An-Nasr Vendredi #278 (Spécial 8 Mars 2009 : comprendre le Hijab en Islam)

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Titre
An-Nasr Vendredi #278 (Spécial 8 Mars 2009 : comprendre le Hijab en Islam)
Créateur
A. H.
An-Nasr Vendredi
Date
8 mars 2009
numéro
278
Couverture spatiale
Médine
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190808
extracted text
Lorsque vient le secours d'Allah ainsi que la victoire, célèbre les louanges de ton Seigneur et imploré son pardon

our parler de la tenue vesti­
tourna la tête et dit : ■ Asma, à partir du
mentaire de la femme musul­
moment où elle est pubère, il ne
mane, il faut revenir à sa sour­
convient plus qu’on voit de la femme
ce : La Révélation coranique et
autre chose que ceci »(en montrant son
la tradition prophétique. Dans le verset
visage et ses mains). Rapporté par Abou
31 de la sourate An Nour (La lumière),
Daoud et Al-Bayhaqi. Le port du foulard
le coran parle de « khimar » qui est une
puise ses sources dans le noble coran,
sorte de foulard qui couvre les cheveux
parole de Dieu pour tous les musul
et qui couvre en même temps le cou et
mans, ainsi que dans la sunna, tradi
la poitrine : • Et dis aux croyantes de
tion du prophète Mohammad (SAW).
...... ........
baisser
C’est un acte de
leurs re­
foi, qui fait partir
gards, de
intégrante
du
Spécial 8 Mars 2009
garder
culte musulman,
Comprendre le Hijab en Islam
de l’islam. En
leur chas­
société, il est
teté,
et
prescrit devant
de
ne
montrer de leurs atours que ce qui
les personnes avec lesquelles la femme
en parait et qu’elles rabattent leurs
peut contracter un mariage durant sa
vie. Les versets concernant la prcscrip
foulards sur leurs poitrines (...) ».
tion du port du hijab dans l’histoire de
Dans le verset 59 de la sourate Alla révélation sont descendus à Médine,
Ahzab (Les coalisés), le coran parle du
après treize année de prêche à la Mec
« Jilbab • qui est une sorte d’habit am
que par le prophète Mohammad (SAW)
pie que doit mettre la femme : • ô pro­
phète t Dis à tes épouses, à tes filles
pour enraciner la foi en Dieu l’Unique,
dans le cœur des croyants.il faut corn
et aux épouses des croyants, de ra­
prendre de cela que l’essentiel est d’a­
mener sur elle leurs “jilbab”, ainsi
bord une compréhension profonde, la
elles seront plus vite reconnues et
pratique découlant de cette compréhen
éviteront d’être offensées. Dieu est
sion du sens de la soumission au
Pardonneur et miséricordieux».
Créateur. Peut-on être voilée et li­
La tradition prophétique définit claire­
bre ?ou celui qui est en paix avec luiment dans un hadith authentique ce
même, avec sa conscience, parce qu’il
qu’est la tenue vestimentaire de la fem­
est en paix avec son Créateur auquel il
me : Aïcha (ra), l’épouse du Prophète
obéit et qu’il connaît. Et qu’il sait qu’au
(SAW), a raconté que sa sœur Asma (la
fond de lui même, il existe un besoin de
sœur ainée de Aïcha) était entrée chez le
spiritualité qui ne peut être comblé s’il
Prophète (SAW) portant des vêtements
n’y a pas cette connaissance.
très fins. Alors, le Prophète (SAW) dé­

