L'Autre Regard #22

Contenu

Classe de ressource
Text
Titre
L'Autre Regard #22
Créateur
L'Autre Regard
Date
5 janvier 2015
Résumé
Mensuel d'information islamique
numéro
22
Couverture spatiale
Bobo-Dioulasso
Ouagadougou
Ghana
Médine
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q114034816
extracted text


MHWF■****■11111 Bill IIBI III ■ llfil<iWIftlMIllll ■ III

Mtflwd «fàfîtaflâta

FOYER MUSULMAN
La place de la femme
aujourd'hui p.3

..LJ.Ï

<fa

CHEIKH ISMAEL DERRA

JU.’

'.•

Mx : aon r cia

DR. SAID MUHAMMAD
OUEDRAOGO,

RESPONSABLE
D’UNE ASSOCIATION

VIE DE COUPLE p.3
Les raisons d'un échec

'♦



jmfcr mu 95 fhtkr 2015

DE SOLIDARITE

PREDICATION
Comment parler
intelligemment desP5

choses de l’islam ?
RENCONTRE DU PF AVEC
LES FORCES VIVES

Le contenu
des différentes
déclarations mz-w

«Beaucoup
BerespatssaHles
musulmans
ne méritent pas
leur place h »
15e CONGRES NATIONAL DE L’AEEMB

«lasaBUarité
an islam fait ,iMt
partie île la foin
PROMOTION DE LA JEUNESSE
MUSULMANE

Le Mouvement sunnite
donne l'j
Les avantages tirés
du rappel d’Allah
» Ad-Dhïkr » pm
—- -----

pour
de nouvelles missions

IE nebdo : Une violence contre l’Islam,

<

ATTAQUE CONTRE CHARLIE HEBDO

A

One wtoieoce contre l’Islam
uand on partage la foi musulmane et qu’on vit ce
que le monde entier a vécu en ce début de l’annce
2015, on ne peut que se sentir meurtri. On reste
e et on se perd dans dps questionnements sur le
comment du pourquoi des individus dont la foi leur com­
mande de distiller l’amour et de faire la paix, peuvent com­

a

mettre, tels actes d’un barbarisme extrême. Cet attentat
-ontzc le journal satirique Charlie Hebdo, si ott s’eu tient,
-4:::: révélations des médias, se justifie par la volonté de ven­
ger le prophète (psi) et des caricatures faites par ce journal
en 2011. Le dégriment contre le prophète de l’Islam est
aussi vieux que l’avènement de l’Islam. Tout musulman
doit le savoir. Le Coran et la Sunna font état de plusieurs
sortes de dénigrement, en paroles ou en actes à l’encontre
du prophète. Son peuple à l’époque l’a traité de menteurs,
le poète, de dément, et que sais-je encore. Aujourd’hui,
cette fratrie moqueuse continue d’exister sous autres
formes, comme ces caricatures et bien d’autres. Ces cari­
catures, selon scs auteurs, sont faites sous le couvert de la
liberté d’expression. Une liberté d’expression à l’occiden­
tale, dont la mise en œuvre n’est pas exempte de critiques.
C’est un constat : quand il s’agit de faire des critiques sur
le prophète de l’Islam, l’on est prompt à évoquer le privi­
lège de la liberté d’expression. Par contre lorsqu’un mu­
sulman use de sa liberté d’expression pour critiquer les
politiques ou les modes de vie occidentaux, il est taxé de
fondamentaliste. Lorsque sous le couvert de la liberté, un
musulman prétend mettre en pratique les préceptes de l’Is­
lam dans son mode de vie, là il est taxé d’intégriste. La
question d.u port du voile illustre parfaitement cette dualité.
Outrccette attitude de deux poids, deux mesures, on se de­
mande si la liberté d’expression permet tout. Une liberté
sans bornes ni limites est-elle juste. La liberté absolue par
/ ailleurs, n’existe pas. Elle reste un mythe. La liberté d’exI pression comme toute liberté, s’arrête où commence le droit

i~au respect des .autres ; ceci est un principe élémentaire. Si
la liberté vue par l’occident est sans bornes, il nous faut
’nous musulmans savoir y répondre. Avec tact et intelligence
comme l’avait fait notre messager à l’époque. Il nous faut
éviter de tomber dans le fanatisme aveugle, l’exagération
outrageante, ou le terrorisme comme malheureusement
l’ont fait ces tueurs de Charlie Ilebdo.
En réalité, ces attaques barbares constituent un poison
contre l’Islam. Cette manière d’y répondre constitue du
pain béni pour tous ceux qui croient encore, comme on
nous l’a fait croire depuis des siècles, que l’Islam s’appa­
rente à la violence. Pire encore, elles aggravent la situation
\dcs musulmans dans nombre de pays, laquelle situation

reste encore perfectible. Les petits esprits trouvent en ces

attaques une bonne dose d’inspiration, pour vilipender la
religion musulmane, par essence pacifique, et la présenter
comme une religion qui puise sa source dans la violence et
la barbarie. Toute chose qui va à l’encontre des principes
basiques de la religion. Le prophète, principal victime de
ces caricatures n’aurait sans aucun doute choisi cette voie
pour se rendre justice. La tradition prophétique en est un
exemple probant. Le musulman où qu’ il soit, qui qu’ il est,
trouvera en le prophète, « un excellent modèle à suivre ».
Comment le premier défenseur de l’Islam a-t-il réagit
quand les critiques les plus acerbes, les actes de dénigre­
ment de toute nature, fusaient de toute part contre sa per­
sonne et contre la religion de Dieu ?, telle est la question
que tous ceux qui prétendent défendre l’Islam par le terro­
risme doivent se poser. La première des attitudes adoptée
par le messager de Dieu et enseignée par l’Islam, c’est de
prier Allah pour tous ceux qui constituent une menace pour
l’Islam afin qu’ils délaissent ces actes et prônent la foi. Une
autre attitude, et c’est la règle d’or en Islam, c’est de pa­
tienter et d’endurer, comme l’avait fait le premier des mu­
sulmans. Le musulman doit faire preuve d’équité et de
justice à tout instant en toute circonstance.
Car l’une des preuves évidente de la foi, c’est d’être juste
au moment où l’on récent la colère. <r O vous croyez, soyez
attentifs pour Dieu à être témoins en toutejustice. Et que la
haine pour un peuple ne vous incite pas à l’injustice. Soyez
justes, cela est plus proche de la piété. Et craignez Dieu,
car Dieu connait tous ce que vous faites », nous interpelle
le Coran à la Sourate 5 au verset 8. Si nous prétendons
aimer Dieu, la moindre des choses, comme le dit le Coran,
c’est de suivre le prophète. Nous musulmans, devront com­
prendre que ce n’est pas en dénigrant ceux qui nous déni­
grent que nous aurons le dessus. Cela est encore la preuve
de notre peu de foi, de notre ignorance avérée de notre re­
ligion et de sa mission première qui est de prôner la paix sur
toute l’étendue de la terre. Ce qui peut aider notre religion
à aller de l’avant, nous ne cesserons de le dire et de le re­
dire, c’est le retour à notre religion. Tout autre itinéraire est
voué d’avance à l’échec. La suprématie des musulmans
sera une réalité si et seulement si nous musulmans accep­
tons de nous plier à la volonté de Dieu par un suivisme ri­
goureux de scs injonctions et un respect strict de ses
interdictions. La conviction que nous pouvons changer les
choses par la violence est une illusion en plus qu’elle est
condamnée par Dieu et par sa religion □

RECEPISSE

Arrête : n°2613/P/12/CAO/TGI/PF
Siège social : Ouagadougou
Secteur 10 - 01 BP 2481 Ouaga 01
Portable : 76 93 60 93 Z 79 91 05 66

Directeur de Publication :
Guigma Arounan

Rédacteur en chef :

Abou Waqâss SANOU
Tel. : 76 00 73 34
Equipe de rédaction :

Tiendrebéogo Ousmanc
Ouédraogo Ahmad dit Karamssamba
Zoungrana Ablassc
Nébié Zakaria
Guigma Arounan
Nana Moumouni
Montage :
Déogracias Conceptions : 78 23 01 73

Annonces publicitaires :
Pour tous renseignements,
veuillez vous adresser à Rachid-production à
l’adresse suivant :
rachidproduction@yahoo.com où
guigma.haroun@yahoo.fr

La Rédaction^

Pour vos critiques et suggestions
veuillez contacter

RACHID-PRODUCTION
sous l’adresse : rachidproduction@yahoo.com
’ guigma.haroun@yahoo.fr
01 BP 2481 Ouaga 01
Cél. : 76 93 60 93 - 79 91 05 66
L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

Imprimerie :
IMPF : 79 87 6 f 60

La musulmane

FOYER MUSULMAN

La place rte la feram® aujourd’hui
Sous nos vieux ja pauvreté, la souffrance, la misère, toutes ont un visage féminin. Les femmes, c’est
un constat, souffrent le martyre pour pouvoir s'occuper de leur mari, de leur progéniture. La
norme religieuse selon laquelle il revient à l’homme de s’occuper de la famille et de satisfaire aux
besoins de celle-ci, semble remise en cause dans notre société.
yT


c besoin des enfants, leur éducalion nota minent la scolarité font
J partie des préoccupations de nos

mamans. Idles se saignent dans tous les
sens pour que ees derniers aillent à
l’ccolc. Les hommes, certains hommes
ont démissionné de leur rôle. Désormais
dans bon nombre de foyers, la pitance
quotidienne incombe aux femmes. C’est à
elle de serrer le pagne pour veiller à ec
que la famille puisse être à l’abri de la
faim. La gestion de la plupart des foyers
repose essentiellement sur nos mamans.
Elles fournissent des efforts considérables .
pour la suivie du foyer en bravant tous les
risques, se levant très matinalement pour

balayer les rues. De ees femmes, on note,
celles qui font des dizaines de kilomètres,
à vélo, souvent à moto, commerce oblige.
Elles sont également présentes dans des
travaux physiques comme sur les sites au­
rifères où elles concassent les pierres, tout
cela à la recherche de quoi nourrir la fa­
mille et s'occuper de la scolarité des en­
fants. Le domaine informel est bondé de
ees femmes qui cravachent dur pour
épauler leur mari dans le foyer.
Les femmes sont dans tous les secteurs
d’activités au Burkina Easo. Le constat
est clair ; beaucoup d’hommes ont dé­
missionné de leur mission première. Dans
le lot, il y a d’un côté, ceux qui se battent

pour reprendre la main, puis d’autres, on
ne sait pourquoi, qui prennent du plaisir à
voir leurs épouses braver les difficultés
pour que la famille tienne. L’Islam re­
commande à l’homme d’aimer sa femme
et scs enfants, de travailler pour pouvoir
prendre en charge sa famille. Cela sup­
pose la prise en charge de celle-ci, de son
dortoir, son habillement, son alimentation
et scs besoins importants. La religion
n’interdit pas cependant que la femme
apporte son soutien à la famille. Mais
telle n’est pas la règle. Il n’est pas autorisé
en Islam de laisser sa femme et sa famille
sans ressources.
La loi musulmane est faite de sorte que la

VIE DE COUPLE

raisons ffisn échec
de la vie en couple résulte le plus souvent
l est le tourbillon qui dévaste les
de la mauvaise qualité « du casting » ef­
champs de nos espoirs et nous oblige
—.à nous séparer dans la douleur et le fectué.
regret. Il est le feu aidant qui consument Le mariage aujourd'hui se présente
comme une réunion de syndicalistes,
les liens de notre engagement à vouloir
chacun n’agi que pour défendre et pro­
vivre heureux ensemble. Il est la force
mouvoir scs droits. On oubli que l’autre
qui nous pousse violemment dans le lit
qui vit avec nous a besoin d'etre rassuré,
de la séparation. Le divorce, est le cau­
tranquillise, protégé cl encouragé. Le
chemar de nos rêves, parce qu’il est la
mariage se veut le rendez-vous par ex­
roche qui brise le fruit de l’amour. .
cellence du donné et du recevoir. Donner,
Se marier, c'csi décider d’exécuter en­
c’est offrir à l’autre ce qui lui permettra
semble un projet de vie pensé et défini
d’etre équilibré et heureux. Donner c’est
par nous. De nos jours les hommes ont
partager avec son partenaire la part de
un désire fort de vivre en couple, mais
bonheur qui participera à faire de chaque
malheureusement, ils ont une piètre idée
instant de son « séjour terrestre » un mo­
de la profondeur réelle du mariage. Vive
en couple sans préalablement avoir une
vue claire et réaliste des mécanismes qui
rendent agréable le mariage, c’est vouloir
construire un avenir sans lendemain. On
veut diriger «l’entreprise conjugale » et
on ne prend pas la peine de savoir les
grands défis qui nous attendent. Aveugler
par la passion ravageuse du coup de fou­
dre. nous opérons au choix de notre « as­
socié » dans un esprit de naïveté
déconcertant et ahurissant. Au lendemain
du mariage, ou est étonné d'avoir fait le
mauvais choix, quand en réalité on n’a
fait aucun effort pour aboutir à un résul­
tat meilleur. La majeure partie des échecs

J

■.
4;

ment on ne. peut plus inoubliable. Don­
ner c’est vouloir et savoir faire plaisir.
Donner demande donc que l’on sache
préalablement ce dont à besoin notre par­
tenaire. C’est malheureusement cet exer­
cice qui nous fait défaut dans notre
volonté de faire plaisir à notre associé.
Nous pensons que l’idée que nous nous
faisons du bonheur est celle toujours par­
tagée par notre conjoint. Nous lui offrons
tous les jours de nombreux cadeaux,
quand réellement pour son bonheur et
son bien-ctrc il n’a besoin de nous que
d’un petit sourire, un câlin ou une toute
petite marque d’attention. Ignorer ou
faire fi de ce que l’autre attend effective­

demeure du musulman reste le dernier
lieu de refuge, de tranquillité et de sécu­
rité. Il impose meme à l’homme de rega­
gner son foyer après la dernière prière
sauf cas de nécessité, 'fout cela dans le but
d’entretenir l’harmonie dans la famille et
participer à l’éducation des enfants. A ce
sujet également, le constat est amer.
Beaucoup d’hommes ne regagnent leur
domicile que tard dans la nuit sans raison
valable, remettant l’éducation des enfants
aux femmes uniquement.
Les enseignements de la vie du musul­
man en matière de famille sont foulés au
pied par nombre de fidèles. Encore une
fois, qu’on se le tienne pour dit, l’Islam
tient l’homme pour responsable de la ges­
tion de la famille ; il n’en demeure pas
moins que la femme doit l’aider dans
cette tâche. Elle peut être celle qui pos­
sède plus de moyens. Mais cet état de fait
n’enlève en rien la responsabilité de
l’époux. La vie du couple demeure une
conjugaison des efforts entre l’épouse et
l’époux. Il y a assez de copies à revoir □

AROUNAN GUIGMA

ment de nous, contribue à ouvrir la porte
de notre union à toutes les incompréhen­
sions et à toutes les frustrations. Ainsi
notre vie de couple se transformera en un
cauchemar qui va nous précipiter dans
les bras de la séparation.
Aimer « l’autre », C’est décidé de lui
procurer le maximum de joie et de bon­
heur dans les limites de nos possibilités.
Vouloir vivre heureux en couple c’est ac­
cepter, pour le bonheur de notre union,
de nous départir de ce qui irritent, cho­
quent ou contrarie notre partenaire.
Quand dans les liens du mariage chacun
reste arebouté à scs petits interets
égoïstes et égocentriques, le bonheur de
la vie en couple restera à jamais pour
nous une illusion n

El Hadj SANOGO Mamadou
(Correspondance particulière)

Votre Mensuel d’information
islamique à ne pas manquer !

