Cheikh Soufi Moaze : « Il n'y a pas de terrorisme et de violence dans l'Islam »

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Title
Cheikh Soufi Moaze : « Il n'y a pas de terrorisme et de violence dans l'Islam »
Publisher
Le Pays
Date
8 May 2012
Abstract
Au cours du Maouloud, anniversaire de la naissance du prophète de l'Islam, qu'il a célébré le 28 avril dernier à Ouagadougou, Cheick Soufi Moaze a bénéficié du soutien de la oummah du Burkina, qui était fortement représentée à travers ses différentes associations.
Spatial Coverage
Ouagadougou
Médine
Rights
In Copyright - Educational Use Permitted
Language
Français
Contributor
Frédérick Madore
content
Au cours du Maouloud, anniversaire de la naissance du prophète de l'Islam, qu'il a célébré le 28 avril dernier à Ouagadougou, Cheick Soufi Moaze a bénéficié du soutien de la oummah du Burkina, qui était fortement représentée à travers ses différentes associations.

Le mot qui revenait dans toutes les bouches, c'était « paix pour le Mali ». Cheick Moaze, dans un français impeccable, donne ici sa lecture de la situation au Mali, un pays qu'il connait très bien pour y avoir acquis une bonne partie de sa science théologique et spirituelle. C'était le 5 mai dernier, à sa résidence, sise à Tanghin, à Ouagadougou.

Le Maouloud que vous avez organisé a connu une grande participation ; quel est le message que vous avez voulu faire passer ?

Le message que j'ai à donner, c'est que nous posions des actes qui peuvent nous donner la crainte de Dieu, l'amour de Dieu, le respect du prochain. Nous devons aussi oeuvrer pour la paix, en nous donnant la main.

Que pensez-vous de la situation qui prévaut au Mali ?

Concernant le Mali, rien que hier (ndlr : le 5 mai dernier), nous avons encore organisé une prière où la communauté soufi a offert un mouton à Dieu.

Nous avons réuni beaucoup de fidèles pour lire le Coran. Nous avons aussi pensé à notre pays frère l'Algérie, qui se prépare pour les élections.

L'Algérie est un pays musulman et nous y avons beaucoup de frères soufis. Et s'il y a des problèmes, c'est nous, les musulmans, qui allons en souffrir. On a donc évoqué la situation du Mali parce que le pays est en difficulté.

Qui dit le Mali dit le Burkina. Il y a un brassage des populations. En dehors de cela, c'est un pays musulman. Et l'Islam dit que les musulmans sont frères. Ne serait-ce que pour cette fraternité islamique, nous devons prier pour eux.

Que pensez-vous de l'application de la charia dans le Nord Mali ?

Je ne suis pas bien informé sur cette question du Nord. Tout ce que j'ai à dire, c'est appeler les uns et les autres à la tolérance et au pardon pour que la paix revienne au Mali.

Quelle définition recouvre le mot « charia » ?

La charia ne signifie rien d'autre que la loi islamique.

Dans un pays comme le Mali, peut-on appliquer la charia ?

C'est un peu difficile pour moi de répondre à cette question. Mais je peux dire que nous sommes condamnés à vivre ensemble parce qu'au Mali comme au Burkina, on peut trouver dans une même famille, des chrétiens, des musulmans et des animistes.

L'Islam, c'est la tolérance, le pardon, l'acceptation de l'autre. Comme Dieu l'a dit, « Certes, c'est sur le prophète que vous devez prendre exemple ».

Et on a vu dans l'histoire du prophète, qu'il a été un prophète de tolérance et de pardon. Quand le prophète était à la Mecque, il y avait des chrétiens, des juifs, des animistes, etc.

Le prophète a vécu avec eux. On peut dire qu'en ce temps le prophète n'avait pas la force. Mais quand il a été à Médine, il était fort sur tous les plans.

Cependant, il n'a jamais chassé les pratiquants des autres religions. Le prophète a toujours été pour la paix. J'appelle donc tous les musulmans à prendre exemple sur le prophète.

Dieu a dit : Appelle les gens à l'islam avec la sagesse et des bonnes paroles. Et je souhaite que les musulmans et non musulmans, les différentes communautés islamiques, s'asseyent et discutent pour que la paix revienne.

L'islam est une religion de paix. Il n' y a pas de terrorisme et de violence dans l'Islam. C'est une religion qui n'enseigne jamais le terrorisme et la violence ; elle enseigne toujours le respect du prochain.

Au cours du Maouloud que vous avez organisé, vous avez reçu une délégation malienne venue au nom d'Ançar Dine. Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit ?

Quand j'ai aussi appris comme vous le problème de Ançar Dine, j'ai appelé au Mali. Et j'ai découvert que la communauté Ançar Dine que je connais, dont le guide spirituel s'appelle Cheick Ousmane Madani Haïdara, n'avait rien à voir avec la nouvelle communauté qui est au Nord.

Je ne sais rien de cette communauté qui est au nord. Celle que nous connaissons a des représentants partout à travers le monde. Je la connais très bien.

Ses membres oeuvrent pour la paix et pour l'épanouissement de l'islam dans le respect du prochain, ce sont des gens tolérants. Cheick Haïdara est un grand guide spirituel que je qualifierai même de saint. Son mouvement est différent de celui qui occupe le Nord du Mali.

Comment définiriez-vous le soufisme dont vous êtes un adepte ?

Le soufisme, c'est l'école de l'illumination intérieure. C'est une école de la recherche et de la connaissance de Dieu. Il est basé sur la crainte de Dieu, l'amour du prochain, le pardon, la tolérance, l'humilité.

Y a-t-il une différence entre les soufis et les autres musulmans ?

Il n' y a jamais eu de différence entre les musulmans parce que Dieu même dit : « Cramponnez-vous aux câbles d'Allah qui est La Illaha Illallah (1) et ne soyez jamais divisés ».

Je ne pense pas qu'il y ait une différence entre nous et les autres musulmans. Nous avons le même Dieu, le même prophète, le même Coran, les mêmes 5 prières par jour, et la même croyance. Seulement, Dieu a dit que le meilleur d'entre les musulmans, c'est celui qui le craint le plus.

Mais vous avez une particularité qui est la longue chevelure que vous portez. Quelle est sa signification ?

Nous laissons la chevelure parce qu'elle n'est pas interdite dans l'Islam. Deuxièmement, notre prophète a laissé la chevelure. De trois, dans un hadith de Oum Hani, il est dit : « Et même quand le prophète rentrait à la Mecque, il avait quatre grands dreads ». De quatre, dans l'islam, il y a quatre grands imams.

Tous ont accepté que les cheveux sont permis en islam et qu'on peut les laisser pousser comme on veut, à condition de les purifier.

Pour nous, ce qui est mauvais, ce ne sont pas les cheveux. Nous devons plutôt combattre les mauvais actes. Le sexe commet l'adultère, la langue ment, les oreilles écoutent ce que Dieu n'aime pas, les pieds conduisent où Dieu ne veut pas, mais les cheveux non.

Dans le Coran, nulle part il n'est interdit de porter de longs cheveux. En outre, on a constaté que le prophète a laissé ses cheveux pousser, mais il n'a pas dit à quelqu'un de laisser obligatoirement les cheveux ou de les enlever. Il nous a incités à deux choses : la crainte de Dieu et le bon comportement.
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