Le CERFIste #8

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Classe de ressource
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Titre
Le CERFIste #8
Créateur
Le CERFIste
Date
septembre 2008
Résumé
Bimestriel d'information et de formation du Cercle d'Études, de Recherches et de Formation Islamiques
numéro
8
Couverture spatiale
Ouagadougou
Abidjan
Droits
In Copyright - Educational Use Permitted
Langue
Français
Contributeur
Frédérick Madore
Wikidata QID
Q113813326
extracted text
Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques 250 F CFA
(CERFI)
n° oo8

CERFiste
Aboubakar Fofana, président du Conseil

supérieur des imams (COSIM) de Côte d’ivoire

en Islam

" L'accord de
Ouagadougou est un
don de Dieu "

INTEGRATION REGIONALE

Les musulmans doivent repenser leur histoire et
leur géographie sociales
des

excluant les peuples des

régionaux intégrés.

en politique internationale

ensembles

grandes discussions sur la

Les musulmans en tant

intègrent de manière obliga­

régionaux, plus connu

question. Pourtant les peu­

qu'acteurs très anciens de

toire la dynamique reli­

sous le nom d'intégration
ples africains sont très liés

l'intégration régionale, sont

gieuse dans leurs interpré­

a

L

constitution

grands

régionale, est une préoccu­

du fait des migrations et des

d'une manière ou d'une

tations et leurs plans d'ac­

pation au cœur des préoc­

liens séculiers qui existent

autre au cœur de ces ques­

tion, ceci parce que le fait

cupations géopolitiques et

entre eux au-delà des fron­

tions identitaires. A l'inté­

religieux est l'un des princi­

géostratégiques actuelles.

tières arbitrairement consti­

rieur de leurs pays d'origine

paux catalyseurs des boule­

Les Etats appréhendent de

tuées par les colonisateurs.

ils sont accusés de remettre

versements politiques dans

plus en plus la nécessité

Toutefois le vent de démo­

en cause l'unité nationale

le monde contemporain.

sinon l'obligation de se

cratie qui a soufflé sur le

du fait de la revendication

C'est en cela que les musul­

regrouper pour constituer

continent africain dans la

de leur identité islamique, et

mans devraient prendre

des forces capables de

décennie 90 a fait émerger

à l'échelle sous régionale ils

toute la mesure de leur

1 peser dans le jeu internatio­

des questions que l'Afrique

sont perçus comme des

place et de leur rôle dans

nal. Ainsi, après l'expé­

croyait avait résolu : il s'agit

étrangers (plus que les

ces processus d'intégration

rience réussie de l'union

de l'exclusion de l'autre du

autres). Alors que le critère

(interne et externe) et en

européenne, les régions de

fait de son appartenance

de l'appartenance à une

tirer le meilleur profit.

l'Afrique

ethnique,

religieuse,

religion ne peut donner d'in­

Et parce que la crise

depuis les indépendances

sociale... et des replis iden­

dication sur l'intégration

actuelle des Etats-nations

une marche vers l'intégra­

titaires que cela a occa­

d'une

Cette

en Afrique a remis à l'ordre

tion de leurs économies et

sionné, comme on a pu l'ob­

dérive identitaire pourrait

de leurs peuples.

server au Rwanda et Côte

conduire de nombreux Etats

Justement au sujet des peu­

d'ivoire, et qui sont aussi

dans le chaos, surtout ceux

ples, ils sont au centre de

latentes dans de nombreux

qui sont prêts à mimer sys­

nial,

cette intégration d'autant

pays subsahariens. Ainsi,

tématiquement des prati­

aujourd'hui que les musul­

plus qu'aucune intégration

ces problèmes ont aussi

ques

en

mans repensent leur his­

ne peut se faire sans les

bien remis en cause le pro­

Occident où l'islamophobie

toire et leur géographie

peuples. Or, en Afrique, on

cessus de constitution des

a le vent en poupe.

sociales, écrites sans eux et

a cherché plutôt à faire une

Etats-nations

la

Il est aussi connu que les

intégration des dirigeants en

construction d'espaces sous

tendances géostratégiques

ont

entrepris

que

personne.

répandues

du jour les configurations
géographiques, ethniques,

religieuses et culturelles

élaborées par l'ordre colo­
il

est

nécessaire

contre eux.

La rédaction

0

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

' -ft'7

Aboubakar Fofana, président du Conseil supérieur des imams (COSIM) de Côte d'ivoire

" L'accord de Ouagadougou est un don de Dieu "
U a fortement marqué, et même impressionné le milieu intellectuel musulman au début des années
90 à travers l'émission Islam et société sur la TNB. Ancien imam de la mosquée d'Abidjan, ancien
banquier, ce sexagénaire a participé à la mise en place de la presque totalité des associations d'in­
tellectuels musulmans de son pays, la Côte d'ivoire. La crise qu'a traversé ce pays l'avait contraint
à un exil aux Etats-Unis. A la faveur du retour à la paix qui s'opère dans le pays dHouphouët sous
les auspices du président Compaoré, il signe son retour au bord de la lagune Ebrié. Aboubakar
Fofana a été aussitôt appelé à la tête du Conseil supérieur des imams (COSIM). Le Cerfiste l'a ren­
contré pour vous, lors de son dernier passage au Burkina.
Le Cerfiste : Vous êtes le
Président
du
Conseil
Supérieur des Imams, quels
sont les rôle, place et impor­
tance de cette structure au
niveau de l’Islam en Côte
d'ivoire ?

Aboubakar Fofana : Il faut dire
que nous avons une organisa­
tion pyramidale. Il y a d'abord les
associations et les communau­
tés organisées autour des mos­
quées. Ces associations et com­
munautés sont regroupées au
sein du Conseil national islami­
que qui s'occupe du travail exé­
cutif sur le terrain mais par délé­
gation du COSIM. Le COSIM
regroupe toutes les mosquées,
tous les imams de Côte d'ivoire,
je dirai même que 99% des mos­
quées se réclament du COSIM
et c'est une situation un peu uni­
que en Afrique. Et comme les
imams sont unis, à partir d’eux,
on peut unir facilement la com­
munauté musulmane parce que
les problèmes d'unité dans
l'Islam ce ne sont pas les com­
munautés qui posent problème,
ce sont leaders et les dirigeants
des communautés et des asso­
ciations qui posent problème. Si
ceux-là se reconnaissent en une
seule organisation et sous la
direction d'un leader, je pense
que cela est de nature à faciliter
le regroupement de tous les
musulmans. Je pense que le
COSIM en ce moment joue un
rôle de leader parmi toutes les
structures islamiques. Bien sûr, il
y a quelques structures qui ne
représentent souvent que des
individus et un petit groupe de

personnes ; mais même à ce
niveau aussi le COSIM tend la
main à tout le monde pour qu'on
travaille ensemble. Par exemple
quand il y a l’apparition de la

tous les aspects de la vie ; spiri­
tuel, religieux, culturel, social,
économique pour qu’on soit les
vrais porteurs du message civili­
sateur de l'Islam. Il faut que la

Imam Aboubakar Fofana
lune, nous appelons toutes les
structures et nous le déclarons
au nom de tout le monde
sachant que c'est le COSIM qui
est l'élément central, essentiel
dans les structures. Mais nous
appelons tout le monde pour
qu'il n'y ait pas de frustration.
Notre objectif c'est de dévelop­
per l'Islam en Côte d'ivoire aussi
bien numériquement que quali­
tativement. Donc, cela peut nous
amener à nous améliorer sur

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

communauté musulmane soit
imprégnée et qu'elle arrive à
digérer l'islam comme religion,
comme culture et même comme
civilisation.
Comment avez-vous person­
nellement vécu la crise que la
Côte d'ivoire a connue ?
Nous avons d'abord travaillé
pour anticiper et prévenir cette
crise qu'on voyait venir. On a pris

attache avec tous les acteurs
politiques d'alors, mais il y avait
en ce moment-là, beaucoup de
passion et les gens étaient loin
de pouvoir comprendre les vrais
enjeux. Plutôt que de penser à
l'intérêt général, ils avaient
déplacé et personnalisé le pro­
blème. Nous n'avons pas eu
beaucoup d'oreilles qui nous ont
écouté. Tout ce qu'on a dit a été
pris comme une ruse pour favo­
riser une personne. On n'a pas
été compris. On a fait le tour de
la société civile, on a fait le tour
des grandes religions, tous ceux
qui pouvaient agir en tout cas on
a essayé de les contacter. On a
même fait un mémorandum
qu'on a donné à tout le monde
pour dire que ce qui arrive est
dangereux. Le COSIM et le CNI
en même temps parce que c'est
les mêmes structures mais le
COSIM chapeaute le CNI.
Quand la crise a commencé
également nous avons tous prê­
ché la paix. On n'a pas incité nos
communautés qui étaient victi­
mes quand même de pas mal de
tracasseries, de frustrations et
d’un très mauvais traitement. Il y
en a qui ont perdu la vie. Mais
nous avons continué à prêcher
la paix parce qu'on sait que c’est
une parenthèse qui sera fermée.
Le seuil de tolérance n'était pas
encore atteint pour nous. Il ne
fallait pas s'engager dans une
aventure désastreuse. On a pris
un profil bas et on a demandé à
la communauté de la patience.
On a recouru beaucoup à la
prière pendant cette période.
Dieu merci nos dégâts ont été
amoindris mais malheureuse­

O

Qu'est-ce qui vous a poussé
entre temps à vous réfugier
aux Etats-Unis ?
Il faut dire que j'étais allé aux
Etats-Unis sur invitation du
département d'Etat américain
dans le cadre d'un programme.
C'est pendant que j'étais là-bas
que la guerre a commencé et la
situation sécuritaire n'était plus
favorable. Ma famille, les imams,
les amis tout le monde m'a dit de
ne pas venir. Je me suis rensei­
gné de bonne source, j'ai senti
que mon retour n’était pas la
bienvenue.
Et
donc,
j'ai
demandé l'exil aux Etats-Unis et
je l'ai obtenu. J'y suis resté à
faire le travail de da'wa dans les
différentes communautés ivoi­
riennes et africaines, dans les
différents Etats et souvent dans
les différentes villes où se trou­
vaient de grandes communautés
ouest africaines et ivoiriennes.

