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Fait partie de An-Nasr trimestriel #31

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Nous avions dit et écrit, plus jamais de fraude
dans les examens. Mais hélas, des fraudes mas­
sives ont émaillé l’organisation du Brevet
d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) édition
2007 mettant le monde éducatif dans une
consternation incommensurable. Comme c’était
le cas il y a seulement trois (03) ans, en 2004, le
pétrole a coulé à flot. Pour la seule ville de
Ouagadougou, le Syndicat National des
Travailleurs de l’Education et de la Recherche
(SYNTHER) a dressé l’état suivant : « Au lycée
Bogodogo, huit (08) élèves ont été interpellés
pour des cas de fraudes en mathématiques, en
sciences physiques, en histoire géographie; au
lycée Marien N'Gouabi, sept (7) élèves ont été
interpellés pour des cas de fraudes en mathé­
matiques et en sciences physiques ; au lycée
Nelson Mandela, cinq (5) élèves ont été inter­
pellés pour des cas de fraudes en mathéma­
tiques et en sciences de la vie et de la terre ; les
lycées Vénégré, Mixte de Gounghin, Philippe
Zinda Kaboré, départemental de Saaba,
Gabriel Taborin, Yiguia, Girovy, et le collège
Protestant, etc. ont été également touchés par la
fraude. La ville de
Bobo et d'autres
localités n'ont pas
été épargnées non
plus». Un fraudeur
avoue avoir été pris
en flagrant délit avec
les épreuves types
conigés de l’épreuve
d’histoire- géographie. Il a expliqué avoir
hasardeusement rencontré un monsieur qui lui a
proposé toutes les épreuves à seulement 60.000
F CFA. “Je ne disposais que de 5.000 F CFA et
c’est l'épreuve d’histoire -géographie que j’ai
pu finalement acheter”, a-t-il indiqué.

EDITORIAL
n’avait plus que quelques mois à passer à la
fonction publique pour être admis à la retraite.
72 heures avant le début des épreuves, cet
homme, d’un âge avancé, aurait frauduleuse­
ment subtilisé des épreuves de l’examen. Le
développement des nouvelles technologies
aidant, les sujets subtilisés ont été rapidement
multipliés, proposés aux élèves, aux parents
d’élèves et ont été vendus à Ouagadougou et un
peu partout dans le pays. Ce qui irrite dans cette
histoire de fraude, c’est sa récurrence. Tout se
passe comme si ce n’était pas un phénomène
grave. Interrogé sur le sujet, le ministre des
enseignements secondaire supérieur et de la
recherche scientifique, Joseph PARE affirme :
« Tant qu’il y aura des gens qui veulent
prendre la courte échelle, la fraude subsistera.
La fraude existe dans tous les domaines de la
vie active ». Ces propos se passent de commen­
taires. Quelle que soit la forme d’organisation
proposée, il y aura toujours des cas de fraude.
C’est une fatalité. Les hommes se sont, de tout
temps,
montrés
suffisam­
ment ingé­
nieux pour
déjouer
toutes les
_______________
contraintes
que leur
impose un ordre fut- t-il divin. Dans ce domai­
ne, le coran et l’histoire nous donnent plein
d’exemples. Tout compte fait, cette déliques­
cence de notre système éducatif, cesse de
convaincre sur la déchéance morale qui règne
dans le pays autrefois “des hommes intègres".

L’islam et les fraudes
aux examens et concours
No fair play

Si cet état est juste, et il l’est très certainement
au vu des nombreux témoignages qui ont été
relayés par la presse, le constat selon lequel la
fraude a atteint une ampleur plus qu’inquiétan­
te crève désormais les yeux. A l’origine de ce
forfait honteux, se trouverait un fonctionnaire
de l’Etat, un instituteur, membre de la commis­
sion de tirage des épreuves du Brevet d’études
de premier cycle (BEPC). Considéré comme le
cerveau de l’affaire, ce fonctionnaire indélicat
de l’Etat, répondant au nom de GOUBÀ Félix,

Les sanctions sont indispensables au maintien
de l’ordre, car c’est la peur de la sanction qui
amène les candidats aux forfaits à faire marche
arrière. En l’absence d’une force capable de
sanctionner à la hauteur de leurs craintes et de
récompenser à la hauteur leurs espoirs, les
hommes n'éprouvent aucun besoin de se
conformer aux lois et règles. C’est pourquoi
Allah rassure les soumis par une grande récom­
pense et effraie les infidèles par un châtiment
aussi douloureux qu’avilissant. Cet aspect a

quelque peu manqué dans la gestion des forfaits
antérieurs.
Enfin, le système d’organisation des examens et
concours semble en lui-même porter beaucoup
de failles malgré la rigueur apparente qui l’en­
toure. Du ministère à la direction de l’office
central des examens et concours, trop d’yeux
passent sur les sujets.

Somme toute, le salut de notre éducation repo­
se dans la perspective d’un assainissement du
système d’organisation des examens et des
concours de la fonction publique. Autrement, le
quotidien des fils et filles de ce pays rimerait
avec le gain facile, le choix de la courte échel­
le. Ainsi, nos diplômes, notre formation seront
discrédités aux yeux du monde. Le ministre
PARE en a conscience quand il affirme ceci :
« Le problème, c’est que l’éducation est un
domaine sensible et que nous travaillons à cré­
dibiliser nos formations et nos diplômes. Voilà
pourquoi la question de la fraude est très
importante.»
En sa séance du 20 juin, le conseil des
ministres, le tout premier du gouvernement
TERTUS, a révoqué le présumé cerveau de la
fraude avec poursuite judiciaire. Peut-on dire
pour autant que c’est la fin du phénomène ?
Attendons de voir. Les sages disent que ce n’est
pas en coupant la branche d’un arbre qu’on
l’empêchera de pousser.