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

Page 3
t ;

.ÿj

S

r

Culture
LE FONDAMENTALISTE L'INTEGRISTE ET L’ISLAM

Queue frontière ?
S’il est deux termes qu’on a pris l’habitude d’employer à tort et à travers, ce sont bien «intégriste» et «fondamenta­
liste». Leur emploi à propos de musulmans est devenu tellement courant que leur sens ne soit aussi apparent. Il serait
peut-être temps de s’interroger : que signifient vraiment les mots «fondamentaliste» et «intégriste» 1 Sont-ils applica­
bles à des courants musulmans ?
Origine des termes «intégrisme»
et fondamentalisme» :
Au XVIIème siècle, dans le droit fil du cortège
de conOiis. d'actions et de réactions que, depuis
:a Renaissance en Europe occidentale, huma­
nistes puis libres penseurs d’une part et clergé
catholique d'autre paît entretiennent - les pre­
miers au nom d’une certaine vision de l’homme
et au nom de la raison, les autres au nom de la foi
-, un mouvement voit le jour qui entend vouloir
passer au crible de la raison chaque donnée de la
foi chrétienne et de la Bible et critiquer tout ce
qui apparaît irrationnel. C’est le «rationalisme»,
et certains penseurs occidentaux nommeront la
période qui s’ouvre : «l’âge de la raison». Lord
Herbert et 1 lobbes sont quelques-uns des leaders
de ce mouvement de pensée. On dira de Voltaire
(XVIIIèmc siècle) qu’il appartient à la même
tendance.

Les idées rationalistes seront reçues diffé­
remment dans les milieux croyants du chris­
tianisme. Parmi les deux grandes tendances qui
se dessinent figurent d’un côté le «modernisme»,
de l’autre le «renouveau catholique».
La tendance «moderniste» entend allier la foi
chrétienne-à laquelle elle est attachée-et les ar­
guments des rationalistes - aux idées desquels
elle est également sensible. Elle reste convaincue
de la véracité de la Bible dans son essence mais
pense que l’interprétation en a été faite par
l’Eglise d’une façon qui est discutable et qu’une
révision complète des dogmes de la foi chré­
tienne s’impose à la lumière de la rationalité mo­
derne ; certaines parties non importantes du texte
biblique peuvent également, en cas de nécessité,
être considérées comme non authentiques. Er­
nest Renan appartient à ce courant de pensée.
Pour le «renouveau catholique», en revanche,
il est hors de question de remettre en cause les
dogmes de la foi chrétienne professés depuis
tous ces siècles ; ce mouvement refuse donc
aussi bien les idées rationalistes - qui sont d’ail­
leurs souvent édictées sur le ton du scepticisme
voire de l’ironie-que les idées modernistes. Les
idées «modernistes» sont condamnées par
l’Eglise en 1907. Pour cette dernière, tous les
dogmes adoptés par les chrétiens depuis des siè­
cles sont valables, et le renouveau consiste à les
affirmer de nouveau.
C’est dans ce contexte que naît le terme «inté­
grisme». Critiquant les «modernistes» et leurs
revendications de faire des choix dans les élé­
ments de la foi chrétienne en fonction de leur
confonnité ou non-conformité avec les principes
de la raison, des catholiques entendent défendre
l’intégrité de la foi. Ils sont alors décriés par des
modernistes comme étant des «intégristes».
C’est à propos d’une problématique très voisine,
mais cette fois dans la tradition protestante, que
naît le terme «fondamentalisme» : certains pas­
teurs rejettent les théories darwiniennes relatives
à l’évolution des espèces, car ils pensent qu’elles
contredisent la lettre du récit biblique de la créa­
tion du monde en six jours ; ces pasteurs fondent
alors la World's Christian l’undumenlal Asso­
ciation, pour défendre les points de la foi qui sont
fondamentaux à leurs yeux. 11s sont alors décrits

par leurs opposants comme étant des «fonda­
mentalistes».
Ces deux dernières explications proviennent
d’un article du Monde écrit par XavierTemisicn
cl public le 8 octobre 2001.
Intégrisme et fondamentalisme ont donc tous
deux comme point commun que, face aux affir­
mations ou aux critiques fonnulées sur la base de
la raison, ils réaffirment la véracité des données
chrétiennes. Intégrisme et fondamentalisme dif­
fèrent cependant quant aux sources de ces don­
nées : dans le cas de l’intégrisme, ces données
sont issues non pas scu lement des Ecritures mais
des Ecritures perçues au travers de la Tradition,
c’est-à-dire de l'interprétation de ces Ecritures
telle qu’elle a été fixée au cours des siècles par
les différents Conciles, les Pères de l’Eglise et
les Papes. Dans le cas du fondamentalisme, en
revanche, les données à réaffirmer sont issues
directement des Ecritures - conformément à la
tradition protestante de retour aux sources («sola
scriptura») -, mais ces Ecritures sont considé­
rées dans leur stricte littéralité. 11 y a donc dans
l’integrisme l’idée d’un refus de reconsidérer la
Tradition par rapport à la rationalité, et dans le
fondamentalisme l’idée d’un refus d’adopter une
interprétation allégorique de certains passages
des Ecritures par rapport à la rationalité.
D’après une seconde définition du terme «inté­
grisme», celui-ci remonterait au XVlIIeme siè­
cle, quand un prêtre en Espagne tente de
nouveau l’intégration de la structure étatique à
la structure religieuse catholique. L’objectif est
donc d’intégrer l’une à l’autre ; de là le terme
«intégriste» pour décrire ce genre de personnes.
Ces deux termes sont-ils applicables aux
écoles de pensée musulmanes ?
Dans l’espace de la civilisation musulmane, dif­
férentes tendances existent quant au champ à
donner à la raison par rapport aux textes de la ré­
vélation. La tentation était forte d’appliquer les
tenues «fondamentalistes» et «intégristes», issus
de la civilisation chrétienne, à certaines de ces
tendances musulmanes, et certaines personnes
n’y ont pas résisté : on s’est donc mis à qualifier
d’»intégristes» les musulmans qui désirent res­
ter fidèles à la Tradition, c’est-à-dire à l’inter­
prétation des Ecritures héritée des ulémas de
siècles passés ; de «fondamentalistes» ceux qui
entendent, pour l’orientation de leur pensée et la
conduite de leurs affaires, revenir aux Ecritures
(Coran et Sunna), considérant prioritairement
celles-ci et secondairement la Tradition, c’est-àdire l’interprétations des écoles ; enfin d’»inté­
gristes» tous ceux qui n’entendent pas séparer le
religieux du social dans les pays musulmans.
Tout cela par analogie avec l’histoire des actions
et réactions, réformes et contre-réformes que la
civilisation occidentale a connues dans ses rap­
ports avec le religieux.
Mais la question que tout musulman est en droit
de poser à ceux qui font ces analogies et em­
ploient ces termes à son sujet est : Qu’entendezvous par «fondamentalistes» et «intégristes» ?
Car tout est-il semblable entre les courants chré­
tiens portant ces noms et les courants musul­
mans?

- Sont-ils comme les «intégristes» chrétiens,
les musulmans qui n’entendent pas faire de
coupure entre les textes des sources et la ges­
tion de la cité ?
Selon la seconde définition du terme «inté­
griste», les «intégristes catholiques» turent des
personnes qui désiraient intégrer le religieux à
l’institution étatique des pays chrétiens, mais qui
désiraient le faire par le biais d’un clergé ; en
effet, dans le catholicisme, c’est le clergé qui est
le moyen d’exprimer le religieux, et le sacre est
la solution pour montrer que Dieu est du côté de
l’autorité civile.
Or en islam il n’y a pas de clergé : pas d’inter­
médiaire entre Dieu et la conscience et pas de
hiérarchie institutionnalisée et infaillible. Chaque
musulman est à la fois civil efrréligieux et il n’y
a ni classe sacerdotale ni sacre. En islam il y a
certes la Loi, mais la Loi n’est pas donnée de
façon détaillée en ce qui concerne le domaine
des affaires sociales. Le terme d’origine espa­
gnol «intégriste» n’est donc pas applicable à des
musulmans simplement parce qu’ils ne font pas
de coupure entre sources de nature religieuse et
société majoritairement musulmane.
- Sont-ils comme les «fondamentalistes»
chrétiens, ces musulmans qui sont de la ten­
dance réformiste ?
Non, car si les musulmans de la tendance réfor­
miste y compris - entendent revenir aux Ecri­
tures tout en tenant compte de la Tradition, c’est
avec l’idée de pouvoirjustement adopter une dy­
namique permettant de tenir compte des décou­
vertes et du contexte.
- Sont-ils comme les «fondamentalistes»
chrétiens, ces musulmans qui sont de la ten­
dance littéraliste (zâhirite) ?
Non, car chez eux le littéralisme revêt un tout
autre aspect que celui qu’ il possède chez les cou­
rants protestants dont nous avons parlé plus haut
On peut prendre la mesure de ces différences en
étudiant la méthodologie et les avis de Ibn
Hazm, un des savants les plus connus de la ten­
dance littéraliste zâhirite.
Si le protestantisme a lancé comme mot d’ordre
«l’Ecriture seule» («sola scriptura»), force est
de constater - et c’est la première différence
d’avec le zâhirisme-qu’il n’a pas fait un retour
aux Ecritures seules comme le prône le zâhi­
risme. Cette tendance musulmane considère que
tout ce qui ne relève pas strictement des textes
des Ecritures ne s’impose pas à elle. On pourrait
objecter à cela que Calvin ne fit que suivre le
consensus dégagé lôrià des Conciles de Tîiéée
(325) et Chalcédoîne (451 ), et que le zâhiristfte
considère lui âüssi le consensus des ulémas
(ÿ/nri) comme étant loi formelle. Mais en fait,
déjà il faudrait établir que lors des conciles de
Nicée et de Chalcédoinc il y a bien eu consensus
de l’ensemble des docteurs chrétiens. D’un autre
côté, pour la majorité des ulémas - zâhirites y
compris -, le consensus n’est possible que s’il
se fonde sur un texte du Coran ou de la Sunna
(voir Ussûl nl-fiqh al-islâmî, Az-Zuhaylî, tome 1
pp. 558-560). De plus, la tradition zâhirite consi­
dère quant à elle que le consensus des ulémas
(ÿmâ’) sur un avis donné n’a force de loi abso­

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
----- &—

lue que si auparavant il n’y a pas eu à son sujet
des avis divergents chez les ulémas ; sinon elle
pense que le consensus n’a pas force de loi for­
melle (voir Ussûl ulfiqh al-islâmi, tome 1 p.
591). Enfin, au cas où deux avis ont été formu­
lés par des savants de par le passé, la tradition
zâhirite pense que les ulémas compétents ont
l’entière possibilité de penser un troisième ou un
quatrième avis, en tant que nouvelle façon de
concilier les différents textes existant (voir t&w/
ul-fiqh al-islàmî, tome 1 p. 492).
Deux principes essentiels découlent également
de la conception zâhirite et régissent les obliga­
tions et les interdictions en islam : l’homme bé­
néficie de l’absence d’obligation (harâ’at
udh-dhimma ou al-barâ’a al-asliyya) et de la
permission originelle concernant l’ensemble des
choses terrestres (al-ibâha al-asliyya) tant qu’un
texte du Coran ou de la Sunna ne vient pas nuan­
cer cet état des choses. Tous les ulémas sont
d’accord sur ces deux principes ; mais la tradi­
tion littéraliste zâhirite les a poussés à leur pa­
roxysme en enseignant d’une part que le texte
en question doit être parfaitement authentique
(s’il relève de la Sunna) et d’autre part qu’il n’y
ait pas d’analogie possible (qiyâs) entre le cas
spécifié dans un texte comme étant interdit et un
cas passé sous silence dans les textes ; or, le
terme présent dans le texte est pris dans sa stricte
littéralité (zâhir ul-lafz), ce qui aboutit parfois et
paradoxalement à des permissions plus larges
que dans d’autres traditions. Ira règle première
étant l’absence d’obligation, l’école zâhirite,
considérant que le I ladîth rendant obligatoires
les petites ablutions avant de toucher une copie
coranique n’est pas parfaitement authentique et
que le verset du Coran («Lâ yamassuhû illa-lmutahharûn», 56/78-79) n’est pas explicite sur
le sujet (car il peut n’évoquer que les anges), dit
que les petites ablutions ne sont pas obl igatoires
avant de toucher une copie coranique.
On le voit, la tradition littéraliste zâhirite est dif­
férente des courants littéralistes issus de la tradi­
tion protestante.

