Islam : "L'homme et la femme sont soumis aux mêmes sanctions"

Contenu

Classe de ressource
Text
Titre
Islam : "L'homme et la femme sont soumis aux mêmes sanctions"
Créateur
Moussa Sawadogo
Editeur
Le Pays
Date
5 novembre 1999
Résumé
Dans le cadre de son programme d'activités, l'observatoire "Qui vive" des conditions de vie des femmes, du Groupe de recherche sur les initiatives locales (GRIL) a organisé une conférence sur le thème "Femme et Islam" le mardi 2 novembre 1999 au Centre culturel Georges Méliès. La conférence a été animée par Mme Penda MBow, historienne à l'Université Cheick Anta Diop de Dakar (Sénégal). Pour elle, si la femme occupe un rang de second plan en Islam, c'est parce que la lecture des textes islamiques est quelquefois biaisée.
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
contenu
Dans le cadre de son programme d'activités, l'observatoire "Qui vive" des conditions de vie des femmes, du Groupe de recherche sur les initiatives locales (GRIL) a organisé une conférence sur le thème "Femme et Islam" le mardi 2 novembre 1999 au Centre culturel Georges Méliès. La conférence a été animée par Mme Penda MBow, historienne à l'Université Cheick Anta Diop de Dakar (Sénégal). Pour elle, si la femme occupe un rang de second plan en Islam, c'est parce que la lecture des textes islamiques est quelquefois biaisée.

Pour Mme Penda MBow, il y a plusieurs manières d'aborder la question de la place de la femme dans l'Islam. La plus simple, c'est de partir des textes que sont le Coran et les recueils des hadiths (récit traditionnel rapportant un acte ou une parole du Prophète). Mais il s'agit là, selon elle, d'une manière de circonscrire le sujet et d'oublier que l'Islam est aussi une civilisation qui s'est étendue sur une aire géographique très vaste, avec des cultures diverses expliquant les variations dans le statut de la femme.

En effet, pour Mme MBow, derrière la problématique de la place de la femme dans l'Islam, il y a plusieurs préoccupations. La question soulève celle de l'identité en impliquant l'opposition Occident/Orient ; la dialectique Islam/Civilisation africaine et évolution du statut de la femme en Afrique musulmane et enfin, la possibilité d'une interprétation féministe en Islam.

Selon la conférencière, la situation de la femme dans le monde musulman est aggravée avec la crise économique et la non application de la charia (loi fondamentale de l'Islam). En effet, pour elle, en réalité l'Islam donne à la femme un statut supérieur aux autres femmes. L'infériorisation de la femme relève donc moins de la religion que des structures sociales sclérosées qui font de la femme un bien familial pour “la procréation de fils”. Par ailleurs, l'interdiction aux femmes de toucher le coran à certaines périodes (menstruation), donc de se cultiver en permanence, ne facilite pas son accès aux textes religieux, favorisant ainsi son obscurantisme. Face à ce tableau désolant, Mme MBow trouve qu'entre le Vile siècle, période de l'avènement de l'Islam et aujourd'hui, "les esprits ont évolué. Il y a de la réflexion et les femmes s'impliquent''.

Mais l'Islam accorde-t-il un statut à la femme ? Pour Mme MBow, Il faut distinguer trois cercles concentriques : la doctrine musulmane telle que définie par le coran et la Sunna (ensemble des hadiths) ; l'interprétation canonique ; et enfin les deux premiers cercles plus les traditions islamiques et culturelles des différentes régions. A ces trois niveaux, Mme MBow trouve qu'il n'y a pas d'inégalité fondamentale entre l'homme et la femme. Au niveau de la doctrine musulmane, explique-t-elle, en ce qui concerne le fondement de la croyance, l'homme et la femme sont soumis aux mêmes principes et aux mêmes sanctions. Quant à ce qui relève de la société, il faut dire que les choses ont évolué dans la manière dont l'homme subvient aux besoins de la femme (ces besoins ne sont plus pris en totalité par l'homme : le père ou l'époux). Dès lors, l'lslam, dit-elle, ouvre la perspective de réinterpréter et de comprendre autrement les choses. C'est au nom de ce même principe d'évolution que, selon la conférencière, tout ce que dit le coran sur l'esclavage est aujourd'hui dépassé.

Au niveau des interprétations canoniques, Mme Penda MBow a fait remarquer que le coran est un langage symbolique qu'il faut pouvoir traduire en langage positiviste en faveur de la femme et de la société. Cela se trouve justifié dans la mesure où des femmes ont joué un grand rôle dans la promotion de l'islam. Tel fut le cas de Aïcha, l'une des veuves du prophète Mohamed (S.A.W) qui a pu rassembler plus de mille Hadiths après la mort de son mari. Ou encore Hadissa, l'autre femme du prophète qui lui a été d'un très grand soutien moral et psychologique chaque fois qu'il rencontrait l'ange Djibril

(Gabriel). La femme mérite alors qu'on lui rende justice. Et à ce niveau, même pour ce qui est de l'héritage 0a femme ayant droit à la moitié de ce qui revient à l'homme), Mme MBow trouve que la compensation peut venir des dons faits à la femme lesquels sont prévus par le coran.

En réalité, constate Mme MBow, la situation de la femme surtout en Afrique, dans les pays non arabes, est liée à l'inadéquation entre le contenu des textes et la réalité historique. Ce qui pose le problème d'identité culturelle et l'apport de l'Islam d'une part et l'identité féminine et l'évolution face à l'islam d'autre part La solution pour elle, viendra du débat philosophique qui passe nécessairement par une interprétation continue des textes en tenant compte de l'évolution des sociétés et du rôle de plus en plus incontournable de la femme dans le progrès de toute société humaine. Aussi préconise-t-elle que la religion cesse d'être accaparée par les hommes qui, en monopolisant les hiérarchies, l'interprétation, finissent par maintenir la femme dans une position d'infériorité.
Collections
Le Pays