An-Nasr Vendredi #231 (Islam et laïcité)

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Titre
An-Nasr Vendredi #231 (Islam et laïcité)
Créateur
An-Nasr Vendredi
Date
2 mai 2008
numéro
231
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q116190528
extracted text
lmqllevient le secours d'Allah ainsi que la victoi'e, célèbre les louanges de ~ Seigneur et i"1Jioresonpardon

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U

n regard sur l'histoire de la
laïcité nous permet de constater deux points importants :
La laïcité est un concept étranger à 1'Isiam et au monde musulman. L'idée de
laïcité s'est cristallisée avec la révolutim française de 1789.
Auparavant, l'Église catholique a cornnùs des abus.
Elle a entrainé dans ses
abus le pouvoir pootique
jadis basé sur
la féodalité
dont l'inquisitim et 1'es elavage n'étaient que les aspects apparents
de ses injustices. Les horreurs de 1'Église cathooque ont mis à mal la religion
et poussé les gens à la stigmatiser et à
la marginaliser. C'est dans ce contexte
que le concept de laïcité a vu le jour.
Cette doctrine a été conçue non pas
pour brimer ou maltraiter la religion,
pl~tô~ pour la protéger. Au départ, la
lruate Signifie séparation entre les Égliseset l'État L'Étatnedoitni subirlin fl~ce de l'Église ni exercer sur elle
un_e quelconque influence. Et 1'Église ne
do1t pas se rœ!.er des affaires de 1'État,
~lus particulièrement du domaine politique. La laïcité a donné naissance à
trois. Princi.pes : la liberté du cul te, 1ëgalite des Citoyens devant la loi, la neutralité de 1'État.
La liberté du culte permet à chaque citoyen de pratiquer sa religion. L'égalité

devant la loi veut que tous les citoyens
soient pla:és sur un pied d'égalité. L'État doit s 'interdire toute forme de discrirnination, de favoritisme ou de priviléges à 1'égard des religions.
La neutralité de 1'État équivaut à la non
ingérence de celui-ci dans les affaires
religieuses.
Cette neutralité doit s'observer à tous
les niveaux et dans
tous les rapports
entre 1'administration et les administrés.
L'administration, autrement dit
les services publics
doivent donner toutes les garanties de
neutralité de manière à ne permettre
aucune suspicion de la part des usagers.
Telle est la laïcité originelle, celle de Jules Ferry et d'Aristide Briand entre autres. Elle était conçue de manière à protéger et respecter les croyances, Y cornpris les modes de vie liés à ces croyances,
c 'est-à-dire !habillement, la nourriture,
les noces, les funérail les, etc.

La laïci. té dans les faits
Il se trouve qu'en réalité ces principes
sont loin d'être respectés dans certains
pays laïcs. Les religions ne sont pas
traitées sur un pied d'égalité. L'État
continue à intervenir dans les affaires
de la religion.
En pratique, tout le monde sait que !islam est exclu du champ politique.

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Au nom de la laïcité, les musulmans n'ont pas Je droit de

D ans l'Europe des

créer un parti politique même dans les pays musulmans

apprenons de temps à autre des mosquées saccagée~

ou majoritairement musulmans, alors que dans certains

le saint Coran profané, le Prophète insulté er

pays, les chrétiens peuvent exercer des activités

caricaturé. Les discriminations à l'emploi et

politiques y compris la création de partis et de syndicats.

logement sont des pratiques courantes. Certains onr

Ce qui est déjà une entorse grave au principe de l'égalité
en droit. Il existe dans des établissements publics des
chapelles, des statues, des images de la sainte \-ierge et du
Christ, alors que des fillettes ,-oilées ont été expulsées des
lycées et des collèges et le foulard fut interdit par la loi.

droits de l'homme, nous

2u

dû changer de noms pour avoir un emploi mais sans
succès pour la plupart des cas. L'islam est accusé de
tous les maux. On ne cesse de mettre sur son dos des
pratiques inhérentes

aux

traditions

populaire~

comme l'excision ou le mariage forcé, et dont l'islam
n'est nullement responsable.

Dans les pays laies, les jours de fêtes chrétiennes sont
chômés et payés, le dimanche est un jour de repos

La liicité dans les textes

hebdomadaire et le dimanche est le jour du Seigneur,

La laïcité est basée sur des textes auxquels elle doit st

jour consacré à Dieu, dans la chrétienté. Les écoles

conformer. Nous prenons comme exemple les seuls

confessionnelles chrétiennes sont sub,·entionnées dans

textes fondateurs dont les principes figurent dans b

de nombreu." pays, même dans les écoles publiques, le

plupart des constitutions des pays laies. Parmi ces

christianisme est de loin plus favorisé que l'Islam, tant

textes, figure la Déclaration des droits de l'hornrnt

dans l'effectif des enseignants que dans le contenu des

de 1789 qui précise dans son article 10 :«Nul ne don

programmes et le temps consacré à l'enseignement. On
ne peut donc dire que la laïcité s'applique de la même
façon et à égalité à toutes les religi?ns.

