Colonie de vacances : un fonds de commerce ?

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Titre
Colonie de vacances : un fonds de commerce ?
Créateur
Aïssata Bangré
Editeur
Sidwaya
Date
12 août 2003
Résumé
Voici venu le temps des vacances avec son cortège d'activités récréatives.
Couverture spatiale
Tenkodogo
Togo
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Voici venu le temps des vacances avec son cortège d'activités récréatives.

De Top vacances culture aux excursions à travers le pays ou à l'extérieur, tout est mis en oeuvre pour permettre aux enfants de passer de bonnes vacances. L'une des activités les plus en vue à l'heure actuelle est l'organisation de colonies de vacances. Bon cadre d'expression et d'épanouissement pour enfants, ces colonies peuvent parfois se transformer en véritables parcours du combattant si les paramètres organisationnels ne sont pas bien maîtrisés.

"La colonie de vacances est un cadre idéal où l'enfant apprend à affronter la vie. Aussi y reçoit-il une éducation en plus de celle des parents. Cette année, j'ai inscrit mes deux enfants à la colonie de vacances organisée par la Mission évangélique Ambassadeurs pour Christ international (ME/APCI), du pasteur Idrissa Sanou. J'espère que ceux-ci seront bien encadrés et sur le plan religieux et sur le plan civique".

Ces propos sont de Mme Geneviève Koanda, greffier au palais de justice. Elle justifie les raisons qui l'ont amenée à inscrire ses enfants à une colonie de vacances.

Ces idées sont partagées par Mme Aïssata Ouédraogo et El hadj Issa Sawadogo, qui ajoutent que l'enfant y apprend à être indépendant, et découvre le monde. Avec l'expérience qu'il a vécue, M. Sawadogo interpelle tous les parents à faire des sacrifices pour inscrire leurs enfants à une colonie.

"Grâce aux colonies, mon enfant n'est plus capricieux. Il a changé positivement".

A l'instar de ces parents, beaucoup d'autres pensent qu'il faut occuper les enfants pendant les grandes vacances au lieu de les laisser sillonner les quartiers à longueur de journée. Pour ces parents, la colonie de vacances est une solution aux problèmes qu'il rencontrent dans la gestion des enfants pendant les grandes vacances. C'est le cas de M. Youssouf Tapsoba, commerçant de son état ayant une dizaine d'enfants. Il soutient que la colonie de vacances est une aubaine pour lui, de se "débarrasser" du brouhaha de ses enfants. "Je ne supporte pas leurs disputes ...", a-t-il ajouté.

Quelles que soient les raisons avancées par les uns et les autres pour inscrire leurs enfants aux colonies de vacances, ces sorties demeurent une réalité au Burkina Faso. En effet, les colonies de vacances sont sous la tutelle du ministère de l'Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN). Elles sont réglementées par un décret en date du 5 mai 1995. Dans les articles 1 et 2 dudit décret, la colonie est définie comme un regroupement d'enfants en internat pour passer une partie des vacances en dehors du cadre familial. Elle a pour objectifs, de contribuer à la promotion des droits de l'enfant et à leur jouissance, de favoriser l'épanouissement de celui-ci et la formation de sa personnalité physique, intellectuelle, civique et morale ...

Qui peut organiser les colonies ?

L'article 4 du décret portant réglementation des colonies de vacances, stipule que toute personne physique ou morale résidant ou non au Burkina Faso peut, dans le respect des textes en vigueur, organiser des colonies.

Chaque année, une multitude d'associations a travers le pays et certaines institutions, pour une raison ou une autre, s'adonnent à cette activité.

Ainsi, la Mission évangélique ambassadeurs pour Christ internationale (ME/APCI) est l'une des organisatrices de colonies. Elle a à son actif, 14 années d'expérience en la matière. Pour le président du conseil général, le Pasteur Idrissa Sanou, les colonies de vacances de ME/APCI se dénomment SOVICAP (Sortie de vacances internationales pour la culture et l'amitié entre les peuples). Ceci, dit-il, pour "faire la différence", avec les autres colonies qui s'organisent régulièrement à travers le pays. Au-delà de l'épanouissement de l'enfant et le développement de son sens de civisme, la SOVICAP, a ajouté M. Sanou, dispose dans son programme de sortie d'un projet pédagogique. Ce projet soutient-il, est conçu de telle sorte qu'il prend en compte les besoins sociaux, affectifs et même physiologiques de l'enfant. Ce projet et le règlement de la SOVICAP sont au préalable portés à la connaissance des parents avant l'inscription des enfants. Pour le Pasteur Sanou, l'institution est en quête permanente de perfection et d'excellence.

C'est seulement à ce prix reconnaît-il, que "nous crédibilisons davantage nos colonies".

En outre, la SOVICAP est laïque et son programme vise trois destinations que sont Dakar, Ouaga-Lomé-Cotonou et Ouaga-Koumassi-Accra. Les prix sont respectivement 295 000 FCFA, 87 000 FCFA et 95 000 FCFA. Aussi, existe-t-il toujours un contrat, entre la SOVICAP et ses collaborateurs (transporteurs, moniteurs, personnel, assurance ...) soutient le pasteur.

A la différence de la SOVICAP, la Caisse mutuelle des travailleurs de la SONABEL (Société nationale burkinabè d'électricité) organise depuis 1996, une colonie de vacances à l'intention uniquement des enfants des membres de la mutuelle.

