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- Communauté Musulmane du Burkina Faso
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Francophone Muslim intellectuals, Islamic associational life and religious authority in Burkina Faso
The attention paid to the security threats hanging over Burkina Faso, while legitimate, has overshadowed the underlying transformations in Islamic associational life since the fall of President Blaise Compaoré in October 2014. This major political upheaval had a significant impact on the participation of Muslims in socio-political debates, the relations between generations and, more widely, the bases upon which religious authority is claimed. This article analyses the competition for religious leadership between Islamic actors in the public sphere in Burkina Faso by focusing mainly on francophone ‘Muslim intellectuals'. First, the study shows the gap between the gerontocracy at the helm of the main Islamic associations and the Burkinabe youth, which widened throughout the 1990s and 2000s and came strongly to the fore after the popular uprising of October 2014. Second, taking advantage of the space left vacant by traditional community leaders during the transition process, some young francophone ‘Muslim intellectuals' actively sought to portray themselves as the vehicles of a ‘civil Islam' and strove to promote new forms of civic engagement through religion. Other Muslim organizations have also tried to take advantage of the new political context to strengthen their presence in the socio-political arena. - Imams, Islamic Preachers, and Public Space in Ouagadougou (Burkina Faso) since the 1990s: Toward New Intergenerational Relationships and a Muslim Public Sphere
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Islam, médias, mise en place du Sénat et article 37 de la Constitution : changement de paradigme au Burkina Faso (1991-2014)?
Dans le contexte de libéralisation sociopolitique amorcée depuis 1991 conjugué à la compétition entre les différentes religions dans l'espace public burkinabè, la visibilité de l'islam a accru considérablement avec la création de médias islamiques et l'utilisation croissante de l'internet. Il s'agira ici d'examiner l'impact de la médiatisation croissante de l'islam sur l'agencéité et le contenu des discours des élites musulmanes du Burkina Faso. Elle a conduit à l'émergence de nouvelles figures religieuses très médiatisées qui ont acquis une autorité dans l'espace public. Cependant, la démultiplication du message islamique ne s'est pas accompagnée d'une plus grande politisation. Leur agencéité réside davantage dans leur relative capacité à investir l'espace public pour défendre leur projet de société régie par des normes morales islamiques. Le débat entourant la mise en place du Sénat et la révision de l'article 37 de la Constitution entre 2011 et 2014 a montré l'agencéité en demi-teinte des responsables musulmans. -
Islam, politique et sphère publique à Ouagadougou (Burkina Faso) : différentes cohortes d'imams et de prêcheurs entre visibilité nouvelle et reconfiguration des rapports intergénérationnels (1960-2012)
L'étude de la participation de trois cohortes d'imams et de prêcheurs de Ouagadougou dans les débats sociopolitiques entre 1960 et 2012 souligne l'importance de l'analyse des interactions intergénérationnelles pour saisir les profondes mutations qu'a subies l'islam burkinabé depuis l'indépendance : ses rapports complexes avec l'État, les relations internes souvent tendues entre ses différentes tendances ainsi que sa visibilité accrue et le nouveau rôle joué par les imams et les prêcheurs, dont plusieurs sont des jeunes, dans l'émergence d'une sphère publique musulmane depuis la transition démocratique amorcée en 1991. Les discours des imams et prêcheurs, longtemps marqués par les querelles dogmatiques et l'apolitisme, sont davantage orientés vers la remoralisation de la sphère publique depuis les années 1990. Parallèlement, les rapports intergénérationnels entre les aînés, qui détiennent l'« autorité traditionnelle » fondée sur l'âge, et les jeunes imams et prêcheurs sont marqués par une dynamique de rapprochements malgré certaines tensions persistantes. -
L'islam ivoirien et burkinabé à l'ère du numérique 2.0
À partir des cas ivoirien et burkinabé, cet article propose d'explorer les contenus de l'islam à l'ère du web et des réseaux sociaux, d'en présenter les conséquences sur l'identité, l'appartenance à la communauté, l'autorité spirituelle et la diffusion du message religieux ainsi que sur les nouvelles formes de religiosité qui sont apparues. Dans un contexte régional marqué par une vague d'attentats terroristes, cette recherche interroge les liens entre ce médium et la radicalisation de certains acteurs musulmans. -
La Collection Islam Burkina Faso : promesses et défis des humanités numériques
