An-Nasr Vendredi #049 (La vie politique du prophète Muhammad)

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Titre
An-Nasr Vendredi #049 (La vie politique du prophète Muhammad)
Créateur
An-Nasr Vendredi
Date
17 décembre 2004
numéro
049
Couverture spatiale
Médine
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190533
extracted text
Lorsque vient le geccnrs d'Allah ain si que la victo ire, célèbre le s louanges de ton Seigneur e t iaplore son pardon

a vie du prophète peut être
existe une littérature particulière­
étudiée sous plusieurs an­
ment variée. Ce qui fait de lui « le
gles. An-nasr vendredi
personnage le mieux connu telle­
vous a présenté dans son
ment il existe des détails sur sa
de celle même privée ».
numéro précédent, la jeunessevie,
Muhammad. Cette semaine nous
Aussi, on note une diversité d’inter vous proposons un autre aspect
prétation des faits se rapportant à
non moins important de sa vie. Il
la biographie de cet homme. Cet a r­
s’agit de sa vie politique qui a oc­
ticle s'inscrit dans la même logique
cupé une importante partie de son
(la logique d'interprétation). Il s'agi­
ra pour nous, d’examiner la vie du
existence, dans la mesure où la
mission prophétique qu'il était
prophète Muhammad dans la ges­
tion des affaires
chargé d’accom­
internes et exter­
plir avait aussi
LA VIE POLITIQUE DU
nes de sa com­
une
dim ension
politique. Mais la PROPHETE MUHAMMAD m unauté.
plus
partie
la
La politique
m arquante de sa
intérieure du prophète
vie politique couvre la période qui
Dans la gestion des affaires inter­
va de 622, date de l’hégire à 632,
nes de son État, on note plusieurs
date de la mort de Muhammad.
étapes : la première a consisté à la
Cette période s’étale su r une plage
phase de mise en place des fonde­
chronologique relativement courte,
ments de son pouvoir. Cette phase
mais très étoffée en leçon.
a donné lieu à la conciliation des
• Le pays bien arrosé, situé entre
populations immigrées de la Mec­
deux étendues de pierres noires »
que et les autochtones de Médine,
d'après le songe du prophète, était
qui allaient devenir ses dirigés sous
Yatrib où il devait exercer son auto­
une même bannière.
rité politico-religieuse, dix années
En outre, il s’est agi pour lui de ré­
durant. Cette gestion hors du com­
concilier les peuples qui habitaient
mun le consacra meilleur homme
Médine. En effet, les Médinois for­
d’Etat de tous les temps. Sur la
maient une société segmentaire, en
personne de ce leader politique, il

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proie à des guerres civiles, souvent
extrêmement meurtrière. On y notait
essentiellement deux grands grou­
pes les kazradj et les aws à l’inté­
rieur desquelles existaient encore
des scissions. Muhammad commen­
ça par résoudre cette épineuse ques­
tion en envoyant d’abord des émis­
saires pour tenter de briser cette
vieille tradition arabe.
Toujours avant l’émigration, il culti­
va en ces peuples nouvellement
convertis un sens aigu de la respon­
sabilité. En effet, le traité qui enga­
geait le prophète aux Médinois a été
conclu en ses termes : «je conclu
ce pacte avec vous, à condition
que le serment d'allégeance que
vous me prêté, vous engage à me
protéger tout comme vous proté­
gez vos femmes et vos enfants ». A

homme ? Nous le savons »répondi­
rent-ils. Il poursuivit : « vous vous
engagez à mener le combat
contre tous les hommes, les rou­
ges et les noirs. Si donc vous pen­
sez que vous pourriez l'abandon­
ner lorsque vous souffririez d'être
dépouillés de vos biens et lorsque
certains de vos nobles seront
tués, abandonnez-le maintenant
car si vous deviez l'abandonner
par la suite, vous serez couverts
de honte dans ce monde et dans
l'autre. » Ils dirent : « Même si nos
possessions devaient être perdues
et si nos nobles devaient périr,
nous prêterons serment. Et quelle
sera notre part, Envoyé de Dieu,
si nous tenons notre engagement
vis à vis de toi ? Le paradis, répondit-il. Tends donc la main ».

