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Bimestriel d’information et de Formation du
Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques

250 F CFA

N° 001

(CERFI)

n.

- :

___

P-

EDITORIAL

LA SORTIE MALHEOREUSE DU PAPE
DOSSIER

HISTOIRE DE L'ISLAM AU BURKINA MB

P.8-9

ISLAM

du président du
Bureau Exécutif
National (BEN) du

-LE

PROFITE...

RAPPEL

- LES DIX DERNIÈRES NUITS DE RAMADAN
'

WM (US)

'"

E7

MOHAMMAD
DRAZ,

'

ABDALLAH

HOMMES
A
LA
'
'■
’ 4
DECOUVERTE DE DIEU, EDITION
LES

AL BOURAQ : BEYROUT (LIBAN)

SANTE

P.3

LA DIARRHEE DU NOURRISSON

LA SORTIE MALHEUREUSE DU PAPE
l y a déjà quelques
Benoît XVI a, volontaire­
mois, les caricatures
ment ou involontaire­
sur
le
Prophète
ment, lors de son dernier
(PSL) produisaient
voyage en Allemagne,
une onde de choc
pris sur lui de faire une
qui menaçait de donner
sortie malencontreuse.
raison
à
Samuel
Huntington, et sa théorie
Comme à l'accoutumé,
du choc des civilisations.
les chaînes satellitaires
ont vite fait de relayer les
Dieu merci, l’effet du
réactions
du
monde
musulman, médiatisant
temps, de la diplomatie
internationale et de la
ça et là les effigies et égli­
ses brûlées, comme pour
sagesse de certains lea­
soutenir que les musul­
ders musulmans ont fini
mans réagissent à fleur
par avoir raison des réac­
de peau ; toute chose qui
tions souvent extrêmes,
confirmerait les insinua­
mais toujours légitimes,
tions du Souverain pon­
que la bêtise d'un journal
tife, du moins, le rendrait
danois avait alors susci­
moins coupable de ce qui
tées.
pourtant a été mondiale­
ment admis comme un
On avait à peine récu­
non-sens politique et his­
péré de cette provocation
torique.
insultante
venue
d'Occident,
qu'lsraël,
Un non - sens politique,
sous le prétexte falla­
parce que quelques jours
cieux de l'enlèvement de
avant cette sortie mal­
soldats, narguait pour la
heureuse, se tenait sous
nième fois le "droit" inter­
la houlette du Vatican
national et l'Organisation
une grande rencontre
des Nations Unies - pour­
interreligieuse, rencontre
tant acteur majeur de sa
à laquelle beaucoup de
création - en massacrant
chefs religieux de tout
nuit et jour, au su de tous,
bord participaient et qui
les civils palestiniens et
avait alors planché, entre
libanais. Le terrorisme
autres, sur la contribution
dans son expression la
plus achevée, puisque
des religions à la paix
d'Etat !
dans
le
monde.
Comment comprendre
C'est dans ce contexte
alors que peu de temps
mondial pour le moins
après, Benoît XVI rame à
délétère, que le Pape
contre courant de l'esprit

I

0

et des conclusions de cet
important meeting auquel
le Vatican dit accorder du
prix et ce depuis Jean
Paul II ?! ? !
Un non sens historique,
parce
qu'aujourd'hui,
tous les historiens sincè­
res et honnêtes (non pas
ceux qui durant des siè­
cles ont écrit l'histoire en
fonction des intérêts poli­
tiques, idéologiques et
confessionnels de leurs
mandataires), tous les
historiens sincères et
honnêtes disons-nous,
sont
unanimes
pour
reconnaître d'une part,
que le prophète (PSL) n'a
pas fait de guerres offen­
sives mais défensives, et
d'autre part, que_s'jl y. .a
des massacres épouvan­
tables que la mémoire
collective n'est pas prête
d'oublier, c'est bien ceux
résultant des croisades
impulsées par la chré­
tienté. On voit donc qui
est bien ou mal placé
pour donner des leçons à
qui.

Bien entendu, Benoît 16
s'est empressé d'une
part, de se dire "désolé
!", de clamer haut son
"respect" pour le milliard
et quelque de musul­
mans, et d'autre part, - et
c'est ce qui semble para­
doxal - de se désengager

des
propos
par lui
empruntés à l'Empereur
Byzantin.

Il n'est pas utile de polé­
miquer sur la fin de non
recevoir
du
Pape
. concernant les excuses
forcées que certains vou­
laient lui arracher. Après
tout, un prompt "je suis
désolé" ne serait pas plus
sincère qu'un "je m'ex­
cuse" de façade, dit mal­
gré soi ?.
En revanche, ce qui
mérite qu'on s'y attarde
un peu, c'est cette gym­
nastique
intellectuelle
papale tendant à faire
croire qu'il a été incom­
pris, que la citation que­
rellée engage plutôt son
auteur et non "célüî’qüi
serait juste un traducteur.
En vérité quand on cite
quelqu'un, de deux cho­
ses l'une ; ou bien on
prend le cité en contrepied, ou bien on le prend
à
témoin.
Vraisemblablement, dans
le cas d'espèce, nous
sommes en présence de
la seconde hypothèse.

Cette façon d’être et de
faire n’est pas une pos­

ture qui favorise le dialo­
gue interculturel, interréli-

geux.

La rédaction

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

LA DIARRHEE DU NOURRISSON
L'apparition de troubles
de la
avez-vous que plus de
quatre millions (4.000.000)
conscience (enfant très agité ou au
d’enfants décèdent de
contraire léthargie, fatigué, apathi­
gastro-entérite (maladie
que).
de l'estomac et/ou des
intestins) dans le monde, soit unD'autres
quart
signes sont par ailleurs faci­
de la population burkinabé. Ces
lement détectables par l'agent de
décès sont encore plus nombreux
santé (allongement du temps de reco­
dans les pays en voie de développe­
loration cutanée, existence de mar­
ment.
brures, etc.). La baisse de la pression
La grande majorité des diarrhées de
artérielle s'observe dans la déshydra­
l'enfant sont d'origine virale (souvent
tation grave et cette déshydratation
par le rotavirus), ou bactérienne dans
nécessite une prise en charge
environ 10% des cas. Les germes les
urgente.
plus fréquemment rencontrés sont les
salmonelles, les campylobactes, les
b) facteurs de gravité
sighelles et Yiersinia enterocolitca.
Cependant, même en cas de diarrhée
La fièvre et les vomissements majo­
bactérienne, l'antibiothérapie ne doit
rent le risque de déshydratation au
pas être systématique.
cours d'une diarrhée et en compli­
quent la prise en charge ;
Le traitement doit reposer essentielle­
ment sur les mesures de prévention
Le jeune âge (moins de trois mois)
et de lutte contre la déshydration
aiguë, qui reste l'une des complica­
ainsi que l'existence d'une diarrhée
préexistante sont des facteurs de gra­
tions principales de la diarrhée.
vité ;
I-COMMENT ÉVALUER L'ÉTAT DE
DÉSHYDRATION DU NOURRIS­
Le contexte socioculturel familial doit
être pris en compte car l'incompré­
SON?
hension ou le manque de surveillance
des parents augmente considérable­
a) signes cliniques
ment le risque de déshydratation.
Divers signes cliniques permettent
La déshydratation peut se constituer
d'évaluer l'importance d'une déshytrès vite en l'absence de compensa­
dratation.
tion adaptée des pertes.
La soif est le 1er signe, lequel signe
Il faut s'en méfier particulièrement
est facilement repérable par les
chez le nourrisson de moins de six
parents ; la perte de poids (évaluée
(06) mois qui a de nombreuses selles
par rapport au poids le plus récent)
en quelques heures.
est l'élément principal pour quantifier
l'intensité de la déshydratation (une
Il- QUELLE EST LA CONDUITE À
perte de poids inférieure ou égale à

S

5% est considérée comme bénigne ;
entre 6 et 9% la déshydratation est
modérée ; au-dessus de 10% du
poids, la déshydratation est considé­
rée comme sévère. Il faut noter que
ces chiffres restent indicatifs (car des
erreurs d'appréciation du poids anté­
rieur, ou l'absence de la mesure du
poids sont les sources d'erreurs).
L'estimation de la déshydratation peut
être faussée aussi par l'existence d'un
autre milieu qui contient l'eau du
corps. Ce milieu est appelé 3e sec­
teur. Cette situation est souvent notée
chez les enfants ballonés.
Des signes comme la fontanelle
creuse, les yeux cernés, les muqueu­
ses sèches, un pli cutané persistant
sont présents en cas de déshydrata­
tion au moins égale à 6% du poids ini­
tial.

TENIR ?