La mutuelle entend ainsi contribuer à l'épanouissement des enfants de ses adhérents.

La colonie est conjointement organisée, selon le secrétaire permanent aux activités culturelles et sportives de la mutuelle, M. Djimissolo Damoué, par la SONABEL et la Société d'électricité du Niger (NIGELEC).

Cette année, 75 colons burkinabè et 75 Nigériens vont se retrouver à Kollo, une petite ville nigérienne située à 30 km de Niamey. Ce sera l'occasion pour eux de découvrir le Niger et d'apprendre à se connaître.

Après chaque colonie, explique M. Damoué, les parents font des témoignages. Ils trouvent que leurs enfants ont changé positivement.

"Mon enfant arrive à faire ceci ou cela ..."

Pour M. Damoué, ces témoignages sont éloquents. Aussi, quand vient le moment de se quitter, les enfants sont souvent en larmes.

Nombreux sont ceux qui ne veulent plus rejoindre leur famille ; "C'est vraiment émouvant", a-t-il ajouté.

Cette année, les frais de participation par enfant (du côté de la SONABEL) s'élèvent à 30 000 FCFA. Il s'agit d'une contribution qui varie en fonction de la destination (nationale ou sous-régionale).

En plus, la colonie de vacances de la SONABEL est subventionnée par la mutuelle.

"Tous les enfants sont assurés et nous mettons beaucoup l'accent sur l'organisation," a conclu M. Damoué.

La touche des associations

L'Association burkinabè pour la survie de l'enfance (ABSE) de son côté organise chaque année, une colonie de vacances.

Pour son secrétaire permanent aux activités culturelles et éducatives, M Gérard Yonli, "En tant qu'association qui prône le bien-être des enfants, il va de soi que nous organisions des activités d'épanouissement pour eux". Ainsi, les enfants du Togo vont d'abord séjourner au Burkina. Ensemble, les colons burkinabè et togolais se retrouveront à Cotonou. De Cotonou, les colons iront à Lomé. C'est pourquoi M. Yonli affirme que la sortie va permettre aux enfants de divers horizons de se connaître, de sympathiser en vue de promouvoir l'intégration sous-régionale. Les frais de participation sont de 68 000 FCFA (soixante huit mille) par enfant.

L'Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) et le Cercle d'étude, de recherche et de formation islamique (CERFI) pour leur part, organisent conjointement une colonie de vacances. Cette année, la colonie est à sa quatorzième édition. Pour son secrétaire permanent, Ahmed Tapsoba, les colons vont bénéficier entre autres, des enseignements de base de la religion musulmane. Il ajoute que des colonies de vacances sont organisées dans onze (11) provinces du Burkina où existent l'AEEMB et le CERFI.

Quant aux frais de participation, ils s'élèvent cette année, à quinze mille (15 000) FCFA par enfant.

La colonie est soutenue matériellement et financièrement par les frères musulmans.

Des programmes variés

La colonie de vacances vise en principe "l'épanouissement et l'éducation" des enfants. Ainsi, chaque organisateur de colonie établit son programme en tenant compte de ces deux aspects.

C'est le cas de la SOVICAP dont le programme prend en compte les besoins physiques, intellectuels et socio-affectifs des enfants à travers un projet pédagogique conçu à cet effet.

Ainsi plusieurs activités sont menées sur le site d'accueil. Des causeries avec les colons sur l'hygiène et la propreté, les modes de transmission et de prévention des IST et du VIH/Sida, etc. Des activités motrices telles que le sport de façon générale suivies d'animations, de jeux dirigés (jeu de prouesse par exemple), la promenade à pied, des pique-niques y sont organisées.

En outre, d'autres activités telles que les travaux manuels, les sorties-découvertes, les travaux de créativité et de loisir (sketch, théâtre, récitation ...) contribuent au développement intellectuel du colon.

La colonie de vacances de l'AEEMB-CERFI met l'accent surtout sur la formation et l'éducation religieuses des enfants, a laissé entendre El Hadj Tapsoba.

Des imperfections souvent constatées

A l'heure actuelle, l'on constate que n'importe qui, sans autorisation préalable, élabore des affiches et diffuse des communiqués à la radio et à la télévision invitant les parents à inscrire leurs enfants pour une colonie de vacance. Il arrive ainsi que des enfants rencontrent des difficultés de toutes sortes pendant ces sorties organisées par ces amateurs : mauvaise alimentation, des problèmes de santé, manque d'hygiène, mauvaises conditions de voyage ... Plutôt que de s'épanouir pendant ces colonies, les enfants reviennent malades et traumatisés.

C'est le cas de Mireille Traoré, 8 ans, qui a juré ne plus prendre part à une colonie. "J'ai passé un mauvais séjour à Tenkodogo. Sur notre site d'accueil, nous étions laissés à nous-mêmes. Les enfants déféquaient pêle-mêle. Il n'y avait pas d'hygiène ...", a confié Mireille. Par ailleurs, il arrive que des colons restent bloqués quelque part, faute de moyens de retour. Il a fallu que les parents ou les autorités du pays d'accueil, fassent des pieds et des mains pour y trouver une solution.

Certaines associations refusent de contracter une assurance pour les colons.

Celles-ci font généralement le voyage sans la présence d'un médecin.

Ainsi, le moindre accident ou malaise peut se transformer en une catastrophe.
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