A votre retour en Côte d'ivoire

vous avez trouvé une commu­
nauté plus fragilisée ou une
communauté beaucoup plus
fortifiée par cette crise ?

La communauté a été fragilisée
et était même au bord du déses­
poir quand je venais. J'ai senti ça
dans la manière avec laquelle
j'ai été accueilli, la manière avec
laquelle j'ai été abordé par les
différentes communautés. Nous
sommes restés pratiquement
pendant au moins 2, 3 ou 4
mois. Tous les jours il y avait un
embouteillage des différentes
communautés pour venir me
saluer. C’est là que j'ai senti que
l'attente était trop forte. Aussi
bien les communautés dites ivoi­
riennes que celles dites étrangè­
res venaient vers le COSIM.
Et le COSIM essaie de mettre en
place toute une politique sociale.
Nous sommes entrain de réflé­
chir, d’étudier pour voir comment
absorber toutes ces difficultés. Il
y a par exemple des jeunes
Burkinabè nés en Côte d'ivoire
qui viennent nous voir pour
poser leur problème. Il y a des
communautés qui ont été chas­
sées de leurs plantations qui
viennent nous voir pour qu'on
intervienne. Et nous intervenons
auprès des autorités, auprès de
certains ministres qui s’occupent
de ces affaires. Ce sont des pro­
blèmes qui nous mettent dans
une position de grande respon­
sabilité avec des moyens limités
mais nous comptons sur Dieu
pour nous aider à les résoudre.
Actuellement avec tout ce qui
est entrepris à partir de
Ouagadougou ici est-ce que
vous croyez vraiment à un
retour de la paix en Côte
d’ivoire ?

cord de Ouagadougou est même
un don de Dieu. Nous devons
tout faire pour que ça n'échoue
pas. Nous avons tout essayé.
On a frôlé le coup d'Etat au
temps d'Houphouët et après le
multipartisme on est venu dans
le boycott actif où il y a eu pour
la première fois le sang qui a
coulé parmi les jeunes, les élè­
ves. Après le boycott actif, la lec­
ture n'a pas été tout à fait claire
et on a fini par goûter au coup
d'Etat. Même avec le coup
d'Etat, la lecture de la situation
n'était pas globale et totale. On
n'en a pas tiré toutes les leçons.
Après, il y a eu la rébellion ce
que nous craignions le plus
c'était la guerre civile. Donc, il
faut tout faire pour que cet
accord aboutisse pour qu'on
n'aille pas davantage dans des
violences inutiles. Personne ne
peut gagner une guerre dans
ces conditions. On va détruire le
peu qu'on avait. Notre pays est
riche, notre pays a beaucoup de
potentialités pour des millions et
des millions de personnes. Tout
ce que le pays nous demande
c'est de travailler au lieu de faire
la guerre ; tout ce qu’on
demande c’est que tout le
monde se mobilise pour travail­

V

Le rôle des dirigeants musul­
mans c'est de dire à notre com­
munauté d'être patiente, indul­
gente, de pardonner et de ne
pas
avoir
de
rancœur.
Considérons ce qui s'est passé
comme une parenthèse de l'his­
toire, un incident de parcours
parce qu'une nation ne se forme
pas dans le vide. Elle se forme à
partir des défis et des événe­
ments. Même aux Etats-Unis, il a

y

“Le Cerfiste”
Récépissé de déclaration
N’ 012697/CAO-TGI/OUA/P.F. du 10 novembre 2006

01 BP 6394 Ouagadougou 01 Burkina Faso
Tél : 76 61 57 67/ 50 36 08 03 / Email :cerfiben@fasonet.bf
Siège social sis 1200 logements derrière le centre CIJEF

Directeur de Publication

SAWADOGO Ousmane
YAMÉOGO Hamidou

Rédacteur en Chef
Hamidou YAMEOGO

Secrétariat de Rédaction

Rédaction
BAMBARA Hamadé
OUÉDRAOGO A. SAIam

PAO & Impression

Alizèta OUEDRAOGO

Altesse Burkina : 50 39 93 10

OUÉDRAOGO A. Wahid
TOE Aboubacar

O

Quel pourrait être ou quel est
le rôle des musulmans de la
Côte d'ivoire dans le retour à
la paix ?

Bimestriel d'information et de Formation du
Cercle d’Etudes, de Recherche et de Formation Islamiques
(CERFI)

Président du CERFI

Le peuple ivoirien dans son
ensemble est fatigué de la
guerre. La guerre, si elle est
encore dans la tête de quelqu'un
c'est peut-être quelques nostal­
giques. Les Ivoiriens, à com­
mencer par les militaires euxmêmes, plus personne ne veut
de la guerre. Je pense que l’ac­

ler et gagner son pain à la sueur
de son front. Etrangers et pas
étrangers nous sommes un pays
libéral. Il faudrait que tout le
monde travaille, que les jeunes
ivoiriens travaillent, c'est le plus
important. Nous avons été des
frères pendant tout le temps
pourquoi brusquement on rompt
cette fraternité. C’est à la faveur
de cette fraternité que beaucoup
de gens sont des universitaires,
des cadres ; on était solidaire. Je
pense qu’il faut être réaliste
quand on fait de la politique, il ne
faut pas trop rêver.

Tirage : 1000 Exemplaires

Le Cerfiste N° 008 septembre 2

____

ment comme on le dit quand on
provoque les causes de quelque
chose on ne peut pas empêcher
que cette chose arrive. Et tout ce
qui a été fait ne pouvait qu'aller
dans le sens des frustrations et
du désespoir. Et je pense que
c’est cela qui a amené dans un
premier temps le coup d'Etat
contre Bédié, le Boycott actif
avant le coup d’Etat et ensuite la
rébellion successivement parce
qu'on n'a pas su lire les signes
précurseurs de tout ce qui allait
arriver. Ça a été pris dans la sim­
plicité et je pense que beaucoup
de gens ne connaissaient même
pas la réalité de la Côte d'ivoire
encore moins les réalités de la
sous-région et c'est ce qui nous
a emmené à ces difficultés, il n'y
avait aucun problème de fond
entre ivoiriens en tant que com­
munautés et en tant que popula­
tions. Et la Côte d'ivoire n'a pas
atteint un seuil où on peut parler
de problème social. Tout ce
qu'on a connu c'est seulement
l'intox pour des raisons qu'on
ignore. Malheureusement on est
tombé dans la crise.

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fallu la guerre entre le sud et le
nord pour qu'on mette en place
la constitution qui convient à tout
le monde. C'est à partir de là que
les Américains ont commencé à
asseoir la cohésion.
La Côte d'ivoire aussi était bien
partie mais ça ne veut pas dire
qu’il n'y avait pas des incompré­
hensions à l'intérieur. Ces
incompréhensions se sont, impri­
mées d'une manière ou d'une
autre. Tout le monde connaît
aujourd'hui tous les aspects des
problèmes ivoiriens qui ont fait
l'objet de débat à tous les
niveaux. Personne n'a gagné
dans la guerre, tout le monde a
perdu sauf quelques politiciens.
L'Etat ivoirien a participé à l’or­
ganisation du hadj, est-ce une
façon de se racheter par rapport
à tout le mal qui a été fait à la
communauté ou bien il s'agit
réellement du début d'une colla­
boration entre la communauté
musulmane et les autorités
publiques.
C’est nous qui sommes allés voir
le chef de l'Etat pour qu’il nous
aide après l’échec du hadj 2006.
Il a répondu favorablement et a
débloqué des moyens pour ça.
Ce qui a permis aux gens d'aller
au hadj dans de meilleures
conditions. Le problème de l'or­
ganisation du pèlerinage n'est
pas facile dans nos pays. Le
pèlerinage est un piège pour
beaucoup de musulmans. Ceux
qui goûtent à ça finissent par
avoir des comportements un peu
délicats par rapport à la religion,
par rapport au pèlerinage.
L'argent qu'on gagne dans le
pèlerinage est souvent une
malédiction pour ceux qui collec­
tent cet argent. La plupart de
ceux qui se sont amusés à cau­
ser du tort aux pèlerins ont mal
terminé. Ils ne deviennent jamais
riches et chaque année et tôt ou
tard ils finissent mal. Nous pen­
sons au niveau du COSIM que
pour que le pèlerinage soit bien
organisé il faut un partenariat fort
entre l'Etat et la communauté
musulmane. Ce que payent nos
pèlerins devrait leur permettre
un bon pèlerinage du point de

