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Médias

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Si Dieu l’avait voulu il aurait fait de
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Mensuel d’information islamique N°34 du 05 janvier au 05 février 2016
INTERDICTION DU VOILE
INTEGRAL

Au Mali, on proteste,
et au Burkina ? P.2

el HADJ HARoUnA
oUeDRAoGo, DG lIPAo

ok

Prix : 300 F CFA

Son excellence
MoHAMMeD DoUMI
SUR lA coAlTIon DeS 35

« PLACE DES MEDIAS
DANS L’EDUCATION »

Des spécialistes
apprécient
à Ouahigouya P.3

ANNEE 2015

Les 10 musulmans
qui ont marqué
l’année P.14

« Cette coalition
« Il est temps que réussira, car c’est un
nous musulmans engagement contre
aussi changeons » les forces du mal »
P. 15-16

P. 6-7

HADJ 2015

La Coordination
des Agences
de
Voyages
Les dessous
d’un conflit
demande un audit
La guerre asymétrique des États-Unis d’Amérique contre les musulmans
TENSION
ARABIE
SAOUDITEP.12
IRAN

P. 5

P. 4

Editorial

INTERDICTION DU VOILE INTEGRAL

Au Mali, on proteste, et au Burkina ?

S

uite à la décision de la CEDEAO incitant les
Etats-membres à prendre des dispositions pour
interdire le voile intégral, le Collectif des associations musulmanes du Mali n’a pas attendu longtemps
pour manifester sa désapprobation d’une telle décision.
Nous vous publions en intégralité le contenu de leur
communiqué.
« C’est avec une grande indignation et profonde affliction que le Collectif des Associations Musulmanes du
Mali, a appris la triste et révoltante nouvelle de la CEDEAO à Abuja, la capitale politique du Nigeria.
A Abuja, les chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se
sont retrouvés, les 16 et 17 décembre 2015, pour célébrer les 40 ans de l’institution. Suite à l’attaque au Radisson de Bamako, le sommet a principalement débattu
des questions de sécurité pour inciter les chefs d’état à
“interdire” le voile islamique intégral (port vestimentaire rendant difficile l’identification des personnes)
dans leurs pays respectifs, afin de lutter contre la multiplication des attentats kamikazes commis notamment
par des femmes. Le terme voile islamique par euphémisme est désigné par : « port vestimentaire rendant difficile l’identification des personnes. »
Les chefs d’Etat ont appelé chaque pays à prendre des
mesures pour interdire le port du voile intégral, qui empêchent la reconnaissance d’une personne (voile intégrale).
Ainsi, la déclaration finale lue par Kadré Désiré Ouédraogo, le président en exercice de la CEDEAO, notre
attention fut retenue par certains propos, entre autres : La
CEDEAO par cette déclaration d’interdiction de voile
intégral s’est engagé dans une voie dénaturant la culture
islamique à coup d’emprunts, et d’influence étrangère
ne relevant pas d’un processus de sa mission naturelle,
mais d’une intension délibérée de modifier un patrimoine pour mieux imiter le modèle des colonisateurs. Il
faut aujourd’hui avec tout le courage et la ténacité remonter le courant et, sans sombrer dans les considérations bolchéviques sauvegarder notre identité culturelle
islamique qui fait partie du patrimoine de l’humanité.
D’un point de vue du droit, nous vous demandons d’être
plus attentifs au fonds de nos remarques qu’à leurs
formes. Notre sentiment est que la décision de la CEDEAO est un abus de pouvoir et qu’elle va à l’encontre
de plusieurs libertés fondamentales garanties par :
Premièrement : la Déclaration Universelle des Droits de
l’homme de 1948, laquelle stipule en son article 28 : «
toute personne a droit à la liberté à la liberté de pensée,
de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté
de manifester sa religion ou sa conviction seul ou en
commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement,
les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ».
Deuxièmement, les principes énoncés par le préambule
et certains articles de notre constitution, et qui sont toujours en vigueur qui stipule que : le peuple souverain du
Mali « s’engage solennellement à défendre la forme républicaine et la laïcité de l’Etat, proclame sa détermination à défendre les droits de la Femme et l’Enfant

Page 2

ainsi que la diversité culturelle et linguistique de la communauté nationale ».
L’interdiction imposée du port de voile constitue un acte
de discrimination religieuse. Car, c’est en effet parce que
ces femmes ont choisi de pratiquer les devoirs de leur religion qu’elles portent le voile intégrale, et c’est parce
qu’elles portent le voile intégrale qu’elles subissent des
mesure discriminatoires. Ainsi exclues, on leur refuse
l’accès à l’administration, à l’éducation, et même à la
circulation auxquelles elles ont droit. C’est la deuxième
entrave aux libertés fondamentales garanties par certains
articles de notre constitution spécifiquement l’article 4
: « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de
conscience, de religion, de culte, d’opinion, d’expression et de création dans le respect de la loi ». Peut-on
valablement reprocher aux musulmanes de se singulariser par une tenue qui, loin d’être provocante ou obscène, entend uniquement indiquer leur sérieux et leur
discrétion. C’est en respectant une obligation divine que
ces femmes musulmanes se voilent : sourate Al Azhab
verset 59.
Enfin, il s’agit d’une mesure de discrimination sexiste,
car elle ne touche que de personnes de sexe féminin et
va à l’encontre de certains articles (article 2 de la Constitution) garantissant l’égalité des droits de l’homme et
de la femme : « Tous les Maliens naissent et demeurent
libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue,
la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ».
Nous soutenons par contre que cette décision de la CEDEAO, inspirée et imposée par le lobby occidental
judéo-chrétien constitue un abus de pouvoir. Car, la réalité de lutter contre la multiplication des attentats kamikazes commis notamment par des femmes n’est pas
établie. Pour preuve, les auteurs des attentats de Paris
étaient en vestes, et ceux de Bamako : Hôtel RadissonBlu étaient en Jean. C’est donc plus un procès d’intention que des faits établis.
Cette interdiction présente un caractère général et absolu, or la communauté musulmane est hostile par principe aux interdictions générales et absolues : le principe
est celui de la liberté, l’exception est l’interdiction.
La religion musulmane par cette décision est victime du
fanatisme irréligieux. Nous invitons les responsables de
la CEDEAO à cette Déclaration de Jule Ferry le 19 Avril
1881 : « Gardons-nous de deux fanatismes : religieux
et irréligieux ; le second est aussi mauvais que le premier
».
Aux responsables de la CEDEAO, l’histoire nous enseigne qu’il aurait été injuste de condamner d’emblée
les religions à cause des exactions de certains de ses
adhérents. Tout aussi injuste serait d’interdire certaines
pratiques d’une religion sous prétexte qu’elles seraient
abandonnées par de mauvais ambassadeurs.
Autorités du Mali, nous vous prions de placer notre pays
au-dessus de toute institution à dessein inavoué avant
toute prise de décisions engageant notre nation.
IBK, la balle est dans ton camp. »

RECEPISSE
Arrêté : n°2613/P/12/CAO/TGI/PF
Siège social : Ouagadougou
Secteur 10 - 01 BP 2481 Ouaga 01
Portable : 76 93 60 93 / 79 91 05 66
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l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

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Culture

« PLACE DES MEDIAS DANS L’EDUCATION »

Des spécialistes apprécient à Ouahigouya
A l’occasion de la 9e édition du séminaire annuel du Mouvement Sunnite à Ouahigouya, un panel sur le thème : « La place des médias dans l’éducation ». Ce sont Arounan Guigma, El hadj Abdoul Karim Ouédraogo, tous deux responsables de médias et le Dr
Ahmad Sawadogo qui ont épluché le thème sous la modération d’El Hadj Lookman Sawadogo, également directeur d’organe.

Arounan Guigma,
DP de l’Autre Regard

El hadj Abdoul Karim Ouédraogo,
DG de Déficom

El Hadj Lookman Sawadogo,
DP du journal Le Soir

Dr Ahmad Sawadogo,
islamologue

e sont environ 2000 séminaristes
venus des quatre coins du Burkina et même de la Côte D’Ivoire
qui ont assisté avec beaucoup d’intérêt les
différents exposés des Journalistes. C’est
le DP de l’Autre Regard, Arounan
Guigma, qui prit la parole en premier.
Après avoir salué cette belle vision du
Mouvement sunnite, il développa le
thème en quatre points.

Quels peuvent être les aspects négatifs
des médias ?
« De plus en plus les gens sont braqués
surles médias à travers les mêmes créneaux de diffusion, les masses ont plus ou
moins placé leur confiance aux médias.
Cependant, sans une conscience critique
et une retenue, l’on risque de consommer
les mauvais produits que les médias nous
transmettent. Le fait qu’ils dépravent les
mœurs et l’éducation, c’est le simple fait
que  nous  ne  contrôlons  pas  ce  qui  se
passe pour des raisons commerciales et
politiques. Sans un contrôle sur les medias,  sur  l’orientation  des  lignes  de
conduite afin d’éduquer les masses sur le
sens  des  valeurs  humaines  (les  Medias
classiques).  Les  télénovas,  certaines
émissions qui dépravent, Les réseaux sociaux, qui, très souvent,  déversent des
images et des messages de nature immorale ».  

tournables. Et c’est également participer
à encadrer les journalistes et communicateurs musulmans dans  les autres medias  sur  le  sens  de  leur  responsabilité
islamique à éduquer les musulmans et les
masses ». C’est ainsi que conclut Arounan Guigma sur le temps qui lui était imparti.
Le deuxième paneliste, Abdoul Karim
Ouédraogo, abordant le même thème dira
que les gens ont créé leurs médias pour
des buts et des objectifs bien déterminés,
pas pour faire la promotion de l’Islam ou
pour plaire aux musulmans.Pour cet ancien journaliste de l’Observateur Paalga,
il revient aux musulmans de se doter de
leurs propres médias pour faire passer
leurs messages et contre-carrer l’influence négative des autres médias. Il
donnait l’exemple de la création du complexe « Al Firdaws », un centre d’éducation, qui combine éducation musulmane
à celle de l’instruction générale en bas
âge. Pour lui et ses promoteurs, ils ont
sillonné les pays de l’Afrique de l’Ouest
pour visiter les structures d’encadrement ;
et c’est une école au Niger voisin qui a retenu leur attention si bien qu’ils ont, eux
aussi, repris l’idée à Ouagadougou.Pour
lui, il faudra éduquer les enfants afin

qu’ils puissent faire le distinguo entre les
aspects positifs des médias et ceux négatifs.
Le troisième paneliste, Dr. Ahmad Sawadogo, contrairement aux deux premiers a
relevé l’aspect négatif des médias occidentaux.« Les médias ont beaucoup menti
dans l’histoire pour procurer des victoires
à des gens qui étaient en passe de gagner
un combat », dixit le Dr. Sawadogo. Le
spécialiste des questions islamiques demande aux musulmans de ne pas disposer des télévisions chez eux parce qu’il
vaut mieux ne pas avoir une télévision,
pour ne pas tomber sur ce qui est interdit.
Il formula des recommandations à l’endroit des dirigeants à mieux orienter les
médias pour que les effets pervers ne rejaillissent pas sur l’éducation. Il s’agit,
entre autre, de l’implication des dignitaires religieux , le choix du personnel des
médias , l’implication du gouvernement
par l’élaboration des lois condamnant les
choses interdites , les pénalités pour des
infractions à l’encontre de la déontologie,
l’encouragement des médias islamiques ;
les soutenir matériellement et financièrement.Et enfin, le modérateur, Lookman
Sawadogo, harmonisa les différentes interventions dont il apprécia la teneur de
chacune, mais ne partagea pas l’idée du
Dr. de ne pas posséder une télévision chez
soi, car pour lui, l’on ne saurait aujourd’hui rester en marge.Le modérateur
a laissé entendre que la solution, ce n’est
d’esquiver les médias, ce qui semble incongrue. Le président de la SEP est revenu sur l’importance également de
soutenir les médias islamiques et, de
façon générale, les médias détenus par
des musulmans 1