Tous les acteurs de l’éducation (les autorités
politiques, le corps enseignant, les parents
d’élèves, les élèves...) doivent créer une syner­
gie d’action contre ce mal qui ne fait pas du tout
honneur à notre pays et à son système éducatif.
Si rien n’est fait d’ici-là, c’est une élite de tri­
cheurs que le pays est en train de former. Avec
une élite de tricheurs, c’est la porte ouverte à
tout ce que l’on peut craindre dans la gestion de
l’État. Pour les musulmans et l’islam, la
condamnation de la fraude sous toutes ses
formes est ferme, rigoureuse et sans équivoque.
Même si toute la terre en faisait une règle, un
musulman ne saurait par cela justifier un acte
frauduleux. Encore une fois, plus jamais ça !!!
La rédaction

REFORMISTES ET
REFORMISME
CONTEMPORAIN
lAN-NASR N°Ô31

JUILLET - SEPTEMBRE 2007

P.1

corde ici- bas et dans
e paysage musulLe fonctionnement de l’AEEMB
l’au-delà.
mans’estenrichi
Btrssde là naissance
s’inscrit dans une dynamique évolutive.
de la fédération des
AN : Quelles nouvelles
associations
pistes explorez vous
s’inscrit dans une dynamique évolu­
islamiques au Burkina (FAIB). En
tive empreinte de merveilleuses pour dynamiser les actions au
outre, après de vaines tentatives innovations au fil des années. Notre
niveau de la vice- présidence?
en 2006 après le CIMEF de tirer département n’a pas été en marge VP : Les chantiers déjà mis en
l’OJEMAO de son sommeil,
marche sont efficaces et les faire
de cette réalité. Au nombre de
l’AEEMB et le CERFI accueilleront celles-ci, nous pouvons énumérer avancer au mieux constituera un
les autres pays membres du 11
grand succès. Il s’agira de plus en
l’action positive et finalisante de
au 14 août 2007 pour le 5eme con­ l’AEEMB dans la genèse et le
plus pour nous, d’inciter les militants
grès de l’organisation. Au niveau dynamisme de la FAIB et de à faire preuve d’une présence active
de l’AEEMB, le département qui l’OJEMAO
dans les associations de la société
en a la charge est la vice prési­
civile à travers une stratégie que le
Les acquis majeurs de l’AEEMB
dence. Nous lui avons donc tendu dans ces relations extérieures sont département mettra en place.
le micro pour nous par­
AN : Pouvez- vous
ler de façon particulière
nous parler du
de ces structures mais
d éro ul ement
d’une manière générale
du5eme congrès
des
relations
ordinaire
de
extérieures.
l’OJEMAO
An nasr (AN) PouvezVP : Le congrès de I’
vous vous présenter à
OJEMAO dans son
nos lecteurs ?
ensemble s’est bien
Vice-président (VP) : Je
déroulé. C’est un
suis Moctar Ben Moussa
succès
au plan
CONGO. Je suis étudiant
organisationnel qui
en 3eme année des sci­
est le couronnement
ences de santé, plus pré­
de 05 mois d’efforts
cisément en médecine,
multiples et multi­
vice président du comité
formes. Des 08 pays
exécutif de l’AEEMB.
attendus, 05 ont
AN : Pouvez-vous nous
répondu à l’appel. Il
présenter la vice présidence du entre autres :
s’agit du Niger, du Mali, du Togo, du
.la confiance que nous établissons Sénégal et du Burkina faso.
Comité Exécutif (C. E) ?
Conférence, ateliers, communica­
VP ; Conformément au règlement auprès de nos partenaires ;
.la fidélisation de certains parte­ tions, tablés rondes tout ça autour
intérieur de l’AEEMB, la vice-prési­
naires depuis les premiers pas de la du thème La jeunesse musulmane
dence assure la gestion des rela­
et la problématique du travail
structure.
tions extérieures de la structure, l’in­
L’AEEMB est un maillon incontourn­ islamique ont constitué les temps
térim du président en cas d’ab­
de
la
rencontre
de
able dans le travail islamique au forts
sence.
AN : quels sont pour le présent Burkina. Parmi les associations de Ouagadougou. Ce qui est intéres­
sant à souligner, c’est que
jeunesse
de
nos
pays,
toute
mod­
mandat les grands chantiers du
estie gardée, nous sommes une l’OJEMAO a vu le jour au Burkina à
département ?
structure dont l'action, la présence, Orodara en 1993. Quatorze ans
Les grands chantiers de mon
l’influence dans les chantiers du tra­ après, c’est le retour aux sources
département pour ce mandat, c’est
qui a consacre au choix de l’AEEMB
d’abord la recherche de partenaires vail islamique sont déterminantes.
AN : Comment se portent les rela­ pour mener les rennes de cette
pour le financement de nos projets
organisation à travers l’élection de
(Mosquée et Complexe Scolaire)
tions avec les différents parte­
Aboubacar TOE commissaire aux
AN : Comment appréciez vous
naires de l’AEEMB ?
comptes du C.E. 2000-2002 et vice
l’action de vos prédécesseurs à
VP : Les relations avec les différents
ce niveau de responsabilité et
partenaires de l'AEEMB sont excel­ -président de l’AEEMB 2002-2004,
quels sont les acquis majeurs de
lentes et je profite de vos colonnes comme Secrétaire Exécutif pour un
l’AEEMB
dans sa dimension
pour les remercier une fois de plus mandat de trois ans. Nous rendons