vue confort. L'année dernière
tous nos pèlerins habitaient dans
les maisons particulièrement
lumineuses mais ils n'ont pas
payé plus. L'argent que le prési­
dent a donné était suffisant pour
qu'ils soient dans de bonnes
conditions. Ce qui veut dire
qu'avant on prenait l'argent mais
on ne le dépensait pas pour le
confort des pèlerins. On met les
pèlerins à deux ou trois km de la
Kaaba, dans des conditions diffi­
ciles et ce sont des individus qui
l'empochent. Le pèlerin souvent
ne peut pas aller faire son pèleri­
nage et faire ses prières dans le
haram.
Donc il faut que ceux qui organi­
sent deviennent relativement
purs et moins businessmen. On
encadre les pèlerins qui sont
considérés comme des hôtes de
Dieu. Dieu a mis en garde dans
le Coran quiconque leur porte
préjudice, qu'il va leur faire goû­
ter un châtiment douloureux. Je
ne sais pas comment les gens
ont le cœur si dur pour aller pro­
voquer Dieu dans sa maison. Il
faut que les musulmans com­
prennent que la religion n'est un
cheval ou un âne sur lequel on
doit monter. La religion pour un
croyant est une charge. Tu dois
y mettre ton argent, ton effort, tu
dois faire en sorte que ça se
passe bien.
Vous connaissez le Burkina
Faso, vous rencontrez beaucoup
de Burkinabé, vous connaissez
quelques associations islami­
ques ici, quelques leaders reli­
gieux ; quel regard portez-vous
sur l'Islam au Burkina ?
Au Burkina il y a de grands éru­
dits, de grands Cheick qui ont
fait de brillantes études dans les
pays arabes et chacun a derrière
lui une communauté importante
soit dans sa région, soit même
dans la ville de Ouagadougou
ici, soit au niveau de tout le
Burkina. Ça, ce sont des atouts
pour le Burkina. La Fédération
sera un moyen pour résoudre le
problème de leadership. Je
pense que ce qui a été fait dans
la Fédération (NDLR, Fédération
des associations islamiques du

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

Burkina) actuelle, c'est un début.
Si les gens se mettent ensemble
et se rapprochent, un jour où
l’autre on arrivera à dégager des
leaders. Dieu merci avec le
vieux Kanazoé qui vraiment fait
tout pour tout pour que ça réus­
sisse, c'est un atout. Il faut pré­
parer les esprits à une organisa­
tion plus durable qu'on s'orga­
nise autour des objectifs à
atteindre pour l'islam dans son
ensemble, pour améliorer son
image. Il faut travailler pour que
les enfants musulmans soient
les mieux éduqués, il faut travail­
ler pour que notre communauté
au plan social soit la mieux orga­
nisée. Il faut travailler pour que
la culture islamique entre dans la
tradition des cadres, des élèves,
des étudiants, des commer­
çants. Ce qui va attirer d'autres
personnes à l'islam. La fédéra­
tion doit travailler pour une meil­
leure communication de l’Islam.
Tout ça je pense qu'on a besoin
de temps pour que les gens
soient cordialement liés. Je dis
bien cordialement liés pour qu'à
un moment, chacun fasse profil
bas et qu'on dégage quelqu'un
parmi les imams. Je crois que
c'est déjà fait. Celui qui est
devant, il faut qu’on le soutienne,
qu'on arrive à finir les objectifs à
atteindre, il faut qu'on ait des
stratégies. Pour atteindre ces
objectifs il faut un plan d'action
de sorte que si l'on se réunit ce
n'est pas pour se regarder mais
c'est par rapport aux objectifs
qu'on a fixé ensemble, pour voir
s'ils sont atteints ou pas. C'est
par là qu'une association devient
dynamique. Au niveau du
COSIM aujourd'hui nous avons
donné une formation en adminis­
tration et en gestion d'une réu­
nion et de prise d'une décision.
Tout cela est important parce
qu'on a des associations mais
souvent on ne sait pas ce qu’il
faut faire.
Comment arrivez-vous à conci­
lier l'action du COSIM, la jeu­
nesse des associations islami­
ques et souvent les conflits de
génération ?
Il y a deux sortes de jeunesse.

D'une part la jeunesse estudian­
tine qui est difficile à gérer mais
qu'il faut savoir gérer. Il faut leur
donner toute la liberté. Il ne faut
pas qu’ils vous sentent trop pré­
sents dans ce qu'ils font. On a
tout fait pour régler le conflit de
génération mais avec les étu­
diants on n'y parvient pas.
D’autres part, il y a la jeunesse
regroupée notamment au sein
de l'AJMCI. Ce sont des jeunes
qui ne sont plus scolarisés ou
qui n'ont même pas été scolari­
sés. Ceux-là sont plus faciles à
gérer. Mais au niveau du COSIM
nous sommes en train de travail­
ler à élaborer une politique de la
jeunesse. Ce qui nous amène à
nous préoccuper du problème
de l'emploi. Il faut y réfléchir. Il
faut s'occuper de leurs problè­
mes de mariage, de la culture et
bien d’autres questions. Il faut
avoir une politique de la jeu­
nesse car souvent on navigue à
vue. Nos associations islami­
ques doivent réfléchir à tous les
aspects de la vie ; sociale, spiri­
tuelle, économique.

...pour clore l'entretien

Ça me tient à cœur que les
Burkinabè sachent que c'est très
important pour la communauté
musulmane de voir que la paix
revient parce qu'on a trop souf­
fert injustement de cette guerre.
Notre économie a été complète­
ment déstabilisée, on a perdu
beaucoup d'âmes, souvent des
âmes innocentes, on est même
resté sans pouvoir aller dans
nos mosquées. Pendant tout le
ramadan on ne pouvait pas faire
le Tarawih. Quelques fois on a
failli même ne pas pouvoir faire
le pèlerinage. Quand on trouve
une lueur d'espoir on doit pou­
voir remercier les artisans de ce
travail. Blaise est pour moi
aujourd'hui quelqu’un qu’on
apprécie à sa juste valeur.

Propos recueillis
par Abdous Salam
QUEPRAQGQ
Retranscription :
Kadré SAWADOGO

©

COURS D’ARABI

Apprendre l'arabe par le cerfiste
Le cerfiste vous propose à partir dé sa prochaine parution une rubrique consacrée entièrement à l'ap­
prentissage de la langue arabe. C'est une innovation majeure qui est certes contraignante dans le
cadre d'un journal bimestriel, mais c'est notre contribution à la formation de nombreux musulmans
désireux d'apprendre cette langue qui est au cœur de leurs pratiques religieuses.
Importance de la langue
arabe

I

L'arabe est parlé par plus
de 250 millions de person­
nes dans 22 pays et appris
par un milliard de musul­
mans pour une question
religieuse. Il fait partie des 6
langues officielles de l'ONU.
L'enseignement de l'arabe
en Afrique n'est pas nou­
veau : depuis l'arrivée de
l'Islam avant la colonisation
occidentale, dès le XVIe
siècle, il est étudié dans
toutes les contrées acqui­
ses à cette religion. Les
empereurs africains avaient
des relations privilégiées
avec ceux qui, alors, étaient
les seuls connaisseurs de
l'écriture. Du reste, ce sont
les caractères orthographi­
ques de cette langue qui
seront, pour la première
fois, exploités par les peu­
ples islamisés pour l'écri­
ture de leurs propres lan­
gues : c'est le cas par
exemple du haoussa, du
peuhl... L'importance histo­
rique mais aussi contempo­
raine des études arabes
n'est plus à démontrer.
Comme deuxième langue,
l'arabe est enseigné en
Afrique en générale dans
des
cadres
différents.
L'échange culturel bilatéral,
au centre socioculturel : il
s'agit de cours laïques dans
certains centres culturels
des pays arabo-musulmans. Le cadre cultuel : il
s'agit de cours assurés par

0

des mosquées, des lieux de
culte. Le but premier des
personnes (enfants et adul­
tes) qui y vont est d'appren­
dre la religion et accessoire­
ment l'arabe pour lire le
Coran. Leur nombre est très
important. Le cadre de
l'éducation nationale : la
langue arabe est enseignée
comme deuxième langue
au secondaire mais aussi et
surtout comme langue d'en­
seignement
dans
les
medersa ou écoles francoarabes. Bien qu'il soit logi­
que que ce soit les musul­
mans qui s’intéressent à la
langue arabe, son ensei­
gnement est ouvert à tous,
de toute origine, d'autant
plus que cette langue
acquiert, aujourd'hui, en
plus de la valeur religieuse,
une valeur de langue com­
merciale dans ce contact
nouveau entre l'Afrique et le
Golfe arabo-persique.
C'est pourquoi notre objectif

La procédure
d'apprentissage
La présente rubrique se
propose
spécifiquement
d'aider les initiés à l'alpha­
bet arabe à acquérir l'arabe
parlé et écrit, mais aussi
ceux qui commencent à
zéro leur contact avec la
langue et ceux qui ont un
besoin de se rappeler les
connaissances oubliées.
Il sera présenté les fonda­
mentaux de la grammaire
arabe. Ces algorithmes
simples permettront de
reconnaître et de générer
soi-même les énoncés de
l'arabe contemporain, des
phrases simples aux com­
plexes.
Aussi
sera-t-il favorisé
l'usage moderne tel que
l'apprenant le rencontre
dans les textes écrits ou
oraux actuels.