Conclusion
La Raison est la facultâqui permet à l’homme
d’analyser et de critiquer les données intellec­
tuelles qui lui parviennent. La Modernité
consiste à accepter l’idée du changement et du
progrès et à pouvoir adopter la nouveauté.
Les Fondements de l’Islam, c’est-à-dire scs
Ecritures, sont le Coran (parole de Dieu) et la
Sunna (paroles, actes et approbations du Pro­
phète) ; la dimension d’Ecriture du texte cora­
nique est évidente car ce texte a été transcrit
intégralement du vivant même du Prophète ;
quant à la Sunna elle était certes, du vivant du
Prophète, pour une petite partie, rédigée et pour
la plus grande partie transmise oralement ; ce­
pendant, depuis sa transcription systématique
aux premiers siècles de l’Islam, elle n’est désor­
mais plus disponible que sous forme écrite, dans
les recueils de Hadîlhs.
La Ttadition est quant à elle formée de l’en­
semble des interprétations faites par les savants
nous ayant précédés : les Compagnons du Pro­
phète, leurs élèves, les élèves de leurs élèves, en­
suite tous les savants s’étant réclamés de leur
voie jusqu’aujourd’hui.
11 faut aussi rappeler qu’en langue française, le
suffixe «dste» exprime souvent l’idée d’excès
dans l’attachement à un clément donné par rap­
port à un autre élément, cet autre élément étant
susceptible de concurrencer le premier élément
et d’établir une perspective d’équilibre. Ainsi,
«moderne» désigne «celui qui est favorable à la

Culture

PREDICATION AUJOURD'HUI

Comment parler intelligemment des choses de l’islam ?
Le discours de nos prédicateurs s’il n’est pas en déphasage avec les réalités, est soit précipité ou lassant. On ne prend pas toujours en compte
les priorités de l’auditoire. Pourtant ces ratés ne sont pas à faciliter l’essence du message véhiculé. Esquisse sur la manière dont le prophète abor­
dait les gens.
A) Les priorités à établir

pour en parler:
Un point qu’il est important de noter est
qu’il s’agit de privilégier, parmi les ensei­
gnements de l’islam, les éléments les plus
importants pour en parler. Et il est pour cela
nécessaire de tenir compte de la réalité dans
laquelle on se trouve et de se préserver de
raisonner avec devant soi l’idée d’une réa­
lité d’autres temps cl/ou d’autres lieux.
Parce que nul ne ‘peut nier que certains
jeunes sont loin, très loin des réalités spiri­
tuelles. Alors si on parle seulement ou prin­
cipalement du rituel, sans jamais ou presque
jamais tenir de paroles qui sont à meme de
toucher le coeur (jamais on ne parle de Dieu
selon Son Attribut correspondant à Son
Nom «al-Wadûd», «Celui qui Aime») ; si
on focalise son rappel et son action sur des
choses qui ne sont que recommandées alors
même que des choses obligatoires sont dé­
laissées de façon générale ; si on insiste sur
le fait de se préserver d’actes qui ne sont
que légèrement déconseillés en ne réalisant
pas que le public à qui on s’adresse est
plongé dans ce qui constitue des kabâ’ïr
on se trompe de priorités. Et ce n’est pas là
la façon de faire du Prophète (sur lui la
paix).

B) Le moment pour en parler
Pour ce qui est du rappel concernant un
point qui est erroné, on peut parfois être
amené à parler immédiatement, parfois
choisir d’intervenir plus tard.
Par contre, pour ce qui est du rappel géné­
ral, il s’agit de ne pas être lassant. Abdullâh
ibn Abbâs avait ainsi fait cette sage recom­
mandation à son élève ‘Ik’rima : «Fais aux
gens le rappel chaque vendredi, ou deux
fois par semaine, ou (rois fois par semaine,
et ne les amène pas à être lassés de ce
Coran. Et que je ne te voiejamais te rendre
auprès de gens occupés à parler, te mettre
alors à leur faire le rappel après avoir in­
terrompu leur conversation ; tu les fatigue­
rais [de l’islam et de ses enseignements].
modernité et qui en prend une part conséquente»
; par contre, «moderniste» désigne «celui qui ne
considère que le nouveau, se projette dans le
futur et rejette tout ce qui vient du passé».
Ces deux rappels effectués, voici ce que nous
pouvons dire...
Nous musulmans sommes attachés aux Écri­
tures (Coran et Sunna), que nous considérons
comme des Sources (masdar) et des Fonde­
ments (ussûl) qui intéressent la globalité de la
vie. Mais nous ne sommes pas fondamenta­
listes car la structure même des textes de ces
Ecritures permet la contextualisation de leur
contenu par le biais de l’ijtihâd (effort de ré­
flexion à propos des silences des textes mais

Dans pareil cas, reste silencieux. S'ils te le
demandent, fais-leur le rappel, qu 'ils au­
ront alors l’envie d'écouter » (al-Bukhârî,
5978).
Ibn Abbâs ne faisait qu’exprimer là ce qu’il
avait appris du Prophète (sur lui la paix). En
effet, Abdullâh ibn Mas’ûd raconte : «Le
Prophète choisissait des jours pour nous
faire le rappel («al-maw ’iza»), de crainte
que nous éprouvions ensuite de la lassi­
tude» (rapporté par al-Bukhârî, 68, et Mus­
lim, 2821).
Le Prophète savait parler des choses de la
spiritualité et de l’au-delà sans oublier les
choses de la vie quotidienne. Et il savait être
un ami, un compagnon des discussions des
gens qui l’entouraient. Alors qu’on de­
manda un jour à Jâbir ibn Sam tira : «T’as­
seyais-tu en compagnie du Messager de
Dieu ?», il répondit : «Oui, souvent. Use le­
vait rarement du lieu où il avait accompli
la prière de l'aube avant que le soleil se
lève. Il s'en levait après que te soleil se fut
levé. Les (Compagnons} se parlaient et évo­
quaient la période de l'Ignorance ; ils
riaient alors et le Prophète souriait» (Mus­
lim 670, 2322). Zayd ibn Thâbit relate :
«Quand nous parlions des affaires de ce
monde, il parlait de cela avec nous. Quand
nous parlions des choses de l’au-delà, il
parlait de cela avec nous. Et quand nous
parlions de nourriture, il parlait de cela
avec nous» (at-Tirmidhî dans Ash-Shamâ 'il,
328 , la chaîne de cette parole n’est cepen­
dant pas correcte, à cause de la présence de
Sulaymân ibn Khârija).

C) La façon d’en parler
La façon de dire quelque chose compte éga­
lement, à côté de ce que l’on dit.
Primo, il s’agit de parler aux gens de ce
qu’ils sont à même de comprendre. Ainsi,
en Inde on aime les histoires qui sortent de
l’ordinaire ; en Europe, on est plus carté­
sien. Récemment Cheikh Abdullah Patel,
ancien directeur de la Darul Ulûm Falâh-é
Dârayn du Gujerat, de passage dans notre

île, me disait que, à certains jeunes ulémas
de l’Inde qui sont scs anciens élèves et qui
sont invités à faire des discours en Angle­
terre ou dans d’autres pays occidentaux, il a
recommandé d’éviter de bâtir des discours
sur les histoires dont on est si friand en Inde,
arguant que les deux publics n’ont pas la
même mentalité. Je lui dis alors : «Ici aussi
certainsfrères ne comprennent pas ce point
; voyez : un jour quelqu’un racontait
comme histoire qu 'un jour en Inde une
tombe s'étant ouverte à cause d'une crue
de la rivère voisine, on y vit un scorpion
anormal, on chercha à le tuer mais aucun
coup ne lui faisait rien, jusqu ‘à ce qu 'un
grand savant présent récite telle sourate du
Coran, et le scorpion diminua de volume
jusqu’à disparaître». Je n’avais pas plutôt
fini de lui relater l’histoire qu’il me dit en
substance : «Comment s'attendre à ce que
les jeunes d’ici croient en cela ?» Puis il me
raconta que quelqu’un de sa connaissance,
établi dans un pays occidental et biologiste
de formation, parlait aux musulmans des
merveilles de la création en reliant à chaque
fois cela à la Puissance du Créateur, et que
cela enchantait son public (fin de citation).
Tout cela rejoint le contenu d’une parole de
Alî, qui disait : «Relatez aux gens ce qu’ils
sont à mêmes de comprendre. Aimeriezvous que l'on dise de Dieu et de Son Mes­
sager qu’ils sont des menteurs ?»
(al-Bukhârî 127 ; «wa-l-murâd bi «mâ
ya’rifûn» : ay yaf’hamûn» : Fath’ ul-bârî
1/297). Ce n’est pas à dire qu’il y a des
choses qu’il faille dissimuler ; c’est à dire
qu’il faut choisir ses sujets en fonction de
la mentalité de son auditoire.
Secundo il s’agit de faire appel non pas seu­
lement à la raison de son interlocuteur et /
ou de son auditoire, mais aussi à leurs sen­
timents. Car le Prophète savait, lui, émou­
voir son auditoire : un Compagnon rapporte
de lui et des autres que c’était comme s’ils
voyaient le paradis et la géhenne (Muslim
2750), un autre rapporte que lui et les au­
tres rapportent avaient «eu le coeur touché

aussi à propos de l’interprétation de nombreux
textes), donc par un effort de Raison.
Ceci entraîne, de l’autre côté, que nous sommes
rationnels car nous considérons positivement la
Raison et lui accordons son droit, mais que nous
ne sommes pas rationalistes car ce que la raison
a découvert dans le monde, nous en orientons la
perception et l’application par les principes issus
des Sources.
Nous musulmans sommes attachés à la Tradi­
tion (la somme des interprétations faites par les
savants prédécesseurs : aqwà! ul-fuqahâ’). Ce­
pendant nous ne sommes pas traditionalistes
car dans le domaine des ‘âdât la règle première
est la permission et nous pouvons donc le prati-

quer même si les prédécesseurs ne l’ont pas
connu ; de plus, panni les règles ta’abbudî, donc
les interprétations elles-mêmes, une partie consé­
quente fait l’objet de divergences chez les pré­
décesseurs eux-mêmes et peut donc connaître
une contextualisation par rapport à la Modernité.
Ceci entraîne, de l’autre côté, que nous sommes
modernes mais non pas modernistes car nous
orientons la concrétisation de la modernité par
les interprétations faisant l’objet d’un consensus
(ÿmâ’) au sein de la Tradition (aqwâl ul-fu­
qahâ).
Il n’est pas en soi impossible d’employer les
ternies d’une civilisation donnée pour décrire les
concepts d’une autre civilisation. La démarche

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

et les yeux ruisselant» de larmes (at-Tirmi-

dhî2676, Abû Dâoûd 4607).
Faut-il parler avec douceur ou dureté ? Il est
vrai que parfois le Prophète a fait des ser­
mons sur un ton de colère (voir par exemple
al-Bukhârî 672 ; voir aussi Muslim 867) ; il
est vrai aussi que, s’adressant directement
à des personnes, il lui est aussi arrivé de leur
parler avec colère (voir al-Bukhârî 5761) :
al-Bukhârî a même titré : «Al-ghadhabfi-lmaw ’iza wa-t-ta 'lîm idhâ ra 'â mâyak ’rah»
(«Le fait de se mettre en colère dans le
conseil ou dans l'enseignement, quand on
voit ce qui ne va pas») (Al-Jâmi’ us-sahih,
kitâb ul- ’ilm, tarjama n° 28). Mais peut-on
nier que généralement, aux personnes à qui
il s’adressait directemenLje Prophète ex­
pliquait avec douceur (voir par exemple

Muslim 537) ? Dieu ne lui a-t-il pas dit dans
le Coran : «C’est par une miséricorde de la
part de Dieu que tu as été si doux envers
eux. Et si tu avais été rude, au coeur dur, ils
se seraient enfuis de ton entourage» (Coran
3/159). En fait il faut prendre en compte la
réalité dans laquelle on se trouve ; en cer­
tains lieux / certaines occasions, «pousser
un coup de gueule» (mais qui constitue
vraiment «un cri du coeur») n’est pas le
malvenu, bien au contraire ; mais en règle
générale ce n’est pas ainsi qu’il s’agit de
procéder : «La douceur ne se trouve en
quelque chose qu’elle l'embellit» (Muslim
2594). Lire notre article au sujet du nah’y
‘an il-munkar.
Tertio : le Prophète parlait de façon très
claire : Aïcha raconte que, dans le propos
du Prophète, chaque mot était prononcé de
façon claire (al-Bukhârî 3375, Muslim
2493) et qu’il «n 'enchaînait pas propos sur
propos mais tenait un propos au milieu du­
quel se trouvaient des pauses («baynahû
fasl»), en sorte que chaque personne assise
auprès de lui mémorisait (facilement)» (atTirmidhî 3639).
WallâhuA’lam (Dieu sait mieux) □
Par Anas

demande cependant un minimum de méthodo­
logie. Quand on sait qu’on ne peut pas «expor­
ter» tels quels des outils adaptés au réseau
électrique d’un continent donné vers un autre
continent sous peine de causer de graves pro­
blèmes, on se demande pourquoi on n’adopte
pas la même démarche à propos des ternies et
des concepts. Il faudrait donc avant tout faire
l’effort de comprendre ce que les termes dési­
gnent ici et ce que les concepts sont là avant de
les appliquer tels quels à d’autres traditions reli­
gieuses, là où les catégories, les problématiques
et les dynamiques sont totalement différentes □

Par Anas

Page 5

h Beaucoup de responsables musulmans

k méritent pas leur place »
Nous savons qu’aujourd’hui la question de la bonne gouvernance pose problème en Afrique. Chez nous, cela s’est traduit par les évènements
que nous avons tous vécus qui ont conduit au départ du président Biaise Compaoré après 27 ans de pouvoir. Y-a-t-il une conception islamique
de la bonne gouvernance ? C’est ce que nous avons tenu à savoir par cet entretien que nous avons eu avec le Cheikh Ismael Derra.
soient loin de toute injustice à l’instar de scs
ministres. A litre illustratif, il faut que les
fonctionnaires de l’Etat comprennent qu’ils
travaillent pour les populations. Il faut que les
pots de vin et autres soient punis. Le prophète
(psi) a dit : « Que Dieu maudisse le corrupt

La question de la gouvernance a-t-elle une
trace dans la religion islamique ?
Louange à Allah seigneur des mondes, le
meilleur gouvernant de tous les temps. Nous
prions sur le prophète (psi) sur sa famille et
sur scs compagnons. Nous vous remercions
pour l’occasion’que vous nous offrez encore
une fois pour que nous apportions des éclair­
cissements sur un sujet aussi important. La
question que vous posez est d’actualité et elle
nous préoccupe tous vu son importance et sa
pertinence. L’Islam se veut religion une réa­
liste qui est en conformité avec les valeurs hu­
maines. Pour cela, il a institué des bases de
gouvernance pour l’homme et pour toute la
société où les hommes peuvent vivre en toute
harmonie et dans la paix. La gouvernance en
Islam tire sa source du Coran et de la Sunna
du prophète (psi). A titre illustratif, c’est le
prophète qui fut le premier gouvernant quand
il installa scs bases à Médine après l’Hégire.
Pour assoir une gouvernance équitable, l’acte
I du prophète a été la rédaction d’une consti­
tution pour régir les Mcdinois Arabes et Juifs.
Cette constitution servait de code de conduite
en matière de gestion des pouvoir par le pro­
phète (psi). Ensuite, 11 a mis l’accent sur cer­
tains aspects comme la justice, la solidarité, la
cohésion sociale, la sécurité territoriale, l’édu­
cation, la santé, la finance. Cette forme de
gouvernance instituée par le prophète (psi) et
ses compagnons englobait les deux dimen­
sions notamment religieuse et mondaine. Par
exemple, la constitution reconnaissait la place
des Juifs dans la société medinoise. Dans la
philosophie musulmane, il n’y a pas une di­
chotomie entre le spirituel et le mondain. Ce
n’est pas en se cloitrant à la Mosquée ou en se
clouant à la maison à réciter des versets en
oubliant les choses de la vie terrestre qu’on
peut avoir le paradis. C’est plutôt la concilia­
tion des deux dimensions qui fait de nous de
vrais musulmans. C’est pour cette raison que
la gestion du pouvoir par les Califes après le
prophète englobait ces deux aspects.