furent soulevés mais trouvèrent des
réponses adéquates. Il s’agit notam­
ment de l’alliance qui les liait aux
juifs et aussi leur avenir à eux lors­
que le prophète aura la victoire sur
les Mecquois. Au terme des discus­
sions, Juste avant que les délégués
qui venaient d’être nommés par le
prophète ne prêtent leur serment un
kazradjite prit la parole en ces ter­
mes : * Homme de Kazradj, savez-

Chose que le prophète fit et ils lui
p rêtèrent serm ent. Cf.Martin
Lings, 1986, Seuil, P. 135 à 136.
Admirez au passage le sens de la
responsabilité de ce peuple et son
engagement. Désormais les Médi­
nois étaient unis pour défendre la
cause de l’islam et le prophète. Les
interminables guerres civiles ve­
naient de prendre fin et le prophète
pouvait exercer son pouvoir. Sous
son autorité, nul n’était supérieur à
son prochain que par le degré de sa
foi. Ainsi, le maintien de Cet équili­
bre social, de cette cohésion des dif­
férentes composantes de la société
médinoise devint l’une des orienta­
tions majeures de la politique inté­
rieure du prophète. 11 y tenait jus­
qu’à la fin de ses jours car c’était
même une injonction divine.

vous ce que signifie le fa it de prê­
ter serment d'allégeance à cet

« Cramponnez-vous tous au câble
d'Alllah et ne vous divisez point. »

ces mots un Médinois prit la main
du prophète et dit : « Par celui qui
t’a envoyé avec la vérité, nous te
protégerons comme nous les pro­
tégeons. Acceptes donc notre ser­
ment d'allégeance, O’ envoyé de
Dieu, car nous sommes des guer­
riers, en possession d'armes qui
ont été transmises de père en
fils ». D’autres points d’inquiétude

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La deuxième grande caractéristique
de la politique intérieure du pro­
phète est le respect du droit de cha­
cun. En effet, cette phase s’est tra ­
duite par la préoccupation de Mu­
hamm ad à établir une justice pour
tous. Conscient de ses limites objec­
tives Inhérentes à sa nature h u ­
maine, il m ettra ses sujets face à
leur responsabilité dans des cas de
disputes où il craint de ne pas être
équitable. Il dit à ce propos dans un
hadith rapporté par Umm Salâma : « Je suis simplement un être
humain, vous venez à moi avec
vos disputes. Il se peut que cer­
tains soient plus éloquents dans
leurs plaidoyers que d'autres et
que je Juge en leur fa veu r à partir
de ce que j'entends. Donc si je
prononce un Jugement, en faveur
de quelqu'un qui n'en a pas le
droit il ne devrait pas agir en
conséquence car je lui aurai re­
mis une part de l'enfer. » Rassem­

elle. Ceux qui iront en enfer, c ’est
celui qui connaît la vérité et ne
ju ge pas conformément à elle et
celui qui n'a aucune connais­
sance et qui juge son peuple. »

Rapporté par Burayda et rassemblé
par Abu Dàwûd. Cf. Bilal Philips, le
fiqh et son évolution, P. 45-46
Ali ibn Abi Tâlib a dit : « Le messa­
ger de Dieu m'envoya au Yémen
en tant que juge. Je lui deman­
dai : Ô Messager de Dieu, je suis
jeune et je n'ai aucune connais­
sance pour juger. H répondit :
Dieu guidera ton cœur et gardera
ta langue ferm e (attachée à la vé­
rité). Lorsque deux adversaires se
présenteront à toi, ne décide pas
avant d ’avoir entendu de la
même façon ce que chacun d'eux
a à dire, (...). »Abu Dawud

blé par Abou Dàwûd ; Sunan Abou
Dàwùd, Vol., n° 3576 et authentifié
dans Sahih Sunan Abi Dàwûd, Vol
2, N°3058.
Le prophète resta fidèle à ce principe
de rétablir chacun dans son droit
aussi infime soit-il. Lors du sermon
qu’il prononça quand il fut en pèle­
rinage, il dit « considérez la per­
sonne, les biens de chaque musul­
man comme sacrés. *

Cet illustre personnage incita aussi
à la justice, donnant des rudiments
perm ettant d'atteindre cet objectif.
Ainsi, il dit : « Il y a trois sortes de
juges dont deux iront en enfer et
un au paradis. Celui qui ira au
paradis, c'est celui qui connaît la
vérité et qui ju g e conformément à