Cet article propose une réflexion sur les possibilités inédites qu'offre le numérique pour développer de nouvelles méthodes de recherche et de diffusion de données sur l'histoire de l'islam en Afrique de l'Ouest, ainsi que quelques considérations méthodologiques, technologiques et éthiques soulevées par de telles initiatives. Au centre de ces considérations se trouve la Collection Islam Burkina Faso. Ce projet de base de données numérique en libre accès, que j'ai lancé en 2021 et qui est hébergée par les bibliothèques George A. Smathers de l'Université de Floride (UF), contient actuellement plus de 2 500 documents d'archives, articles de la presse généraliste, publications islamiques sous diverses formes et photographies, en plus de 200 références bibliographiques liées à l'islam et aux musulmans du Burkina Faso (https://islam.domains.uflib.ufl.edu/s/bf-fr). Le texte propose également un bref état des lieux des humanités numériques dans le champ des études africanistes et plus spécifiquement sur l'islam. -
La construction d'une sphère publique musulmane en Afrique de l'Ouest
Autrefois qualifié de « fille aimée de l'Église », le Burkina Faso compte aujourd'hui plus de 60 % de musulmans. Outre leur importance numérique, ceux-ci se sont montrés dynamiques depuis le tournant des années 1990, notamment avec un foisonnement associatif particulièrement important, comme en témoignent les 240 associations islamiques officielles à l'échelle nationale. Afin de saisir les profondes mutations qu'a subies l'islam burkinabé, les relations internes souvent tendues entre ses tendances et les rapports complexes qu'a entretenus cette religion avec l'État depuis l'indépendance, l'auteur a fait deux séjours au Burkina Faso, allant à la rencontre de trois générations d'imams et de prêcheurs. Frédérick Madore montre comment l'islam peut constituer un vecteur d'autonomisation pour de jeunes musulmans. Pour certains, l'acquisition d'une légitimité et d'une autorité religieuse leur permet de s'émanciper en partie du poids des structures sociales et ethniques, caractérisées notamment par la gérontocratie. Loin d'être exclusives à l'islam burkinabé, des dynamiques similaires s'observent ailleurs au sud du Sahara. -
Le religieux sur Internet et dans les NTIC au Burkina Faso Ce chapitre aborde en parallèle l'utilisation des médias par les trois principales confessions religieuses du pays - catholique, protestante et musulmane). Ce faisant, nous pourrons comparer les diverses stratégies et initiatives médiatiques mises en avant par ces groupes afin de souligner autant les similarités, les emprunts et les collaborations que les usages différenciés qu'ils en font. Nous comptons également mettre en perspective le récent engouement pour les médias numériques (sites web, réseaux sociaux, applications mobiles) avec les approches plus anciennes par le biais des médias « traditionnels » (presse écrite, radio, télévision). Notre étude révèle d'abord que l'Église catholique a souvent joué un rôle pionnier en matière d'utilisation des médias, les Églises évangéliques et les associations musulmanes ne rattrapant leur retard que récemment. Nous remarquons aussi un chevauchement de l'utilisation des diverses formes médiatiques, les nouvelles technologies se superposant et prolongeant les contenus produits pour l'écrit ou la radio. Sur le plan social, nous constatons que les médias électroniques ont fourni un espace d'expression à des catégories marginalisées comme les femmes et surtout les jeunes, en grande partie grâce à l'investissement des médias par les associations religieuses estudiantines. Cependant, cette émancipation est limitée du fait que les productions numériques tendent, comme c'est le cas pour les médias confessionnels écrits, radiodiffusés et télévisés, à renforcer certaines figures religieuses déjà influentes dans l'espace public (prédicateurs, pasteurs charismatiques, hiérarchies des Églises et des associations). De plus, certaines catégories sociales sont presque complètement exclues de l'espace médiatique et les nouvelles technologies tendent à prolonger cette exclusion. C'est le cas des populations rurales, quasi absentes des médias à l'exception de certaines radios, ainsi que de tendances religieuses telles l'islam confrérique, qui rassemble une part importante de la population burkinabè, mais dont la présence médiatique est minimale. Inversement, on constate qu'à l'exception des organisations estudiantines, ce sont les tendances religieuses réformistes et charismatiques, comme l'islam salafiste, l'islam ahmadiyya, les Églises protestantes charismatiques et le renouveau charismatique catholique, qui sont les plus visibles dans les médias, en particulier numériques, dont ils utilisent plus efficacement les potentialités (interactivité, diffusion en direct d'événements, contenus produits par les membres, utilisation des applications mobiles).