La bonne gouvernance est-elle nommé­
ment citée dans le Coran ?
Tout à fait, le Coran trace des directives de la
bonne gouvernance. Il y a plusieurs passages
qui interdisent la corruption sur terre, l’injus­
tice, le racisme, l’équité et prônent la solida­
rité. Le Coran donne des exemples sur des
prophètes antérieurs qui furent justes dans
leur gouvernance à l’instar de David, du Roi
Salomon, de Joseph et d’autres personnes il­
lustres. Il prend également exemple sur des
gouvernants qui ont semé la division dans
leur peuple, le racisme, l’injustice, la corrup-

leur et le corrompu... ».

tion comme le roi Pharaon et d’autres
hommes de pouvoir.
Revenons au prophète (psi) et à ses com­
pagnons qui furent de meilleurs exemples
en matière de bonne gouvernance. Cela
est-il valable pour nos gouvernants actuels,
politiques comme leaders religieux ?
La bonne gouvernance n’est pas forcément
spirituelle ou religieuse. Elle répond à des va­
leurs universelles notamment la dignité de
l’être humain, l’intégrité des hommes,
l’amour de la vérité, de la justice, de la soli­
darité. Ces valeurs sont humainement et uni­
versellement partagées par tout le monde
depuis la création du monde. Il en est de
même que les hommes ont horreur et repous­
sent le mensonge, l’immoralité, l’injustice, la
cupidité, la corruption et bien d’autres maux
similaires a ceux-ci. Par conséquent, la bonne
gouvernance, qu’elle soit religieuse ou poli­
tique, doit répondre à ces valeurs.

Que peut-on retenir d’un bon gouvernant
notamment président d’une république,
ministre, chef d’entreprise, chef religieux ?
En définitive, ce que l’on peut retenir d’un
président en matière de gouvernance, c’est
qu’il sache qu’il est au service du peuple. Ce
n’est pas un dépôt de prestige et d’égocen­
trisme, c’est plutôt de la responsabilité. En
matière de bonne gouvernance, nous pouvons
nous référer à la gestion du deuxième Calife
de l’Islam, Omar, qui occupait scs nuits et ses
journées aux affaires de l’Etat. Les gens lui
demandaient ce qui le motivait à cela ? Sa ré­
ponse était que s’il dormait la nuit il ne pour­

rait pas accomplir d’actes surcrogatoircs.
Quant à lajoumée, il sillonnait la ville et veil­
lait aux droits des citoyens ; il prêtait oreille
aux critiques et revendications des gens. De
Médine, il pensait aux provinces de l’Etat
musulman, notamment l’Irak et bien d’autres.
C’est dire qu’un gouverneur ou un président
se doit d’être responsable et prendre à brasle-corps la question du bicn-ctrc des popula­
tions. Malheureusement aujourd’hui, nos
gouvernants ne connaissent pas les besoins
de leurs peuples encore qu’ils n’en font pas
un problème. Nos gouvernants sont éloignés
de leurs gouvernés, raison pour laquelle ils ne
sont pas préoccupés par leurs réalités. Il est
impératif pour tout dirigeant de s’entourer de
gens compétents, que ce soit scs conseillers,
ses ministres. Rompre avec le favoritisme, le
népotisme et la corruption, choses qui met­
tent en péril la gestion d’un Etat.
La question de la justice fait souvent dé­
faut dans la gouvernance !
Tout dirigeant doit être juste et équitable. 11
doit être l’artisan de la justice et s’astreindre
à faire la promotion de celle-ci. Il faut que la
justice s’applique sur lui-même s’il en est
coupable ainsi que sur sa famille. 11 faut qu’il
mette tous les citoyens sur un pied d’égalité.
La loi doit s’appliquer sur toutes les per­
sonnes et sur toutes les couches sociales.

La corruption est également une gangrène
pour la bonne gouvernance.
Je l’ai dit haut, de la même manière qu’il nous
faut un président capable et honnête, cela sup­
pose que ceux qui doivent l’accompagner

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

Au vu de votre explication, nous sommes
exaspérés de voir que les musulmans man­
quent à cette éthique musulmane, pour­
tant bien structurée du president au
citoyen. Maintenant, comment doit se pré­
senter la gouvernance des musulmans au
sein d’un pays comme le nôtre ? Avant de tomber sur la gestion de l’Islam, je
rappelle que la gouvernance classique a été
évoquée par la loi musulmane. En cela, com­
prenons que l’Islam c’est la vie, cela suppose
qu’il faut élaborer des directives permettant
aux hommes de vivre dignement, d’où l’éla­
boration des lois, des institutions et autres rè­
gles
régissant
la
vie
politique,
socio-économique des gens vivant dans une .
contrée donnée. A l’avènement idem l’Islam i
avec Muhammad (psi), la même politique de
gouvernance fut instituée et perpétuée par les
successeurs des Califes jusqu’en 1924 avec
pour dernier calife Abdul Hamid Sani et la
Turquie comme la capitale de l’Islam. Il avait
en gestion plusieurs nations musulmanes
comme
l’Arabie Saoudite, la Syrie,.
l’Egypte, et meme la Tunisie, le Maroc.
Pour la gouvernance des affaires musulmanes
au Burkina Faso, il faut revoir les associations
qui se veulent les responsables des musul­
mans. Que ces leaders comprennent que l’on
est responsable au vu de ses mérites et par­
lant de mérite cela suppose des conditions à
respecter :
Primo : il faut une connaissance suffisante de
la religion musulmane. Du simple fait, que
l’on ne peut pas donner la gestion d’un mi- •
nistère à un profane, c’est à cause de la même
rigueur qu’on ne devrait pas non plus donner .
la gestion des affaires islamiques à des pro­
fanes.
Secondo : il faut de l’efficacité ; qui fait men­
tion de cet aspect, tient compte des ressources’
et des relations qui permettront aux respon­
sables d’atteindre leurs objectifs. Les respon­
sables musulmans doivent être compétents et ,
efficaces.
Tertio : les responsables de la gouvernance
musulmane doivent être intègres et probes. Ils
doivent se débarrasser de l’égoïsme et de la
cupidité et avoir un sens élevé de l’intérêt des
masses musulmanes.

Entretien
grandes réalisations religieuses ou mon­
daines. Les autres confessions se divergent
mais quand il s’agit des affaires mondaines
resserrent leurs rangs et voilà qu’elles sont
dans toutes les sphères de la vie de la nation.
Sur ce sujet notamment, il y a encore des ef­
forts à faire.

Quel constat faites-vous de la gouvernance
actuelle des leaders musulmans ?
En toute sincérité, la gestion actuelle n’est pas
conforme à renseignement islamique et
beaucoup ne méritent pas la place qu’ils oc­
cupent actuellement. Dans notre pays, nous
avons besoin de réformes afin que l’on puisse
faire un renouvellement pour un changement
tenant compte des aspirations spirituelles des
musulmans et de leur positionnement dans les
affaires politiques, économiques, sociales ;
tout ce qui est en concordance avec la réalité
de la gouvernance classique dans un monde
capitaliste. Malheureusement, dans les deux
cas, notamment religieux et mondains, les
musulmans sont à côté de la plaque. Les mu­
sulmans sont victimes de leur propre igno­
rance cl de leurs actes.

Est-ce que cela n’est pas lie aux débats in­
cessants des courants musulmans notam­
ment sur la question de l’innovation et
autres sujets de la foi, qui freinent notre
clan dans la participation aux affaires ?
La question de l’innovation est cultuelle. Il
n’y a aucun lien avec la participation à la ges­
tion des affaires de la société. L’Islam
s’adapte au temps et aux réalités auxquelles il
doit y faire face.
Dire que faire face à des réalités politiques,
économiques et sociales relève de l’innova­
tion, ce serait une mauvaise lecture de l’Is­
lam. Le Bid-a (innovation) en exemple, c’est
de faire un rajout ou une omission à une loi
déjà inscrite par le Coran ou le prophète (psi).
Le Coran dit clairement, que Dieu nous a
créés pour que nous bâtissions le monde. Pas
de se contenter des actes cultuels et spirituels
seulement.
Mais les divergences et conceptions de la
loi ne seraient-elles pas pour quelque chose
dans le sous-développcmcnt des musul­
mans ou dans leur isolement par rapport
aux affaires de la vie ?

Est-ce que l’attachement exclusif à l’audelà n’est pas une explication à cette fai­
blesse des musulmans ?
C’est Dieu qui dit aux musulmans de cher­
cher la vie d’ici-bas et celle de l’au-delà. Les
deux mondes méritent qu’on s’engage. Nous
sommes un pays où la majorité des commer­
çants sont musulmans, les intellectuels mu­
sulmans sont considérables et dans tous les
domaines, la présence musulmane est signi­
ficative. Ce qui nous manque, c’est l’organi­
sation.

Pour vous répondre, il y a deux lectures à ob­
server ;
La première, ce s«nt les interprétations et au­
tres analyses poyr' converger dans un meme
sens, pour le bier)\^tre spirituel du musulman.
Les musulmans ont le loisir de varier dans
leur compréhension afin de concilier les po­
sitions. Cette altitude est encouragée par la loi
du Coran.
La divergence objective des pensées en Islam
est une richesse et une force invincible pouf
les musulmans à l’instar des quatre écoles de
pensée notamment Malikite, Hanbalite, Chafiitc, Hanafite ...Elles sc divergent dans les
interprétations et ont un but commun, l’ac­
cession à la compréhension des masses mu­
sulmanes. Imam Châfi fut élève auprès de
Malik, et Imam Ahmad priait à tout moment
pour l’Imam Châfi tant et si bien que son fils
l’interrogea un jour sur la cause d’un tel res­
pect : « Imam Châfi est comme le soleil pour
les hommes, comme le soleil est pour la
terre », répondit Imam Ahmad.
Du vivant du prophète (psi), ses compagnons

n’avaient pas la meme compréhension des
questions de la religion mais ils ne se battaient
pas et ne se divisaient pas et le prophète (psi)
a toujours respecté leur choix.
Par contre, au Burkina, nos divergences sont
celles que l’Islam condamne, clics ne sont pas
objectives parce qu’elles ne relèvent pas de
la connaissance- musulmane. C’est, un
manque de savoir. Quand un musulman ou
un groupe de musulmans se situe dans la voie
de la vérité et met le reste sur celle du men­
songe, cela n’est pas islamique. L’Islam n’est
pas une propriété privée ou celle d’un groupe
de personnes donné. Il est pour tous ceux qui
se reconnaissent dans l’Unicité d’Allah et la
prophétie de Muhammad (psi). La religion
musulmane a pour objectif de guider les gens.
Ce qui nous incombe en premier, c’est le
souci de pouvoir guider ces personnes ; ce
n’est pas le rejet, la haine de ces personnes
qui doivent nous admirer. Sinon au Burkina
Faso, les positions et les divergences des mu­
sulmans les ont affaiblis ; raison pour la­
quelle, ils ne peuvent pas s’entendre pour de

Quelles prières faites-vous pour les autori­
tés de la transition ?
Elles ont pris un accord avec le peuple et la
communauté internationale pour une transi­
tion d’une année afin de pouvoir organiser.,
des élections libres et transparentes en res£f‘
pcctant la charte de la transition. Le peuple a
foi en ces autorités. En 2015, les partis iront
à la conquête du pouvoir, c’est de les inter­
peller déjà, qu’ils doivent comprendre le mes­
sage du peuple, qui a besoin de mesures
sociales qui vont booster l’économie. Le peu­
ple a ses aspirations c’est de les respecter une •
fois au pouvoir. Pour finir, c’est de lancer un *
appel à ce peuple d’être patriote et intègre. De
ne plus donner sa voix pour des choses insi­
gnifiantes qui ne servent pas du tout. Choi­
sissez les candidats en fonction de leur
programme. Nous prions pour nos nouvelles
autorités pour la transition et pour le pays afin
que la démocratie véritable s’installe et que
nous puissions prospérer □

Entretien réalisé par Arouna Guigma

Leader Informatique - bureautique, Produits - Assistance et Outillage
Siège et boutique
11 BP 1720 CMS Ouagadougou
Té». : 50 30 54 24 / Fax : 50 33 26 52

Cèl
C3

brother

tDM

SHARP»

oiiurîRti

TOSHIBA

B>OLL

Service Commercial
Tel. : 50 41 80 21

Canon
Lexmark

Annexe

Email : llpao<Sfasonet.fc>f
ltpao(5jgmall.com
http/''www.lipao.bf
soçw»*»

LG

l

SdfPratcc

Panasonic
Ideas for life

INFORMATIQUE

Page 7

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

•.

r.t -at

'■

Société

15e CONGRES NATIONAL DE L’AEEMB

Une nouvelle équipe pour de nouvelles missions
L’Association des élèves et etudiants musulmans au Burkina (AEEMB) a tenu son 15e congrès les 25, 26, 27 et 28 décembre 2014 à Ouagadou­
gou. Le clou des activités a eu lieu dans la matinée du dimanche au sein de l’Université de Ouagadougou. Le fait majeur de ce congres, c’est bien
le renouvellement du bureau de la plus grande association musulmane de jeunesse. Un parterre de personnalités religieuses ont honoré de leur
présence cette cérémonie.
’Association des élèves et etudiants
musulmans au Burkina Easo a
convie les musulmans le dimanche
28 décembre 2014 à l’Université de Oua­
gadougou. Objectif, présenter les nouveaux
membres qui vont présider aux destinées de
l’association les deux prochaines années.
Le président sortant, Issaka Ouédraogo a
dans son allocution d’au revoir, salué tous
ceux qui ont aidé l’AEEMB à écrire scs let­
tres de noblesses. Pour lui, si l’AEEMB est
ce qu’elle est aujourd’hui, <r c’est grâce an
soutien moral, financier et technique des
différentes associations islamiques du
pays, à la bienveillance de l’administra­
tion, aux conseils de généreuses personnes
et à la contribution de ses partenaires ». Il
a également porté à la connaissance de l’as­
sistance que ce congrès est une instance de
prise de grandes décisions pour la vie de
l’AEEMB. Le président sorti n’a pas man­
cultés auxquelles elle sera confrontée.
qué de prodiguer des conseils à la toute
« fous réussirez cette mission si vous pla­
nouvelle équipe. Il a notamment attiré l’at­
cez Allah au centre de vos affaires », a-t-il
tention de la nouvelle équipe sur les diffi­
conseillé. Issaka Ouédraogo a témoigné

L

son admiration pour le dynamisme et le ré­
sultat auxquels ils sont parvenus. Lcloùt
nouveau président est le frère Ali Sawadogo, étudiant en 3e année de géographie. Il

* À-.. ..

