Adja Habibou Ouédraogo : 46 ans au service de la jeune fille musulmane

Contenu

Classe de ressource
Text
Titre
Adja Habibou Ouédraogo : 46 ans au service de la jeune fille musulmane
Date
7 janvier 1997
Résumé
Quelle éducation pour la jeune fille, future épouse et future mère? est-on tenté de poser comme question en raison de la complexité et de l'importance de son rôle dans la société. Pour cela, il n'y a pas meilleure éducatrice qu'une femme âgée qui a été épouse et mère heureuse. C'est sans doute le cas de Adja Habibou Ouédraogo, âgée de 79 ans et éducatrice de jeunes filles musulmanes depuis quarante-six ans à Tangay dans la province du Zondoma.
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114035710
contenu
Quelle éducation pour la jeune fille, future épouse et future mère? est-on tenté de poser comme question en raison de la complexité et de l'importance de son rôle dans la société. Pour cela, il n'y a pas meilleure éducatrice qu'une femme âgée qui a été épouse et mère heureuse. C'est sans doute le cas de Adja Habibou Ouédraogo, âgée de 79 ans et éducatrice de jeunes filles musulmanes depuis quarante-six ans à Tangay dans la province du Zondoma.

Ayant effectué un pèlerinage à la Mecque à pied avec son mari, elle encadre les jeunes filles conformément aux préceptes de l'islam.

Aujourd'hui, elle ignore le nombre de filles qu'elle a encadrées, tant elles sont nombreuses et d'origines diverses. Toutefois, elle avance qu'elles sont plus de mille sans pouvoir donner un chiffre exact.

Adja Habibou est convaincue de ce qu'elle fait. Sans en tirer quelque profit matériel, elle le fait bien néanmoins, car comme elle le dit: "Mes bonnes actions seront récompensées par Dieu”. Outre des filles du Burkina Faso, elle en a déjà reçues de Ségou au Mali.

De trente filles au départ, elle est passée à 128 filles pour la dernière promotion dont 78 pour une seule région. Formées pendant deux ans, des filles ont un âge compris entre 12 et 17 ans, des filles en âge de se marier. Ces filles sont éduquées sur la voie du prophète Mohamed, du Coran et elles apprennent la prière.

Adja l'exprime en ces termes: “Par l'enseignement que je leur dispense, elles ont confiance en l'islam et je les prépare favorablement au Jugement dernier".

Adja tient cette initiative de son mari, décédé il y a 24 ans, à l'âge de 133 ans.

Mariée dès l'âge de 16 ans, elle est allée à la Mecque à 23 ans, soit 7 ans après. Ce voyage qui faillit leur coûter la vie a duré dix ans dont une année passée à la Mecque. C'est une fois rentrée de la Mecque qu'elle a installé ce que l'on pourrait appeler le “Foyer" qui reçoit tous les deux ans un groupe de filles à former, et ce, depuis 1950. L'effectif de celles-ci n'a pas cessé de croître chaque année.

Parlant de leur voyage à la Mecque, elle dit: “Nous avons beaucoup souffert. Les douaniers nous ont beaucoup aidés pour la traversée des différentes frontières. Plusieurs fois nous avons manqué d'être tués. D'autres voyageurs Vont d'ailleurs été. Cela a été très dur, mais pour Dieu, il faut souffrir".

Pour l'éducation des jeunes filles, elle n'exige aucune contribution des parents. Mais naturellement, chaque parent fait ce qu'il peut pour sa fille et elle reçoit quelque chose elle aussi. Nul doute que cette éducation a des conséquences heureuses pour les bénéficiaires.

“L'éducation les préserve de beaucoup de dangers liés à la vie de foyer. Je leur dispense une formation, mais surtout une éducation qui leur permet d'être heureuses dans leur ménage. Beaucoup de ces filles devenues épouses nous envoient leurs filles afin que nous les éduquions aussi". Pour la relève, Adja Habibou y a déjà pensé. Sa jeune coépouse prendra le devant dès qu'elle né pourra plus le faire. Déjà, elle contribue à l'encadrement des filles dont l'éducation est plus difficile, c'est-à-dire les plus grandes. Une expérience unique que celle d'Adja Habibou. Le rôle de la femme nécessite bien sûr que celle-ci soit éduquée dans le “bon sens". Mais n'étant pas le seul acteur au foyer, l'éducation de celle-ci seule est-elle suffisante pour préserver l'unité du ménage?

Caroline Ouédraogo
Collections
L'Observateur Paalga