?
Ji-nssrvendredi

La troisième et dernière (selon notre
analyse) caractéristique du pouvoir
de Muhammad, est l’acceptation du
pluralisme. En effet, le prophète pre­
nait le temps de consulter les com­
pagnons pour les questions se rap­
portant à la gestion de la cité. C’est
le principe de la Shura. Que ce soit
lors des batailles, ou à propos d'au­
tres questions que Dieu n’avait pas
tranchées, il n’agissait qu'après
avoir recueilli les idées ou avis de
son entourage. Beaucoup de récits
confirment cette attitude du pro­
phète.
La politique extérieure

Les rapports du prophète en tant
que chef d’État avec les autres (les
Mecquois principalement) sont de
deux natures à savoir : les rapports
de paix et de conflit. Dans les rap­
ports qui ont engagé le prophète aux
autres États d’alors, on retrouve

"
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trois grandes étapes.
La première est marquée par la bru­
talité des rapports avec les Kouraichites notamment qui « étaient les
plus forts, les plus têtus, les plus in­
traitables ennemis de l'islam. » Sur
injonction divine, le prophète dû se
résoudre à défendre les personnes et
les biens des musulmans. Ce fut aux
premières années de Hégire, période
qui le consacrera chef des armées
musulmanes. En effet, il prit part
aux deux grandes batailles de l'islam
(Badr et Ouhd) et à l'organisation des
expéditions punitives à l'endroit
d’autres ennemis.
La deuxième phase fut marquée par
la réconciliation avec leur principal
ennemi, les Kouraichites. Cette ré­
conciliation fut sanctionnée d'un
pacte signé à Houdeybiyya qui don­
nera son nom à ce traité. C'est un
traité dont les clauses ont paru hu­
miliantes aux yeux des compagnons
et même les Mecquois s'en ragaillar­
dissaient. En effet, les clauses une
(01) et quatre (04) stipulent respecti­
vement que le prophète et ses com­
pagnons ne devraient pas avoir accès
à la Mecque l'année en cours et pou­
vaient revenir l’année suivante. Tout
Mecquois à la suite de ce traité qui
venait à rejoindre les musulmans à
Médine, devrait être expulsé et rendu
aux siens tandis que les Mecquois
pouvaient accorder l’asilè à qui­
conque quittait Muhammad pour les
Mecquois.
Aussi, lors de la rédaction du traité,
Suhail. l’émissaire des Kouraichs,
exigea qu’on ne mette pas la basmallah et qu'on effaça aussi le terme en­
voyé de Dieu. Le prophète leur fit
toutes ces concessions car il savait

où cet acte le conduirait. Ainsi, le
prophète s’érigeait en un grand di­
plomate d’abord en obligeant ses en­
nemis à le reconnaître comme chef
d’un Etat souverain. Ensuite, il tint
fermement à son engagement et n'ac­
cepta jamais sa violation, en témoi­
gne l’extradition de Abu Jandal fils
de Suhayl avant même la finalisation
du document.
Enfin, c'est ce traité qui donna le
motif de la conquête de la Mecque.
Par conséquent, loin d’être une fai­
blesse, le traité d’Hudaybiyya consti­
tua une victoire éclatante.
Ainsi le prophète pouvait amorcer la
dernière étape de sa politique exté­
rieure qui a consisté à rédiger des
correspondances à l’adresse de cer­
tains rois comme le Négus, roi d’A­
byssinie, Al Mouqawqis, roi d’Egypte,
Kisra roi de Perse, César roi de
Rome pour les appeler à l’islam...,
toute chose qui constitue un pan
très important de sa mission et qui
n’aurait pas été possible s’il n’avait
pas fait la paix avec les coalisés
(idolâtres).
Aujourd'hui, la recherche de la jus­
tice sociale, de la paix, de la sincéri­
té. dans les relations internationales.
l’État de droit... constituent l’essen­
tiel des discours d'orientation politi­
que. Cela, le prophète l’a réalisé en
l’espace de 10 ans.

An-nâsr vendredi n"O49 du 17 Décembre 2 0 0 4

AHMAD

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