2010 - An-Nasr Vendredi #362 (Au cœur de la modernité).pdf

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An - nasr
Vendredi n° 342 du » «cubr« 2010

Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et implore son pardon

ivre au quotidien,
être. Devant Dieu pour les
travailler,
s’enga­
hommes : « Le meilleur des
ger. Mettre sa foi à
hommes est celui qui est le
plus utile aux hommes. »
l’épreuve de ses ac­
tions, de ses colères, de ses Pourtant, notre époque
déceptions. Etre avec Dieu,
nous met au défi. La société
du divertissement et de la
parmi les hommes, et donner
consomma­
à ce que l’on a
tion à oule sens de ce
trance, l’indi­
que l’on est :
vidualisme
« rechercher,
généralisé
au moyen des
coexistent
biens que Dieu
avec le dénuement le plus
t’a accordés, la demeure
extrême, la misère la plus to­
dernière. Ne néglige pas ta
tale. Devant ses fatalités, où
part de la vie de ce monde.
est le sens ? Emplis du sou­
Sois bon comme Dieu est
venir de Dieu, à quelle sour­
bon pour toi. Ne cherche
ce au cœur de cette moderni­
pas la corruption sur la ter­
té, pourrons-nous étancher
re. Dieu n’aime pas ceux
notre soif ?
qui sèment la corruption. »
Chacun connaît les dé­
Etre de son être dans
cette vie et porter le témoi­
tours de cette vie qui tue
gnage de sa foi par l’action
quelque chose en nous : as­
de justice et de bonté. Ne
sis devant les écrans de télé­
rien refuser de ce que l’on
vision, assommés par des
est pour être de tout son

V

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torrents d’informations, paraly­
sés par l’ampleur des fractures.
Dire Dieu, et vivre sans vie. Per­
dre son esprit parce que l’on
perd son cœur. Jour après jour.
On aimerait tellement pou­
voir être un homme, pouvoir être
une femme. Devant Dieu, dans
le miroir de sa conscience, dans
le regard de ceux qui nous en­
tourent. On souhaiterait telle­
ment trouver la force d’embellir
ses pensées, de purifier son
cœur. Vivre dans la sérénité,
cheminer dans la transparence.
C’est l’espoir de tous, c’est l’at­
tente de chacun : la paume des
mains orientée vers le ciel, pa­
tiemment. Au cœur de la moder­
nité.
Un homme, une femme.
Etre simplement ; être bon et fai­
re le bien. Quel homme n’a espé­
ré être pour son compagne l’ho­
rizon de ses attentes ; marcher
sur la même rive, et de tendresse
et de pardon, faire de leur union
un signe : un couple qui soit à
l’humanité ce que le soleil est à
la nature. Chaleur et signe de la
création. Quelle femme n’a pas
voulu, avec cette même volonté,
être pour l’époux l’énergie du
chemin. Au cœur de la moderni­
té. Quelle mère, quel père, quels
parents n’ont espéré pour leur
enfant l’espace le plus harmo­
nieux, la famille la plus unie, la
force intérieure la plus libératri­
ce. Qui n’a jamais espéré voir

dans les yeux de son fils ou de
sa fille, au fond de leur cœur,
l’étincelle qui dit la reconnais­
sance et la conviction qui fait la
foi ? Quel fils, quelle fille n’a pas
désiré vivre entre deux êtres por­
tés par leur amour, nourris par
leurs valeurs, forts de leur cohé­
rence. Au cœur de la modernité.
Des choses si simple dans
une époque si troublée. Etre bon
et faire le bien. Devant Dieq.
C’est le sens de ce rappel, scan­
dé plus de dix-sept fois par jour,
hier comme aujourd’hui au cœur
de la modernité : « Guide-nous
(ô Dieu) sur la voie droite. »

Cheminer sur la voie droite, la
voie du juste milieu, se souvenir
de Dieu et garder en son cœur le
sens des valeurs et des finalités.
Cheminer, cheminer toujours,
malgré les écueils et les adversi­
tés, malgré les injustices et les
horreurs, espérer en Dieu pour
ne pas désespérer des hommes
et des évènements. Cheminer,
cheminer encore, essayer d’être
un homme, essayer d’être une
femme, simplement. Dans la
transparence, dans la clarté, ac­
cepter ses faiblesses et son hu­
manité, au cœur du pardon,
trouver la force de son humilité.
Etre humble, pour être au cœur
de la modernité. Et la mémoire,
et le rappel : « Souviens-toi de
ton Seigneur, en toi-même, à
mi-voix, avec humilité, avec
crainte, le matin et le soir. Ne