Il ne sera présenté de cas

est de décloisonner cette
langue. Elle est présentée

s'attardera, quelques fois,

avec des méthodes qui se

sur l'arabe classique ou sur

veulent

modernes

et

s'adressent aussi à ceux
qui n'ont jamais pratiqué la

langue

qu'à

ceux

qui,

l'ayant étudié intensément,

ont désappris faute de prati­
que.

L'apprentissage

de

l'arabe n'est pas plus diffi­

cile qu'une autre langue et il
est plaisant de connaître
une nouvelle forme d'écri­

ture.

particuliers que lorsqu'on

les lexiques spécifiquement
coraniques parce que parti­
culiers, dans la nécessité

de la progression.
La progression sera théma­
tique : du vocabulaire de la
famille et son quotidien au
vocabulaire du code de la
route, du marché, du trans­
port, du temps et de l'es­
pace, du commerce, des
métiers, des fêtes religieu­
ses et autres, de l'économie

et de la politique, de la res­
tauration, des goûts et des
couleurs, des arts cinéma­
tographiques et musicaux,
des médias, des relations
internationales, etc.
Chaque thème sera pré­
senté dans une leçon ou
deux leçons. La leçon gar­
dera une même organisa­
tion en trois parties :
La
première
partie
:
"Aljadid"
(le
nouveau).
Aljadid apporte les subs­
trats lexicaux et grammati­
caux "nouveaux" avec la
traduction des lexiques et la
transcription qui facilitera la
prononciation. La compré­
hension des algorithmes
grammaticaux permettra de
construire des énoncés ara­
bes,
La deuxième partie : "AI-’
isti'mal" (l'application). Alisti'mal propose un dialogue
vivant reprenant les subs­
trats lexicaux et grammati­
caux acquis à la première
partie "Aljadid" de sorte à
présenter leur emploi en
situation de dialogue.
La
troisième
partie
:
"At'tadriib"
(exercices).
At'tadriib permet de contrô­
ler l'acquisition des méca­
nismes étudiés par des
exercices. Cette partie sera
constituée, au fil de la pro­
gression, des exercices
mais aussi des corrections
des exercices précédents.

Par Abdoul Wahid
Ouédraogo

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

DECLARATION DU SECRETAIRE EXECUTIF DE
L'OJEMAO A L'OCCASION DU MOIS BENI DE RAMADAN
relever le défi d'une commu­
ouanges à Allah, Seigneur
nauté musulmane viable, res­
des mondes. C'est avec le
sentiment de la lourde res­
pectable et qui occupe la place
ponsabilité que nous avons dequi
. lui revient, pour construire un
conduire l'Organisation de la
islam fidèle à ses principes fon­
Jeunesse
Musulmane en
damentaux et en phase avec les
Afrique de l’Ouest (OJEMAO),
exigences actuelles d'un monde
que je vous prie de recevoir mon
moderne. Ramadan doit nous
salut fraternel.
servir une fois encore de trem­
Jeunesse musulmane de l'es­
plin et de gage de succès. La
pace ouest africain, responsa­
construction de la communauté
bles et militants des associa­
passe par la construction de
tions de jeunesse musulmane,
chaque individu, acteur du
vaillants défenseurs de la
renouveau. La réalisation de
notre être n'est possible qu'en
cause islamique, je voudrais
nous dotant de l'énergie spiri­
par cette belle occasion du mois
tuelle dont ramadan est juste­
béni de ramadan m'adresser à
ment le printemps.
vous
au nom du Secrétariat
Chers responsables, militants
exécutif de (OJEMAO).
et sympathisants des structu­
Je tiens d'abord à vous rappeler
res de jeunesse musulmane.
et à vous exhorter, vous,
Le prophète (saw) nous dit : "
acteurs du travail islamique, de
l'invocation de celui qui jeune
la nécessité pour tous d'aller à la
sera exaucée chaque fois qu'il
conquête d'une spiritualité pro­
rompt son jeune le soir
fonde pendant ce mois béni de
".Profitons de cette occasion
ramadan. Toute l'année durant
pour avoir une pensée pieuse à
diverses activités nous absor­
l'endroit des peuples opprimés
bent et parfois nous détournent
par d'autres peuples. Mais aussi
d'une spiritualité profonde.
à l'endroit des peuples qui meu­
Ramadan, est justement un don
rent de maladies, de faim et qui
d'Allah (exalté soit-il) pour palier
sont victimes de catastrophes
ce déficit. Il nous appartient de
naturelles pour avoir été stigma­
bénéficier au maximum de ses
bienfaits mais aussi d'y puiser
tisés par un système mondial
l’énergie nécessaire à la pour­
fonctionnant au seul profit des
suite de notre mission com­
nantis. L’une des vertus sociale
mune. Cette spiritualité, faut-il le
de Ramadan est de suscite en la
rappeler, donne une valeur à
communauté musulmane la pitié
nos actions et crée en nous, la
et la charité, tout en la préser­
vant de la méchanceté et la cor­
crainte d'Allah.
ruption. Au niveau de nos struc­
Cette école qu'est ramadan,
tures associatives, mettons en
Allah dans sa miséricorde infinie
pratique ces qualités en pensant
a bien voulu nous l'offrir pour
aux personnes en difficulté par
faire de nous des élus de sa féli­
des actions de solidarité et d'en­
cité. La jeunesse musulmane
traide de toutes sortes.
doit s’abreuver à cette source
Une autre vertu sociale de
intarissable qu'est ramadan pour
Ramadan est d'habituer la com­
en sortir plus que jamais déter­
munauté musulmane à l'organi­
minée à mener le combat pour

L

Le Çerfiste N° 008 septembre 2008

sation, à l'union, à l'amour de la
justice et de l'égalité. Je vou­
drais par ailleurs saisir cette
occasion pour rappeler la néces­
sité d'une intégration sous régio­
nale de nos peuples en général
et de nos communautés musul­
manes en particulier. L'OJEMAO
est un outil de cette intégration
au niveau de la jeunesse musul­
mane. Son animation et sa
pérennisation incombent à tous.
Cette idée tient au fait qu'elle
constitue un cadre de concerta­
tion, d'échanges d'expériences,
d'initiatives à caractère intégra­
teur entre les structures islami­
ques de jeunesse de la sous
région ouest africaine.
Nous devons à travers une OJE­
MAO dynamique faire de notre
sous région, un champ du travail
islamique. Ce ne sont pas les
idées qui font défaut pour les ini­
tiatives communes et une coo­
pération bénéfique, mais plutôt
c'est la concertation qui est
quasi inexistante dans ce sens.
Pourtant, nous avons de riches
expériences à partager. La
diversité qui s'exprime au sein
de nos structures comme au
sein de nos communautés doit
plutôt constituer une force, une
richesse et non ressentie
comme une faiblesse. " La
divergence au sein de ma
communauté est une miséri­
corde ” a dit le prophète
d’Allah.
Cet enseignement du noble pro­
phète doit servir de principe de
base à l'éthique du désaccord
pour permettre aux musulmans
de se retrouver sur les grands
chantiers du développement de
la communauté. Il faut cepen­
dant redoubler de vigilance
contre les pratiques déviation­

nistes et le danger permanent
des sectes hérétiques. Par leurs
projets éblouissants et idylli­
ques, elles conduisent surtout
les jeunes dans l’égarement.
Nous devons rompre au niveau
de nos associations avec l'ap­
proximation pour être au rendezvous de l'excellence. C'est à
cette seule condition que nos
communautés occuperont la
place qui leur revient dans nos
pays respectifs. Le travail islami­
que dans notre contexte doit être
élaboré et rationnel. Les valeurs
et les principes fondamentaux
de l'islam doivent être le fonde­
ment de nos actions et la sincé­
rité une des caractéristiques
essentielles de l'esprit du travail
islamique. Cela, afin qu'Allah
nous accorde son assistance.
Chers responsables, militants
et sympathisants des structu­
res de jeunesse musulmane.
Avant de clore mon propos, je
voudrais vous exhorter à la
recherche de l'excellence dans
les études et l'exercice des fonc­
tions à quelques niveaux que ce
soit. Chacun de nous doit être
un digne représentant de l'islam,
un porteur potentiel du message
de l'islam par le comportement,
un acteur du développement au
service de nos sociétés en géné­
ral. Pour terminer, je demande à
Allah de nous guider sur le droit
chemin, de soutenir nos actions
et nous garantir le succès.
Qu'Allah nous aide à capitaliser
les acquis de Ramadan le res­
tant de l'année ! Puisse-t-ll faire
de l'OJEMAO une véritable force
de la jeunesse musulmane
ouest africaine !