C

Qu’entend-on par médias ?
Selon lui, « On entend par médias tout
support de communication afin de véhiculer un message, une image (pour les
télés et l’internet), par écrit (Journaux et
réseau sociaux), et orale pour les (Radios) et enfin des personnes physiques en
tant  que  journalistes  et  communicateurs ».
Quel est l’apport des médias
dans l’éducation ?
« Les médias peuvent se retrouver être un
créneau  efficace  pour  l’éducation  des
masses à tous les niveaux. Et d’ailleurs,
c’est par ce canal que le monde semble
se résumer en termes d’information.  Par
conséquent, les bonnes choses en matière
d’éducation, de valeurs humaines, de valeurs religieuses passent forcément par
un support médiatique pour atteindre le
citoyen. 
Beaucoup de choses positives atteignent
les hommes par le biais des médias notamment les informations multiples sur
l’actualité. Des émissions de sensibilisations de formation et d’éducations se
retrouvent également à travers les médias ; les valeurs religieuses et humaines
pour les médias confessionnels », a-t-il
dit.

Quelle solution ?
« Pour le premier responsable de l’AUTRE  REGARD, la  seule  solution  qui
vaille pour mieux éduquer les musulmans
sur la question des médias, c’est l’engagement des musulmansà investir sur leurs
propres medias afin de les rendre incon-

PAR JUNIOR
l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

Page 3

Culture

L

La guerre asymétrique des États-Unis d’Amérique
contre les musulmans

’exagération démagogique de la
« menace terroriste », qui a été
au centre des derniers débats des
Républicains, se dégonfle facilement dès
qu’on commence à réfléchir. Quelle
chance un habitant des États-Unis a-t-il
de se trouver au même endroit que
quelqu’un qui projette de commettre des
meurtres au nom de l’Etat islamique,
d’al-Qaïda ou d’une autre cause ? Quasiment aucune. Beaucoup de choses banales sont susceptibles de nous tuer bien
avant qu’on ne rencontre un islamiste, un
suprématiste blanc, ou un terroriste antiavortement aux États-Unis. Bizarrement,
nous ne trouvons pas l’argent qu’il faudrait pour réduire substantiellement ces
autres risques. Nous pourrions réduire
considérablement le nombre de morts
sur les routes en interdisant de tourner à
gauche et de rouler à plus de 10 km/h.
Mais qui appuierait de telles mesures ?
Pourquoi donc acceptons-nous que le
gouvernement dépense des milliers de
milliards de dollars (pour ne pas mentionner les violations de la liberté) dans
des tentatives futiles de nous sauver,
nous et notre société ouverte, de toute espère de terrorisme possible et imaginable – alors qu’il pourrait mieux garantir
notre sécurité en dépensant moins d’argent et en respectant nos libertés, en pratiquant une politique étrangère non
interventionniste ?
Bien sûr, l’évaluation de ce faible risque
changerait – mais pas de manière significative, étant donné l’importance de la
population et de la surface des ÉtatsUnis – si nous savions que le nombre de
terroristes augmentait. Mais nous pouvons être sûrs que, comme John Mueller
et Mark. G. Stewart l’affirment, le nombre des terroristes est minuscule. Comment le savons-nous ? Nous le savons
parce que nous ne voyons pas beaucoup
d’actes terroristes aux États-Unis.
Comme Mueller et Stewart le notent, le
11 septembre était clairement un cas particulier et la plupart des complots terroristes déjoués ont été initiés, ou du moins
facilités, par des indics du FBI. (Les attaques sur des installations militaires ne
doivent pas être considérées comme du
terrorisme. L’emploi de ce terme choc a
pour seul but de permettre aux gouvernements des États-Unis et d’Israël de ne
pas avoir à répondre de leurs assassinats.) Et les actes terroristes auxquels
nous avons assisté n’étaient pas très élaPage 4

borés.
Certaines formes de terrorisme sont difficiles à combattre. Le détournement
coordonné de plusieurs avions par des
hommes armés de cutters (bien que de
basse technologie) n’était pas une mission facile, et avec des verrous (de basse
technologie) sur les portes des postes de
pilotage, c’est devenu encore plus difficile. Mais d’autres formes de terrorisme
sont simples à mettre en œuvre si on est
prêt à mourir, ou si on veut mourir. Il
n’est pas sorcier de trouver le moyen de
tuer beaucoup d’innocents. Sayed Farook et Tashfeen Malik sont entrés dans
la salle bondée où les collègues de Farook étaient réunis pour un repas de fête
avec des armes achetées légalement ; ils
ont tué 14 personnes et en ont blessé 22.
En Israël, l’autre jour, un Palestinien a
foncé avec sa voiture dans un groupe
d’Israéliens qui attendaient l’autobus. Ce
genre d’acte ne peut être déjoué que si
les auteurs annoncent publiquement leur
intention de le faire, ce que clairement
Malik n’a pas fait. Et il est peu probable
que d’autres le fassent.
Si les États-Unis fourmillaient de cellules d’ISIS ou de loups solitaires, auto« radicalisés » nous assisterions à
beaucoup plus de violence. Juste après le
11 septembre, les officiels et les analystes ont certifié qu’il y aurait une
« deuxième vague ». Ça n’a pas été le
cas.
En outre, comme le soulignent Mueller
et Stewart, la plupart des terroristes potentiels semblent être des paumés incapables de faire exploser un sac en papier
pour en sortir et qui d’ailleurs ne s’y essayent que parce qu’ils y sont incité par
un indic du FBI. Ceux qui agitent l’épouvantail du terrorisme – à savoir l’industrie de propagande gouvernementale
médiatique des « expert du terrorisme »
– peignent les terroristes potentiels

comme une force invincible d’agents
d’élite dirigée par des « cerveaux supérieurs » qui sont des génies de la haute
technologie. (ces agitateurs, dont le but
est de semer la panique, voudraient nous
faire croire que le cryptage a été inventé
par ISIS.) Mais la réalité n’a rien à voir
avec cette présentation des choses. Tout
comme les Partisans de la guerre froide
avait intérêt, pour accroître leur pouvoir
et leurs richesses, à nous faire croire que
les Russes mesuraient trois mètres de
haut, le lobby de la guerre-contre-le-terrorisme a intérêt à nous persuader que les
« islamistes » sont d’une habilité diabolique ; ils vont bientôt fabriquer des
bombes atomiques en valise, nous laisset-on entendre, et les amener sur Times
Square.
Les candidats républicains à la présidentielle aiment à répéter que « nous
sommes en guerre. » Et donc, selon que
l’on compte ou pas la guerre froide, nous
serions dans la troisième guerre mondiale ou la quatrième guerre mondiale.
Quelle sottise ! Les attentats terroristes
en Occident démontrent, en fait, le caractère asymétrique de ce qui se passe
entre les Etats-Unis et ses cibles du
monde musulman. Le gouvernement
américain et ses complices mènent une
vraie guerre. Même si les forces terrestres sont (actuellement) faibles et que les
drones télécommandés prennent de plus
en plus le pas sur les bombardiers et les
hélicoptères de combat classiques, la
guerre que mène aujourd’hui l’Occident
n’est pas très éloignée de la guerre traditionnelle.
Les terroristes, eux, commettent
des crimes (des actes délictueux, donc)
contre des personnes aux États-Unis, en
France, etc. Ils tirent sur des gens qui
sont à des réceptions, des concerts, et
dans des restaurants. C’est horrible, mais
ce n’est pas la guerre. ISIS et Al-Qaïda

103.4
l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

n’ont pas d’armées capables d’envahir
les États-Unis, ni de marines, ni de forces
aériennes. Ils n’ont pas la capacité de
conquérir notre pays ni de faire tomber le
gouvernement. Il leur est absolument
impossible de nous vaincre. Nous seuls
en sommes capables.
« Nous » sommes en guerre contre eux.
Ils ne sont pas en guerre contre nous. Ils
recourent au terrorisme précisément
parce qu’ils – ou plus exactement ceux
qui les soutiennent dans le pays – sont
incapables de mener une guerre contre la
société américaine. Ceux qui ne cessent
de répéter qu’on est en état de guerre la
guerre savent très bien qu’un gouvernement sur le pied de guerre sera autorisé à
exercer un intolérable degré de pouvoir
sur nous. Les candidats présidentiels bavent d’envie à l’idée de devenir des commandants en chef.
Lorsque Rick Santorum, faisant écho à
ses rivaux présidentiels, affirme que
« l’islam radical est en marche et que ce
qu’ils veulent, c’est détruire le monde
occidental, » il cherche simplement à
augmenter les votes en sa faveur en agitant des peurs sans fondement. Quelques
« loups solitaires » ne font pas un « islam
radical », et leur projet (même en admettant qu’il soit celui-là) n’a aucun
d’intérêt puisqu’ils n’ont pas les moyens
de le réaliser. Mueller et Stewart parlent
d’un « terroriste » qui voulait renverser
la Sears Tower de Chicago, la faire tomber dans le lac Michigan, où elle créerait
(espérait-il) un tsunami qui submergerait
la ville, ouvrirait la prison et libérerait les
détenus. Allons-nous laisser de pareilles
sornettes nous empêcher de dormir ?
Comme je l’ai déjà dit, la guerre-contrele-terrorisme permet à ses cyniques supporters d’imposer aux Américains la
perte de leur liberté, la perte de leur vie
privée, la perte de leur prospérité, et un
stress inutile. Mais ce n’est pas tout : la
suspicion généralisée dont sont victimes
les musulmans américains (et d’autres)
va finir par provoquer la destruction du
corps social. On sait bien qu’ISIS et alQaïda veulent créer un fossé entre musulmans et non-musulmans en Amérique
et ailleurs. Les politiciens américains disent qu’ils ne veulent pas que cela se
produise, mais il est clair que leur rhétorique autoritaire ne peut qu’aggraver
l’hostilité envers tous les musulmans.
Sheldon Richman
( in mondialisation ca)