*

B

extérieure ?
VP : Le fonctionnement de l’AEEMB

pour leurs apports inestimables.
Puisse Allah leur accorder sa miséri-

Suite page 5

AN-NASR N° 031

JUILLET - SEPTEMBRE 2007

P.2

chec, tel est le vocable que les gens
(enfants, adultes...) chaque jour se lève avec son
épreuve de la mort, et cela pour une durée que
utilisent couramment pour qualifier un
Dieu seul sait! Manger a sa faim, aller a l’école
ratage, un projet dont l’objectif n’a
pour les enfants, se soigner etc. voici autant de
pas été atteint, une opération ou une
souhaits des familles irakiennes, somaliennes et
action qui n’a pas atteint, une opéra­
du Darfour pour ne citer que ces castion ou une action qui n’a pas produit les soudanaises
résultats
la! Ces
escomptés. L’échec est l’une des épreuves
aux­populations vivent la mort dans leur âme
tel un sort qui leur aurait été réservé! A-t-on sou­
quelles Dieu soumet toute âme pour mieux l’éle­
vent pensé à ses peuples éprouvés?
ver, la purifier. Il alterne épreuves douces et
L’histoire est riche de leçons pour ceux qui réflé­
épreuves douloureuses à l’endroit de qui II veut.
chissent. La vie est pleine d’épreuves et autant de
L’endurance et la patience patinent la vie de cou­
leçons pour les croyants. Persécutés pour la plu­
leurs vibrantes et l’on se rend compte quand Dieu
part, ils ont laissé en héritage toute une pédagogie
s’exprime en ses termes dans la S2V156 : «
des épreuves par leur gestion personnelle des situa­
Annonce une heureuse issue aux patients, a ceux
tions difficiles à travers patience et endurance.
qui, frappés d’un malheur, disent : Nous apparte­
nons à Dieu et c’est vers Lui que nous
ferons retour. Ceux- la, auront pour lot
miséricorde et bénédiction de lui. Ils auront
suivi le droit chemin ». Et le prophète
Mohamed d’ajouter : « la patience est une
lumière et quand Dieu veut du bien de quelqu ’un, Il l’éprouve ». En cette période d’exa­
men et de concours qui se profilent, élèves,
AYOUB fut ce prophète là que Dieu a éprouvé par
étudiants et parents (proches) auront leur lot
la pauvreté et la maladie. Il perdit dans un premier
d’épreuves, les uns douces, les autres doulou­
temps toutes ses richesses et fut ensuite éprouvé
reuses, après tous les efforts intenses que chacun
par la maladie. A travers ces épreuves, Dieu a
aura fournis dans l’espoir de réussir. Puisque Dieu
voulu élever Ayoub à la « perfection », l’honorer.
n’a pas donné a tous le même destin, les facilités,
Le Tout-puissant lui rendit après les épreuves le
l’on doit s’attendre, donc a ce que certains
double de toutes ses richesses, lui accorda la santé
échouent et que d’autres réussissent aux examens
et le bénit. Le cas de Younous n’est pas moins
et concours. Ce qui est déterminant dans tous les
pathétique. Après que ses compagnons l’aient jeté
cas, c’est la gestion de l’épreuve, l’échec.
de la pirogue en pleine mer. Dieu envoya la balei­
Comment faire face à la déception, surtout la dou­
ne qui l’avala. Younous demeura dans le ventre de
leur quand on sait que bon nombre d’individus
l’animal le temps que Dieu voulut, dans la dévo­
supportent mal l’échec?
tion la plus totale, invoquant et évoquant Dieu :
« Il n’y a de Dieu que Toi .' Gloire et pureté à
La géographie et l’histoire, deux facteurs
Toi... » Avant d’être sauvé en échange de sa foi en
d’apaisement
Dieu. L’épreuve de Moussa est poignante de par sa
Les épreuves, les calamités ou les situations dites
singularité. Les circonstances de sa naissance obli­
« désespérantes » ne sont pas l’apanage d’un grou­
geaient sa mère à la mettre dans une boite pour le
pe d’individus donné ou d’une localité donnée.
jeter dans les eaux du Nil...en vue de le sauver de
Partout dans le monde, il y a des épreuves, plus
pharaon et de ses soldats à qui un mage fit savoir
douloureuses les unes que les autres. Quelques
qu’un enfant viendra au monde mettre un terme au
écoeurantes que soient la situation individuelle, la
pouvoir pharaonique. Et cet enfant était Moïse
situation d’un groupe, l’on doit constamment avoir
(Moussa)-Furieux et apeuré, le roi pharaon intima
a l’idée qu’ailleurs il y a pire que ce que l’on vit.
l’ordre à ses valets d’égorger tout nouveau-né
Et cela devrait faire réfléchir, amener l’éprouvé à
parmi les fils d’Israël en Égypte. Sous inspiration
comprendre que ce qu’il vit n’est pas une fatalité et
divine, Moise fut donc jeté dans le Nil... et par
n’est pas non plus désespérant. Ce qu’il faut com­
miséricorde, accueilli par la femme même de pha­
prendre, l’échec est un projet, un examen et n’est
raon après trois jours passés sur l’eau. Moïse gran­
pas véritablement un échec, mais une étape de la
dit
tel un prince dans la cour royale et fut envoyé
réussite que Dieu a prévue pour un terme fixé. Nul
plus tard par Dieu à pharaon l’insoumis, roi d’É­
ne peut anticiper sur l’avenir et nul ne peut antici­
gypte, qui fit longtemps souffrir les fils d’Israël.
per le succès, la réussite. Il faut avoir la foi suffi­
Moise leur recommandait patience et endurance. Il
sante pour accepter le décret divin et se résigner
appela pharaon à Dieu, mais en vain, jusqu’ au der­
pieusement.
nier jour ou celui-ci fut noyé par l’eau dans la
Lorsque le musulman traverse une épreuve, le sou­
poursuite de Moïse et les fils d’Israël croyants lors
venir de Dieu et celui de la récompense qui lui sera
de leur traversée de la mer rouge pour quitter l’É­
accordée grâce à sa piété lui redonnent du courage
gypte.
et du réconfort. La valeur de la récompense est
proportionnelle à l’épreuve à condition que l’on
Le sceau des prophètes, Mohammed perdit son
père trois mois avant sa naissance, et sa mère à 06
fasse preuve d’endurance et de patience. « Ceux
ans.
qui sont constants seront dignement rémunérés
au-déla de toute mesure » S39V10.
Persécuté pour sa croyance, ses idées ...il quitta la
Dans notre environnement immédiat ou lointain, la
Mecque pour Médine, laissant derrière lui sa
diversité des cas d’épreuves doit retenir notre
famille et ses biens. Mais cela ne l’a pas empêché
attention. Le seul bonheur souhaité pour certains
de transmettre le message de Dieu. Dans la persé­
vérance et la patience, il voulut trouver refuse à
reste recouvrement de la santé. Ceux-ci vivent
l’épreuve de la maladie physique ou mentale.
Thaïf, ville dans laquelle il fut lapidé .Rassoul prit
D’autres connaissent l’épreuve de la prison (a vie
part à certaines batailles comme Badr en l’an deux
dans certain cas) et appelle sans relâche la miséri­
de l’hégire et uhud un an plu tard. Les musulmans
corde divine. Plus loin de chez nous, en Palestine
perdirent la bataille et le prophète en sortit avec

