"La nuit du destin est une nuit providentielle", a affirmé l'imam Bagayogo du CERFI

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Titre
"La nuit du destin est une nuit providentielle", a affirmé l'imam Bagayogo du CERFI
Editeur
Sidwaya
Date
29 juillet 2013
Résumé
Le mois de ramadan est un mois où les musulmans sont invités à multiplier les actes d'adoration. C'est un moment où Allah agrée davantage les vœux de ses serviteurs. Qu'est-ce qui fait la spécificité du mois de ramadan ? Quelles sont les révélations qui ont été faites au cours de la période ? Des questions auxquelles s'est prêté l'imam Nouhoun Bagayogo du Centre d'études, de recherches et de formation islamiques (CERFI).
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Source
Archives Sidwaya
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Le mois de ramadan est un mois où les musulmans sont invités à multiplier les actes d'adoration. C'est un moment où Allah agrée davantage les vœux de ses serviteurs. Qu'est-ce qui fait la spécificité du mois de ramadan ? Quelles sont les révélations qui ont été faites au cours de la période ? Des questions auxquelles s'est prêté l'imam Nouhoun Bagayogo du Centre d'études, de recherches et de formation islamiques (CERFI).

Sidwaya (S.) : Quelles sont les grandes révélations qui ont lieu pendant le mois de ramadan ?

Nouhoun Bagayogo (N.B.) : La première grande révélation est l'institution du jeûne obligatoire en islam quand Dieu dit : « Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyâm (le jeûne) comme il l'a prescrit à ceux d'avant vous, afin que vous atteignez la piété. Ce jeûne devra être observé pendant un nombre compté de jours bien déterminés… ». De ce fait, tout bon musulman doit jeûner durant tout ce mois. La seconde grande révélation de ce mois béni est la descente du glorieux Coran. Dieu nous en informe dans le Verset 185 de la Sourate 2 : « Le mois de ramadan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d'entre vous est présent en ce mois, qu'il jeûne ! ». Aussi les musulmans et les musulmanes s'adonnent plus à la lecture, à l'explication, à la méditation, etc., à l'étude du Saint Coran, autour des savants ou individuellement.

La troisième et dernière grande révélation est l'inscription de la Nuit exceptionnelle d'Al-Kadr dont le mérite, en adoration, vaut mille (1000) mois de culte pieux. En effet, Dieu dit : « En vérité, Nous avons révélé le Coran dans la Nuit d'Al Kadr (de la Destinée). Et quelle merveilleuse nuit que celle de la Destinée ! Car la nuit de la Destinée vaut plus que mille mois réunis ! ». C'est pourquoi, les musulmans et les musulmanes persévèrent, davantage, pendant les dix derniers jours du mois de ramadan afin de bénéficier de cette grâce particulière de Dieu.

S. : Comment les croyants doivent-ils s'y prendre pour bénéficier de l'Al Kadr ?

N.B. : La nuit d'Al Kadr est une nuit providentielle. Cependant, comme beaucoup de grâces providentielles, elle exige de l'endurance, des efforts de recherche, car les savants musulmans ne sont pas unanimes sur le moment précis, la nuit précise. Néanmoins, beaucoup d'entre eux s'accordent à dire qu'elle est située dans les dix (10) dernières nuits de ramadan. C'est pourquoi, pendant ces nuits, les musulmanes et les musulmans font plus d'effort d'adoration ; particulièrement ils lisent beaucoup le Saint Coran, veillent dans les prières et font beaucoup d'œuvres de charité. Ils maximisent dans ce qui plaît à Dieu pour bénéficier des mérites des mille mois de vie de culte pieux.

S. : Pendant ces prières, il semble qu'ils font du ‘'Kounout'' ; de quoi s'agit-il ?

N.B. : Le « Kounout » est une invocation de supplication particulière que l'on prononce, en groupe ou seul, lorsqu'on est en situation de détresse, a priori. Par exemple, dans un contexte de danger généralisé pour une partie ou l'ensemble de la communauté. Cependant, le ramadan étant une occasion spéciale pour espérer davantage de Dieu son pardon, sa miséricorde et son agrément, comme Il l'a lui-même promis. Voilà pourquoi, les croyants multiplient les supplications à son adresse. Le « Kounout » n'a pas de formule ou de forme unique. Les formules les plus courantes sont celles qui renferment les préoccupations globales des musulmans et des musulmanes, des jeunes et des vieux, des vivants et des morts, des frères et sœurs, proches et de ceux d'ailleurs, … Cependant, en cas de danger particulier, on oriente le « Kounout » en fonction.

S. : Il semble que Dieu promet aux endurants de pleines récompenses sans compter. Que doit-on comprendre par cette disposition ?

