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Titre
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Pénétration de l'islam au Burkina : djihad au Sahel, pacte au Centre
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Créateur
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Hugues Richard Sama
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Date
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19 mai 2019
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Résumé
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Par ces temps qui courent où les forces du Mal sèment la terreur d'un bout à l'autre du Burkina, l'amalgame est vite fait entre l'islam et le terrorisme comme c'est déjà le cas dans d'autres contrées éprouvées par ce cancer mondial. Estimant que le savoir est une arme contre l'obscurantisme et la division, l'association Yeleen Ba a organisé le 19 mai 2019 au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) un panel-débat autour de deux thématiques : les origines de la pénétration de l'islam au Pays des hommes intègres et le présumé lien entre le terrorisme et la religion. Concernant le premier point, le conférencier du jour a expliqué que l'islam s'est diffusé au Burkina par deux moyens : la violence et le compromis.
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Droits
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Source
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Archives L'Observateur Paalga
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contenu
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Par ces temps qui courent où les forces du Mal sèment la terreur d'un bout à l'autre du Burkina, l'amalgame est vite fait entre l'islam et le terrorisme comme c'est déjà le cas dans d'autres contrées éprouvées par ce cancer mondial. Estimant que le savoir est une arme contre l'obscurantisme et la division, l'association Yeleen Ba a organisé le 19 mai 2019 au Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) un panel-débat autour de deux thématiques : les origines de la pénétration de l'islam au Pays des hommes intègres et le présumé lien entre le terrorisme et la religion. Concernant le premier point, le conférencier du jour a expliqué que l'islam s'est diffusé au Burkina par deux moyens : la violence et le compromis.
C'est un saut dans le passé qu'a voulu proposer l'association Yeleen Ba, qui œuvre depuis 2016 dans le domaine de l'éducation à travers le premier panel, « la pénétration de l'islam au Burkina Faso : modes et analyses », animé par le Dr Mahmoud Oubda de l'université Norbert Zongo de Koudougou. L'enseignant chercheur en histoire contemporaine a indiqué que l'islamisation du Burkina s'est opérée entre le XVe et le XVI siècles.
La dernière née des trois grandes religions monothéistes s'est répandue dans le pays par deux méthodes : l'une guerrière et l'autre pacifique. La méthode guerrière a eu pour théâtre le Sahel où les nomades peuls venus notamment du Fouta-Djalon (Guinée) et du Fouta-Toro(Sénégal) ont trouvé sur place des autochtones dont les Gourmantché qui avaient la mainmise sur le pouvoir. Le conflit était inévitable. Des dignitaires peuls effectuent le pèlerinage de Sokoto (Nigeria) à la rencontre d'Usman Dan Fodio, l'inspirateur du djihad en Afrique de l'Ouest, puis reviennent déclencher la guerre sainte. Ces djihads victorieux aboutissent à la création des émirats peuls du lipatko (1817), du Yagha (1812) du Jelgoodji et à la conversion forcée des autres peuples.
Cette manière musclée pour diffuser la religion révélée par le prophète Mahomet en 610 en Arabie, on la retrouve également, a fait savoir le paneliste, dans l'émirat de Ouahabou dans l'actuelle Boucle du Mouhoun ou au Guiriko à l'Ouest du pays. Toutefois, a précisé le Dr Oubda, le djihad, encore appelé méthode active, a eu un effet limité dans l'islamisation des territoires de l'ancienne Haute-Volta. Paradoxalement, c'est en faisant abstraction de la violence que la religion musulmane va acquérir véritablement ses lettres de noblesse grâce à l'œuvre des Yarsés et des Dioulas dans les territoires mossis.
Ces communautés de marchands ont très vite été converties à la nouvelle religion par leur contact d'affaires avec les arabes et les berbères. Les Yarsés sont parvenus a un compromis avec les rois mossis, les chefs leur offrant protection et une parcelle de pouvoir, par exemple celui de gracier certains prisonniers, et en retour ces derniers, des commerçants et des marabouts, participant au développement économique des royaumes et consolidant le pouvoir des Naaba par la prière.
Malgré ce prosélytisme yarsé, l'islam restera pendant longtemps une religion pratiquée uniquement par l'élite. C'est pendant la colonisation qu'il quitte les palais royaux pour devenir une croyance religieuse véritablement populaire. Le colon combattant les coutumes et les croyances locales et laissant les Africains sans repères, ces derniers se sont retournés vers le Coran. La suite on la connaît : l'islam est aujourd'hui la première religion au Burkina.
Mauvaise perception de l'islam
« Le terrorisme a-t-il des racines dans la religion ? ». C'est la question à laquelle devait répondre le second panéliste, l'imam Ismaël Tiendrébéogo du CERFI. Chiffres à l'appui, il a signifié que malgré les perceptions, les faits démontrent que l'islam n'est pas vecteur du terrorisme. La grande majorité des actes qualifiés de terroristes en Europe sont plus du fait d'indépendantistes, d'extrémistes de tous poils que de musulmans, a-t-il relevé.
Alors que le terrorisme a toujours existé depuis la nuit des temps, selon le conférencier, les premiers actes du genre attribués à des mohamethans remontent aux années 70 avec la prise en otage d'athlètes israéliens aux jeux olympiques de Munich en 1972 et à la lutte des moudjahidines contre l'invasion russe de l'Afghanistan en 1979. Des faits qui le convainquent que l'islam qui existe depuis le moyen âge n'est pas par essence belliqueux.
Une analyse du contenu des livres saints des grandes religions monothéistes révèle par ailleurs, selon l'imam Tiendrébéogo, que le Coran contient moins de violence que d'autres livres. De plus, une pléthore de versets, et il en a cité quelques-uns, condamnent le meurtre gratuit, la conversion forcée et promeuvent l'acception de la différence. Au temps du prophète, a-t-il rappelé, les églises et les chrétiens étaient d'ailleurs protégés par les musulmans.
Mais alors si l'islam est une religion de paix, d'où vient l'amalgame ? D'une campagne de dénigrement et de diabolisation de cette religion, a soutenu le panéliste qui informe que pendant la colonisation 60 000 livres ont été écrits contre l'islam, sans compter le cinéma américain qui colporte à souhait, a-t-il regretté, le cliché du musulman-terroriste. Comme dans toutes les autres religions, il peut y avoir des égarés, a-t-il néanmoins reconnu.
Hugues Richard Sama