E

L’endurance et la patience
à l’assaut des épreuves

lAN-NASR N° 031

JUILLET - SEPTEMBRE 2007

une dent cassée. A l'épreuve de la désobéissance
des fidèles vis-à-vis du prophète à uhud , s’ajoute
l’épreuve de la bataille perdue pour la cause de
Dieu. Armé de patience, d’endurance et fort du
soutien
assuré
de
Dieu
qu’il
(le Prophète) n’a eu cesse d’évoquer et d’invo­
quer. Mohammad (saw) eut du réconfort et la
bénédiction divine après tant d’épreuves. Les
exemples d’épreuves abondants au sujet des pro­
phètes de Dieu...ainsi que des califes. Mais en
aucun moment, ceux-ci n’ont désarmé et ont après
tout été comblés. C’est dire que Dieu récom­
pense les efforts consentis dans la patience, l’en­
durance et la conviction ferme en son assistance,
sa miséricorde. La patience et l’endurance ont du
prix.

Les vertus de l’endurance et la patience
Dans tout ce que l’homme fait, les efforts lui
incombent et les résultats appartiennent à
Allah.
Dans l’environnement un niveau de complexi­
té trop poussé, la mutation des temporalités
tend de plus en plus à se recentrer sur l’immédiat
et l’urgent. Pas de temps à perdre! C’est la course
effrénée pour le gain, le succès rapide, pour des
réalisations immédiates. Dans le contexte des exa­
mens et concours, il est bénéfique que les élèves,
étudiants, parents cultivent en eux la patience,
l’endurance. Cela préserve contre les dépressions
en cas de non réussite. Comprendre et accepter à
l’avance que Dieu peut éprouver par la douceur
(succès) ou la douleur (l’échec) et admettre que ce
qu’il a choisi pour nous est sans doute le meilleur,
en nous résignant pieusement à son arrêt. « Quand
Dieu veut du bien à quelqu’un II l’éprouve »
disait le prophète Mohamed. En cas d’échec à
l’examen ou au concours, le candidat devra s’ou­
vrir en retour à sa compagnie et partager ses décep­
tions avec elle en vue de recevoir en retour des
conseils et du réconfort.
Cette démarche a le mérite de contribuer à la sta­
bilité intérieure de l’éprouvé qui sent autour de lui
un bouclier de soutien. Sa spiritualité prend forme
dans une atmosphère favorable à la méditation
transcendantale qui permet à l’esprit de voguer
vers Dieu. Ainsi donc, le souvenir constant de la
présence divine nourrit son stoïcisme et empêche
l’éprouvé de se rependre en lamentations.
« Celui qui est patient et sait pardonner témoigne
d’une heureuse maîtrise de lui-même »S42V43
Patience et endurance sont en fait deux remèdes
indispensables pour mieux gérer les épreuves, évi­
ter l’isolement, le stress, et nous aident à rester en
communion constante avec Dieu à travers l’adora­
tion, c’est-à-dire l’évocation, l’invocation et le
souvenir permanent de la rétribution divine. Avec
la patience et l’endurance, l’éprouvé se fait un for
intérieur calme, éduque son sens et se construit une
personnalité responsable pour des succès inédits.
Dieu n’a-t-Il pas averti les Hommes en ces termes?
: « Pensez - vous entrer au paradis alors que
vous n’avez pas encore subi d’épreuves sem­
blables à celles que subirent ceux qui vécurent
avant vous »? Misère et maladie les avaient tou­
chés; et ils furent secoués jusqu’à ce que le
Messager et avec lui, ceux qui avaient cru, se fus­
sent écriés ! « Quand viendra le secours
d’Allah»? S2V214
Et c’est à Allah que tout retourne. Si seulement
l’Homme pouvait garder constamment cela à
l’idée.
Lonsani SANOGO

u coeur de nos sociétés modernes, les exi­
gences de la vie contraignent les existants
à suivre un rythme endinblé.
Tout change, tout vn vite et ce fnisant, on n’a plus
de temps pour penser à soi même, à Dieu. La
recherche de la matière prend le pas sur celle de
l'esprit. Pourtant, notre religion est celle de la rai­
son, de la réflexion, de la méditation bref, de l’in­
terprétation des signes qui nous entourent. Tout
signifie, tout a un sens.
En choisissant de porter notre réflexion sur l'in­
dex, c’est non moins pour poursuivre cette dyna­
mique de la réflexion que de vous relater des faits
islamiques déjà connus. C’est donc un essai, un
regard singulier, scientifique sur un élément. Il
incombe à vous de le rendre pluriel ou non.
Nous voudrions pouvoir dire que l’homme est un
réseau signalétique. Le coran nous rappelle à la
sourate 51 verset 20-21 « II est ainsi des signes
sur la terre pour ceux qui croient avec certitude.
Et il en est aussi en vous-même. N’en êtes-vous
donc pas conscients? ». C’est dire qu’il manifes­
te un certain nombre de signes qui ne sont mal­
heureusement pas accessibles au premier abord.
Il faut donc un rapport interprétatif pour en com­
prendre et en expliquer le sens. Pour le cas de l’in­
dex, nous commençons par le mot lui-même.
Indexer veut dire montrer, singulariser, donc res­
ponsabiliser. L’index nous rappelle que où que
nous soyons, nous sommes responsables : res­
ponsable du dépôt divin qui est l’adoration,
responsable de nos actes. Le coran nous dit
dans plusieurs versets que nous sommes res­
ponsables de nous-mêmes. Le jour de la résur­
rection, chacun répondra seul de ses actes devant
Dieu, pas d'avocat, pas d’intermédiaires, sauf
ceux pour qui Dieu l’aura autorisé.
Étant témoin en nous de la responsabilité, l’index
nous rappelle qu’il nous incombe d’agir, de trans­
former notre situation. Pas de place pour la fatali­
té. L’index est aussi cet élément dont nous nous
servons pour témoigner de l’unicité de Dieu dans
nos activités cultuelles, donc la dimension du

A

témoignage.