être inquiété pour ses opinions, même religieus~
pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre
public établi par la loi ». Vient ensuite la loi du 9
décembre 1905 qui affirme dans son article 1er que:

Dans certains pays, le principe de neutralité de l'Etat
n'est qu'une théorie. L'Etat interfère dans les· affaires

« La République assure la liberté de conscience. Elle
garantit le libre exercice des cultes, sous les seules

religieuses en interdisant le foulard, la construction de

restrictions édictées [...] dans l' intérêt de l'ordre

mosquées, en ,-culant intégrer les musulmans coûte que

public » Ces deux textes consacrent à l'évidence b

coûte. L'intégration sous-entend abdication, prise de

liberté de culte. Les Conventions internationales

distance par rapport à la religion, cesser de prier et de

s'inscrivent dans le même sillage.

jeûner, en un mot cesser d'être musulman. C'est tout

La Déclaration Universelle des Droits de l'Homrnt

simplement le reruement de soi que l'on veut. On impose

de 1948, précise en son article 18 que « Toutt

.au....: filles des cours d'éducation physique et sportive sans

personne a droit à la liberté de pensée, de conscience

tenir compte de leur choix en terme de décence et de

et de religion ; ce droit implique la liberté de changt!
de religion ou de conviction ainsi que la liberté de

pudeur. Dans les hôpitau....:, l'accouchement est pratiqué

manifester sa religion ou sa conviction seule ou cn

par des médecins honunes, au lieu que ce soit effectué

commun,

par des accoucheuses ou des médecins fenunes. Il est de
plus en plus évident que nous avons affaire à une laïcité

tant

en

l'enseignement,

les

public

qu'en

pratiques,

le

privé, p2!
culte

~

l'accomplissement des rites »

agressive qui s'efforce de façonner la religion à son

Les dispositions de l'article ci-dessus ont été repris6

goût et de faire abdiquer les fidèles.

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d'une parr dans l'article 18 du pacte international ·relatif

pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur

aux droits CÎYils et politiques signés à

décembre 1966 et ratifié par la France le 29 janyier 1981,

manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la
loi».

et d'autre part, dans le premier alinéa de l'article 9 de la

Le conseil d'Etat précise que le port du 1·oile s'inscrit

Com·ention européenne •··: sau1·egarde des droits de

dans le cadre de la liberté de conscience reconnue tant
par les lois de la république que par les Com·entions

ew York le 19

l'homme et des libertés f. ·1darr"• tales, en ce sens que «
toute personne a droit à 1. !ibert• e pensée, de conscience

internationales ratifiées par la France. A cet égard, il
rappelle qu'en Yertu de ces Com·entions, la France s'est
engagée:

et de religion ».

« à garantir à tous les indi1·idus se troU\-ant sur son
Le tourbillon du port du foulan 1 •:n France a donné lieu à

des déclarations d'éminents res· >.Jnsables politiques ainsi
qu'à une importante jurispruden:e du Conseil d'Etat avant

territoire le droit d'accéder à l'enseignement sans distinction aucune notamment de religion et à prendre les
mesures propres à donner effet à un tel droit ;

la promulgation de la loi du 17 mars 2004 interdisant le

:JOrt du foulard.
A1-ant que le Conseil d'Etat ne se prononce, plusieurs \'Oix
~t

non des moindres se sont éb·ées pour assurer que le

port du 1·oile ne porte aucune atteinte à la laïcité.
Cirons entre au:res k ministre de l'éducation nationale,
Lionel Jospin, lequel, sans v.nettre de rappeler son
attachement à la laïcité, appelle les journalistes au calme,
assurant que« l'école est faite pour accueillir les enfants et
non pour les exclure ».
Mme Danielle Mitterrand explique aux journalistes : « Si
aujourd'hui, deux cents ans après la Ré1·olution, la laïcité
ne pou1-ait accueillir toutes les religions, toutes les
expressions en France, c'est qu'il y aurait un recul»
Il est en conséquence important de rappeler que la laïcité
authentique est celle qui garantit la liberté de pratiquer la
religion. Les principes de cette laïcité authentique ont été

à assurer la liberté de pensée, de conscience et .de
religion, et la liberté de manifester sa religion ou ses
comictions indi1idueUement ou collecti1·ement, en
public ou en privé, sous la seule résen·e des restrictions
pré\'Ues par la loi et nécessaires à la protection de la
sécurité, de l'ordre et de la santé publics, de la morale ou
des libertés et des droits fondamentaux d'autrui ; à
respecter, dans le domaine de l'éducation et de
l'enseignement, le droit des parents de faire assurer cette
éducation conformêment à leurs convictions religieuses
; à prendre les mesures nécessaires pour que l'éducation
favorise la compréhension et la tolérance entre tous les
groupes raciaux et religieux. »
Cette liberté, assure le Conseil d'État, comporte pour les
élè1·es le droit d'exprimer et de manifester leurs
croyances religieuses à l'intérieur des établissements
scolaires, dans le respect du pluralisme et de la liberté
d'autrui.