Entretien

HADJ 2015

La Coordination des Agences de Voyages demande un audit
Dans cette lettre ouverte adressée au
Président de la Fédération des associations islamiques du Burkina
(FAIB) par la Coordination des
agences de voyages, ces dernières demandent expressement un audit sur
l’organisation du hadj 2015.
Assalaamou Aléikoum
Monsieur le Président,
Voila bientôt deux mois et demi que les
derniers pèlerins ont foulé le sol du Burkina de retour de la Mecque, ayant accompli le cinquième pilier de l’Islam
qu’est le Hadj. Nous rendons grâce à
Allah qui a permis à la plupart d’entre
eux de retrouver les leurs et prions pour
le salut de ceux que le destin a arraché à
leur famille.
La présente lettre a pour objet de vous
relater les faits majeurs qui ont marqué
l’organisation du Hadj cette année et de
situer les responsabilités quant aux difficultés et défaillances constatées. Nous
pensons, en effet, qu’une clarification
est nécessaire au regard de ce qui se dit
autour de cette édition et de ce que nous
avons vécu en tant qu’acteur de l’organisation. En rappel, depuis 2010, l’Etat
met en place chaque année, et en accord
avec la FAIB, un comité de suivi du pèlerinage à la Mecque pour veiller au respect du cahier des charges par les
Agences de voyage, organisatrices du
Hadj. Ce comité est présidé depuis 2002
par un représentant de la FAIB qui est
logiquement le mieux placé pour défendre les intérêts des pèlerins et partant
ceux de la Oumma Islamique.
Pour l’édition 2015, des dispositions ont
été prises pour une relecture des textes
(cahier des charges des transporteurs, et
celui des organisateurs) afin de préserver les acquis et améliorer le processus
d’organisation. Cette relecture a permis
de préciser davantage le rôle du comité
qui est exclusivement celui du suivi et
non d’organisation. Ce qui laissait penser à juste titre que les ambigüités appartenaient au passé et que le comité se
cantonnerait à son rôle de gendarme et
d’interface administratif comme l’indique clairement les textes. Au lieu de
cela nous avons constaté que le comite
de suivi s’est érigé en comité d’organisation en contradiction flagrante avec les
dispositions du cahier des charges qui,
du reste, n’a été transmis aux agences
qu’au retour des pèlerins. Ce qui a eu
pour conséquence une gestion clienté-

liste de l’organisation et la fixation d’un
prix prohibitif du Hadj que nous avons
été obligés de combattre.
Nous retraçons ici les grandes lignes de
ces manquements et demandons par la
présente, en tant que premiers acteurs
concernés, qu’un audit soit effectué sur
cette gestion scabreuse du comité afin
de situer les responsabilités :
il ya eu le problème de l’inscription des
pèlerins sur la plateforme électronique
pour laquelle nous avons convenu lors
de l’atelier de réflexion et de relecture
des textes, de l’utilisation de la carte nationale d’identité ou du passeport. Les
textes précisent que chaque agence a la
faculté de modifier 5% du nombre total
inscrit. L’utilisation de la CNIB a dans
un premier temps, été interdite par le comité et cela a été préjudiciable à de
nombreux pèlerins qui s’étaient inscrits
avec ce document en attendant l’établissement de leur passeport et dont la plupart ont été privés de visa alors qu’ils
figuraient en bonne place sur les listes
de nos agences. Certaines agences ont
même utilisé des pièces fictives pour occuper les places et procédé par la suite à
des régularisations. Ce qui a occasionné
des dérapages et spéculations en tout
genre autour des pèlerins. L’objectif inavouable était pour le comité de prêter
main forte à certaines agences dont le
potentiel de recrutement était quasiment
nul. Le cahier des charges précise en son
article 8 qu’un agrément doit etre délivré
aux agences devant conduire les pèlerins
à la Mecque à condition que celles-ci
aient inscrit au moins cinq cent pèlerins.
Le comité n’a délivré aucun agrément et
nous constatons que ce manquement
grave avait pour but de favoriser un
groupe d’agences qui n’avaient pas le

nombre requis.
La gestion unilatérale par le comité du
transport des pèlerins qui a eu une
conséquence désastreuse sur le cout du
Hadj. Le prix du billet a, en effet, été
fixé à 1.183.000f Cfa avec pour seul argument la hausse du taux du dollar. A
titre de comparaison, le Niger a transporté ses pèlerins à 950.000f Cfa pour
cette même édition avec le même avionneur, à distance et au nombre de pèlerins quasiment identique (l’avionneur
était attributaire de la moitié des pèlerins du Niger), soit une différence de
233.490 f Cfa. Nous rappelons que le
cahier des charges des transporteurs stipule en son article 24 que les agences de
voyages prennent part aux négociations
avec le transporteur et qu’elles sont parties prenantes de la signature du contrat
avec celui-ci.
La mauvaise gestion du budget alloué
par l’état qui était de 85.000 f Cfa pour
l’édition 2015 du Hadj. En sus de ce
budget, le comité a inclus dans le prix
du Hadj, 25.510 f Cfa par pèlerin pour
des frais de transfert et la variation des
taux de change. Ce qui correspond à un
montant de 140 305 000 f Cfa payé par
les 5 500 pèlerins. Nous savons cependant que le cahier des charges du transporteur en son article 17 exige
l’ouverture d’un compte par celui-ci
pour recevoir ses paiements. Cela signifie que le comité n’a aucun transfert extérieur à effectuer puisque selon les
textes il ne devrait recevoir dans son
compte de la part des agences que le
montant correspondant au transfert des
pèlerins. Il a tout de même exigé au mépris des textes, le versement des
sommes correspondant à la restauration
à Mina et aux traveller chèque dont le

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

montant par pèlerin est passé de 149 000
f à 154 000f sans explication.
La mauvaise gestion des 1 100 visas
supplémentaires dont les agences tributaires trainent le passif en attendant le
remboursement intégral des montants
décaissés comme nous l’exigeons. Nous
avions en effet demandé au comité de
laisser le transport de ces pèlerins à l’initiative des agences compte tenu des impératifs de délai et de l’épuisement du
quota qui a fait l’objet du contrat de Nas
Air. Notre demande s’est vu opposée un
refus catégorique par le comité qui a
même pris en otage les passeports des
pèlerins jusqu’à ce que chaque agence
paye le montant du transport correspondant au quota qui lui était attribué. Nous
précisons à ce sujet que certaines
agences sont toujours en attente du remboursement de ces frais de transport
alors qu’elles doivent faire face aux réclamations des pèlerins.
Il en a résulté des tergiversations
jusqu’au coup de grâce porté par les
évènements des 16 et 17 septembre qui
ont empêché les pèlerins de prendre
l’avion. Voilà en résumé, Monsieur le
Président, les manquements graves
commis par le comité et dont l’ampleur
réelle ne peut être déterminée que par un
audit que nous appelons de tous nos
vœux pour une question de transparence
et de justice.
Assalaamou Aleikoum wa rahmatoullaahi
Ouagadougou, le 08janvier 2016
Pour la coordination
Le Président
Hadj Sana Abdoul Rahmane
Page 5

Entretien

MOHAMMED DOUMI SUR LA COALTION DES 35

« Cette coalition réussira, car c’est un engagement
contre les forces du mal »
Son Excellence Mohammed Doumi, ambassadeur pour la paix universelle de la fédération « Assalam internationale », nous a livré ses sentiments
sur la coalition des 35 pays musulmans qui partent en rang serré contre le terrorisme, un projet qui est piloté et conduit par l’Arabie saoudite.
Il s’est prononcé sur l’élection du nouveau président.
Excellence, 35 pays musulmans ont
signé un accord le 16 décembre dernier pour lutter contre le terrorisme,
avec leur à tête le royaume de l’Arabie saoudite. Vos impressions sur
cette nouvelle démarche ?
Tout d’abord, c’est de vous remercier
pour l’occasion que vous m’offrez afin
que je m’exprime encore une fois sur
des sujets d’actualité. Pour répondre à
la question, nous fondons un espoir
dans cet accord qui est piloté par l’Arabie saoudite en tant que gardienne des
lieux saints de l’Islam, qui a longtemps
été incriminée pour être un soutien au
terrorisme. Si aujourd’hui elle prend les
rênes d’une coalition, il n’y a pas de raison que l’on ne soit pas optimiste. C’est
dire également que l’Arabie Saoudite a
le droit de défendre son territoire, car à
l’allure où vont les choses, il risque
d’avoir des complications par la suite.
Et je crois que c’est pour cette raison
qu’elle a initié la coalition, quand bienmême elle n’est pas la seule à conduire
la lutte, puisque les pays arabes du Golf
et certains pays arabes du Maghreb et
de l’Afrique subsaharienne sont engagés volontairement dans la coalition.
La coalition a-t-elle des chances de
reussir ?
Je n’ai pas de doute que cet accord
aboutira parce que c’est un engagement
contre les forces du mal. Si c’est pour
plaisanter, c’est eux-mêmes qui s’exposent à une menace qu’ils auraient
provoquée.
Ne pensez-vous pas à une manœuvre
politique destinée à brouiller le jeu
dans la sous région, puisque le pays
même est pointé du doigt par certains rapports comme soutenant le
terrorisme ?
Je ne partage pas ce point de vue à partir du moment où l’Arabie saoudite engage son argent, ses hommes, ainsi que
les autres membres de la coalition dans
cette nouvelle dynamique, qui est une
première pour les pays musulmans.
Nous savons tous que les véritables

Page 6

soutiens du terrorisme, ce sont les pays
occidentaux.
Pour vous, l’Arabie saoudite est dédouanée de toutes les incriminations
avancées par-ci et par-là ?
La dernière fois, sur RFI, un témoignage d’un Irakien indiquait que certains combattants de l’Etat islamique
sont acheminés en Israël pour être soignés. Encore qu’il faut souligner que
l’Arabie Saoudite est frappée également par des attentats de l’Etat islamique et par des menaces d’autres
groupes. Si l’Arabie saoudite soutenait
les mouvements terroristes, cela devrait
se faire par des Fatwas, par les Savants
et les leaders d’opinions. Donc, dire
qu’il soutient le terrorisme, je demeure
sceptique.
Cet engagement diplomatique s’est
donné pour missions de coordonner
et d’appuyer les opérations militaires
de lutte contre le terrorisme et
contribuer aux efforts des autres
pays amis et des instances internationales dans ce domaine. Il témoigne

« du souci du monde islamique de
combattre le terrorisme et d’être un
partenaire dans la lutte mondiale
contre ce fléau », a déclaré le ministre
saoudien de la défense, Mohammed
Ben Salmane, lors d’une conférence
de presse à Riyad. Quelle lecture
faites-vous de cette déclaration ?
Comme je l’ai dit tantôt, c’est une coalition légitime qui rassemble 35 pays
volontaires d’obédience sunnite qui ont
décidé de s’engager pour lutter contre
le mal du terrorisme. Il faut également
comprendre que l’Arabie saoudite a un
statut particulier à l’instar du Vatican,
avec la confusion grandissante autour
du terrorisme, les lieux saints sont menacés, pour cette raison, il faut des mesures préventives adéquates. A titre de
rappel, le défunt Roi Fahd Ben Abdoul
Aziz s’est rendu au Vatican en 2007 et
avec le Pape Jean Paul II, il y a eu des
accords qui ont été signés pour la sauvegarde de la paix. La déclaration du
ministre Ben Salmane est en phase avec
cette vision de la sauvegarde de la paix.
Est-ce que ce n’est pas un médecin