Une réhydratation par SRO (solutés
de réhydratation orale) doit débuter
immédiatement, mais doit être relayé
ou associé dès les 6e ou 12e heures
à une alimentation.
Chez les nourrissons, le maintien de
l'alimentation au sein ainsi que la réa­
limentation précoce avec des laits
artificiels contenant du lactose sont
généralement bien tolérés et peuvent
débuter dès la 6e à la 12e heure du
commencement du traitement.
(Il existe cependant au moins 5% de
cas d'intolérance au lactose chez un
enfant sévèrement déshydraté). Pour
les enfants de moins de 3 à 4 mois,
certains pédiatres recommandent
l'utilisation de lait de vache sans pro­
téines, surtout en cas de diarrhées

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

prolongées.
En cas d'alimentation diversifiée : si
les enfants ont une alimentation, la
réalimentation peut être rapide, et
notamment basée sur les féculents,
les viandes, les yaourts, les fruits et
les légumes, et ce en limitant néan­
moins les apports excessifs en sucre
et en graisse.
c) Les autres thérapeutiques

- Les anti-diarrhéiques
Les médicaments dits anti-diarrhéi­
ques (anti-sécrétoires, argiles, pré et
pro biotiques) sont considérés
comme inutiles. Aucun de ces pro­
duits n'a d'effet démontré sur la pré­
vention et le traitement de la déshy­
dratation. Ils ont pour effet de réduire
la diarrhée, ce qui peut rassurer à tort
les parents et retarder les mesures de
prise en charge de la déshydratation
(ici on s'attaque aux conséquences
en oubliant la cause).
De ce fait, l'OMS recommande de ne
pas utiliser ces produits chez le jeune
enfant. Certains ralentisseurs du tran­
sit (loperamide) exposent au risque
(paralysie de l'intestin) et par consé­
quent sont contre-indiqués chez le
nourrisson.

- Les anti-vomitifs
Les anti-vomitifs sont des neurolepti­
ques. Ils sont inefficaces dans le trai­
tement des vomissements associés à
la diarrhée, et présentent souvent des
risques de syndrome extra pyramidal.
- Les antibiotiques
L'usage d'antibiotique ne doit jamais
être systématique. Ceci est réservé
au nourrisson dont les signes systé­
miques évoquent une septicémie, un
terrain immunodéprimé, ou en cas de
diarrhées dues à certains germes
comme les shigelles, les salmonelles
typhies, etc., qu'on a diagnostiqué
aux examens des selles
En dehors de ces situations, l'antibiothérapie ne modifie pas l'évolution de
la diarrhée. Tout compte fait, devant
une diarrhée grave, sévère ou persis­
tante, il convient de se diriger vers un
centre de santé.
Références bibliographiques :
1. Comité de Nutrition Société
Canadienne de Pédiatrie.
2. Cézar et JP Chouniqui, Traitement
médicamenteux des diarrhées
infectieuses
du
nourrisson,
ARCH FM Pédiatre 2002 /09 :
620.8
Dr SANFO Marou

_______________________ ;_____________________________ ;______ /

09 BP 911 Ouagadougou 09 Burkina Faso
Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03Email :cerfiben@fasonet.bf
Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF

Directeur de Publication
Président du CERFI
Rédacteur en Chef
Hamidou YAMEOGO

Secrétariat de Rédaction
Alizèta OUEDRAOGO
PAO & Impression
Altesse Burkina : 50 39 93 10
Tirage : 1000 Exemplaires

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HISTOIRE DE L'ISLAM AU BURKINA
Tarik Es Soudan, "Les musulmans
'exil en Abyssinie d'une
essayèrent de soumettre les
partie des compagnons du
Mossi tout d'abord par la persua­
Prophète (SAW) nous
sion au XVe siècle, puis par la djiprouve la présence de l'is­
had (guerre sainte). Ils échouèrent
lam en Afrique du nord du vivant
dans ces deux tentatives, mais
du Messager d'Allah (SAW).
finirent par s'implanter en pays
Quant à L'islamisation de l'Afrique
Mossi comme (des) réfugiés de
occidentale, elle fut tardive, lente
et pacifique dans son ensemble,
guerres, (des) marchands (yarsé,
exceptées certaines localités où il
Marensé, Marka) et quelques
y eut une lutte armée. Celle du
familles maraboutiques...A certai­
Burkina Faso, pays sahélien
nes époques, ils furent soumis à
enclavé de 274200 km2 situé au
de nombreuses restrictions et le
morho Nabà leur interdit de réciter
cœur de la boucle du Niger en
leurs prières dans les lieux
Afrique de l'ouest, est récente.
publics. A d’autres moments, on
Débutée aux 15e et 16e siècle
les laissa pratiquer leur religion et
avec l'arrivée dans le Moogo de
ils réussirent même à convertir
musulmans Yarsé, Haoussa,
plusieurs Morho Nanamsé à l'is­
Djula, et des Peuls au nord, la reli­
lam".
gion musulmane déborde le cadre
C'est le cas de Naba Kundumyé
des communautés marchandes
qui aurait permis à de nombreux
pour toucher progressivement
Yarsé
de
s'installer
à
certains membres de l'aristocratie
Ouagadougou. Puis le souverain
et des cours royales au début du
Naba Korn I (sa mère étant une
XIXe siècle. Selon les estimations
Yarga) aurait été favorable à l'is­
officielles datant de 1996, l'islam
lam sans se convertir. Ceci a per­
regroupe 55,9% de burkinabé, ce
mis l'implantation de foyers de
.quLest fort surprenant .Pour une
prosélytisme musulman un peu
population jadis réputée hostile à
partout dans le royaume.
J'islam. La présente étude a pour
Naaba Dulugu (1796 -1825 ) fut le
objet de revenir sur le processus
premier Mogho Naaba à s'être
d'islamisation du Burkina (I), l'is­
converti à l'islam ; il fit construire
lam à l'époque coloniale (II) ainsi
une mosquée à Ouagadougou.
que la configuration du paysage
N'ayant pas pu imposer la foi
associatif en place (II).
musulmane à son entourage et
inquiet des progrès de l'islam
I-LA PENETRATION DE
pourtant peu spectaculaires, il
L'ISLAM AU BURKINA FASO
éloigna
son fils aîné Naba
La démarche consistera d'abord à
Sawadogo,
et
déposa
le
aborder les peuples situés au
Kombissiri Naaba Pwanda, un fer­
centre du Burkina Faso, puis ceux
vent
musulman.
du nord et enfin ceux du sud et de
Naba Sawadogo (1825-1842) qui
l'ouest.
succéda à son père fut un musul­
man plus actif que celui - ci, mais
1-1-Au centre
continua à remplir les obligations
Occupé par les moosé (sing.
traditionnelles.
Moaga), les tentatives d'imposer
Naaba Kutu (fils de Naba
l'islam par la force ont d'abord
Sawadogo) savait lire et écrire en
échoué. De ces tentatives, on
arabe. Devenu empereur, il resta
retiendra
celle
d'Askia
fidèle à l'islam. Contrairement à
Muhammed (1493-1528). Selon
Naaba Dulugu et à Naba
Elliot Percival Skinner, l'auteur du
Sawadogo, il confia aux grands

L

O

dignitaires de la cour les rituels
royaux. Il fit construire une mos­
quée pour ses femmes et enfants.
Il envoya la plupart de ses enfants,
sauf le futur Naaba Sanem son fils
aîné, à l’école coranique et n'im­
posa point l'islam à son royaume.
Cependant, il n'hésita pas à soute­
nir le Boulsa Naba Pewgo dans la .
répression d'un mouvement insur­
rectionnel d'inspiration musul­
mane dirigé par Modibo Mamadou
(un Peul). Parmi ses successeurs
certains étaient des musulmans
tels que Al hassan (Naba Sanem),
Bakari ( Naaba Wobgo),
et
Mamadou (Naaba Sigiri). Tel était
la situation dans les sociétés
moosé à la veille de la conquête
coloniale ; qu'en est-il dans les
régions du nord ?

l-2-Au Nord
C'est la partie sahélienne du
Burkina regroupant les province
du Soum (jadis le Jelgooji), et du
Seno (l'ancien émirat de Liptako).
Cette zone était peuplée par les
Dogon, les Kibsi et les Kurumba
qui ont fui le Manden occidental
où Sunjata Kéita voulait leur impo­
ser l'islam. Le Nord sera islamisé
grâce à la consolidation des deux
émirats Peuls (le Liptaako et le
Jelgooji), placés respectivement
sous l'autorité de Ousman Dan
Fodio (empereur musulman) et du
Massina.
En effet, les peuls du Liptako ont
envoyé une délégation prêter allé­
geance à Sokoto en 1810.
Ousman Dan Fodio en guise de
reconnaissance remet un éten­
dard (deseewal) à la délégation
conduite par Ibrahima Saydou, qui
devient 1e émir. Ils maintinrent les
liens avec Sokoto jusqu'à la colo­
nisation. Le Yaaga (chefferie
peule) plus proche de Sokoto prit
l'étendard en 1812. L'émigration
de ces peuls musulmans vers les
régions du sud et de l'ouest, a
favorisé l'émergence de l'islam

dans ces lieux. C'est le cas du
Boobola.
l-3-Le Boobola
Une plaine située dans la boucle
du Mouhoun dominée par une
vaste étendue de sable favorable
à l'élevage, ses premiers occu­
pants sont les Bobo et les Bwa.
Bien accueillis, les Peuls finissent
par se sédentariser, et créent deux
pôles musulmans à savoir Barani
et Dokwi. A l'ouest, la création de
l'Etat du Gwiriko assure une rela­
tive sécurité aux marchands Djula.
Ce qui permit à de nouvelles famil­
les maraboutiques de s'installer à
Bobo - Dioulasso. Mais avec l'arri­
vée du colonisateur français, l’is­
lam va faire face à une nouvelle
donne.