Le Secrétaire exécutif de
l’OJEMAO
Aboubakar TOE

O

Qu'est-ce que la transfusion sanguine ?
A l'occasion de la journée internationale du don de sang qui a été célébré le 14 juin dernier, le cerfite vous propose un article complet sur la transfusion sanguine. Certes les données peuvent paraître techniques et difficiles appréhender par les novices, mais la problématique du don de sang
concerne tout le monde dans la mesure où chacun est un receveur potentiel de sang. Aussi, dans ce
sens il faut apprendre à donner son sang pour sauver des personnes ; et cela passe par la prise de
conscience de la gravité de la situation dans notre pays. Et notre foi musulmane doit faire de nous
des personnes enclines à donner notre sang pour la seule satisfaction de Dieu.
'utilisation du sang (avec suc­
PFC peut être utilisé comme tel ou
cès) à des fins thérapeutiques
être envoyé dans des usines de
est relativement récente, avec
fractionnement pour la production
la découverte des groupes sanguinsde dérivés stables ou Médicaments
par Landsteiner et Wiener en 1900.
Dérivés du Sang (MDS) : albumine,
Cette découverte a permis de com­
immunoglobulines, facteurs de
prendre pourquoi injecter du sang
coagulation, colles biologiques.
d'autrui à un malade était souvent
Au Burkina Faso nous sommes
fatal à ce dernier, et marque ainsi le
capables de préparer les produits
début de la transfusion sanguine
labiles mais pas encore les MDS.
moderne, c'est-à-dire l'application
Quelles sont les situations où un
de mesures de sécurité transfusion­
malade a besoin de produits
nelle.
sanuuins ?
Transfuser signifie communément,
Le sang circule à travers tout notre
injecter du sang ou ses dérivés labi­
organisme et à plusieurs fonctions
les (plasma ou cellules sanguines) à
dont les principales sont :
un malade. La transfusion sanguine
la nutrition : le sang trans­
est ainsi un vaste domaine médical
porte les nutriments vers les tissus ;
ayant pour but d'apporter à un
la respiration : le sang
malade donné, le meilleur produit
apporte l'oxygène aux tissus et
sanguin qui lui convienne. Elle fait
débarrasse ceux-ci du gaz carboni­
appel, outre aux disciplines médica­
que produit ;
les permettant la prescription de
l'élimination des déchets :
produits sanguins, à un ensemble
produits du métabolisme, substan­
de disciplines telles que la sociolo­
ces étrangères ;
gie, la psychologie, la biologie
la fonction immunitaire : les
(microbiologie, parasitologie, héma­
leucocytes et anticorps circulant
tologie, immunologie), des technolo­
sont essentiels au système immuni­
gies industrielles. Nous nous attèletaire de l'organisme ;
rons à décrire ce que l'on fait avec le
l'homéostasie c'est-à-dire
sang et les risques que comporte
le maintien d'un environnement
l'usage du sang et des dérivés.
nécessaire à la survie des cellules ;
la communication inter cel­
Que prépare t-on avec le sang ?_
lulaire : rôle des hormones et autres
médiateurs chimiques.
Le sang est composé de cellules :
Pour qu'il puise assurer efficace­
globules rouges, globules blancs et
ment ces fonctions, il doit être main­
plaquettes sanguines (polynucléai­
tenu qualitativement et quantitative­
res, lymphocytes, monocytes), bai­
ment dans les vaisseaux sanguins.
gnant dans un liquide appelé
Le traitement par transfusion est
plasma.
essentiellement une thérapeutique
La préparation du sang consiste à
substitutive, c'est-à-dire qu'elle
séparer ses différents composants,
soit au moment du prélèvement (à
consiste à apporter au malade ce
l'aide de machines, soit après sur
qui lui manque.
sang total. Il est ainsi possible de
Les situations entraînant un déficit
préparer des Concentrés de
en un ou plusieurs composants de
Globules Rouges (CGR), des
sang sont nombreuses. Les plus fré­
Concentrés de Plaquettes (CP), des
quentes au Burkina sont : les ané­
concentrés de globules blancs ou du
mies par carence nutritionnelle sur­
Plasma Frais Congelé (PFC). Le
tout chez les enfants et les femmes

L

0

enceintes, les anémies infectieuses
(principalement le paludisme), les
hémorragies à l'accouchement, les
hémorragies traumatiques (surtout à
la suite d'accidents de la circulation),
les saignements chirurgicaux, la
drépanocytose, les morsures de ser­
pents.
Sur le plan clinique les indications
de la transfusion peuvent être décri­
tes comme suit :
pour les CGR : anémies
mal tolérées, hémorragies massives
I
pour les CP : traitement
préventif ou curatif des saignements
associés à un déficit en plaquettes ;
pour le PFC : hémorragies
massives, déficit en facteurs de
coagulation.
Les concentrés de globules blancs
ont très peu d'indications. Il en est
de même de nos jours pour le sang
total si l'on dispose de ses différents
composants. En effet une transfu­
sion sanguine efficiente vise à
apporter à l'organisme seulement ce
dont il a besoin car tout élément non
nécessaire supplémentaire est non
seulement inutile mais peut être
nocif.
Quels sont les risques liés aux
produits sanguins ?
Nous pouvons distinguer deux types
de risques fondamentalement diffé­
rents :
1.
Risques chez le donneur :
anémie potentielle ; transmission
potentielle d’une infection ; malaise ;
hématome (accumulation de sang
sous la peau à l'endroit piqué). Les
deux premiers risques sont quasi
nuis avec le respect d'un certain
nombre de conditions pour accepter
le prélèvement d'un candidat au don
de sang et l'usage d'un matériel sté­
rile à usage unique. Les deux autres
effets sont généralement bénins
mais entraînent cependant l'arrêt

immédiat du prélèvement.
2.
Risques chez le receveur :
ce sont les plus préoccupants car
plus graves et plus difficiles à préve­
nir. Ils peuvent être catégorisés en :
"
Risques immunologiques :
accidents hémolytiques immédiats
ou différés ; inefficacité transfusion­
nelle ; maladie du greffon contre
l'hôte (GVH) ; œdème lésionnel du
poumon post transfusionnel (TRALI
pour les anglophones) ; allergies ;
réaction frisson - hyperthermie ; pur­
pura thrombopénique post transfu­
sionnel ; immunisation contre les
antigènes de groupes sanguins ;
etc.
Risques infectieux : conta­
minations bactériennes, parasitaires
(paludisme principalement) et vira­
les (VIH 1 et 2, hépatites B et C,
HTLV, CMV, Parvovirus V19, etc.).
La politique dedépistage des virus
transmissibles est arrêtée entre
autres en fonction de la gravité de la
maladie induite, de l'épidémiologie,
de la possibilité pour le receveur de
se défendre contre le virus.
Risques de surcharge :
surcharge volémique, surcharge en
fer (chez les malades régulièrement
transfusés).
La thérapeutique transfusionnelle
est particulière du fait qu'elle utilise
des produits biologiques et de sur­
croît des produits d’origine humaine.
Par conséquent elle comporte des
risques importants liés à sa nature et
à son origine biologiques. Son utili­
sation doit répondre à des indica­
tions précises et s'inscrire dans une
politique de gestion rationnelle des
produits, vu leurs risques et leur
rareté.
Etant donné qu’aucun médicament
ne peut la remplacer, elle reste mal­
heureusement très souvent le seul
recours pour les malades qui en ont
besoin.
Par Dr. Pomo Yacouba