confirmés par le Conseil d'Etat lequel, dans son a1~s du 27
nol•embre 1989 sur le port du foulard, affirme : « le
principe de laïcité implique nécessairement le respect de
toutes les croyances, déjà reconnu par l'article 10 de la

La haute juridiction conclut en fm que le port de signes
par lesquels les é]è,·es entendent manifester leur appartenance à une religion « n'est pas par lui-même incompatible a1·ec le principe de laïcité, dans la mesure où il

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26

constitue l'exercice de la liberté d'expression et de

août 1789, aux termes duquel« Nul ne doit être inquiété

manifestation de croyances religieuses».

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démocratique des peuples musulmans comme c'est le cas
de l'Algérie, de la Tunisie, de laTurquie, ou celle qui dénie
les droits les plus élémentaires des citoyens, tels que le
port du foulard ou le droit à l'éducation, puisque les fuies
voilées ne sont pas admises à l'école publique, une telle
laïcité n'est pas digne de faire partie des valeurs républicames.

Sauf, souligne-t-il, si ces signes constitueraient, en raison de
leur caractère ostentatoire ou revendicatif, un acte de
pression, de provocation, de prosélytisme ou de
propagande susceptible de troubler l'ordre public, de
perturber l'enseignement ou de porter atteinte à la dignité
ou à la liberté de l'élè,·e ou de l'enseignant.
La question se pose de savoir si le port du voile peut
constituer une provocation ou un acte de prosélytisme ? La
réponse est NON. Le port du voile ne constitue ni
provocation ni acte de prosélytisme. Et il ne saurait en
aucun cas troubler l'ordre public ni perturber le fonctionnement de l'enseignement. Sinon, la minijupe et le
décolleté constitueraient des actes de prosélytisme.

Celle-ci ne s'est pas contentée de priver l'islam de la
dimension politique dont il ne s'est jamais séparé depuis
son apparition, elle s'immisce en plus dans le domaine du
cùlte pour le régenter et le maintenir constamment sous
pression.
Une telle laïcité aussi partisane qu'injuste ne fait
qu'approfondir le fossé entre elle et les populations
musulmanes.

La loi du 17 mars 2004 contre le port du foulard est en
totale opposition a\·ec les principes susmentionnés. Elle
heurte de front la liberté de conscience garantie par les
Conventions internationales ratifiées par la France. La
supériorité des traités sur les lois, même postérieures est
consacrée par l'article 55 de la constitution française (arrêt
nicolo, conseil d'Etat 20 octobre 1989.)

En effet, il n'est pas difficile de comprendre les buts
inavoués de cette idéologie déguisée qui se résument
comme suit : moins de religion et plus d'impiété, moins
de moralité et plus d'immoralité, tels sont les objectifs
,-isés par la laïcité. D'une part, elle s'efforce de restreindre
de plus en plus l'espace religieu.x par la multiplication des
interdits. D'autre part elle s'ingénie à combattre l'islam
par divers moyens, notamment en déformant ses
enseignements, en encourageant explicitement ou par un
laisser faire criard les sectes hérétiques, la débauche,
l'alcoolisme, les jeu.x de hasard, l'homose:-;ualité, en un
mot la corruption des mœurs par la diffusion de toutes
sortes d'écrits, de sons et d'images obscènes.

Une idéologie anti-islarnique
Si la laïcité, comme on l'a vu, veut dire neutralité par
rapport aux religions, il va de soi que cette neutralité doit
servir de garantie à la libre expression de toutes les religions
sans favoritisme et sans distinction aucune. Or, la réalité est
tout autre. En fait, la laïcité a dévié de ses principes, elle
devient visiblement une idéologie anti-islamique.
« La laïcité, dès lors, n'est plus ce qu'elle denait être :

tolérance, pluralisme, respect des différences. Elle
devient vide spirituel et parfois même refus systématique de toute interrogation métaphysique et de toute
recherche religieuse »
La laïcité dans certains pays est utilisée comme un cheval
de bataille contie l'islam, ses valeurs et ses symboles.
Une laïcité qui se dresse contre le choix

Il com~ent de retenir enfin que la religion est une
dimension importante de la société ; la laïcité doit tenir
compte de cette . dimension, de ses composantes
humaines dont le respect s'impose à plus d'un titre, en
,·ertu des principes de base sur lesquels elle s'appuie. Il
n'est rien demandé d'autre à la laïcité que de prendre ses
distances par rapport à la religion, et de traiter les citoyens
de la même façon sans distinction d'origine, de race ou de
religion.
source: www. bismillah-debats.fr

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