Page 8

•’**'*•

"
S

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

W ■ . fr '

H.

s

."

est à la tctc d’une équipe de 17 membres
pour un mandat de deux ans □
Par Arounan

Guigma

I

Le sermon du mois

SERMON DU 7 NOVEMBRE 2014

Comment se prémunir des calamités ?
Au nom d’Allah, le fout Clément et le Miséricordieux. Nous le louons, nous implorons son secours. Que
Sa Paix et Son salut se déversent sur le Prophète Mohammad (SAW), sa famille, scs compagnons et sur
tous ceux qui emboîteront leurs pas jusqu’au jour dernier.
hers frères et sœurs dans la foi,
comment se prémunir des calami­
tés ?, tel est le sujet de notre ser­
mon du jour.
Allah (SWA), dans sa sagesse, a promis
d’éprouver scs créatures cl surtout celles qui
portent la foi. Il l’a dit dans le Coran 2, je
cite : « Nous vous éprouverons par des
choses comme la peur, la famine, la réduc­
tion de vos biens et de personnes et par la
destruction de vos récoltes. Mais annonce
lu bonne nouvelle aux patients ». Ainsi,
pour le musulman, tout ce qui l’atteint
comme épreuves heureuses ou doulou­
reuses est l’accomplisscmcnt de la volonté
d’Allah. A lui nous appartenons et vers lui
nous retournerons.
Cela dit, Allah (SWA),.dans sa justice et
dans sa volonté de protéger scs créatures,
nous a enseigné des voies et moyens pour
nous aider à nous prémunir des calamités.
Si nous faisons nôtres idem, par sa volonté,
nous arriverons à éviter nombre de calami­
tes sur nos biens et sur nos personnes. Il faut
souligner d’ores et déjà, que les actes d’ado­
ration que le musulman accomplit dans la
recherche de l’agrément d’Allah (SWA),
constituent également des causes de préser­
vation contre les épreuves douloureuses.
Dans un hadith authentique, le prophète
(SAW) nous a fait cas de ces trois individus
qui s’etaient retrouvés coincés dans une
grotte. Aucune solution ne se présentait à
eux. Alors, ils curent la présence d’esprit
d’évoquer les bonnes actions que chacun
d’eux a eu à accomplir de par le passé avec
l'espoir que cela constituera une solution à
leur problème. L’un d’eux s’est fondé sur le

iir

C

««uiV ’ J

'
k_-4

Z
' ■

respect qu’il avait pour scs parents. L’autre
a évoqué le fait qu’il a etc juste envers son
employé. Le troisième a évoqué le fait qu’il
était en mesure de commettre l’adultère
mais a renoncé par crainte d’Allah: C’est
alors que la pierre qui les avait enfermées
dans la grotte fut écartée pour leur permet­
tre de sortir. Ainsi, déjà ces trois moyens
constituent des causes de préservation
contre une épreuve. Du fait de leurs bonnes
actions, Allah a remplacé la difficulté à la
quelle ils étaient confrontés par une issue
favorable.
Chers frères dans la foi, la crainte d’Allah
en tout temps et en tout lieu, est un moyen
efficace contre les calamités. Allah (SWA)

Y

7 -*

a dit dans le Coran, je cite : « Quiconque
craint Allah, il lui trouve une porte de sor­
tie ». Ce verset a un sens global. Il s’agit
d’une porte de sortie dans toutes les diffi­
cultés. Le prophète a ajouté à cela ; dans un
hadith authentique, je cite : « Préserve
Allah et il te préservera. Préserve Allah, et
tu le trouveras à tes côtés ». Préservez
Allah, signifie, éviter de commettre ce qu’il

déteste et se conformer à scs injonctions.
Ensuite, un autre moyen d’échapper aux ca­
lamités, c’est de se confier et de placer en­
tièrement sa confiance en Allah seul. Il a dit
dans le Coran, je cite : « Quiconque se
confie à Allah, Allah lui suffira ».
Il y a aussi comme moyen, le fait de s’ac-

y
crochcr aux invocations du matin et du soir.
Elles sont certes, nombreuses mais chacun
selon scs capacités, peut s’accrocher à cer­
taines d’entre elles cl les réciter quotidien­
nement.
Il y a également le fait d’être en perma­
nence dans les évocations. On se rappelle
l’exemple du prophète Younouss quand il
était dans le ventre de la baleine. Allah nous
confie dans le Coran que s’il n’avait pas été
du nombre des évocateurs, il y serait reste
jusqu’au jour dernier.
A cela, on peut ajouter le fait d’accomplir
les prières en groupe, et surtout celle du
malin. Le prophète (SAW) a dit que celui
qui accomplit la prière de fadjr en groupe, il
sera sous la protection d’Allah.
La liste est longue. On retiendra, l’accom­
plisscmcnt du bien, l’entraide, l’aumône
dans le licite et tout ce qui est agréé par
Allah de façon générale. Le prophète
(SAW) a dit, je cite : « L'accomplissement
éloigne l'homme des calamités. L'aumône
anéantit la colère d’Allah. L'accomplisse­
ment de la piété fdiale est une source
de longévité ».
Retenons que la protection dont il est fait
cas englobe meme les membres de la fa­
mille de celui qui accomplit les actes que
nous venons de citer. Nous en voulohs pour
preuve l’exemple cité dans la sourate Kahf
lorsque Moussa et Aïdara ont construit le
mûr des orphelins. La raison évoquée, était
que leurs parents étaient des gens bien.
C’est dire que tous ceux qui sont sous notre
protection peuvent bénéficier par ricochet
de nos bonnes actions.
Ajoutons aussi le fait d’enjoindre le bien et
de s’interdire le blâmable. Si dans une com­
munauté cela n’existe pas, quand il y a une
calamite, elle s’abat sur tout le monde.
Qu’Allah nous en préserve. Qu’il nous
éloigne des calamités. Qu’il nous pardonne
nos fautes et nous guide sans cesse sur le
droit chemin.

Imam Mahmoud Ouédraoso

La liste des membres du Comité executif du mandat 2014-2016.
Prénom

Nom

Poste

Contact

Niveau d’Etude

Sawadogo

Ali

<jéographie3

70878011

I ‘■‘vice-président

llboudo

Mahamady

SEG3

72845972

2 e vice-président

Dama

Vaya

Anglais 2

75367533

Secrétaire général

Sa ko

Abdoulaye

SVT2

71821567

Secrétaire général. adjoint

Sawadogo

Boubacar

SBG1

78077014

Trésorier général

Sawadogo

Karim

SEG2

73612439

Trésorier général adjoint

Mandé

I lamadé

S1-G1

70460657

Secrétaire à I‘Organisation à la Communication

KALGA

Saïdou

Oénie Civile 2

716525l1

SOC adjoint

BARPY

I lassane

Psycho 1

Secrétaire aux Affaires Culturelles

NIKIIZMA

Alassane

SJP4

71095646“

SAC adjoint

SANA

DAOUDA

Histoire 1

70757562

Secrétaire à la Mobilisation et à la Formation des sœurs

KABOKB

Fatoumata

Anglais 4

~766727ÏF

nncfFNCîA

Fatoumala

SJ P 1

, President

SM FS adjoint

"60706092

4

78653567
1

'• *

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

Page 9

O^**3*^’

-•"

;■"• c-.-'-vi ww>wü'.'■■*•"•'•--•:.,.xA\<.wrA*t»vv/:?,KV\vAWA^nv.vwvreavcAr^-A.y’r^t7rx^<%.G^«‘Jw^w»
"
- - - , *


PROMOTION DE LA JEUNESSE MUSULMANE

Is

sunnite donne l’exemple

Du 2 au 4 janvier 2015, la cité de Naaba Oubri a accueilli la jeunesse du Mouvement sunnite venue des
quatre coins du pays. U s'agissait pour ces jeunes d'élaborer un plan stratégique au profit de la jeunesse
musulmane avec pour finalité de trouver des réponses aux besoins spirituels, socioéconomiques et civiques.
Cet atelier a eu pour thème : « Promotion de fa jeunesse du mouvement sunnite : quel stratégies, enjeux et
défis » et était placé sous le parrainage de El Hadj Adania Soudré.

manque d’encadrement et j’en passe. Ce
ls étaient au total 95 jeunes issus des
qui pose le problème de son plein épa­
mouvements associatifs de jeunesse
nouissement. Pour trouver des réponses à
musulmane à prendre part à cet atelier
d’élaboration du plan stratégique au profittous ces besoins, « le Mouvement sunnite a
décidé, au cours de son dernier congrès, de
de la jeunesse musulmane du mouvement
créer un Commissariat général en charge
sunnite. Ce cadre d’échange qui découle
de la jeunesse. Depuis lors, nous avons en­
d’un processus de sensibilisation, d’enca­
semble discuté sur ces questions afin de
drement et de responsabilisation de la jeu­
trouver la formule appropriée pour les ré­
nesse musulmane, a eu pour thème général
soudre. C’est dans ce cadre qu’intervient
: « Promotion de la jeunesse musulmane :
cet atelier d’élaboration de notre plan stra­
Quels stratégies, enjeux et défis ». La jeu­
tégique qui prendra en compte les trois
nesse musulmane, c’est une lapalissade,
prochaines années », a noté le commissaire
souffre des mêmes maux que connaisse la
général de la jeunesse du Mouvement sun­
jeunesse burkinabè mais avec un accent en­
nite, EL hadj Abdoul Aziz Compaoré.
core particulier. Ces maux sont assez nom­
« Vous savez, nous les musulmans, nous
breux, divers et diversifiés pour ne pas être
sommes une force. Nous sommes les plus
connus. Ils ont pour nom, le manque de
nombreux, nous sommes les mieux nantis
qualification, conséquence immédiate du
financièrement, nous avons également
manque d’emploi et du chômage ; d’ac­
beaucoup d’intellectuels à tous les niveaux.
compagnement financier ou non ; le

I

Nous pouvons de ce fait trouver toutes les
solutions aux problèmes de notre commu­
nauté. Il faut juste une organisation et une
structuration pour y parvenir. C’est en cela
que cet atelier, une première, est la bienve­
nue », confie le parrain de l’activité, El
hadj Adama Soudré. Le président du Mou­
vement Sunnite, El hadj Adama Nikièma a,
dans son allocution, salué cette initiative de
la jeunesse. « Le Mouvement sunnite en
créant au cours de son dernier congrès le
département de lajeunesse a conclu que si
la jeunesse s'organise et s’épanouit, c ‘est
toute la communauté qui y gagne parce que
nous sommes les plus nombreux. Rien ne
nous empêche de nous organiser. Ensem­
ble et avec l’aide de Dieu, nous pouvons
faire changer beaucoup de choses dans ce
pays. Mais cela passe par l'organisation de
la jeunesse ». Les trois jours de réflexion

ont permis à la jeunesse de passer au crible
les problèmes qu’elle connaît et d’élaborer
une vision commune et des propositions
qui seront reversées au bureau national
pour leur mise en œuvre dans l’intervalle
des trois prochaines années. Ces proposi-.
lions ont pris en compte divers domaines
allant de la question spirituelle, à celle de la
citoyenneté en passant par les questions de
santé, de renforcement des capacités des
jeunes, de leur structuration... Pour le bu­
reau, des dispositions sont prévues pour la
mise en œuvre de ces propositions. « Nous
pouvons avec l’aide de Dieu mettre en
œuvre ce plan stratégique. Nous avons tout
ce qu ‘il faut pour y parvenir », rassure le
président, El hadj Adama Nikièma. Le
commissaire général de la jeunesse, El
Hadj Abdoul Aziz Compaoré a également
confié que tous serait mis en œuvre pour
qu’au cours des trois prochaines années, ce
plan soit entièrement cxccité. « Nous pou­
vons réaliser ce plan avec ! ’aide de Dieu.
Pour nous les musulmans, le problème de
moyens ne se pose pas. Si nous sommes
unis, nous pouvons réaliser beaucoup de
choses. C ’est pourquoi je lance un appel à
l’union de tous les musulmans. Cela nous
permettra de mieux exploiter notreforce ».
C’est sur cette note d’espoir que les parti­
cipants se sont donné rendez-vous pour les
prochaines échéances. Selon le chrono­
gramme, une rencontre de lancement du
plan stratégique aura lieu dans six mois à
Bobo-Dioulasso □

Par Abou Waqâss
Axe 1 : jeunesse musulmane et spiri­
tualité
Axe 2 : jeunesse musulmane et édu­
cation
Axe 3 : jeunesse musulmane et emploi
Axe 4 : jeunesse musulmane et santé
Axe 5 : renforcement des capacités
des jeunes
Axe 6 : assistance sociale et appuiconseils
Axe 7 : jeunesse musulmane et déve­
loppement du sport
Axe 8 : organisation et structuration
de la jeunesse musulmane
citoyenneté.

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

'.Tl..

.U.,;...... ... ■

v-.-

T

< Nos pieux prédécesseurs
Les principales particularités de la biographie prophétique
La biographie du prophète est encore méconnue par nombre de musulmans. Cette biographie par rapport à celle des autres envoyés de Dieu
est bien fournie. Nous vous livrons quelques particularités de la biographie du dernier messager de Dieu.
entièrement :
I? authenticité
b;
basée
sur les narrations par le biais
di chaînes de rapporteurs conti­
de
nues sont constituées de personnes hon­
nêtes cl dignes de confiance qui ont
partagé avec le Messager
I (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) des
moments de sa vie, puis les disciples des
Compagnons {Tâbiouri) qui ont vécu avec
. ces derniers, ont entendu d’eux et ont rap­
porte d’eux. Les Compagnons ont vécu
avec le Prophète (Paix et bénédiction
d’Allah sur lui) et ont participé au façon­
nage de sa biographie ; ensuite, beaucoup
parmi eux ont vu leur vie se poursuivre
pendant de longues périodes après le
décès du Prophète (Paix et bénédiction
d’Allah sur lui) ; ils vécurent avec leurs
disciples pendant une longue période. Des
lors que nous savons que parmi les Com­
pagnons il y en a qui ont vécu jusqu’à l’an
cent de l’hégire et meme un peu au-delà,
comme Abû Toufail Âmir ibn Wâtsilah

qui est décédé en l’an 101 II, Mahmoud
ibn Rabî’ en l’an 99 H, Abdullah ibn Bisr
Al Mâzaty en l’an 96 H, Anas ibn Mâlik
en Pan 93 H, -qu’Allah soit satisfait d’eux,
; que nous savons également que la com­
pilation de la Sunna commença officielle­
ment sous le règne de Oumar ibn Abdul
Aziz -qu’AIIah lui accorde la miséri­
corde- et que ce dernier est décédé en l’an
101 H ; si donc nous savons tout cela, il
devient certain pour nous que la conti­
nuité de l’apprentissage de la Sunna et de
la biographie prophétique ne s’est jamais
I rompue ; et qu’il n’y a pas eu une période
de passage à vide entre la compilation de
la Sunna et l’apprentissage du Messager
(Paix et bénédiction d’Allah sur lui), puis
! des Compagnons, puis des disciples des
I Compagnons.
Deuxièmement : La compilation de la
biographie prophétique a eu lieu de bonne
heure : La compilation de la Sunna com­
mença en meme temps que celle de la bio­
graphie prophétique, très tôt du vivant du