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Leaders of National and Transnational Muslim NGOs in Burkina Faso: Diverse Forms and Experiences of Islamic Civic Engagement The chapter begins with an examination of how NGO leaders build their personal networks and put them to use. Not only have these individuals been able to attract significant financial support from certain Arab countries since the 1980s, they are also often seen as official representatives of Burkina Faso by the authorities in these donor countries, further underscoring their success as religious entrepreneurs. The second part of the chapter explores how NGO leaders have sought to fully participate in a moral economy by pursuing activities in various fields. As they have expanded their scope of action, they have actively and reactively engaged with the state. Indeed, as a form of civic engagement, these activities inevitably lead to interactions with the complex state regulations.
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Muslim Women in Burkina Faso since the 1970s: Toward Recognition as Figures of Religious Authority? This paper examines how visibility and legitimacy have been defined and achieved by Muslim women who have contributed to the development of Islam in Burkina Faso since the 1970s. We undertake a transversal study of the trajectories of women belonging to different cohorts of Arabic- and French-educated Muslims. In doing so, we highlight identity markers closely associated with key moments in their lives (activism through associations or personal initiatives, religious studies, the pilgrimage to Mecca, and media activities). Through the lens of performativity, we show how women have progressively gained visibility within the Muslim community. And although figures of religious authority remain uniformly male, women are increasingly able to claim legitimacy thanks to their flexible approach.
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Prêcheurs(ses) musulman(e)s et stratégies de communication au Burkina Faso depuis 1990 : des processus différentiés de conversion interne
Depuis le tournant des années 1990, la visibilité accrue de l'islam dans l'espace public au Burkina Faso s'est manifestée entre autres par l'émergence de prêcheurs et prêcheuses de plus en plus médiatisés. La participation active tant des hommes que des femmes invite l'ensemble des membres de la communauté musulmane du pays à faire évoluer les discours religieux pour atteindre des fidèles aux profils diversifiés et tenter de répondre à la concurrence des chrétiens. Il s'agira ici de proposer un regard croisé entre prêcheurs et prêcheuses du Burkina Faso afin de relever les permanences et les ruptures dans leurs stratégies de conversion — à savoir le raffermissement de la foi des croyants et les tentatives de rejoindre de nouveaux profils de fidèles — et leur utilisation des médias. La médiatisation croissante de l'islam a favorisé l'émergence de trois figures de converti à travers lesquelles l'expérience religieuse oscille entre individualisation et individuation. Selon qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme, d'un arabisant ou d'un francisant, d'un jeune ou d'un aîné, différentes logiques se dégagent que ce soit la recherche d'une plus grande légitimité, visibilité ou autonomie dans une perspective individuelle et communautaire. -