Il - L'ISLAM A L'EPOQUE
COLONIALE
L'expansion véritable de l'islam au
Burkina Faso date de la colonisa­
tion. Et cela s'explique par les
efforts des maraboutsefla politi- "

que anti - islamique adoptée par
l'administration coloniale. En effet,
la création de la colonie de la
Haute Volta (l'actuel Burkina
Faso) répondait au désir de for­
mer une barrière au prosélytisme
musulman. Il ressort de nos inves­
tigations que les musulmans, plus
que les adeptes des autres com­
munautés religieuses, ont souffert
de la domination coloniale. Cela
est dû au fait que la France enten­
dait faire du Mogho le bastion du
Christianisme et sa base de résis­
tance contre l'Islam. Voilà ce que
disait un officier supérieur à Mgr
Hacquard : "Dans la boucle du
Niger, envahie depuis longtemps
par les musulmans [...] seul le
mossi ne s'est pas laissé entamer
; il faut, en le christianisant, en
faire notre base de résistance à
tout mouvement islamique possi­
ble, il faut que le mossi soit

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

l'Abyssinie de notre empire souda­

nais
Cela devait passer par la domesti­
cation de l’islam et l'élimination
des chefs musulmans jugés récal­

et la mission qu'ici". Ce dernier ne
tarit pas d'éloges au gouverneur
Hesling : "Monsieur Hesling est
toujours animé des meilleures dis­
positions pour la mission. Il vient

citrants.
Ainsi assiste - on à la création en
1911 d'une police musulmane per­
manente chargée de recenser les
marabouts, de contrôler leurs acti­
vités, de leur imposer des laissez -

encore de m'accorder une sub­
vention de 2000 frs pour la
construction d'un vrai ouvroir...".
Certains dignitaires de l'église ont

passer. A ce sujet, une circulaire
signée par le Gouverneur CLOZEL le 12 août 1911 stipulait que
"les marabouts qui veulent circuler
doivent avoir un laissez-passer qui
sera délivré dans des cas bien
définis. Ceux qui voyagent sans
autorisation seront sanctionnés et
reconduits dans leur village". Lors
des fêtes religieuses, les imams
des mosquées ne pouvaient
débuter la prière sans s'assurer
d'abord de la présence sur les
lieux des dépositaires du pouvoir
colonial. Au demeurant, la plupart
des imams étaient imposés par
les administrateurs coloniaux. Le
pèlerinage à la Mecque était
sérieusement entravé et pour
obtenir un passeport en vue du
voyage, les fidèles subissaient
mille et une tracasseries.
Ce contexte favorisa les pèlerina­
ges clandestins. Selon El hadj
Oumar KOUANDA, "on n’appre­
nait la participation de beaucoup
de fidèles au hadj qu'à leur retour.
Les départs n'étaient pas annon­
cés par crainte des représailles

eux nous pouvons citer Mgr
Hacquart, vicaire apostolique du
Sahara et du Soudan en1908, qui
soutenait que l'islam est une reli­
gion totalitaire et opprimante et le
principal obstacle à l'évangélisa­
tion. Pour Mgr Bazin, l'islam est un
mal qu'il faut arrêter : c'est "le plus

des colons".
D'autre part, les missionnaires
furent encouragés à s'installer et à
évangéliser comme l'ordonnait le
gouverneur Archinard : "Faites
des villages catholiques et fran­
çais et vous aurez bien mérité de
Dieu et de la patrie." A propos du
soutien du colonisateur Mgr
Johanny Tchévenoud, nommé
membre du conseil de l'adminis­
tration de la colonie par arrêté du
17 avril 1920, il suffit de rappeler
qu'il affirmait : "Nulle part peut être, il existe une collaboration
aussi intense entre l'administration

encouragé le dénigrement de l'is­
lam sous la colonisation. Parmi

terrible adversaire" de l'Eglise au
Soudan.
Malgré le contexte peu favorable
à son expansion, la religion
musulmane n'a cessé de se
répandre atteignant 9,86% de la
population en 1949 ; 27,5% en
1960 ; 52,4% en 1991. Aujourd'hui
selon les estimations officielles
datant du 1996 les musulmans
représentent 55,9% de la popula­
tion burkinabé ( 23,7% d'animis­
tes; 16,6%, de catholiques, et 3%
de protestants) et la plupart d'en­
tre eux ne sont pas indifférents
aux associations musulmanes de
la place.
II-LE MOUVEMENT ASSOCIA­
TIF MUSULMAN

Un examen du processus de mise
en place des associations (1) et
un arrêt sur la Fédération des
Associations
Islamiques
du
Burkina (2) nous permettront de
cerner un temps soit peu le phé­
nomène associatif musulman

dans notre pays.
Ill - 1 - Processus de mise en
place des associations

Après l'incident survenu à BoboDioulasso le 3 août 1941 (des
musulmans révoltés ont attaqué
des colons Européens résidents à
Bobo-Dioulasso et il eut 5 morts et

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

9 blessés du côté des musul­
mans),
certains
musulmans
notamment les fonctionnaires ont
trouvé la nécessité de se regrou­

per en association en 1941. En
1952 est née à Ouagadougou une
structure dénommée, Comité pour
la mosquée dont l'objectif est de
trouver une mosquée pour les
musulmans.
Le processus de mise en place
des associations musulmanes
sera favorisé par la naissance de
l'Union Culturelle Musulmane
(UCM) en 1953, dont le principal
artisan est le Cheik TOURE
(ancien étudiant des medersas
d'Alger
et de Constantine).
L'UCM fut un mouvement réfor­
miste qui lutta pour la promotion
de l'enseignement islamique et de
la langue arabe. Elle a mené un
effort louable dans la conscienti­
sation des masses par l'organisa­
tion de conférences, de séminai­
res et d'ateliers de formation. Elle
a également lutté contre la colo­
nisation.
En 1958 est créée la section UCM
de Bobo-Dioulasso, composée
majoritairement de réformistes
(wahabbites) .Le 27 octobre 1960
est née la section UCM de la ville
de Ouagadougou dénommée
Communauté Musulmane de
Ouagadougou (CMO).
Le 17 octobre 1962, on assiste à
la création de la Communauté
Musulmane de la Haute Volta
(CMHV), une structure nationale
regroupant tous les musulmans
du pays. A l'époque, le grand
imam de Ouagadougou avait le
rang de ministre dû Mogho et était
intronisé suivant les coutumes
ancestrales (comme le breuvage
du tibo, le fait de jurer fidélité au
monarque, la fabrication des amu­
lettes).
La nomination du grand imam de
la ville sans le consentement du
Chef suprême des Mossi en 1966,
après la mort du grand imam de
Ouagadougou, s'expliquait par le
fait que les premiers n'appré­
ciaient pas le statut réservé au
grand imam dans l'organisation

politico-administrative mossi. Au
même moment, les hamalistes
ambitionnaient de se regrouper
pour une meilleure diffusion du tidjanisme. Cette situation a motivé
la création en 1972 d'une structure
informelle
appelée
Comité

