Forum national sur la laïcité : huit recommandations pour renforcer la cohésion sociale

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Titre
Forum national sur la laïcité : huit recommandations pour renforcer la cohésion sociale
Editeur
Sidwaya
Date
30 septembre 2012
Résumé
Le Forum national sur la laïcité a rendu ses conclusions, le samedi 29 septembre 2012 à Ouagadougou. Les participants ont formulé huit recommandations pour créer les conditions d'une paix religieuse et renforcer la cohésion sociale.
Couverture spatiale
Ouagadougou
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Le Forum national sur la laïcité a rendu ses conclusions, le samedi 29 septembre 2012 à Ouagadougou. Les participants ont formulé huit recommandations pour créer les conditions d'une paix religieuse et renforcer la cohésion sociale.

Au terme des trois jours de travaux du Forum national sur la laïcité, les 127 délégués, issus des communautés religieuses, de la chefferie coutumière et traditionnelle, des institutions de l'Etat, des organisations de la société civile et des ordres professionnels, ont formulé huit recommandations à l'administration. Il s'agit de l'institution dudit forum comme cadre d'évaluation des pratiques en matière de laïcité, de la diffusion de la connaissance du concept dans l'enseignement (...), de la condamnation des mesures punitives des accusés de sorcellerie, de la consolidation du dialogue inter- religieux.

Les forumistes ont également recommandé l'enseignement de la constitution dans les écoles, l'instauration d'un dialogue soutenu entre les autorités coutumières et religieuses, une vision partagée de la laïcité et l'élaboration d'un document référentiel sur le principe juridique y relatif au Burkina Faso. De l'avis du Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, les objectifs dévolus à la rencontre sont en grande partie, atteints, au regard des résultats. Sur ce, il a promis l'examen attentif des conclusions par le gouvernement. "Le gouvernement, tout en observant la neutralité de l'Etat, s'attachera à accompagner tous les acteurs dans le sens de la promotion des valeurs qui nous unissent et qui nous permettront de réserver un meilleur avenir à la prospérité.

Vos avis seront pris en compte dans l'élaboration des textes relatifs à la laïcité", a déclaré le Premier ministre aux participants. M. Tiao a reconnu que les débats ont été passionnés et par moments contradictoires. Mais, a-t-il dit, les 127 délégués sont parvenus à l'essentiel, à savoir l'intérêt supérieur de la Nation, notamment la cohésion et la préservation de la paix sociale. A entendre le chef du gouvernement, les préoccupations entre autres, sur le respect des spécificités des différentes confessions, la définition du concept et sa pratique en conformité avec les réalités de la société burkinabè, traduisent le vouloir vivre ensemble de toutes les communautés religieuses.

Le secrétaire permanent des réformes politiques, Baba Blaise Armand Sawadogo, pour sa part, a relevé que la question du référentiel s'explique par une volonté d'avoir une définition commune de la laïcité. "Depuis les indépendances, aucun document, aucun cadre d'échange n'a permis d'avoir une même compréhension du principe juridique. Il s'agit, à travers la notion de référentiel, de se faire une idée unique du concept au pays des hommes intègres", a-t-il expliqué. A cet effet, il a souligné que l'atteinte d'un tel objectif nécessite l'implication de toutes les compétences en place. En outre, M. Sawadogo a indiqué que les forumistes ont suggéré la création d'un cadre formel de concertation interreligieux, en ce sens que le thème à l'ordre du jour du conclave n'est pas statique et qu'il faut travailler à l'améliorer afin d'éviter d'éventuelles dérives.

Pasteur Mamadou Philippe Karambiri, membre de la délégation de l'Eglise évangélique : "Ce forum nous a permis d'avoir des discussions ouvertes sur un certain nombre de problèmes et ce, pour le mieux être des populations burkinabè. Nous avons trouvé un terrain d'entente qui est le respect mutuel, le consensus autour d'une Nation paisible, afin que nous puissions nous donner la main pour un développement durable. En ce sens que sans paix religieuse, il n'y a pas de progrès possible.

Nous nous engageons aux côtés des autorités administratives et religieuses à jouer notre rôle, en apaisant l'atmosphère sociale. Tous les points ne sont pas épuisés. Il y a des points non consensuels. Il faut donc continuer à débattre pour qu'ensemble, nous puissions voir ce qui est à prendre, à garder ou à améliorer. Dans une discussion avec des doctrines différentes, on ne peut avoir un consensus parfait, ni en religion, ni en politique".

El Hadj Adama Sakandé, président par intérim de la communauté musulmane : "Nous estimons que dans l'application de la laïcité ; il arrive que certains agents de l'Etat, dans leurs agissements, portant préjudice à d'autres, car on n'a pas encore une définition claire du concept. Par exemple, sur quoi on se base pour empêcher une candidate de participer à un concours sous prétexte qu'elle est voilée. Ce sont des éléments qui peuvent paraître insignifiants, mais qui, petit à petit, peuvent créer des frustrations. Ce débat nous a donc permis de prévenir ces comportements, car il vaut mieux prévenir que d'attendre que des problèmes surviennent pour vouloir les résoudre. Nous devons travailler à préserver les acquis de quiétude, de paix, d'entente et de tolérance.

C'est pourquoi nous avons voulu qu'on précise le contenu de la laïcité dans notre pays et nous pensons qu'à travers ce forum, nous avons été entendu. Cette rencontre a été bénéfique, car elle a permis à toutes les composantes de s'exprimer et de dire ce qu'elles pensent. C'est déjà un avantage. Les recommandations répondent également à nos attentes, notamment celle sur le dialogue interreligieux et l'élaboration d'un référentiel. Les déclarations du Premier ministre nous confortent dans notre conviction. Nous souhaitons leur application effective pour un vivre ensemble dans la quiétude".

Mgr Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou : "Le dialogue interreligieux et interethnique est nécessaire pour qu'adviennent la réconciliation, la justice, la paix et la cohésion sociale. Nous portons tout cela en prière et le Seigneur nous aidera à aller de l'avant pour un Burkina Faso nouveau où il fait bon vivre. Toutes les questions au forum ne sauraient être épuisées en trois jours vu la complexité du thème. Nous avons mis en relief ce que nous vivons au quotidien et nous avons essayé d'avoir une vision commune sur le concept de la laïcité. L'Etat a son rôle de neutralité à jouer.

Cela entre dans la vision de l'Eglise catholique qui place l'Homme au centre de tout. Le bien commun et la solidarité sont des éléments qui devraient nous permettre de promouvoir un monde de justice, de paix et réconcilié. Il faudra, pour l'après-forum, avoir un comité de suivi qui finaliser et mettra en oeuvre toutes les conclusions. Il ne faudrait pas que les recommandations restent lettre morte. Le dialogue doit se poursuivre, aussi bien entre les différentes composantes et l'Etat et entre les communautés religieuses et celles coutumières et traditionnelles. Pendant les travaux, nous avons essayé de mettre en commun nos divergences pour arriver à un concept unique de la laïcité. L'essentiel est atteint car, la rencontre nous a permis de nous connaître et de nous accepter, malgré nos différences".
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