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

La conscience professionnelle en islam
Ceci est un sermon de vendredi prononcé par l'imam Ismael Tiendrébéogo à la mosquée du CERFI sis au 1200
logements à Ouagadougou. U aborde la problématique de la conscience professionnelle dans notre pays à la
lumière des textes islamiques ; il attire par ailleurs notre attention sur des fléaux tels la corruption, les
détournements, le favoritisme...
rères et sœurs en islam, il est
Code du travail de 2004 définit, en son
question aujourd'hui d'aborder le
article 2, le contrat du travail. Ainsi lors­
thème de la conscience profes­
que l'on s'engage à travailler pour l'Etat
sionnelle auquel, à première vue, on ne ou une personne privée, on doit l'exécu­
trouve aucun lien avec la religion, tant il
ter avec une conscience professionnelle
est vrai que la religion est souvent défi­
irréprochable, c'est-à-dire en faisant son
nie comme un ensemble de cultes ren­
travail tel qu'il doit être fait et de façon
dus à une divinité. Mais il ne s'agit que
loyale, c'est-à-dire sans tricher son
d'une exclusion non fondée en islam.
employeur.
Car s'il est vrai que l'islam organise des
La conscience professionnelle exige
cultes rendus à Allah, il est indéniable
donc que l'on fasse son boulot avec
que des prescriptions de la religion
compétence en minimisant autant que
musulmane concernent directement les
faire se peut les risques pour l'em­
hommes dans leur vie en société et
ployeur et en économisant du mieux que
l'on peut les ressources qu'il mettra à
régentent leurs rapports les uns aux
notre disposition pour exécuter notre
autres. Au point que, au risque d'affadir
tâche. La compétence ne vient qu'avec
la formule, on dira que l'islam, c’est être
la connaissance, le savoir-faire, la
avec Dieu pour savoir vivre avec les
science et l'expérience. S'agissant de la
hommes.
science, nous connaissons tous la
Du reste et s'agissant de ce bon com­
valeur que lui accorde la religion musul­
portement au travail qu'est la
mane mais rappelons juste deux éloges
conscience
professionnelle,
le
faites à la science : " Celui qui prend la
Messager avait dit : " Certes j'ai été
voie pour la recherche de la science,
envoyé pour parfaire les nobles caractè­
Dieu lui facilite l'accès au Paradis " et
res " et dans un autre hadith, " rien ne
cette sentence du calife Ali " Si tu veux
fera entrer les gens au Paradis plus que
réussir ta vie ici-bas, cherche la science
le bon comportement ". Le bon compor­
et si tu veux réussir dans l'au-delà, cher­
tement est donc une adoration, selon
che la science ".
l'islam. Cette noble religion ne se limite
La science est donc nécessaire à l'exé­
donc pas, et cela est heureux, à pres­
crire des actes purement de cultes
cution consciencieuse de notre travail,
adressés à Allah (SWT).
mais elle s'accompagne d'une autre
Il nous dit d'ailleurs : " La bonté pieuse
science acquise par la pratique que l'on
ne consiste pas à tourner vos visages
appelle expérience. L'expérience, c'est
vers le Levant ou le Couchant. Mais la
cette facilité et cette efficacité que l'on
bonté pieuse est de croire en Allah, au
obtient dans l’exécution de son travail
Jour dernier, aux Anges, aux Livres et
parce qu'on l'a exercé pendant long­
aux prophètes, de donner de son bien,
temps et avec le souci de toujours
quelque amour qu'on en ait, aux pro­
mieux faire. Comme l'a enseigné le
ches, aux orphelins, aux nécessiteux,
Messager " C'est un mauvais signe pour
celui d'entre vous dont son hier est meil­
aux voyageurs indigents et à ceux qui
leur à son aujourd'hui ". Autrement, on
demandent l'aide et pour délier les
ne peut croître en âge et se rapprocher
jougs, d'accomplir la Salat et d'acquitter
de son Seigneur chaque fois que
la Zakat. Et ceux qui remplissent leurs
s'égrène une minute, sans que l'on amé­
engagements lorsqu'ils se sont enga­
liore
constamment ses actes, son com­
gés, ceux qui sont endurants dans la
portement. D'ailleurs voici ce qu'Allah
misère, la maladie et quand les combats
révéla au Messager à travers l’Ange
font rage, les voilà les véridiques et les
Gabriel : " Certes, a dit le Messager, il
voilà les vrais pieux ! " (Sourate 2/177)
m'a été révélé que toutes les œuvres du
La conscience professionnelle est le
fils d’Adam sont perfectibles ", c'est-àrespect d'un engagement, celui d'exécu­
dire peuvent être toujours améliorées.
ter une activité professionnelle sous
Allah renforce cette idée de recherche
l'autorité et la direction d'une personne
constante de la perfection quand il dit : "
physique ou morale, contre un salaire
Appliquez-vous à bien agir car Dieu
ou rémunération. C'est ainsi que le

F

aime ceux qui s'appliquent à bien faire ".
(2/195) Ainsi le musulman doit être de
ceux qui agissent au mieux et font tout
leur possible pour faire toujours mieux
leur boulot. Mais il ne faut pas que le
musulman se contente de bien faire son
travail, il doit être aussi loyal vis-à-vis
de son employeur. Autrement dit, on ne
doit pas voir un musulman qui fait bien
le travail qu'on lui a confié mais triche
son patron, même si ce dernier le triche.
Le messager a en effet dit " Ne triche
pas celui qui te triche ". Des voies plus
nobles existent pour dénoncer un patron
tricheur et c'est un acte de foi que de
dénoncer son patron qui triche. Les for­
mes de tricheries d'un travailleur sont
nombreuses. Il est par exemple interdit
au musulman de s'absenter sans raison
de son poste de travail ou d'y aller trop
souvent en retard, pour d’aller percevoir
par la suite son salaire normalement,
alors qu'il a conscience qu'il n'a pas tra­
vaillé certains jours ou a fait beaucoup
de retard. On ne peut prendre prétexte
de ce que l'on descente tard pour aller
tard au service, car descendre tard de
son service est une aumône et y aller à
l'heure est une obligation. Il est interdit
de même de voler le matériel qu'on lui a
donné pour exécuter son travail ou de
l'utiliser pour faire ses propres affaires,
ses propres deals. Voyons l'enseigne­
ment que nous donne le Commandeur
des croyants, Omar Bin Khattab. On dit
de lui que quand quelqu'un venait chez
lui de nuit, il le recevait et à la porte de
sa maison lui demandait : " Viens-tu
Omar bin Khattab, simple citoyen ou
Omar bin Khattab, Commandeur des
Croyants ". En fonction que la réponse
que son visiteur donnait il allumait sa
propre lampe ou la lampe de fonction. Il
faut donc saluer la décision des autori­
tés politiques de ce pays d'interdire la
circulation des véhicules de services les
jours fériés et souhaité que la mesure
survive et ne connaisse pas d'exception.
Elle doit concerner également les pre­
miers responsables, à l'image du prési­
dent de l'Etat islamique, Omar bin
Khattab, qui était rigoureux vis-à-vis de
lui-même avant d'être exigent à l'endroit
des autres.
La corruption ne doit pas non plus être

le lot des musulmans. Allah l'interdit for­
mellement : " et ne semez pas le désor­
dre sur terre après qu'elle a été planifiée
". La corruption est apparue sur la terre
. et dans la mer à cause de ce que les
gens ont accompli de leurs propres
mains; afin qu'Allah] leur fasse goûter
une partie de ce qu'ils ont œuvré; peutêtre reviendront-ils (vers Allah). Frères
et sœurs en islam, le Burkina a vraiment
goûté une partie de ce qu'ont œuvré des
Burkinabé en matière de corruption : la
corruption grève le budget des entrepri­
ses, faussent la libre concurrence sur­
tout concernant les marchés publics
avec au finish des entreprises non méri­
tantes qui font des ouvrages que l'on ne
peut pas réceptionner à cause de leur
mauvaise qualité ou des ouvrages que
l'on réceptionne quand même qui se
détériorent trop rapidement comme cer­
taines de nos voies goudronnées.
Cette rapide détérioration de ces ouvra­
ges, qui coûtent plusieurs milliards de
nos francs, empruntés ou donnés par
les PTF (partenaires techniques et
financiers), nous condamne à les
reprendre et à remettre dans des cho­
ses qui en ont déjà englouti de l'argent
qui aurait pu servir ailleurs, pourconstruire par exemple ces dispensai­
res, ces maternités et ces points d'eau
potable qui manquent si cruellement à la
plupart de nos villes, petites et moyen­
nes. De plus, ces reprises intempestives
d’ouvrages financés par l'argent des
contribuables des pays qui nous aident,
nous décrédibilise et pourrait nous faire
rougir de honte quand on expliquera que
Burkina Faso signifie " le pays des hom­
mes intègres ".
Et ce n'est pas tout, frères et sœurs, car
des produits dangereux et toxiques fran­
chissent le cordon douanier et empoi­
sonnent nos populations parce qu'un
douanier ou un agent de contrôle s'est
laissé corrompre. On ne peut finir de
citer les méfaits de la corruption, qui
aboutit également à donner injustement
à celui qui ne mérite ce qui revient de
droit à un autre. C'est pour toutes ces
raisons que l'islam déteste la corruption
et condamne le corrupteur et le cor­
rompu.
____________

Suite page 12

' 9
Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

gplGNÉ D’INTERET

Ce que les musulmans pensent de Barack Obama
Daisy Khan est une voix écoutée sur le fait musulman en Amérique. Epouse de l'imam Feisal Abdul
Rauf du Masjid Al-Farah à New York City, elle préside l'association ASMA society (American Society
for Muslim Advancement), impliquée dans l'interreligieux et les questions d'identité musulmane amé­
ricaine. La pertinence de ses analyses lui ouvrent les colonnes du Washingtonpost.com comme voix
musulmane. Elle donne ici sa lecture du phénomène Barack Obama.
Comment les Américains
musulmans perçoivent-ils
la candidature de Barack
Obama ?
Daisy Khan: Dans l'ensem­
ble, les gens sont heureux de
cette candidature. Elle sou­
lève beaucoup d'enthou­
siasme et remplit les gens
d’espoirs. On voit qu'elle
encourage certains à pren­
dre des initiatives locales.
Pour
de
nombreux
Américains qui ne se recon­
naissent pas dans la classe
politique, cette candidature
est une occasion unique qui
ouvre de nouvelles espéran­
ces. Quant aux musulmans,
ils voient en M. Obama
quelqu'un qui peut avoir une
meilleure compréhension du
monde musulman, il y a
passé une partie de son
enfance. Il est doçic moins
sujet aux préjugés.

Qu'est ce qui explique l'en­
thousiasme dont vous par­
lez?