Messager (Paix et bénédiction d’Allah sur
lui) et cela par le biais de la rédaction des
hadiths ayant trait aux événements qui eu­
rent lieu à son époque comme par exem­
ple le début de sa mission prophétique, le
début de la révélation, ce qu’il a enduré à
la Mecque avant son émigration vers Mé­
dine et avant cela, l’émigration de certains
de scs Compagnons vers l’Abyssinie, ses
épouses, scs expéditions militaires et scs
voyagos, et bien d’autres choses qui ont
un rapport avec sa personne et son com­
portement durant toute sa vie. Toutes ces
choses sont enregistrées dans la Sunna et

scs livres.
Quant à la compilation complète de la
biographie prophétique, elle commença à
l’époque de Mouawiya ibn Abî Soufyan Qu’AIIah soit satisfait de lui- lorsque Ab­
dullah ibn Abbas Qu’AIIah soit satisfait
de lui- -décédé en l’an 68 11- enseignait à
ses élèves la généalogie du
Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur
lui) cl scs expéditions militaires tandis
que ses élèves écrivaient cela. Abdullah
ibn Amr ibn
Al Âcc - Qu’AIIah soit satisfait de lui- -

début de sa mission avec tout ce qu’il a

traversé avant cela, de la propagation de
son message jusqu’à son décès. Ainsi,
toute personne qui veut connaître les dé­
tails de la vie du Messager (Paix et béné­
diction d’Allah sur lui) peut y parvenir
' aisément cl à partir de nombreux livres de
référence dont l’appartenance à leurs au­
teurs est vérifiée et les détails historiques
authentifiés de manière scientifique. Le
Messager (Paix et bénédiction d’Allah sur
lui) -comme l’a dit l’un des critiques oc­
cidentaux- « est le seul qui est ne sous la
décédé en l’an 63 H- fil la même chose,
lumière » les livres de la Sunna et de la
de meme que Al Barrâ ibn Âzib -Qu’AI­
biographie prophétique contiennent, ainsi
Iah soit satisfait de lui- - décédé en l’an 74
que le Qur’an noble, tous les détails de la
H- il enseignait à scs élèves les expédi­
vie publique et privée du Prophète (Paix tions militaire^ du Messager d’Allah (Paix
et bénédiction d’Allah sur lui). De nos
et bénédiction d’Allah sur lui).
jours, nous connaissons avec précision la
A l’époque des Tâbioun -ceux qui ont
description de son aspect, de son carac­
vécu avec les Compagnons et ont appris
tère et de ses mœurs. Nous connaissons
auprès de ces pçrnicrs-, on commença à
par exemple : la couleur de sa peau, la
écrire des livres sur la biographie prophé­
forme de son nez et de ses fosses nasales,
tique ; le livre de Ourwa ibn Az-Zoubeir
la forme de sa bouche et de scs dents, la
ibn Al
couleur de scs cheveux, sa taille, sa dé­
Awâm -décédé en l’an 93 H- y fut écrit ;
marche et sa manière de s’asseoir, sa ma­
c’est le fils de l’illustre
nière de parler et de rire, sa nourriture
Compagnon Az-Zoubeir ibn Al Awâm préférée, sa manière de manger, de boire,
Qu’AIIah soit satisfait de lui-, 11 écrivit le
voire ses rapports conjugaux, son com­
portement envers scs épouses ; et mieux
livre Les expéditions militaires du Messa­
ger d’Allah (Paix et bénédiction d’Allah
que cela, les vestiges et les restes de sa
maison et sa tombe dans laquelle il fut en­
sur lui).
Les principaux livres écrits par les disci­
terré sont présents jusqu’à l’heure ac­
ples des Compagnons sont ; le livre de
tuelle. Il est possible de s’assurer de tous
les caractères qu’on lui attribue par le
Abâne ibn Uthman ibn Affane -décédé en
l’an 105 II- c’est le fils du calife du Mes­
biais des outils scientifiques modernes. La
biographie du Prophète (Paix et bénédic­
sager d’Allah (Paix et bénédiction d’Al­
tion d’Allah sur lui) a bénéficié d’une pré­
lah sur lui). Il acheva son livre sur la
servation et d’une sauvegarde telles qu’on
biographie prophétique et les expéditions
militaires avant l’an 83 H ; ensuite le livre
n’en a jamais vues pour une personne au­
de Wahb ibn Mounabih - décédé en l’an
paravant et telles qu’on n’en aura jamais
110 II-, une partie de son livre Les expé­
avec quiconque après lui.
ditions militaires {Al Magazÿ) se trouve
Ces trois particularités nous donnent une
dans la ville de J Icidclbcrg en Allemagne;
certitude absolue quant à ccttc'biographie
cl qu’elle est"la biographie du dernier des
eux tous ont vécu avec les Compagnons
Prophètes, Muhammad ibn Abdullah
et ont appris auprès d’eux.
(Paix et bénédiction d’Allah sur lui), et
Les deux livres les plus complets sur la
biographie du Prophète (Paix et bénédic­
nous donnent la certitude fondée sur une
base scientifique et méthodique qii’il est
tion d’Allah sur lui) sont : As-Siyar wat
le Messager envoyé par Allah à l’humaMagazyde Muhammad ibn Ishaq-décédé
en l’an 151 11- et As-Siratoun Nabawiya
nitc toute entière.
de Ibn Hicham -décédé en l’an 213 II- et

tous ces deux auteurs ont vécu avec les
Compagnons et ont appris auprès d’eux.

Les références de la biographie
prophétique

Troisièmement : L’intégralité et la clarté:
Les détails de la biographie du Prophète
(Paix et bénédiction d’Allah sur lui) sont
établis de manière intégrale et claire dans
toutes ses étapes depuis le mariage entre
sonpère Abdullah et sa mère Amina
bint Wahb jusqu’à sa naissance, puis le

L’authenticité est considérée comme la
qualité principale dans tout l’héritage is­
lamique. C’est une spécificité qu’AIIah l’Exalté- a attribuée exclusivement au
message final et cela procède de sa sa­
gesse parfaite
; En effet, la dernière religion doit être

préservée et sauvegardée afin d’être héri­
tée successivement par toutes les généra­
tions humaines jusqu’au Jour de la
Résurrection. Pour cela, Allah l’Exalîédit : ( En vérité c ’est Nous qui avons fait
descendt e le Coran (Dzikr), et c ’est Nous
qui en sommes gardien) (sourate Al I lijr,
verset 9) et fait partie de la préservation
du Dzikr -c’est-à-dire la législation isla­
mique tirée du Qur’an et de la Sunna-, la
préservation de la biographie de celui qui
l’a apportée.
Pour cela, Allah a voulu que la biographie
de Son Messager (Paix et bénédiction
d’Allah sur lui) soit préservée dans plu­
sieurs références authentifiées. Les prin­
cipales références de la biographie
prophétique sont au nombre de trois :
Le Qur’an noble : une bonne partie de la
biographie du Prophète (Paix et bénédic­
tion d’Allah sur lui) est mentionnée dans
le Qur’an.
Allah -l’Exalté- a évoqué la situation du
Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur
lui) depuis son enfance dans ce verset : (
Ne t'a-t-il pas trouvé orphelin ? Alors H
t’a accueilli ! Ne t’a-t-llpas trouvé égaré
? Alors II t’a guidé) (sourate Ad-Douha,
versets 6-7).
* La Sunna prophétique : nous avons déjà
expliqué dans ce qui précède que la Sunna
prophétique comporte l’essentiel des dé­
tails de la biographie du Prophète (Paix et
bénédiction d’Allah sur lül) ‘ que ce soit
ce qu’il a lui même rapporté sur sa per­
sonne ou ce qu’ont rapporte de lui ses
Compagnons -qu’AIIah soit satisfait
d’eux tous. Nous avons évoqué l’authen­
ticité de cette référence ainsi que la mé­
thode scientifique méticuleuse que les
savants ont mise sur pied pour étudier la
Sunna et scs références.
* Les livres écrits sur la biographie du
Prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur
lui) : nous avons suivi l’enchaînement de
la compilation de ces livres et avons indi­
qué qu’il a commencé depuis l’ère des
Compagnons -qu’AIIah soit satisfait
d’eux- et plus précisément sous le règne
de Mouawiya ibn Abî Soufyan Qu’AIIah
soit satisfait de lui-, l’écriture effective
des livres commença et se poursuivit
jusqu’à l’cpoquc des disciples des Com­
pagnons et ceux qui vinrent apres eux.
Il est possible de se référer au sous-titre
relatif aux particularités de la biographie

prophétique pour découvrir ces détails □

ParSôhlih Housséin

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

VI/'



% .....



RENCONTRE DU PF AVEC LES FORCES VIVES

Le oGoMsi des différentes déetotlMs
Le président du Faso, Michel Kafando a reçu tour à tour les Organisations de la société civile et les partis et formations politiques, le mardi 6
janvier 2015 à Kosyam. Faire le bilan des actions déjà menées parle gouvernement et recueillir des propositions pour la suite ; tel était le contenu
de cette matinée d'audience. Des questions tenant à l'organisation des élections, à la constitutionnalisation de la CENI, le vote des étrangers, l’ar­
rivée du Groupe international de contact à Ouagadougou ... ont été abordées.
Ils étaient nombreux à effectuer le déplacemm’ de Kosyam en cette matinée du 6
décembre. Le jeu en valait la chandelle

car, c’était la toute première rencontre
entre le PF et les OSC et le PF et les par­
tis et formations politiques. Le présidium
était composé du President du Faso, de
son ministre de la Communication, Fré­
déric Nikicma et de son directeur de cabi­
net, Mathieu Tankoano. Le premier
groupe à fouler le sol de Kosyam a été
celui des Organisations de la société ci­
vile. A celui-ci, le Chef de l’Etat a dit
ceci :
J’ai voulu cette rencontre d’abord pour
vous faire le point de ce que votre gou­
vernement de transition a pu faire jusqu’à
présent à l’issue du mandat que vous lui
avez confié. Si nous sommes ici, c’est
parce que vous, OSC, organisations poli­
tiques, forces vives avez dit non, et que
vous avez voulu vous débarrasser d’un ré­
gime que le peuple ne voulait plus. Par
conséquent, vous avez souhaité avoir des
gens pour conduire la transition. Nous
sommes vos serviteurs, nous ne sommes
rien d’autres...
Sur le plan des institutions, nous avons
formé le Gouvernement qui, il faut le re­
connaître, comporte des hauts et des bas.
J’ai toujours dit que quand vous venez
comme-ça, j’allais dire en novice, sur une
aire qui a déjà été élaborée pendant 27
ans, c’est vraiment difficile que vous puis­
siez trouver de bonnes graines. Nous,
nous avons mis notre bonne volonté à le
faire.
Il y a des ratés parce qu’il y a des nomi­
nations qui n’ont pas plu et encore je dis,
le gouvernement est ouvert à la critique.
Si vous voyez des choses qui sont répré­
hensibles, vous devez le faire savoir, mais
dans l’ordre et la compréhension. Vous
devez le faire savoir mais ce n’est pas la
peine de se mettre à faire un certain nom­
bre d’exercices qui ne sont pas du tout
dans le sens de la paix et de la tranquillité
que nous voulons pour ce pays-là.
Deuxièmement, nous avons mis en
place le Conseil national de transition, qui
a pris fonction et qui a commencé à tra­
vailler et dont la première tâche a été le
vote du budget. Mais il va certainement
continuer parce que maintenant nous
abordons la phase la plus dangereuse qui

va consister à s’organiser à donner un pro­
gramme pour que nous puissions aller aux
élections. J’ai bien précisé à la commu­
nauté internationale, ceux-là même qui au

début ont voulu nous sanctionner, que
l’exemple du peuple burkinabè ne peut
pas être compris comme l’exemple d’au­
tres peuples où le pouvoir a été pris de
façon plus ou moins préparée. Sachez que
ce que vous allez faire pour la réussite de
cette période, est une référence non seu­
lement pour l’Afrique, pour le monde en­
tier et pour ces pays dont les Chefs d’Etat
rêvent encore de rester au pouvoir en ma­
nipulant leur constitution.
Le Burkina aura de nouvelles institutions
en novembre 2015, vous pouvez nous
faire confiance. Je le dis encore, nous ne
pouvons rien faire sans vous. Vous êtes le
support de la transition. Je ne voudrais pas
le répéter, sans vous, il n’y aurait pas eu
de transition ; sans vous, nous ne serions
pas ici pour vous parler en tant que prési­
dent de la transition. C’est vous qui avez
pris vos responsabilités ; s’il y a des
choses qui ne vont pas, dites-le nous mais
de façon gentille. Nous sommes des
frères, nous sommes tous des filles et fils

mat de cette rencontre, c’est-à-dire les
points saillants devant faire l’objet
d’échanges, nous n’avons pas organisé, en
notre sein,’des concertations larges devant
donner lieu à des positions communes sur
les points qui viendraient à être évoqués
ici. Mais, étant donné que les organisa­
tions invitées sont celles actives dans le
domaine de la gouvernance démocratique
et des élections, nous pensons pouvoir ap­
porter des contributions et points de vue,
après vous, dans le sens de l’accompa­
gnement de la Transition à réaliser ce que
chacune etchacun de nous attend à la fin
de cette transition. Ainsi, nous allons vous
exposer un certain nombre de points de
vue qui sont exprimés au sein des OSC
(comme dans d’autres entités) et qui por­
tent, pour l’essentiel, sur le couplage ou
non des élections à venir, le vote ou non
des Burkinabè de l’étranger pour l’élec­
tion présidentielle de cette année, la ques­
tion de la candidature indépendante, la
limite de la durée de mandat des élus

de ce pays.
A la suite de l’intervention du président

nationaux (Députés) et des élus locaux,
la constitutionnalisation de la Commis­

du Faso, la parole est revenue à Jonas
Bien pour s’exprimer au nom de toutes les
OSC. Ce dernier dans son adresse a sou­
levé les différentes questions en débat au
sein des OSC et les différentes opinions
qui les soutiennent.

sion électorale nationale indépendante
(CENI) et de la professionnalisation de

« Excellence Monsieur le Président du
Faso,
Les organisations de la société civile
(OSC) saluent cette rencontre avec vous
autour des consultations électorales à
venir. Ne maîtrisant pas à l’avance le for­

laCENI.
S’agissant du couplage des élections,
deux opinions majeures se dégagent. La
première est celle qui voudrait un cou­
plage présidentielle - législatives. La
deuxième prône des élections générales
ou simultanées, c’est-à-dire l’élection pré­
sidentielle, les élections législatives et
celles municipales, au même moment.
L’avantage du couplage présidentielle -

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015

législatives ou élections générales, réside
dans la réduction des coûts d’organisation
des élections, en terme ’d’organisation ma­
térielle et de déploiement de personnels.
L’inconvénient, notamment les élections
générales, c’est la difficulté qu’auront les
populations analphabètes à faire le choix
des candidats; ce qui va produire beau­
coup de bulletins nuis. Concernant le vote
des Burkinabé de l’étranger, les opinions
sont aussi partagées. Une pour le vote de
nos compatriotes de l’étranger pendant
l’élection de cette année et l’autre qui es- •
time qu’il est matériellement difficile au
regard des réalités sur le terrain que la
CENI avait relevé après des missions à
l’étranger, mais à condition que la CENI
rassure sur la faisabilité si toutes les
conditions sont réunies. Permettre donc à
ces compatriotes de voter serait leur ren­
dre justice, conformément à la loi, mais la
difficulté pourrait se trouver dans la pra­
tique, pour cette élection de 2015, au re­
gard du temps qui reste.
Pour ce qui est de la candidature indépen­
dante, aux élections législatives et muni­
cipales, une seule opinion semble se
dégager au sein des OSC et est favorable
aux candidatures indépendantes. Pour les
OSC, il s’agit simplement du respect de
la
Constitution qui reconnaît à chaque
citoyen qui jouit de ses droits civiques
d’être électeur et éligible pour la gestion
des affaires publiques; donc pour plus de
démocratie. Seulement, l'inconvénient ré­

side dans le mode de scrutin dans notre
pays qui est un scrutin de liste, ce qui fait
d’ailleurs qu’on parle de candidatures iri-

!

