemple, j'ai plus de 10 enfants qui sont tous au chômage. Troisièmement, nous souhaitons que soit résolu le problème lié à l'accès à l'eau par la construction de barrages. Ensuite, sur le plan sanitaire, vous savez comme moi que nous avons encore des villages qui n'ont pas de centre médical. Un effort doit être fait dans ce sens et nous espérons que le nouveau président du Burkina va songer à tout cela.

Ambroise Zongo, inspecteur des eaux et forêts

"Consolider la paix"

Celui qui va être président du Faso après le 13 novembre 2005 devrait, à mon avis, veiller à consolider la paix au Burkina et dans la sous-région. Il devrait également avoir comme priorité, la relance de l'économie, principalement à Bobo. Il y a pas mal d'usines et d'entreprises qui ont fermé leurs portes. Le nouveau président devrait donc travailler à remettre Bobo sur les rails. J'ai eu la chance de connaître cette ville en 1990 quand j'étais à l'école des Eaux et forêts. A l'époque, nous voyions en Bobo une belle ville, très rayonnante, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. C'est donc tout naturellement que j'attends du futur président qu'il travaille à relancer l'économie de Bobo et faire en sorte que nos produits industriels soient compétitifs sur le marché international.

Issa Sanou (chômeur)

"Il faut multiplier les opportunités d'emploi"

Nous attendons du nouveau président davantage d'efforts pour enrayer la cherté de la vie. Il faut reconnaître que le Burkina n'est pas particulièrement avantagé par la nature, et que beaucoup d'efforts ont déjà été fournis mais je pense qu'on peut encore mieux faire. En ce qui concerne le cas particulier de Bobo, les nouveaux gouvernants doivent, en priorité, oeuvrer à multiplier les opportunités d'emplois au profit de la frange jeune de la population. Aujourd'hui, on nous accuse à tort d'être des paresseux, des "preneurs de thé". Mais le problème est réel. Il n'y a vraiment pas de boulot à Bobo. Le futur président du Faso devrait en faire une priorité.

Mme Habi Ouattara, commerçante de pagnes au grand marché de Bobo

"Réduire le coût du pétrole..."

Nous attendons du nouveau président du Faso qu'il travaille prioritairement à résoudre la question du chômage des jeunes à Bobo. Ensuite, vous convenez avec moi que la vie devient de plus en plus chère au Burkina. Nous venons de traverser une période de crise alimentaire, on assiste en ce moment à une flambée du prix de l'essence, etc. Nous souhaitons que toutes ces questions soient résolues dans un court délai. Certes, le Burkina n'est pas producteur de pétrole, mais je souhaite que le futur président prenne des mesures visant à réduire de façon significative le coût du pétrole à la pompe. C'est en cela que tout le monde pourra développer ses activités pour joindre les deux bouts. Enfin, en tant que commerçante, j'attends du nouveau président qu'il étudie sérieusement les taxes (impôts, dédouanement, etc.), afin de les revoir à la baisse. Autrement, beaucoup de commerçants vont fermer boutique ici à Bobo.

Siaka Sanou, Imam de la mosquée de Dioulasso-bâ

"Il faut urgemment traquer les grands bandits"

Le Burkina a déjà la réputation d'être un pays de paix, d'hospitalité, de tolérance, etc. Nous attendons du nouveau président une certaine consolidation de tous ces acquis. Ensuite, nous souhaitons qu'il travaille à réduire le coût de la vie. Cela peut être une stratégie pour limiter l'émigration des jeunes. Nous attendons par ailleurs de lui qu'il modernise la production agricole et crée des emplois pour les jeunes. C'est en cela que nous pourrons éviter à la jeunesse de s'adonner à l'alcoolisme, à la drogue, à la délinquance. Sur le plan sécuritaire, je crois qu'il y a urgence que l'on renforce les capacités des forces de sécurité pour balayer les grands bandits de la route des honnêtes citoyens. En matière de santé, nous souhaitons une prise en charge intégrale et gratuite des cas d'urgence et des cas sociaux. Voilà un peu ce que nous attendons à court terme de celui qui va être élu le 13 novembre prochain.
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