C'est d’abord sa capacité à
rassembler des gens très
divers autour d'un message
positif, un message de
renouveau. Et son message
traverse les clivages habi­
tuels de la société améri­
caine pour rapprocher des
gens qui, d'ordinaire, ne se
mettent pas spontanément
ensemble. Des Noirs, des
Blancs tous se reconnaissent
en lui parce qu’il est un peu
des deux à la fois. Et son
prénom Hussein est évoca­

rité. Cela a fait réfléchir et ne
peut être imputé à Obama.
Dans mon dernier édito, je
dis qu'un jour le chef de l'Etat
pourrait être un homme, une
femme, portant un turban,
une kippa ou un hijab. Cela
sans problème. Car les fon­
dations de notre nation repo­
sent sur le droit à la diversité
et le respect de la différence.

teur pour les musulmans
américains alors qu’il est
chrétien. En fait, Obama
témoigne d'une synthèse qui
montre qu’il est arrivé à ce
niveau par ses compétences
personnelles et non grâce à
des faveurs octroyées. Cette
idée du succès au mérite, ce
que l'on appelle ici la " méritocratie " est très importante
dans la société américaine.

Et qu'est ce que vous
entendez exactement par
méritocratie?

Nous sommes, dans un pays
où existe un fort sentiment
d'exclusion pour une partie
de la population et cela
depuis longtemps. Dans le
base-bail par exemple, le
sport le plus populaire, il y
avait autrefois un tournoi
pour le Noirs et un autre pour
les Blancs. Cela était officiel.
Il y avait donc un plafond de
verre que les joueurs noirs
ne pouvaient pas franchir
quelles que furent leurs qua­
lités. Ce plafond a été brisé
par Jackie Robinson, le pre­
mier homme noir à jouer
dans le tournoi des blancs
(Ndr, en 1947). Cela a servi
d'exemple et a ouvert la voie
à d'autres joueurs noirs. Sur
la scène politique, Barack
Obama apparait aujourd'hui
comme un nouveau Jackie
Robinson. Il est celui qui
brise le plafond de verre et
d'autres citoyens aujourd'hui
marginalisés peuvent désor-

Daisy Khan

mais se dire: " oui, c'est pos­
sible ".

Quel sens donner alors à
ce qui s'est passé à Detroit,
il y a quelques semaines,
lorsque deux musulmanes
ont dû changer de place à
un meeting de M. Obama à
cause de leur hijab?
Cet incident est regrettable
mais il est hors de propos par
rapport à la campagne et par
rapport au message de cette
campagne. Car la campagne
a toujours été inclusive et
non exclusive. C'est une
campagne qui regroupe des
gens de diverses sensibilités
et qui n'a aucune vocation à
exclure... M. Obama a per­
sonnellement présenté ses
excuses publiques après ces
incidents de Boston... Cela a
permis de s'interroger sur les
motivations du soutien à
Obama. Les bénévoles qui
ont écarté les deux jeunes
musulmanes
sont
euxmêmes des Noirs, donc ils
sont membres d'une mino­

En France, la religion du
Président ne fait pas débat;
elle n'est même pas évo­
quée. N'y a-t-il pas un dan­
ger à évoquer la religion
pour le chef de tout un
Etat?
En effet, mais pour compren­
dre cette situation il faut
prendre en compte les princi­
pes fondateurs des EtatsUnis. Parmi les primo-arri­
vants, beaucoup avaient fui
l'Europe à cause de la persé­
cution religieuse. Ils étaient
souvent des groupes ou des
individus qui avaient souffert
en Europe à cause de leur
foi. Ce qui fait de la liberté de
religion un principe fonda­
mental particulièrement sen­
sible ici. Le Président a la
liberté d'avoir une religion.
Mais la séparation de l'Eglise
et de l’Etat vaut aussi. Et le
fait que le Président soit
d'une religion ne signifie pas
qu'il l’impose ou l’avantage. Il
y a donc là un équilibre et
toutes les religions sont sur
le même plan d'égalité dans
le système.

Propos recueillis par
Amajz BAMBA

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

Les vertus thérapeutiques du jeûne de Ramadan
es progrès
dans
le
domaine de la médecine
ont démontré que le jeûne
prescrit par Dieu (Gloire à Lui),
pour les musulmans comporte
de nombreux bénéfices à tous
les niveaux de la vie de
l’homme : spirituel, physique,
social, économique et politique.
Ces avantages se manifestent
par ailleurs dans le traitement
médical direct ou préventif.

L

La nécessité et l’intérêt du
Carême sont devenus donc
plus
évidents
au fur et à mesure que l’homme
découvre de nouvelles choses.
C’est ainsi qu’après le perfec­
tionnement des moyens de sub­
sistance de l’homme, la civilisa­
tion a amené avec elle de multi­
ples maladies jusqu’alors incon­
nues. Ces maladies sont les
conséquences logiques de la
diversification des styles de la
nourriture et de l’accroissement
des soins minutieux que
l’homme ne cesse d’apporter à
ses mets et à leur.

Face à ce paradoxe, les récen­
tes découvertes de la science
médicale ont lancé ce vibrant
appel à l’humanité : pour sau­
ver l’être humain des fléaux de
la nutrition il est obligatoire surtout pour l’homme avancé en
âge - de jeûner au moins un
jour chaque semaine ou une
semaine chaque mois et mieux,
jeûner un mois chaque année.
Cet appel a été motivé par le fait
qu’il est scientifiquement prouvé
que souvent l’homme est vic­
time de certains foyers de pus
qui se forment à l’intérieur de
son corps et qui répandent leurs
sécrétions à travers le sang.
C’est ainsi que l’expérience
scientifique et l’étude médicale
ont reconnu que Je Carême est
le meilleur moyen de s’éloigner
de la contagion de ces foyers.

En effet, lorsque les matières
alimentaires s’amoindrissent
dans le corps par le jeûne, le
corps se mettra à consommer
ses tissus intérieurs. Dans cette
opération, le corps commence
par consommer les cellules
atteintes par les maladies. Ces
cellules malades deviennent la
proie du corps à cause de leur
affaiblissement créé par l’in­
flammation. De même, le
carême fait fondre n’importe
quel petit enflement à son début
et empêche la formation des
calculs et des dépôts calciques,
en les réduisant en petites por­
tions. Dans ce sens, le Docteur
Robert, médecin spécialiste a
déclaré : « sans nu/ doute, le
carême fait partie des moyens
efficaces pour se débarrasser
des microbes par son action
destructrice des cellules attein­
tes et qui sont aussitôt renouve­
lées ».

Il est médicalement reconnu
que le jeûne a un apport appré­
ciable dans la guérison de cer­
taines maladies et qu’il est l’uni­
que remède dans certains d’au­
tres cas. Le carême est très effi­
cace dans les traitements des
troubles intestinaux chroniques
accompagnés de fermentation.
Le carême est utilisé dans le
traitement qui vise la réduction
du poids entraîné par la
consommation abusive des
nourritures. Le carême est de
même efficace dans le traite­
ment de l’Hypertension.

S’agissant du diabète mellites,
le carême est un soin médical
puissant contre cette dange­
reuse maladie, parce qu’avant
son apparition, elle se fait géné­
ralement accompagner par un
accroissement du poids de sa
victime.
Le carême est médicalement
considéré comme un soin prati­

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

que traitant de l’information
"aigue et chronique des reins et
des maladies du coeur. Jeûner
pendant un mois dans l’année
constitue la meilleure protection
contre toutes ces maladies. Le
docteur Mohamed Zawahiri
spécialiste des maladies derma­
tologique a dit : « la générosité
médicale du Ramadan englobe
aussi les patients atteints des
maladies dermatologiques puis­
que quelques-unes de celles-ci
- s’améiioi&nt par le jeûne. Il est à
noter que le rapport est très
solide entre le régime alimen­
taire et les maladies dermatolo­
giques ».

Des docteurs non musulmans
ont reconnu les bienfaits du
carême et à leur tête, le docteur
de renommée mondiale Alexie
Carille, prix Nobel en médecine
et en chirurgie. Il déclare dans
son livre intitulé : « L’homme
cet inconnu », livre qui est
considéré en médecine comme
une référence : « l’abondance
des repas, les soins qu’on leur
porte et leur richesse ont annulé
une fonction qui a joué un grand
rôle dans le maintien de la race
humaine, c’est la fonction
d’adaptation à l’amoindrisse­
ment de la consommation d’ali­
ments. Si tous les conseils
médicaux se rencontrent autour
d’un avis important qui est le
suivant : donner l’occasion aux
appareils du corps de se repo­
ser pendant un moment imitant
ainsi les organes non dirigea­
bles qui travaillent loin du
contrôle humain comme le
coeur et l’œil par exemple, puis­
que entre chacun des mouve­
ments de ces organes il y a une
pose, ne serait-il pas alors une
obligation à notre appareil
digestif de prendre son temps
de repos lui permettant de
dégager les excédents alimen­
taires qui s’étaient accumulés et
qui nuiraient à l’organisme. »

L’Envoyé d’Allah (que la béné­
diction et salut de Dieu lui soient
accordés) a eu raison de plus
lorsqu’il disait : le jeûne est la
moitié de la patience. Par le
carême, les jeûneurs s’habi­
tuent à la patience et à l’endu­
rance. Il ne sera troublé dans sa
vie puisque c’est le manque de
patience qui occasionne le trou­
ble de l’émotion. De même le
carême, d’une manière pratique
implante l’honnêteté dans l’es­
prit du jeûneur. Il abandonne
volontairement son aliment et
son eau sans qu’il ne soit suivi
par un contrôleur en dehors de
Dieu. Il continue ainsi son jeûne
malgré la pression des besoins
réels à ces deux phénomènes
de subsistance. Il ne s’approche
ni de l’aliment ni de l’eau mani­
festant par cette privation son
honnêteté de respecter son
engagement de jeûner, c’est-àdire de ne ni manger ni boire.