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sois pas du nombre de ceux
qui sont négligents.
Ceux qui demeurent auprès de
ton Seigneur ne se considèrent
pas trop grands pour l’adorer.
Ils le glorifient ils se proster­
nent devant Lui. »Face à tous

les individualismes inhumains,
face à tous les reflexes de
consommation, face à toutes les
illusions télévisuelles ou cinéma­
tographiques, face à toutes les
négligences...en refusant toues
les injustices, en s’opposant à
toutes les exploitations, en lut­
tant contre toutes les misères...
dire, et affirmer avec détermina­
tion, la force de cette humilité et
de cette confiance en Dieu. Infi­
niment. Dans l’action cherche la
route ; avec la patience, s’armer
de lumière.. Dans la fraternité
des hommes contre la société
des individus, dans l’union des
libertés contre l’égoïsme des in­
dépendances. La voie droite, au
cœur de la modernité : notre spi­
ritualité, en notre cœur, est au
cœur de la vie. Refuser la négli­
gence. Et entendre, entendre du
plus profond des âges, entendre
et écouter, la voix de l’ancien es­
clave Bilal appelant le fidèle à sa
fidélité, par jour cinq fois, et
pour l’éternité. Chercher dans
l’écho de cette voix, au rythme
des prières...chercher et trouver
la direction, la voie. Au cœur de
la modernité.

Du cercle vicieux au cercle
vertueux!
Cercle vicieux:

Je commets un péché, et
Je me dis que je ne suis trop nul
pour être un bon musulman,
Je deviens négligent dans ma
pratique, par exemple en com­
mençant à négliger mes Salats
Je me laisse aller, par exemple
en ne faisant plus attention à
mes fréquentations,
Je commence à parler vulgaire­
ment, à ne plus être pudique, à
ne plus contrôler mon regard,
mes gestes, mes paroles.
Finalement, je ne me gouverne
plus. J'ai beau savoir que telle
chose n'est pas bien, je n'ai plus
la force de la délaisser.
Résultat : retour à la case dé­
part du cercle vicieux!
Cercle vertueux:

Je commets un péché, et
Je me dis que le pardon de Dieu
est bien plus vaste que tous les
péchés de tous les hommes, de­
puis le début jusqu'à la fin de
l'humanité. Qui peut empêcher
Dieu de me pardonner ?
Je prends mon courage à deux
mains, et je demande pardon à
Dieu. Cela m'a fait du bien de
pleurer devant Dieu. A lui je
peux tout dire car II est toujours

Tariq RAMADAN

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prêt à pardonner. Aux hommes je
peux difficilement parler car ils
sont toujours prêts à juger.
J’essaie de faire de mon mieux, je
m'accroche aux actions, je sur­
veille mes fréquentations : celui
qui me pousse à sortir le soir, à
fumer, à boire, à oublier que j'ai
une vie de famille, que j'ai des
parents, peut-être une femme qui
m'attend, peut-être un enfant qui
me cherche, celui-là est tout sauf
mon ami. Tout, sauf mon ami.
J'essaie de m'améliorer, je com­
mence à reprendre un apprentis­
sage avec quelqu'un de compé­
tent, histoire de revenir sur ce
que j'ai appris mais oublié, et
histoire d'en apprendre plus à
propos de ma religion si belle.
Mais si malgré tout
Je commets un péché : retour
à la case départ du cercle ver­
tueux!
Comment alors mon frère, ma
sœur, sortir du cercle vicieux ?
Une seule voie : s’armer de cou­

rage, prier Dieu de nous aider, et
délaisser le mal. Il ne faut pas
attendre que quelqu'un vienne
avec une baguette magique et
qu'il nous donne subitement la
foi immense. Personne ne fera
l'effort à notre place!

Un homme qui avait l'habitude
de laisser aller ses regards à droi­
te et à gauche vint voir Cheikh At
-Thânwî (que Dieu lui fasse misé­
ricorde) et lui dit : « Donne-moi
un remède facile pour que je ces­

se.
»
Cheikh
Thanwî
(rahimahoullâh) répondit : « Le
remède existe. Mais le remède
facile n’existe pas. Si tu de­
mandes la facilité aujourd'hui,
tu demanderas encore plus de
facilité demain. Il n'y a qu’un
seul moyen de quitter le mal :
s'armer de courage. Le courage
de délaisser le mal et de prati­
quer le bien est la plus grande
des qualités. Celui qui possède
cette qualité n'a pas besoin
d'un maître pour le conseiller. »

Le Prophète (swallallâhou 'alayhi
wasallam) n'a-t-il pas dit : « Le
fort n'est pas celui qui renverse
son adversaire dans un combat.
Le fort est celui qui se contrôle
dans un moment de colère. »?
(Boukhari-Mouslim) Il est facile
de lutter contre les autres.
Mais il n'est pas simple de lut­
ter contre soi!

Hassan Basrî (rahimahoullâh) di­
sait : « De tous mes ennemis, je
n'ai pas trouvé pire que moimême! « Nous portons souvent

l'accusation sur l'environnement,
les fréquentations, la mauvaise
ambianceD Mais que faisonsnous pour changer de fréquenta­
tions ? Que faisons-nous pour
changer cet environnement ?
Nous ne tromperons personne.
Et surtout pas Dieu!
.

In www.aeemb.bf

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