Écoles : les musulmanes mal dans leur uniforme

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Titre
Écoles : les musulmanes mal dans leur uniforme
Créateur
Maïmota Adamou Syfia
Editeur
Le Pays
Date
12 août 1999
Résumé
Jupe et chemisette, l'uniforme est le même pour toutes les écolières du Cameroun, les musulmanes, traditionnellement drapées dans leurs pagnes, s'offusquent.
Couverture spatiale
Cameroun
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Jupe et chemisette, l'uniforme est le même pour toutes les écolières du Cameroun, les musulmanes, traditionnellement drapées dans leurs pagnes, s'offusquent.

Petit matin à Garoua, dans le Nord du Cameroun, à mille kilomètres environ de Yaoundé, Oumoul est en route pour le lycée. Contrairement aux autres élèves, elle a passé des pagnes par dessus son uniforme. A l'entrée du lycée, devant le surveillant général qui contrôle les élèves, elle enlève ses pagnes qu'elle range dans son cartable. Comme tous les matins. La voici en uniforme comme les autres, jupe et chemisette.

Oumoul est musulmane. Elle se sent très mal à l'aise dans cette tenue : “La robe de classe dépasse à peine les genoux, se plaint-elle en se regardant. Et une tête sans foulard me donne l'impression d'être nue" : Sitôt la fin des cours, Oumoul se drape à nouveau dans ses pagnes dès la sortie du lycée.

Cette région du Cameroun est très islamisée. Les femmes sont habituellement vêtues de deux pagnes. L'un est noué autour des hanches et couvre le bas du corps. L'autre, masque les cheveux et le haut du corps, ne laissant que le visage à découvert. La tenue scolaire, la même pour tous les lycées et collèges du pays ignore cette tradition... Pourtant, jamais une vraie musulmane n'accepterait de marcher dans la rue en jupe et tête nue.

Pagne ou jupe

Il y a une dizaine d'années, le problème ne se posait pas. Au contraire. Dans plusieurs établissements scolaires, l'uniforme consistait en un pagne pour le bas du corps et un tee-shirt frappé à l'enseigne de l'établïssement pour le haut. Au grand mécontentement des jeunes filles du Sud qui n'avaient jamais porté de pagne. Mbah Florence se souvient : "J'étais alors élève au collège Lamido Hayatou de Gafou. A 17 ans, je dois avouer que c'était la première fois que je m'habillais en pagne et Dieu sait que c'était encombrant et ennuyeux pour moi".

On ne peut pas faire plaisir à tout le monde. L'éducation nationale a tranche : jupe et chemisette pour tous les établissements secondaires du Cameroun. Cette mesure était censée régler le conflit. “Nous concilions les divergences confessionnelles par l'uniforme, argumente un surveillant général de lycée. Aussi, évitons-nous par le même coup tout complexe que pourrait créer l'extravagance vestimentaire des élèves issues des familles nanties". La conciliation ne semble pourtant pas au rendez-vous.

A Garoua, un collège islamique s'est récemment ouvert où le port dû pagne est de rigueur. Les parents trop choqués par l'uniforme peuvent y mettre leurs filles. Certains préfèrent, la mort dans l'âme, s'asseoir sur leur pudeur et privilégier la qualité de l'enseignement dispensé dans les collèges d'Etat. Car, comme le remarque très justement Amadou Mal Baba, enseignant dans un collège franco-arabe, "si l'on veut trouver une juste mesure au plan national il n'y a pas que la robe de classe pour l'exprimer.

Pourquoi certains établissements sont-ils moins équipés que d'autres ? Pourquoi y a-t-il moins de professeurs qualifiés ici qu'ailleurs ?”

Philosophe, l'inspecteur de police M. Kadiri remarque "L'habit ne fait pas le moine. Ma fille restera musulmane malgré le port de cette robe de classe" : 'Un avis partagé par de jeunes musulmanes, éprises d'ouverture et de modernité comme Fadimatou Issa. “La robe, dit-elle, n'indique pas un manque de pudeur. Et d'ailleurs, je peux dévoiler mon corps, même à travers un pagne".

Maïmota Adamou SYFIA
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