Culturel de la Jeunesse Islamique
destinée à éviter l'éclatement de la
CMHV.
Mais en 1973 on assiste à la pre­
mière fracture (conflit qui à BoboDioulasso opposait les wahhabites à d'autres musulmans), toute
chose qui aboutira à la naissance
du Mouvement Sunnite de la
Haute Volta. En janvier 1979,
l'Association Islamique de la
Tidjania voit le jour sous la hou­
lette du Cheikh de Ramatoullah,
Sheik Sidi Aboubacar Maiga 1er.
Le 19 juillet 1979 voit l'intervention
directe de l'Etat dans les affaires
musulmanes par la création de la
Commission
Nationale
de
Pèlerinage par décret n°79290Pres/PM/IS/DGI. Il s'agissait
pour l'Etat de contribuer à une
meilleure organisation du Hadj.
A partir de 1983 va naître
l'Association Islamique du Burkina
sous la houlette de Lancina
TRAORE, structure non officielle
composée de responsables dési­
gnés par des grandes associa­
tions islamiques pour gérer le
Hadj.
En 1986, on a la naissance offi­
cielle de l'Association des Elèves
et Etudiants Musulmans au
Burkina Faso (AEEMB). C'est une
structure de rencontre, de partage
de connaissances et de formation, '
créée afin de permettre à ses
membres "d'acquérir une éduca­
tion religieuse pour une meilleure
pratique et un rehaussement de
l'amour de la religion chez l'élève
et l'étudiant musulman
Elle ambitionne :
- de regrouper les élèves et étu­
diants musulmans dans un étroit
sentiment de fraternité,
- de contribuer à la promotion de
l'islam par des conférences, des
séminaires, des colonies etc.,
- de contribuer au développement

®

*
1

,

socio-économique du Burkina...
Le
Cercle
d'Etudes
de
Recherches et de Formation
Islamiques (CERFI) est créé en
1989 par des anciens membres
de l'AEEMB et d'autres personnes
ressources. C'est une association
apolitique, indépendante, à but
non lucratif, ouverte à tout musul­
man sans distinction d'âge, de
sexe et de profession. Son but est
de promouvoir et d'encourager
l'étude et la recherche dans les
divers domaines de l'islam, de
répondre à l'attente de tous ceux
qui désirent s'informer et se for­
mer dans ces domaines. Le
CERFI œuvre en outrepour l'unité
d'action des musulmans et contre
les fléaux sociaux.
L'intervention de l'Etat dans l'orga­
nisation du Hadj fut symbolique
jusqu'en 1994. Le 4 décembre
1995, l’Etat prend en charge l’or• ganisation du Hadj en créant par
décret n°95-513/PRS/PT/MAET la
Commission
Nationale
d'Organisation du Pèlerinage à la
Mecque. Les associations islami­
ques seront associées à la gestion
jusqu'en 2005, date du retrait de
l'Etat de l'organisation du Hadj.
En 1995 va naître le CADIS,
Centre Africain de Diffusion
Islamique et Scientifique. Son fon­
dateur Maître Ahmed SIMOZRAG,
principal
avocat
du
Front
Islamique du Salut, est expulsé de
France pour avoir défendu les diri­
geants de ce parti politique qui
avait vu son programme politique
homologué par le peuple algérien.
La principale activité du Centre est
l'édition et la diffusion de livres sur
la culture islamique et le dialogue
interconfessionnel ainsi que l'ani­
mation de conférences publiques.
Elle intervient aussi dans l'aide
aux
personnes
déshéritées
notamment les orphelins, les pau­
vres, les prisonniers, etc..
L'Association pour l'Etablissement
de l'Unité Islamique (née en 1982
et reconnue officiellement en
1990) et l'Association Islamique
d'AI Mawada sont les principales

'
k

©

structures à tendance chiite
reconnues au Burkina Faso. Leur
objectif est de promouvoir la doc­
trine Djafarite à travers l'enseigne­
ment, l'édition, les séminaires et
les conférences.
Ainsi on est passé de 13 associa­
tions en 1992 à plus de 200 asso­
ciations en 2006, au moment où
se créait la Fédération des
Associations
Islamiques
du
Burkina.
111-2-

LA FÉDÉRATION

logique ;
Alinéa 6 : Représenter les asso­
ciations membres sur le plan
national et international et offrir à
la communauté des musulmans
du Burkina un porte-parole uni­

que,
Alinéa 7 : Offrir aux associations
islamiques et aux musulmans, un
cadre interne > de gestion et de
résolutions de leurs éventuels dif­
férends,

DES

ASSOCIATIONS ISLAMIQUES
DU BURKINA

Depuis le 18 décembre 2005, les
associations musulmanes du
Burkina Faso sont regroupées au
sein d'une structure nationale
appelée
"Fédération des
Associations
Islamiques
du
Burkina Faso"en acronyme FAIB.
Selon l'article .1er de la charte
constitutive, la FAIB a pour objet
de :

Alinéa 1 : Mobiliser les associa­
tions islamiques pour des œuvres
unitaires de propagation de l'is­
lam, notamment des enseigne^
ments du Saint Coran et de la
Sunna du prophète Muhammad
(psi).
Alinéa 2 : Coordonner l'organisa­
tion, unitaire le cas échéant, des
manifestations et pratiques cul­
tuelles de masse et des évène­
ments islamiques majeures : hadj,
collecte de la zakat...

Alinéa 3 : Œuvrer à l'élévation spi­
rituelle des musulmans,
Alinéa 4 : Susciter, organiser et
promouvoir la concertation, l'union
d'action des associations islami­
ques et des musulmans autour
des questions et des projets d'in­
térêt commun.
Alinéa 5 : Organiser et promou­
voir la solidarité et la cohésion
entre musulmans et entre asso­
ciations islamiques

Alinéa 8 : Promouvoir une bonne
connaissance et une bonne com­
préhension de l'islam au sein de
la société burkinabé
Alinéa 9 : Renforcer la contribu­
tion des musulmans à l'élévation
morale et spirituelle de la société
burkinabé,
Alinéa 10 : Initier des program­
mes et projets visant à contribuer
à résoudre les problèmes écono­
miques et sociaux des plus défa­
vorisés

Alinéa 11 : Promouvoir une contri­
bution toujours plus efficace des
musulmans au développement
national,
Alinéa 12 : Contribuer à la promo­
tion de la paix sociale et de la
cohésion nationale par les ensei­
gnements de l'islam, une éduca­
tion civique des musulmans et le
dialogue dans le respect mutuel
avec les autres confessions reli­
gieuses.
La FAIB est une organisation apo­
litique et à but non lucratif compo­
sée de cinq (5) organes :
- Une instance de décisions : elle
se compose du Congrès et du
présidium ;
- Un secrétariat général (y compris
les commissions techniques natio­
nales et les coordinations) C'est
un organe de conception, d'exé­
cution et d'administration ;
- Un Collège des Ulémas : le col­
lège des Ulémas est un organe
d'orientation et de référence théo­

- Un Majlis Achoura : C'est un
conseil de gestion ;
- Un Conseil de discipline.
Le présidium est le premier

organe de direction
de la
Fédération. Il est composé de
quatre (04) membres statutaire­
ment dévolus aux quatre (04)
structures musulmanes pionniè­
res de la Dawa au Burkina
(Communauté Musulmane du
Burkina
Faso,
Mouvement
Sunnite, Association Islamique de
la Tidjania, Ittihad Islami). Son pré­
sident est statutairement le prési­
dent
de
la
Communauté’
Musulmane du Burkina Faso.
L'actuel président du présidium
est El Hadj Oumarou KANAZOE.
Au terme de notre analyse, il
convient de retenir que malgré
son installation récente, l'islam
occupe une place prédominante
au Burkina Faso et l'adhésion
massive des populations à cette
foi ne cesse d'interpeller observa- ;
tours et chercheurs. Ce progrès
fulgurant s'est effectué cependant
sans coordination réelle des activités de promotion de l'Appel à l'islam. Ce qui a généré des problè­
mes qui ont pour noms le "secta­
risme", le manque d'unité d'action,
le manque de programme cohé­
rent de Daawa, sources de l'igno­
rance. Outre l'absence d'infra­
structures sociales adéquates,
beaucoup d'enfants musulmans
sont restés musulmans de nom et
n'ont pas reçu de formation reli­
gieuse. Ce qui explique l'adhésion
de certains d'entre eux à d'autres
religions et aux philosophies
dévoyées. C'est du reste ce souci
de surmonter les obstacles ci-des­
sus évoqués et de donner à l'ap­
pel islamique sa vraie dimension
au Faso qui a conduit les associa­
tions musulmanes à se réunir en
une
fédération
dénommée
Fédération des Associations
Islamiques du Burkina courant
2005.