Avec ce qui est économisé le
jeûneur peut avoir la possibilité
de se pencher sur le sort des
nécessiteux quand lui-même
sentira par le jeûne la douleur
de la faim et de la soif. C’est
pour la même raison écono­
mico-sociale que la dîme du
déjeuneur (Zakat-al-fitr) est
imposée pour la fin du mois de
carême. En réfléchissant un
peu, on trouve que les impôts
prescrits par l’Islam suivent un
ordre
conjoncturel
précis.
L’impôt des céréales se paye à
la cueillette. Celui de l’argent se
paye après un an d’obtention et
de fructification de la fortune.
C’est ainsi qu’il faut comprendre
l’impôt qui se paye directement
après le carême. Il suppose
aussi que le musulman a évité
le gaspillage pendant le mois de
carême.

Par ZOROME Arouna

©

Une formation pointue pour renforcer les capa­
cités de^sœurs de la Cellule Féminine
Nationale
La cellule féminine nationale du CERFI a initié
une formation à l'endroit d’un groupe de
sœurs. Dénommée formation élite, elle a été
entamée au début de l'année et se tient au Jfeï
siège du CERFI une fois par mois les diman- «
ches de 11 h à 14h. Cette formation vise à
combler le grand retard des sœurs en
matière de formation et constituer une
avant-garde dé sœurs capables de porter le
débat sur des questions contemporaines.
Par ailleurs, elle cherche à développer les
capacités des soeurs de la CFN pour leur
permettre de faire face aux questions ayant
trait à la femme musulmane dans sa globalité.
Cette formation est l'un des plus grands chantiers
de la cellule féminine nationale celle-ci. Elle s'orga­
nise par sessions de formations sur des thèmes cul­
tuels et des sujets d'intérêt général à travers un calen­
drier modulaire établi avec des formateurs avisés. En plus,
des thèmes de réflexion ont été donnés à des sœurs choisies par le
comité chargé de la formation d'élite pour exposer devant un jury compétant.
La formation se poursuit jusqu'en 2009 et la CFN met un
point d'honneur au respect du calendrier de la formation. Elle invite les
sœurs qui ne se sont pas encore inscrites à le faire et toutes les per­
sonnes qui ont des contributions de nature à améliorer ce gigantesque
chantier à le faire.

Ben Halima Abderraouf commente le coran durant
tout le mois de ramadan au siège du CERFI
Pendant le mois béni de ramadan comme cela est de coutume, le
CERFI propose à ses militants et sympathisants des activités diverses
en vue de les rapprocher davantage de Dieu. Cette année encore

Suite de la page 9
La corruption prend des visages que l'on
ne connaît pas toujours. L'islam définit
la corruption comme tout avantage en
nature ou en.espèces que donne une
personne à une autre dans le cadre de
son boulot,, même si le donneur n'a
aucune idée derrière la tête. Le
Prophète avait engagé un collecteur de
la zakat, qui recevait son"salaire. Il vint
une fois faire les comptes avec le
Messager : " Ô Messager, voici la zakat
que les gens ont remis. Et montrant un
autre lot juste à côté : et voici ce que les
gens m'ont donné. " " Ajoute ce que les
gens t'ont donné à la zakat, car si tu
n'étais pas en poste comme collecteur
et étais resté chez tes parents personne
ne serait venu te donner ces cadeaux ".
Voici ce qu’enseigne l'islam et comment
le Prophète l'a appliqué sur ce collec­
teur de zakat alors que la consommation
des produits de la zakat est interdite au
Messager et aux membres de sa famille.
Même quand on n'a aucun intérêt maté-

©

riel, il faut défendre le vrai et interdire
l'illicite.
Frères et sœurs, qu'Allah nous satis­
fasse du licite afin que nous nous
détournions de l'illicite. Nourrir sa
famille avec de l'argent illicite est un
péché grave. Le Prophète (saw) a dit
qu'il viendra des moments où des adora­
teurs vont tendre les mains vers le ciel,
pour implorer Allah, lui demandant de
leur accorder ceci ou de les protéger de
cela, mais Dieu ne les écoutera pas.
Comment, demande le Prophète, Dieu
peut écouter celui qui se nourrit d'illicite
? S’il arrive que cette invocation cadu­
que ne nous effraie pas, ayons pitié de
nos enfants et ne leur rapportons pas
des choses illicites, ayons de l'amour
pour nos conjoints et ne les abreuvons
pas d'illicite, ayons de la piété filiale et
n'enrichissons pas nos parents de ce
que Dieu déteste.
Frères et sœurs, lorsque nous sommes
sur nos lieux de travail, ayons constam­
ment à l’esprit que notre religion interdit

dans l'enceinte de son siège, il organise des séances de
tafsir, avec un invité de marque, Ben Halima
\ Abderraouf.
En séjour au Burkina Faso tout le long du mois dé
ramadan, il a fait l'honneur au CERFI de partaoer avec les fidèles de la mosquée ses
connaissances sur le coran à travers une
explication thématique de certains versets
tous les jours entre 12h30 et 14h30. Et ses
. 3. séances de commentaire drainent un public
important et très enthousiaste qui semble
> tirer largement profit.

Des enfants mémorisent le saint
coran au siège du CERFI
Le bureau provincial du Kadiogo organise du
18 août au 18 septembre des séances de
mémorisation du saint coran à l'intention des
enfants de 8 à 14 ans entre 8 heures et 12 heures.
Elles regroupent plus d'une vingtaine d'enfants, filles
et garçons, repartis en plusieurs groupes selon leur
/ z
niveau de connaissance du coran.
Assurées par un collège d'encadreurs, ces séances de formation
visent à familiariser les enfants avec le coran et à leur apprendre à
connaître de mémoire ses versets déjà à bas âge ; d'autant plus qu'il
constituera par la suite un outil essentiel et fondamental de leur spiri­
tualité. Il s'agit de combler un retard que certains dans nos milieux dits
intellectuels accusent du fait de l'inexistence de cadre de formation, de
la négligence des parents, de l’Intérêt porté aux études par rapport à
l'enseignement religieux. Et les vacances pourraient constituer un
tremplin pour donner les rudiments nécessaires à un apprentissage
plus long. Ceci permet d’éviter des situations où l'on attend l'âge de la
retraite pour s'adonner aux sciences religieuses. L'apprentissage du
coran ne saurait attendre d’autant plus qu'il est au cœur de notre pra­
tique quotidienne.

ParHamadé BAMBARA

le favoritisme et " Certes Allah prescrit
la justice et l'équité ". Voici un deuxième
verset sur la matière : " (4/135) ô les
croyants ! Observez strictement la justice et soyez des témoins (véridiques)
comme Allah l'ordonne, fût-ce contre
vous mêmes, contre vos père et mère
ou proches parents. Qu'il s'agisse d'un
riche ou d'un besogneux, Allah a priorité
sur eux deux (et II est plus connaisseur
de leur intérêt que vous). Ne suivez
donc pas les passions, afin de ne pas
dévier de la justice. Si vous portez un
faux témoignage ou si vous le refusez,
[sachez qu'j Allah est Parfaitement
Connaisseur de ce que vous faites.
136. ô les croyants ! Soyez fermes en
votre foi en Allah, en Son messager, au
Livre qu'il a fait descendre sur Son messager, et aux Livres qu'il a fait descendre avant. Quiconque ne croit pas en
Allah, en Ses anges, en Ses Livres, en
Ses messagers et au Jour dernier,
s'égare, loin dans l'égarement. " Il ne
faut donc pas que des musulmans prati-

quent le favoritisme et tous ces fléaux
en isme qui sévissent dans nombre de
pays africains : le clientélisme, le despotisme, le népotisme, le régionalisme, le
tribalisme et j’en passe. La corruption,
les détournements, le favoritisme ont
pris du galon dans notre pays et atteignent des proportions qui dépassent
nos efforts individuels. C'est pourquoi
on n'aura de cesse de dire aux musulmans d'intégrer les structures de lutte
contre ses fléaux, car s’il est en soi une
faiblesse de laisser aux autres le soin
de faire ce que nous devions faire, il est
une lâcheté de ne pas leur accorder
notre soutien et notre concours afin que
nous réussissions ensemble des cornbats pour le bien de tous. Voici ce
qu’Allah commande à ce sujet : "3/104.
Que soit issue de vous une communauté
qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce
seront eux qui réussiront. "
Imam Ismaël TlendrebéQttfl

Le Cerfiste N° 008 septembre 2008

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