P

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El la connaissance de Dieu se conçoit Ce
choix consiste a, soit reconnaître Dieu cl
se soumettre, fondamentale qui nous lie
à notre créateur, sou se rebeller et rejeter
l’idée de Dieu comme créateur, ainsi la
soumission de Dieu n’a de sens qu’à par­
tir du moment où l’être humain est li
bre Se soumettre à Dieu, prier ou porter
la tenue prescrite, que si l'être humain
le fait de sa propre volonté. C’est pour­
quoi la parole coranique dit : « Nulle
contrainte en religion «S2V255 En se
sens, nulle ne peut contraindre quel
qu’un à la foi islamique ni au port du
foulard. Et nous avons condamné à plu­
sieurs reprises dans les médias la
contrainte au port du voile, comme nous
condamnons la contrainte à l’enlever, les
deux attitudes provenant de la meme
injustice. Une femme voilée est-elle
plus pudique que les autres ? 1-a foi, la
pratique et le comportement ou la morale
sont indispensable en islam. Cette notion
de la pudeur en islam est essentielle à la
compréhension de la dimension éthique
de la tenue vestimentaire. • La pudeur
est une branche de la foi en islam » selon
un hadith authentique (Boukhari et
Mouslim). H est essentiel que la pudeur à
un sens très général, c’est un état d es
prit d'humilité et de crainte devant Dieu,
le pudique n’ose pas être à l'aise tout en
commettant des interdits ou des actes
déconseillés par la religion En s’habil
lant, le croyant ou la croyante essaie de
se conformer tant qu'il peut et ceci
concerne autant l’homme que la femme.
La partie du corps à couvrir en société
chez l’homme s'étand du nombril jus
qu'au dessous des genoux. Nombreux sc
demandent pourquoi l’homme ne doit-il
pas couvrir son corps en entier ; afin de
comprendre ce fait, il est nécessaire de
revenir aux réalités corporelles qui diffé­
rencient l’homme à la femme cl de com
prendre que la différence ne fait pas lï
négalité, mais qu’elle reste une différence
tout simplement. Avant d'aborder la
question de la pudeur, il est essentiel de
soulignér qu'une femme ne portant pas

le foulard ne signifie pas que cette der
nière n’ait aucun sens de la pudeur ni
aucun principe moral. Notre démarche à
pour objectif d'expliquer et donner à
comprendre la dimension éthique du hi
jab, et en aucun cas de porter un juge
ment sur les personnes nous entourant.
Nous refusons les analyses simplistes et
binaires insinuant qu'une femme ne por
tant pas un foulard serait dénuée de va­
leurs profondes, de pudeur et de respect
de soi, tandis que la femme le portant
aurait saisie entièrement la dimension
éthique de l'islam. Nous respectons le
cheminement intérieur de chacune. Un
point important mérite d’être traité : por
ter le hijab ne signifie pas que celui-ci
doive être laid, au contraire, l’islam aie la
propreté, la beauté mais il s’agit d’une
beauté décente, c’est à dire qui n’est
destine à séduire ;la dimension de la sé­
duction étant réservée au cadre du cou­
ple.
Ensuite, nous pouvons nous demander
ce que veut l’islam de la pudeur : une
intimité des corps réservée au couple et
préservée. Ixs liens entre les époux sont
ainsi renforcés. C’est une protection du
couple afin que la famille soit protégée,
que la société (ayant pour cœur la famil
le) rayonne et que l'humanité puisse s’é­
panouir.
Aujourd’hui, beaucoup de maux, affec­
tant les sociétés modernes, sont dus au
manque de pudeur qui est devenue une
vertu délaissée et rare. Face à cette ac
tualité, nous pouvons apprécier combien
le prophète de l'islam est universel et in­
temporel, et combien il serait fructueux
pour les hommes et les femmes de médi­
ter sur les paroles suivantes de notre
prophète bien aime Mohammad(SAW) :
• Chaque fois que l’impudeur se mêle à
quelque chose, elle l’enlaidit ; mais cha­
que fois que la pudeur se mêle à quelque
chose, elle ne fait que l’embellir •.
1-a pudeur donne à la société toute son
humanité. Manquer de pudeur, c'est
manquer d’humanité. Priver le monde de
pudeur, c’est conduire le monde vers une

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déshumanisation évidente. L’islam nous
conseille et nous prescrit la pudeur pour
des raisons profondément philosopha
ques et pour le bien de l’humanité.
Une féminité assumée :