Mahamoudou OUBDA

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

MOHAMMAD ABDALLAH DRAZ, LES HOMMES A LA DECOUVERTE
DE DIEU, EDITION AL BOURAQ : BEYROUT (LIBAN)
I-L’AUTEUR

M. A. DRAZ est né le 08 novembre
1894 dans le Delta du Nil
(Mehallet-Diay) où il fréqente I’
école coranique. Dès sa tendre
enfance, il s'illustre par sa préco­
cité et sa passion pour les études.
"Son environnement familial
jouera un rôle certain dans son
futur épanouissement intellectuel.
En effet, son père,
le cheikh
Abdallah DRAZ, auteur et ensei­
gnant versé dans la philologie
arabe, sera retenu en 1905 par le
Mufti Mohammad Abduh pour par­
ticiper à la réorganisation de l'en­
seignement du nouvel Institut
azhari de la ville dAlexandrie. Le
jeune Mohammad DRAZ, après
,des études brillantes dans ce
même institut, y enseignera en
1916 à l'âge de 22 ans." (in pré­
face)
Parallèlement à ses fonctions
d'enseignant, M.A. DRAZ va'suivredes cour^du soir afin de maîtriser la langue de Molière. De
1928 à 1936, il enseigne dans la
prestigieuse Université AI-Azhar,
avant de partir en France (à la
Sorbonne) pour une thèse d'Etat
visant à rectifier l'image faussée
ou tendancieuse que les orientalis­
tes donnaient au Coran. Son
ouvrage La morale du coran est
un pan important de cette thèse
monumentale.

"Aux plus grands spécialistes occi­
dentaux, Mohammad DRAZ va
opposer dans ses travaux sa foi de
musulman convaincu, qu'il ne
sépare jamais de son exigence de
démonstration rationnelle et d'ana­
lyse cartésienne. Cette démarche
intellectuelle le met au diapason
de la mentalité occidental à
laquelle, d'abord, son discours
s'adresse.
Ceux qui ont connu M. A. DRAZ
pendant cette période difficile de

guerre , ont pu témoigné de sa
force de caractère. A travers son
journal, qu'il a tenu quotidienne­
ment de 1936 à 1958, année de sa
mort, on perçoit la patience de cet
homme et son épouse chargés de
leur dix enfants dont l'âge s'éta­
geait alors entre quelques mois et
une vingtaine d'années."(in pré­
face)

De retour chez lui en Egypte en
1948, il enseigne l'Histoire des reli­
gions, la philosophie, l'exégèse et
l'herméneutique en même temps
qu'il représente son pays à des
meeting internationaux. C'est jus­
tement lors du Congrès Mondial
des Religions en janvier 1958 à
Lahore au Pakistan que survint
son décès, créant du coup un vide
énorme dans l'intelligentsia musul­
mane. Apprenant son décès,
Abdel- Halim Mahmoud, futur rec­
teur d'AI-Azhar s'est écrié : "Nous
avons perdu aujourd'hui le dernier
de la lignée des grands hommes
issus de_ l'Al^zhar. Que Dieu nous
vienne en aide et protège l'Islam /".
Si Mohammad Abdallah DRAZ
n'est plus, ses ouvrages lui ont
survécu et méritent d'être lus et
étudiés.
II-L’ŒUVRE
Ouvrage relativement court (324
pages, 04 parties), Les hommes
à la découverte de Dieu est de
ces documents, petits quantitative­
ment parlant, mais grand du point
de vue qualitatif.
Après s'être étalé dans l'introduc­
tion sur le sentiment religieux
dans les grandes civilisations
(époque pharaonique, hellénique,
romaine, chrétienne et islamique),
l'auteur se livre dans la première
partie à une étude sémantique du
mot religion (Dîn). Il en résulte que
le phénomène religieux est à la
fois un fait subjectif (" croyance en
l'existence d'un être mystérieux,

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

transcendant, doué de sens, capa­
ble de choix, de discernement et
de décision, planificateur de l'uni­
vers en général et de ce qui tou­
che à la condition humaine en par­
ticulier ") et objectif (" ensemble
des lois et théories qui précisent
les attributs de cet être divin, ainsi
que l'ensemble des règles prati­
ques qui enseignent les cultes et
les cérémonies par lesquelles
l'homme doit lui rendre hommage
et lui exprimer son adoration " ).
DRAZ réaffirme donc fortement
que la religion est à la fois théori­
que et pratique, qu'une expression
comme "musulman non prati­
quant" ne veut pas dire grandchose.

Quant à la deuxième partie du
livre, elle jette les ponts entre reli­
gion d'une part, et concepts voi­
sins (morale, philosophie, scien­
ces) d'autre part, et ce en mettant
en exergue les ressemblances et
les dissemblances mutuelles.

La troisième partie pose les ques­
tions existentielles (Le penchant
religieux résulte-t-il d'un instinct
naturel ou d'une institution établie
par les hommes ? A quel moment
de l'histoire est-elle apparue ?
Quel est son rôle dans les sociétés
humaines ? ) dont des débuts de
réponses sont envisagés dans la
quatrième partie ?
La quatrième partie justement qui
se veut le clou de la réflexion drazienne passe en revue les théories
qui ont vainement tenté d'expli­
quer l'origine du sentiment reli­
gieux.
Il s'agit entre autres de :
- la théorie naturiste : des auteurs
comme Max Miller (Comparative
mythology) soutiennent que le
sentiment religieux a été suscité
dans l'esprit des hommes suite
aux contemplations du spectacle
de la nature (astre, firmament, uni­

vers, foudre, mer, etc.)
- la théorie animiste : la doctrine
animiste postule que les choses
ont chacune une substance
secrète dite âme et que les pre­
mières religions ont consisté en
l'adoration des âmes, en l'occur­
rence celles des morts.
- la théorie psychologique : plu­
sieurs auteurs (Emmanuel KANT,
Henri BERGSON, Auguste SABA­
TIER, etc.) ont soutenu que
l'homme est parvenu à l'idée de
Dieu par une démarche non
externe (comme le soutiennent les
théories naturiste et animiste)
mais interne (démarche raisonnée
et intellectuelle).
.- la théorie sociale : Emile DUR­
KHEIM soutient que la religion est
une donnée sociale. Autrement dit,
les besoins de la cohésion sociale
ont conduit les hommes à imagi­
ner Dieu.
Qu'en est - il des théories comme
le polythéisme, le nihilisme ou le
fétichisme ? Pour DRAZ, elles
sont " le résultat d'une sorte de
paresse mentale qui fait que l'es­
prit, incapable de s'élever assez
haut, tombe en panne et s'arrête
sur le bord du chemin " (P.174)

Après les avoir exposées, M.A.
DRAZ démontre (arguments cora­
niques à l'appui) les limites de tou­
tes ces théories qui se contredi­
sent les unes les autres avant de
présenter la position islamique
(théorie de la révélation) sur la
question : "l'être humain n'est pas
allé vers la religion mais c'est elle
qui est venue à lui, elle lui a été
inspirée. L'homme ne s'est pas
hissé vers elle, elle est descendue
sur lui. Les hommes n'ont pas
découvert Dieu par un effort de rai­
sonnement, mais grâce à la
lumière de la révélation qui leur a
été accordée."

Hamidou YAMEOGO

O

---

"LE RAPPEL PROFITE..."
I ■ CORAN (S.II, Versets 185 et
186)
- "Le mois de Ramadan au cours
duquel le Coran a été descendu
comme guide pour les gens, et
preuves claires de la bonne direc­
tion et du discernement. Donc,
quiconque d'entre vous est pré­
sent en ce mois, qu'il jeûne ! Et
quiconque est malade ou en
voyage, alors qu'il jeûne un nom­
bre égal d'autres jours. Allah veut
pour vous la fàcilté, Il ne veut pas
la difficulté pour vous, afin que
vous en complétiez le nombre et
que vous proclamiez la grandeur
d'Allah pour vous avoir guidés, et
afin que vous soyez reconnais­
sants ! "
- "Et quand Mes serviteurs t'inter­
rogent sur Moi.. .alors Je suis tout
proche : Je réponds à l'appel de
celui qui Me prie quand il Me prie.
Qu'ils répondent à Mon appel, et .
qu'ils croient en Moi, afin qu'ils
soient bien guidés."
Il - HADITH (rapporté par
Muslim, Abou Dawud, AtTirmidhi, An-Nasai et Ibn Maja)
"Le Messager de Dieu (SA149 a
dit Dieu vous a prescrit le jeûne
de Ramadan et je vous ai recom­
mandé la prière durant ses nuits.
Quiconque y observe le jeûne et
accomplit les prières nocturnes
avec foi et par espoir d'en être
récompensé, sera purifié de ses
péchés comme le jour de sa nais­
sance "

lll-PENSEE : La philosophie
(les secrets) du jeûne, Dr Y. AL
QARADAWI
- Question : Quels sont les plus
grands secrets du jeûne ? Et
comment pouvons - nous les
connaître ?
- Réponse : du Docteur Yûsuf
'Abd Allâh Al-Qaradâwî
"Nous ne pourrons comprendre le