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

après la mort au vu de la situation
actuelle du terrorisme qu’il semble
impossible de vaincre alors que l’on
devait avoir une telle coalition depuis
les attentats du 11 septembre 2001
afin de conjurer le mal ?
Reconnaissons que les Occidentaux
sont plus prévisibles en ce sens que les
musulmans. Ils ont l’art de se projeter
dans 50 voire 100 ans, un reflexe qui
manque aux musulmans. Après les attentats du 11 septembre 2001, les Etats
musulmans ont observé un peu le silence et la-non ingérence dans cette histoire. L’autre élément justificatif à votre
question, c’est l’acception politique des
pays arabes qui se trouvent à un niveau
bas par rapport à l’Occident. Et enfin,
les Etats arabo-musulmans ont compris
que d’autres menaces existent au-delà
du terrorisme notamment les illuminatis, les Franc maçons et bien d’autres
qui sont en train de pousser l’horreur à
son comble pour posséder le monde.
Donc, il faut prendre ses responsabilités.
Pensez-vous que la coalition à les
moyens stratégiques, logistiques qu’il
faut pour déclarer une guerre contre
la nébuleuse terroriste ?
Bien sûr, la coalition à ses stratégies qui
ne se disent pas dans un Journal ou à la
télé.
Dans cette coalition de lutte contre le
terrorisme, il y a une remarque que
nous avons pu observer, c’est le fait
que les 35 pays sont sunnites sans la
participation des Chiites. Pensezvous que l’on peut lutter contre le
terrorisme sans l’implication de
l’Iran et des groupes chiites ?
Ce n’est pas une ségrégation à l’encontre des chiites, c’est une stratégie de
lutte que de ne faire pas rentrer les
Chiites dans le jeu.
Pendant la signature de l’accord, le
Maroc, la Mauritanie et la Lybie sont
les autres membres maghebins de
cette coalition, tandis que l’Algérie

Entretien
n’y participe pas , à moins que les
choses aient évolué maintenant ?
C’est un engagement volontaire. Il se
pourrait que l’Algérie rejoigne les
rangs de la coalition plus tard. Il est reconnu que le service de renseignement
algérien est l’un des meilleurs dans le
monde.

didats malheureux au nouveau président élu. C’est extraordinaire. Chapeau-bas à tous les Burkinabè.
Maintenant, le choix du peuple s’est
porté sur Rock Kaboré, prions Dieu que
le programme de campagne soit mis en
application pour le bonheur de tous les
Burkinabè. Notre fédération, Assalam
internationale, promeut la paix.

Est-ce que cela n’est pas justement
une raison qui prouve que le terrain
est glissant et qu’il faut se maintenir
à distance à l’instar des pays africains comme le Sénégal et autres ?
A l’impossible nul n’est tenu, pour dire
qu’il n y a jamais le risquezéro. Mais le
danger sera plus grand si on ne s’engage pas pour conjurer le terrorisme
pendant que l’on peut circuler et faire
nos affaires librement.
Revenons au Burkina Faso pour
conclure. La transition conduit par
le président Michel Kafando est déjà
à terme. Quels bilan et appréciations
sur le processus ?
Je préfère le silence sur cette question.
Les Burkinabè dans leur majorité
ont porté leur choix sur la personne
de M. Rock March Christian Kaboré

Qu’avez-vous à dire sur ce nouveau
président que vous connaissez bien ?
C’est un homme que je connais personnellement bien pour l’avoir côtoyé à
plusieurs reprises. C’est un personnage
qui comprend et qui est attentif. Je crois
en cet homme.

pour gérer la destinée du pays. Que
pensez-vous de ce choix ?
Nous sommes des observateurs de la
politique internationale avec « Assalam
internationale ». Sincèrement et honnêtement, les élections se sont bien dé-

LUTTE CONTRE LE CANCER

Une association voit le jour

roulées. La plus grande leçon à retenir
dans l’histoire des élections au Burkina
Faso est celle là, avec des exemples à
l’appui. Quand on ne constate aucune
violence pendant le déroulement du
vote, des félicitations de la part des canformée sur comment se prémunir
contre cette maladie.
Le RICCA veut faire dans la sensibilisation à grande échelle. Il s’engage
également à publier toute information

Votre appel aux nouvelles autorités
burkinabé ?
A notre niveau, nous insistons sur la
culture de la justice sociale, le civisme
et la relance de l’économie. L’écoute
des différentes composantes de la nation, c’est important pour un pouvoir
qui veut travailler pour le peuple. Et
c’est ce que nous demandons aux nouvelles autorités.
Entretien réalisé
par Arounan Guigma
utile sur le cancer. Pour toutes fins
utiles, le siège du RICCA est à la SOCODIB, à Ouaga 2000.
GUIRO SAYOUBA

LES DIFFERENTS POINTS DE VENTES

L

e Réseau international de lutte
contre le cancer(RICCA) vient
d’être porté sur les fonts baptismaux. Son combat, c’est lutter contre
le cancer. Une conférence de presse a
été animée à cet effet, le Jeudi 23 décembre 2015, afin de dévoiler le nou-

veau bébé, ses ambitions et les actions
qu’il compte mener sur le terrain.
Alain Kiendrébéogo est le président de
RICCA. Apolitique et à but non lucratif, le RICCA a obtenu son récépissé en
septembre 2015. Il s’engage à travailler
à permettre à la population d’être in-

LA SURFACE
SONACOF
NAWFAL
NATIFA MARKET/ZOGONA
KIOSQUE FACE AMBSSADE
DU GHANA
KIOSQUE CHEZ ALOIS
FACE ZACA
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KIOSQUE /FACE CITE AN III
LES POINTS DE VENTE /
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l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

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76 25 99 14
BOBO DIOULASSO :
EL HADJ MONE OUMAROU
78 13 39 65
KOUDOUGOU :
DABONE SADA 70 15 58 47
HOUNDE : ZOUNDY SEYDOU: 74 77 97 13

Page 7

Société

SECURITE ROUTIERE

Le REJSER prêt pour le combat
Le Réseau des journalistes et communicateurs pour la promotion de la sécurité routière (REJSER) a officiellement lancé ses activités sous le thème : « contre l’insécurité routière, mobilisons-nous », ce mercredi
30 décembre 2015 à Ouagadougou. Leurs activités seront surtout centrées sur des actions de plaidoyers
et d’interpellations à l’endroit des patrons de presse, des autorités législatives et gouvernementales sur les
questions de sécurité routière. À ce jour, plus d’une trentaine de journalistes et communicateurs sont
déjà membres de ce réseau. Les activités débuteront dans la troisième semaine du mois de janvier 2016.
Cette activité a eu comme parrains, Bagnomdé Bakiono, directeur général de la radio Ouaga FM, et
Charles Kaboré, le capitaine des Etalons.

«

La vie est un bien inestimable ».
C’est sur ces mots que le représentant du directeur général de
l’office national pour la sécurité routière (ONASER), E. Antoine Ky, a officiellement lancé les activités du
REJSER. La sécurité routière concerne
toutes les couches sociales. Selon les
statistiques récentes, la route tue plus
que le SIDA. C’est ainsi que « le REJSER  se  fixe  pour  mission  de  susciter
l’engagement des hommes de média en
vue  d’une  synergie  d’action  dans  la
lutte    contre  l’insécurité  routière  et
d’accompagner le gouvernement dans

Page 8

la mise en œuvre de la politique nationale  de  sécurité  routière  »,  nous a
laissé entendre le président du réseau,
Léopold Kaboré. A la suite du président
burkinabé qui a promis d’œuvrer à éradiquer l’incivisme, le réseau veut apporter sa part de contribution dans la
lutte contre ce fléau en matière de sécurité routière. Au-delà de l’interpellation des autorités, une sensibilisation
permanente des usagers est au menu
des activités du réseau, afin de leur inculquer la courtoisie en circulation. En
2013 et 2014, plus de 19.000 accidents
ont été enregistrés et respectivement

plus de 11.250 et 954 cas de décès ont
été observés suites à ces accidents de
circulation. Les traumatismes dus aux
accidents de la circulation routière représentent la huitième cause de décès
dans le monde et la première cause de
décès chez les jeunes âgés de 15 à 29
ans. Plus de 80% des décès et traumatismes dus aux accidents de la route
surviennent dans les pays à plus faible
revenu.
Les actions du gouvernement
contre l’incivisme
Après la création de l’ONASER, sur le

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

plan institutionnel, on a vu la création
de la direction centrale de la sécurité
routière. Au plan du renforcement du
personnel de sécurité routière, il y a le
recrutement chaque année des volontaires adjoints de sécurité. Aussi plusieurs décrets et arrêtés ont-ils été pris
en matière de sécurité routière. Pour le
co-parrain, Bagnomdé Bakiono, directeur général de la radio Ouaga
FM, « toute personne motorisée doit
posséder un permis avant qu’on puisse
lui ventre un engin  à 2, 3 ou 4 roues».
Avant de terminer, le co-parrain a lancé
un vif appel aux forces de sécurité et de
défense afin que ces derniers soient davantage présents sur nos routes. « On a
besoin  des  policiers  permanemment
pour réglementer la circulation », a-til interpellé.
Quel pourrait être la contribution
des médias ?
Le représentant du DG de l’ONASER
loue la création de ce réseau : « il faut
reconnaitre qu’à travers les médias on
atteint beaucoup plus de personnes en
matière  de  sensibilisation  ». Ainsi,
l’ONASER encourage le réseau et
s’engage à le suivre et le soutenir dans
ses activités. Le co-parrain, DG de
Ouaga FM, promet la création et l’innovation des émissions pour l’éducation des populations en matière de
sécurité routière dans son organe.
Parmi les solutions que le réseau propose pour la lutte contre ce fléau, une
relecture complète des différents codes
régissant la sécurité routière s’impose.
Il faut souligner que la cérémonie de
lancement a connu la participation des
artistes, qui sont déjà engagés dans la
lutte contre l’incivisme.
(Correspondance
particulière)

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l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

