Communauté burkinabè en Arabie Saoudite : une solidarité sur fond de foi musulmane

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Titre
Communauté burkinabè en Arabie Saoudite : une solidarité sur fond de foi musulmane
Créateur
Bachirou Nana
Editeur
Sidwaya
Date
25 avril 2013
Résumé
Estimée à plus de 8000 membres, la communauté burkinabè en Arabie Saoudite est présente dans plusieurs secteurs d'activités. Soudés par la foi, ses membres font preuve de solidarité et n'oublient pas le pays natal.
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Estimée à plus de 8000 membres, la communauté burkinabè en Arabie Saoudite est présente dans plusieurs secteurs d'activités. Soudés par la foi, ses membres font preuve de solidarité et n'oublient pas le pays natal.

L'appel du muezzin rythme la vie en Arabie Saoudite. Dès les premiers échos, les rideaux des magasins s'abaissent, les administrations ferment, les rues se vident... les mosquées se remplissent.

Dans ce pays qui abrite les deux saintes mosquées (à La Mecque et à Médine, villes interdites aux non-musulmans), la loi islamique est de rigueur et une police spéciale est chargée de son application.

Sur cette partie de la péninsule arabique où les rutilantes 4x4 se disputent les artères et les échangeurs, et où les buildings, à l'américaine, poussent comme des dattiers dans le désert, les moquées à chaque coin de rue et l'accoutrement des hommes et des femmes viennent rappeler que la religion est l'alpha et l'oméga.

La Kaaba, lieu où passent les musulmans du monde entier, y est située précisément au sein de la « masjid al-Haram » (la Mosquée sacrée) à La Mecque.

Selon le coran, la Kaaba, cette maison d'Allah, a été érigée par le prophète Ibrahim et son fils Ismaël. Elle symbolise l'unité des musulmans qui adorent un Dieu unique, et qui y viennent en pèlerinage.

C'est donc dire que dans ce pays qui a vu la naissance en 570 du prophète Mahomet, paix et salut sur lui, côté spirituel, les musulmans des quatre coins du monde, particulièrement les Burkinabè, vivent plutôt comme « des poissons dans l'eau » et non comme « des oiseaux en cage ».

Habillée du hijab, voile qui laisse apparaître le visage, Hadja Fati Ouédraogo est de ceux-là. Elle habite le quartier « Azizia » de Djeddah (ville d'entrée des pèlerins au bord de la Mer Rouge) avec son mari qu'elle a rejoint en 2005. Elle poursuit son commerce, activité qu'elle avait commencé à Ouagadougou.

Lors du pèlerinage, elle « navigue » entre Djeddah, La Mecque et Médine pour vendre des vêtements, des foulards islamiques et autres souvenirs, aux pèlerins africains. « Et ça marche, particulièrement avec les pèlerins burkinabè », confie-t-elle.

Hadja Fati , une dame au cœur d'or

Toutes les agences du « pays des Hommes intègres » lui permettent de mener à bien ses activités. Celles qui ne la voient pas demandent de ses nouvelles, car connaissant bien « le terrain » et les fournisseurs, Hadja Fati permet aux pèlerins de retourner chez eux avec de nombreux souvenirs des lieux saints.

Certaines étoffes sont confectionnées spécialement pour les pèlerins burkinabè. Cependant, Fati Ouédraogo n'est pas à la recherche effrénée du gain. Selon des témoignages recueillis à Djeddah, elle aide également des pèlerins burkinabè en difficulté.

Par exemple, raconte Adama Gnegne, en service au Consulat du Burkina Faso dans cette ville qui abrite le tombeau supposé d'Eve, la mère de l'humanité, Hadja Fati paie souvent de sa poche, des médicaments et à manger pour des compatriotes venus accomplir le cinquième pilier de l'islam.

Ceci, en plus des quatre autres piliers que sont : La Chahad qui est l'attestation de foi de l'unicité de Dieu et de la prophétie de Mahomet, les cinq prières quotidiennes, le jeûne du mois de ramadan, et l'impôt annuel appelé zakat.