©

secret du jeûne que si nous com­
prenons le secret de l'être
humain... Qu'est-ce que l'être
humain et quelle est sa réalité ?
Est-il ce corps dressé et ce sque­
lette érigé ? Est-il cet ensemble
d'organes, de cellules, de chair,
de sang, d'os et de nerfs ? Si l'être
humain était tel, que vil et petit
serait-il alors ! !
Oui... L'être humain n'est pas ce
squelette matériel. Il est en vérité
une âme céleste habitant ce
corps terrestre, il est un secret du
royaume des cieux placé dans
une enveloppe d'argile. La réalité
de l'être humain est cette finesse
divine et ce joyau spirituel que
Dieu a placés en lui : grâce à elle,
il comprend et il réfléchit ; grâce à
elle, il ressent et il goûte ; grâce à
elle, il organise le royaume terres­
tre et cherche à atteindre le
royaume céleste ; grâce à elle,
Dieu a ordonné aux anges de se
prosterner devant Adam, et ce
n'est sûrement pas grâce à la
boue malléable ni à l'argile pétrie
qui le constitue : "Quand ton
Seigneur dit aux anges : <Je vais
créer d’argile un être humain.
Quand Je l'aurai bien formé et lui
aurai insufflé de Mon Esprit, jetezvous devant lui, prosternés*."
(sourate 38 intitulée Sâd, versets
71 et 72).
Tel est l'être humain : une âme
supérieure dans un corps infé­
rieur. Le corps est le logis ; l'âme
est son propriétaire et son habi­
tant. Le corps est l'embarcation ;
l'âme est le passager et le voya­
geur. Le logis n'a pas été créé
pour lui-même, ni l'embarcation
n'a été créée pour elle-même. Le
logis profite à l'habitant et l'embar­
cation sert au voyageur. Combien
étranges sont ces êtres humains
qui se négligent eux-mêmes et
qui se préoccupent de leur mai­
son, ou qui s'assignent à devenir
les serviteurs de leurs embarca­
tions ! ils ont négligé leur âme

pour rendre le culte à leur corps.
Ce n'est plus que pour leur corps
qu'ils œuvrent ; ce n'est plus que
pour répondre à leurs instincts
qu'ils s'activent ; toutes leurs pen­
sées ne tournent plus qu'autour
de leur ventre et de leur sexe...
Leur sempiternel refrain est
désormais :
“Innamad-dunyâ
ta 'âmuw-wa
sharâbuw-wa manâmu (En vérité,
le monde d'ici-bas n'est que nour­
riture, boisson et sommeil.)
Fa-idhâ fâtaka hâdhâ fa-'aladdunyas-salâmu”
(Si tu manques tout cela, tu peux
dire adieu à la vie.)
Ces êtres humains sont ceux que
Dieu a décrits en ces termes : "Ne
vois-tu pas celui qui a fait de sa
passion sa divinité ? Est-ce à toi
d'être un garant pour lui ? Ou bien
penses-tu que la plupart d'entre
eux entendent ou comprennent ?
Ils ne sont en vérité comparables
qu'à des bestiaux. Ou plutôt, ils
sont encore plus égarés du sen­
tier." (Sourate 25 intitulée le
Discernement, Al-Furqân, versets
43 et 44).
Tel est l'être humain : une âme et
un corps. Le corps a des deman­
des correspondant à sa nature
inférieure ; l'âme a des demandes
correspondant à sa nature supé­
rieure. Si l'être humain soumet
dans son esprit les désirs de son
âme à ses instincts, il se trans­
forme dès lors d'un ange miséri­
cordieux à une bête méprisable
puis à un diable maléfique. C'est
cet individu que le poète croyant
interpelle dans ses vers :
“Yâ khâdimal-jismi kam tasâ likhidmatihi atatlubur-ribha mimmâ
fîhi khusrânu”

(Ô esclave de ton corps ! Comme

tu te presses de le servir !
Manderais-tu le profit de ce qui
n'est que perte ?)
Aqbil
'alan-nafsi
wastakmil
fadâ'ilahâ fa-anta bin-nafsi lâ bil-

jismi insânu
(Viens-en vers ton âme et cultive
ses vertus. Car, c'est par l'âme et
non par le corps que tu es un
homme.)
Si l'être humain prend connais­
sance de sa valeur propre, s'il

comprend le secret que Dieu a
déposé en lui, s'il se réfère à son
côté céleste pour diriger son côté

terrestre, s'il se préoccupe du
passager avant de se préoccuper
de la monture, s'il se préoccupe
de l'habitant avant de se préoccu­
per des murs, s'il fait prévaloir les
envies de son âme sur les ins­
tincts de son corps, il deviendra
dès lors un ange, voire meilleur
qu'un ange. "Quant à ceux qui
croient et accomplissent les bon­
nes oeuvres, ce sont les meilleurs
de toute la création." (Sourate 98
intitulée la Preuve, Al-Bayyinah,
verset 7).
C'est en raison de cela que Dieu
a prescrit le jeûne, afin que l'être
humain se libère du pouvoir de
ses instincts, afin qu'il s'élance au
dehors de la prison de son corps,
afin qu'il ait raison de ses désirs
concupiscents, afin qu'il maîtrise
son aspect animal et tende vers
un aspect angélique, afin qu'il se
rapproche du royaume des cieux, •
afin qu'il frappe aux portes du Ciel
par ses invocations et que cellesci s'ouvrent pour lui, afin qu'il
implore son Seigneur et que
Celui-Ci lui réponde : "Me voici, ô
Mon Serviteur, Me voici /". Le
Prophète - paix et bénédiction sur
lui - dit dans le même sens : "Trois
personnes ne voient pas leurs
implorations rejetées : le jeûneur
jusqu'à ce qu'il rompe son jeûne,
le dirigeant juste et l'opprimé..."
(rapporté par At-Tirmidhî - qui
qualifia ce hadith de bon -, par
Ahmad et Ibn Mâjah, ainsi que
par Ibn Khuzaymah et Ibn Hibbân
dans leurs Sahîh respectifs). "

La Rédaction

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

^.ÉSÜÙÏIÙ

LES DIX DERNIÈRES NUITS DE RAMADAN
amadan est le mois
de Dieu et le mois du
Coran. Ses dix (10)
dernières nuits sont
les meilleures des
nuits de l'année. En effet,
au cours de l'une d'elles que le
Coran a été descendu et ado­
rer Dieu pendant cette nuit pro­
cure le maximum de bénédic­
tions. Le chapitre 97 du Coran
lui est consacré. Allah dit :
"Nous l'avons certes fait des­
cendre (le Coran) pendant la
nuit de la valeur. Et qui te dira
ce qu'est la nuit de la valeur ?
La nuit de la valeur est meil­
leure que mille mois. Durant
celle-ci descendent les anges
ainsi que l'esprit, par permis­
sion de leur seigneur pour tout
ordre. Elle est paix et salut
jusqu'à l'apparition de l'aube."
Coran, S. 97

R

Laylatoul Qadr, la nuit de là
valeur, est celle durant la quelle
le Coran a été transféré des
Tablettes bien gardées (lawhoul mahfouz) au ciel terrestre
; c'est au cours de cette même
nuit que le Coran fut révélé
pour la première fois au pro­
phète Mohammad (psi) par
l'intermédiaire . de - l'Ange
Gabriel.
Sans nous en dire plus sur sa
nature, Dieu nous fixe sur sa
valeur et ses mérites. "Et qui te
dira ce qu'est la nuit de la
valeur ? Verset 2 . Le verset 3
ne répond pas à la question
spécifique : "la nuit de la valeur
est meilleure que mille mois."
verset 3 II nous enseigne plu­
tôt sur le profit qu'on peut en
tirer.
Mille (1000) mois correspon­
dent à quatre vingt trois (83)

années de notre vie. Ce qu’est
appréciable quand on connaît
l'espérance de vie sous nos
contrées. Avoir donc ainsi en
une nuit autant de bénédictions
c'est
d'années d'adoration n'est pas
négligeable. C'est pourquoi
chaque musulman doit s'effor­
cer d'inscrire cette nuit sur son
registre d'adoration.
La nuit de la valeur n'a pas été
précisée par le prophète (psi).
Elle se situe parmi les nuits
impaires et selon certains
récits, ce serait-la 27e nuit. La
vérité est que le prophète (psi)
était sur le point de la nommer
aux compagnons alors que
certains d'entre eux se dispu­
taient. Dieu la lui fit oublier pour
blâmer leur comportement. Le
prophète (psi) conseilla alors
de la chercher pendant toute la
dernière décade afin de l'avoir
sûrement et d'avoir les autres
nuits_ en bonus. Du reste. Je
prophète (psi) est notre modèle
et lui, la cherchait avec toute sa
famille durant les dix (10) der­
nières nuits. Il ne la cherchait
pas à travers des signes (pluie,
vent frais, etc.) mais par les
efforts qu'il redoublait dans les
actes de solidarité, par la lec­
ture intense du Coran, par la
station de prière qu'il faisait
chaque nuit.
Selon les dires de notre mère
Aicha (que Dieu l'agrée !) qui l'a
mieux connu que n'importe qui,
le prophète (psi) était très’
généreux durant le Ramadan
et il l'était encore plus durant la
dernière décade quand il ren­
contrait Gabriel pour répéter le
Coran ; " il était plus généreux
que le vent qui souffle " hadith.
En outre, elle a demandé au
prophète (psi) de lui enseigner