Politique

dépendantes et non de candidatures indi­
viduelles. D’aucuns pensent même qu’il
faut donc arriver aux candidatures unino­
minales. De plus en plus, la jeunesse a un
interet pour le champ politique, et on de­
vrait travailler à lui donner la possibilité
de participer à la gestion de» affaires pu­
bliques. C’est pourquoi, une opinion
prône la limitation de la duree de mandats
pour les élections législatives et munici­
pales. Pour cette opinion, après avoir été
clu trois fois (un mandat de cinq ans),
c’est-à-dire après avoir été Député pen­
dant quinze ans, on ne doit plus être éligi­
ble au poste de Député afin de mettre Fin
à des députations de carrière. La même
opinion est valable pour les élus locaux
(Maires, Conseillers municipaux). Certes,
l’inconvénient pourrait être l’instabilité
des partis politiques, car celui qui sait
qu’il n’a plus de possibilité d’être élu Dé­
puté, Maire ou Conseiller, ne trouverait
pas intérêt à continuer dans les partis po­
litiques. La constitutionnalisation de la
CENI est jugée importante afin de faire de
la CENI une institution républicaine en
lieu et place de l’institution démocratique
qu’elle est actuellement. Sur cette ques­
tion, une même opinion semble également
se dégager au sein des OSC, surtout
qu’elle ne présente pas d’inconvénient.
Toujours par rapport à la CENI, faut-il
garder la CENI actuelle ou y apporter des
ajustements voire même la dissoudre. Les
OSC ont des opinions divergentes sur
cette question. Pour les unes, l’organisa­
tion des élections est un impératif pour la
Transition et mettre en place ce que cer­
tains appellent CENI de transition entraî­
nerait d’autres types de difficultés qui ne
permettront pas de tenir les élections dans
les délais au regard du temps qui reste.
Cette première opinion prône donc le
maintien de la CENI actuelle pour bénéfi­
cier de l’expérience qu’elle â déjà pour
permettre d’aller plus vite. Toutefois, cette
opinion est pour des réformes mais appli­
cables aux élections qui viendront après
la phase de la transition. La deuxième opi­
nion soutient le contraire et veut la pro­
fessionnalisation de la CENI qui passerait

raie et qui se chargeront d’organiser les
élections de cette année et des autres an­
nées. La désignation de nouveaux mem­
bres de la CENI, la mise en place des
démembrements, leur formation prend du
temps et une opinion le relève comme in­
convénient majeur s’il faut bouleverser la
CENI actuelle et vouloir tenir les élec­
tions dans les délais voulus par la Transi­
tion.
Excellence, Monsieur le Président,
Il s’agissait là de vous donner des orien­
tations sur les opinions au sein des OSC
sur la question des élections qui vont cer­
tainement contribuer à alimenter les dis­
cussions afin de sortir des solutions qui
permettent d’atteindre les objectifs de la
transition en matière- des élections.
9
Compte tenu du temps de cette rencontre,
quelques interventions des participantes
et participants ici présents viendront ren­
forcer la synthèse des opinions que je
viens de vous exposer.
Après les OSC, place a été faite pour les
responsables et membres des partis po­
litiques. Le contenu du message à eux
livrer par le PF n’est pas aussi diffé­
rents de celui des OSC.
Après les salamalek, le PF a laissé enten­
dre pour ce qui est du bilan qu’on peut
faire à l’heure actuelle, que « ça va. Le
Gouvernement a été mis en place, le CNT
également, même si c’est avec quelques
couacs. La Commission réconciliation,
vérité et justice est déjà là.

Sur le plan diplomatique aussi, ça va.
Au départ, nous avons eu quelques diffi­
cultés. Certains pays n’ont pas accepté la
prise de conscience du peuple burkinabè.
Nous avons travaillé à leur faire com­
prendre que la situation du Burkina Faso
est spécifique. Dans notre cas, contraire­
ment à d’autres pays, c’est tout un peuple
qui a dit non à un système qu’il ne voulait
plus. A l’heure actuelle, nous avons réussi
à leur faire accepter notre situation parti­
culière. Le Canada était l’un des pays qui
refusaient de comprendre, mais tout der­
nièrement, le Canada l’a accepté. Nous
n’avons plus de problème à ce niveau.
Tout le monde a compris que c’est la voie
et la volonté du peuple. Au niveau des
pays voisins aussi, ça va. La Côte d’ivoire
n’a pas compris les choses au début
comme nous l’aurions souhaité. Mais j’ai
dit au président ivoirien « je comprends
votre gêne parce que notre ancien prési­
dent est chez vous. C’est un problème dé­
licat pour vous... Mais nous avons fini par
nous retrouver. A la réunion de Nouak­
chott, c’est le président ivoirien qui est
venu lui-même me dire qu’il veut qu’on
se rencontre. Nous nous sommes rencon­
trés, nous nous sommes expliqués et nous
nous sommes compris.
Pour ce qui est de la transition, vous .

conviendrez avec moi que nous abordons
désormais la phase la plus cruciale qui dé­
marre avec ce mois de janvier. ... Nous
avons rencontré la CENI pour arrêter les

a

échéances et la question des couplages est
revenue sur la table. Mais nous avons
quand même trouvé un point commun.
C’est que pour des raisons budgétaires, il
nous faut opter pour le couplage. Cepen­
dant nous pensons que si on veut tout cou­
pler, nous risquons de perdre l’essentiel,
c’est-à-dire que nous n’aurons pas des
élections transparentes telles que nous le
souhaitons. Alors le schéma qui se des­
sine, c’est de coupler la présidentielle et
les législatives et d’organiser par la suite
les municipales ou meme qu’on laisse le
soin au prochain exécutif de le faire.
Le problème difficile du vote de l’étran­
ger ; Je vote de l’étranger donne l’air
d’être simple mais dans la réalité, c’est
plus difficile que cela. Nous n’avons plus
que 9 mois... Il faut noter que le vote des
Burkinabè de Côte d’ivoire risque d’être
assez difficile. D’abord, c’est la plus
grande communauté que nous avons à
l’étranger et c’est le pays où nous n’avons
pas beaucoup d’amis. Il y a aussi que cer­
taines opérations qui auraient dû être
faites ne l’ont pas été. La question paraît
difficile. Et nous avons peur aussi que le
danger ne vienne de là-bas. Nous ^vons
peur que les choses se gâtent ici paf$t que

là-bas, on n’aurait manigancé quelque
chose. ... Toutefois, vous devez y réflé­
chir aussi.
13 janvier, réunion avec le Groupe in­
ternational de contact ; Le groupe inter­
national de contact est composé de la
CEDE AO, de l’UA, des Nations-Unies et
de certains bailleurs de fonds. Son objec­
tif, suivre la situation au Burkina Faso,
évaluer ce que nous avons fait et ce que
nous devons faire. ... Je crois que trois
chefs d’Etat viendront .voir ce que nous
avons pu faire : Ce sont les présidents Sé­
négalais, Togolais et Ghanéen.
Nous aurons besoins de votre concours,
vos conseils et de votre assistance. C’est
extrêmement important si nous voulons
réussir la transition. C’est pour cela que
j’ai pensé qu’il faut que nous ayons un
contact, d’autres contacts viendront □

Par Abu Waqâss

par un recrutement de compétences qui
seront formées à la gouvernance électo-

Page 13

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
—fh—

.



.

.

Les avantages tirés du rappel d’Allah u Ad-Dhikr »
l y a dans le Dhikr plus de cent avan­

de crainte est trop épais dans son coeur.

nous en a informé l’Envoyé de Dieu -

bres. Alors que si quelqu’un se met à bou­

tages (parmi lesquelles) :

15 - Il lui procure la mention que Dieu

qu ’Allah lui. fasse Miséricorde-}... |

ger un de ces membres nuit et jour comme

fera de lui, comme l’indique ce verset :

23 - Il occupe la langue, et de ce fait celle-

le Dhakir (l’invocateur) bouge sa langue,
cela l’épuiserait et le fatiguerait, et il lui

I

« Souvenez-vous de Moi et je Mc sou­

ci ne commet pas de calomnie et médi­

1 -11 chasse Satan, le réprime çt le brise.

viendrai de vous »

sance, ni de mensonge, ni turpitude ni de

serait impossible de continuer.

2-11 entraîne l’agrément de Dieu.

(Sourate 2, verset 152).

vaincs choses. C’est que l’homme est

30 - Il constitue la pépinière du Paradis,

3-11 dissipe les soucis et les angoisses du

S’il n’y avait que cela comme bienfaits du

obligé de parler. Donc s’il n’occupe pas

'firmidhi -qu ’Allah luifasse Miséricorde-

coeur.’

Dhikr, cela suffirait comme mérite et no­

sa langue à invoquer Dieu et à rappeler

a rapporté ce bon témoignage de ‘Abd

4-11 procure au coeur la joie et l’allé­

blesse.

Scs prescriptions qu’il met en pratique, il

Allah Ibn Mas'ûd -qu’Allah l’agrée- : «

gresse.

Le Prophète -salla Allahou 'alayhi wa

lui donne toute la latitude pour verser

L’Envoyé

Dieu

de

-salla

Allahou

5 - Il illumine le visage et le coeur.

salam- a rapporté ce que son Seigneur a

dans le langage prohibé. Or, il n’y a pas

'alayhi wa salant- a dit : « J’ai rencon­

6-11 fortifie le coeur et le corps.

dit :

de voie plus salutaire pour se débarrasser

tré, au cours de mon ascension noc­

7-11 attire la subsistance.

« Celui qui se souvient de Moi en Iui-

de toutes les formes d’insanité, que le

8-11 revêt l’invocateur de respect, de dou­

mcme, Je Mc souviendrai de lui en

Dhikr. Les témoignages et les expériences

turne, Ibrâhîm al-khalîl qui m’a dit : «
Ô Mohammad ! » Transmet mon

ceur et d’aspect agréable.
9 -*îl fait acquérir l’amour qui est l’esprit

de l’Islam, le moteur de la religion et l’axe

Moi-Même.

le prouvent. En effet, celui qui habitue sa

Salam (mes salutations) à ta Commu­

Celui qui me mentionne dans une as­

langue à invoquer Dieu, il la protège dès

nauté. Apprend-lcurs que la terre du

semblée, Je le mentionnerai dans une

lors de ce qui est vain et des propos mal­

Paradis est pure (tayyibah), que son

du bonheur et du salut. Dieu a suscite une

assemblée meilleure. » [Rapporté par

sains.

eau est d’une agréable saveur, qu’elle

cause à chaque chose et celle de l’amour

Bukhârî]

Par contre, celui dont la langue omet le

est formée de terrains encaissés et que

(de Dieu) est inscrite dans la continuité de

16- 11 réconforte la vie du coeur. J’ai en­

Dhikr, il se laisse aller à la malfaisance et

les plantes de sa pépinière sont : Gloire

à Dieu ! (subhana Allah)
Louange à Dieu ! (alhamdou lillah) Il

la pratique du Dhikr. Celui qui veut ga­

tendu le chaykh al-islâm Ibn Taymiyya -

à l’immoralité. Il n’y a de force et de puis­

gner l’Amour de Dieu doit

qu ’Allah lui

sance qu’en Dieu.

Le mentionner souvent. C’est que le

fasse Miséricorde- dire : « Le Dhikr est

24 - Les assemblées du Dhikr sont aussi

n’y a de dieu que Dieu (la ilaha ilia

Dhikr est la porte de l’amour, son plus

au coeur ce que Peau est au poisson.

celles des anges. Quant à celles des pa­

allah) et Dieu est le plus grand (Alla-

grand symbole et sa voie la plus droite.