Toute la vie du musulman est celle du témoignage
: témoignage de notre foi au quotidien devant les
créatures. Témoigner de notre foi, c’est cheminer
avec des êtres humains pour les écouter, les aider,
les secourir, leur communiquer la lumière de la foi,
la joie de croire mais aussi de témoigner de la
nécessité de résister, de lutter contre tout ce qui
nuit à leur liberté et à leur dignité.
L’index est un instrument dont nous nous servons
pour désapprouver les actions répréhensibles en le
remuant dans un sens et dans l’autre. Ce qui veut
dire qu’en tout être humain, il y a l’idée de justice,
du bien. Quand l'homme opte de faire du bien ou
du mal, c’est en toute connaissance de cause puis­
qu’il a en lui une balance, la conscience. Tout
péché serait alors de la rébellion car il est précédé
de cette conscience de l’interdit. Il sied alors de
travailler à discipliner son âme, à l’apprivoiser et à
la conformer aux principes divins.
L’index dessine un type de relation triangulaire :
de nous à nous-même dans la centralité (l’index
part de nous) de nous à Dieu dans la verticalité
(quand on lève l’index) et de nous à la commu­
nauté dans l'horizontalité (quand on pointe le
doigt vers l’horizon).

AN-NASR N 031

Relation de nous à nous-même
Parler de l'index, c’est déjà un choix parmi les
autres doigts. C’est donc de facto nous poser la
question : qui somme-nous quand nous sommes
seuls loin des regards, des jugements et apprécia­
tions des autres? La relation de nous à nous- même
doit être une relation de sincérité. Nous ne devons
pas dans notre relation avec Dieu manifester du
zèle quand nous sommes dans la communauté et
négligents quand nous sommes seuls. La philoso­
phie islamique de la spiritualité privilégie les
actions faites discrètement : les prières au tiers
de la nuit, dans l'obscurité, donner de la main droi­
te sans que la main gauche ne sache sont autant de
preuves que la foi c’est d’abord dans l'intériorité,
sans hypocrisie.
Voila pourquoi le prophète a pris dix (10) ans pour
installer, consolider la foi intérieure.

La relation de nous à Dieu
L’adoration constitue le trait d’union entre le
Créateur et les créatures. L'adoration, puisqu'elle
a des règles et des principes, implique une
connaissance lucide de ceux-ci. Comme le veut le
Seigneur lui-même: « connaissez-moi avant de
M’adorer. Si vous ne me connaissez pas, com­
ment allez-vous m’adorer ». Il est donc clair que
quiconque voudrait se rapprocher de son Seigneur
doit prendre le chemin de la recherche du savoir.

Au-delà de l’index
La relation de nous à Dieu doit être celle de l'hu­
milité. C’est une relation d'êtres dépendants (les
créatures) à l'être suprême (le Créateur qui n’a
besoin de personne). L'adoration de Dieu ne sau­
rait par conséquent être contractuelle. On n’adore
pas Dieu en échange du bonheur, ni de quelque
bien que ce soit. Ne pas adorer Dieu, c’est se
méconnaître, c’est prendre le risque de tomber
dans une vacuité existentielle puisque le but de la
création est clair et il est formalisé en ces termes à
la S51 V56 : « Je n’ai crée les djinns et les
hommes que pour qu'ils M’adorent ».
Cependant, c’est une nécessité qui n'exclue pas la
miséricorde D’Allah. 11 tend le bras pour aider qui­
conque fait des efforts à se rapprocher de Lui. La
preuve est qu’il a engagé des anges qui veillent
inlassablement sur notre sécurité malgré nos man­
quements, et ce, sans salaire venant de nous, ire
avec Dieu, c’est s’approcher de Lui dans la pro­
fondeur, dans l’intimité et avec effort et exigence
pour enraciner solidement la foi dans notre cœur,
ire avec Dieu, c’est appréhender tous ces éléments
qui environnent Sa souveraineté.
Lu relation de nous à lu communauté

Comment, en ponant la foi, être avec Dieu et vivre
avec les hommes?
Pour l’islam, quand on prend le chemin vers Dieu,
il faut parallèlement prendre un autre vers les
hommes. Le hadith traduit celte réalité sans équi­
voque. «Le meilleur d'entre vous est celui qui est
le plus utile à sa communauté ». Frère, sœur,
vivre sa foi dans la communauté, c’est se deman­
der profondément et surtout quotidiennement :
quel est mon projet de société pour poser les infra­
structures de base pour l'édification d’une société
où des êtres humains vivront en harmonie, heu­
reux et avec joie, foi et dignité? C’est ce que la foi