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

ce qu'elle devrait dire en cette
nuit. Le messager (psi) de Dieu
lui a enseigné cette invocation :
"Allahoumma innaka afouwoune touhiboul afouwa fa'foûanâ" "O Seigneur, tu es pardonneur, tu aimes le pardon,
accorde-moi ton pardon ! ".
Selon la sunna, le croyant sui­
vant l'exemple du messager
(psi) peut se retirer de la vie
active durant la dernière
décade pour se consacrer à
l'adoration. La retraite (itikaf)
doit se faire dans une mosquée
de vendredi
pour que le
croyant n'ait pas à sortir ce
jour-là. Le croyant se retire dès
la soirée du 20ème jour et ne
franchit plus le seuil de la cour
de la mosquée où il prend ses
repas, fait sa toilette et retourne
à l'adoration. Toute rupture de
la retraite entraîne sa nullité
quelle qu'en soit la raison. Au
matin de la fête, le croyant va
directement à la prière et ne

rentre chez lui qu’après celle-ci.
De ce qui précède, nous
concluons que les dix (10) der-,
nières nuits sont les moments
forts de Ramadan. C'est le f
moment où le croyant doit
redoubler d'efforts pour parfaire
les manquements des vingt
(20) journées passées. Les
actes conseillés sont : la prière, *
le zikr, la lecture du Coran, les
invocations, les visites aux pro­
ches, les actes de solidarité,
etc. La nuit de la valeur n'est
pas une fête ; c'est un instant
de recueillement. La chercher
durant toute la dernière décade j "
est rassurant quand nous ne.
savons pas souvent quandk
commence le mois pour déter­
miner ses nuits impaires.
Qu'Allah nous aide dans une
meilleure compréhension de
l'islam !
Jabir Khalid ILBOUDO

La zakat ei fitr
" Évitez-leur la mendicité ce jour-là ", a dit le messager

(psi) de Dieu parlant des indigents de la communauté.
Cette recommandation en faveur des pauvres fait de
l'aumône de la rupture une obligation. La zakat el fitr a
pour but de purifier les imperfections survenues dans les
actes du jeûneur durant le mois. Elle est due de préfé­
rence le matin de la fête avant la prière. Donnée après
elle n'est qu'une simple aumône. Elle est prélevée en
raison d'un saa (2,10 I environ 2.6kg) par personne
musulmane, adulte ou non. L'aumône de la rupture est
donnée en céréales consommées dans la localité : riz,
mil sorgho ...
L'aumône peut être donnée deux jours avant la fête. On
peut aussi la donner en espèces (environ 600f cfa sui­
vant le cours actuel des céréales). Pour plus d'efficacité,
il est bon que le fidèle remette sa zakat aux organismesJ ,
chargés de sa gestion.
Qu'allah accepte notre repentir !
Jabir Khalid ILBOUDO

0

LE BUREAU EXÉCUTIF NATIONAL (BEN) DU CERFI SERA BIENTÔT EN FIN DE MANDAT
"Le CERFIste" a ren­
contré son Président, le
frère Brahima BARA qui
a bien voulu se prêter à
quelques unes de nos
questions.
Le
frère
BARA n'est plus à pré­
senter dans le milieu du
travail islamique, pour
avoir assumé d'impor­
tantes responsabilités
aussi
bien
dans
l'AEEMB que dans le
CERFI. Suivez plutôt !

Le
CERFIste
Président, vous êtes
bientôt à la fin de votre
mandat. Quelle serait
votre réaction si le col­
lège électoral décidait
de vous reconduire ?

Le Président : Ma réac-‘
tion sera négative pour
trois (03) raisons :
- les dix dernières
années de la vie du
CERFI,
aucun
Président n'a exercé
deux (02) mandats.
- j'ai aussi occupé plu­
sieurs postes de res­
ponsabilité ces quinze
(15) dernières années
dans le CERFI.
Le moment est venu
pour moi de faire une
halte afin de faire le
bilan, vérifier mes inten­
tions et savoir si je suis
toujours utile à la struc­

ture.
- affecté à Ouaga en
2002, une partie de ma
famille réside toujours à
Bobo. Entre le boulot, le
CERFI et mes deux
familles, ces Trois Tiernières années n'ont pas
été de tout repos.

Le CERFIste : Au début
de votre mandat, quels
étaient
vos
grands
objectifs ainsi que les
chantiers à exécuter
pour
atteindre
ces
objectifs ?
Le Président : Les
grands objectifs étaient
de trois ordres : organi­
sationnel, financier et
relance des activités de
mobilisation.
Sur le plan organisa­

tionnel,
le
Bureau
Exécutif National, le
Bureau Provincial du
Kadiogo et la Cellule
Féminine menaient cha­
cun de son côté son
programme d'activités
au niveau de la ville de
Ouagadougou. Pendant
ce temps, les autres
sections
provinciales
relevant du BEN étaient
un
peu
orphelines.
Conformément aux sta­
tuts, nous avons mis en
place
les
quatre
Comités
Régionaux
(CR) ; du même coup,
chaque section avait un
interlocuteur régional
relevant du BEN. Les
affaires étaient deve­
nues plus faciles à
gérer. En outre, le BEN,
le BPK, la CF et le CR

(du centre) ont pratique­
ment un même pro­
gramme
d'activités,
exécuté par le Bureau
Provincial (du Kadiogo).
A cet effet, nous avons
ouvert un compte com­
mun pour toutes les ins­
tances
de
Ouagadougou. Tout le
monde cotise dans ce
compte.
Sur le plan financier,
nous avons formalisé la
cotisation des membres
des instances nationa­
les, celles des strùctures provinciales et des
militants. Nous avons
promu aussi le principe
du virement bancaire
dans le sens des cotisa­
tions. Si pour la pre­
mière année, les cho­
ses ont bien marché,
elles ont moins bien
marché l'année sui­
vante. Les choses ont
encore bien repris cette
3ème année.
Sur le plan de la relance
des activités de mobili­
sation,
nous
avons
renoué avec le CBC.
Personne ne peut plus
dire qu'il n'y a pas d'acti­
vités à Ouagadougou.
Le Bureau Provincial
version 2006 - 2007 a
beaucoup innové en
matière de mobilisation
et de formation et je

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

m'en réjouis énormé­
ment car le BEN peut
ainsi s'occuper sans
inquiétude des CR et
partant, des Sections de
l’intérieur du pays.
Le

CERFIste

A

l'heure actuelle, quel
est l'état d'exécution de
ces chantiers ?
Le Président : Si le pre­
mier et le troisième
volets sont très satisfai­
sants, il reste qu'au
niveau du volet finan­
cier, les cotisations n’ont
pas coulé comme l'eau
à la source. Or c'est la
seule façon de rendre le
CERFI plus fort et indé­
pendant.

Le Président : La ges­
tion des hommes. J'ai
quitté Ouaga en 1992
pour revenir en 2002.
La ville et les hommes
avaient changé. J'ai
perdu beaucoup de
temps avant de le com- prendre
et cela a
retardé
énormément
mon travail et même fait
échoué beaucoup d'ini­
tiatives.

Le CERFIste : Quels
sont les reproches que
vous auriez à vous faire
si tel est qu'il y en a ?

delà les musulmans du
Burkina Faso ?
Le
Président
:
S'agissant du CERFI, il
a fait preuve d'une
capacité organisation­
nelle, bien sûr en colla­
boration avec les autres
associations.
Nous
avons gagné en expé­
rience au contact des
frères et sœurs du reste
du monde.
S'agissant des musul­
mans en général, ils ont
démontré qu'ils pou­
vaient se mettre en
cause. Nous avons
aussi pu nous pencher
sur
les
problèmes
actuels
du
Monde
Musulman. Nous som­
mes désormais plus
__QutilJés_.à_ relever les
défis à venir.