En islam il n’y a ni tabou, ni honte, ni
timidité. La femme musulmane portant
le hijab assume pleinement sa féminité,
elle n’a pas honte de son corps, bien au
contraire : elle le préserve et le respecte
dans la totalité de son être.
Une femme, bien avant d’être une fille,
une épouse, une mère, est une femme
avant tout, avec scs besoins spirituels,
intellectuels, affectifs, physiques. L’islam
reconnaît cette dimension là et la femme
musulmane est, avant toutes scs fonc­
tions familiales, une croyante, un être
doté d’un corps, qu’elle essaiera de pré­
server pour Dieu et d’une âme, qu’elle
s’efforcera de nourrir par le rappel de
son créateur et par son adoration. C’est
un être qui se vit pas dans la négation de
ce qui, compose sa personne, mais qui se
vit dans la maîtrise de soi ; et il n’y a pas
de maîtrise de soi sans l’acceptation de
ce que l’on est. C’est ce qui fonde la spi
ritualité musulmane, et qui concerne
aussi l’homme que la femme : ne pas
nier la dimension du corps, la dimension
des sentiments, mais apprendre à se
maîtriser
pour
se
libérer.
Dimension philosophique et sociale :

Au delà des apparences, un être, une
femme : le hijab possède une dimension
profonde. Porter le hijab signifie
* Couvrir son corps pour révéler son

être ». Appréhendé dans son être pro­
fond plutôt que dans la superficialité de
ses apparences, la femme peut donc
rayonner librement dans la société.
Dans sa dimension philosiphico-sociale,
le hijab offre à la femme qui le porte de
s'émanciper, le droit de jouissance sen­
suel. La femme s’affirme alors comme un
être de profondeur, révèle sa richesse
intérieure, son être et revendique son
droit de décence.
Il est essentiel de souligner qu’il n’existe
pas qu’un seul model de femmes. Au

jourd’hui il existe des jeunes filles et des
femmes qui ont d’autres références que
les mannequins ou les chanteuses loli
tas. Et il faut que le monde entende cela
Ce sont les femmes qui ne veulent répon
dre au dictât de la mode, ni à la dictatu­
re du culte du corps et qui résistent à un
modèle dominant qui ne répond pas à
leur valeurs. Nous faisons partie de ses
femmes.
Face à la réalité

lorsque l’on a compris les dimensions
profondes du hijab de la femme musul­
mane, nous pouvons alors les confronter
aux réalités actuelles.
A l’heure où la nudité de la femme, affi­
chée en toutes occasions, réduit cette
dernière à un simple objet exploité à des
fin marchandes. Paradoxalement l’éman­
cipation de femme est évoquée alors que
celle-ci est restée un objet pour les hom­
mes.
Ce sont les publicités sexistes, la porno­
graphie ou encore les clips musicaux où
les femmes ne sont réduites qu’à des
corps commercialisés et donc consom
mablcs, qui sont à l’origine du sexisme
ou du non respect de la femme et des
jeunes filles en particulier. Des psycholo­
gues ont souligné ce fait. Ce n'est, certes
pas. le voile le problème, comme certai
nés et certains ont pu le clamer sans au
cun fondement, mais bien le déferlement
d’images dégradant l’image de la femme.
Nous affirmons qu’il est necessaire de
proposer une culture alternative propo
sant une vision respectueuse des fem
mes de ce monde. La nudité de l’homme
commence à être utilisée à des fins com
merciales, ce qui révèle que, promouvoir
l’humain en général (et non plus' unique
ment la femme) dans sa recherche d’âme
plutôt que les contours de son corps, est
une priorité aujourd’hui pour sauvegar
der la dignité humaine. Dans la maîtrise
de leurs apparences, l’islam invite les
êtres à se vivre dans leur humanité qui
ne se réduit pas qu’à un corps, mais qui
se révèle également par une intériorité,
dans un objectif d’harmonie avec eux-