JUILLET - SEPTEMBRE 2007

commande. Vivre sa foi au-delà des mots, du folk­
lore, avec des actes. Porter la foi, c’est travailler
nécessairement à alléger le poids des autres. La
relation avec Dieu se mesure à celle avec les
hommes. La communauté est l’unité de mesure du
degré de notre relation avec Dieu. Le croyant doit
être comme la mèche d’une lampe-tempête. Il doit
brûler pour éclairer les autres.
. Enfin, l’index lui-même étant droit nous rappelle
le siratoum moustaquim « la bonne guidée ». Il
est la marque physique de la grâce dont Dieu
nous a fait part en faisant de nous des musulmans.
L’index nous rappelle les vertus comme la droitu­
re, Injustice, l’exigence. « Toute chose que vous
allez faire, faites-là avec circonspection ». il ne
suffit pas dans l’acte de croire, d'agir mais de bien
agir. Tout musulman doit en faire un credo à
chaque fois qu’il veut entreprendre une action, à
l’accomplir dans la complétude, avec grand soin.
La droiture et la justice
Le croyant doit s’efforcer d'intégrer dans ses
paroles et gestes la justice. Il doit éduquer tout son
être à la justice et a la droiture pour devenir agent
et sujet de ces vertus. Dieu dit dans la S11V122 «
agit avec rectitude, comme il a été prescrit... »
Dieu promet une grande récompense aux justes
conformément au hadith rapporté par Mouslim : <
les justes seront auprès de Dieu sur de trânes de
lumière »
Enfin, l’index est comme une arme blanche
symbole du djihad. La vie du croyant est celle
des efforts et des résistances. Ce djihad com­
mence par la chahada, l’acte d’entrer à l’islam.
« J’atteste qu’il n y a de Dieu refus catégorique de
toute forme de divinités, d’idolâtrie excepté
Allah.» Vivre sa foi c'est résister en permanence
contre ses penchants, ses passions. Le hadith rap­
pelle que la résistance contre ses pulsions néga­
tives conforte la foi « vous ne serez réellement
croyant que lorsque vos passions suivront la
révélation » Étant donné que l’ânie humaine est
incitatricc au mal comme le rappelle le V53 de la
S12 , faire le bien devient obligatoire : le djihad
est nécessaire.
Somme toute, une telle approche n’est pas veuve
de tout appui dans le coran. Dieu nous dit dans la
S3V190 « en vérité, dans la création des deux
et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du
jour, il y a certes des signe pour des doué d’intel­
ligence » En nous révélant l’existence des signes
autour de nous, Allah nous enjoint son interpréta­
tion. Connaître les signes, c’est mieux connaître
les créatures et au bout du compte le créateur et
manipulateur de ces signes qui est Allah. A un
savant athée qui niait l'existence de Dieu et
demandait des preuves à un savant musulman,
celui-ci lui répondit que cette preuve, c’était luimême car il ne saurait exister de créature sans
créateur. Cette analyse se veut dynamogène. C’està -dire qu’elle contribue à avoir un autre regard sur
nous- même pour être mieux nous- même. Cela
nous permet de savoir que tout est de la dimension
du sacré dans la physionomie de l’homme. Et l’in­
dex que nous utilisons autrement, est un signe de
la présence de Dieu qui signifie : témoignage, sin­
cérité, direction, justice djihad, relation de nous à
nous-même, de nous à Dieu et de nous à la com­
munauté, responsabilité. Même quand nous pen­
sons être seuls, attention, l’index nous indexe.
Arouna YAMEOGO

L'enfant musulman et l’écocitoyenneté » était le
/y'thème de la colonie sous régionale organisée du 14
au 29 juillet 2007, au centre socio-éducatif de
l’Agence des musulmans d’Afrique par le CERFI et
l’AEEMB. Première du genre, la colonie a rassemblé 164
enfants musulmans venus du Togo, du Niger et du
Burkina. Deux semaines durant, ces enfants ont appris les
b.a.ba de l'islam, effectué deux sorties sur certains sites
touristiques du pays et animé une émission a la radio al
-houda. La première édition de la colonie sous- régionale
était parrainée par notre frère Adama
FOFANA.

VV

les musulmans et le sida, l’éthique de la parole en islam.

« la jeunesse musulmane et la problématique de la
coordination du travail islamique en Afrique de
l’ouest » C’est sous ce thème que s’est tenu du 11 au 14
août 2007 à Ouagadougou le 5®me congres de l’orga­
nisation de la jeunesse musulmane de l’Afrique de l’ouest
(OJEMAO). Déroulé au centre socio-éducatif de l’Agence
des Musulmans d’Afrique(AMA),le congrès a regroupé 17
participants venus du Niger,
du Togo,du Sénégal et a
consacré entre autres résolu­
tions, à la mise sur pied d’un
nouveau secrétariat exécutif
pour un mandat de 03 ans.

Trimestre marathon
pour l’AEEMB

Koudougou, chef lieu de la province du
Boulkiemdé, a été retenu cette année
pour abriter le séminaire national de formation islamique
(SENAFI) ,11 èrr|e édition qui se tiendra du 17 au 24 août

2007 sous le parrainage de monsieur YERO BOLY,
ministre de la défense.
Placé sous le thème « L’intellectuel musulman et l’ave­
nir de l'islam », ce séminaire réunira environ 600 jeunes
musulmans venant des13 régions du Burkina et des asso­
ciations sœurs de la sous région. Durant sept jours, les
participants vont apprendre les préceptes de leur religion
et développer des liens de fraternité. Parmi les thèmes qui
seront développés à travers cours, conférences, causeries
et projections , on peut citer entre autres ,l’histoire des
prophètes, l’histoire de l’islam au Burkina, le secourisme,

Suite de la page 2
grâce à Allah et savons compter sur le dynamisme de
l’AEEMB, les invocations des militants et de l’implica­
tion de l’ensemble des associations membres, de tous
et de chacun pour garantir à l’OJEMAO un avenir
radieux.
AN : Comment appréciez-vous l’état de fonction­

S’il y’a une activité qui a retenu l’attention des étudiants
cette année sur le campus, c’est bel et bien la journée
islamique des sections que presque toutes les UFR ont
organisée. Des juristes aux littéraires en passant par les
scientifiques, les frères et sœurs ont à côté de la promo­
tion de leurs filières, mis en relation leurs savoirs acadé­
miques et les enseignements du coran et de la sunnah.
Ce type d’activité est dynamogène et dessine un avenir
luisant pour l’association.