Quel serait l’état du poisson s’il venait

roles oiseuses et de la dissipation d’esprit,

à quitter l’eau ? »
17- 11 évacue la rouille du coeur. Chaque
chose a sa rouille et celle du coeur, c’est
l’insouciance et les passions irréfléchies ;
et son polissage se fait par le Dhikr, le re­
pentir et la demande du pardon à Dieu.
18- 11 efface les fautes et les élimine com­
plètement. Il compte au nombre des plus
grandes œuvres et celles-ci chassent iné­
vitablement lés mauvaises actions.
19 - Il détruit l’appréhension [al waheha-

elles relèvent du domaine des démons.
Que le serviteur opte pour ce qui lui
convient. Son choix l’accompagnera toute

houakbar). » »
31 - Les dons et les faveurs de Dieu cor­

10 - Il fait acquérir à l’invocateur qu’Al­
lah l’observe et le fait de s’introduire dans
la porte qui mène au degré de l’ihssan (la
perfection dans l’adoration). Ainsi, il ado­

rera Dieu comme s’il
Le voyait. IJ n’y a donc à l’insouciant au­
cune autre issue vers le rang de /’ihssan

que celle du
Dhikr, de la même manière que celui qui
demeure assis ne pourra jamais rejoindre
sa maison
(qu’en marchant).
11-11 fait obtenir la qualité de « la remise

sa vie et ira avec lui dans la vie dernière.
25 - L’invocateur éprouvera du bonheur
avec son Dhikr. La meme sensation sera
■ ressentie par celui qui prendra place à scs
côtés. C’est là l’homme béni, là où il se
trouvera. Quant à l’insouciant, son ab­

respondant au Dhikr ne sont égalés par
aucune autre pratique de pieté. Bukhârî cl

Muslim -qu ’A Uah leurfasse Miséricordeont rapporté ce hadîth d’Abu Hurayra qu’Allah l’agrée- : « Celui qui tlit cent
fois par jour : << II n’y a de dieu que
Dieu, Unique et sans associé, à Lui le

Royaume, à Lui la louange, et en, toute

sence d’esprit et scs paroles inutiles le
rendront malheureux. Celui qui le cô­

chose, Il est omnipotent » aura une ré­

toii) qui sépare l’adorateur de son Sei­

toiera ‘souffrira des mêmes effets.

dix esclaves ; il lui sera inscrit cent

gneur. C’est qu’entre l’insouciant et Dieu,

26 - Le Dhikr préserve le Dhakir des re­

bonnes oeuvres et cent mauvaises oeu­

confiante à Dieu dans toutes ses affaires »
c’est-à dire le retour à Dieu. Et celui qui se

il y a une cloison (appréhension) qui ne
peut être effacée que par le Dhikr.

grets du jour du jugement. C’est parce que

vres lui seront effacées. 11 sera, ce jour

la participation à toute assemblée, où le

là,

retourne souvent vers Dieu au moyen du

20 - Lorsque le serviteur fait la connais­

Seigneur n’est pas invoqué, sera source de

dhikr, verra son coeur se tourner vers
Dieu en toutes circonstances. Dieu de­

sance de Dieu à travers son Dhikr pendant

regret et de désolation dans le jour du ju­

jusqu’au soir. Personne n’obtiendra
une telle faveur, sauf l’homme dont -

les jours heureux, il le connaîtra aussi

gement.

l’oeuvre sera supérieure à la sienne. »

vient ainsi son refuge et son asile, son

pendant les jours sombres. En effet,

27 - Pour les larmes versées, (lors du

L’Envoyé de Dieu -salla Allahou ‘alayhi
wa salam- a dit aussi dans le même ordre

compense égale à l’affranchissement de

préservé

de

Satan

du

matin

Protecteur contre les calamités et les mal­

lorsque le serviteur obéissant, qui invoque

Dhikr} à l’abri de tous les regards, Dieu

heurs de la vie.

Dieu, est gagné par l’adversité ou de­

mettra son serviteur à l’ombre de Son

: « Celui qui dit un jour cent fois :

12 - Il héritera une place rapprochée de

Trône pendant la grosse chaleur du Jour

Gloire à Dieu et Louange à Dieu, verra

Dieu. Ainsi en fonction de l’ampleur de

mande à Dieu de satisfaire un de ses be­
soins, les anges disent : « Ô Seigneur !
C’est une voix connue d’un serviteur

de la résurrection.
28 - Se préoccuper du Dhikr procure à

ces péchés effacés, meme s’ils sont plus

son Dhikr se situe sa position par rapport

à Dieu. C’est dire que plus son Dhikr est

connu. » Par contre, quand l’insouciant

l’évocateur une faveur de la part de Dieu,

32 - La continuité de l’invocation du Sei­

abondant, plus il se trouve dans la proxi­

appelle Dieu et lui demande quelque
chose, les anges disent : « Ô Seigneur !

meilleure que celle qu’il donne aux de­

gneur,

mité de Dieu et plus son insouciance s’ac­

mandeurs. Selon Omar Ibn al-Khattâb -

l’homme contre l’oubli, celui-ci étant une

croît (en ne se rappelant pas

C’est une voix inconnue qui provient

qu ‘Allah l’agrée-, l’Envoyé de

cause des peines endurées par le serviteur

Dieu), plus son éloignement s’accentue.

d’un serviteur inconnu. »

Dieu -salla Allahou 'alayhi wa salam- a

dans sa vie présente et sa

vie future. Oublier le Seigneur, Glorieux

nombreux que l’écume de la mer. »
Béni

et

Très-Haut,

sécurise

13 - Il lui ouvre une des plus grandes

21-11 sauve du châtiment de Dieu,

dit : « Dieu dit : A celui qui est occupe

portes de la connaissance. C’est-à-dire

comme l’a indiqué Mu’âdh -qu’Allah

par la lecture du Coran et par Mon

et Trcs-1 laut entraîne l’oubli de soi-même ,

que son savoir grandira au fur et à mesure

l'agrée- : « II n’y pas meilleur salut vis-

Dhikr, Je lui donne plus que ce que Je

et de scs intérêts. Dieu dit :
« Ne soyez pas comme ceux qui ont ou­

que scs évocations se multiplieront.

à-vis du châtiment de Dieu que le Dhikr

donne aux demandeurs. »

14-11 lui procure le respect mêlé de

de Dieu. » [Rapporté par Tirmidhi.] -

29 - Le Dhikr est la plus facile des pra­

crainte envers son Seigneur, Sa magnifi­

C’est la cause qui fait descendre la séré­

tiques cultuelles mais il compte au nom­

blié Allah ; (Allah) leur a fait alors ou­
blier leurs propres personnes ; ceux-là
sont les pervers. » (Sourate 59, verset 19)

cence en raison de l’emprise que le Dhikr

nité [sakînà), celle de la manifestation de

bre des plus magnifiques et des plus

a sur son coeur, cl de sa présence

la miséricorde et le regroupement des

profitables. C’est que le mouvement des

constante avec Dieu. C’est le contraire de

anges autour des invocateurs, comme

lèvres est plus aisé que celui des mem­

Ibnul Quayim

l’insouciant dont le voile du respect mêlé

Page 14

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
.



—é—

—JM

Interview

DR. SAID MUHAMMAD OUEDRAOGO,
RESPONSABLE D’UNE ASSOCIATION DE SOLIDARITE

h La solidarité en islam fait partie de la foi n
Le Cheikh Dr. Said Muhammad Oucdraogo revient dans cet entretien qu’il nous a accordé pour parler de l’importance de la solidarité. Pour
ce Savant de l’Université d’Al Azar, la plus grande Université Sunnite, les prêches et autres interpellations doivent aller aussi dans le sens de la
solidarité à l'instar des premières sociétés musulmanes où l’individu était au centre des préoccupations des responsables. Nous avons passé en
revue les réalisations de l’association qu’il dirige, ses perspectives et les difficultés qu’il rencontre.
Qu’cst-ce qui a constitué le déclic et qui
vous a motivé à créer cette association
qui fait dans la solidarité ?
Le prophète (psi) nous recommande de
donner un bon nom à nos enfants, cela est
valabfe pour toute initiative. C’est pour
cette raison que notre structure porte le
nom « Association du message isla­
mique ».
C’est en 2003 que nous avons lancé nos ac­
tivités apres que nous ayons tiré leçon de
l’exemple d’un pays comme l’Egypte.
Chose qui nous a motive à créer une telle
association.
En Egypte, la solidarité existe dans tous les
domaines. Les gens s’entraident dans tous
les sens notamment au niveau social. En
tant qu’étudiant, nous avions de l’habille­
ment gratuit, des fournitures offertes, la
question de l’alimentation était assurée. En
tant qu’étranger, les gens nous venaient en
aide avec toutes sortes de nourriture. Les
orphelins, veuves et vieilles personnes tou­
chent une pension. C’est cet élan de soli­
darité qui m’a incité à créer une association
à même de faire comme les Egyptiens.

Que peut-on comprendre par solidarité
en Islam ?
La solidarité en Islam relève de la bienfai­
sance (Ihssân). La miséricorde de Dieu est
proche des bienfaiteurs, dit le Coran. Il ren­
chérit par un autre verset, « nous faisons
profiter notre miséricorde à qui nous vou­
lons ». Et les bienfaiteurs ne sont jamais
lésés. Est sur le sentier d’Allah, celui qui
s’astreint à venir en aide aux veuves et aux
orphelins. L’Islam encourage la solidarité,
raison pour laquelle la zakât a été instituée

réfèrent. Par contre, nous avons des riches
qui préfèrent investir leur fortune dans l’il­
licite et les œuvres de moindre importance.

Il faut que l’on se reconnaisse en nos pré­
décesseurs en matière de solidarité.'
Souvent, il est porté de croire que la so­
lidarité est réservée à une catégorie de
personnes.
L’elan de solidarité est multiforme ; tous
les musulmans doivent être solidaires,
fonctionnaires, prédicateurs, commerçants,
riches comme pauvres. Le nécessiteux peut
être solidaire par sa personne et scs bons
conseils. Les Savants pensent que la soli­
darité revient aux riches seuls, pourtant ils
sont les premiers à mettre la main dans la
poche.

par la religion de Dieu. C’est le fondement
même de la foi.
L’histoire retient que le prophète ainsi
que ses compagnons furent des porteflambeaux des grandes œuvres, qui ont
par cet état de fait, marqué l’humanité ?
Toute personne désireuse de ce bas monde
et de l’au-delà do.it se mettre dans l’assis­
tance des masses défavorables. Toutes les
grandes personnes qui sont retenues par
l’histoire de façon générale et celles de l’Is­
lam en particulier ont été au secours de
l’humanité. Le Calife Abu Bakr affranchis­

sait des esclaves pour qu’ils recouvrent la
liberté à l’instar de Bilal et beaucoup d’au­
tres. Le prophète (psi) fit un appel à sou­
tien aux musulmans pour une de ses
expéditions si bien que chacun fit un élan
de solidarité que l’histoire retiendra à ja­
mais. Le Calife Abu Bakr ordonna à sa fa­
mille de prendre tous ses biens pour le
prophète. Le Calife Omar, lui, a fait don de
la moitié de scs biens. Le troisième calife
fit énormément d’œuvres sociales comme
l’achat d’un puits au profit des musulmans.
Ces personnes ont été réalistes et ont posé
des actions claires auxquelles les gens se

L’Autre Regard - N°022 du 05 janvier au 05 février 2015
;

'

Revenez à vos réalisations. Vous avez
deux grandes mosquées au Togo, une au
Ghana et une autre au Tchad. Vos ac­
tions ne sont donc pas seulement limitées
au plan national ?
Le musulman doit comprendre que la terre
appartient à tout le monde. La question des
séparations des pays est l’œuvre de la poli­
tique et des aspirations de l’homme. Sinon,
les musulmans ont une seule identité, qui
est l’Islam. Ceci étant, notre association a
pour vocation de loucher les besoins sensi­
bles à travers l’Afrique raison pour la­
quelle, nous avons érigé des mosquées au
Ghana, au Togo, au Tchad. Nous allons à la
rencontre de ceux qui sont dans le besoin
crucial. Au Burkina, nos constructions sont
également faites en fonction des priorités

Suite page 16

Page 15

1
1

Interview

en matière de zôn'c.,Plusieurs personnes
travaillent cependant pour le compte de
l'association notamment des Burkinabé,

afin que les élèves qui veulent rester pour
étudier puissent le faire. Ces dortoirs sont

des Emiralics, dps Ghanéens et bien d’au­

tions annuelles pour les enseignants, les
imams et autres prêcheurs, ainsi que poul­
ies femmes. Les gens ont besoin de soutien
périodiquement comme lors des fêtes ;
c'est pour cette raison qu'à chaque rama­
dan, nous organisons des ruptures du jeûne
dans 42 provinces. Ils ont de quoi rompre
leurs jeûnes convenablement. Au meme
moment, chaque année, nous distribuons
10 tonnes de riz aux jeûneurs cela en fonc­
tion de la taille des familles. Pendant la Tabaski, nous immolons des bœufs et des
bovins que nous mettons à la disposition
des nécessiteux, des veuves et orphelins.
Parmi nos activités, on note aussi la distri­
bution des vêtements aux musulmans
hommes, femmes et enfants en conformité
avec les propos d’Allah. Cela se fait tous
les ans.
Nous avons réalisé des forages dans des
villages où il n’y a pas d’eau potable. En
plus de cela, nous avons offert plus 40 000
exemplaires du Coran aux élèves.
Dans le domaine de la santé, nous avons

tres.
Concernant les mosquées, ce sont de
grandes constructions de 500, 300 places
... Entre autres lieux où ces mosquées ont
cté érigées, il y à Téma-Bokin Song-naaba,
Luyargo, Goulagou, Riga, Yaltenga, Li,
. Rambo,
Nakolba,
Tanghin-Dassouri,
Koumbia, récemment nous avons réalisé
une mosquée à Tampouy. Au total, c’est 21
mosquées que nous avons construites au
Burkina Faso. A l’extérieur, nous avons,
comme je l'ai dit, une au Ghana, trois au
Togo, une au Tchad.

Y-a-t-il des réalisations en dehors des
mosquées ?
Nous érigeons dçs medersas et nous
sommes à 42 réalisations dont la plus
grande Medersa se trouve à Téma-Bokin
avec 18 classes y çompris des bureaux cl
des magasins ; c'est du primaire au lycée.
En plus de cela, nous avons construit des
dortoirs séparés pour hommes et femmes

bien équipés. Nous organisons des forma­

constaté également que des femmes et en­
fants ne partent pas aux centres de santé
pour des raisons de moyens. Un autre volet,
c’est de pouvoir fournir des médecins
femmes pour s’occuper des patientes
femmes. C’est dire que nous devons réagir
face à ce besoin crucial afin de permettre
la réalisation de centres de santé cl faire en
sorte qu’il y ait des prises en charge gra­
tuites.
Croyez-vous que les musulmans sont
prêts pour de telles initiatives ?
C’est un manque de volonté. Les musul­
mans ont les moyens sans doute. C’est plu­
tôt leur désunion qui les empêche d’avoir
une action commune notamment pour la
construction de centres de santé et autres.
Par la grâce d’Allah, nous comptons réali­
ser des CSPS dans les villages. Car c’est
une priorité. Dans la capitale, les musul­
mans se doivent de construire l’un des plus

grands centres de santé en matière de su­
perficie, d’équipement et bien d’autres as­
pects. Cela y va du respect de notre religion
dans la société. Par exemple, j’ai un ami
Ghanéen qui, à lui seul, a réalisé un centre
yw M

Page 16

L'Autre Regard • N*022 du 05 Janvier au 05 février 2015

4

de santé à Koumassi, doté de 36 chambres
et très bien équipé avec scs travailleurs.
Les musulmans parlent beaucoup avec
moins d'action. L’Islam c'est le travail.
Nous sommes une communauté qui re­
gorge de personnes nanties.

Vous êtes une association qqi existe de­
puis plus de dix ans. Quelles sont les dif-’
ficultcs que vous vivez ?
La question est pertinente, nous avons des
problèmes liés à l’acquisition des terrains
et à la procédure administrative pour les
dossiers. Nous avons construit des mos­
quées dans les villes de notre pays et mcinc
ailleurs. Mais à Ouagadougou, on n'a pas
encore réalise une seule Mosquée. Donc,
on a un problème d'acquisition de terrain
afin de réaliser des orphelinats, des centres
de santé et autres écoles et Medersa. Le
deuxième problème, c’est justement l'ac­
quisition des papiers. 11 faut que les autori­
tés soient regardantes à ce niveau et
accordent des facilités pour ceux qui veu­
lent investir pour tout le monde □

Par Arounan Guigma

Collections
L'Autre Regard