Rivalités et collaborations entre ainés et cadets sociaux dans les milieux associatifs islamiques en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso (1970-2017) À première vue, les récentes actions terroristes en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso ont laissé croire à une radicalisation de l'islam dans ces deux pays. Cependant, la grande attention médiatique portée sur ces craintes et les nombreuses analyses qui ont été publiées sur les risques d'une montée de l'extrémisme, bien qu'elles soient importantes, éclipsent d'autres dynamiques récentes et plus anciennes caractérisant l'islam ivoirien et burkinabè. Il s'agit de présenter un portrait plus nuancé et dans la longue durée des réalités caractérisant ces communautés musulmanes, qui sont moins couvertes, mais plus prégnantes telles que la participation des musulmans issus de catégories sociales d'ordinaire marginalisées, principalement les jeunes et les femmes, dans les mutations de l'islam à travers leur engagement militant. À travers une étude comparative des cas ivoirien et burkinabè, cette thèse entend donc emprunter une avenue encore peu exploitée en proposant une recherche sur des cadets sociaux, appartenant à des modèles culturels différentiés (francophone/arabophone, islam fondamentaliste/réformiste, etc.). Nous verrons de quelles manières ces acteurs, depuis les années 1970, sont parvenus à renégocier les rapports de pouvoir et les modalités hiérarchiques, voire à les bousculer, pour revendiquer une place plus importante dans le champ religieux et la sphère publique au point de reconfigurer progressivement des associations islamiques nationales. Trois grandes hypothèses sont défendues. D'abord, la première hypothèse pose que jusqu'à la fin des années 1980, les cadets restèrent grandement en retrait des principales associations islamiques, qui étaient dominées par des ainés sociaux tant en Côte d'Ivoire qu'au Burkina Faso, sans que cela soit à l'origine de véritables tensions ouvertes ou de conflits intergénérationnels. Au cours de cette période, la prépondérance des rivalités sur la base de la « politique du ventre » entre dirigeants d'organisations islamiques des deux pays consolida la position des ainés, qui maitrisaient les procédures administratives de l'État tout en pouvant mettre de l'avant des stratégies d'extraversion. Dans ce contexte, l'émergence d'une nouvelle cohorte de jeunes arabisants ivoirien et burkinabè ne permit pas un renouvèlement des leaders associatifs malgré l'important capital religieux dont ils disposaient. Une deuxième hypothèse défend l'idée que des jeunes et des femmes jouèrent un rôle plus significatif au sein de l'islam associatif ivoirien et burkinabè à partir des années 1990 et 2000, à la faveur de négociations, de compromis et de coopération entre ainés et cadets dans le cadre d'un processus sinueux marqué par des avancées – beaucoup plus importantes en Côte d'Ivoire – et des reculs selon les structures associatives. Dans les deux pays, les cadets des organisations de musulmans francophones bénéficièrent d'un cadre particulièrement favorable pour exprimer leur agencéité. À partir des années 2000, les changements survenus dans les mouvements salafistes des deux pays et la grande place faite aux jeunes et aux femmes dans des radios islamiques, surtout en Côte d'Ivoire, illustrèrent bien le fait que les ainés furent aussi amenés à revoir les responsabilités dévolues aux cadets dans la da‘wa. Cependant, les relations entre les ainés et les cadets au sein des structures reconnues comme étant les principales interlocutrices des musulmans auprès de l'État furent particulièrement évocatrices du caractère encore grandement gérontocratique de l'islam au Burkina Faso contrairement à la Côte d'Ivoire. Enfin, la dernière hypothèse postule que la maitrise du langage de l'État et le savoir religieux ne sont plus suffisants pour s'affirmer dans le champ de plus en plus concurrentiel des associations musulmanes et revendiquer la légitimité de pouvoir s'exprimer au nom de la « communauté ». Si le savoir religieux demeure important, la légitimité et l'autorité des responsables d'organisations islamiques découlent de plus en plus de la capacité à véhiculer un « islam civil » et à s'engager sur le plan du développement socioéconomique. Ce phénomène, qui eut pour conséquence de favoriser entre autres la montée de jeunes scolarisés dans le système éducatif francophone, se manifesta beaucoup plus rapidement en Côte d'Ivoire qu'au Burkina Faso.