Ibrahima OUEDRAOGO

cultés qui vous assaillent.
AN : Quelles sont les relations que vous avez avec
les conseils généraux (C.G.) pour la coordination
de leurs relations extérieures?
yp ; Pour mieux accompagner les C.G. dans l’organi­
sation de leurs relations extérieures, nous avons entre­
pris d’établir un fichier de partenaire dans chaque CG.
Ce fichier va permettre aux conseils généraux d’identi­
fier leurs partenaires, d’appréhender leur apport pour la
structure et maintenir ses relations par des visites de
courtoisies, des lettres de remerciements etc.

nement de la FAIB?
VP ; De façon générale la FAIB est confrontée à de
nombreux problèmes ; ce qui rend son fonctionnement
difficile mais nous restons optimistes quand à l’avenir AN : Votre mot de fin
de cette structure car ces difficultés sont inhérentes
VP : Nous remercions Allah (swt) qui a fait de nous des
dans la vie d’un tel regroupement hétérogène.
acteurs du travail islamique. Chacun de nous est un
AN : Quelles sont les difficultés que vous rencon­ partenaire potentiel de la structure pour demain et doit
trez dans la conduite de votre programme au s’engager dès à présent à la soutenir dans l’avenir.
niveau du département?
Nous remercions an nasr dont les publications aident à
yp ; Les difficultés ne manquent pas certes. Mais
la visualisation de la structure. Aussi nous a- t-il permis
quand on est dans un département comme la vice
de parler des actions de la vice présidence qui, il faut le
présidence et que des partenaires vous soutiennent et
reconnaître, restent peu connues.
vous encouragent, vous vous maintenez permanemment sur le chantier du travail et vous oubliez les diffi­