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La Musulmane

GENRE

Homme et femme sur le plan scientifique
«On ne naît pas femme mais on le devient.» Simone de Beauvoir n’avait que partiellement raison
dans cette affirmation. Elle avait raison dans le sens où parfois, c’est une véritable humiliation
qui est imposée à la femme par certaines sociétés ou cultures. Elle avait tort dans la mesure où il
est maintenant prouvé que la femme et l’homme connaissent, chacun de son côté, certaines spécificités dans les domaines physique, physiologique et même mental. Article du Cheikh Anas
A) Humanité commune,
particularités secondaires :
Si la femme et l’homme sont tous deux
des humains à part entière, de légères
particularités biologiques les marquent
chacun de son côté : la femme porte la
«marque de fabrique» chromosomique
XX, l’homme la «marque de fabrique
XY». A partir de là, leur développement
aux stades successifs de fœtus, d’enfant,
d’adolescent et d’adulte vont suivre
deux chemins à la fois proches et légèrement différents. Les données suivantes sont toutes extraites de plusieurs
numéros du magazine Ca m’intéresse
(les 197, 211, 223)...
Dans le domaine physique :
Dans le domaine physique, les hommes
ont, indiscutablement, une puissance
plus importante que la femme. En
moyenne leur taille est plus grande,
leurs muscles plus volumineux, leurs
capacités cardiaque et pulmonaire plus
grandes.
Les femmes, pour leur part, se démarquent en matière de résistance physique. De plus, elles conservent
certaines facultés plus longtemps que
les hommes (ainsi en est-il de la faculté
auditive).
Les œstrogènes et progestérones - hormones très présentes chez la femme sont responsables bien sûr du cycle
menstruel - absent de la vie masculine , mais aussi de la production du bon
cholestérol - ce qui les expose moins
aux maladies cardiaques.
La testostérone - hormone que les
hommes produisent beaucoup plus -,
est, elle, responsable du caractère masculin particulier, «plus agressif». C’est
également elle qui est la cause de la plus
importante pilosité chez les hommes
(notamment au niveau de la barbe, des
moustaches, etc.).
Sur le plan intellectuel :
Sur le plan intellectuel, homme et
femme se valent globalement. Le cerveau féminin possède en moyenne 150

Page 10

g de moins que celui des hommes, mais
ce léger écart n’entraîne pas de différenciation particulière sur le plan de
l’intelligence. De plus, les hémisphères
cérébraux sont plus symétriques chez
les femmes que chez les hommes, de
même que le développement des
connexions entre eux est également
plus
important
chez
elle.
Les hommes font une utilisation plus
intensive de l’hémisphère droit - qui
permet la perception de l’espace; d’où
une meilleure représentation de l’espace et une plus grande réussite dans
certains test qui mettent en œuvre des
dessins à trois dimensions. Ils sont également meilleurs en mathématiques.
Pour leur part, les femmes sollicitent,
autant que le droit, leur hémisphère
gauche - lequel intervient dans l’usage
de la parole. Elles apprennent donc à
parler plus tôt, sont prédisposées à un
meilleur dialogue, et souffrent moins
que les hommes de problèmes de langages (bégaiement, etc.).
Sur le plan émotionnel :
Si les émotions fondamentales sont les
mêmes entre hommes et femmes, les
expressions de ces émotions sont différentes entre les eux et elles. Témoin le
texte suivant.
«Bernard et Bernadette sont en voiture.
Bernadette  demande  à  son  mari  :
«Veux-tu t’arrêter pour boire quelque
chose ?» «Non merci», répond celui-ci,
et ils continuent leur route. Rapidement,

Bernadette manifeste son mécontentement.  Bernard,  perplexe,  s’interroge.
Jusqu’au moment où il comprend que
sa femme voulait, elle, s’arrêter. Pourquoi ne pas le lui avoir tout simplement
dit ? «Les femmes, c’est compliqué», disent les hommes. «Il ne me comprend
pas», se plaignent-elles de leur côté.»
Souvent utilisé par les sociolinguistes,
cet exemple est révélateur du rapport
qu’homme et femme entretiennent avec
leurs émotions, leurs désirs, la façon
qu’ils ont de les exprimer et les malentendus qui en résultent.
On peut imaginer que si cette même situation dégénérait en scène de ménage,
ce serait Bernadette qui fondrait en
larmes, et Bernard qui s’enfermerait
dans un profond mutisme pour les restant du trajet, et non l’inverse. Alors que
la peine ressentie par l’un et l’autre serait
exactement
la
même.
Si les parents de Bernard ne lui avaient
pas enseigné à «ne pas pleurer pour devenir un homme» lorsqu’il était petit, ne
serait-ce pas lui qui, dans cette même
circonstance, aurait fondu en larmes ?
Rien n’est moins sûr. Malgré une composante chromosomique commune,
[certaines particularités demeurent].
«On sait que la testostérone, l’hormone
mâle,  émousse  l’expression  émotionnelle et inhibe les peurs» explique le
psychiatre Alain Braconnier, [auteur du
livre Le sexe des émotions, Edile Jacob,
1996]. Les hommes ne pleureraient que
dans des situations émotionnelles parti-

culièrement intenses, un deuil par
exemple. A l’inverse, il arrive que certains jours, les femmes éclatent en sanglot sans motif apparent (…). Bref, non
seulement les hormones ont un sexe,
mais leur effet est psychologique autant
que physiologique. (…)
Si les émotions appartiennent à tous, la
façon, de les faire partager change selon
le sexe. «Ce qui nous différencie depuis
notre plus jeune âge, c’est la manière
de les exprimer. Les hommes le font plus
brusquement que les femmes, qui, elles,
les verbalisent mieux et les commentent
longuement», souligne Alain Braconnier» (Ca m’intéresse n° 223, pp. 5254).
Sur le plan psychologique :
Les femmes plient mais ne craquent
point. Elles souffrent moins de psychoses, se suicident moins. Les
hommes, eux, sont souvent les victimes
de leur propres excès et de leur agressivité plus marquée.
Des chercheurs pensent que cette légère
différence serait peut-être dû au fait
que, dès la vie fœtale, le cerveau de la
petite fille baigne dans les œstrogènes,
celui du petit garçon dans la testostérone.
B) Inné et acquis :
Il va sans dire qu’à l’inné s’ajoute l’acquis (éducation parentale, culture, repères sociaux). Mais l’on ne saurait nier
que si femme et homme sont tous deux
humains à part entière, ils présentent les
différences qui ont été citées ci-dessus
et qui ne peuvent donc toutes être imputées à l’acquis. Simone de Beauvoir
n’avait donc que partiellement raison
lorsqu’elle disait : «On  ne  naît  pas
femme mais on le devient.» (Dieu sait
mieux).
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Le saviez-vous

L

Comment l’islam voit le corps et ce qui y est lié

’islam ne considère pas le corps
humain comme étant le résultat
d’un «péché originel», concept
totalement inconnu en islam. Pour l’islam, Dieu a au contraire voulu l’existence de l’âme et du corps. Ni ce corps,
ni ses particularités et ses exigences ne
sont marqués négativement. Pour l’islam, l’homme n’a pas à chercher à
écraser son corps par son âme, mais à
vouloir coordonner ses besoins physiques avec ses exigences spirituelles,
son cœur, encadré par la révélation divine, étant la norme lui indiquant le
droit chemin. Aussi, des actes aussi

«terrestres» que le manger, le boire,
l’hygiène ou l’acte sexuel, sont sacrés
dès lors qu’ils sont faits dans le respect
de la norme et avec le souvenir de Dieu
(qui reste cependant le seul être auquel
l’homme doit vouer un culte).
Ainsi, l’islam ne marque-t-il pas négativement la sexualité humaine, mais
fixe-t-il des limites pour son expression
: l’islam est pour la famille – dont la
base fondatrice est le mariage –, et est
opposé à la fornication et l’homosexualité. La corporalité et la sexualité
n’étant pas en soi des éléments négatifs, aucune limite n’existe quant au re-

gard et à l’intimité des conjoints :
chaque conjoint a le plein droit, en
islam, de regarder la totalité du corps
de l’autre, et les époux ont le droit de
vivre pleinement leur sexualité : lisez à
ce sujet notre page Les règles à respecter lors des relations intimes.
En dehors du cadre matrimonial, l’islam a cependant fixé des limites aux regards masculin et féminin et aux
relations hommes-femmes, et ce toujours dans l’idée d’orienter l’instinct
humain et de protéger la spiritualité et
la famille. En effet, l’intimité de son
corps est quelque chose qu’on réserve à

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

son conjoint et à lui seulement, et le fait
de le préserver même des regards du
public revient non pas à en avoir honte
mais à faire preuve de pudeur. La
«honte par rapport au corps» consiste à
ne pas se sentir bien dans sa peau, ou à
considérer son corps comme une tache,
une chose marquée négativement. Elle
est différente du fait de dissimuler ses
attraits en public, ce qui relève de la
«pudeur», qui n’implique pas qu’on
ait honte de son corps mais qu’on en réserve les attraits aux seuls regards de
l’être avec qui on a choisi de s’engager.

Page 11

Ailleurs

TENSION ARABIE SAOUDITE-IRAN

Les dessous d’un conflit

Les tensions dans un Moyen-Orient déjà ravagé par la guerre ont augmenté fortement dans le
sillage des exécutions en masse du 2 janvier de 47 prisonniers, dont un religieux chiite de premier plan qui avait critiqué la monarchie au pouvoir et l’oppression de la minorité chiite de la
population de l’Arabie saoudite.

L

’Arabie Saoudite et les pays de
la Ligue arabe ont coupé tous
les liens diplomatiques avec
l’Iran, utilisant des protestations de colère contre la décapitation de l’imam
chiite, le cheikh Nimr al-Nim comme
prétexte. Il était en prison depuis 2012,
tandis que la majeure partie de ceux décapités ou fusillés étaient des sunnites
accusés d’implication dans les attaques
d’Al-Qaïda à l’intérieur du royaume.
Ils avaient été emprisonnés pendant
plus d’une décennie. Lier l’exécution
de Nimr avec les leurs avait le but de
signaler que l’opposition chiite à la monarchie absolue relevait du terrorisme.
La monarchie saoudienne a poursuivi
sa rupture des liens diplomatiques avec
l’annonce qu’elle interdit également
tous les vols à destination et en provenance de l’Iran et coupe les liens commerciaux. Les actions saoudiennes ont
été suivies par Bahreïn et le Soudan qui
ont aussi rompu les liens diplomatiques
avec l’Iran. Bahreïn, qui abrite la Cinquième Flotte américaine, est un pays à
majorité chiite gouverné par une monarchie sunnite. Pour sa part, le Soudan, un ancien allié de l’Iran, a changé
de camp l’an dernier après des investissements saoudiens lourds dans l’économie soudanaise, y compris un dépôt
à la banque centrale du Soudan estimé
par la presse à 4 milliards de dollars des
Saoudiens et de leur Conseil de coopération du Golfe.
Un autre Etat pétrolier sunnite du golfe,
les Émirats Arabes Unis, a réduit ses
relations diplomatiques avec Téhéran,
sans aller jusqu’à la rupture de tous les
liens avec ce pays, dont il est un partenaire commercial majeur.
Le Ministère des Affaires étrangères de
l’Iran a condamné le régime saoudien
pour l’utilisation des manifestations
comme prétexte pour couper les liens
et aggraver les tensions. «  L’Arabie
saoudite ne voit pas seulement ses intérêts mais aussi son existence dans la
poursuite  des  crises  et  des  affrontements et des tentatives pour résoudre
ses problèmes internes en les exportant
à l’extérieur », a déclaré le porte-parole
du ministère Hossein Ansari Jaber
Page 12