Le Président :
- J'ai été un peu dur
envers certains frères
- Je ne connaissais plus
Nous. avons. aussi _i_n iti é _Je..terrain__car çeJuL de_
Ouaga n'a rien à voir
la
construction
de
avec celui de Bobo.
grands
chantiers
à
Le CERFIste : Le
- Mes occupations pro­
savoir :
Président
de
la
fessionnelles et familia­
- la construction d'un
des
les ne m'ont pas permis ' Fédération
complexe scolaire isla­
Associations Islamiques
de consacrer le temps
mique à Banfora
du Burkina - El Hadj
nécessaire au travail
- l'ouverture de mater­
Oumarou KANAZOE - a
islamique.
nelles privées islami­
fait dont au CERFI d'un
ques à Ouaga, Bobo et
véhicule. Quel usage
Le CERFIste : La qua­
Ouahigouya. A Banfora,
comptez - vous en faire
trième
édition
du
nous sommes à trois
?
Colloque International
(03) classes, la 4è étant
des Musulmans de
en cours. Quant à l'ou­
Le Président: Le véhi­
l'Espace Francophone
verture des maternelles,
cule a été affecté aux
(CIMEF) s'est tenu à
rien a démarré.
courses du
CERFI,
Ouagadougou du 04 au
notamment les sorties
Le CERFIste : Qu'est 06 août dernier. Quelles
dans les provinces.
ce qui a été le plus diffi­
ont été les dividendes
Mais l'entretien et le
cile pour vous pendant
de cette manifestation
votre mandat ?
coût du carburant ne
pour le CERFI et au -

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006

permettent pas une utili­
sation fréquente. Nous
remercions le Président
de la fédération pour
son geste de piété.

Le CERFIste : Si vous
aviez trois (03) conseils
à donner à votre éven­
tuel successeur ?
Le Président :
- Mettre l'accent sur les
cotisations des mem­
bres dans toutes les
structures
- Programmer des acti­
vités réalisables dans la
limite du budget
- Faire confiance à la
jeune génération des
frères.

Le CERFIste : Un mot à
l'endroit du CERFIste
qui apprend à grandir !
Le Président : II y eut
avant "Le CERFIste",
"Le
Muezzin"
et
"L'Appel".
"Le
CERFIste" doit savoir
pourquoi ces deux (02)
titres ont cessé de
paraître et en tirer les
enseignements
pour
éviter de sombrer. Bon
vent et courage à
l'équipe d'animation !
Je vous remercie pour
l'opportunité que vous
m'avez donné de m'ex­
primer.
Interview par
Abdoul Salam OUEDRAOGO

RETOUR SUR QUELQUES ACTIVITES
1- CAUSERIE DANS LA
COMMUNE DE BOULMIOUGOU
Le 09 septembre dernier, le
processus de déconcentra­
tion de la section provinciale
du Kadiogo s'est consolidé
avec la mise sur pied d'un
embryon de sous section
dans la commune de
Bioulmiougou et ce à la
suite des sous sections de
Nongremasm
et
de
Boulmiougou déjà opéra­
tionnelles. A l'occasion, une
causerie - débat a réuni une
cinquantaine de frères et
sœurs dans la famille OUE­
DRAOGO sise à cinq cent
(500) mètres du lycée
VENEGRE. Les militant(e)s
et sympathisant(e)s pré­
sentas ont échangé fruc­
tueusement sur la problé­
matique de la gestion du
temps. Est - il besoin de rap­
peler l'importance d'un tel
thème dans notre quotidien,
tant le temps se présente
comme une donnée essen­
tielle dans la réussite ou
l'échec (c'est selon) de nos
projets personnels ou asso­
ciatifs. Le frère TASSEMBEDO Souleymane qui a
introduit le thème a aussi
bien insisté sur la maîtrise
de nos agendas que sur la
prise de conscience au
niveau individuel et collectif
de l'importance du temps.
2- SEMINAIRE NATIONAL
DES SŒURS

L'an deux mille six (2006) et
les 15, 16 et 17 septembre
s'est tenu dans les locaux

du lycée Mixte de Goughin
(Ouagadougou) un sémi­
naire national des sœurs du
CERFI et des structures
sœurs de la place.
LE ROLE DE LA FEMME
MUSULMANE FACE AUX
DEFITS ACTUELS, tel fut le
thème du séminaire qui a
regroupé une soixantaine
de sœurs en provenance de
sept (07) provinces (Balé,
Boulkiemdé,
Gnagna,
Gourma, Houet, Kadiogo et
Sanmatenga).
Après la cérémonie d'ouver­
ture qui a eu lieu le samedi
dans la matinée, les partici­
pantes ont pris d'assaut les •
locaux pour suivre des com­
munications qui ont entre
autres porté sur :
- Rôle de la femme musul­
mane face à la dépravation
des mœurs
- Femmes musulmanes &
œuvres sociales
- Origines des conflits dans
les foyers.
Au sortir de ces travaux, les
sœurs ont convenu de met­
tre sur pied une cellule de
réflexion devant approfondir
les réflexions et proposer
dans les meilleurs délais
des solutions pragmatiques
aux problèmes diagnosti­
qués. Puisse Dieu éclairer la
cellule de réflexion !

3-SYMPOSIUM
SUR
RAMADAN
Le dimanche 17 septembre
dernier, au moment où les
rideaux s'apprêtaient à tom­
ber sur le séminaire national
des sœurs, se tenait au
Conseil
Burkinabè des

Chargeurs (CBC) un grand
symposium organisé par la
section
provinciale
du
Kadiogo à la faveur du mois
de Ramadan. Imams TIEM­
TORE Tiégo, BILA et Habib
KANE ont respectivement
communiqué sur LA PHILO­
SOPHIE, LES OBLIGA­
TIONS et L'EVALUATION
DU JEUNE DE RAMADAN.
Si la clôture du séminaire
national des sœurs a quel­
que peu grignoté le public
du symposium, il n'en
demeure pas moins que les
frères et sœurs présent(e)s
ont bénéficié des atouts
indispensables leur permet­
tant d'aborder Ramadan
dans des dispositions d'es­
prit les meilleures.

4-SEMAINE DE LA SOLI­
DARITE
A la faveur du mois de misé­
ricorde de Ramadan, la sec­
tion provinciale du Kadiogo
a initié du vendredi 29 sep­
tembre au dimanche 08
octobre une Semaine dite
de la Solidarité. Il s'est agi
de collecter des biens divers
(numéraires,
vêtements,
médicaments, vivres, docu­
ments, etc.) auprès des mili­
tantes et sympathisant(e)s
pour les redistribuer aux
personnes dans le besoin.
C'est ainsi que des habits,
des sacs, des chaussures,
des céréales, du sucre, du
savon et de l'argent ont pu
être collectés au profit des
malades de l'hôpital YALGADO et des pensionnaires
de la Maison d'Arrêt et de
Correction
de
Ouagadougou (MACO).

Une projection - débat sur
RAMADAN & JUSTICE
SOCIALE (de Tariq RAMA­
DAN) et un symposium sur
LES VOIES DE LA SOLI­
DARITE ont été également
organisés à l'occasion de
cette
Semaine
de
la
Solidarité.
Aux noms des premiers res­
ponsables du CERFI, Le
CERFIste
remercie
les
contribuables pour leurs
actes de solidarité et prie le
Miséricordieux par Essence
de les en récompenser !

1- PROJET CENTRE DESANTE
En vue de la réalisation de son pro­
jet de création d’un centre de santé,
la section provinciale (Kadiogo) du
CERFI sollicite de la parties mili­
tants, sympathisants et autres bon­
nes volontés des contributionsfinancières.
La secrétaire (50 36 08 03) et les
collecteurs du CERFI (76 11 93 65,.
70 38 46 70) se tiennent à votre dis­
position pour toutes contributions.
Dieu saura rétribuer chacun(e)!

2- Weekend de la FAMILLE
MUSULMANE le 04 novembre
3 - Le Cerfiste@yahoo.fr : vos arti­
cles et observations sont attendus
vivement à cette adresse électroni­
que. Quant au courrier classique, il
est recevable : 01 BP 1817
Aidez votre journal à grandir!

4- Réception de vos ZAKAT EL
FITR au Siège du CERFI
5- Organisation de prières noctur­
nes (QUIYYAMOULAÏL) pendant

les dix (10) dernières nuits de
Ramadan

6- Diverses manifestations au cours
de
LA
NUIT
DU
DESTIN
(LAÏLATOUL QUADR) à la Maison
des Jeunes et de la Culture de
Ouagadougou (MJCO).
.

7- ANIMATIONS TELEVISUELLES
le jour de la fête de Ramadan ;
te responsable à l’Information
et à l’Organisation du BPK

Le Cerfiste N° 001 octobre & novembre 2006