Lutte contre la pratique de l'excision : un espoir pour la tolérance zéro en 2015

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Titre
Lutte contre la pratique de l'excision : un espoir pour la tolérance zéro en 2015
Editeur
Sidwaya
Date
26 mai 2009
Résumé
Le Burkina Faso a célébré la Journée nationale de lutte contre la pratique de l'excision sous le thème : "La volonté politique au centre de l'action pour l'atteinte de la tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines (MGF) en 2015". La cérémonie s'est déroulée, à Kaya, dans le Sanmatenga, hier 25 mai 2009, sous le patronage du Président du Faso, Blaise Compaoré.
Couverture spatiale
Kaya
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Le Burkina Faso a célébré la Journée nationale de lutte contre la pratique de l'excision sous le thème : "La volonté politique au centre de l'action pour l'atteinte de la tolérance zéro aux Mutilations génitales féminines (MGF) en 2015". La cérémonie s'est déroulée, à Kaya, dans le Sanmatenga, hier 25 mai 2009, sous le patronage du Président du Faso, Blaise Compaoré.

Celles qui n'ont pas eu la place à l'ombre n'ont pas hésité à s'asseoir à même le sol et sous le soleil pour écouter les conseils et mieux contribuer à la lutte contre l'excision. Le Président Blaise Compaoré et son épouse (au 1er plan et au milieu) entendent peser de tout leur poids afin de booster l'excision hors du Burkina Faso.

Des filles innocentes, sans défense, mutilées dans leurs corps et troublées dans leur âme, des femmes exclues socialement du fait des conséquences de l'excision, telles les fistules et autres complications liées à l'excision ; des familles endeuillées du fait des conséquences tragiques de ce fléau, des hommes déçus dans leur intimité du fait que leurs épouses soient frigides, etc.

Une panoplie des conséquences de l'excision que la ministre de l'Action sociale et de la Solidarité nationale, Mme Pascaline Tamini a déplorée, face au Président du Faso, au gouvernement burkinabè, aux autorités coutumières, religieuses, aux partenaires techniques et financiers, aux représentants d'ONG et associations, réunis à Kaya pour célébrer la Journée nationale de lutte contre la pratique de l'excision.

"...Nous voulons écrire une nouvelle page de l'histoire du peuple burkinabè. Une histoire où toutes les filles qui naîtront à partir de ce 25 mai 2009 grandiront avec leurs organes reproducteurs intacts tels que Dieu les leur a donnés", a-t-elle soutenu. Elle a souligné que même si toutes les femmes excisées ne souffrent pas au même dégré des conséquences de l'excision, force est de reconnaître qu'il est établi que cette pratique engendre à court, moyen et long termes, des hémorragies, des infections, des accouchements difficiles pouvant entraîner de graves complications sur la santé de la mère et de l'enfant et même conduire à la mort. "Nous en sommes tous conscients. Depuis quelques décennies, la majorité du peuple burkinabè, notamment les femmes ont élevé leurs voix pour décrier cette pratique qui viole leur droit à la santé et à l'intégrité physique", a-t-elle dit.

Elle a rappelé que suite à ce cri du cÅ"ur des femmes, le gouvernement burkinabè s'est doté en 1990 du Comité national de lutte contre la pratique de l'excision et adopté des mesures législatives, juridiques et administratives en vue de l'élimination de cette pratique. Aussi, de nombreux projets, stratégies et plans d'actions ont été développés.

La rencontre de Kaya a été une opportunité pour le Président Blaise Compaoré de s'entretenir avec les leaders politiques, administratifs, religieux, les ONG et associations, les partenaires au développement. Il les a conviés à s'impliquer davantage pour bouter l'excision hors du Burkina Faso. Le chef de l'Etat, Blaise Compaoré, a particulièrement interpellé les leaders d'opinion sur la gravité de la pratique de l'excision et les a sensibilisés à travailler pour atteindre l'objectif tolérance zéro en 2015.

Il a également exhorté les partenaires à s'engager pour une mobilisation des ressources à même de permettre l'éradication de l'excision. Les leaders religieux (catholiques, protestants et musulmans), de même que les chefs coutumiers ont rassuré le Président du Faso de leur vision commune de la lutte et des stratégies à mettre en Å"uvre pour gagner la bataille.

Le chef de l'Etat burkinabè s'est réjoui de ce consensus existant entre les différentes religions et les autres acteurs de la lutte.

"Lorsque je venais à Kaya, je n'étais tellement pas serein face à ce fléau non maîtrisable, pas visible et échappant à tous nos radars. Mais après avoir écouté les leaders d'opinion, je suis réconforté et plus motivé que jamais à persévérer dans le combat contre l'excision", a relevé le Président Blaise Compaoré à l'issue de la rencontre.

Il a affirmé que les priorités se résument à l'adoption et à la mise en Å"uvre du plan d'actions 2009-2013 de l'élimination des MGF, la réactivation de la coopération transfrontalière et la traditionnelle commémoration de la journée du 18 mai 2009.

La cérémonie a été mise à profit par le ministère de l'Action sociale et de la Solidarité nationale pour remettre un chèque de deux millions (2 000 000) de F CFA pour la réparation de fistules à la clinique Suka et des kits de réparation des séquelles de l'excision à la direction régionale de la Santé du Centre-Nord. Par ailleurs, des documents sur l'excision en langues nationales mooré, dioula, fulfuldé ont été remis à la direction régionale de l'Enseignement de base du Centre-Nord. Le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique a reçu, dans la même logique, des modules d'enseignement sur les MGF.

Mais au-delà de tout ce qui est fait pour l'abandon de cette pratique, l'archevêque de Kaya, Mgr Thomas Kaboré, se dit être convaincu que c'est seulement dans les esprits, les mentalités, les croyances qu'il faut combattre la racine du mal. "C'est une pratique sauvage que les missionnaires blancs ont combattue, il y a cent ans. Et malgré la répression, les femmes continuent d'exciser leurs filles clandestinement, parce qu'elles en ignorent les méfaits", a-t-il insisté.

Le témoignage de Mme Abibou Ouédraogo, une ex-exciseuse est venu confirmer les propos de Mgr Kaboré "J'excisais les fillettes à raison de 2 500 F CFA par personne. Mais je ne savais pas que je faisais du mal à mes victimes", a-t-elle confessé.

A Kaya, les leaders politiques, coutumiers et religieux, réunis en concertation avec le chef de l'Etat, ont pris des engagements pour accélérer l'élimination de la pratique de l'excision au Burkina Faso.

Le représentant des partenaires techniques et financier, M. Babacar Cissé a salué l'initiative du Burkina Faso de célébrer une telle journée. Il a précisé que certains partenaires au développement s'organisent en ce moment pour mettre en place un mécanisme commun de financement en vue d'accompagner la mise en Å"uvre du plan d'actions 2009-2013 pour l'atteinte de la tolérance zéro à la pratique de l'excision.
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