Cheikh-Nimr-al-Nimr
lundi.
Des manifestations de masse ont continué dans le sillage des tueries d’État.
Dans un signe inquiétant que l’action
saoudienne attise les conflits sectaires,
deux mosquées sunnites dans la région
de Hilla, à environs 80 km au sud de
Bagdad, ont été secouées par des attentats à la bombe. Un muezzin a été tué
dans l’une des mosquées. Dans une attaque séparée, l’imam sunnite d’une
mosquée à Alexandrie en Irak central a
été abattu par des hommes armés.
Pendant ce temps, le régime saoudien
lui-même a rapporté une fusillade mortelle dans la ville natale de Cheikh
Nimr de Awamiya, dans la province
orientale de l’Arabie saoudite à majorité chiite. Les objectifs politiques de
cette provocation sont à la fois extérieurs et intérieurs. Elle a été montée à
peine trois semaines avant le début des
pourparlers de paix syriens qui doivent
commencer à Genève et à moins de
deux semaines des pourparlers sous

l’égide des Nations-unies qui doivent
reprendre pour une sortie de la guerre
de neuf mois menée par l’Arabie saoudite au Yémen.
Dans le milieu officiel à Washington,
la réaction aux décapitations de masse
et à l’assassinat judiciaire de Cheikh
Nimr a été au mieux modérée. Il n’y a
eu aucune condamnation directe, et
aucun haut fonctionnaire n’a même
prononcé une déclaration officielle.
Des tensions ravivées
Le sunnisme compte près de 1,4 milliard de fidèles (plus de 85 % des musulmans), du Maghreb à l’Indonésie. Il
est lui-même traversé par plusieurs
courants et le wahhabisme, la lecture
ultraconservatrice défendue, n’est que
l’une d’elles, pas la plus répandue.
L’Iran s’est toujours voulu le champion
des quelque 200 millions de chiites (10
à 13 % des musulmans), plus encore
après la révolution islamique de 1979,
qui a instauré une république islamique

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

avec un ayatollah à sa tête.
La Turquie, l’Iran et les États arabes
modernes sont les héritiers d’empires
concurrents (la Perse, les califats
arabes, l’Empire ottoman) dont les
frontières n’ont cessé de fluctuer
jusqu’au XXe siècle.
Si la Turquie kémaliste a résolument
tourné le dos au Moyen-Orient pendant
tout le XXe siècle, la rivalité s’est perpétuée entre l’Iran et les Arabes.
L’invasion de l’Irak par les États-Unis,
en 2003, et le démantèlement du régime du parti Baas (nationaliste arabe)
a provoqué la fureur des Saoudiens :
instaurer une démocratie, c’était livrer
le pouvoir à Bagdad à la majorité
arabe, certes, mais chiite de ce pays.
Or le chiisme est vu, et par Téhéran depuis la Révolution islamique de 1979,
et par les Saoudiens comme un vecteur
de l’influence iranienne.
L’Iran ne se contente pas d’un rôle de
protecteur des chiites arabes. Il les finance, les dote de milices qu’il entraîne
et arme. Téhéran conçoit le pouvoir
alaouite de Damas, le Hezbollah au
Liban, les milices chiites en Irak ou la
guérilla houthiste au Yémen comme
autant de points d’appuis dans son face
à face avec Riyad et les sunnites.
Par-dessus tout, les tensions sectaires
sont bien réelles mais le clivage sunnite-chiite est avant tout un outil puissant dans cette lutte d’influence
géostratégique, politique, religieuse et
économique dans la région. Le poids
géopolitique de l’Arabie Saoudite est
une réalité qui en fait un acteur clé pour
la stabilisation des crises régionales. En
revanche, comme à la décapitation de
l’Ayatollah Nimr al-Nimr (Ayatollah
étant le titre le plus élevé dans la hiérarchie cléricale chiite) n’est autre que
l’utilisation de la division sectaire (la
carte anti-chiite/anti-Iran) qui permet à
court terme au royaume saoudien de
rallier à la fois les sunnites en Arabie
Saoudite et dans la région face à ce
qu’il présente comme la menace chiite.
D’ailleurs, les États-Unis avaient mis
en garde l’Arabie Saoudite qui n’ignorait pas que des réactions violentes
ainsi que des divisions sectaires résulteraient de l’exécution du chef religieux chiite. Le retour de 464 pèlerins
iraniens dans des cercueils a été un
choc mais l’Iran n’a pas rompu ses relations avec Riyad. Pourtant, l’attaque
injustifiée de l’ambassade saoudienne
(condamnée par le pouvoir iranien malgré son inefficacité pour la protéger) a
servi de prétexte pour que Riyad monte
une coalition avec ses alliés (les Emirats Arabe Unis, Bahreïn, le Koweït et

Ailleurs
le Soudan) pour tenter d’isoler l’Iran.
Concurrence pétrolière
Et la levée des sanctions
contre l’Iran en 2015, conséquence de l’accord sur le nucléaire de juillet dernier, va
permettre à la République islamique de mettre en vente
chaque jour 500 000 barils
de brut alors que l’offre est
déjà pléthorique.
Le pétrole n’est pas étranger
à la guerre par procuration
que se livrent l’Arabie et
l’Iran au Yémen : la marine
iranienne fait peser une menace sur le détroit d’Ormuz,
par lequel les pays du Golfe
écoulent l’essentiel de leur
pétrole.
Si la guérilla chiite du
Yémen prenait le contrôle
d’Aden, l’Iran gagnerait un
droit de regard sur le détroit
de Bab el-Mandeb, au débouché de la mer Rouge, et
menacerait aussi l’autre
grande porte de sortie du pétrole saoudien.
Bouleversement des équilibres géopolitiques
Dans les années 70, la doctrine de Nixon et de son
conseillé à la sécurité nationale Henry Kissinger était de
laisser la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient à ses
deux alliés «piliers» dans la
région. Selon la Twin Pillar
Policy, l’Iran et l’Arabie
Saoudite étaient devenus les
gendarmes du Moyen-Orient
alors que les États-Unis
étaient enlisés dans le bourbier vietnamien.
Cependant, cet équilibre a
été rompu lors de la révolution islamique de 1979 qui a
mis un terme à ce cadre de
sécurité régionale américain

dans la région. Washington a
maintenu son alliance avec
Riyad tandis que l’inimitié
avec l’Iran s’installait. La
monarchie saoudienne s’est
très vite sentie menacée par
la volonté de Téhéran d’exporter sa révolution à travers
la région et face à ces
craintes, l’Arabie Saoudite et
les monarchies arabes du
Golfe persique ont soutenu
Saddam Hussein.
L’Iran
s’est
donc
retrouvé endigué par les menaces arabes sunnites. Après
les attaques du 11 Septembre
2001, les conséquences des
invasions américaines de
l’Afghanistan et de l’Irak ont
provoqué un état de panique
dans le royaume saoudien.
Après avoir encerclé l’Iran et
soutenu son invasion, Riyad
se retrouve en difficulté face
à ce que Vali Nasr appela le
renouveau chiite (The Shia
Revival, 2006) car c’est désormais l’Arabie Saoudite qui
est encerclée.
Du point de vue de Riyad, le
renversement géopolitique
actuel redonne à l’Iran une
place dominante dans la région ; aux dépens de l’Arabie Saoudite. Suite à l’accord
sur le nucléaire, l’Iran va
monter en puissance, sa
sphère d’influence va donc
logiquement s’étendre. Ceci
explique forcément cela,
avec ces Etats, toutes les hypothèses sont à prendre en
compte. Dans cette cacophonie, nul ne sait où se trouve
la vérité. Souhaitons que cela
ne dégénère en conflits sanglants où des innocents vont
encore payer le lourd
tribut 1
Synthèse de
Mohamed Djamil

PALESTINE

Nouvel an, nouvel espoir

Au début de chaque nouvelle année, les Palestiniens, comme les autres peuples
du monde, espèrent, même si leurs espérances ne sont pas les mêmes. Nous
vous proposons cet article publié dans mondialisation ca.

I

ls espèrent la fin de l’occupation, la libération de leurs territoires occupés, ils espèrent
l’arrêt total de cette colonisation israélienne
illégale, ils espèrent la levée d’un blocus inhumain sur la population civile de Gaza, ils espèrent la sortie de tous leurs prisonniers, ils
espèrent un changement, ils espèrent un rôle objectif de la communauté internationale, et l’instauration d’une paix juste et durable dans leur
région.
L’année 2015 s’est écoulée, l’année 2016 arrive
et rien ne semble nouveau pour le peuple palestinien toujours occupé, et qui subit quotidiennement, de plus en plus d’agressions israéliennes.
Une année se termine, une autre s’annonce, sans
aucun changement pour lui.
Une année s’efface, une autre frappe à la porte, et
les perspectives pour une solution du conflit israélo-palestinien sont absentes.
Une année marquée par la souffrance des Palestiniens s’éloigne et une autre plus difficile encore
s’approche.
L’année dernière a été marquée par l’accélération
de la colonisation israélienne dans les territoires
palestiniens, la poursuite des leurs agressions
contre les civils, la monté de l’extrême droite en
Israël, le déclenchement d’un soulèvement populaire par une jeunesse palestinienne désespérée, le maintien de la division inter palestinienne,
et le maintien d’un blocus inhumain contre la po-

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

pulation de Gaza, mais elle a été marquée
surtout par l’absence de perspectives pour
l’avenir.
La fin de 2015 et le début de 2016, ont
connu de nouvelles attaques et agressions
israéliennes contre les Palestiniens, en
Cisjordanie et dans la ville de Jérusalem,
ainsi que de nouveaux raids et bombardements israéliens contre la bande de Gaza,
qui ont causé la mort de beaucoup de civils.
Cette nouvelle année 2016, avec le silence
complice de la communauté internationale, sera la même que la précédente, avec
la même politique israélienne agressive
envers les Palestiniens.
Cette nouvelle année sera la même que l’année
dernière, et la tendance sera la poursuite de la colonisation israélienne, et de la souffrance des Palestiniens.
En dehors de la solidarité internationale à leur
cause juste, une solidarité qui s’élargit partout
dans le monde, les Palestiniens ne voient pas de
fin rapide à leur souffrance.
Mais, malgré cette situation stagnante et avec
leur maladie d’espoir, ils continuent de vivre.
En ce nouvel an, nous serons encore plus déterminés, nous affronterons avec une volonté remarquable et une patience extraordinaire toutes
les mesures de l’occupation israélienne. En cette
nouvelle année 2016, nous resterons toujours débout, nous ne partirons pas, nous continuerons
notre résistance, c’est ici notre terre, nous resterons plus que jamais attachés à notre patrie.
En ce nouvel an, nous continuerons d’espérer,
d’espérer, car nous n’avons pas d’autre choix que
d’espérer : espérer une paix durable, une paix
qui passe avant tout par la justice.
En 2016, les Palestiniens continueront certes de
souffrir à cause des mesures israéliennes, et à
cause du silence de la communauté internationale, mais 2016 sera surtout l’année de l’espoir
pour toute une population sous occupation.
Ziad Medoukh