Concernant cette dame au cœur d'or, Issaka Ouédraogo s'est lui aussi souvenu d'une histoire pathétique où sa compatriote a laissé son commerce pour aller chercher rapidement un médicament contre la tension pour un pèlerin qui n'en avait plus.

Après le départ des pèlerins, l'activité baisse. Et comme les femmes saoudiennes, souligne la dame, « nous sommes à la maison et ne sortons que pour aller au marché... ». Cependant, elle est habituée à ce mode de vie sunnite.

Fati Ouédraogo qui ne tarit pas d'éloges, notamment envers des proches, « Alizet Gando, Sala Compaoré, mes parents à Bobo », a pour ambition de faire la navette entre l'Arabie Saoudite et son pays dans le cadre de ses activités commerciales.

La vie n'est pas chère sauf le logement et la scolarité

Selon l'ambassadeur du Burkina Faso, Ountana Mansa, précédemment conseiller diplomatique au palais de Kosyam, les Burkinabè résidant dans le royaume saoudien sont estimés à plus de 8000.

« Ils sont essentiellement à La Mecque, à Médine et à Djeddah. Et seulement une centaine à Riyad la capitale », a ajouté Ountana Mansa.

On trouve des ouvriers en bâtiments et travaux publics, des chauffeurs, des fonctionnaires internationaux (Djeddah abrite le siège de l'Organisation de la coopération islamique)... et des étudiants à l'image d'Abdoul Salam Konfé.

Il étudie la charia (loi islamique) à l'Université islamique de Médine, cité abritant le tombeau de Mahomet, dans la « Masjid An Nabawi » (mosquée du Prophète) ainsi que ceux de ses compagnons, premiers califes, Abou Bakr et Omar.

Après une école franco-arabe à Djibo, le jeune Konfé a postulé à une bourse saoudienne sur Internet, et a été retenu. Il dit vivre dans de bonnes conditions. « Ici, la vie n'est pas aussi dure, mais il faut avoir les papiers.

Nous sommes pris en charge par l'université qui nous loge et qui nous donne un pécule de 800 riyals, environ 100 000 FCFA. Le seul problème, c'est qu'il ne faut pas enfreindre la loi islamique », a-t-il souligné.

De retour au pays après ses études, Abdoul Salam Konfé compte ouvrir une Medersa à Djibo ou à Ouagadougou, « avec une prédominance du français afin de permettre aux étudiants d'avoir facilement du travail ».

A côté de « Abdoul Salam », Abdallah Siguiré fait figure d'anciens. Il connaît les moindres recoins de La Mecque où il vit depuis plus de 20 ans.

Après une école franco arabe et un court séjour en Côte d'Ivoire, l'aventure l'a conduit en Arabie Saoudite. « Je n'ai pas fait l'université. J'ai appris l'arabe au pays que j'ai renforcé ici dans les mosquées.

Cela m'a permis de travailler, notamment au service migration de l'ambassade du Burkina pour aider nos compatriotes et ensuite à la Banque islamique », a-t-il relevé.

Il estime que la vie dans le royaume wahhabite n'est pas tellement chère, sauf quand il s'agit de logement et de scolarité des enfants.

Marié à une burkinabè, il a réussi à scolariser ses 7 enfants, soit dans des écoles franco-arabes, soit des écoles arabes uniquement. Abdallah Siguiré compte, un jour, regagner la mère patrie.

Il souhaite que chaque Burkinabè en Arabie Saoudite songe à réaliser quelque chose au pays. Le consul général à Djeddah, Adama Compaoré, salue surtout la solidarité qui règne au sein de la communauté burkinabè où les membres sont tous musulmans.

Les autorités consulaires sont reconnaissantes aux membres qui se dévouent spontanément pour leurs compatriotes pèlerins ou immigrés.

D'ailleurs, Abdallah Siguiré s'est vu décoré de la médaille de chevalier de l'Ordre de mérite par l'ambassadeur Ountana Massa, lors de la rencontre entre le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, avec les compatriotes à La Mecque, le 24 mars 2013.

Tous ont souhaité une meilleure organisation du Hadj pour alléger les difficultés vécus par les pèlerins. Ces Burkinabè vivant en terre sainte d'Islam promettent jouer leur partition envers leurs compatriotes dans la solidarité, comme toujours.
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