Propos recueillis par Ibrahim SANA

d'AI Afghani et Mohamed Abdou. Dans ses écrits, il
tiques qu'il commença à formuler sur les méthodes
a réformisme islamique contemporain
préconisa le retour à l'islam des salafs, la purification
d’enseignement traditionnelles qu'il juge inadaptées au
puise ses sources profondes dans la pen­
de la tradition, de l'enfermement et des déviations. Il
temps. Il partago les mômes Idéaux qu'AI Afghani qu'il
sée taymiyya. Au 18 ème siècle,
créé l'association famiyyat ul uléma (association des
a eu l'occasion de rencontrer où lui aussi fut exilé par
Mohamed ibn Abdou Wahhab (le fonda­
savants) avec de multiples sections et une association
l'administration coloniale anglaise en Égypte. Les
teur du salafisme) trouve en lui une
qui s'occupe des collectes et de la redistribution de la
source d'inspiration pour fonder sa doctrine basée
deuxsur
hommes se sont donc côtoyés un moment et ont
zakat. Il met en place des cercles ou les femmes s'ex­
le retour à la pureté du Tawhid. Si sa pensée a ôté pour
même crée un journal ensemble intitulé Urwatul
ercent à la recherche du savoir et la production intel­
l'essentiel ancrée sur les aspects théologiques de la
wusqua (le lien indissoluble). Mohamad Abdou a donc
lectuelle. Son œuvre est poursuivie par Cheick
religion, il ne fut pas moins celui qui a inauguré le
défendu l'unité des musulmans, la référence essen­
grand mouvement de réformisme qu'a connu le monde
Ibrahim.
tielle à l'islam contre le Taqlid (sectarisme doctrinaire),
arabo-musulman de l'Inde à l’Égypte et jusqu' à la pre­
l'anticolonialisme. Il fait de l'ignorance et de la paresse
mière moitié du 20eme siècle. Le courant réformiste
La pensée de Mohamed Iqbal
Intellectuelles des musulmans un des axes essentiels
est né ainsi dans un contexte où la dernière représen­
Il est d'origine indienne, et contemporain d'ibn Badis.
de sa pensée. Il développe l'importance de la raison et
tation de l'autorité politique musulmane à savoir l'em­
La reforme de la pensée en islam fut le thème principal
estime que c'est la foi qui lui donne son caractère
pire Ottoman était en totale déliquescence sous l’influ­
des grandes conférences qu'il anima en Inde. Il en fit le
moral. C'est pourquoi cette raison seule ne saurait suf­
ence des puissances occidentales. La présence
fire à l'homme pour se conduire. Beaucoup d’autres
titre de son premier livre.
étrangère achevait de diviser les musulmans dressant
sujets ont été développés par Mohamed Abou en rap­
Mohamed Iqbal est docteur en philosophie et fort de
les aristocrates bourgeois (privilégiés favorables aux
port avec sa réforme. Entre autres, il défend le droit
cette érudition, il affirme dans sa pensée théologique la
Occidentaux) contre les nationalistes réfractaires à
des femmes à travers l'idée de leur droit à l'éducation
différence de statut et la complémentarité entre sci­
toute idée d'installation du pouvoir étranger. Cette situ­
et la proposition d’une législation sur le divorce qui leur
ence et religion. Il conçoit la science comme une don­
ation qui est une démonstration de faiblesse face à
est favorable (dans certaine circonstance); il va jusqu'à
née limitée du réel et la religion comme une connais­
l'impérialisme va favoriser l’émergence de la
sance globale et profonde allant au delà du réel.
pensée réformiste visant pour l'essentiel le
A propos de la réforme sociale et politique, Iqbal
retour à la foi pure qui a donné toute l'énergie
accuse les traditionalistes d'être responsables des
aux premiers musulmans, au dynamisme de la
maux du monde musulman.
pensée, la préservation de la culture musul­
A propos de la présence étrangère, il mit en garde les
mane, l'unité des musulmans au-delà des
musulmans contre le danger de l’occidentalisation.
écoles,
L'indépendance pour lui doit être à l'identité. Il est con­
L'anticolonialisme, les réformes politiques
tre les nationalistes qui selon lui peuvent être une
sociales,...Ce courant fut appelé NAHDA (ren­
atteinte à l’idéal d'une oumma au-delà des frontières. Il
aissance).
prôner l'interdiction de la polygamie sauf cas de stéril­
préconise une sorte de fédération d'États indépen­
ité de la femme car selon lui, le contexte ne permettait
dants qui respectent la diversité.
FAMALEDDINE AL AFGHANI
plus de remplir les conditions de la polygamie telles
(1838-1898)
qu'édictées par l'islam.
L’idéal de Hassan Al Banna (1906-1949)
Il est d'origine afghane et tradition sunnite pétri d’un
De retour en Égypte après son exil parisien, Mohamed
Il est égyptien. En 1928, il créé avec six (06) de ses
savoir immense .AL AFGHANI est un farouche
Abdou occupe une fonction législative et judiciaire, ce
compagnons l'association des frères musulmans. On
défenseur d'une réforme des sociétés musulmanes. Il
qui lui permet de contribuer énormément à ta reforme
met beaucoup de réalisations à l’actif du mouvement.
acquit une grande expérience dans le long périple qui
de l'administration, de la méthode de l’enseignement
On a entre autres, l'institut islamique de l’Hiran, l'école
l'a conduit d'Istanbul en Inde en passant par Caire et
jusqu'à la célèbre université d'AI Azhar. La doctrine de
des mères des croyants. Le mouvement se généralise
de l’Inde en Russie avec un séjour à Paris où il fut
Mohamed Abdou ébranle les bases du système tradi­
et Al Banna multiplie les efforts dans les villes et les vil­
entre temps exilé par l'administration coloniale
lages pour mobiliser les hommes et les femmes autour
tionnel, Il fonda à travers sa pensée une théorie ratio­
anglaise. La pensée d'AI Afghani se fonde sur l'anti­
de l'idéal qu'il défendait.
naliste et humaniste. Il met en avant la liberté humaine
colonialisme, l'unité des musulmans autour de
Pour résumer la pensée d'AI Banna nous citons son
qui selon lui fonde la responsabilité humaine. Animé
l'essence de l'Islam au-delà des écoles de pensée et
petit fils Tariq Ramadan dans son ouvrage intitulé Aux
d'une grande audace, il dénonce la conception com­
des nationalistes.
sources du renouveau musulman « les préoccupa­
munément admise de la prédestination.
Au plan politique, Al Afghani organise sa pensée autour
tions essentielles d’AI Banna étaient l’application
Il développe parallèlement la liberté humaine et l'exis­
de deux axes : les réformes sociales et politiques
pratique des enseignements de la religion, la foi,
tence d'une loi naturelle. Il s’insurge contre le conser­
internes aux sociétés musulmanes et la résistance
l’approfondissement de la spiritualité dans l’intim­
vatisme, l'autorité des quatre écoles juridiques et
commune des dirigeants arabes contre la présence
ité de la présence du créateur, la lecture effective et
réclame le retour de l'ijtihad basé sur le coran et la
étrangère. Il déploie d’énormes efforts pour rapprocher
intellectuellement renouvelée des tentes sacrées
sunna.
les dirigeants autour de cette cause mais en vain.
devant permettre dans la confiance au fat du car­
Au plan théologique, Al Afghani estime que compren­
actère universel du message et dans la com­
Rachld kidha et said Annursl
préhension de la globalité, de réaliser un profit
dre l'islam c'est appréhender la totalité Révélation Rachid Rida (1865 1935) est égyptien, il fut Inspiré par
social cohérent, narrateur pour l'époque »
philosophie - science ou foi raison intelligence. Il définit
la doctrine de Mohamed Abdou. En plus des idées de
le fiqh
son maître qu'il va défendre, Rachid Kidha va beau­
Comme une réponse donnée à un problème par un
Le retour sur le mouvement réformiste musulman nous
coup défendre l'Idéal du retour du califat. Il alla même
juriste à un moment donné de l'histoire .Sa pensée
a permis de passer en revue les axes essentiels des
jusqu'à proposer la création d'une société littéraire
théologique qualifiée de théologie islamique de la
musulmane pour les débats dans le monde musulman
préoccupations de ses acteurs. Ce sont des intel­
libération est résumée par Tariq Ramadan en ces ter­
et avec l'Europe.
lectuels qui ont tenté dans un contexte donné d'appel­
mes: « Il prêche une lecture critique et interprétation
Quand à Said Nursl, Il est d'origine kurde. Il est admi­
er les musulmans à travailler pour sortir la commu­
rationnelle et adaptée au nouveau contexte historique
rateur des idées de Mohamed Abdou. Said va s'ériger
nauté de sa léthargie dans tous les domaines. Ceci
de certains textes coraniques comme ceux relatifs à
contre l'abolition du califat et la naissance de la Turquie
constitue une interpellation pour les intellectuels
l'esclavage, à la répudiation, à la polygamie. Al Afghani
moderne. A travers le mouvement Nurdjl, il multiplie les
musulmans en tout temps et en tout lieu face à la
publications scientifiques et exalte la science. A propos
a concrètement illustré les virtualités révolutionnaires
responsabilité qui est la leur.
du rôle de la femme, il estime qu'il va au-delà de sa
du réformisme musulman de la Nahda».
Au delà des tendances et des courants de pensée, les
fonction de mère pour faire d'elle une actrice pleine de
sociétés musulmanes ont besoin de profondes
Mohamad Abdou
la société.
reformes pour répondre a un double souci : le respect
de l'esprit des textes fondamentaux et répondre de
Il est né en 1849 en Basse-Egypte, Il appris le coran en
façon appropriée aux exigences des temps
La pensée d’Abdal Hamld ibn Badis (1889-1940)
famille et est Hafiz à13 ans, Il quitte alors la famille
changeants.
Il est d'origine algérienne. Ce fut un fervent admirateur
pour la quête du savoir. Il ouvre sa pensée par les cri­

L

REFORMISTES ET
REFORMISME
CONTEMPORAIN

Kadré SAWADOGO

AN-NASR N° 031

JUILLET - SEPTEMBRE 2007

"Ta