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Monde musulman
EDUCATION

L’Islam associé au « terrorisme »
dans les manuels scolaires
Les manuels scolaires véhiculent des préjugés sur l’Islam, fait que nous avons relevé à
la rentrée 2014 suite à l’étude de livres par
un historien et un sociologue. Aujourd’hui,
le constat est tout aussi alarmant sur ce
même sujet. En effet, l’Islam est largement
stigmatisé dans les manuels scolaires.
L’étude a été menée par la sociologue […
En effet, l’Islam est largement stigmatisé
dans les manuels scolaires. L’étude a été
menée par la sociologue Béatrice MabilonBonfils et l’historien François Durpaire.
Après avoir analysé l’image de l’Islam dans
15 manuels d’histoire de classes de 2nde,
1ère et Terminale, ces chercheurs ont conclu
que l’Islam est associé au champ lexical du
terrorisme. Les deux chercheurs ont intitulé
leur ouvrage paru le 7 janvier « Fatima
moins bien notée que Marianne », titre symbolique et illustrant la stigmatisation. La sociologue et l’historien n’ont pas seulement
relevé la stigmatisation dans les manuels
scolaires mais également les préjugés dont
font l’objet les écoliers de confession musulmane au quotidien.
Quant aux constats concernant les manuels
d’histoire, les deux chercheurs soulignent
que le terme Islam est associé aux mots « attentats », « islamisme », « terrorisme », « 11Septembre », « Ben Laden » ou « Al-Qaida
». Ils relèvent également que l’Islam est présenté comme religion étant « étrangère à la
France », comme l’explique Le Monde.
L’historien François Durpaire tient à souligner le danger de cette stigmatisation normalisée : « Une telle représentation de
l’islam peut conduire à alimenter une phobie
et à produire une vision caricaturale de cette
religion ». La phobie et la vision caricaturale de l’Islam sont déjà bien présentes au
sein de la société française. Cela dit, ces ressentiments sont alimentés et encouragés par
les manuels scolaires : quelle image cette
jeunesse française aura-t-elle donc de l’Islam aujourd’hui et demain ?

ANNEE 2015

Les 10 musulmans
qui ont marqué l’année

elles sont de confession musulmane.
1ère place : AKON : Le chanteur et producteur célèbre est à l’origine du programme ALA, Akon Lignting Africa, qui a
fourni l’électricité à plus de 600 millions
d’africains privés d’énergie.
2nde place : Ahmed Mohammed : C’est
un jeune collégien avec un exploit : avoir inventé une horloge en forme de bombe pour
laquelle il s’est retrouvé au commissariat !
Son histoire a fait le tour de la terre grâce à
Facebook et Twitter dont les internautes lui
ont apporté leur soutien, y compris Barack
Obama et Marc Zuckerberg… rien que ça !

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ANGLETERRE

Le calendrier scolaire s’adapte
à l’Islam

3ème place : Hassan Minhaj : Comédien
faisant partie de l’équipe de la très célèbre
émission The Daily Show, cet indien américain musulman utilise son arme préférée
pendant le prime time télévisé, pour lutter
contre les stéréotypes et les préjugés : l’humour !
4ème place : Rachid Yazami : Ce chercheur marocain très connu, après avoir
conçu, dans les années 80, la batterie au lithium, fait parler de lui en 2015 pour avoir
inventé une puce capable de recharger les
batteries des smartphones et voitures électriques en 10 minutes seulement.
5ème place : Mohammed Zeyara : Étudiant en médecine, youtuber et conférencier
a soulevé un demi million de dollar pour le
Mali, ayant été élu par les internautes du
monde entier comme le pays ayant le plus
besoin d’aide.
6ème place : Ahmad Hussam : Le réalisateur s’est donné comme mission de faire
passer la série Salaheddine Eyyubi sur la célèbre chaîne Netflix qui a cédé sous la pression. Même si le projet n’a finalement pas
eu lieu, le producteur de cinéma nous montre quand même que la force de persuasion
est une qualité qui en vaut souvent la peine.
7ème place : Hussein Manawer : Vainqueur du premier prix du concours Global
Rising Star, ce jeune leader proposant des
solutions innovantes sur des questions sociétales, s’est battu, quant à lui, pour une
cause: la santé mentale chez les jeunes. Il
remporte un voyage dans l’espace avec
XCOR Space.
8ème place : Aziz Sancar : Premier turque
à remporter un prix Nobel, il est décoré,
avec ses collaborateurs Paul Modrich et
Tomas Lindhal, de celui de chimie pour ses
travaux sur la réparation de l’ADN.

2015 aura été une année en or pour ces 10
personnalités choisies par le site
mvslim.com. Qu’elles soient déjà connues
du grand public ou encore toutes jeunes,
chacune d’entre elles a apporté sa contribution pour rendre le monde meilleur ou a
laissé une trace dans les esprits l’année dernière. Elles ont toutes un point commun :

dateur de 3BL Assiociates, dont la mission
est de ré inventer un système énergétique
plus durable.
Cet échantillon de jeunes et moins jeunes
musulmans nous montrent une chose, c’est
qu’il faut persévérer lorsque nous avons un
but, que l’on œuvre pour une cause noble,
utile aux autres, ou que l’on se tienne debout
pour dire une vérité.
(…) Vraiment Nous ne laissons pas perdre la récompense de celui qui fait le bien.
Coran, Sourate 18, Verset 30

9ème place : Ahmed Shihab-Eldin : Ce
journaliste, humanitaire activiste, fait partie
des 100 jeunes les plus influents de la planète par Arabian Business.
10ème place : Tariq Al-Olaimy
Très actif en ce qui concerne les questions
climatiques, ce jeune musulman est co-fon-

célébration qu’il juge fasciste. Il souhaiterait
que cette fête n’existe plus et s’octroit les
foudres du reste du paysage gouvernementale espagnole.
Les 20% des voix aux dernières élections,
en décembre dernier, représentent une montée non négligeable du parti Podemos qui
pourrait se voir bientôt en position confortable au pouvoir alors que beauoup aimerait
que Pablo Iglesias et son parti « disparaîssent très bientôt du paysage politiquqe espagnol ».
Ce soutien à l’islam dans ce contexte médiatique semble relever soit du courage soit
du suicide pour le parti politique Podemos à
qui l’on souhaite de continuer sa ruée vers
la vérité.

SYRIE

La famine a fait plusieurs morts
à Madaya

C’est décidé. Le calendrier scolaire britannique s’adaptera à l’islam, ses fêtes et ses
dates importantes. Il faut remonter en juin
dernier, lorsqu’une école de l’est londonien,
Barclay, avait interdit à ses élèves le jeûne
du mois de Ramadan, pour comprendre la
prise d’une telle mesure. Avec 8 % d’écoliers au Royaume-Uni, sur 47 % de la population totale de musulmans, les autorités
n’ont eu de choix que de céder à la pression
de l’Association musulmane britannique accusant depuis l’année dernière les écoles de
discrimination envers les musulmans. Une
note de la déclaration du Conseil de classement est claire : «Les  responsables  des
écoles doivent montrer une volonté de travailler avec les communautés musulmanes
afin que les étudiants musulmans puissent
accomplir Ramadan sans conséquences néfastes pour leurs examens». Le passage des
matières les plus importantes aux examens
sera donc reculé avant le début de Ramadan
cette année 2016.
Une protestation en faveur du droit fondamental des élèves et étudiants musulmans de
pratiquer leur religion a vu naître une mesure rapide au Royaume-Uni pour modifier
le calendrier scolaire.
Un droit qui nous l’espérons sera entendu un
peu partout dans le monde.
L’Espagne d’extrême gauche demande
pardon à l’islam
Podemos, le parti considéré d’extrême
gauche en Espane, réclame que le pays le rejoigne dans sa demande de pardon à l’islam
pour la prise de Grenade qui fêtait ce week
end son 524ème anniversaire.
Chaque année, les espagnols célèbrent la reconquête des territoires andalous aux
Maures à travers villes et villages. Cette
même manifestation est vue par Pablo Iglesias, à la tête du parti Podemos, comme une

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

Madaya, ville syrienne, est touchée par la famine depuis plusieurs semaines. 42 000 personnes sont en train de mourir de faim dans
l’indifférence totale de la majorité du globe.
Située à 40 km de Damas, la ville montagneuse voit ses habitants souffrir d’un
manque cruel de nourriture. Cette famine a
fait plusieurs victimes : au moins 23 […]
Située à 40 km de Damas, la ville montagneuse voit ses habitants souffrir d’un
manque cruel de nourriture. Cette famine a
fait plusieurs victimes : au moins 23 personnes sont mortes de faim d’après l’Obs.
Une habitante de 32 ans témoigne de la véritable épreuve dans laquelle ils se retrouvent : « Il n’y a plus rien à manger. Je n’ai
avalé que de l’eau depuis deux jours » a-telle expliqué à l’AFP avant d’ajouter « Nous
voulons juste qu’on nous dise si l’aide va arriver ou pas, car nous n’avons rien ici ».
En effet, les syriens de Madaya souffrent de
la faim et en meurent et ce, à huit clos. Les
habitants de la ville subissent un siège militaire de l’armée de Bachar Al Assad depuis
six mois. La dernière aide humanitaire qu’a
reçu la ville de Madaya date du mois d’octobre. Depuis, aucune aide n’a été apportée
aux habitants qui se retrouvent livrés à euxmêmes. Le porte parole du comité international de la croix-rouge qui avait participé à
cette opération humanitaire au mois d’octobre avait alors confié : « Les gens sont depuis trop longtemps sans aliments de base,
sans médicaments de base, sans électricité
ni eau. […] J’ai réellement vu la faim dans
les yeux des gens. Ils nous suppliaient pour
avoir du lait pour bébé. Ils disaient que les
mères ne produisent plus de lait ».
Des photos insoutenables ont été diffusées sur les réseaux sociaux afin de faire réagir le monde à cette famine. Des enfants
squelettiques, des bébés affamés, bref que
d’images difficiles à supporter. Certains
mangent des feuilles d’arbre pour survivre, l’une des seules ressources naturelles
encore disponibles. D’autres encore mangent des chats pour éviter de mourir à leur
tour.
Source : ajib.fr

