Tabaski : l'ambiance à la place de la Révolution / Tabaski : versets pour la pluie

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Titre
Tabaski : l'ambiance à la place de la Révolution / Tabaski : versets pour la pluie
Créateur
Lucien Sawadogo
Sylvestre W. Sam
Editeur
Sidwaya
Date
9 avril 1998
Résumé
La place de la Révolution, on le sait, est vaste, très vaste même. Pour cette grande prière de la Tabaski, elle a refusé du monde, tant les fidèles musulmans de la capitale sont sortis pour cette «messe» annuelle. L'ambiance était inqualifiable mais relevons juste quelques scènes.
Couverture spatiale
Koudougou
Ouagadougou
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
La place de la Révolution, on le sait, est vaste, très vaste même. Pour cette grande prière de la Tabaski, elle a refusé du monde, tant les fidèles musulmans de la capitale sont sortis pour cette «messe» annuelle. L'ambiance était inqualifiable mais relevons juste quelques scènes.

Dès 8 heures 30 minutes, la mise en place des fidèles était déjà terminée. C'est alors que les officiels commençaient à arriver sur Faire de la place de la Révolution. L'arrivée du Mogho-Naaba aura été la plus remarquable. En effet, il était 8 heures 45 minutes quand les coups de feu tonnaient, signalant ainsi l'arrivée de l'Empereur des Mossé à la place de la Révolution; les forces de l'ordre s'efforçaient alors de faire une artère pour le cortège. C'est sa cour composée des notables coutumiers, des tambouriniers et des valets qui, dans une peugeot bâchée, ouvraient ledit cortège.

La voiture où était le Mogho-Naaba, une Peugeot 505 sans numéro d'immatriculation était spécialement escortée par des cavaliers. Le Mogho-Naaba descend, prend un bain de foule digne de son rang avant de prendre place. Les membres du gouvernement succéderont à l'Empereur. Chacun s'inclinera devant l'Empereur avant de se saisir une quelconque place. Puis arriva le richissime El Hadj Oumarou Kanazoé. C'est à peine s'il ne s'est pas cassé en deux pour respecter le Mogho-Naaba Baongo.

A 9 heures, on fit appel au grand imam et la prière pouvait ainsi démarrer.

Pendant la prière, une toute autre ambiance régnait. Il s'agit notamment des éternels mendiants et mendiantes. Certains sont pratiquement devenus des professionnels de la mendicité. Pendant que certains fidèles, dans leur concentration spirituelle, égrenaient leurs chapelets, on pouvait être effrayé par un bruit sec de quelques pièces d'argent au fond d'une grosse boîte de tomate «Oro» qu'un jeune mendiant secouait fortement. Curieusement, nul ne s'en plaint. Bien au contraire, on s'attèle rapidement à trouver quelque chose du fond des profondes poches des grands bazins pour ajouter à la plus-value du mendiant. A la fin de la prière, malgré la consigne ferme donnée par l'animateur à chacun de rester sur place pour permettre aux officiels de se retrier, rien n'y fit. El Hadj Kanazoé a dû tourner en privot plusieurs fois avant que les forces de l'ordre ne viennent à son secours, tant une horde de gens tenaient à lui serrer la main sans doute dans l'optique de... Si le bain de foule du richissime Kanazoé a été particulièrement intense, il convient de dire que les membres du gouvernement en ont également eu pour leur compte. Salif Diallo a même failli enjamber la barrière et cela sans protocole aucun, histoire de regagner peut-être dans un délai raisonnable le domicile où sans doute le bélier... Au même moment, ses collègues, à l'image d'Ablassé Ouédraogo, Yéro Boly, Idrissa Zampalégré pour ne citer que ceux-là, se débattaient dans la foule pour se frayer un passage. On se croirait à la fin d'un meeting car visiblement, dans leur recherche du passage, on pouvait les voir intercepter par de tierces personnes, qui pour dire bonjour qui pour dire «bonne fête», qui d'autre pour dire, «mais monsieur le ministre... aujourd'hui... ». Tout ce qu'on sait, dans la plupart des cas nombre d'entre eux ont eu recours à leur poche afin de se défaire de certains interlocuteurs. Dur d'être une «autorité» en pareille circonstance.

Lucien SAWADOGO

Photos: M. KOUDOUGOU

Versets pour la pluie

Les fidèles musulmans du Burkina Faso ont commémoré hier la fête de la Tabaski ou l'Aïd El Kébir. Le point marquant de cette fête a été sans conteste la grande prière qui s'est déroulée à la place de la Révolution en présence de milliers de fidèles.

Conformément à la tradition qui se perpétue depuis plusieurs années, la place de la Révolution a encore accueilli les fidèles musulmans de la ville de Ouagadougou en vue de célébrer la Tabaski ou «la fête du mouton». La cérémonie a connu la présence du président d'honneur de la communauté musulmane, des autorités administratives et politiques, Sa Majesté le Mogho-Naaba Baongo ainsi que les pérsidents d'institutions. C'est l'arrivée du grand imam El Hadj Ibrahim Koanda qui a marqué le début de la grande prière. Tout d'abord, le grand imam a effectué une prière introductive qui symbolise le point de départ pour la grande prière. Ensuite, El Hadj Ibrahim Koanda a dirigé la grande prière au cours de laquelle les fidèles musulmans ont rendu grâce au Dieu Tout-Puissant. Une série de prières faites à l'occasion de la Tabaski ont ponctué la grande prière. A la place de la Révolution, la grande prière offrait une fois de plus l'occasion aux fidèles musulmans d'entrer en communion. Tout au long de la cérémonie, le grand imam Ibrahim Koanda et son interprète Mahamadi Koanda ont procédé à la lecture de quelques versets du coran, faisant la lumière sur la célébration de la Tabaski. Le grand imam a par la suite récité des versets qui constituent une étape importante de la grande prière et qui se présentent comme des remerciements au Tout-Puissant pour sa protection et sa bienveillance. A l'issue de la grande prière, le grand imam a procédé aux bénédictions. Il a pour l'occasion imploré la grâce de Dieu sur les autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières du pays. Ensuite il a demandé en faveur du Burkina une pluie abondante et bienfaisante. Il a en outre recommandé à la bienveillance de Dieu le chef spirituel de la communauté musulmane, le regretté Abdoul Salam Tiemtoré.

Le point le plus attendu au cours de la grande prière a été l'étape où le grand imam a égorgé le mouton qui représente le sacrifice d'Abraham. Cette scène résume en elle-même l'essence de la Tabaski et donne le départ de la fête.

La Tabaski est la plus grande fête musulmane qui se tient 70 jours après le ramadan qui marque la fin d'un mois de jeûne des fidèles musulmans. Elle commémore le sacrifice d'Abraham. Dieu ayant demandé à Abraham de lui donner en sacrifice son fils unique Isaac, il accepte et au moment où il entreprend de I'égorger pour une offrande à Dieu, celui-ci lui envoie un bélier pour être sacrifié en lieu et place de son fils. C'est dans ce cadre qu'est célébré chaque année le sacrifice d'Abraham qui remonte depuis 1444 années de cela. Le sens de la Tabaski est tiré du Coran qui rappelle tout le monde musulman à la ferveur, à la continuité et à la conviction envers le message d'Allah.

Sylvestre W. SAM (Stagiaire)
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