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meme et ce qui les entoure et entrer ain
si dans l’harmonie de la création, soit rcs
ter indifférent et vivre loin de cette rcla
lion . Y a t il une véritable émancipation
de la femme aujourd’hui après trente an
nées de féminisme alors que des jeunes
filles subissent la dictature des apparen
ces depuis l'acquisition de certaines pou
pces aux mensurations irréalistes lors
qu'elles étaient enfants jusqu’aux mode
les féminins erronés des chanteuses loli
tas ? Et les conséquences sont dramati
ques lorsque l’on sait que des adolescen
tes deviennent anorexiques pour des rai
sons lices à ce culte du corps , apres
avoir entame maints régimes sans aucun
suivit médical! nous ne faisons pas allu­
sion bien évidemment à toutes les formes
d’anorexie mentale).
A l’heure egalement où le harcellent
sçxucl des femmes au travail scvic et fait
des ravages (perte de confiance en soit,
dépression) et qui démontre que l’échec
de la mixité ne résulte pas uniquement
chez les jeunes à l'école comme l'ont mar
télé les médias, il est essentiel de souli­
gner que l’étique de vie proposée par l’i­
slam n'cmpéchc pas la mixité des hom
mes et des femmes, mais qu’il permet la
réussite de la mixité sur des bases rela
tionnelles saines n’ayant pas précisé une
forme spécifique de vêtement, mais uni­
quement les normes. Face aux discrimi­
nations que peuvent subir les femmes sur
leur physique lors d’une recherche d'em
ploi, le hijab permet un rapport d’égalité
sur le plan physique. Ce sont des consé­
quences qui priment sur l’aspect exté­
rieur. Ainsi face à ces maux actuels le
hijab propose une autre image de la fem
me et de la féminité qui peut être révélé
au-delà de la simple apparence, l’image
de la femme musulmane, lorsque le hijab
a été appréhendé dans cette définition qui
puise sa source dans la révélation corani­
que et la tradition prophétique, nous
comprenons que le port du hijab est un
acte de foi, qui relève de la liberté de
conscience devant être respecté et qu’il
fait partie du culte de la femme musul­

mane qui réclame le droit qu elle même -,
scs filles puissent exercer librement et ci
tout lieu. Le débat sur le foulard a été
profitable aux uns et aux autres, en ce
qu’il a suscite des questions fondamenta­
les. Tout d’abord au niveau de la commu­
nauté musulmane, cela a permis de sus i
citer l’autocritique. 11 s’agit d’avoir un re­
gard critique sur nous meme pour évu
lucr dans une meilleure compréhension
de notre spiritualité et du contexte dam
lequel nous vivons. 11 est essentiel, pai
exemple, que les femmes musulmanes
mènent une réflexion sur la manière de
porter le hijab dans une société occiden­
tale, l’islam n’ayant pas précise une for
me spécifique de vêtement, mais unique­
ment les normes. Nous devons être à l’é­
coute des interrogations, des peurs, von
des sentiments de rejet qu’éprouve nos
concitoyens face au port du voile. Etre à
l’écoute ne signifie pas accepter les méca
nismes de rejet de l’autre, mais adopte
une position de réflexion, d’analyse a
d’explication pour créer une véritable
culture du dialogue. Au niveau de la so­
ciété en général, cela a contribué à fais
émerger des questions sociales fonda
mentales comme par exemple, la question
de la crise des valeurs de nos société!
modernes, la question de l’étique des me
dias, quand nous nous souvenons coin
ment a été traité la question de l’islam é
du foulard en particulier, avec les tousl«
préjugés et toutes les caricatures qui ont
été étalé sur les scènes publiques ; et unt
question primordiale pour tous aujourd
Tiui ; à savoir : dans quelle société vou
Ions nous vivre ? Est-ce une société qu
part à la connaissance de l’autre dans ss
diversité, dans les valeurs qu’il porte
avec une véritable écoute, un véritable
dialogue instauré ; ou bien, une société
qui se bute sur la différence de l’autit
sans réellement écouter ce qu’il a à dut
ce qu'il porte en lui ? C’est une questioe
que nous devons nous poser si nous vou
Ions avancer vers un monde meilleur.
AH

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