Interview

EL HADJ HAROUNA OUEDRAOGO, DG LIPAO

“Il est temps que nous musulmans aussi changeons”
Cela fait bientôt deux ans que nous avons interviewé El Hadj Harouna Ouédraogo, Directeur Général de LIPAO SARL, leader de l’informatique au Burkina, dont le siège, majestueusement bâti, est vers Boins yaaré. Au-delà des affaires, ces premiers responsables ont fait de la
promotion de l’islam leur cheval de bataille. Depuis deux ans, beaucoup de choses ont changé au Burkina sur tous les plans, islamique, entrepreneurial mais surtout politique. Le DG de LIPAO s’est prêté cœur joie à nos questions sur ces différents aspects.
Comment se porte El Hadj Ouédraogo Harouna ?
Al Hamdoullah, on loue Allah (pureté
et gloire à lui), qui a permis encore une
fois qu’on se rencontre dans le cadre
d’une interview. Sinon on rend grâce à
Allah pour la santé ; et au niveau de la
famille, tout le monde se porte bien.
LIPAO n’est plus une entreprise à
présenter puisque déjà connue par
nos lecteurs et le reste des populations. Comment elle se porte aujourd’hui ?
La société LIPAO est créée depuis
1993. Comme je l’avais signifié dans
la première interview, c’est deux personnes qui sont à la base de la structure
à son début, Ouédraogo Daouda, mon
grand frère, et Ouédraogo Harouna,
moi-même. Nous avons commencé les
affaires par des fournitures scolaires
jusqu’en 1998. On était installé à Zabré
Daaga. C’est suite à un réaménagement
que nous avons été localisés à Dapoya,
qui est aujourd’hui l’annexe de la société. Après les travaux de réaménagement de Zabré Daaga, beaucoup y sont
retournés, mais nous sommes restés
jusqu’en 2009, année où nous avons
obtenu le terrain sur l’avenue de la paix
(Boins Yaaré) pour réaliser cet édifice,
dont la construction a pris trois ans, de
2009 à 2012. Et il est actuellement
le siège de la société LIPAO. Nous y
sommes installés depuis 2013.
Dites-nous plus précisément, en matière de l’informatique, ce que vous
vendez comme matériels et services
liés à l’informatique ?
Pour ce qui concerne le matériel informatique, tous les matériels informatiques sont disponibles, de l’ordinateur
à la clé USB, les consommables, les
services après-vente, les échanges de
pièces, la technique, les conceptions de
logiciel. Je ne saurai vous les lister de
façon exhaustive.
Nous savons qu’en affaires, il faut un
climat et un environnement politique
stable. Depuis les 30 et 31 octobre
2014 les affaires, dans leur ensemble
au Burkina Faso, ont pris un coup.

Comment avez-vous vécu ces moments ?
La société LIPAO est spécialisée dans
les travaux de l’informatique et le matériel informatique. Comme je l’ai précisé, on a commencé nos activités par
les fournitures scolaires jusque dans
les années 1998. On s’est interessé aux
matériels informatiques si bien que par
le temps, et avec les perspectives qui
s’imposaient, nous avons fini par opter
de fournir d’une manière générale tout
ce qui touche l’informatique. Et aujourd’hui, LIPAO est leader dans le domaine.
Nous
remercions
le
Tout-Puissant pour sa baraka et qui a
permis qu’on puisse aboutir aujourd’hui à des élections apaisées sans
un chaos. Et ces élections ont permis de
choisir le président Roch March Christian Kaboré, qui, bien entendu, mérite
son fauteuil au regard de son expérience pour la chose politique. Donc,
c’est de lui souhaiter plein succès. Il serait de l’ingratitude de ne pas reconnaître la main divine dans cette affaire,
pour la simple raison que des pays ont
été plongés dans de véritables crises
qui ont occasionné des milliers de
morts et des dégâts inestimables pour
des problèmes plus moindres que les
nôtres. C’est un sentiment de remerciement et de louange à Dieu pour sa miséricorde pour notre chère patrie.
Maintenant, pour répondre concrètement à votre question sur les difficultés sous la transition, je peux dire que
tout le monde a vécu des difficultés
dans ce pays. Et cela est dû à la situation exceptionnelle. Pour ceux qui sont
dans les affaires, les difficultés ont
existé, chacun à son niveau.

d’imprimantes, des appareils photos et
bien d’autres accessoires. Nous avons
beaucoup de nos partenaires et
consommateurs qui prisent les nouveaux produits, ils seront mieux servis
en ce début de l’année 2016.
Autre chose, le travail que nous exerçons, à l’instar d’autres activités,
connait une croissance en termes d’ouverture de nouvelles boutiques dans le
domaine de l’informatique. Donc, il y a
beaucoup de manœuvres à ce niveau,
notamment en matière de vente des
produits informatiques. Et cela a pour
corollaire la baisse de la marge bénéficiaire. A cela s’ajoutent, les imprévus
et autres difficultés comme le vol, et
certains risques. Quand on fait la
somme de tout ça, on se rend compte
qu’il n’y a pratiquement pas un gain
considérable.
Un autre élément sur lequel j’aimerais
apporter un éclaircissement, c’est le
poids de la concurrence dans notre domaine et le fait que les gens ne cherchent plus les produits de qualités. Pour
la plupart d’entre eux, tout le matériel
informatique est le même. Donc, ceux
qui sont dans le domaine ont compris
cela et ils amènent des matériels de
moindre qualité pour les vendre moins
chers. Pourtant, il faut miser sur la qualité qui vous permettra de pouvoir faire
économie du matériel acheté pendant
un temps raisonnable. C’est ce que
nous conseillons à nos clients. Il vaut
mieux acheter ce qui est de qualité afin
de pouvoir être satisfait des rendements
du matériel, que de vouloir se le procurer à un prix bas, car ça ne fera pas
votre affaire, ni en termes de rendement
ni en termes de durée.

Vous êtes leaders en matière du matériel informatique et tout ce qui
rode autour de l’informatique. Estce qu’il y a du nouveau en matière de
produits pour les consommateurs ?
Par la grâce d’Allah, avec cette nouvelle année 2016, la société LIPAO
promet à ses clients, consommateurs
et partenaires de nouveaux produits de
qualité incontestable, qui ne sont pas
encore sur le marché. A cela, il y aura
de nouvelles gammes de copieurs,

Donc, LIPAO, ne vend que des produits de qualité ?
C’est tout à fait exact. Nos produits
sont du premier choix. Ceux avec qui
nous travaillons le savent bien ; et nous
appelons les Burkinabè à venir découvrir les produits et les prestations de
LIPAO.
Vous avez réussi là où beaucoup de
jeunes échouent aujourd’hui. Comment vous vous y êtes pris ?

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

L’entrepreneuriat est pénible. Les gens
veulent réussir du jour au lendemain ;
c’est avoir un esprit tordu. Une entreprise, c’est un ensemble d’aspects,
qu’il ne faut pas perdre de vu, On ne
peut pas réussir du jour au lendemain.
Les jeunes débutants pèchent à ce niveau. Il faut se construire dans le
temps. Gagner du coup une fortune, ce
n’est pas ça seulement entreprendre.
Car, qui dit entreprise, évoque la question des difficultés, l’expérience. C’est
un processus qui doit vous conduire au
succès sans tricheries. Et enfin, entreprendre, c’est aussi parvenir à vivre de
ce qu’on fait.
En plus de cela, et en tant que musulman, il faut savoir être reconnaissant à
l’égard du Tout -Puissant pour chaque
étape qu’on franchit.Et il faut éviter au
maximum d’être ingrat.
Nous avons de nouveaux hommes à
la tête de l’Etat. Quel doit être le rapport entre hommes politiques et les
musulmans ?
Politiquement, nous sommes en retard.
Cela a pour cause les querelles d’interprétations. De nos jours, il est un impératif pour les musulmans d’avoir un
œil regardant dans le sens positif sur la
question politique parce qu’elle
concerne les affaires existentielles de
notre pays. A l’Assemblée nationale,
s’il n’y a pas de bon contrôle en matière de loi, ou si on vote des lois contre
l’islam alors que vous êtes couchés
chez vous, c’est dangereux. Voilà pourquoi, il faut éviter de se mettre à l’écart
ou d’opter pour le silence et le laisserfaire. Au Burkina Faso, si politiquement, une loi est bonne pour le pays, ce
sont les musulmans qui sont les plus
heureux, puisqu’ils sont les plus nombreux ; et si la loi est mauvaise, c’est
encore nous qui allons souffrir au vu de
notre nombre.
Sinon, je comprends les musulmans qui
disent qu’il faut se mettre à l’écart de
la politique parce qu’elle est intimement liée au mensonge alors que l’Islam condamne cela. A mon sens, il faut
trouver le juste milieu.
Suite page 16
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Interview
Cet aspect fait partie de l’union des
musulmans. C’est également un pan de
notre organisation sociétale pour rendrel’application de nos actes cultuels et
de tous les jours plus aisés. En islam, il
y a des règles à respecter. Si nous prenons les cliniques et centres de santé, il
faut qu’il y ait des réalisations afin que
les musulmanes soient traitées par
d’autres femmes. Cela va intéresser
même les non-musulmans qui viendront dans ces centres de santé musulmans, cliniques et hôpitaux.
Mais le temps est venu pour que nous
musulmans ouvrions l’œil sur ces aspects. Déjà, il faut féliciter ces
quelques responsables dans la communauté qui ont déjà entrepris de nobles
actions dans ce sens. Ensemble et par
le soutien d’Allah, on y parviendra.

Suite de la page 15
Au regard des choses en termes de
Daawa, d’éducation, de l’union…,
êtes-vous satisfait de la dynamique
sur laquelle se trouve la communauté
des musulmans ou pensez-vous qu’il
y a encore du travail, et qu’est-ce
qu’il faut faire ?
L’Islam enseigne l’harmonie dans
l’union pour que les valeurs comme la
solidarité, la fraternité, la compréhension soient une réalité chez les musulmans pour que la communauté, de par
son exemple, incite les non musulmans
à avoir l’envie de vivre musulman.
Malheureusement, il se trouve que
nous sommes en plusieurs associations,
tendances, avec des motivations différentes ; et cela n’est pas très apprécié
par l’Islam.
Selon la rumeur des uns et des autres, ce sont les Savants qui sont à
l’origine de la division et de l’incompréhension des musulmans au Burkina Faso, et même dans le reste du
monde ?
Dans ce lot de musulmans, il y a ceux
qui se battent réellement pour Dieu et
pour la promotion de l’Islam tandis que
certains musulmans ont d’autres projets

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diamétralement opposés aux premiers. On ne peut pas avancer tant que
ce sera ainsi.
En tant qu’homme d’affaires, toujours entre deux vols, comment
concilier les affaires et les obligations
de la foi?
Les
affaires ne sont en rien un frein
à l’obéissance à Dieu. Elles ne doivent

pas entrainer, en aucun cas, un sentiment d’abandon ou de négligence visà-vis des principes et des pratiques
cultuelles de l’Islam. C’est cette compréhension qui anime LIPAO et son
personnel.
En 2016, comment entrevoyez-vous
l’apport des musulmans au niveau
des infrastructures sociales ?

l’Autre Regard - n°034 du 05 janvier au 05 février 2016

Votre mot de la fin ?
C’est un appel à l’endroit des opérateurs économiques à être regardants sur
l’importance du Journal « L’AUTREGARD », qui se bat pour la promotion
de l’Islam au Burkina Faso. C’est aussi
un vibrant appel aux savants, notamment Cheick, Imams…, à saisir ce
Journal pour communiquer avec les
musulmans.
Par AROUNAN GUIGMA