N. B. : Pendant ce mois de ramadan, mois d'endurance, nous l'avons dit, le croyant mène deux luttes très serrées. D'une part, le jeûne pendant la journée, en s'abstenant de manger, de boire, de satisfaire ses désirs sexuels et mieux de préserver sa langue, son ouïe, ses yeux, ses membres de tout ce qui est interdit comme mensonge, calomnie, fourberie, corruption, … D'autre part, il lutte la nuit pour veiller dans la prière, le Zikr (invocations), la lecture du Coran, la méditation profonde, … . Pour ce faire, les savants estiment que celui qui réussit ces deux combats, à la fois, alors il fait partie des endurants dont magnifie Allah dans le Coran en disant que « … Les endurants auront leurs pleines récompenses sans compter ».

S. : Que faisait le Prophète de l'Islam, lui–même, pendant ces dix (10) dernières nuits ?

N. B. : D'après l'épouse du Prophète, Aïcha, « mère des Croyants », le Prophète Mahomet faisait la retraite pieuse ou Al I'tikaf pendant les dix derniers jours du mois de ramadan et ce, jusqu'à la fin de sa vie. Après lui, ses femmes ont continué à le faire.

S. : Qu'est-ce que la retraite pieuse (Al I'tikaf) ?

N. B. : La retraite pieuse ou Al I'tikaf, c'est le fait de rester dans la mosquée avec l'intention d'adorer uniquement Dieu. Car sans intention, on ne pourra pas le considérer comme un I'tikaf et la personne qui l'aura fait n'aura pas de récompense, sauf si elle reste dans la mosquée dans l'attente de la prière car le Prophète a dit : « L'un d'entre vous est toujours en Salat (la prière) tant qu'il l'attend et que c'est elle qui l'empêche de retourner chez lui ». Celui qui fait Al I'tikaf ne doit pas sortir de la mosquée, sauf en cas de force majeure : par exemple celui qui en état d'impureté majeure après un rêve érotique veut faire les grandes ablutions ou pour ses besoins et ceci lorsqu'il n'y a pas un lieu propice à cela dans la mosquée. En effet, Aïcha, la mère des croyants a dit : « La Sunna (tradition du prophète) pour celui qui fait Al I'tikaf est qu'il ne sorte qu'en cas de force majeure. » Celui qui décide de faire Al I'tikaf ne doit l'arrêter qu'une fois qu'il a terminé les jours pendant lesquels, il a pris l'intention de le faire. Mais s'il sort de la mosquée, il n'aura pas à le rattraper forcément, car Al I'tikaf n'est pas une obligation, mais une recommandation. Cependant il est toujours recommandé de respecter ses engagements, surtout envers Dieu.

S. : Pour ceux ou celles qui n'ont pas la possibilité d'observer les 10 jours de retraite pieuse (Al I'tikaf), peuvent–ils en faire moins ?

N. B. : Oui, du moment où c'est une œuvre surérogatoire, on l'observe à la mesure de ses capacités. Ainsi, on peut l'observer un (01) ou plusieurs jours ou même une (01) ou plusieurs heures, pourvu que l'on respecte les règles en la matière.

S. : On entend parler souvent du jour du doute. Qu'est-ce que c'est ?

N.B. : Il est obligatoire de commencer le jeûne du mois de ramadan dès la vision de l'apparition du croissant lunaire. Quant à sa rupture finale, c'est lorsque le mois est fini (29 ou 30 jours maximum). D'après Abou Hourayra (Qu'Allah l'agrée), le Messager d'Allah (Paix et bénédiction d'Allah sur lui) a dit : « Jeûnez et rompez votre (mois de) jeûne à la vue du croissant lunaire et s'il est voilé, complétez le mois (de ramadan) à 30 jours ». Ainsi, si le mois de ramadan est confirmé par le témoignage d'une seule personne musulmane, juste, qui déclare avoir vu le croissant de lune ou bien par la fin du mois de Cha'bane (le mois qui le précède). Quant au mois qui succède le ramadan (Chawal), il doit être confirmé par deux témoins musulmans dignes de confiance (sûrs et justes). Il faut préciser qu'il faut faire très attention quand une seule personne voit le croissant de lune. Elle ne doit pas jeûner tant que les gens ne le font pas et ne doit le rompre qu'avec les autres. Cette recommandation vient du Prophète (Paix et bénédiction d'Allah sur lui) quand il a dit qu'il fallait jeûner lorsque les gens jeûnent, et rompre le jeûne lorsque les gens rompent et faire le sacrifice lorsque les gens font le sacrifice. Les savants ont déduit de ce Hadith qu'il fallait jeûner et rompre le jeûne avec la communauté.

- Waliou A. ADEGUEROU
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